Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient fui Issarta. Les arbres ralentissaient leur chevauchée, mais les protégeaient du vent glacé et des regards qui auraient pu les suivre sur la route. Altaïs jeta un coup d’œil à Alexander. La brise battait ses courts cheveux blonds, et sa posture trahissait les courbatures provoquées par les journées de cavalcade. Il conservait pourtant leur rythme sans faillir.
Altaïs avait fini par chasser ses doutes à son égard pour lui accorder sa pleine confiance. Alexander n’avait rien à voir avec ceux qui avaient peuplé sa vie jusque-là ; il l’avait soigné, protégé et écouté. Il avait cru en son innocence sans qu’Altaïs puisse lui en apporter la preuve. Personne n’en avait jamais fait autant pour lui. Et sa présence avait quelque chose de rassurant…
— Détends-toi, s’amusa-t-il. Tu es aussi rigide qu’une branche d’arbre.
— Je sais, gémit Alexander. J’ai toujours été un piètre cavalier, je ne parviens pas à faire confiance à ma monture.
Altaïs haussa un sourcil moqueur.
— Tu as bien fait confiance à un supposé régicide.
Alexander lui répondit par un sourire enjoué. Le cheval d’Altaïs fit un écart pour éviter une aspérité du sol. Une odeur sucrée envahit l’air, chassant les effluves de troncs humides et de mousse. Altaïs se raidit sur sa selle, les doigts crispés sur ses rênes. Le parfum lui paraissait étrangement familier. Quelques instants plus tard, les arbres se dispersaient pour révéler un champ de fleurs aux pétales bleu pâle, dont les tiges se dressaient au milieu de la neige.
Son sang gela dans ses veines.
— Altaïs…
Il avait arrêté sa monture sans s’en rendre compte. Il mit pied à terre, le visage blême. L’odeur des fleurs s’accrochait à sa langue, s’insinuait dans sa gorge. Un haut-le-coeur lui tordit le ventre.
— Altaïs !
Il se courba pour vomir tout ce que contenait son estomac. Alexander se précipita à ses côtés alors qu’il s’écroula dans la neige, le souffle court et la peau moite. Ses souvenirs déferlaient dans son esprit comme une vague qui se fracasse contre les rochers.
— Je suis là, chuchota Alexander. Tu n’es pas seul.
Sa main effleura le bras d’Altaïs, qui sursauta, les yeux écarquillés.
— Non… balbutia-t-il.
Respire.
Il étouffait.
Respire.
Il n’existait qu’une fleur qui poussait au milieu de la neige.
La fleur d’Adhelan.
Une digue se rompit dans son esprit.
Une douleur insupportable vrille son crâne lorsque Altaïs reprend conscience. Une odeur sucrasse plane dans l’air et lui brûle la gorge. Il s’efforce d’ouvrir les paupières, mais l’obscurité l’enveloppe, l’étouffe, l’emprisonne. Que s’est-il passé ? Il ne parvient pas à renouer le fil de ses souvenirs, de la nuit qui a précédé ce flou dans sa mémoire. Une panique insidieuse lui tord le ventre. Ses yeux s’habituent à la pénombre ; il ne reconnait pas le décor trouble qui l’entoure, mais il devine les contours d’une cellule. Il esquisse un mouvement brusque pour se redresser. Un gémissement s’étrangle dans sa gorge lorsque des chaînes entravent son geste en cliquetant ; d’épais bracelets en fer enserrent ses poignets et ses chevilles.
— Il est inutile de te débattre.
Il sursaute. Un homme sort de l’ombre. La semi-obscurité accentue les angles de son visage taillé à la serpe, ses cheveux blond cendré brillent d’un éclat blanchâtre. Une balafre verticale traverse sa joue. Altaïs ne le connait pas, mais une vague glacée se diffuse dans sa poitrine.
— Qui…
Sa voix rauque brûle sa gorge.
— Qui êtes-vous ?
Ses mots ne sont qu’un murmure, et Altaïs sait au sourire caustique de l’homme qu’il ne pourra pas cacher sa peur.
— Tu peux m’appeler Dagmar. Disons que l’on m’a demandé de veiller sur toi pendant quelque temps, avec l’aide de mes hommes.
Dagmar balaye l’air de sa main pour désigner la cellule.
— J’espère que l’endroit te plaît. L’inverse me chagrinerait.
Altaïs s’agite entre ses chaînes. Sa respiration peine à se frayer un chemin jusqu’à ses poumons.
— Je… Je ne comprends pas…
— Tu ne te souviens de rien ?
Dagmar s’avance jusqu’à lui et s’accroupit pour se mettre à sa hauteur. Une lueur moqueuse flotte dans son regard de fauve ; le regard d’un prédateur qui joue avec sa proie.
— Tu es un régicide. Estime-toi heureux ; tu vas pourtant rester en vie.
Altaïs écarquille les yeux.
Régicide.
régicide
— Non !
Un sursaut de rage fendille sa terreur. Il lève l’une de ses mains entravées par des chaînes…
Le vide résonne en lui.
Sa magie reste muette. Et son cœur sombre dans sa poitrine, tandis que le sourire de Dagmar s’accentue, teinté d’une once de cruauté.
— Tu ne pourras plus utiliser ta magie. Du nectar de fleur d’Adhelan coule dans tes veines.
Altaïs hoquète, mais une brûlure traverse sa poitrine lorsqu’il s’acharne.
— Ce n’est pas possible, panique-t-il. Vous ne pouvez pas…
— Bien sûr que si. Il y en aura dans tout ce que tu mangeras, dans tout ce que tu boiras ; ta magie finira par disparaître définitivement. Et n’essaie pas de t’affamer, tu le regretterais.
Altaïs veut bondir, mais ses chaînes le rabattent brutalement vers l’arrière. Un cri de rage lui échappe.
— Je ne sais pas ce que tu as fait pour le contrarier à ce point, susurre Dagmar, mais tu es prisonnier désormais. Mon prisonnier. Je sais ce que l’on dit à ton sujet, mais tu auras beau hurler, tu auras beau te débattre, rien ne te permettra de te libérer. Personne ne t’entendra, personne ne t’aidera… Je serai le centre de ton univers.
Il empoigne la mâchoire d’Altaïs et approche son visage près du sien. Si proche… Trop proche. Altaïs comprend qu’il dit vrai ; personne ne l’aidera, et certainement pas sa famille pour laquelle il existe à peine, pour laquelle il n’a toujours été qu’un enfant difficile. Les années écoulées ont permis de tisser un piège dont il ne pourra jamais se libérer.
Il avait gagné.
régicide
Un poids écrase sa poitrine. Il n’a pas commis ce crime, il en est certain, mais ses souvenirs sont si troubles…
Un voile rouge sang obscurcit sa vue.
— Je ne m’écraserai jamais ! crache-t-il avec tout ce qu’il lui reste de rage, de colère muette, de fureur vaine.
Le souffle de Dagmar s’échoue sur ses joues, tandis qu’il raffermit la prise de ses doigts sur la mâchoire d’Altaïs. Une convoitise écœurante brille dans son regard.
— Je te briserai, petit prince.
Altaïs écarquilla les yeux, cherchant en vain à aspirer de l’air pour remplir ses poumons asphyxiés. La sueur qui trempait son front se mêlait à l’eau qu’Alexander venait de verser sur sa tête, et des gouttelettes dévalaient son visage, sa nuque et ses cheveux sombres. Ses doigts cessèrent de griffer son ventre à l’endroit où s’étirait la longue cicatrice de brûlure.
— Je suis désolé, balbutia Alexander, une outre désormais vide dans sa main. Rien d’autre ne fonctionnait.
Altaïs releva un regard hagard vers lui, encore prisonnier de son souvenir. Puis ses yeux se remplirent de larmes et il éclata en sanglots silencieux, recroquevillé dans la neige à l’orée d’un champ de fleurs qu’il aurait rêvé de réduire en cendres. Sans un mot, Alexander s’agenouilla à ses côtés et posa une main chaude dans son dos. Les barrières d’Altaïs cédèrent alors qu’il se laissait aller contre son épaule. Aucun d’eux ne bougea jusqu’à ce que ses larmes se tarissent.
***
Ils avaient repris la route dans un silence pesant. Le champ les poussait à faire un large détour qui les rapprocherait de la route reliant Issarta à Issfyrit, la dernière grande ville avant le Nord. Alexander n’appréciait peut-être pas cette idée, qui ferait d’eux des cibles évidentes, mais ils ne pouvaient pas traverser le champ de fleurs d’Adhelan. Il devinait que ces dernières étaient liées d’une manière ou d’une autre à la perte de magie d’Altaïs. Mieux valait prendre le risque de braver la route durant quelques heures que de confronter Altaïs à ses cauchemars, sans savoir quel serait l’impact des fleurs sur sa magie défaillante.
Les arbres s’éparpillaient au fil de leur avancée. La neige avait cessé, mais des plaques de verglas çà et là ralentissaient les chevaux, tandis que des filets de brume serpentaient entre les troncs. Malgré sa lourde cape en laine bordée de fourrure, un vent glacé s’insinuait sous les vêtements d’Alexander et le faisait claquer des dents. Quelques mètres devant lui, Altaïs lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et lui adressa un sourire qui n’atteignait pas ses yeux.
— Nous nous arrêterons pour allumer un feu dès que nous serons de nouveau à l’abri de la forêt.
— Je n’ai pas si froid, répliqua Alexander.
Altaïs haussa un sourcil amusé.
— Vraiment ? Ce n’est pas l’impression que tu me donnais pourtant…
Alexander marmonna une réponse dépitée.
— Je ne t’entends pas, se moqua Altaïs.
Celui-ci semblait avoir décidé d’enterrer ce qu’il s’était passé lorsqu’ils avaient découvert le champ de fleurs, mais Alexander distinguait la raideur de sa posture, la douleur lointaine qui assombrissait son regard. Des morceaux de givre s’accrochaient à ses cheveux, et Alexander songea un instant que cela lui donnait l’allure d’un esprit de la neige gravitant autour de Vetr.
— Il fait encore plus froid dans le Nord, reprit Altaïs. La région est magnifique à cette période de l’année.
— Tu y es déjà allé ?
Le visage d’Altaïs s’assombrit.
— Quelques fois. Mon oncle possède un petit domaine dans le Nord, où il se rendait de temps à autre. Et toi ?
Alexander grimaça.
— Jamais. J’effectuais plus souvent des missions dans le sud du royaume, pour protéger des convois de marchandises à la demande du pouvoir royal.
— Je pensais que tes missions consistaient plutôt à protéger des personnes.
— C’est ce que je croyais aussi lors de mon entraînement, avoua Alexander avec une pointe d’amertume.
Altaïs s’apprêtait à répondre lorsque son cheval poussa un hennissement. Il se cabra avec une telle puissance qu’il projeta son cavalier à terre. Alexander tira brusquement sur ses propres rênes et sa monture fit une embardée.
— Altaïs !
Un sifflement fendit l’air ; un projectile érafla une plaque de verglas à quelques pouces d’Altaïs, qui se releva avec empressement et dégaina son épée. Une silhouette jaillit de la brume d’un pas tranquille, une deuxième se dessinait derrière elle, une arbalète à la main. Alexander tressaillit en reconnaissant leurs tenues en cuir sombre et les lames qui pendaient à leur ceinture.
Des mercenaires.
— Il nous aura fallu plus de temps que je ne l’avais imaginé pour te retrouver, Altesse. C’était une erreur de te rapprocher de la route.
D’autres silhouettes émergeaient de la brume. Du coin de l’œil, Alexander aperçut Altaïs frémir, mais il soutenait le regard du mercenaire sans faillir.
— Vous avez seulement précipité votre mort, siffla-t-il.
— Quelle arrogance ! C’est amusant quand on sait que tu as rampé à nos pieds pendant deux ans.
Altaïs esquissa un rictus froid, mais Alexander percevait la raideur de ses épaules, la crispation de sa mâchoire. Il eut l’étrange impression que la température chuta, ne put s’empêcher de frissonner.
— Vraiment ? Il me semble au contraire que vous ne supportiez pas que je refuse de m’incliner devant vous…
Un tic agacé creusa la joue de son interlocuteur. Alexander balaya les environs du regard et dénombra six mercenaires. Le ventre noué par l’anxiété, il reporta son attention sur Altaïs, mais une lueur impitoyable assombrissait le bleu de ses yeux et rehaussait la froideur de ses traits. Alexander eut à peine le temps de projeter sa magie vers lui lorsqu’il s’élança vers le mercenaire avec son épée ; contrairement aux boucliers qu’il créait habituellement, celui-ci enveloppa Altaïs comme une cuirasse.
Alexander était un Protecteur, son rôle consistait à rester en retrait des combats pour protéger ceux qui allaient au-devant du danger. Leurs entraînements désormais quotidiens avaient prouvé qu’Altaïs était bien plus offensif que lui, même dépourvu de sa magie. La suite du combat ne le détrompa pas ; le sort du mercenaire le plus proche effleura le bras d’Altaïs sans le blesser, mais il n’eut pas le temps de dégainer. L’épée du jeune homme lui creva les intestins. Le sang gicla, éclaboussa le visage d’Altaïs de gouttes vermeilles. Il fit tourner sa lame dans les viscères déchiquetés, puis la dégagea brutalement alors que le cadavre s’écrasait sur le sol.
Alexander écarquilla les yeux ; il s’était attendu à une riposte violente, mais il n’avait pas imaginé les prémisses d’un tel carnage. Altaïs se dressait au centre du cercle formé par les mercenaires, son épée ruisselante de sang et son regard obscurci par la haine. La magie d’Alexander recouvrait sa peau d’un voile brillant, comme une couche de givre. Il ne restait pas la moindre trace du jeune homme souriant qu’Alexander avait découvert ces derniers jours. Lorsque Altaïs bondit vers un deuxième mercenaire pour lui trancher la gorge, Alexander ne distinguait plus chez lui que cette terrifiante envie de tuer.
Il ne put s’empêcher de se demander quelle facette prévalait.
Un carreau d’arbalète frôla son visage. Son cheval se cabra en sentant son sursaut et le projeta à terre. Le choc lui coupa le souffle, tandis que ses pensées peinaient à rester tournées vers le bouclier qui protégeait Altaïs. Il roula sur le côté pour éviter la lame qui s’abattit sur le sol et se releva dans la précipitation. Un coup heurta sa tempe, l’aveugla un court instant alors qu’il esquissait un geste maladroit de la main gauche – l’autre toujours orientée vers Altaïs.
Sa magie amplifia la gravité et cloua au sol le mercenaire qui l’avait attaqué. Celui-ci émit un cri étouffé, mais un poids percuta Alexander au même moment. Le fil qui le reliait au bouclier protégeant Altaïs se tendit comme une corde sur le point de se rompre. Il eut tout juste le temps d’en matérialiser un deuxième, semblable aux lourds boucliers des fantassins, pour se protéger lui-même. Le choc fit grincer ses os lorsqu’une masse invisible percuta la surface diamantée.
Il jeta un bref coup d’œil à Altaïs. Le visage couvert de sang, son épée s’était enfoncée jusqu’à la garde entre les côtes d’un troisième mercenaire. Un éclat de peur transperça Alexander ; il se dégageait du jeune homme une violence sauvage.
Altaïs bondit vers une nouvelle cible, qui ne semblait plus aussi assurée maintenant que la moitié des mercenaires étaient tombés. Sa cheville ploya à cet instant ; son genou heurta le verglas. Le mercenaire saisit l’occasion pour lui porter un coup d’estoc. Altaïs le para de justesse, mais la lame entailla son bras sur plusieurs pouces, lui arrachant un grondement rageur.
Alexander serra les dents ; le bouclier qu’il avait créé pour protéger Altaïs faiblissait.
Une nouvelle offensive dévia son attention vers son agresseur. Alexander abaissa brièvement son propre bouclier pour riposter, mais un carreau fendit l’air et laissa une éraflure brûlante sur sa cuisse. Il tituba sous l’effet de la surprise, mais sa magie distordit la gravité avec une telle brutalité qu’il entendit distinctement les os de l’arbalétrier craquer. Alexander fut pris d’un haut-le-cœur lorsque le cadavre retomba.
Celui qui l’avait projeté à terre revint à la charge avec un cri de rage. Une lance éthérée s’étira entre les doigts d’Alexander, puis fusa vers son agresseur et l’épingla au sol avec un bruit sourd. Alexander cessa de réfléchir ; il dégaina son épée pour l’enfoncer dans le ventre du mercenaire.
Il pivota pour chercher Altaïs du regard, le souffle court. Le jeune homme avait réussi à se redresser et surplombait désormais le dernier mercenaire, étendu sur le sol enneigé où se formait une flaque de sang. Altaïs empoigna brutalement le col de sa cape, indifférent au gargouillis ensanglanté de l’homme.
— Qui vous a envoyé ? cracha-t-il. C’est lui ?
Alexander se précipita vers eux, la jambe engourdie. Un ricanement saccadé échappa au mercenaire, un filet carmin dévala son menton.
— Le contrat a été… rompu, il n’a pas… apprécié que tu nous… échappes. Il… te chassera… lui-même… mais tu le sais déjà… n’est-ce pas ?
Altaïs dégaina le poignard que lui avait offert Alexander et l’appuya contre la gorge de l’homme.
— Alors qui ?
Le rire de l’homme s’étrangla.
— Dagmar.
Altaïs blêmit. Le poignard trembla entre ses doigts, puis il raffermit sa prise sur le manche jusqu’à tracer une ligne de feu sur la peau du mercenaire.
— Comment m’avez-vous retrouvé ?
— Tu ne lui… échapperas… pas.
Les yeux obscurcis par la rage, Altaïs lui trancha la gorge d’un geste impitoyable. Alexander tressaillit, tandis que son compagnon de route reculait en vacillant, les mains maculées de sang. Il battit des cils, et ses prunelles s’éclaircirent pour retrouver leur teinte aussi pâle que le givre.
— Alexander…
Le soulagement submergea Alexander en voyant la fureur sauvage d’Altaïs s’étioler. Il fit un pas vers lui… et sa jambe blessée se déroba sous son poids. Il laissa échapper un gémissement étouffé, tandis qu’un frisson fiévreux remontait le long de sa colonne vertébrale.
— Alexander !
Altaïs s’agenouilla près de lui avec empressement.
— Tu es blessé…
— Ce n’est qu’une égratignure, balbutia Alexander.
Pourtant, sa vision se troublait. Il sentit la main fraîche d’Altaïs écarter le tissu déchiré de son pantalon, et sa réponse lui glaça le sang.
— Non… Tu as été empoisonné…
Altaïs posa deux doigts sur son cou pour prendre son pouls. Une injure lui échappa.
— Tes symptômes me font penser à de l’hellébore.
Il se releva d’un geste brusque et courut jusqu’à leurs chevaux. Il ouvrit la première sacoche pour fouiller frénétiquement à l’intérieur, puis la suivante.
— Je ne trouve rien ! paniqua-t-il. Et il y a trop de neige pour que nous dénichions des plantes !
Sa voix se fêla. En réponse, Alexander sentit son cœur rater un battement. Une brume poisseuse envahissait son esprit et l’empêchait de réfléchir. Altaïs revint vers lui, les pupilles dilatées par la peur, et fouilla leur environnement du regard avec frénésie.
— Je ne trouve rien ! répéta-t-il. Je…
Il s’arrêta brutalement au milieu de sa phrase. Ses lèvres tremblotèrent.
— Je vais me rendre à Issfyrit. Je trouverai un remède là-bas.
— Non, protesta faiblement Alexander. L’armée…
— C’est une grande ville. Même si l’armée l’a déjà atteinte, rien ne dit qu’ils me trouveront ! Et si je n’y vais pas… tu ne passeras pas la nuit.
— Altaïs…
La nausée lui tordit l’estomac. Altaïs posa une main sur sa joue pour relever son visage vers lui. Une détermination sans faille durcissait son expression.
— Je ramènerai de quoi te soigner, je te le promets.
Ses intonations implorantes vrillèrent le cœur d’Alexander. L’effort qu’il lui fallut pour acquiescer lui parut incommensurable. Altaïs passa aussitôt un bras dans son dos pour lui permettre de se redresser et faire quelques pas en direction de leurs montures. Ils savaient tous les deux qu’Alexander ne pourrait pas l’accompagner. Sa blessure diffusait des vagues brûlantes dans toute sa jambe. À Issfyrit, il serait un poids mort.
— Tiens bon, chuchota Altaïs. Je t’en supplie…
Il inspira un peu trop vite.
— Quelques heures suffiront.
Alexander trébucha. Il dut peser de tout son poids sur Altaïs pour ne pas tomber, mais celui-ci le soutint sans broncher, malgré un tressaillement. Lentement, le jeune homme l’aida à se mettre en selle. Perdu dans son esprit embrumé par le poison, Alexander eut l’impression qu’il allait chuter, jusqu’au moment où Altaïs se hissa derrière lui. Ses bras enserrèrent sa taille pour venir attraper les rênes de la monture.
— Je ne te laisserai pas tomber, souffla-t-il. Je ne veux pas te laisser seul au milieu de tous ces cadavres. Je vais trouver un endroit près d’Issfyrit où tu pourras rester en sécurité jusqu’à mon retour.
Alexander ne fut pas certain que son hochement de tête soit perceptible, mais Altaïs talonna le cheval, sifflant pour guider le second à leur suite. Dans un sursaut de lucidité, Alexander voulut protester, l’empêcher de se rendre à Issfyrit, puis l’obscurité l’engloutit.
Terrible ce champ de fleurs pour Altaïs… Quant à Dagmar, bon, sans commentaire.
C’était génial de voir Altaïs tuer impitoyablement les mercenaires. Bien fait pour eux ! Ils avaient qu’à pas le sous-estimer. Ils croyaient quoi, sérieux ? Qu’il allait gentiment les laisser le remettre en cage pour se faire torturer à nouveau ? Ben non. Ça ne marche pas comme ça les gars. Maintenant qu’il forme un duo de choc avec son Protecteur, le vent a tourné.
Certes, il y a un léger souci maintenant avec Alexander empoisonné... mais Altaïs est sur le coup pour le sauver, donc ça devrait aller. Décidément, ils n’ont aucun répit ces deux là.
Cette scène avec le champ de fleurs me semblait vraiment importante, malgré sa dureté... Et elle explique beaucoup l'attitude d'Altaïs dans la suite du chapitre, et comment la souffrance a forgé son caractère impitoyable, d'autant plus qu'il n'est plus pieds et poings liés désormais !
Je trouvais intéressant qu'Alexander soit empoisonné, pour une fois c'est à Altaïs de le sauver et je pense que ce basculement est vraiment important dans l'évolution de leur relation !
Merci pour ton retour !
Joli combat en duo : attaquant, défenseur. L’échange est très bien rendu, l’entente entre les deux aussi.
Poison ? Arme de lâche…
Ravie que le duo rende bien dans une scène de combat ! Et puis je voulais qu'il y ait une inversion des rôles pour équilibrer leur relation :)
C'est agréable de voir que pour une fois, les rôles s'inversent et que c'est notre petit Prince préféré qui va devoir sauver son Protecteur ! C'est chouette de pouvoir constater que leur amitié à bien grandi maintenant.
Et le combat était vraiment super, j'aime beaucoup la magie protectrice que déploie Alexander depuis le début de cette histoire, j'ai tout autant apprécié de le voir l'utiliser autrement, dans un combat avec un sacré bon partenaire offensif !
C'est vraiment avec un partenaire offensif que la magie d'Alexander prend tout son sens, il est capable d'attaquer bien sûr (c'est ce qu'il faisait jusque-là, et qu'il continue de faire encore un peu), mais il peut déployer tout son pouvoir dans ce genre de situation !
C'est une bonne idée le champ de fleur qui ravive les traumatismes d'Altaïs. Intéressant ce souvenir qui pose un antagoniste qui risque de poser quelques problèmes au duo. Ma petite théorie est qu'Altais va complètement s'effondrer en retrouvant Dagmar, l'ancien geôlier qui lui a fait tant de mal. Ce serait intéressant pour mettre de la tension et du danger avec un personnage aussi redoutable au combat.
J'aime beaucoup le fait qu'Alexander passe en position de faiblesse. J'aime beaucoup les inversions de rôle (le méchant devient gentil et vice versa...) l'aidant qui devient aidé c'est vraiment sympa. Ca risque d'encore renforcer leur relation.
Mes remarques :
"Disons que l’on m’a demandé" je trouve que le disons que fait un peu bizarre quand ce n'est pas le début de la réponse / après une pause. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire ?
"mais des plaques de verglas çà et là ralentissaient les chevaux," je trouve que le çà et là n'apporte pas grand chose et casse un peu le rythme de la phrase. Peut-être simplement le couper ?
Un plaisir,
A bientôt !
J'aimais beaucoup l'idée du champ de fleurs (qui n'existait pas dans la première version, parce que j'avais pas d'univers, donc pas de champ de fleurs, ahem, sans commentaire) qui ravive les traumatismes, d'autant plus que c'est un phénomène très fréquent chez les personnes souffrant de stress post-traumatique. Ta théorie est très intéressante en tout cas, même si je ne peux évidemment pas en dire davantage :)
C'était important qu'il y ait cette inversion, je trouve ! Depuis le début c'est Alex qui sauve Altaïs qui ne peut pas se défendre, ça instaure enfin un équilibre entre eux sur cet aspect !
C'est noté pour tes remarques !
Merci pour ton commentaire, ça me fait très plaisir ! À bientôt :)
Eh bien, me voilà bien avancée….
D’ordinaire, je prend des notes au fil de la lecture pour pouvoir rédiger mon commentaires, mais là, je n’ai eu le temps d’écrire que trois phrases…. Du coup je risque d’oublier des choses et de rédiger de façon moins logique…:/ Bravo !
Le champ de fleur a un tel effet sur Altaïs ! C’est bouleversant, et je trouve que tu amènes bien son souvenir, parce que cette vision est un électrochoc qui le ramène forcément à la cause de sa douleur. C’est vraiment très bien joué, et je t’assure que j’ai versé quelques larmes, surtout quand il pleure ensuite sur l’épaule d’Alexander. (dit la fille qui n’aime pas la romance ^^)
Il a vraiment de la chance qu’il lui reste un peu de magie. S’il avait été prisonnier plus longtemps, il aurait pu la perdre complétement, être définitivement privé d’une partie de lui, comme si on l’avait amputé d’un membre.
Tout le chapitre est très bien amené, car après ça, il est logique qu’ils se rapprochent de la route, et aussi logique qu’on les recherche… Je ne vois même pas comment on pourrait remettre ton scénario en doute. ^^
Ce visage sombre, tellement normal, mais aussi qu’Alexander s’en inquiète car, après tout, il sacrifie un peu sa vie « calme » pour lui et ils se connaissent depuis peu. Mais avec tout ce qu’Altaïs a vécu, je verrais mal comment il pourrait en être autrement.
Ils ont de la chance que les adversaires n’aient pas été nombreux, mais le poison :O
Ça ne présage rien de bon pour la suite. Est-ce qu’Alexander va s’en tirer ? Altaïs sera-t-il assez rapide ? Discret ? Trouvera-t-il de quoi le soigner ?
Le pauvre, il doit lutter contre tout ses démons, et en plus, il risque de perdre son seul compagnon…
Et pauvre de moi qui n’ai pas le temps de lire la suite ce soir…
Eh bien je suis ravie que tu te sois laissée emporter par l'histoire :p
Oui le champ de fleurs a un effet assez terrible, ce qui est logique vu qu'elles ont permis de brider sa magie... Et effectivement, sa magie aurait pu finir par disparaître complètement avec le temps... Mais je suis contente que le passage t'ait ému :)
Ravie qu'on suive bien le déroulé logique des évènements ! J'avais peur que ça donne l'impression d'aller vite, mais je n'allais pas faire traîner les choses sur trois chapitres sans qu'il se passe rien, et là je trouvais que ça faisait plutôt sens vu qu'ils se rapprochent de la route x)
Et oui c'est tout à fait cohérent ce visage sombre qu'a Altaïs (tout comme le fait qu'il inquiète Alexander) ! RIP le poison...
Merci pour ton retour ;)
Le fameux pouvoir des fleurs ! Elles sont redoutables celles-ci dis donc. Le renvoient-elles à un passé douloureux ou le sfont-elles halluciner pour faire vivre le pire cauchemar de sa victime ?
Dans la lignée de la baston précédente, Altais n'est vraiment pas déconnant des qu'il est en possession de ses moyens. Je ne sais pas qui pourra s'opposer à lui, en tout cas pas de simples mercenaires. Est-ce l'annonce d'un gros méchant badass qui va pointer le bout de son nez pour s'opposer à lui?
Je trouve ça intéressant que ce soit Aleksander qui soit en position fragile à la fin du chapitre. Altais va pouvoir retourner tous les services que son sauveur lui a donné. Question bête : la magie d'Altais ne peut pas soigner le poison ? C'est la première solution qui m'est venue à l'esprit en lisant ce passage.
A tres vite !
Oui ce sont pas les fleurs les plus sympa qui soient... En l'occurence, elles le renvoient à un souvenir douloureux. S'il s'agissait d'hallucinations, Alexander aurait été touché aussi ;)
Altaïs n'est clairement à prendre à la légère au cours d'un combat, cela dit il peut se battre parce que la magie d'Alexander le protège, sinon il aurait été particulièrement vulnérable !
Oui, les positions s'inversent cette fois, ça me semblait important pour l'évolution de leur relation ! Alors pour répondre à ta question, j'ai deux réponses : d'une part, Altaïs n'a pas retrouvé sa magie donc dans tous les cas il ne pourrait pas l'utiliser, d'autre part, sa magie est aux antipodes d'une magie des soins, et même avec une magie des soins soigner du poison serait particulièrement compliqué !
Merci pour ton commentaire et à très vite !
Le prince a l'air d'avoir une grande puissance au fond de lui, entre sa magie et ses capacités guerrières. Je me demande juste pourquoi on l'a gardé prisonnier et pas assassiné. Peut-être l'expliqueras-tu plus tard.
J'ai beaucoup ce récit en tout cas.
C'était important à mes yeux qu'Altaïs puisse enfin reprendre le dessus (même s'il a pour l'instant besoin de l'aide d'Alexander) ! Cette inversion des rôles, où c'est maintenant Altaïs qui doit sauver Alex, me paraissait essentielle pour l'évolution de leur relation !
Pour ton interrogation, il y a bien évidemment une réponse ^^
Merci pour ton retour :D
Super chapitre, très bien rythmé et riche en événements entre flashback et scène de combat. J'aime beaucoup, surtout après les moments plus calmes - c'est quand on alterne que c'est le meilleur ;)
Je passe en mode bêta-lectrice :
- "Une odeur sucrasse" : pas certaine que "sucrasse" s'utilise ainsi, mais à vérifier.
- "cherchant en vain à aspirer de l’air pour remplir ses poumons asphyxiés" : je pense qu'"asphyxiés" est inutile ici.
- "Il devinait que ces dernières étaient liées d’une manière ou d’une autre à la perte de magie d’Altaïs" : je ne comprends pas comment Alexander fait le lien (peut-être mon ignorance de leur monde et de leur magie). Pour moi, il peut facilement comprendre que ça a un lien avec son passé et son traumatisme, mais je ne suis pas sûre de comprendre comment il fait le lien avec la magie ?
- "Alexander songea un instant que cela lui donnait l’allure d’un esprit de la neige gravitant autour de Vetr" : je trouve la fin de cette phrase un peu maladroite, mais c'est purement subjectif.
- Une petite répétition de "raideur" utilisé de deux manières assez similaires à quelques paragraphes d'écart (j'étais très absorbée par ma lecture et pourtant je l'ai remarqué, donc je pense que ce serait bien de trouver un synonyme ^^)
- "Il ne put s’empêcher de se demander quelle facette prévalait" : je ne trouve pas la formulation assez percutante. L'idée est super forte et j'imagine qu'elle va être source d'un conflit intérieur chez Alexander, donc je serais tenter de trouver une manière de la présenter plus..."punchy" ? Quitte à écrire plusieurs phrases pour expliquer le ressenti du personnage. A nouveau, c'est hautement personnel hein !
Du coup, encore bravo pour ce chapitre, j'ai toujours hâte de lire la suite, c'est bon signe, non ? :p
Ravie que tu trouves le chapitre bien rythmé, celui-ci n’était pas le plus évident à articuler de ce point de vue là ! Et c’est évidemment toujours après des moments plus calmes que c’est le mieux x)
« pas certaine que "sucrasse" s'utilise ainsi, mais à vérifier »
=> Tu penses ? Pour moi c’est une variante de « sucrée » dans ce contexte !
« je ne comprends pas comment Alexander fait le lien (peut-être mon ignorance de leur monde et de leur magie). Pour moi, il peut facilement comprendre que ça a un lien avec son passé et son traumatisme, mais je ne suis pas sûre de comprendre comment il fait le lien avec la magie ? »
=> C’est vrai que ça remonte un peu, il faudrait peut-être que je trouve un moyen de le préciser de nouveau, mais quand Altaïs explique qu’il ne peut plus utiliser sa magie, Alexander évoque le fait que les deux seules possibilités sont les runes ou la fleur d’Adhelan, donc il fait le lien en voyant la réaction d’Altaïs face aux fleurs !
C’est noté pour tes autres remarques, merci !
Je suis vraiment heureuse que l’histoire te plaise en tout cas, ça me touche beaucoup ! Merci pour ton retour !
Bon, ils ont jamais le droit à plus de 5 minutes de repos c'est pauvres bichons ='D En même temps, vu la situation, c'est logique, mais bon. Quand c'est pas un champs de fleurs, c'est des mercenaires. D'ailleurs, le souvenir avec Dagmar, c'est glaçant. J'aurais bien aimé en apprendre plus sur comment il s'est retrouvé là, mais le monsieur, il a pas l'air sympathique du coup. D'ailleurs "Une convoitise écœurante brille dans son regard." j'ai un peu peur, il a agressé sexuellement Altaïr ? Tu m'étonnes qu'il soit tout cassé de partout Altaïr ;.; Pauvre choupette.
Bon, par contre, gros changement d'ambiance après avec les mercenaires ='D Altaïr passe en mode gros fou furieux qui fait peur à tout le monde, même à Alexander. La scène rend très bien pour ça, très visuelle, avec Altaïr qui se recouvre toujours plus de sang tandis qu'il massacre littéralement ceux de devant. Il a même pas besoin de magie à ce rythme ^^' Alexander, c'est vraiment "juste" un support en fait ='D En tout cas, le combat est très bien décrit je trouve, j'ai vraiment aimé ! Juste une remarque :
"Le sang gicla, éclaboussa le visage d’Altaïs de gouttes vermeilles. Il fit tourner sa lame dans les viscères déchiquetés" D'après mes connaissances de bio, il me semble vraiment que les plaies au ventre ne gicle pas tant que ça. Ca saigne beaucoup bien sûr, mais je crois qu'il y a pas assez de pression dans les artères pour que ça gicle, après, je peux me tromper. Dans tous les cas, ya très peu de chance pour que ça gicle vraiment tant que la lame est encore dans la plaie sans avoir bougé.
Bon, et le coup du poison, pas glop x) Bon, on voit quand même pourquoi Alexander est devenu Protecteur et pas Epéiste hein ^^" C'est pas qu'il soit mauvais, mais bon, c'est pas sa spécialité non plus d'aller étriper des gens. Le coup du poison est bien géré, on perçoit très bien l'extrême panique d'Altaïr qui est prêt à faire un truc très con pour sauver Alexander. En espérant que ça va bien se passer hein ^^"
Pas de repos pour les braves (désolée, c’est la fatigue, je raconte n’importe quoi) ! Note qu’en plus c’est à cause du champ de fleurs qu’ils font un détour et se retrouvent face aux mercenaires, y a rien qui va x) Pour le souvenir avec Dagmar, glaçant c’est le mot ^^’ On en entendra évidemment de nouveau parler dans la suite, donc je te conseille de garder tes interrogations dans un coin de ton esprit :)
Par contre Altaïs hurlerait s’il entendait le pauvre « Pauvre Choupette » xD
Ah bah clairement il y a eu un enchaînement qui a complètement fait vriller Altaïs ^^’ Ravie que la scène fonctionne bien en ce sens ! Cela dit, je ne dirais pas qu’Alexander est « juste » un support parce que clairement Altaïs n’aurait jamais tenir tête aux mercenaires si Alex ne l’avait pas protégé (Alex qui est quand même en train de faire trois trucs en même temps pendant l’affrontement, donc forcément c’est tendu pour lui) ^^ Mais oui il n’est pas censé se retrouver en première ligne lors d’un affrontement !
C’est noté pour ta remarque ! C’est vrai que j’avais plus pensé aux conséquences du mouvement de rotation de la lame, mais je vais corriger ça !
Contente que le coup du poison fonctionne bien hehe ^^ Ça se passe toujours bien voyons !
Hahaha, j’ai remarqué que tu alternais entre les deux dans tes commentaires, je me demandais pourquoi, mais tu ne seras pas la première plume à être perturbée par le nom d’Altaïs xD
Merci pour ton commentaire :D
C'est paaaas juuuste :'''''(
On avait dit : Alex meurt pas. On avait dit ça, hein ?
Du poison en plus, p'tit bichon :'(
TU vas briser mon coeur là !
Bon, hop hop hop, je vais lire la suite, je peux rester là-dessus :O
(J'ai adoré la scène de combat, le côté furax d'Altaïs est terrifiant mais tellement logique, j'aurai presque été déçu qu'il soit calme vu ce qu'il a subit !)
Oui, Altaïs a un côté très sombre, mais comme tu le dis c'est très logique avec son vécu.
Dans l'ensemble, je trouve que ce chapitre est encore une fois bien mené. Quand on le lit d'une traite, la rencontre avec les mercenaires est rythmée, il y a de la tension, c'est dynamique et prenant. La découverte du poison à la fin apporte une bonne chute et un effet cliffhanger.
Après coup, j'ai fait une seconde lecture plus attentive, et là j'ai pas mal de remarques :
- "Le cheval d’Altaïs fit une incartade pour éviter une aspérité du sol" --> je remplacerais incartade par écart. Faire une incartade, c'est faire un écart mais dans le sens écart de conduite, faire une boulette, se tromper. En équitation, quand un cheval dévie de sa trajectoire, on appelle cela faire un écart ;)
À la rigueur, on peut aussi utiliser "faire une embardée", mais dans ce cas il y a l'idée que l'écart est plus brusque, plus important, sans l'accord du cavalier qui perd un peu le contrôle. Ce n'est pas le cas ici.
- "De la fleur d’Adhelan coule dans tes veines." --> une fleur ne peut pas vraiment couler dans ses veines, même si c'est une image ici je la trouve peu claire. Une décoction de fleur d'Adhelan coule dans tes veines ? Une préparation à base de fleur... ? Tu as saisi l'idée je pense, pour moi il manque quelque-chose qui évoque l'idée que la fleur est broyée, qu'on en tire la chlorophylle, ou qu'on n'utilise que les pétales fanées, ou qqchose du genre.
- "et lui adressa un sourire qui n’atteignait pas ses yeux." --> j'ai du mal à comprendre cette expression ?
- "une flèche érafla le verglas [...] une deuxième se dessinait derrière elle, une arbalète à la main" --> si c'est une arbalète, il ne s'agit pas de flèches mais de carreaux ou de viretons. Mon conseil : utilise simplement le terme de projectile au début, tant que l'arme n'est pas clairement définie. Ensuite, tu pourras parler de viretons ou de carreaux dans le reste de la scène.
- "Des mercenaires de la trempe de ceux qui avaient pourchassé Altaïs la nuit de sa fuite avant de repérer sa trace dans la petite chambre d’Alexander."
--> On se rappelle plutôt bien de ces mercenaires, d'autant que le souvenir d'Altaïs juste avant évoque Dagmar. On devine que s'ils en croisent ici, c'est parce-qu'ils pourchassent le prince.
Je te propose plutôt cette tournure simplifiée :
"Alexander tressaillit en reconnaissant leurs tenues en cuir sombre et les lames qui pendaient à leur ceinture.
Des mercenaires."
Le fait de placer "des mercenaires" sur une autre ligne, en phrase très courte, ça met l'emphase sur ces mots et accentue le poids de la scène et de la soudaineté de l'attaque. Ça sous-entend le danger que les deux fugitifs courent. Un peu comme tes répétitions de "Régicide." qui sont très efficaces dans son rêve.
- "Il nous aura fallu plus de temps que je ne l’avais imaginé pour te retrouver, Altesse. Je ne pensais pas que tu reviendrais vers la route."
--> Même chose. Je trouve cette phrase inutilement longue et alambiquée. On rentre dans une scène d'action, le lecteur doit sentir le changement de rythme, la tension. Pourquoi pas juste "Il nous aura fallu du temps pour te retrouver, Altesse. C'était une erreur de te rapprocher de la route".
- "puis se dégagea brutalement" --> la dégagea. Tu parles de sa lame.
- "Il ne restait pas la moindre trace du jeune homme au demi-sourire amusé" --> même chose que plus haut. Tu es dans une scène d'action, à ta place j'essayerais de privilégié des phrases courtes qui vont droit au but.
"Il ne restait pas la moindre trace du jeune homme souriant [...]."
- "Les particules de magie qui planaient dans l’air s’amassèrent pour alourdir la gravité et écraser le mercenaire qui l’avait attaqué."
--> Idem, et je trouve ce passage un peu confus. Pourquoi pas simplement "sa magie amplifia la gravité et cloua le mercenaire qui l'avait attaqué au sol" ?
- "Le fil incorporel qui le reliait au bouclier protégeant Altaïs se tendit comme une corde sur le point de se rompre. Il eut tout juste le temps d’en matérialiser un deuxième, semblable aux lourds boucliers des fantassins, pour encaisser le poing invisible qui manqua de le frapper."
--> J'arrive à suivre, mais j'ai du relire deux fois ce passage. Je pense que tu peux alléger tes phrases pour rendre l'action plus claire.
- "que la moitié des mercenaires était tombée" --> étaient tombés. Ce sont les mercenaires qui tombent. Si tu accordes avec moitié, ça fait bizarre. On a l'impression qu'un mercenaire a été coupé en deux et que la moitié de son corps tombe par terre x)
- "le bouclier qu’il avait créé ne protégeait pas des attaques physiques".
--> Mince, pas de bol ça. Il ne pouvait pas en créer un qui repousse les lames ? Ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, pourquoi ne pas plutôt laisser entendre que le bouclier qu'il avait créé commençait à faiblir ? Je reviens sur l'histoire de l'entraînement et de l'écart de niveau avec Altaïs : tu nous donnais l'impression qu'Alexander était mauvais à l'épée. Si en plus, il ne sait pas faire un bouclier qui protège des sortilèges ET des épées, on commence vraiment à se dire qu'il est archi nul et qu'il ne sert à rien. Désolé si c'est incisif et caricatural, j'aime bien le personnage d'Alexander, je dis juste ça pour mettre le doigt sur l'impression qui s'en dégage ^^
- "Une nouvelle offensive dévia son attention vers son agresseur" --> pourquoi pas "un nouvel agresseur détourna son attention" ? c'est plus direct.
- "et son propre bouclier vibra" --> cf plus haut, pourquoi le bouclier vibre s'il n'arrête pas les épées ?
- "Une lance éthérée s’étira entre les doigts d’Alexander, puis fusa vers son agresseur et l’épingla au sol avec un bruit sourd." --> ça, c'est top. Concis, précis, visuel et dynamique.
- "Et il y a trop de verglas pour que nous dénichions des plantes"
--> J'avais déjà tiqué sur le sol verglacé juste avant. Si c'est verglacé, ça glisse. Si ça glisse, le combat tel que tu le racontes est presque impossible, ils seraient tous en train de se casser la tronche. Sans compter les fers des chevaux qui riperaient sur la glace, ça risquerait de les blesser. Pourquoi pas juste "il y a trop de neige" ? Ce serait plus réaliste.
- Sur toute la fin en général : l'empoisonnement d'Alexander, c'est logique. Les mercenaires peuvent en effet enduire leurs armes ou les vrilles de leurs carreaux de poison pour s'assurer que les fuyards n'en réchappent pas. Tu racontes vraiment super bien l'engourdissement que ça provoque, l'impression d'étouffer, de vaciller, la fatigue subite, le voile qui tombe devant les yeux d'Alexander... On y croit, c'est très visuel. Bravo pour ça !
En revanche, la réaction d'Altaïs n'est pas du tout logique.
Il y a deux problèmes pour moi dans ce passage :
1 - Pourquoi abandonner Alexander ici, alors que le poison est de toute évidence très violent (vu la rapidité avec laquelle A perd connaissance) ? Il a besoin de soins urgents, Altaïs ferait mieux de le laisser en selle devant lui pour l'amener jusqu'à la ville, il pourra lui administrer l'antidote directement sur place ou trouver quelqu'un de plus compétent que lui pour le soigner. En faisant un aller-retour, il perd du temps, donc accroît le risque que son ami meure en son absence. Sans compter que si Alexander reste aussi affaibli, évanoui dans la neige, il peut aussi mourir de froid.
2 - Toujours sur la décision d'Altaïs d'abandonner A pour aller chercher un contrepoison : il ne sait même pas de quelle toxine ou de quel venin il s'agit ! Par quelle magie espère-t-il trouver un antidote efficace ? Il existe des centaines de poisons différents et tout autant de moyens de les soigner, il nous manque une info là, un passage où par exemple il reconnaît les effets du poison et nous donne son nom !
Voilà voilà. Je sais que ça fait un sacré pavé de remarques et de suggestions, mais il ne faut surtout pas que ça te décourage, j'ai adoré ce chapitre ! Pour moi ce ne sont que des petites corrections à faire pour qu'il devienne encore mieux et plus crédible.
Et bien sûr comme toujours, ce ne sont que mes suggestions, fais-en ce que tu veux. C'est ton histoire après tout ;)
À bientôt pour la suite !
Ori'
Je vais commencer par répondre à tes remarques :)
C’est noté pour l’écart, je vais corriger cet élément !
Oui effectivement pour la fleur c’est une image. Dans la mesure où Dagmar mentionne le fait qu’il en distille dans l’eau et la nourriture, il y avait l’idée qu’Altaïs en ingèrent et que ça se répand dans son corps (donc dans ses veines) ! Mais je peux rajouter un mot devant « fleur » pour préciser ^^
Pour l’expression du sourire qui n’atteint pas les yeux, c’est une expression que j’ai vu à quelques occasions qui signifie grosso modo que tu souris mais que tu restes préoccupé :)
C’est noté pour toutes tes propositions de reformulation ^^
Alors par rapport au bouclier d’Alexander, moi ça m’aurait à l’inverse semblait too much, il n’est pas infaillible, il est déjà en train de faire plusieurs choses à la fois (protéger Altaïs, qui serait complètement vulnérable sans lui puisqu’il ne peut pas se défendre contre la magie, se protéger lui-même et affronter des mercenaires) :) Après je peux effectivement dire que le bouclier faiblit, mais ça me semble un peu excessif de dire qu’Alexander est nul et ne sert à rien parce que pour l’instant Altaïs serait mort plusieurs fois sans lui xD Ça tenait également au fait qu’il peut former des boucliers différents, celui qu’il crée autour d’Altaïs agit comme une seconde peau qui repousse la magie (celui qu’il utilise pour lui-même ressemble à un bouclier classique de soldat).
Pour la fin et les problèmes que tu as par rapport à la réaction d’Altaïs, à mes yeux ce serait plus dangereux de l’emmener en ville où ils seront des cibles faciles, pourchassées par l’armée, et où ils ne pourraient pas se défendre ni fuir. Altaïs a plus de chance de s’en sortir sans se faire attraper en mettant Alex à l’abri. Et oui je peux préciser le nom du poison, c’est vrai que je le fais dans le chapitre suivant mais je peux le mentionner dans celui-ci ^^
Je suis tout de même contente que le chapitre t’ait plu ! Ne t’inquiète pas, tes remarques ne me découragent pas, comme tu le dis ça relève de corrections minimes qui ne me demanderont pas beaucoup de retravail et le chapitre y gagnera !
Merci pour ton retour et à bientôt ! :D