Chapitre 9 : Dans l'Obscurité d'Elyndra

     Léora, Alric, et Elyon se tenaient dans l'obscurité oppressante de la vieille maison abandonnée, à peine éclairée par les rayons argentés de la lune qui traversaient les fissures des murs et le plafond effondré. La poussière dansait dans l'air stagnant, formant un voile presque magique autour d'eux. Malgré la tranquillité apparente de leur cachette, une tension palpable imprégnait l'atmosphère. Elyon, assis sur une vieille chaise bancale, jetait des coups d'œil anxieux par la fenêtre cassée. Alric, debout près de la porte, les bras croisés, surveillait l'entrée avec une vigilance inébranlable. Léora, encore secouée par les événements récents, s'était assise sur le sol poussiéreux, le dos contre un mur. Elle tenait fermement le cristal d'Elandor dans sa main, comme si sa vie en dépendait. Après quelques minutes de silence, Elyon prit la parole, sa voix à peine plus forte qu'un murmure. 

— Nous n'avons pas beaucoup de temps. Les sorciers d'Elyndra ne sont pas du genre à abandonner facilement. 

Alric hocha la tête, son expression sombre. 

— Alors, il faut qu'on décide de notre prochaine action. Tu as mentionné que tu savais quelque chose à propos de l'épée d'argent. Qu'est-ce que tu sais exactement, Elyon ? 

Elyon soupira profondément, comme s'il pesait soigneusement ses mots avant de répondre. 

— L'épée d'argent n'est pas simplement une arme,  commença-t-il.  Elle est une clé. Une clé qui ouvre une ancienne porte, cachée quelque part dans cette ville. Derrière cette porte se trouve un pouvoir ancien, un pouvoir qui pourrait changer le cours de notre destin. Mais pour y accéder, nous devons d'abord trouver l'épée et comprendre comment l'utiliser. 

— Nous ne pouvons pas partir sans avoir plus d'informations, dit Léora, brisant le silence.  Le temple de Kaelor est entouré de mystères et de légendes. Nous avons besoin de savoir à quoi nous attendre et comment y entrer. 

Alric hocha la tête, son expression grave. 

— Tu as raison. C’est un lieu dangereux, et nous ne pouvons pas nous permettre de foncer tête baissée. Nous avons besoin de connaître les secrets de ce temple, surtout s’il est aussi bien protégé que ce qu’on dit. 

Elyon, assis en face d’eux, réfléchissait intensément. 

— Les anciens textes parlent de Kaelor comme d'un sanctuaire sacré, protégé par de puissantes enchantements et des pièges mortels. Mais il y a peut-être quelque chose dans les archives de la ville qui pourrait nous aider. 

Léora se tourna vers lui, pleine d'espoir. 

— Tu penses qu'il pourrait y avoir des informations là-bas, sur la manière d'entrer dans le temple ? 

Elyon acquiesça. 

— Les archives de la ville contiennent de nombreux manuscrits anciens, certains remontant à l'époque où Kaelor était encore utilisé comme lieu de culte. Avec un peu de chance, nous pourrions trouver quelque chose sur la façon d’accéder au temple ou sur les protections qui l’entourent. 

Alric se leva brusquement, ses yeux brillants de détermination. 

— Alors, nous retournons à la bibliothèque. Mais cette fois, nous devons être plus discrets. Les sorciers ne nous laisseront pas une seconde chance. 

Quelques heures plus tard, le trio se trouvait de nouveau devant la bibliothèque d'Elyndra, dissimulés dans l'ombre des ruelles sombres. La lune était haute dans le ciel, éclairant faiblement la silhouette imposante de l’édifice. Les souvenirs de leur dernière visite hantaient encore leur esprit, mais ils savaient qu'ils n'avaient pas le choix.

— Cette fois, nous allons passer par une autre entrée,  murmura Elyon, les guidant vers un passage latéral à peine visible derrière un buisson épais.  Moins de chances de croiser des patrouilles ici. 

Ils se faufilèrent dans la petite ouverture, se retrouvant dans un étroit couloir sombre qui semblait s'enfoncer dans les entrailles de la bibliothèque. L'air était froid et humide, chargé de l'odeur de vieux parchemins et de pierre moussue. Ils avancèrent en silence, leurs pas étouffés par la poussière accumulée au fil des siècles. Elyon s’arrêta devant une porte en bois, presque cachée dans l’ombre. 

— Voici l'entrée des archives. Soyons prudents. 

Alric poussa doucement la porte, qui s'ouvrit dans un léger grincement. Ils pénétrèrent dans une vaste salle remplie de rangées d'étagères surchargées de livres anciens et de manuscrits poussiéreux. À la lumière de leur lanterne, les ombres dansaient sur les murs, créant une atmosphère mystérieuse et presque inquiétante.

— Commençons par chercher dans la section des textes anciens, suggéra Elyon, se dirigeant vers une étagère au fond de la salle.

Léora et Alric le suivirent, chacun fouillant méthodiquement les livres et les parchemins, à la recherche de la moindre mention du temple de Kaelor. Les minutes passaient, le silence n’étant troublé que par le bruissement des pages tournées et le léger crissement de la poussière sous leurs doigts. Soudain, Léora poussa un cri étouffé. 

— J’ai trouvé quelque chose ! 

Elyon et Alric se précipitèrent à ses côtés, regardant par-dessus son épaule. Léora tenait un vieux parchemin jauni, les yeux écarquillés de surprise.

— C’est une carte ancienne,  expliqua-t-elle, pointant du doigt les inscriptions délicates et les symboles tracés à la main. Elle montre le chemin vers Kaelor, mais aussi des notes sur la façon d’éviter certains des pièges et des protections qui entourent le temple. 

Elyon prit le parchemin, l’examinant attentivement. 

— Ces symboles... Ils ressemblent aux anciennes runes de protection utilisées par les prêtres de Kaelor. Si nous pouvons les déchiffrer, cela pourrait nous indiquer comment désactiver certaines des protections. 

Alric sourit, soulagé.

— Parfait. Cela nous donne une chance de passer inaperçus et de trouver l'épée sans être repérés. 

Léora plia soigneusement le parchemin, le rangeant dans son sac. 

— Nous avons ce dont nous avons besoin. Maintenant, sortons d'ici avant que les sorciers ne nous trouvent. 

Alors qu'ils fouillaient la salle, Léora sentit soudain une étrange vibration émanant du cristal. Elle se figea, fixant l'objet dans sa main. La lumière douce qu'il émettait devenait plus intense, presque aveuglante.

— Elyon, Alric,  chuchota-t-elle, montrant le cristal.  Quelque chose ne va pas. 

Alric se tourna vers elle, l'épée levée.  

— Que se passe-t-il ? 

Avant qu'ils ne puissent réagir, un grondement sourd résonna dans la pièce. Les murs commencèrent à trembler, et une épaisse fumée noire s'éleva du sol, enveloppant la salle d'une brume impénétrable. Des murmures incantatoires emplirent l'air, comme si des voix invisibles chantaient en harmonie.

Elyon pâlit. 

— C’est un piège ! Ils nous attendaient ! 

Mais avant qu'ils ne puissent bouger, des ombres se formèrent autour d'eux, prenant la forme de sorciers menaçants. L'un d'eux, plus grand et plus imposant que les autres, s'avança vers eux, un sourire cruel aux lèvres.

— Vous pensiez pouvoir nous échapper si facilement ?  ricana-t-il.  Vous avez sous-estimé la puissance des sorciers d'Elyndra. 

Alric brandit son épée, prêt à se battre, mais Elyon le retint. 

— Non, Alric. Ce n’est pas le moment. Il y a trop de sorciers. Nous devons utiliser le cristal. 

Léora regarda Elyon, une lueur de compréhension dans ses yeux. Elle leva le cristal, qui brillait maintenant d'une lumière éclatante. Les sorciers reculèrent, leurs visages se tordant de colère et de peur.

— Faites attention ! cria l’un des sorciers.  Ce cristal... il est... 

Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, une explosion de lumière jaillit du cristal, remplissant la salle d'une énergie éblouissante. Les ombres des sorciers se dissipèrent instantanément, emportées par la force du cristal. La fumée noire s’évapora, et le grondement cessa. Le silence retomba sur la pièce, seulement interrompu par le bruit de leurs respirations lourdes. Léora baissa lentement le cristal, qui émettait encore une faible lueur, mais avait perdu de son éclat.

Elyon soupira de soulagement.

— Ça a marché. Nous avons un peu de répit. Mais nous devons nous dépêcher.