Chapitre 98 : Un nouvel inconnu dans l'équation

Par Kieren

Suzanne était sans doute la personne la plus mystérieuse de notre village. Elle cultivait le flou autour d'elle, à tel point qu'elle semblait communiquer avec les fantômes.

Sans doute le pouvait-elle.

Elle proposait ses services en tant que divinatrice, et elle était efficace. Elle savait beaucoup de chose, et elle sortait peu. Qui étaient ses informateurs ? Encore un mystère.

Malgré tout, elle avait demandé mon aide, et j'avais une dette à payer. Je me rendis donc chez elle au lever du Soleil, les enfants s'occupaient des moutons et ma chienne s'occupait des enfants. Sur le chemin j'aperçus une statue de hibou multicolore, en mosaïque ; sans doute un vestige de l'ancienne époque que l'on avait caché dans les fourrés, peut être oublié. Je le dépassais, et par le même coup, le sortit de ma mémoire.

Je vis Suzanne dans son jardin, elle était en train de préparer un feu dans une grande cuve en béton, son châle noir sur les épaule et un voile lui couvrant le visage. Les médaillons argentés qui y étaient suspendus brillaient au Soleil.

« Tu vas dégueulasser tes fringues à travailler comme ça. » lui lançais-je. « Elles sont tellement fines qu'une brise pourrait les déchirer. »

« En êtes vous sûr ? » me demanda t-elle, sans se détourner de son feu. « La vie forge les plus chétifs pour qu'ils deviennent beaucoup plus durs... »

« Seulement si cela nous renforce, dans le cas contraire... »

« Et cela uniquement pour ceux qui sont assez mûrs. »

« Plutôt que de me couper pour faire des rimes tu ferais bien de m'écouter, tu portes ce châle à longueur de temps, tu serais bien triste s'il lui arrivait des bricoles. »

Suzanne me tendit un pan de son châle en me fixant du regard. « Tirez donc dessus, vous ne serez pas déçu. »

J'acceptai le défi, à peine irrité, surtout intrigué. Et en effet, même en essayant de le déchirer, il tînt bon. « Je dois admettre, je suis étonné. C'est quoi comme matière ? C'est fin et doux comme de la soie, mais c'est beaucoup plus résistant qu'un tissu en jean. »

Elle me reprit son vêtement des mains et elle le caressa délicatement, le cajolant tel un animal de compagnie. « Il s'agit bien d'un habit en soie, mais ce ne sont pas toujours les matériaux de base qui rendent indestructibles en soi ; c'est ce que l'on en fait, qui comble ce qui est imparfait. »

« Il n'empêche que j'aimerai bien savoir où tu as trouvé ces vêtements, où au moins les matériaux de base. »

« Une dette envers moi tu as déjà, par te l'acquitter tu commenceras. »

« C'est juste. Qu'est ce que je suis sensé faire pour te venir en aide ? »

« En venant à l'aide à l'un de mes amis, son espace vital est en effet trop petit. »

« Trop petit ? Son espace vital ?... Tu veux que je l'aide à déménager ? »

« Tout à fait, il trouve son lieu de vie contrefait. Changeons de sa vie le scripte, qu'il parte une fois pour toute de sa crypte ! »

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez