04.
Au petit matin, Ezio décida de se diriger avec le soleil. De ce dont il se souvenait, Avalon se trouvait vers le soleil levant. Suivant sa boussole interne, il se mit en marche. Une brume étrange s’était établie avant même le lever de l’astre flamboyant, rendant la visibilité moindre. Elle l’obligeait à ne se guider qu’avec la lumière filtrant à travers les arbres aux branches effilées telles des mains de monstres. Sous son pied, quelques craquements se firent entendre. D’abord, Ezio pensa avoir marché sur un tas de petites branches mortes tombées. Néanmoins, quelques bosses plus grosses sous ses chaussures lui firent prendre conscience qu’il ne s’agissait pas seulement de branches. Non, en réalité, lorsque ses yeux décidèrent de glisser sur le sol, il se rendit compte avec surprise qu’il s’agissait de petits ossements jonchant les abords d’un buisson. Il s’approcha pour examiner les restes d’animaux et entendit un bruissement derrière lui. Par réflexe, il posa sa main sur sa chaussure où devrait être caché un couteau - mauvais réflexe de ses entraînements d'antan. Aujourd’hui, il n’y avait strictement rien dans la petite botte médiocre. De l’eau s’était infiltrée tant et si bien qu’il ne sentait plus ses doigts de pied. Il jura intérieurement et arrêta complètement ses mouvements, les sens aux aguets. Mais aucun nouveau bruit ne se fit entendre. Lentement, il se retourna mais ne découvrit strictement rien. Ses orbes vert mousse prirent malgré tout le temps de parcourir les environs, bien qu’il ne puisse pas voir à plus d’un kilomètre à la ronde autour de lui.
Il sentait une étrange présence dans son dos. Mais chaque fois qu’il se retournait, il n’y avait pas la moindre trace d’une quelconque forme de vie.
C’est à force d’être tout seul, Ezio. Ton cerveau commence à te jouer des tours.
Il reporta finalement son attention sur les ossements qu’il avait découverts mais lorsqu’il s’accroupit pour les prendre dans ses mains, il n’y avait plus rien. Ni ossement ni buisson. Rien que le sol détrempé de la forêt et la solitude pesant lourd sur son cœur. Il se releva, déconcerté puis décida de reprendre sa route comme si de rien n’était, les yeux portés sur un horizon inexistant.
Une silhouette nette se matérialisa soudainement devant lui. Le plus fou ne fut par les traits de celle-ci soit si nets, mais bien qu’elle semble malgré elle si lointaine, tournée de profil. À chaque pas effectué néanmoins, elle n’avait ni l’air de se rapprocher ni l’air de s’éloigner. Elle ne bougeait pas, mais elle semblait étrangement familière.
— Sors de ma putain de tête, Orion ! cria-t-il lorsque l’ombre se tourna vers lui.
Elle se découpait si bien dans la brume que le cœur d’Ezio manqua un battement et resta tétanisé par la peur, le fixant en train d’avancer. L’ombre grandissante ne se détaillait pas davantage, restant étrangement à l’état de silhouette. Le jeune homme cligna des yeux. L’instant d’après, Orion avait disparu.
Je deviens fou ici. Faut vraiment que je retourne à la civilisation, pensa-t-il.
Ce fut seulement au bout de quelques heures que la brume finit par se dissiper et que le jeune homme parvint enfin à apercevoir les premières formes de l’humanité existante. La forêt devenait parsemée. Des traces de roues et de pas marquaient le sol de la forêt. Elle commençait à paraître presque moins terrifiante aux abords de la cité. Les odeurs de bois humide se mélangeaient avec les saveurs de nourriture fumante émoustillant les papilles d’Ezio.
Avalon n’était plus très loin désormais.