Chapitre 9

Par Saphir
Notes de l’auteur : Désolée, ça fait longtemps que je n'ai pas publié de nouveau chapitre... Je vais essayer de me rattraper les prochaines semaines !
Bonne lecture !

Ma dernière étape avant de quitter Selka est d'aller voir Vesper. C'est à nouveau une décision sûrement prise sur un coup de tête, mais j'ai décidé de lui rendre la moitié de l'argent que j'ai gagné en travaillant ici. Cette moitié devait revenir à Vanille, mais puisqu'elle n'est plus là… je n'ai plus besoin d'autant d'argent pour moi toute seule.

Je me demande si Vesper va essayer de me retenir.

 

J'entre sans toquer à la porte. Chuanli et Vesper sont en train de parler. Ils se retournent à mon arrivée et Chuanli fronce les sourcils à ma vue.

– Nausicaa ? m'appelle Vesper.

Je lui sors ma bourse de ma sacoche et en verse la moitié sur son bureau.

– Nausicaa…? répète-t-il.

Je l'ignore et tourne mon regard vers Chuanli. Ce que je lis dans ses yeux me surprend. Il semble avoir peur de moi. Enfin, peu importe. Je ne le reverrai sûrement pas.

– Je n'ai plus besoin de missions, maintenant. Je suis libre, dis-je.

Sans lui laisser le temps de répondre, je tourne les talons et quitte son bureau.

 

Je suis dans le hall. J'empoigne la poignée, en priant pour que la porte ne soit pas fermée à clé. Pleine d'appréhension, je tourne la poignée, qui ne me résiste pas et pousse la porte. Je franchis le seuil et me retrouve dehors. Il fait nuit, et les étoiles brillent au-dessus de ma tête. 

J'ai pu sortir de l'entrepôt sans que personne ne me retienne. Je pensais que Vesper voudrait me retenir, puisqu'il semblait tenir à ce que je travaille ici.

– Tu es là, Nausicaa.

Je me retrouve à l'appel de mon nom. Vesper fait quelques pas hors de l'entrepôt.

– Je me doutais que tu voudrais partir d'ici à un moment où à un autre.

– Et tu vas essayer de me retenir ? je grogne.

Il ricane et secoue la tête.

– Je n'ai plus besoin de toi ici. Et puis, même si j'essaye de te retenir, tu partiras quand même, pas vrai ?

Je hausse les sourcils, septique.

– Ce n'est pas vraiment ton genre, je fais remarquer.

Cette fois, le jeune homme éclate de rire.

– Tu penses vraiment savoir ce qui est mon genre ou pas ? Je te rappelle que mon seul but est de tuer la reine Soraya.

– Je le sais, oui, je réponds.

Je m'apprête enfin à quitter la ville quand Vesper me lance un petit objet étincelant. Je le regarde. C'est une médaille accrochée à une chaîne en argent. Sur la médaille est gravée le dessin d'une étoile filante se séparant en cinq branches. Je n'ai jamais vu d'étoile filante, sauf dans les livres. Cette pensée me rappelle que j'ai beaucoup de choses à découvrir.

Je regarde Vesper, qui a déjà fait demi-tour. Il retourne dans l'entrepôt en m'adressant un salut de la main. J'esquisse un sourire amusé et range le pendentif dans ma sacoche.

Et je pars.

 

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que Vesper me laisse partir sans protester, surtout après la discussion qu'il a eu avec Cassandre et cette femme nommé Lanna, l'autre jour. Je ne croyais pas à cette histoire de "pouvoirs", mais après mon combat contre Shadow, il est évident que je possède des sortes de capacités magiques.

 

À présent, je suis dans le désert. Le soleil n'est pas levé, mais l'aube approche. J'ai de la chance que la nuit soit déjà presque finie. Traverser le désert lorsque la température atteint le négatif n'est pas une bonne idée, et je déteste avoir froid. En revanche, je peux résister à de fortes chaleurs.

Je vérifie que ma gourde est assez remplie pour mon voyage et je débute mon périple sans direction ni destination précise.

 

Je ne sais pas jusqu'à où va le désert. Je n'en suis jamais sortie. Cela fait environ deux heures que je marche. Du sable a envahi mes bottines. L'aube s'est levée, teintant le ciel d'une douce couleur rose-orangé. J'ai croisé un village, tout à l'heure, ce qui m'a permis de m'acheter un peu de nourriture, une tente, un sac à dos, une deuxième gourde et une nouvelle dague.

Parfois, je croise des campements de voyageurs, mais je ne m'arrête pas. Je ne ferais une pause que lorsque j'en aurai vraiment besoin.

 

Pensive, je repense à tout ce qu'il m'est arrivé depuis que j'ai rencontré Vesper qu marché noir. Si je n'y étais pas allée, ou alors si je ne l'avais pas suivi, les choses seraient tellement différentes ! Cependant, c'est trop tard maintenant. J'aurai pu éviter la mort de Vanille, mais c'est trop tard. Elle est déjà partie là où je ne peux pas la rejoindre.

Pourquoi je continue à penser à elle…? Elle me manque tant que ça ? Je secoue la tête pour chasser ces pensées inutiles, et me concentre sur le présent.

 

Je dois trouver un endroit où aller. Depuis que je suis partie de Selka, il y a quelques jours, je ne fais que errer dans le désert sans but précis. Je n'aurai bientôt plus assez de nourriture, et je suis obligée de rationner mon eau, malgré le fait que j'ai deux gourdes. Des fois, je passe près d'une oasis, ce qui me permet de faire une pause.

Je sais que je dois trouver quelque chose pour contrer cette ombre dans mon corps, mais je n'ai pas la force de voyager seule jusqu'à Stëlle, qui est une ville située tout à l'est de Tinsarell. Et puis, je n'ai pas l'impression que ma "malédiction" est mauvaise pour mon corps.

 

Le soleil va bientôt se coucher. J'ai découvert des anciennes ruines dissimulées derrière une dune. Ici, je pourrais dormir tranquille.

J'installe ma tente, mais un cri de peur me stoppe immédiatement. Je relève la tête, à l'affût, et aperçois une silhouette au loin, suivie par plusieurs personnes qui ne lui veulent sûrement pas du bien. J'empoigne la sacoche, laisse ma tente à demi dépliée là où elle est et approche discrètement pour voir ce qu'il se passe. Je me dissimule derrière un pilier en pierre pâle.

Une personne est à terre, menacée par la pointe d'un sabre. Derrière elle se tiennent deux autres personnes, qui, pétrifiées par la peur, n'osent pas bouger. Face au trio, je vois un groupe de ce qui semble être des bandits comme ceux qui pullulent dans les rues de Selka. Ils portent tous des foulards autour de la tête, sauf celui qui menace la personne à terre. Il a un visage anguleux et arbore un sourire satisfait. La personne qu'il menace de son sabre tente tant bien que mal de reculer discrètement, mais le bandit lui empoigne le col. De là où je suis, je ne peux pas entendre ce qu'il dit.

Je réfléchis à toute vitesse. Est-ce que j'interviens ? Oh, et puis zut. Je n'ai rien à perdre. Et puis, j'ai bien envie d'essayer ma nouvelle dague. Je n'ai pas l'habitude de rester trop longtemps sans combattre.

Je sors de ma cachette et, silencieuse, me glisse à l'arrière du groupe de bandits. L'une des personnes derrière le jeune garçon qui est à terre me remarque, mais je lui fait signe de se taire.

D'un coup vif, j'assomme l'un des bandits. À vue d'œil, je dirais qu'ils sont 5 ou 6. Je laisse lentement glisser le corps de l'homme sur le sable, puis me dirige vers les autres. J'en saisit deux par le cou et les frappe l'un contre l'autre. Les bandits restants se retournent, surpris, et, furieux de voir leurs complices à terre, se jettent sur moi sans même réfléchir à une stratégie d'attaque. J'esquive agilement leurs assauts, puis je les frappe dans le dos en retour. Avant même qu'ils aient eu le temps de s'en rendre compte, ils gisent tous le visage dans le sable, inanimés.

Je me tourne vers le trio de personnes. Le garçon qui était à terre se relève et, après m'avoir jeté un regard empli de remerciements. La femme qui a croisé mon regard tout à l'heure se tourne vers la troisième personne, un homme à la peau sombre et aux yeux verts.

Il avance vers moi, tandis que le garçon rejoint la femme un peu plus loin.

– Merci beaucoup, voyageuse. 

Il me tend la main. J'hésite un instant, avant de la lui serrer. Il n'a pas l'air de représenter un danger.

– Je m'appelle Kalem, et voici Tristan et Liberté.

Il désigné successivement le garçon et la jeune femme.

– Enchantée, je dis. Je m'appelle Nausicaa.

– Excuse-les, ils ne parlent pas le Tinsarellien. À vrai dire, Liberté ne parle même pas du tout. Nous venons tous les trois de Rhadia, un pays au sud-ouest d'ici. Et toi, d'où viens-tu ?

– De Selka, la ville principale de ce désert, je réponds. Je vivais là-bas avant que je parte.

Kalem hoche la tête, puis se tourne vers ses compagnons et leur dit quelque chose dans une langue que je ne comprends pas. Tristan et Liberté hochent la tête.

– Tu parles à la fois la langue de ton pays et le Tinsarellien, je remarque.

– Oui. Ma mère était Tinsarellienne. Elle est née à Selka, tout comme toi.

Je me retiens de dire que je ne suis pas née à Selka, mais moi-même, je ne sais pas où je suis réellement née, alors je me tais.

– Je ne sais pas comment te remercier de nous avoir sauvés, continue Kalem. Y a-t-il quelque chose que tu voudras en échange ?

Je secoue vivement la tête. Voilà pourquoi j'ai hésité à les aider. Je ne veux pas de cadeau de remerciements, ni même de remerciements tout court. Je réfléchis un instant. Moi qui me plaignais de ne pas vouloir voyager jusqu'à Stëlle seule, voilà une occasion de ne plus l'être.

– Dis-moi, pourquoi avez-vous quitté votre pays ? je demande à Kalem.

– Rhadia est en guerre. Tristan, Liberté et moi n'en pouvons plus. La guerre a tué ma mère, ainsi le frère de Tristan ! Nous cherchons un endroit où vivre en paix.

– Je comprends… Toutefois, vous n'avez pas l'air de savoir vous battre. Or, savoir se défendre est quelque chose d'indispensable lors d'un voyage.

Kalem hoche la tête.

– Cela vous intéresserait de m'engager comme garde du corps ? je propose. Et en échange, vous me donnerez quelque chose.

– Bien sûr ! Combien souhaites-tu qu'on te paye ?

– Je ne pensais pas à de l'argent, mais plutôt à de la nourriture. Ça te va ?

Kalem hoche la tête. Il s'approche de ses compagnons et leur transmet la nouvelle. Tristan me jette un regard rempli d'admiration.

– Viens, notre campement n'est pas très loin.

Je les suis. Une brise fraîche annonçant la nuit soulève des petites nuages de sable rendu doré par la lumière du crépuscule. Je me rends compte que j'ai oublié ma tente, mais j'ai ma sacoche, et c'est dedans qu'il y le principal : la plume blanche, la médaille, ma nouvelle dague, ma gourde et un paquet de biscuits aux noix.

Nous quittons les ruines et nous rendons près d'une petite oasis que je ne n'avais pas remarquée. Je vois deux tentes dressées autour d'un feu de camp. Tristan entre dans une tente, tandis que Liberté s'approche du feu de camp pour se réchauffer.

– Vers où veux-tu aller, Nausicaa ? me demande Kalem.

– Vers Stëlle, une ville à l'est. Et vous trois ?

– Je ne sais pas vraiment. On est venu ici clandestinement, et sans but précis, à par trouver un endroit paisible et sans guerre.

– D'accord. Eh bien, que dis-tu de m'accompagner jusqu'à Stëlle en échange de ma protection ? Si ça te convient, bien sûr.

Ce n'est pas la peine de les informer de l'ombre qui vit dans mon corps. Elle ne représente pas une menace pour l'instant, mais si elle s'est un peu étendue depuis que j'ai quitté la ville de Selka.

– Avec plaisir.

 

Kalem m'a donné une nouvelle tente. Il a dit qu'on partirait demain matin.

Je suis installée dans ma tente, allongée sur une longue couverture, mais je n'arrive pas à trouver le sommeil. Quand j'étais petite, j'aimais regarder les étoiles la nuit. Enfin, jusqu'à ce que mon frère barricade ma fenêtre… Je sais que les étoiles du désert sont toujours magnifiques en cette saison. Je sors doucement de ma tente. Je vais m'installer près du feu de camp. Il n'en reste que des braises, mais elles parviennent tout de même à éclairer un peu les ténèbres de la nuit. Je lève la tête vers le ciel. Mon regard se perd dans l'immensité de la voûte céleste.

Je ne sais pas ce que je dois faire, maintenant. A part dissiper cette malédiction qui envahit mon corps, je n’ai plus aucun but.

 

J’aide mes nouveaux compagnons à ranger leurs tentes. Je pense que nous allons bientôt partir. Le soleil se lève tandis que nous débutons notre route. Kalem m’a dit qu’il aimerait se rendre à Bellir, une ville à l’est, pour y trouver un logement et du travail. Cela me va très bien, puisque Bellir est dans la même direction que Stelle.

Durant notre voyage, Kalem essaye d’apprendre à Tristan à parler ma langue, mais il a du mal à retenir les mots. Je les regarde de loin, amusée. Liberté, elle, ne parle pas et se contente de suivre ses compagnons. J’ai bien fait d’accepter de voyager avec eux. C’est bien mieux que de voyager seule.

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