CHAPITRE DEUX

☼ Roses et Cendres ☼


 

Les pans de sa robe entre les mains, Armanse laissa ses pieds fouler les planches massives du pont. Sa course effrénée lui coupait le souffle, et ses boucles voletaient tout autour de son visage teinté de carmin. Quand elle arriva enfin au bout de la passerelle, tout son corps était en incandescence, de ses jambes à son cou, en passant par ses poumons en feu et son coeur incapable de se calmer. A l’instar de sa poitrine, l’esprit de la jeune ne cessait de tourbillonner, si bien qu’elle même n’arrivait pas à démêler les fils de ses pensées. Horace était parti, et elle ne savait pas s'il allait revenir un jour. Comment réagir face à cela ? Elle n’avait pu tenir plus d’une heure dans la petite fête mondaine de la veille, trop chamboulée par son absence. Le matin même, elle n’avait pu demeurer dans sa maison, où l’absence enahissaient les poèces. Elle avait alors enfilé une robe et son manteau, avant de se laisser guider par ses pas, et par ses pensées. 

 

Tout autour d'elle, le monde était plus calme. De légers nuages emmêlaient les feuilles encore oranges des arbres dans de grandes étendus cotonneuses, et le vent, qui était mistral de l’autre côté de l’arche, n’était plus qu’une brise légère qui baisait timidement les joues de la comtesse. 

 

Pour finir le chemin, Armanse décida qu’il n’était plus la peine de courir; elle voyait déjà, au centre de l’île minuscule, l’unique maison verte et blanche de son amie. Tandis qu’elle marchait de ses pas légers sur le sentier terreux, son esprit vagabonda vers ses souvenirs. Un en particulier, dessina un sourire de nostalgie sur ses lèvres; Horace qui lui apprit le piano, à ses huit ans, alors qu’elle haïssait la musique “Je refuse. La musique est un art de noble hautain et incompétent, je refuse.” Et puis, son admiration face à la lumière d’Horace qui jouait contre les touches noires et blanches eut raison de son entêtement. 

 

Pour elle qui n’était plus capable de jouer, ce souvenir lui laissa un amer goût dans la bouche. Enfin, ce n’était rien… Tellement rien qu'elle chassa ses rêveries d'un vigoureux  mouvement de tête. Comme elle pénétrait enfin sur le porche de bois blanc de la maison, elle se laissa guider par l’odeur fleurie jusqu'à l’immense porte émeraude, où elle toqua simplement. Celle-ci s'ouvrit seule, animé par l’énergie de la maîtresse de maison. Armanse entra délicatement dans la maison enluminée. Elle laissa son manteau sur un porte manteau qui bordait la porte, et se laissa aiguillé dans la demeure par la douce odeur de jasmin et de thé vert qui régnait. 

 

 « Luna, c’est moi! Tu es là ?  » 

 

Dame Lune, dite Luna, répondit de sa voix claire et mélodieuse qu'elle prenait le thé dans le boudoir. Alors Armanse s'engagea dans un dédale de couloir, où différentes odeurs de fleurs et d'épices embaumaient l'air. Peu d'objet encombraient les pièces, seul le nécessaire, parfois, la comtesse se demandait comment son amie ne pouvait pas s'ennuyer, dans cette grande maison si vide qui n'était comblée que par des fleurs, des centaines et des centaines de fleurs. Dame Lune avait cette obsession si particulière pour les plantes, qu'elle en perdait un peu la tête, mais Armanse trouvait toujours ça amusant, quand son amie égarait de le fil de leur conversation, pour revenir inlassablement sur ses bouquets. Et puis, elle adorait se promener dans le champ de rose miniature qui remplissait  le boudoir. 

 

La porte était ouverte, et Armanse se fraya un chemin au milieu des roses, pour s'asseoir en face de son amie. Dame Lune était là, tout en rondeur et élégance dans sa robe émeraude. Armanse avait toujours admiré la pâleur de ses cheveux couleur de lune, et de ses yeux translucides. 

Sur la petite table pastel se tenait déjà une tasse de thé prête pour elle, tout juste encore à la température parfaite. Elle apporta la tasse à sa bouche et dégusta la boisson, avec lenteur, comme pour laisser le temps à ses mots de fleurir  dans son esprit, pour qu'elle puisse les cueillir sur ses lèvres sans contrainte. 

 

 « Alors, ça y est, il s'en est allé ? Demanda innocemment Luna, les yeux dans le vague.  » 

 

Oh, oui, il s'en était allé, Horace s'était envolé loin d'elle, loin de la demeure, et elle n'était pas sûre qu'il reviendrait un jour. Face à sa mine embrumée, Luna ajouta ;

 

 « Pour lui, ton remède est bien plus important que sa propre vie, toi même tu le sais, alors pourquoi te fais tu tant de chagrin pour un simple valet ?  » 

 

Armanse ne leva pas les yeux du liquide ambré de sa tasse, mais poussa un fort, un puissant, un profond soupir. 

 

 « Je ne comprends pas pourquoi un homme devrait sacrifier sa vie pour la mienne, ça n'a pas de sens.

- Oh, Armanse, tout de suite les grands mots ! ria Luna, arrêtes donc te poser tant de questions et profites du soin que l'on t'apporte, estime toi heureuse d'être née dans le Mont.  » 

 

Le ton enjoué de Dame Lune jurait avec le sérieux de ses paroles. Souvent, Armanse ne saisissait pas tout le sens de ses paroles, comme si, avec le temps, le parfum enivrant des plantes avait eu raison de sa lucidité. Ne voulant pas continuer ce babillage futile, la jeune comtesse souffla qu’elle avait surement raison. 

 

Dame Lune, avec une moue sceptique, lui servit une nouvelle tasse de thé. Pas seulement du thé dans son ancienne tasse vide, mais une nouvelle tasse et une cuillère propre, qu'elle lui tendit avec un sourire. 

Armanse la prit à deux mains, tout en reposant la première sur la nappe pastel. 

Puis, la neutralité qu'abordait son visage s'éclaira, et Luna s'exclama:

 

 « Oh Armanse! J'ai oublié de te montrer quelque chose !  » 

 

Sans se lever, et par de grands jets de lumière rosée, elle fit venir vers elle un grand journal totalement déplié, qui semblait avoir été lu de manière minutieuse. Armanse reconnut la Gazette du Mont, par ses titres rocambolesques et ses images accrocheuses. 

 

 « Regardes donc à la une, Zeffy m'a fait la lecture ce matin, je n'en croyais pas mes yeux ! Enfin, mes oreilles, je n'en croyais pas mes oreilles. C'est fou comme tout tourne autour des yeux, les miens ne marchent pas, et pourtant je suis très heureuse avec mes fleurs et ma musique. Le monde glorifie trop le regard, alors que le reste est très important aussi, je préfère ne plus lire  plutôt que de ne plus sentir le parfum de mes roses. En plus, ces journaux sont de vrais torchons, n'est-ce pas Armanse ? Armanse..?»

 

Mais Armanse ne répondit pas. Elle était plongée dans l'article qui faisait la une, où, autour d'une photographie sombre, s'inscrivaient les mots “La Miséricorde des cendres”. Armanse n'arrivait à se faire à l'idée que le Conseil avait cessé d’agir depuis qu’elle n’était plus là. Que faisait donc son père ?  

 

 « Luna, c'est vrai ? Des nobles disparaissent ? Et le gouvernement ne fait rien ?  » 

 

Son teint blême soulignait l'horreur qui grandissait dans son cœur. Elle qui, pourtant, avait toujours cru que tous les dangers se trouvaient en bas, et non tout près d'elle. 

 

 « Hélas ! Crois moi, je le sais de source sûre, le gouvernement est per-du ! Ils ne savent plus quoi faire, personne ne veut s'en occuper tu penses ! Des gens qui disparaissent en ne laissant qu'un tas de cendres, c'est fantaisiste !  » 

 

Armanse acquiesça, sans quitter des yeux le journal. “Un baron disparu hier est la sixième victime d'un fléau épouvantable, en effet, damoiseaux et damoiselles, le gouvernement nous protège-t-il réellement ?” 

 

« Personne ne fait rien ? s'étonna Armanse. Sont ils idiots à ce point ? Ne savent-il plus s’en sortir sans ma présence ?  » 

 

Et d'un coup, toutes les roses lui semblèrent fanées. Elles n’avait plus l’odeur tendre de la mélancolie mais la puanteur de la déception. L’impuissance refaisait face au bord du coeur d’Armanse. Elle  essaya de poser la tasse sur la table, mais elle n’arriva qu’à renverser son contenu sur la nappe blanche. Ses mains tremblaient. Luna ne sembla pas y faire attention, et continua son babillage. 

 

  « Evidemment, le niveau était plus élevé quand tu étais là… Ah ! Quelle belle époque pas vrai ? » 

 

Et puis, comme si au milieu des banalités, il arrivait à Dame Lune de faire naître, entre les folles fleurs de son esprit, une idée perspicace, Armanse eut une illumination. 

 

 « Il me suffirait alors d’y retourner… » Intima Armanse, tout bas. 

 

La mine candide de Luna se fronça en une expression de réprimande amicale. 

 

 « Oh, Armanse, tu es si adorable quand tu rêvasses. Mais ce n’est pas bon pour toi de penser que tu peux retrouver ton poste… Chérie, tu es si malade…. » 

 

Une vague de colère posséda Armanse,  quelle était la raison qui poussait son amie de la traiter ainsi ? De la traiter comme une enfant qui ne comprends pas la gravité des choses ? Le liquide ambré du thé ne cessait de se répandre sur la nappe, et inévitablement, se dirigea vers les jupes d’Armanse. Dans un mouvement de colère,  elle se leva, et la chaise bacula derrière elle, dans un fracas de bois et fleurs. 

 

  « Oh, Armanse, mes roses… Dis moi, comment vont mes roses ? » 

 

Armanse, dépassée par les émotions qui affluait dans son corps comme une tempête, ne répondit que par une vague excuse, et s’enfuit, au milieu du champs de rose, sa robe à la main et les larmes aux yeux. 

 

 ☼☼☼☼



 

Quand elle reprit possession de son corps et de ses sentiments, Armanse avait traversé quelques passerelles, ses pas et son instinct l’avaient menée sur l'îlot où se dressait Phébus, la capitale. Une immense arcade d’or se dressait au dessus de ses cheveux roux, des arabesques ambrés dansaient au creux de l’arche et chassaient la nuit qui venait de tomber. Il lui suffit de lever encore un peu les yeux, pour apercevoir les grand édifices de verres, et les arbres centenaires qui peuplaient la cité. Cet alliage étrange de nature et technologie était une particularité de l’arche Cassiopée, ici, se mêlaient sève et rouages, électricité et foudre, fleurs et fumée, fer et feuilles.  Des centaines d’humains voletaient aux alentours de l’architecture, enluminés par de hautes sphères rayonnantes, en une nuée d’ailes colorées. 

 

C’est avec un pincement au coeur, qu’Armanse s’avança dans la cité, à pied, sur les routes terreuses de la capitale. De légères notes de musique douces se baladaient dans l’air. Tout en marchant, Armanse huma les senteurs humides et vertes que dégageaient les végétaux. Elle se sentit apaisée, mais ce fut la détermination qui l’habitait à présent.  Son pas, fut-il bancal, était à présent inébranlable. 

Que certains nobles la toisaient de leur perchoir n’y faisait rien, elle n’avait pas peur de leur regards, non, elle n’avaient plus peur de leurs regards.  

Bientôt, le sommet de la plus haute tour de l’Ambassade lui apparut au travers les arbres feuillus, puis, ce fut l’Ambassade tout entière. 

 

Perché sur une colline, au Sud de la ville, l’Ambassade  n’était pas bien plus grande que le reste des édifices, mais elle en était d’autant plus majestueuse. De grandes colonnes de cristaux indigo soutenaient un toit éclatant de lumière, si impressionnant que chaque fois qu’elle y arrivait, Armanse ne pouvait s'empêcher d’être émerveillée. 

Elle laissa les étoiles dans ses yeux de côté pour s’engager dans le bâtiment; elle se trouva face  à un grand homme, un homme gigantesque, un géant tel le colosse d’argile qui peuplait les contes du Mont. Elle ne le connaissait pas; il avait dû rentrer à l’Ambassade après son départ. Bien que déstabilisée, Armanse redressa son buste frêle, pour marquer son autorité. 

 

 « Bonjour. Je viens voir  l’Ambassadeur, et je suis la Comtesse Armanse.» 

 

Ses petits yeux n’exprimèrent pas la moindre émotion quand il lui ouvrit la porte, et ses traits canins ne bougèrent que pour lui souhaiter une bonne soirée sans une once de joie. 

 

 « Mademoiselle devra se prier de l’attendre quelques minutes, Damoiseau Cléandre est occupé.  » 

 

La voix du garde était aussi caverneuse que ses traits, mais Armanse ne s’en formalisa pas. Elle se dirigea vers la grande salle où elle attendit, assise sur un somptueux fauteuil de satin cobalt. Les minutes s'égrainèrent pour se métamorphoser en heures. Elle attendit longuement, et, malgré sa patience, toute la détermination qu'elle portait en elle se volatilisait au rythme du temps. Elle connaissait à présent chaque recoin de la salle d’attente, des bougies murales au sol miroir, en passant par le long tapis rouges qui s’étendait jusqu’à la colossale porte blanche. Ses chaussures vernies étaient devenues étrangement attrayantes quand la porte s’ouvrit en un fracas épouvantable. 

 

 « Là n’est pas le problème, tu le sais. Je ne supporte plus tes jérémiades à longeurs de journées. Fais ton travail, et arrêtes ça, veux-tu?  » 

 

Cléandre venait de faire son entrée, magistral dans un costume bordeaux qui faisait tache au milieu de ce camaïeu de bleu. De son allure détachée mais terriblement énergique, il arpentait la pièce, un page à l’air mi mélancolique mi en colère derrière lui. La détermination d’Armanse resurgit d’un coup et elle se leva avec précipitation.

 

 « Vas te faire foutre Cléandre » 

 

La page avait chuchoté, mais Armanse l’avait entendu clairement. Son air oriental et ses longues tresses lui rappelait quelque chose. Comment s’appelait-il déjà ? Isidore ? Ismaël ?

 

 « Je ne suis ici que le porte parole de notre Impératrice, je suis ici pour faire régner la justice, je n’ai pas le temps pour ce genre de drame, surtout pas en ce moment.   Tiens, voilà un oisillon ! » 

 

Affublé d’un sourire gargantuesque et les bras ouverts, Cléandre s'élança vers la jeune femme, le Page toujours sur ses talons, l’air triste. Armanse se contenta d’un sourire de politesse, et se laissa enlacer par les bras puissants de son ami. Elle se détacha très vite de lui, et se plaça de manière et inspirer le respect. Elle savait à quel point sa demande allait être  épineuse pour Cléandre.

 

 « Cléandre ? Tenta-t-elle doucement mais avec fermeté, Je ne suis pas ici pour votre amitié mais pour une demande purement professionnelle. » 

 

Le visage espiègle de l’Ambassadeur ne changea pas d’expression à l’entende de ses mots, seul une étincelle alluma son regard océan. 

 

 « Eh bien, chère demoiselle, exprimez-vous donc, je suis tout ouï pour vous écouter ! » 

 

Il fit tourner sa canne entre ses doigts ornés de bagues et invita la jeune femme à s'exprimer. 

 

 « Eh bien, cela concerne mon rôle de détective officielle…

-Ancien rôle, n'est-ce pas ? 

    - Justement. Je pense, à juste titre, que, comme personne n’est assez compétant pour me remplacer, et au vu des événements récents, je me…

- Non, la coupa froidement Cléandre, je refuse. Vous n’êtes pas en état de reprendre votre poste. La cour s’en sortira sans vous, que vous le vouliez ou non.» 

 

Les mots tranchants de l'ambassadeur se répercutèrent en écho contre les murs de la pièce. À l'intérieur, Armanse était déstabilisée, perdue. À l'extérieur, les mots n'avaient sembler l'effleurer qu'à peine. 

 

 « Je ne suis plus une enfant. Ma maladie ne me rend pas incompétente, peu importe ce que vous ou vos petits subalternes peuvent en penser. Je souhaite reprendre mon poste. Les enlèvements récents des nobles m'inquiètent, et vos remplaçants sont médiocres. Je connais mes limites, si je vois que j'ai du mal, je m'arrêterais. Je refuse qu'on me rejete de la société à cause de ma maladie. » 

 

Cléandre, malgré sa mine étonnée, éclata d'un rire franc. Son page, visiblement soulagé que l'ambassadeur ne se fâche pas, laissa échapper de ses lèvres un léger soupir. 

 

 « J'aime votre audace mademoiselle Armanse. J'aime votre franchise, et c'est pour cela que je ne peux refuser votre demande. Mais soyez gentille, prenez quelqu'un pour vous assister, je ne voudrais pas qu'il vous arrive quoi que ce soit. Je vous envoie tous les détails de l'affaire et les formalités par courrier. Bonne soirée mademoiselle !  » 

 

Puis il quitta la pièce, le page sur les talons. Il laissa Armanse bouche bée, elle n'en revenait pas. Cléandre avait accepté sa proposition. Elle était à nouveau Détective. Elle n'y croyait pas, tout avait été si facile. 

 

Elle se surprit à sourire comme une enfant. Elle y était arrivé. 

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ZouwuGirl
Posté le 14/05/2020
Hello!

J'ai beaucoup aimé le fait que ce chapitre s'attarde sur Armanse qui me paraît très intéressante! Dame Lune malgré toute sa rondeur et ses fleurs m'a semblé assez antipathique car indifférente de tout.
C'est bien louche que Cléandre change d'avis et accepte d'un coup... Bon après c'est peut-être juste moi et mon instinct pas fiable x))
Je suis toujours aussi intriguée par le fonctionnement de ce monde et maintenant celui de la cour en particulier!
Atreyu Norska
Posté le 14/05/2020
Salut ! Merci d'avoir pris le temps de lire !

J'ai remarqué que les lecteurs avaient des avis très diversifiés sur mes personnages haha x) Mais tu aurais l'occasion de confirmer tes doutes ou non par la suite !
Luna
Posté le 12/05/2020
J’ai enfin un peu de temps pour lire la suite !

Ta plume s’épanouit décidément vraiment bien dans les mises en ambiance. Il y a quelques pépites au début de ce chapitre qui font briller les yeux quand on te lit. Autrement dit, c'est toujours un régal !

Une Luna comme moi hihi ! J’aime beaucoup son autre nom d’ailleurs, c’est très beau « Dame Lune » et ça colle vraiment bien à ton univers poétique. Elle m’intrigue beaucoup. On dirait l'incarnation même de la mélancolie. J’ai adoré ce passage « Le monde glorifie trop le regard, alors que le reste est très important aussi… », c’est tellement rare, c’est vrai, de mettre en avant les autres sens, comme si la vue était le plus noble des cinq.

Armanse également m’intrigue beaucoup. Elle doit détenir un pouvoir très particulier pour qu’elle sente que le monde a besoin d’elle ainsi. Et je n’ai pas réussi à savoir, pour le moment, si elle a littéralement fait se faner les roses de Luna. Mais je pense c’est voulu, ça ne fait que renforcer la curiosité du lecteur vis-à-vis du personnage, c'est très habile. De même, elle semble avoir un attachement aussi fort envers Horace qu’Horace lui-même ; quelque chose qui dépasse de loin les conventions. J’ai hâte d’en savoir plus !

Quant à Cléandre, il m’inspire toujours autant de méfiance. Je sens qu’il va avoir un rôle important à jouer, mais je n’arrive vraiment pas à savoir à quoi m’attendre…

Quelques chipotages et coquillettes :
>> Quelques petites virgules de trop, souvent quand tu utilises « et ». À mon sens, tu n’en as pas besoin si tu as recours à la conjonction, elle nous permet justement de faire un pause dans la phrase. Ma petite astuce consiste à relire à haute voix pour essayer de déterminer là où les virgules sont nécessaires et là où elles sont de trop (bon je ne réussis pas toujours hein, mais ça marche quelquefois ^^)
>> « Elle n’avait pu tenir plus d’une heure dans la petite fête mondaine de la veille, trop chamboulée par son absence. Le matin même, elle n’avait pu demeurer dans sa maison, où l’absence enahissaient les poèces. » : petite répétition de « absence » et deux petites fautes de frappe à la fin.
>> « De légers nuages emmêlaient les feuilles encore oranges des arbres dans de grandes étendus cotonneuses, et le vent, qui était mistral de l’autre côté de l’arche, n’était plus qu’une brise légère qui baisait timidement les joues de la comtesse.  » : pas de s à « orange » comme c’est un adjectif dérivé d’un fruit et il manque un e à « étendus ».
>> « Celle-ci s'ouvrit seule, animé par l’énergie de la maîtresse de maison. » : « animée ».
>> « Peu d'objet encombraient les pièces, seul le nécessaire, parfois, la comtesse se demandait comment son amie ne pouvait pas s'ennuyer, dans cette grande maison si vide qui n'était comblée que par des fleurs, des centaines et des centaines de fleurs. » : la phrase est un peu longue et j’ai le sentiment qu’il y a deux parties distinctes. Je te suggérerais de la couper en deux après « nécessaire », soit avec un point, soit avec un point-virgule.
>> « Oh, Armanse, tout de suite les grands mots ! ria Luna » : « rit ».
>> Attention à tes impératifs du premier groupe, on ne met des s que pour ceux du deuxième et troisième groupes.
>> « Il me suffirait alors d’y retourner… » Intima Armanse, tout bas. : je ne sais pas si le verbe « intimer » est le plus adapté ici. Il y a une dimension autoritaire, l’idée d’un ordre qu’on donne, alors qu’ici Armanse énonce tout haut l’idée qui lui traverse l’esprit.
>> « Elle se détacha très vite de lui, et se plaça de manière et inspirer le respect. » : « à inspirer le respect » ?

J’enchaîne sur la suite :D
Atreyu Norska
Posté le 12/05/2020
Merci beaucoup !

Ravie que tu continue à me lire et que aimes Dame Lune ! Malheureusement elle est assez peu présente dans ce tome ci, son importance est plus marquée dans le suivant haha

Merci encore pour les petites corrections, il faut absolument que je m'y penche car toutes tes remarques sont très pertinentes !
Alice_Lath
Posté le 02/05/2020
Eh bien, c'est marrant, je crois aussi deviner un peu de Black Butler en filigrane, mais peut-être que ce n'est que moi. En tout cas, Luna est vraiment un beau personnage, je me la représente tout à fait, et je suis contente de voir qu'Armanse a un vrai rôle dans la société noble, et de la détermination à revendre. Je me demande juste quel âge ont tes persos? J'avoue que j'ai du mal à l'estimer haha. Sinon, en dehors de ça, tu as toujours un style aussi délicat et agréable!
Atreyu Norska
Posté le 02/05/2020
Je n'avais jamais fait le lien haha, mais maintenant que tu en parles j'ai peut être été inspirée par Black Butler, même si je l'ai vu il y a bien longtemps et que j'en ai que de vagues souvenirs x)

Pour ce qui est de l'âge de mes personnages, je me donne jamais de chiffre précis, mais pour te donner une fourchette, Armanse Horace et Louis ont environ le même âge, soit quelque part entre la vingtaine et la trentaine, Cléandre est un peu plus vieux, vers les trente-cinq ans je pense et Luna est dans ces eux-là aussi (je crois que j'ai fait le tour des personnages qui ont fait leur apparition pour le moment, si ce n'est pas le cas n'hésites pas à me le dire !)

Merci pour tout !
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