Chapitre Cinq // Partie Une

8 Novembre, point de vue omniscient

Le temps est passé, l'automne a fait son apparition avec ses vents froids et ses feuilles colorées. Quelques semaines sont passées depuis la dernière rencontre de nos protagonistes, qui sont restés chacun dans leur coin. Charles et Denise, dans leur petit cocon familial, discutent toujours de qui gagnera le pari.

Denise, la plus vicieuse des deux, avait un plan déjà bien tracé, en différentes étapes, la première ayant été le dîner à leur retour de lune de miel - d'après ce qu'elle avait vu, Denise était certaine que cette étape était validé. Ensuite venait l'anniversaire de Charles, à la mi-novembre, et Denise n'allait pas passer une occasion pareille de réunir Alex et Ezra...

14 Novembre, Ezra

J'avais, bien entendu, raconté ce qu'il s'était avec Alex à ma soeur. Elle n'en revenait pas: jamais elle n'aurait imaginé que son beau-frère, si pur, si angélique, ait pu faire une telle chose! Et pourtant, elle en avait l'air ravie. Vous pensez qu'elle est atteinte de ce fantasme assez louche de voir deux hommes en couple? Je commence à le penser, et pourtant, ce n'est pas vraiment le genre de ma soeur... Mais bon.

Ce soir, c'est justement chez ma soeur et son époux que je me rend. Denise a insisté sur le fait qu'elle voulait absolument organiser un repas d'anniversaire pour Charles cette année, donc me voici. Elle m'a dit que je n'avais pas à amener de cadeau, donc je n'ai pris qu'un bouquet de fleurs.

La rue n'est pas très éclairée pour le moment, ce qui n'est pas étonnant à cette période de l'année: ces derniers temps, le soleil a l'air d'être absent. Il pleut du matin au soir, et seuls quelques rayons de lumière parviennent à traverser la couche nuageuse, de temps en temps. Heureusement pour moi, la pluie s'est arrêtée juste avant que je ne quitte mon appartement, et le ciel s'est dégagé alors que je traversais ma rue.

Lorsque je lève la tête, je peux voir les étoiles peuplant le ciel d'encre, et les lumières clignotantes des avions. Je suis ramené à moi lorsque mon pied bute contre un pavé déchaussé au sol, et je manque de me retrouver face contre terre lorsqu'une main attrape mon épaule et me remet droit. Je me retourne pour découvrir qui m'a sauvé de mains égratignées et de genoux écorché, et, à ma grande surprise, c'est Alexandre qui se trouve face à moi.

— Ah, Alex! Merci, tu viens de sauver mon visage d'une horrible déformation.

Dramatique, comme d'habitude, je place une main sur mon torse comme pour dire que j'avais réellement eut peur. J'arrive à voler un petit rire à mon sauveur et une pointe de fierté me frappe. J'aime faire rire les gens, et le fait d'avoir réussi à faire rire Alexandre alors qu'il n'est probablement prêt à me pardonner, c'est un réel exploit.

En me tapant légèrement, le blond me dit:

— Bon, je suppose qu'on va au même endroit. Tu veux qu'on finisse le trajet ensemble?

Instantanément, mon coeur rate un petit battement: il y a moins de deux mois, il m'aurait laissé manger le sol et serait passé à côté de moi sans même me regarder. Et là, il voulait qu'on marche ensemble? Mes amis, c'est là ce que j'appelle une grande avancée!

— Carrément! Qu'est ce que je pourrais faire, sans mon sauveur? Je trébucherais à chaque pas!

Ensemble, nous nous dirigeons vers la maison de Denise et Charles. Il nous reste encore plusieurs rues à traverser avant d'arriver à destination, et je compte bien en profiter: il est hors de question que je laisse passer une telle opportunité de faire avancer toute cette histoire.

— Alors, hum... Tu es vraiment sur ton trente et un, ce soir. Tu l'as acheté où, ton costume?

Lorsque Alexandre se tourne vers moi, il a l'air surpris de voir que je parle. Il devait penser que j'allais rester silencieux tout le reste du trajet...C'est mal me connaître.

— Oh, et bien, merci. En fait c'est un vieux costume que j'ai trouvé dans un magasin de seconde main, à l'époque c'était ma copine qui avait fait toutes les retouches et depuis, il me va comme un gant!

Ce n'est pas la première fois que ça arrive, et ce n'est certainement pas la dernière fois de la soirée, mais mon coeur se sert. "Copine"? Serait-il en couple?

— Copine, hein..., je murmure, sans m'en rendre compte.

— Hmm?

Alex se tourne vers moi avec une mine intriguée et je réalise que j'ai parlé à voix haute.

— Ah, non, rien. C'est juste que je n'avais pas réalisé que tu as une copine, ou même que tu es en couple, en fait.

Le blond éclate de rire, et j'ai l'impression qu'il se fout ouvertement de moi. Contre ma volonté, je sens mon sang me monter au visage et je rougis. Il lui faut un léger temps pour se calmer, et il me dit:

— Ophélia et moi, on n'est plus ensemble depuis bien longtemps. Elle m'a plaqué à la Saint Valentin, c'était joyeux comme moment. Depuis, je suis célibataire, libre comme l'air.

Même si je réalise que c'est vraiment triste pour lui et que je ne devrais probablement pas être heureux en ce moment, mais un sourire me monte aux lèvres.

— Oh... A la Saint Valentin, tu dis? C'est vraiment nul de faire ça.

Alex a un petit rire que je sens jaune.

— Ouais, en effet. Surtout que j'allais la demander en mariage, ce soir là. Mais bon, après j'ai appris qu'elle me trompait, et qu'elle me quittait pour aller avec lui, mais il la trompait aussi. Donc je me dis que c'est bien fait pour elle, que la roue tourne, que le karma lui a rendu la monnaie de sa pièce, tout ça tout ça.

— N'empêche que c'est quand même une sacrée connasse, cette Ophélia. Je parie qu'elle est même revenue vers toi quand l'autre gars l'a jetée comme une vieille chaussette.

Il arrête de marcher et se tourne vers moi, la bouche grande ouverte. Surpris, il me demande comment je suis au courant, et je lui répond avec un haussement d'épaule:

— Je suis passé par là plusieurs fois. Figure toi que je suis un expert en relations foireuses, et la plupart de mes exs m'ont trompé. Après deux semaines même pas, ils finissaient par revenir à mes pieds en me suppliant de les reprendre, en me disant à quel point ils avaient eut tort de me quitter. Chacun d'entre eux a fait face à une porte fermée. Peu importe à quel point je suis amoureux d'un homme, je suis incapable de pardonner une trahison. Surtout l'adultère.

Un long silence s'installe entre nous, et il est quelque peu... Pesant. Pour détendre l'atmosphère, je bouscule Alexandre avec mon épaule et je déclare:

— Mais toi, je pourrais te pardonner tout ce que tu veux, mon chou.

Ce n'est absolument pas vrai, mais ma boutade a l'effet escompté: la pression retombe instantanément.

— Vu ce que tu as dit avant, j'en doute, mais j'apprécie l'effort!

Son rire résonne quelques instants et fini par s'éteindre alors que nous atteignons la rue où vivent Denise et Charles. Ensemble, le sourire toujours aux lèvres, nous frappons à la porte. Il ne faut que quelques secondes pour que celle-ci s'ouvre sur mon beau frère, qui a l'air étonné de nous voir arriver ensemble. Pendant un instant, je vois son visage se décomposer, comme si ça lui déplaisait que j'arrive avec son frère. Mais comme c'est vite passé, j'ai l'impression d'avoir rêvé: pourquoi serait-il dérangé? De plus, son sourire chaleureux était de retour, donc il était plus probable que j'aie rêvé.

Charles ouvre la porte en grand, et je remarque qu'il porte le tablier rose que j'ai offert à ma soeur il y a quelques années. Il est marqué "Kiss The Cook" en grand, et il est entouré de dentelle sur les bords, ce qui fait que son porteur a tout bonnement l'air ridicule. J'ai une forte envie de rire, mais je me retiens: ce n'est absolument pas le moment de créer des tensions, puis se moquer de lui alors que c'est son anniversaire... C'est pas sympa.

Avec une voix pleine de bonne humeur, il finit par nous faire entrer. Je passe le premier, et mon beau frère me sert la main. C'est une poignée froide et dure, comme si j'avais fait quelque chose et qu'il voulait me faire payer en me faisant mal. Mais... Je n'ai rien fait, et je sais qu'il ne m'en veut pas pour ce qui s'était passé au mariage. Alors pourquoi une telle réaction? Je lui souhaite un joyeux anniversaire, avec un sourire tendu, et il me remercie.

Je ne cherche pas à comprendre plus que ça, et je m'avance dans le couloir pendant qu'Alexandre et son frère se saluent. Je sens une légère odeur de brûlé provenant de la cuisine, alors j'entre dans la pièce et m'avance instinctivement vers la plaque de cuisson, où le contenu d'une casserole est sur le point de finir carbonisé. Je la retire vite du feux pour éviter tout autre dégât, puis je regarde autour de moi: il n'y a personne d'autre dans la pièce, personne pour regarder que rien ne prenne feu. J'en profite pour baisser la température de la plaque de cuisson et vérifie que tout se passe bien dans le four, afin d'être sûr qu'il n'y aura pas un incendie accidentel dans cette cuisine.

Alors que je tourne dans le contenu d'une grande casserole, j'entends la porte reliant la cuisine au salon s'ouvrir à la volée ainsi que des pas affolés. Ma soeur accourt vers moi:

— Ezra!, crie-t-elle, surprise. J'ai à peine le temps de poser la cuillère en bois qu'elle me saute dans les bras. Je ne l'avais plus vue depuis le dernier dîner, je n'avais plus eu l'occasion de passer chez elle.

— Oh, tu m'as tellement manqué, Ezra... Tu aurais pû venir me voir plus tôt, espèce de frère ingrat!

Elle me frappe avec un chiffon avant ébouriffer mes cheveux. Je me débat pour faire genre, mais au fond, je sais que c'est sa façon de montrer son affection.

— Je sais, je sais, mais j'avais toujours peur de vous déranger. Tu sais, je peux toujours pas arranger mes horaires au bar, donc je fini souvent très tard.

Ma soeur se dirige vers le four tout en me parlant.

— Ah oui, le bar. Alors, ça te plait?

Je tourne une cuillère en bois dans le contenu des casseroles et je lui réponds:

— Et bien, ça ne fait que deux semaines, tu sais. Pour le moment ça va, j'aime beaucoup. Je me suis bien adapté à l'horaire de nuit, et je gagne de quoi payer les factures et la nourriture, c'est toujours mieux que la fois où j'ai voulu travailler dans cette entreprise, là, y'a deux ans.

Un frisson me traverse lorsque je repense à cet endroit. Jamais je n'avais été aussi dénigré, et pourtant j'en avais fais, des travaux pas très valorisants.

— C'est génial que ça te plaise, j'espère que ça continuera comme ça. En tout cas, si tu as besoin d'aide, n'hésite pas!

Un léger blanc s'installe, et je sais très bien ce qui va arriver, même si je prie pour que ça ne se passe pas.

— Et... Ton roman, il avance?

Je savais très bien que cette question finirait par arriver. Ma soeur me soutient depuis le tout début, et prétend être ma plus grande fan. Je fais comme si je ne l'avais pas entendue, et je continue de remuer ma cuillère dans les casseroles.

— Je sais que tu m'as entendue, chaton. Et tu sais que j'arrêterai pas sans réponse: en tant que cheffe de ton fan club, il est de mon devoir de savoir où tu en es!

Je suis obligé de répondre, je le sais. Denise n'est pas du genre à abandonner quoi que ce soit.

— Je n'ai rien écrit depuis plus de deux semaines, figure-toi. Pourtant, j'ai réellement essayé, tu sais. Mais à chaque fois que j'écris un mot, je finis par l'effacer.

Et même si je savais que j'allais finir par me sortir de cette situation, comme par le passé, je n'ai qu'une seule envie: que tout cela s'arrête et que, enfin, je puisse finir mon roman.

Ma soeur s'approche de moi et place sa main sur ma joue, comme elle le faisait lorsque nous étions enfants et que j'étais triste.

— C'est pas grave d'avoir la page blanche, Ezra. T'as pas besoin d'écrire constamment pour être un bon écrivain. Et pour être honnête, j'aurais plus tendance à m'inquiéter pour toi si tu écrivais tout le temps à un rythme effréné, sans faire de pause. C'est normal de ne pas avoir d'inspiration de temps en temps, ne te stresse pas pour ça, tu as le temps.

Ses paroles me font un bien fou, et je réalise tout à coup que, en effet, je m'étais mis une grosse pression par rapport à mon roman.

— Je suis désolée si je t'ai mis mal à l'aise ou si je t'ai mis la pression avec ça, Ez'. Ce n'était pas mon intention.

J'attire ma soeur dans mes bras, contre moi, pour notre seconde étreinte de la soirée. Quand je pense que lorsque nous étions enfants, on ne faisait que de se battre...

Soudainement, la porte de la cuisine s'ouvre, et Alex entre dans la pièce.

— Ah, s'exclame-t-il. Désolé, je ne voulais pas vous déranger, mais Charlie m'envoie chercher des serviettes en papier, alors...

Ma soeur se dégage de mes bras et, avec un sourire, elle donne les serviettes au blond qui s'empresse de retourner d'où il venait. Avec un regard espiègle, Denise se tourne vers moi.

— Alors, vous êtes arrivés ensemble? La sonnette n'a sonné qu'une fois, n'essaie même pas de me mentir. Allez, raconte!

Elle ne me lâchera pas tant que je ne lui aurai pas tout raconté, alors je lui relate tout ce qui s'est passé durant le trajet. Plus je parle, et plus je sens mes joues rougir.

A la fin de mon récit, à ma grande surprise, elle ne me charrie pas. Au contraire, j'ai envie de dire qu'elle a le regard pensif, comme si elle était en train d'élaborer une stratégie.

Elle marmonne, mais je parviens à comprendre certains mots.

— Mais... A quel moment... Pourquoi?

Elle se tourne soudainement vers moi, comme si elle s'était rendue compte de ma présence.

— Ezra, comment, pourquoi, est-ce que vous avez déjà abordé le thème des exs? Normalement on parle de ça au troisième rencard, vous n'avez même pas bu un café ensemble, là!

Stupéfait, je bégaie ma réponse.

— Quoi? Mais Denise, je ne compte même pas lui demander s'il veut boire un verre pour le moment! Tant qu'il ne me dit pas s'il me pardonne ou non, il est hors de question que je tente quoi que ce soit. Tout ce que que me contente de faire, là, c'est de le faire rire. Et puis, pourquoi tu me parles de rencard, d'abord?

Denise détourne le regard, et je comprend sans mal qu'elle me cache quelque chose. Alors que je m'apprête à la questionner, la porte s'ouvre à nouveau, mais sur mon beau-frère, cette fois.

— Ah, vous êtes toujours là. Est-ce que tout vas bien?

Denise s'empresse de répondre, et je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche.

— Oui, mon coeur, tout va bien. Ezra m'aide juste à ne pas tout faire brûler.

Je ne vois pas le visage de ma soeur, mais je devine qu'elle a fait un clin d'oeil à Charles: son visage est passé d'une expression très confuse à un visage exprimant la compréhension absolue. Ses yeux sont écarquillés et sa bouche est entrouverte. Comme ça, je réalise à quel point Alexandre et lui se ressemblent. Mais je me reconcentre bien vite: ma soeur me cache clairement quelque chose, et je suis déterminé à découvrir ce que c'est.

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helen6311
Posté le 16/03/2021
manuka puissant sort d'amour de réunion a ramené mon mari le dernier jour où il a terminé ses prières spirituelles avec sa déesse. Je l'ai fait ses débuts au début mais j'ai réalisé avec foi que rien n'est impossible. Dieu merci, aujourd'hui, je suis parmi les personnes qui témoignent du temple de Manuka pour son bon travail qui a rétabli la paix dans mon mariage. Je serai à jamais reconnaissant au Dieu de Manuka. Je suggère à tous ceux qui ont besoin d'aide d'entrer en contact avec le prêtre manuka maintenant via son adresse e-mail ;;; [lovesolutiontemple1@gmail.com]
Charlie L
Posté le 17/03/2021
D'accord! Passez le bonjour au Dieu de Manuka de ma part du coup :)
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