Après une longue année de formation générale, nos séances d’incubation virtuelle, devenues routinières et monotones, furent suivies par la prochaine étape de notre préparation : l’entraînement de pilote proprement dit !
Nos cours s’orientèrent vers les domaines plus complexes des sciences spatiales et aéronautiques. De toutes nouvelles technologies telles que les ailes cylindriques ainsi que les systèmes de propulsion, tant atmosphériques que spatiaux, n’auraient bientôt plus aucun secret pour nous.
Nous apprîmes qu’une bonne centaine d’années auparavant, une autre découverte primordiale, appelée « magnétosphère », vint nous ouvrir la voie vers la conquête spatiale. Il s’agissait d’un des développements les plus importants de nos recherches dans le domaine des forces électromagnétiques. Des anneaux, équipés de pôles aimantés, nous permirent de créer des sphères ou demi-sphères translucides de tailles et d’opacités diverses ainsi que d’une imperméabilité réglable.
D’imposants dômes vinrent coiffer nos métropoles, afin de les protéger, non seulement des bêtes sauvages, mais également des intempéries et des cyclones, devenus très fréquents depuis que les cataclysmes nucléaires transformèrent radicalement le climat de notre planète. Cette technologie fut à l’origine de nos petites sphères de réalité virtuelle, des boucliers protecteurs de nos chasseurs et de nos vaisseaux spatiaux, ainsi que des dômes et coupoles envoyées dans l’espace pour y abriter nos colonies de travailleurs.
Ces magnétosphères nous permirent enfin de nous protéger de certains phénomènes dangereux rendant impossibles, jusqu’alors, les longs voyages spatiaux. Les éruptions solaires et les radiations des champs magnétiques générés par les géantes gazeuses auraient, sans elles, été fatales aux équipages de nos vaisseaux et navettes interplanétaires. Ces dernières permettaient enfin, en situation de combat, de protéger nos frégates et croiseurs des tirs ennemis.
Un gigantesque anneau fut construit en orbite géostationnaire pour y générer une magnétosphère englobant notre planète tout entière ! Elle était destinée à nous abriter des chutes, de plus en plus fréquentes, de vaisseaux abandonnés, d’astéroïdes ou de météorites. Ce véritable « anneau planétaire » était maintenu en place par six faisceaux électromagnétiques, provenant de nos principales métropoles, disposées de façon parfaitement symétrique le long de l’équateur. Ils permettaient d’acheminer du matériel et des passagers vers, ou en provenance des six astroports qui furent construits sur cette gigantesque construction, à la verticale de leur dôme respectif.
Après une autre année de longues et fastidieuses séances d’incubation, couvrant les principes de base d’aérodynamique, de mécanique et d’électronique, nous fûmes enfin amenés à l’école de pilotage. Il s’agissait d’un complexe imposant, situé non loin de mon village d’origine. Ce dernier abritait une centaine de petits chasseurs d’entraînement et toute l’infrastructure nécessaire à leurs opérations.
C’était donc d’ici que décollaient les mystérieux engins circulaires que je prenais un malin plaisir à tenter d’abattre, à coup de pierres, lors de mes escapades dans les champs ! Voici que j’allais, à mon tour, piloter l’un d’entre eux en essayant de distinguer, sous mes ailes, ces enfants qui me lanceraient d’innocents projectiles dans le but d’atteindre un rêve inaccessible…
Je me plaisais à imaginer mon père me voir monter à bord d’une de ces merveilleuses machines qui le fascinaient tellement. Il ne manquait jamais d’admirer leurs évolutions dans le ciel limpide de notre campagne. Mais connaîtrait-il un jour le destin auquel j’étais voué ?
Se souciait-il d’ailleurs encore de moi, lui qui devait avoir eu bien d’autres enfants avec les diverses compagnes qui lui furent affectées ? Se souvenait-il de ce gamin qui s’agrippait à lui de peur qu’il s’en aille ?… Je ne pouvais m’empêcher de nourrir le désir secret de le revoir, de lui montrer ce que j’étais devenu, en espérant qu’il soit fier de moi.
Cela me fit du bien de sortir de la pyramide. Le contact avec la nature, son air frais et l’impression de liberté que cet endroit dégageait, me permirent rapidement d’oublier la plupart des griefs que j’avais envers la Fédération. Nous étions une cinquantaine de cadets, formant la toute nouvelle promotion d’élèves pilotes arrivée au sein de l’école. Les anciens nous y accueillirent avec mépris. Leurs brimades ne furent que la première des nombreuses épreuves auxquelles nous allions être confrontés dans cet environnement militarisé soumis à une discipline de fer.
Nos instructeurs ne nous traitèrent pas avec plus de douceur. La moindre erreur de notre part se voyait sanctionnée par une mise au sol suivie d’interminables séances d’incubation virtuelle. L’aspect exaltant de cette nouvelle formation fut très vite estompé par cet accueil glacial ainsi que le rythme effréné de notre entraînement.
Les engins que nous avions à piloter ne ressemblaient pas encore aux imposants vaisseaux de la Flottille Spatiale. Il s’agissait de petits chasseurs monoplaces destinés à défendre les villages entourant nos dômes de quelques ptérodactyles égarés, ainsi qu’à venir protéger les énormes frégates de combat dont disposait la Fédération. Capables de se mouvoir tant dans le vide que dans l’atmosphère des différentes planètes, leur armement s’avérait amplement suffisant à faire respecter les règles de notre société dans l’entièreté de nos colonies !
En effet, à partir du début de l’expansion de notre nouvelle civilisation, certains vaisseaux rebelles, se cachant aux confins du système, tentèrent de s’approprier les marchandises transportées par les navettes interplanétaires. Bien que ces actes de piraterie aient quelque peu diminué ces dernières décennies, suite aux sévères punitions infligées à leurs exacteurs, l’apprentissage des jeunes cadets commençait toujours par la traditionnelle phase d’entraînement au combat aérien sur ces petits chasseurs.
Celle-ci nous tiendrait en haleine durant les deux prochaines années. Elle serait suivie par deux années consacrées au pilotage, hautement automatisé, des engins spatiaux de classe « N » pour Navette, « T » pour Transport et « F » pour Frégates ; équipées de ces fameux chasseurs que nous allions devoir apprendre à maîtriser.
C’était ici que nous serions soumis à la sélection la plus sévère. Et malgré ma révolte envers cette société au sein de laquelle je n’arrivais toujours pas à vraiment m’intégrer… Je nourrissais à présent l’énorme motivation d’atteindre ce nouveau rêve qui venait de m’être insufflé : devenir « pilote de chasse » !
La première année fut indiscutablement la plus pénible. Les séances d’apprentissage en sphère virtuelle firent rapidement place aux vols réels, inaugurés par notre premier solo, accompagné des festivités traditionnelles. L’exaltation que provoqua cette fantastique expérience chez chacun d’entre nous, nous permit quelque peu d’oublier les traumatismes engendrés par notre enrôlement de force à l’intérieur de la pyramide !
Notre nombre fut néanmoins réduit de moitié, avant même que nous ayons passé le test de pilotage général, qui reprenait la plupart des manœuvres de base exécutables avec nos engins, agiles, mais parfois difficiles à contrôler. Mes vols de navigations me donnèrent l’occasion de participer aux patrouilles destinées à intercepter les ptérodactyles ou autres volatiles dangereux qui se seraient aventurés hors des « Territoires Interdits ». De nombreux dinosaures et animaux sauvages peuplaient ces plaines et forêts à la végétation luxuriante.
La grande maniabilité de nos chasseurs me permit de provoquer certains d’entre eux en un simulacre de combat singulier. J’arrivais, non sans peine, à y esquiver en vol stationnaire les attaques de leurs longues queues et puissantes mâchoires, pour venir terminer la joute par une salve laser d’avertissement destinée à les paralyser durant quelques secondes à peine.
Cela me donna d’ailleurs droit à ma première réprimande ! Nous n’avions, en effet, pas l’autorisation de nous approcher de ces énormes créatures qui semblaient être vénérées comme de véritables divinités par nos dirigeants. Je ne fus plus jamais confronté à ces monstres sacrés. Sauf à une ultime occasion dont je me souviendrais toute ma vie…
Après avoir, par mégarde, survolé le nid d’un couple de ptérodactyles dont les œufs venaient d’éclore ; l’un d’entre eux m’assaillit avec un acharnement et une violence extraordinaires. La surprise que cette agression provoqua me fit temporairement perdre le contrôle de mon chasseur, qui manqua de s’écraser au milieu d’une dense forêt. Ma vitesse, réduite par les branchages, permit à l’animal de s’agripper au fuselage de mon engin, dont je parvins néanmoins à récupérer la trajectoire.
L’oiseau géant se mit à marteler la fine bulle de plexiglas qui me séparait de lui avec tellement de violence et de vigueur que celle-ci se brisa. Nous nous retrouvâmes nez à bec, à notre plus grand étonnement ! Je pus sentir son haleine nauséabonde envahir mon habitacle… Dans un réflexe aussi génial qu’incontrôlé, je réussis à éjecter ce qui restait de ma verrière.
Cette manœuvre eut pour effet immédiat de décapiter mon malheureux adversaire ! Ce fut en décapotable que je revins, tant bien que mal, à la base, entièrement couvert du sang, encore chaud et gluant, de ce monstre. Cette aventure me valut d’être à nouveau accueilli par les réprimandes, totalement injustifiées cette fois-ci, de mes supérieurs…
De nouvelles disciplines furent enseignées aux rescapés de notre irrémédiable sélection. Il s’agissait des phases de vol aux instruments et en formation, suivies de l’exaltante phase de combat aérien. Nous aurions à utiliser toutes nos connaissances fraîchement acquises afin d’engager, seuls ou en équipe, des groupes de chasseurs adverses pilotés par les plus talentueux de nos instructeurs… Je pris un malin plaisir à me mesurer aux meilleurs d’entre eux, tant en vol qu’au sol.
Ces confrontations me permirent de décharger les frustrations que j’avais accumulées ces dernières années. Elles me firent très vite acquérir une réputation de tête brûlée, qui n’allait pas sans trop me déplaire ; bien que celle-ci m’entraîna plusieurs fois devant le très redouté « Conseil de Discipline ». Je ne réussis à échapper à ses verdicts sévères que grâce à l’estime qu’éprouvait envers moi notre chef instructeur, respecté de tous, même des plus hautes autorités de la pyramide. Celles-ci semblaient néanmoins s’inquiéter de mon comportement arrogant et contestataire…
Notre entraînement s’acheva enfin par le très attendu vol « stratosphérique » lors duquel nous allions nous élever hors de notre atmosphère pour aller chatouiller les étoiles ! Cette expérience fantastique vint récompenser ceux d’entre nous ayant survécu au tri sélectif ces deux dernières années.
Dans ce paragraphe, la phrase en parenthèse devait être issue d’une correction, il faudrait l’enlever
Ils permettaient d’acheminer du matériel et des passagers vers, ou en provenance des six astroports qui furent construits sur l’anneau (si tu trouves un autre terme pour éviter la répétition…), à la verticale de leur dôme respectif.
Tu peux mettre par exemple comme synonyme « l’immense cercle ceinturant la planète » ou « le cercle titanesque entourant le globe », ou « le cerclage », un truc comme ça quoi ^^
Côté ponctuation, ici j’enlèverais le point d’exclamation (après « Pyramide »), et mettrais juste un point (tu fais comme tu le sens)
« L’exaltation que provoqua cette fantastique expérience chez chacun d’entre nous, nous permit quelque peu d’oublier les traumatismes engendrés par notre enrôlement de force à l’intérieur de la pyramide ! »
J’aime bien les questions que notre jeune garçon se pose au sujet de son père, je trouve que c’est une bonne idée d’amener un peu de nostalgie, et ces questionnements si sa famille se souvient de lui. Cela le rend plus humain !
C’est bien aussi que tu mettes un peu d’action vers la fin avec l’attaque du ptérodactyle, car on est beaucoup dans un récit autobiographique, et on a besoin de moments vivants, rapides.
Pareil, je me questionne pour les points de suspensions ici, à voir !
« Celles-ci semblaient néanmoins s’inquiéter de mon comportement arrogant et contestataire… »
Ton écriture est toujours aussi fluide, c’est clair, et on ressent bien ta propre histoire de pilote de chasse car le cheminement est très précis, la formation et le vocabulaire utilisé, j’imagine que tu utilises des évènements concrets de ta vie pour t’en inspirer
Encore un long commentaire, désolée !!
Oui, je crois que comme toi, j'apporte beaucoup de mon vécu personnel et de mes passions dans mon histoire.