Chapitre I : Gnothi Seauton — Partie 2

Par Callie

02.
Les yeux d’Ezio constataient avec colère l’étrangeté de ce monde. 
Où suis-je ? Qui suis-je ? Orion, dis-moi. Rappelle-moi. 
Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé depuis qu’il s’était endormi en plein milieu d’une clairière abandonnée.. Un profond bâillement lui échappa soudainement et il balaya les lieux du regard. L’environnement n’avait pas foncièrement changé depuis la dernière fois, mais la nuit était tombée et il se sentait toujours aussi affaibli. Comme pour lui rappeler que son corps nécessitait de nourriture pour poursuivre sa fuite - vers nulle part, suivit par personne, seulement par son ombre - Ezio entendit son ventre gronder et c’est seulement à ce moment-là qu’il se rendit compte à quel point la faim le tiraillait. Le teint blême, titubant, se forçant à mettre un pas devant l’autre, le brun s’échoua finalement sur un rocher qu’il caressa comme s’il s’agissait d’une personne. La respiration rauque, il peinait à se relever. 
Deux ans. Cela faisait deux ans qu’il avait disparu de la circulation selon Orion. Non, il délirait. Hier encore, j’étais en train de m’entraîner avec Týr. Est-ce … est-ce que je l’étais vraiment ? Ezio se souvenait avoir quitté un bâtiment avant de rejoindre Orion. 
Il se souvenait des personnes qui couraient dans sa direction. 
Il se souvenait avoir croisé leur regard avant même qu’ils ne se mettent à courir. 
Il se souvenait avoir quitté une sorte de capsule, qui ne ressemblait en rien à son lit habituel dans les couloirs du Palais Royal. Le Palais Royal et ses immenses allées. Le marbre sur le sol et les meubles, les enluminures sur les livres ouverts à des pages aléatoires. Les moulures sur les immenses colonnades. Le siège du Roi au bout d’une salle incroyablement immense, accueillant continuellement des buffets incroyablement garnis. Et sur le trône, un homme. Un visage familier. Gordon. Père. Jamais papa. La souffrance et la crainte, juste à l’idée de l’apercevoir. Un frisson parcourut Ezio. C’est pour ça qu’il m’a demandé de sauver Avalon ! Je suis le prince. Mais aux côtés de son père, debout, le torse bombé, les épaules en avant, le corps droit comme un piquet et un léger rictus mesquin à la commissure de ses lèvres lui rappela qu’il n’était pas simplement un prince. Konvaelen. Son grand frère. Alors pourquoi ? Si ce n’est pas mon combat, pourquoi est-ce que ça doit le devenir ? 

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