Aymee Fogorkan était une jeune femme de trente ans. Bien qu’elle soit titulaire d’un diplôme en marketing et vente, elle n’avait jamais eu l’opportunité de montrer tous ses talents dans le domaine. Sa grande gentillesse lui avait fait perdre de nombreuses opportunités. Elle ne savait pas dire non. C’était au point qu’elle se retrouvait dans des situations impossibles malgré elle.
Ainsi, elle pouvait se retrouver avec une charge de travail supérieure à ce qu’un être humain pouvait supporter. Cela la conduisait non seulement à faire des erreurs mais aussi à se retrouver en burn-out, sans aucune reconnaissance de ses paires qui abusaient d’elle alors qu’ils savaient que c’était mal. Pire, ils en rajoutaient et la poussaient à bout.
En perte totale de confiance, elle avait renoncé à travailler dans la branche pour laquelle elle avait passé de longues années d’étude. Elle préférait cumuler les petits boulots, plutôt que de devoir adopter une attitude pleine de coups bas pour arriver à ses fins. Elle tenait à garder sa conscience pour elle.
Elle cumulait le défaut d’être étourdie. Nombreux étaient ceux qui en profitaient et comptaient sur ce fait pour se décharger sur elle. Un papier n’avait pas été signé ? C’est sans doute Aymee. Mais elle n’était pas en charge du dossier. Pas grave, c’est comme si, vue qu’elle est étourdie. Sauf qu’elle n’a rien à voir avec le sujet. Mais elle oublie toujours tout. C’est pour cela qu’elle contrôle tout scrupuleusement. Et ainsi de suite. Sa seule présence constituait une raison pour l’accuser de tous les maux.
C’était cette malchance qui lui avait fait franchir la porte de l’agence des poissards secrets. Ça avait été un étrange concours de circonstances. Alors qu’elle se rendait à un entretien d’embauche un cycliste avait déboulé pour finir dans le canal après avoir perdu sa roue. Ladite roue lui avait rebondi dessus et salie son chemisier blanc. Elle avait tenté comme elle pouvait de masquer la trace avec sa veste de tailleur. Bouleversée, elle s’était rendue à son rendez-vous et avait franchi la mauvaise porte. Elle était arrivée dans l’agence persuadée d’être à la bonne adresse. Personne ne connaissait le nom de la personne qui devait la recevoir. Pourtant, Marion, l’hôtesse d’accueil, avait fait tout son possible, croyant même avoir effacer par erreur le lien informatique vers la personne. L’entreprise comptait tellement de monde avec ses différents services ! Aymee avait fondue en larmes et Eileen avait dû intervenir pour comprendre ce qu’il se passait et rassurer les deux jeunes femmes convaincues d’avoir commis une bourde irréparable, chacune de leur côté.
L’explication était simple. Une personne négligente avait donné la mauvaise adresse. C’est ce qui résultait de la rapide enquête que la dirigeante mena. Elle eu d’ailleurs un échange assez vif au téléphone avec les personnes qui auraient dû recevoir en entretien Aymee.
Pour une fois, cette mauvaise fortune avait souri à notre jeune poissarde. Sans comprendre comment, un contrat de travail avait été placé entre ses mains. L’entreprise recherchait des talents comme elle. Elle avait cette étincelle en plus qui, malgré ses maladresses, la rendait unique dans son travail. Si elle apprenait à l’utiliser, elle pourrait tout irradier.
Jolie écriture comme toujours, avec comme coquille la plus gênante je dirais "charge de travail supérieure à ce qu'un être humain pouvait 'en' supporter" (la charge est déjà complément de "supporter", on peut enlever le 'en')
Et mon expression préférée: "elle pourrait tout irradier". Elle m'a fait tiquer, mais au final j'ai hâte de voir ça!