Chapitre 9 : L'examen des baguettes

Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Sortir du train fut une épreuve somme toute harassante.

Les étudiants, impatients de débarquer enfin, s’agglutinaient dans le couloir, les bras chargés de sacs, de valises et même pour certains d’animaux hétéroclites comme ce gros crapaud hideux qui se gonflait pour permettre à son propriétaire d’avancer ou cette grue perchée sur l’épaule d’une jeune fille et donnant coups de bec et coups de patte à quiconque osaient la bousculer.

Pris dans cette marée humaine, Lyra et Jude, comme leurs compagnons de cabine, mirent un certain temps avant d’émerger enfin de leur wagon.

Le quai était tout aussi bondé et Lyra put voire un peu mieux les familiers de certains de ses condisciples. Au crapaud et à la grue s’ajoutèrent bientôt des dizaines de chats, un loup, de nombreuses chouettes et hiboux, quelques papillons et, pour son plus grand malheur, une mygale que son sorcier portait dans les cheveux comme une barrette mais qui levait haut ses mandibules d’un air menaçant.

— Surtout ne t’éloignes pas, lui intima Jude à l’oreille.

Lyra l’entendit à peine mais elle ne broncha pas lorsqu’il lui prit la main d’autorité pour la conduire à travers la foule. Absorbée par la contemplation des étoiles qui commençaient à apparaître dans le ciel, elle trébucha sur de nombreux pieds et s’attira tout autant de regards agacés sans qu’elle n’y prête grande attention.

— Lyra, s’il te plait concentre-toi, la rappela à l’ordre Jude. Regarde où tu mets les pieds si tu ne veux pas finir piétinée !

À grand peine, la sorcière détacha les yeux du ciel pour se concentrer sur la foule qui grouillait autour d’elle. Une chouette lui picora le sommet de la tête alors qu’un corbeau menaça de son bec Jude devant elle.

Le jeune homme ne cessa de jurer dans sa barbe jusqu’à parvenir enfin au bout du quai où les attendaient une douzaine de diligences aussi longues et larges qu’un petit wagon. Ils s’y engouffrèrent en même temps qu’une bonne vingtaine de premières années, peu désireux de finir éborgné par une Ombre menaçante.

Si Lyra songea d’abord qu’ils ne rentreraient jamais tous à l’intérieur et qu’elle devrait grimper sur les genoux de Jude pour faire de la place, elle fut vite détrompée. Bien que bondée, la diligence ne cessait de s’allonger pour accueillir les retardataires, évitant ainsi tout débordement. La jeune fille en fut tout aussi surprise qu’émerveillée, surtout en découvrant le petit lustre aux pampilles de cristal en forme d’étoiles qui s’illumina à leur arrivée. Elle fut tout aussi conquise en réalisant que les assises sur lesquels ils s’étaient tous laissé tomber avec soulagement étaient aussi confortable et moelleuses que le fauteuil découvert chez Mme Flanelle.

Lyra songea qu’elle aurait pu y passer le restant de sa vie à se prélasser lorsque les diligences s’ébranlèrent. Une à une, elles prirent la direction du château dans un délicat concert d’engrenages et de pistons à vapeur.

— Ah, tu vois ! se rengorgea quelqu’un tout au fond. La vapeur, c’est une valeur sûre !

En se penchant, Lyra et Jude découvrirent Evanore assise juste en face d’un Viktor renfrogné aux bras croisés par l’agacement.

— Si tu le dis… soupira-t-il, vaincu.

Lyra sourit, et alors qu’elle se redressait, Jude lui indiqua les petites fenêtres qui perçaient les parois dans leur dos.

Les diligences filaient à bonne allure à travers une forêt plus épaisse encore que les pins qui entouraient les monts rocheux. À travers les branchages et malgré la vitesse, la sorcière eut le temps de discerner quelques lucioles scintillant dans les sous-bois et peut-être même une fée où deux, dont les éclats irisés se reflétaient sur les feuilles.

Le chemin jusqu’au château dura une bonne demi-heure supplémentaire. Pendant ce temps, les étudiants bavardaient gaiement et faisaient connaissance. Des amitiés se tissèrent et on se prêtait volontiers aux classiques suppositions quant à la forme de son Ombre ou à la maison dans laquelle ils seront répartis.

— Moi j’irai à Vaillant, déclara quelqu’un au milieu de la diligence. Mes parents et mon grand frère y sont passé.

— Personnellement je préférerais aller à Boidébène, répliqua un autre.

— Je n’ai pas vraiment de préférence, avoua une fille aux cheveux frisés. Du moment que je peux suivre des cours d’alchimie, tout me va.

— Tu penses qu’elle ressemblera à quoi ton Ombre ? questionna quelqu’un d’autre.

— Elle sera sûrement beaucoup plus impressionnante que la tienne, ricana son voisin.

Lyra, elle, garda le silence. Elle tenait toujours la main de Jude dans la sienne et regardait le paysage défiler avec attention, attendant avec impatience le moment où les arbres se clairsemerait et où le château serait en vue.

Ce moment arriva rapidement, et bientôt ce fut toute la diligence qui se pencha aux fenêtres pour apercevoir sa pierre lunaire se refléter comme un joyau dans les eaux clairs du lac. Ils contournèrent ce dernier, et parvinrent enfin devant les hautes marches du château.

Une à une, les diligences déversèrent des flots d’étudiants impatients. Devant les grandes portes de chêne sculptées attendaient deux personnes, un homme et une femme parfaitement identique. Des jumeaux, songea Lyra en les étudiant plus attentivement alors que Jude la guidait dans les escaliers.

Ces derniers étaient grands et élancés, la taille fine et un visage rond aux pommettes hautes. Leurs cheveux bruns étaient ramenés en arrière et un unique grain de beauté venait casser la parfaite symétrie de leur trait, sous l’œil gauche pour la femme, sous l’œil droit pour l’homme.

À la vérité, plus qu’à des humains, ils lui firent fortement penser à des poupées de porcelaine à taille humaine. Même leurs uniformes, parfaitement repassé et d’un pourpre envoutant paraissait tout droit sorti de l’atelier d’un artisan. Détail un peu déroutant : les jumeaux avaient tous les deux les yeux fermés, leurs longs cils reposant sur leurs joues, comme scellés.

Parvenus en haut des marches, les étudiants s’arrêtèrent. Devant eux, la femme s’avança alors d’un pas. Un sourire vaporeux flottait sur ses lèvres.

— Bonjour, dit-elle d’une voix éthérée. Pour ceux qui ne le savent pas, je me nomme Eunice, et voici mon frère, Erza.

Ce dernier les gratifia d’un signe de tête et elle poursuivit.

— Nous occupons le poste de surveillants d’Aubelune et sommes à votre disposition si vous avez besoin d’aide.

— Les anciens, appela Ezra en faisant lui aussi un pas en avant, veuillez me suivre. Vos bagages seront transportés dans vos dortoirs.

Et il s’en retourna à l’intérieur, suivit par les deux tiers des étudiants dans une joyeuse cacophonie. Lorsque cette dernière s’estompa enfin, Eunice se tourna vers le reste du groupe.

— À présent, poursuivit-elle d’une voix douce, il est temps de passer à l’inspection des baguettes. Veuillez laisser vos bagages dans le hall, indiqua-t-elle alors qu’ils la suivaient à l’intérieur, elles seront acheminées dans votre dortoir une fois la répartition terminée.

Lyra admira un instant les hautes arcades de marbre et les appliques de cuivres qu’arboraient les murs et qui déversaient une lumière chaleureuse dans le hall. Les dalles au sol formaient une immense rosace toute en couleur claires et douces sur lesquelles Lyra se prit l’envie de danser.

Elle fut rapidement ramenée à la réalité lorsque Jude la tira par la main. Ils trouvèrent un coin et y déposèrent valises et sacs de voyage avant de tirer leurs baguettes respectives. Eunice les attendait devant une petite pièce sobrement aménagée qui ne devait servir qu’une fois l’an, lorsque les nouveaux étudiants arrivaient.

La surveillante les fit se mettre en rang devant la porte. Lyra se demanda si, malgré ses paupières closes, Eunice parvenait à voir. Et, au vu du comportement de certains nouveaux – dont le terrible Théodore Holloway que Lyra aperçut un peu plus loin dans la file derrière elle – il était clair qu’elle n’était pas la seule. Mais, lorsque l’un d’eux décida de tester la surveillante, il le regretta aussitôt.

Le malheureux avait à peine levé sa baguette et murmuré un sortilège pour agiter les cheveux parfaitement coiffés d’Eunice que cette dernière s’était retourné vers lui. Elle avait levé la main si vite que personne ne la vit faire et une bulle protectrice l’entoura, renvoyant le maléfice à l’envoyeur. Ce dernier tituba de quelques pas sous la force du vent qu’il avait invoqué et regarda la dame avec des yeux aussi éberlués que le reste de sa promotion.

Eunice, sans se départir de son sourire serein, leva sa protection et reposa une main humble sur la ceinture de sa robe.

— Il est naturel de vouloir vérifier une supposition, dit-elle calmement, aussi suis-je habituée à ce genre de petites farces. Cependant, bien que je n’en porte pas ombrage, je vous saurais gré de ne pas réitérer l’expérience où je serais au regret de devoir sévir en retour.

Et sur ces derniers mots, elle indiqua au premier élève de la file d’entrer dans la petite pièce.

Quelques rires désobligeants vinrent titiller le malheureux qui rougissait jusqu’à la racine.

— Que crois-tu qu’ils vérifient ? demanda songeusement Lyra alors que la première élève sortait de la classe, aussi outrée que perplexe en examinant sa baguette.

Elle se dirigea d’un bon pas vers le fond du hall où elle attendit, les bras croisés, refusant de répondre aux questions des curieux.

— La qualité des gravures, je présume, répondit Jude en examinant sa propre baguette.

Le quartz fumé était décoré de fines arabesques que le jeune homme avait taillé lui-même, mais ce qu’il examina de plus près était une autre gravure, sur le manche. Un assortiment de runes parfaitement illisible pour qui ne regardait pas de trop près.

— Je crois que je vais me faire taper sur les doigts, lâcha-t-il avec un clappement de langue.

— Mais non, tes runes sont très bien, le rabroua gentiment Lyra. À la limite on pourrait se plaindre de ces arabesques que tu as ajoutées.

— Rigole tant que tu veux, je les aime bien mes arabesques, rétorqua Jude avec hauteur et un autre étudiant sortit de la pièce, plus furieux que jamais pour rejoindre la fille dans son coin où ils débattirent avec fortes gesticulation de ce qu’ils avaient entendu à l’intérieur. Et au moins, aucun de mes frères n’aura plus à confondre sa baguette avec la mienne.

Lyra y réfléchit un instant, le temps pour trois nouveaux élèves de passer à l’inspection. En y repensant, c’était vrai que l’un des frères Kingsford avait également une baguette de quartz. Lyra se souvenait avoir entendu Jude s’énervé lorsque son frère Aristide s’était trompé de baguette et l’avait accusé de lui avoir volé la sienne. Il ne s’était d’ailleurs jamais excusé d’avoir accusé Jude à tort, même après avoir retrouvé sa propre baguette et avoir réalisé son erreur.

Lyra examina sa propre baguette, taillée dans une branche de hêtre. Elle était plutôt commune si on mettait de côté la petite pendeloque qu’elle y avait accroché au bout du manche. Il s’agissait d’un petit croissant de lune taillé dans un morceau de cristal par son père à l’époque du collège. Il avait orné la baguette de ce dernier jusqu’à son décès. Ça avait d’ailleurs été l’un des rares objets, avec la baguette d’olivier de Jupiter à leur être revenu après l’incident.

Lyra joua négligemment avec le cristal avant de poser les yeux sur ses propres runes.

La règle voulait que chaque sorcier grave sa baguette d’un mot en langage runique qui lui était propre. Cela permettait d’amplifier le lien du sorcier avec son artefact et ainsi permettre un meilleur contrôle de la magie. C’était au terme des sept années de collège que l’on choisissait son mot et qu’on opérait la gravure.

Lyra y réfléchissait toujours lorsque l’élève devant elle passa la porte. De l’autre côté du battant, elle entendit vaguement la voix de l’examinateur. Elle lui parut rauque et pesante, la voix caverneuse d’un homme qui avait vécu. Elle se demandait de qui il pouvait bien s’agir lorsque la porte s’ouvrit à la volée. Jude tira Lyra en arrière au moment où le battant s’apprêtait à lui écraser le nez.

Un peu déboussolée, elle remercia Jude avant de voir l’élève s’en aller à pas lourd rejoindre les autres étudiants près de leurs affaires. Son visage était cramoisi et elle retenait difficilement des larmes de rage. Lorsqu’elle rejoignit les autres, la fille croisa fermement les bras, les lèvres tremblantes alors que ce qui ressemblait à une amie vint la réconforter, qualifiant l’examinateur de vieille chouette lunatique.

— À vous, lança doucement Eunice, ramenant Lyra à la réalité.

Après un dernier regard en arrière, la jeune fille entra et la porte se referma lentement derrière elle.

La pièce était encore plus petite que ce qu’elle avait imaginé et ne comptait qu’une modeste fenêtre en face de la porte et un bureau derrière lequel l’attendait un vieil homme au visage sec et ridé mais dont les yeux alertes luisaient d’un éclat vif assez impressionnant. Des appliques sur les murs déployaient une lumière chamarrée comme des flambeaux, illuminant la pièce plus doucement que le grand hall.

Le vieil homme tendit une main osseuse vers elle. Lyra l’observa sans mot dire, partagée entre confusion et perplexité. L’examinateur leva un lent sourcil broussailleux. Sa bouche, dont les commissures paraissaient alourdies par le temps, formaient une moue perpétuellement boudeuse qui n’arrangeait en rien son expression aigre.

— Votre baguette, demanda-t-il simplement.

Lyra sursauta et, se rappelant qu’elle devait la lui confier, s’approcha et déposa l’artefact dans sa paume. Il y avait quelque chose de réellement fascinant dans le timbre de sa voix, qui se révéla plus profonde que ce qu’elle avait cru entendre.

La sorcière l’observa examiner avec attention sa baguette. Il avait relevé le monocle qui pendait à sa verste de velours prune et fronçait les sourcils en parcourant les dessins du bois de ses yeux experts.

— Une boursière, releva-t-il enfin avec un certain dédain dans la voix.

Lyra ne s’en formalisa pas, étudiant plutôt le vieil homme avec un sincère curiosité. Il avait des calles au bout des doigts, et ses paumes étaient avait l’air rappeuse. Elle était certaine qu’il devait être un fabriquant de baguettes passionné.

— Vous êtes la première de ma liste, ajouta-t-il en examinant une fiche à côté de lui, ce qui eut pour effet de ramener Lyra au présent. Votre nom ?

— Lyra Oakwood.

Un tic fit très légèrement tressaillir les lèvres de l’examinateur. Mais Lyra crut l’avoir rêvé alors qu’il poursuivait son examen d’un œil consciencieux. Son attention glissa de la pointe qu’il testa jusqu’aux runes gravées sur le manche.

Rêverie, lut-il tout haut.

Il se redressa lentement, l’air songeur, avant de tourner pour la première fois son attention sur elle.

Lyra soutint le regard inquisiteur qu’il braqua sur elle. Il avait l’air de la sonder.

— Je n’ai connu qu’une seule autre baguette avec un nom aussi singulier, avoua-t-il lentement comme s’il machait ses mots pour lui-même.

Et tout en se faisant, il continuait de manipuler la baguette entre ses longs doigts arachnéens.

— Une puissante baguette, très puissante. Et appartenant à un puissant sorcier, à n’en point douter.

Un silence épais s’installa, puis, comme si de rien n’était, il reposa les yeux sur la baguette.

— Il est rare pour un chasseur d’arborer une baguette de bois, reprit-il comme pour lui-même. Les cristaux comme l’onyx font de bien meilleurs conjureurs. Il était le seul et…

Son regard accrocha la pampille en cristal qui pendait au manche. Il délaissa le reste de la baguette et se concentra sur l’accessoire qu’il approcha si près de son nez que de la buée se rependit sur le cristal à chacune de ses expirations.

Pendant un bref instant, Lyra se demanda si ce vieil homme n’avait pas déjà rencontré son père, peut-être même examiné sa baguette il y a quelques dizaines d’années. Avait-il reconnu sa signature dans les gravures du croissant de lune ? Lyra savait que Jupiter avait été un excellent graveur de rune, en attestait le vieux télescope et ses protections toujours actives après plus de vingt ans. Quant à ce petit croissant de lune, peu de gens savaient qu’en réalité il était décoré d’une multitude de petits glyphes inventé pour son père et contenant toutes sortes de sortilèges dont Lyra avait à peine connaissance.

Au vu des réactions qu’avaient eu les étudiants passés avant elle, la jeune fille s’attendait à des remarques désobligeantes, des critiques acerbes ou tout autre forme de thermes déplaisants à entendre qui expliquerait leur réaction à tous.

Pourtant, et à son plus grand étonnement, le vieil homme se fendit d’un lent mais léger sourire. L’expression était si incongrue sur ce visage austère que Lyra pensa un instant qu’il devait avoir la berlue. Mais les petites rides qui se creusèrent à ses yeux confirmèrent sa première impression.

L’examinateur souriait.

Entre une seconde et une éternité, Lyra n’aurait su dire combien de temps ce sourire avait barré cette bouche, mais il se dissipa dès l’instant où il reposa les yeux sur elle.

L’air tout aussi acariâtre qu’à son arrivée dans la pièce, il lui rendit sa baguette et conclut :

— Du bel ouvrage, une gravure impeccable et un lien puissant. Vous ferez certainement de grandes choses à votre tour.

Ce commentaire, bien que dit d’une voix monocorde, réchauffa le cœur de Lyra au moment de reprendre sa baguette.

— Merci, monsieur, sourit-elle franchement et il lui sembla qu’au moment de s’en aller, le vieil homme souriait également.

Au dehors, Jude voulut lui demander comme ça s’était passé mais n’en eut pas le temps, poussé par Eunice à prendre sa place. Lyra retrouva donc tranquillement les premiers examinés qui continuaient de ruminer leur entretient. Sur le chemin, elle croisa Sierra et Théodore dont les mines ouvertement renfrognées ne l’étonnèrent pas. Vu la réaction des autres à leur sorties, sans doute espéraient-ils la voir elle aussi sortir en larmes. Le fait qu’en plus d’être toujours aussi sereine, Lyra souriait faiblement en serrant sa baguette et son pendeloque contre son cœur, ne faisait qu’attiser leur haine.

Parvenue au côté des autres, elle attendit patiemment que l’examen se termine. Elle commençait tout juste à admirait les gravures qui décoraient les arcades lorsque Jude sortit à son tour, passablement agacé.

Il se dirigea droit sur Lyra et croisa aussitôt les bras sur sa poitrine, l’air boudeur.

— Alors ? s’enquit-elle. Comme ça s’est passé ?

— Cette vieille harpie a froncé le nez tout le long de l’examen ! Je comprends mieux la réaction des autres. Pas étonnant de sortir de là en pétard, cet homme est aussi chaleureux qu’un bloc de glace ! Et il n’a pas arrêté de se plaindre de mon « écriture runique à revoir », mima-t-il les dents serrées, ce qui amusa Lyra. Te moque pas, c’est vraiment vexant, la rabroua-t-il.

— Mais tu dois bien reconnaître qu’il n’a pas tort, lui fit-elle remarquer.

— Oui, bon, tu as raison, reconnut-il avec amertume, mais l’entendre dire de sa bouche c’était encore plus irritant que le jour de la gravure.

— Et tes arabesques ? s’enquit Lyra.

— Oh, fit-t-il comme s’il les voyait pour la première fois. Il a admis que c’était du plus bel effet. En ajoutant qu’elles étaient bien mieux réalisées que mon mot, ajouta-t-il en maugréant.

Un autre élève en larmes rejoignit le groupe et ce fut bientôt au tour de Sierra.

— Je crois qu’il connaissait mon père, avoua Lyra après un silence.

— Sûrement, répondit distraitement Jude. Tibérius Dawkins inspecte les baguettes des étudiants d’Aubelune depuis plus de cinquante ans. C’est l’un des meilleurs fabriquant de baguette du pays, si pas de l’Histoire.

Il y eut un silence, puis :

— Cela dit, ajouta-t-il après un silence, il doit aussi être le sorcier plus insupportablement irritant.

Et sur ces mots, Sierra sortit en trombe de la salle d’examen, ses jolies joues de porcelaine écarlate de rage.

— Peut-être même le pire de toute la Création, conclut Jude avec un mélange de satisfaction et de pitié.

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blairelle
Posté le 12/01/2025
"un homme et une femme parfaitement identique. Des jumeaux"
Alors biologiquement il y a deux types de jumeaux : les jumeaux homozygotes ou "vrais jumeaux", qui ont le même génome, et les jumeaux hétérozygotes ou "faux jumeaux", qui n'ont pas le même génome.
Les faux jumeaux ne se ressemblent pas plus que n'importe quels frères et sœurs. À moins qu'ils aient fait de la chirurgie esthétique visant à les faire se ressembler, ce qui est ultra cringe.
Donc ce sont des vrais jumeaux, donc ils ont le même patrimoine génétique, donc le seul moyen d'avoir un homme et une femme, c'est si l'un des deux est transgenre et l'autre cisgenre. Comme Lyra ne se fait pas de réflexion particulière sur le sujet, j'en conclus que la transidentité est commune et acceptée dans cet univers.
Ce qui me semble quelque peu incompatible avec la présence de deux uniformes, jupes pour les filles et pantalons pour les garçons, mais bon, pourquoi pas.

Après, il reste l'hypothèse que les deux ne soient effectivement pas des humains, mais d'une espèce où la différenciation sexuée se produit différemment.

"Veuillez laisser vos bagages dans le hall, elles seront acheminées..." => problème d'accord
"je vous saurais gré de ne pas réitérer l’expérience où je serais au regret de devoir sévir en retour" => ou, sans accent
" tout autre forme de thermes déplaisants" => termes. Les thermes, ce sont des piscines chauffées.

Et je dois avouer que je trouve cela assez cliché que Lyra soit la seule à ne pas se prendre de remarques désobligeantes, après si elle est particulièrement douée en magie ça se tient.
Lunatique16
Posté le 12/01/2025
Re-coucou et merci pour ton commentaire !

Pour répondre à tes interrogations, non, il n'y a pas de transidentité dans cette univers. C'abord parce que c'est un sujet que je ne maitrise pas et je ne voudrais pas faire d'erreur, ensuite je ne me sens pas trop légitime d'en parler puisque je ne fais pas partie de cette communauté et que je ne connais personne dans ce cas non plus (pardon si c'est mal exprimé) et enfin... les jumeaux ne sont vraiment pas humains. Tu le découvriras plus tard mais je pense que je peux déjà en parler (ce n'est pas vraiment un secret) en fait, ce sont des homonculus, des êtres nés par l'alchimie. La vérité sera faite lors de leur premier cours d'alchimie et tout y est expliqué donc n'hésite pas à faire remarquer si certains points ne sont pas très clairs.
Ensuite, merci pour les coquilles ! Je corrigerai ça :)
Et enfin, je suis pas tout à fait d'accord, techniquement Lyra se prend des remarques, c'est juste qu'elle, comparé aux autres, ne s'en offusque pas. L'inspecteur est sec et j'imagine sans mal ces gosses de riches pourris gâtés habitué à être toujours brossé dans le sens du poil ne pas supporter la moindre petite critique. Là, c'est un peu plus cliché.

Encore merci et à bientôt !
blairelle
Posté le 13/01/2025
OK du coup Lyra devrait se rendre compte tout de suite que leur ressemblance n'est pas naturelle, puisqu'elle n'est pas explicable par la gémellité.

Attends, ils se sont mis à pleurer simplement parce qu'un vieux type a regardé leurs baguettes et lu les runes écrites dessus et énoncé le matériau en lequel elle est construite ? Tous ?
Quant à "ne pas supporter la moindre critique", je trouve cela vraiment bizarre. Ils ont quand même eu des parents pour les élever, au moins pour leur dire "c'est pas bien de taper ta petite sœur" ou "fais tes devoirs" ou des profs qui leur rendent une copie avec une appréciation autre que "excellent"...
Lunatique16
Posté le 13/01/2025
Pas sûr, après tout ils n'ont pas vraiment les mêmes notions scientifique que notre monde, techniquement elle voit juste deux personnes très semblable et n'a que la notion de "jumeaux" pour les décrire, tout en ayant cette impression bizarre qu'ils n'ont pas l'air humain, comme des poupées à taille humaine capable de bouger et de respirer

Quant aux critiques, le monsieur ne fait pas que lire la gravure, il inspecte le dessin de la rune, parce qu'une rune mal dessiné reste "lisible" mais peu causer des problèmes, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils les inspectent, une gravure mal dessinée c'est le risque d'un renvoie d'office
Quant à leurs parents, la plupart ne sont pas très présents, imagine un peu une foule de Drago Malefoy, c'est l'image que j'ai du trois quart de cette classe ! Pour ce qui est d'hypothétiques professeurs/tuteurs... je les imagines bien (les petits riches) ne pas vraiment leur prêter le moindre respect, du "mon père vous emploie, je peux vous faire virer quand je veux".
Mais peut-être que je mettrai un peu moins de larmes pour la relecture
blairelle
Posté le 13/01/2025
D'accord donc il y a quand même des critiques auxquelles Lyra a échappé (sur la qualité des runes)
Et Drago Malefoy ne va pas se mettre à pleurer à la moindre critique, par exemple dans le 2 on voit son père l'engueuler parce qu'il ose être moins bon en classe qu'Hermione Granger, il ne fond pas en larmes pour autant, il est juste vexé ou contrarié, et encore, il a 12 ans, pas 19
Lunatique16
Posté le 13/01/2025
J'en prends bonne note
Après j'ai tendance à faire des personnages très caricaturaux ^^' c'est à la relecture que je finis par les corriger
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