« C'était une journée très constructive Vieux Gamin !
Déjà ce matin, avec le kiwi-pétanque qui a toqué à notre porte, il voulait que je le suive : il s'est roulé en boule et a roulé vers le village, alors je l'ai suivi. Une fois là bas, j'ai retrouvé le Dalmatien qui parlait avec Papi Pétard. Il était furax (le vieux, pas Billy), parce qu'on avait volé son drapeau (pas celui de la France, hein, celui de la confédération des pétanqueurs libres de l'Ardèche, celui qui est important). Il était sûr qu'il s'agissait d'un voleur extérieur au village, parce que tout le monde ici a bien trop peur de lui, alors il a rassemblé tous les enfants pour qu'on l'aide à retrouver le responsable.
Un des trois minables qui nous ont attaqué l'autre jour s'est moqué de lui ; alors il s'est retrouvé avec son slip dans la bouche et un coup de pied au cul, j'étais assez impressionné par la vigueur du vieil homme.
Billy alors nous a parlé d'un fantôme multicolore qu'il avait vu la nuit dernière : une silhouette qu'il avait aperçu alors qu'il cherchait sa mère, elle faisait une ballade nocturne, ou quelque chose comme ça ; ça s'était passé à côté d'une bâtisse abandonnée à l'extérieur du village. Papi Pétard lui a alors dit d'enquêter par là bas, alors je suis partie avec lui, juste pour éviter qu'il se perde, hein !
Sur le chemin je lui ai dit de s'armer avec quelque chose, au cas où; alors il a prit un bâton ridicule, il m'a bien fait rire. Il a même essayé de me prouver qu'il pouvait se défendre, je lui ai dit de m'attaquer, pour voir, mais son bout de bois s'est cassé alors qu'il prenait de l'élan. Je lui ai alors trouvé un meilleur bâton, et je lui ai montré quelques trucs pour se défendre. Et puis, j'ai été prise d'un doute, alors je lui ai fait une attaque surprise, avec une clé de bras ; et en un éclair je me suis retrouvée par terre. Il a un sacré jeu de jambe le Dalmatien, j'aurais pas cru.
Enfin, bref. On est arrivé devant la bâtisse, et voilà qu'on trouve Sifil entrain de parler avec le fameux fantôme multicolore. Et bien en fait, il était recouvert d'une cape de plein de tissus différents qui lui recouvrait tout le corps, et c'était que des drapeaux découpés et cousus ensemble, et je pense que celui de Papi Pétard a été réquisitionné justement pour ça.
Et le meilleur, c'est que c'était pas un humain sous la cape : c'était une autre mante religieuse géante ! C'était pour ça qu'elle parlait aussi facilement avec Sifil : c'était un membre de la famille !
On est allé dire bonjour, moi et Billy, et c'était chouette ! La nouvelle mante religieuse était toute timide et toute rose, un peu plus petite que Sifil. Elle était trop mignonne !
On leur a expliqué pourquoi on était là, alors Sifil nous a tous emmené dans son atelier chez l'homme noir. Elle nous a offert à boire et elle a prit dans sa garde-robe un T-shirt avec des kiwi dessus. Elle l'a découpé et en a fait un nouveau drapeau, faute de mieux, parce que l'ancien était un peu irrécupérable.
Et puis je lui ai demandé de me montrer ses peintures, elle était toute contente et elle a accepté.
Nous sommes alors descendus dans le sous-sol et Sifil a allumé. C'était super grand ! Avec plein de toiles représentant des mantes religieuses. Certaines étaient drôles : elles ressemblaient à des objets, comme des vélos ou des lampadaires ; d'autres se camouflaient super bien sur des troncs d'arbre ou sur les murs des maisons, il y en avait avec des pics et d'autres qui portaient des vêtements. Il y avait aussi une inscription sous chaque mante, je pense qu'il s'agissait de leur prénom, comme si c'était une galerie de photos de famille.
Billy a demandé à Sifil si la nouvelle mante faisait partie de la famille, et elle a dit ''oui'' ; mais quand je lui ai demandé si elle allait la peindre, elle a dit ''non''. La mante rose était pas très à l'aise dans l'atelier, elle tremblait un peu, alors Sifil a collé son front contre le sien, et puis ça l'a calmé. On est remonté à la surface juste après.
Enfin, pour finir, on est allé donner le nouveau drapeau à Papi Pétard, il était grincheux, mais ça a passé ; j'ai pu apprendre à Billy à se battre, un peu ; Sifil a de la famille, et puis je lui ai demandé : elle est d'accord pour m'apprendre à peindre ! On commence demain !!! »