“Guilty Act, Guilty Mind : establishing Actus Reus and Mens Rea in situations of conspiracy and accessory.”
Courtney Klein.
“In a dark time, the eye begins to see,
I meet my shadow in the deepening shade;
I hear my echo in the echoing wood—
A lord of nature weeping to a tree.
I live between the heron and the wren,
Beasts of the hill and serpents of the den.
What’s madness but nobility of soul
At odds with circumstance? The day’s on fire!
I know the purity of pure despair,
My shadow pinned against a sweating wall.
That place among the rocks—is it a cave,
Or winding path? The edge is what I have.
A steady storm of correspondences!
A night flowing with birds, a ragged moon,
And in broad day the midnight come again!
A man goes far to find out what he is—
Death of the self in a long, tearless night,
All natural shapes blazing unnatural light.
Dark, dark my light, and darker my desire.
My soul, like some heat-maddened summer fly,
Keeps buzzing at the sill. Which I is I?
A fallen man, I climb out of my fear.
The mind enters itself, and God the mind,
And one is One, free in the tearing wind.”
In a Dark Time, by Theodore Roethke (1963)
L’Iliade, v. 486-506. Priam s’adresse à Achille.
“Μνῆσαι πατρὸς σοῖο θεοῖς ἐπιείκελ᾽ Ἀχιλλεῦ,
τηλίκου ὥς περ ἐγών, ὀλοῷ ἐπὶ γήραος οὐδῷ :
καὶ μέν που κεῖνον περιναιέται ἀμφὶς ἐόντες
τείρουσ᾽, οὐδέ τίς ἐστιν ἀρὴν καὶ λοιγὸν ἀμῦναι.
Ἀλλ᾽ ἤτοι κεῖνός γε σέθεν ζώοντος ἀκούων
χαίρει τ᾽ ἐν θυμῷ, ἐπί τ᾽ ἔλπεται ἤματα πάντα
ὄψεσθαι φίλον υἱὸν ἀπὸ Τροίηθεν ἰόντα :
αὐτὰρ ἐγὼ πανάποτμος, ἐπεὶ τέκον υἷας ἀρίστους
Τροίῃ ἐν εὐρείῃ, τῶν δ᾽ οὔ τινά φημι λελεῖφθαι.
Πεντήκοντά μοι ἦσαν ὅτ᾽ ἤλυθον υἷες Ἀχαιῶν :
ἐννεακαίδεκα μέν μοι ἰῆς ἐκ νηδύος ἦσαν,
τοὺς δ᾽ ἄλλους μοι ἔτικτον ἐνὶ μεγάροισι γυναῖκες.
Τῶν μὲν πολλῶν θοῦρος Ἄρης ὑπὸ γούνατ᾽ ἔλυσεν :
ὃς δέ μοι οἶος ἔην, εἴρυτο δὲ ἄστυ καὶ αὐτούς,
τὸν σὺ πρῴην κτεῖνας ἀμυνόμενον περὶ πάτρης
Ἕκτορα· τοῦ νῦν εἵνεχ᾽ ἱκάνω νῆας Ἀχαιῶν
λυσόμενος πùαρὰ σεῖο, φέρω δ᾽ ἀπερείσι᾽ ἄποινα.
Ἀλλ᾽ αἰδεῖο θεοὺς Ἀχιλεῦ, αὐτόν τ᾽ ἐλέησον
μνησάμενος σοῦ πατρός· ἐγὼ δ᾽ ἐλεεινότερός περ,
ἔτλην δ᾽ οἷ᾽ οὔ πώ τις ἐπιχθόνιος βροτὸς ἄλλος,
ἀνδρὸς παιδοφόνοιο ποτὶ στόμα χεῖρ᾽ ὀρέγεσθαι.”
« Divin Achille, souviens-toi de ton père qui est de mon âge et qui touche au seuil de la vieillesse. En ce moment peut-être ses voisins lui font la guerre, et il n'a personne pour le secourir dans un si pressant danger. Mais comme il sait que tu vis encore, il se réjouit au fond de son âme, et tous les jours il espère te voir revenir d'Ilion. Moi, pauvre infortuné, j'avais aussi des fils vaillants dans cette ville que tu assièges depuis si longtemps : je crois maintenant qu'il ne m'en reste plus aucun. Ils étaient cinquante lorsque les Grecs vinrent dans ces plaines (dix-neuf d'entre eux étaient nés du même sein ; les autres furent mis au monde par des femmes étrangères), eh bien ! le cruel Arès me les a presque tous ravis ! Un seul me restait, celui qui défendait notre cité, qui nous protégeait nous-mêmes, et tu viens de l'immoler tandis qu'il combattait pour sa patrie ! Ce fils, c'était Hector... C'est pour lui que je suis venu dans ta tente, c'est pour racheter son cadavre que je t'apporte ces riches présents. O Achille, crains et respecte les dieux, prends pitié de mon sort en songeant à ton vieux père, et pense que j'ai fait ce qu'aucun mortel n'a fait sur cette terre : j'ai porté à mes lèvres la main du meurtrier de mon fils ! »
Chapitre I : Une sorte d’allégorie
Je serais sage, sans exigences, je serais exquise papa, tu seras fier de moi. Vraiment, je n’attends pas grand-chose, quoique maman en sera un peu chagrinée.
Si les cieux avaient présidé sur notre union alors ils savaient : la fusion de nos deux êtres créeraient une catastrophe. Pas de place sur cette Terre pour des sentiments divins, nous avions de l’affection, cela suffirait bien. Seulement tout ce que j’ai toujours voulu engendrerait de la violence et une ruine insondable de vous et de moi. La faim des grands prédateurs, que l’on étanche avec de la petite eau de source, cela ne suffirait plus, il faudrait plus, beaucoup plus. Notre baiser devant le prêtre resterait à jamais mon plus grand péché, le premier jour où je goûtai à la bouche du diable ; si j’avais ouvert plus grand -avaler le monde- j’aurais pu sauver l’humanité.
Si seulement c’était un autre, si ce n’était pas moi, il n’y aurait pas eu d’histoire, j’aurais su à qui demander pardon. Mais qui m’a trompée, dans le fond ? C’est à lui que j’en veux et vers qui je serais poussée par mes ailes et ma rage, c’est pour lui que je retrouverais l’art ancestral de tuer : quand j’ai vu mon fils pour la première fois ça m’est revenu, il a dû briser la coquille de l’oeuf pour venir au monde -pas d’amour dans le regard- la pulsion de vie est animée de destruction. Qu’est-ce que j’ai dû sacrifier ? Mon ingénuité, ma vertu, ma liberté ? Je me sentirais toujours triste pour la jeune-fille que j’étais autrefois, mais elle, elle serait horrifiée, qui l’aurait cru, je suis devenue une “mangeuse d’homme”.
Je l’ai violé, je l’ai détruit, il n’y a pas d’autre mot ; il n’y a pas d’excuse. Un monsieur tout à fait respectable qui a eu le malheur de me tendre la main et me prêter son mouchoir pour essuyer mon maquillage qui avait coulé ; une alliance, enfants sûrement, des yeux doux quoiqu’ensommeillés qui tombaient légèrement dans les coins, ainsi que, je m’en souviendrais parfaitement bien que je ne fus pas dans mes bons esprits, une moustache à peine trop longue qui cachait la commissure de ses lèvres vermillion. Les boucles du plus beau cuivre que j’avais jamais vu, tirant sur le champagne, et je m’y connaissais en champagne. On dit que les gènes du père sont dominantes ; c’était réussi sans pour autant avoir gravé le devoir parental dans sa biologie, et je le comprenais, ce qu’il avait subi n’avait rien à voir avec la vie.
Peut-être que l’ivresse m’avait rendue folle, je l’avais ravagé des ongles, des os et des dents, pour une autre j’aurais fait appel à un exorciste, et l’ironie faisait que c’était plus ou moins ce qui m’avait conduite à cette soirée ; le fameux Dr. Liebe devait traiter mon hystérie par l’hypnose, je n’avais pas été réjouie par l’idée de me donner en spectacle devant une assemblée, donc mon époux m’a donné un petit cachet blanc : “Tu ne verras plus le temps passer.” Je n’avais même pas autant pleuré pour la mort de mon père. C’était affreux, de découvrir que l’on pouvait haïr si fort et aimer en même temps. Jakob Roijakkers avait été depuis toujours un partenaire, une moitié, un frère. Il m’avait épousé parce-que nous manquions d’argent avec la retraite de ma mère. Je pensais que j’étais une Roijakkers de droit si le sang ne m’y autorisait pas.
Je pensais que nous étions comme père et fille. Que tu me comprendrais, au moins, et que tu me pardonnerais même quand il ne le faudrait pas. Il a détruit ma vie, tu sais ? De la manière la plus pernicieuse possible, comment peux-tu excuser ça ? J’aurais voulu être une bonne épouse, vraiment, une belle-fille polie, une famille rangée… même pas pour moi. J’ai un fils maintenant, tu entends ? Et je compte faire ce qu’il faut pour qu’il puisse grandir sans père et en remercie le Seigneur.
“Comment va-t-il ? demandai-je sans détourner le regard de la lampe plate au-dessus de la table d’auscultation. Le Dr. Lindt pivota sur son tabouret et se pencha au-dessus de moi, la loupe grossissant son oeil brun brillant comme du verre.
"Il… attend, et marche beaucoup, à condition d’être accompagné jusqu’au parc. Il dit que sa femme lui a écrit qu’elle rentrait très prochainement, je ne sais pas ce qu’il en est vraiment."
"C’est une bonne nouvelle…"
"Certainement…” Une goutte tomba de la pointe de la pipette qu’il tenait et coula sur ma cornée. Je battis des paupières pour chasser une poussière imaginaire quand il m’effleura le poignet à moitié par sollicitude et du reste pour prendre ma tension.
“Je te conseille de rester allongée, les effets ne vont pas tarder à se manifester.”
Je pouvais déjà cerner à quoi il faisait allusion, d’autres de nos études avaient déjà conduit aux mêmes résultats : les lumières se divisent et les lignes gondolent, bientôt courbes et objets forment un kaléidoscope solaire, celui des yeux d’une mouche : moi aussi je me métamorphose ?
“Rejeter la couverture, rien de plus simple ; il n'avait qu'à se gonfler un peu, elle tombait toute seule. Mais la suite des opérations était plus délicate, surtout parce qu'il était excessivement large. Il aurait eu besoin de bras et de mains pour se redresser ; or, au lieu de cela, il n'avait que ces nombreuses petites pattes sans cesse animées des mouvements les plus divers et de surcroît impossibles à maîtriser. Voulait-il en plier une, elle n'avait rien de plus pressé que de s'étendre ; et s'il parvenait enfin à exécuter avec cette patte ce qu'il voulait, les autres pendant ce temps avaient quartier libre et travaillaient toutes dans une extrême et douloureuse excitation.” --- Kafka
Bientôt je devrai apprendre à marcher à nouveau, mes lèvres n’articuleront que les pensées mâchées d’un rêveur ce sera fabuleux puis je prendrai peur. Je me mettrai à hurler et on attachera mes bras et mes jambes désordonnés sans résistance. Je me retrouverai à nouveau dans cette chambre, le lieu le plus paisible de l’univers. Si j’avais pu j’aurais aimé toujours vivre dans un hospice, mais en tant que patiente, si la montée vers les cieux est éprouvante, Dieu devait bien avoir inventé lui-même l’idée de ces lieux, les murs blancs et matelassés, les cures de sommeil à s’écouter respirer étrangement, au sens d’un corps qui aurait rongé notre corps de l’intérieur pour y faire son nid ; le creux d’un tronc d’arbre, une grotte derrière une cascade, il fallait entendre ronronner cet imposteur, laisser souffler l’espace et le temps, se stabiliser à nouveau. Que quelque-chose refuse que l’on ne meure. Recevoir sa prime, remercier et partir en fermant derrière soi, la routine.
À chaque fois, presque par dédain, mon banquier demandait des nouvelles de mon mari, pour savoir quand il allait “reprendre la main sur mes finances” si l’on peut dire, pourtant il n’avait jamais posé de questions sur mes sources de revenu ; il devait me prendre pour une prostituée. C’est vrai que je gagnais plus que la moyenne des femmes au foyer sans reversion, Jakob avait transféré tout l’argent de ses comptes vers une banque à l’étranger, je crois qu’il a même gagné au change du krone au rouble. Un jour nous étions sortis au bar pour prendre un verre et discuter du plan d’épargne de mon fils quand il s’est penché pour demander de plus près : “Pourquoi une jeune femme respectable telle que vous a-t-elle besoin de fumer et de boire autant qu’une de ces actrices à scandale ?” Il croyait m’avoir piégée, je lui ris au nez et lui montrai le restant de la nuit quelque-chose qui n’était pas du cinéma. Le plus drôle fut qu’il le regretta le premier : mon époux avait disparu dans la nature, pas sa femme.
J’avais de nombreux hommes dans ma vie et le sentiment que la plupart me haïssait en secret, comment les blâmer ? Je ne sais pas quand j’ai commencé à mal me comporter, au tout départ, j’ai dû décevoir mon père avant tous les autres ; il ne serait plus là pour m’en gronder. C’est que je n’aurais pu supporter de vivre comme ma belle-mère, dans l’ombre de “mon oncle”, ni comme ma mère, que pourtant j’adore, c’est-à-dire son ombre à lui, mon père. Éteinte. J’attends très peu de choses de la vie, mais si elle a fait de moi une mère, j’exige au moins qu’elle me laisse remplir mon rôle, ça se résume à cela. Des fois j’ai l’impression d’être déjà parvenue à son stade terminal. C’est tout ? Eh oui Valérie, tu conduis le mal et la rancoeur avec toi, il est temps de t’arrêter-là. Bon sang ce que je suis ignoble, vilaine, impardonnable. Maintenant il faut combattre le poison par le poison. Eh oui Valérie, tu as assez joué, les enfants ne veulent plus te voir, hommes, femmes et dieux, va donc pleurer auprès de tes fantômes.
Ainsi je m’assois sur le rebord de la fontaine, me rince les mains (peu de chance qu’elle soit potable) et resorts discrètement mon parfum : mieux vaut sentir l’eau croupie que la fumée, plus qu’une question de distinction, c’est une règle de la maison. D’une façon je ne voyais pas comment l’eau pouvait me salir, n’était-ce pas un crime de polluer les ressources naturelles ? Une part de moi se sentirait coupable à tremper les pieds dans une source chaude, laisser ces chevilles brûler au soleil quand elle devrait rester blanches ; comme le petit chaperon rouge, les couleurs de mon visages n’étaient qu’un jeu de métaphores, ce sang menstruel est celui d’un autre, tous les enfants qu’il aurait pu donner à celle que j’ai volée, perdus dans les limbes sans baptême, pas de doute, j’étais tâchée de ma faute. Une sorte d’allégorie.
“... La pomme que personne n'osa extraire du dos de Grégoire, demeura incrustée dans sa chair comme un souvenir palpable de l’événement, et la grave blessure dont il souffrit pendant plus d'un mois sembla avoir rappelé au père lui-même que malgré sa triste et répugnante métamorphose, il n'en demeurait pas moins un membre de la famille ; il ne fallait donc pas le traiter en ennemi ; le devoir exigeait au contraire qu'on surmontât son dégoût et qu'on supportât Grégoire, qu'on le supportât seulement …”
… 21, 22, 23, 24 décembre, Dies Irae, jour de colère, jour béni, jour de honte. La réunion sous la coupole de Karlskirche (St. Charles), humiliée par les saints (qui sont-ils vraiment pour être saints ?) et les “Tu ne feras point…” Remercier le ciel de nous accorder en ce jour de grâce ce qui nous manque, la santé, le bonheur et la bonne conscience de tous. Pourquoi ne pas demander la gratitude plutôt que le reste ? Moi je demanderais la force et la férocité pour protéger ce qui m’a été donné envers et contre tout, le seul cadeau qui me provient de Dieu, car toutes les volontés malévolentes ont pu juger que je ne le méritais pas. Lenhard “Léon” Konrad Roijakkers, il n’a que moi, pour l’instant, mais dans mon coeur il n’aura jamais à lutter pour le trône au sommet. C’est pour lui que je ferais tout cela.
Personne n’habite réellement à Vienne, pourtant c’était ce que mes beaux-parents prétendaient, l’écrivaient sur le versant de toutes les lettres, partaient en début d’après-midi pour pouvoir s’y promener le soir, jouaient de leurs contacts pour être invités aux bals les plus importants (si aucun d’entre eux l’étaient encore à cette époque). La maison des Roijakkers faisait leur honneur, leur joie, même quand Jakob avait décidé de prendre un appartement à Bade-Wurtemberg pour ses études, à l’université de Heidelberg, et ce peu de temps après notre mariage et avant “l’accident”. Ils m’avaient alors reproché de ne pas avoir cherché à me rapprocher de lui (bien sûr vous pensez, abandonner ma pauvre mère pour partir en Allemagne), quand eux se plaignaient à chaque retrouvailles de ne pas pouvoir le voir plus souvent. La raison était pourtant évidente : il voulait s’éloigner d’eux, il voulait s’éloigner de tout. À y repenser nous étions peut-être plus semblable que je le croyais, car tout témoignage d’affection que j’avais pu jamais lui reconnaître s’approchait davantage de l’expression d’un instinct de protection territoriale, ou bien ces quelques fois où assis sur un banc au parc, à jouer au gentil couple, il m’avait écouté pour de vrai parler de mon père. Il aimait surtout la manière singulière dont j’abordais le sujet, sans sentimentalisme mais avec un profond sens de la fatalité. En quoi pouvait-on dire, quand il était encore en vie, que sa mort était inévitable ?... Ainsi je sus ce qu’il pensait de Dieu, cette confession intime me surprit, car il respectait tout autant la croyance. Il me posa également une question étrange : “Crois-tu qu’il ait été satisfait ?” Mon père avait tout prévu pour son départ, donc il pouvait l’être, mais l’était-il ?... Est-ce ainsi qu’il fallait réellement se comporter devant la froideur du destin ? Ne pouvait-on pas espérer mieux, le fallait-il ? Jakob m’apportait toujours ses questions mais jamais ses réponses, c’était intriguant et fatiguant. Nous aurions très bien pu vivre ainsi, mais il avait toujours voulu autre chose, du moins c’est ce que je crois, quoique je n’avais jamais su dire s’il n’avait jamais entendu le désir tambouriner dans sa poitrine, son ventre ou sa masculinité. C’était à peine si je parvenais à le croire humain, et mon esprit me joue des tours mais il m’a cru sembler quelque fois que Léon était le même. L’esprit coule-t-il dans le sang ou bien s’évapore-t-il avec les nuages ?...
Chaque année le 23 au soir nous assistions à la réception municipale organisée à la salle des fêtes de la ville, en attendant la messe, et au coup de cloches de l’église chacun retournait chez soi pour festoyer avec ses proches. La tradition de cette décennie voulait que nous invitions un étranger à notre réveillon, pour occuper la chaise vide de Jakob. Homme, femme, âgé ou enfant peu importe, l’essentiel était qu’il ne fut attendu nulle part ailleurs. Dieu sait que notre invité de l’année nous fera un certain effet.
L’important n’est pas comment mais pourquoi. il n’y a en effet que la raison, l’éclat de la conscience, la lumière du Saint-Esprit ou que sais-je qui pourrais expliquer l’impossible, l’irraisonnable qui peut naître de la pensée d’une personne sensée.
Certes, la salle était propre et bien décorée, mais je ne m’amusais pas follement. Je vous ai dit que j’avais l’âme parfois qui s’emballait ? Je veux bien que ce soit une condition mais pas une maladie, rien à voir avec l’hystérie (quoiqu’on ait pu m’en convaincre il y a dix ans) c’est un sentiment bouillant dans lequel trempe tout mon corps et m’échauffe du désir de mordre quelqu’un au coeur. Cela tient à la fois de l’instinct de tuer des prédateurs et de la hargne des bêtes qui ont quelque-chose à débattre, fébrile, je jubile, je vacille …?
Oui je la connais, hélas, cette salle des fêtes flamboyante de dorures, rutilante, des lustres au-dessus de toutes les têtes à nous faire fondre comme des portraits à l’huile, les portes grimpantes, attachées à des plafonds hauts surmontés de vitres dans la grande salle qui se drape de nuit, les pilliers de marbre qui me rappellent la grande Alexandrie, oui diable, la frénésie ambiante qui nous joue l’air d’une comédie ; je suis une sorcière, veuve noire, qui boit un elixir de vie, pour rester jeune, ou une potion de mort pour tous les maudire. Ce liquide veut mon bonheur ou ma folie, j’aurais pu être fière mais ce soir il sera mon aimant. Je veux qu’il me ravage.
Boire pour pardonner, ou se croire pardonné de nos enfants peut-être ? On chante le vin depuis le théâtre de l’Antiquité, on rime l’absinthe sous Baudelaire, je jette la fourrure noire et le chapeau sur un dossier de fauteuil, je cache les chevilles mais ris assez fort pour que mon oncle le sache, ce soir je suis la ménade d’un tout autre dieu. Il ne veut pas comprendre la différence entre se rendre et s’abandonner, dans ma chute personne ne me rattrapera et je m’effondrerai toute seule. Ainsi on danse maintenant sur un rythme de bal, ceux auxquels assistaient mes parents ouvriers. Mon père connaissait tous les gars de l’orchestre et jouait avec eux quand l’occasion se présentait, ma mère aimait beaucoup les danses de couple quand elle pouvait encore marcher, elle avait appris toute jeune avec ses frères. Un soir comme tous les soirs pour célébrer le bonheur d’être ensemble, nés sous les mêmes astres ; ils voulaient encore jouer une valse, est-ce que les hommes ne préféreraient pas une soirée cabaret ?...
Un jeune homme de la trentaine dans un costume gris, les traits vaguement slaves et presque délavés, semblait s’être retrouvé mêlé à un comité de jeunes gens sans réellement pouvoir les voir. Une minute il tentait de déchiffrer des inscriptions minuscules dans un carnet en cuir brun plus petit encore, celle d’après il le rangeait dans sa poche et reposait l’arrière de sa tête contre le dossier matelassé du canapé. Allez savoir pourquoi il dévisageait les gargouilles avec cette expression affreuse, des cernes comme des cratères, quelque-chose me disait qu’il n’était pas le genre à attendre Saint-Nicholas. Pauvre petiot.. il fallait bien au moins être deux pour donner l’impression de passer un bon moment.
Pour plus de discrétion je passai derrière eux et profitai qu’il fut avachi pour lui faire lever les yeux. Il fut surpris de mon ombre mais pencha davantage la tête en arrière pour mieux me voir, je lui tendis ma main qu’il embrassa depuis cette position, le sourire timide mais le regard froid et dur.
“Pardonnez-moi monsieur, j’aimerais danser mais je recherche un partenaire. Souhaiteriez-vous que je fasse de vous le mien ?” La provocation parut l’amuser, il ne tarit pas et me prit au mot, comme je les aime.
“J’aimerais beaucoup devenir “vôtre” ce soir pour une si gracieuse dame, mais je dois vous demander une chose en échange.” Il prit mon air intéressé pour un oui.
“Mon Allemand n’est pas parfait et je n’arrive pas à lire cette phrase-là, juste ici…"
" … « Menez jusqu'au couvent cette femme en démence ». L'évêque décide ainsi d'emprisonner la beauté de Lorelei – à l'image d'une camisole de force – dans l'habit noir et blanc des nonnes.”
J’avais déjà vu cette graphie quelque-part, mais plus éloquent encore était la mention de la légende de la Lorelei, voilà un drôle de sujet pour un carnet de note, voire un journal intime qui de toute évidence n’était pas le sien.
“Venez-donc monsieur, suivez-moi, allons d’abord prendre un verre, j’ai des questions pour vous."
"Êtes-vous bien sûr qu’il ne va rien m’arriver ? plaisanta-t-il."
"Je vous promets, la Lorelei c’est moi, il n’y a pas de doutes à avoir.”
Avant tout j’appris une chose, Herr Milan Litvyak n’aimait pas parler de lui. Il s’embarrassait vite quand j’approchais la chose personnelle, or c’était bien-sûr là que je voulais aller si j’espérais rattraper la névrose d’une soirée en compagnie de ma belle famille. Je ne désespérais pas, il aimait la liqueur autant que moi et prenait à coeur de ne pas me vexer.
“Qu’est-ce qui vous a conduit ici donc ? demandai-je tentativement."
"Le “bonheur d’être ensemble” bien sûr, le premier Noël que j’ai passé tout seul a sans aucun doute été le plus effroyable de mon existence, j’aimerais bien éviter cela à nouveau, si c’est possible.
"Oh oui, je parlais de Vienne, puisque vous m’avez dit que vous venez d’Ukraine mais c’est vrai, n’est-ce pas formidable un lieu comme celui-ci né de la nécessité qu’ont les hommes de faire la fête, et pourquoi la fête ? Parce-qu’ils célèbrent la joie d’avoir été réunis un même jour sur un disque plat encore."
"Un disque plat ?"
"Oui, le temps ? Vous ne vous êtes jamais demandé ce que cela vous ferait si tout ce qui avait jamais eu lieu et tout ce qui se produirait existait tout simplement tandis que l’éternité nous regarde ?"
"Vous voulez dire… Que le temps n’existe que pour le vivant ?"
"Sauf qu’ici le vivant se croit important mais quoiqu’il fasse, dans toutes ses vies il reproduira les mêmes erreurs, des enfants souffriront et des innocents mourront. Nos péchés nous suivent, littéralement."
"Vous ne croyez pas si bien dire…” Il vida le reste de son verre et se tourna face aux couples virevoltants. “On dit que la mort a créé la vie mais… il me semble que vouliez danser ?"
"C’est pour vous faire plaisir.”
Pour sa défense, Milan avait dû être bon danseur mais il s’était visiblement raidi avec les années, ou bien avait-il une jambe boiteuse qu’il m’avait dissimulée. L’impression se dissipa lorsqu’il remarqua mon inquiétude, et je dois dire que sa persévérance était remarquable, ce genre de personne peut-il savoir ce que c’est réellement que de souffrir ou bien d’être parfaitement bien portant ? Sa compagnie ne m’intéressait qu’à moitié, certes pour provoquer mon oncle et à demi-mesure pour sa personne ; je sentais bien que sans me trouver désagréable à la vue il n’était pas attiré par moi. Pour ce qui était de Léon il avait rejoint un groupe d’enfant assis sur un tapis pour assister à un spectacle de marionnettes. L’histoire de la naissance de Jésus était narrée du point de vue du boeuf et de l’âne gris par une femme à la voix grave et mielleuse, affublée d’une robe couleur caramel et drôle de masque incrusté de feuilles d’or qui effrayait les plus jeunes. Son collègue en salopette et pull de grosse laine, qui devait être son frère par la similitude de leurs mimiques distribuait des clémentines, revenant régulièrement sur ses pas pour les aider à les éplucher.
“Lequel est votre fils ?” pus-je lire sur les lèvres de Milan lorsque nous nous croisions à nouveau dans les rangées.
"Mon fils ?"
"Oui, Lenhard je crois ? Vous avez bien mentionné que vous aviez un fils ?"
"C’est possible, eh bien… vous voyez le petit rouquin aux cheveux bouclés sur le côté qui chuchote à l’oreille de son voisin ? C’est Léon, le deuxième est un jeune ami à lui, il n’a pas de grand-frère."
"Je sens que le grand aime bien jouer au dindon de la farce."
"Oui c’est un polisson mais je comprends que Léon l’aime bien, il a une grande famille, beaucoup d’enfants, et pourtant ils ne jouent jamais avec lui."
"Et donc vous pensez que Léon a ressenti sa solitude ?"
"Bien sûr.”
Son regard changea, sa légèreté remplacée par quelque-chose de plus solennel et mélancolique, il devait connaître beaucoup d’enfants seuls. Ayant grandi moi-même juste avec mon père et ma mère, je reconnaissais qu’à cet âge, on vivait cela comme une terrible fatalité, sans comprendre exactement ce que l’on avait à endurer, la main sur le coeur. J’avais toujours eu horreur de m’ennuyer, et ce n’était pas rien faire ; passer une demi-heure sur la table d'auscultation du Dr. Lindt, un big bang dans les synapses n’avait rien avoir avec le vide de mes après-midis d’enfance à marcher sous la pluie dans les chemins boueux, à cueillir des fleurs pour le vase de la cuisine et à nourrir les chevaux de notre vieux pain dur. Dès que Léon fut en âge de tenir un peu solidement sur ses pieds je voulus qu’il y ait un chien à la maison ; Heidi, un lévrier Russe car c’était la race préférée de mon père mais surtout que nous avons récupéré jeune d’un couple d’amis des Roijakkers qui ont donné naissance à une fille allergique.
Quelque-chose de gracieux dû se produire alors car le nom des Roijakkers, mon nom (si seulement), éclipsa notre dernier quart-d’heure ensemble. Milan qui ne me connaissait encore que comme “la Lorelei”, fit le chemin avec le reste de la procession à l’église. Après considération, il me confia qu’il n’était pas sûr en tant qu’orthodoxe de ne pas trahir sa profession en venant prier avec des catholiques. Le prêtre lui dirait peut-être non, mais je trouvais un peu osé de refuser de venir se confesser en un jour saint dans un pays qui faisait de lui “l’hérétique”. Il était en effet de mon avis, remarquant qu’il songea à cette précaution plus par respect pour moi et ma famille qu’en vu de sa propre foi. En échange je lui confiai à mon tour, à mi-mot :
“Je n’ai jamais été très à l’aise dans les églises."
"Le silence ?"
"Tous ces saints.”
Il ne comprit pas ce que je voulus dire mais je ne pris pas la peine de m’expliquer. C’est pourtant le principe des lieux de culte, d’être un lieu de rencontre entre notre monde et l’au-delà, “le royaume de Dieu sur Terre”. C’était comme être enfermé dans un dôme de glace avec des nuées de séraphins qui papillonnaient autour, comme des mites autour d’un lampadaire, ils sont attirés par la lumière.
“I am a divine thing,
I am a divine thing,
I am a divine thing,
I am a divine thing,
I am a divine thing,
I have a beautiful place in my heart and I fill it with kindness,
I have a beautiful place in my heart and I go there often,
I have a divine tongue and I speak it often,
I have a graced God and I pray it often.”
Et puis… je ne veux pas dire mais quel gâchis de venir à Vienne et de ne pas visiter la Karlskirche, l’art pour l’art ? C’était comme se rendre à Prague et ne pas mettre les pieds dans l’église Saint-Nicolas, ou ne pas venir admirer la rosace de Notre-Dame, acheter des coloriages pour les enfants à l’effigie des grands personnages de la Bible. Les Roijakkers avaient un goût prononcé pour le baroque qui parfois me faisait tourner la tête.
“Si seulement mon père était là,” encore aujourd’hui. Je savais gérer la maison, les affaires, du moins à ma manière, Erwin m’aidait parfois pour le reste, mais ma mère, mon fils ?... Comment la relever, comment l’élever lui ? Qu’est-ce qu’un vrai homme après tout ? Je n’avais jamais rencontré de fausses femmes. Des démons à têtes de serpent peut-être, mais le déguisement était parfait. Qu’est-ce qui manquerait alors ? Qu’est-ce qu’il me manquerait à moi ?...
Moi, ma famille, la sienne et cette tête nouvelle logions sous ce toit céleste à la tombée de la nuit quand l’expression “rencontre” prit tout son sens : divinatoire, inexplicable, paradoxale. Mon passif avec les expériences surréalistes me permettait de savoir une chose : on ne pouvait pas détacher la réalité des images, je ne saurais donc jamais si mon père était effectivement redescendu du ciel dans un couloir de lumière, puis ayant retiré son casque d’officier d’infanterie, si j’avais réellement senti le baiser qu’il avait posé au sommet de mon front. Il fit également un geste que je reconnus : il ouvrit une main, paume vers le haut, en direction de l’escalier miraculeux, censé symboliser l’élévation de l’âme humaine au cours de sa courte carrière sur Terre. Il ne faut pas oeuvrer pour être pardonné mais pour se pardonner soi-même.
De sa seconde main, il embrassa toute la salle et au-delà, l’assemblée des priants et des soupirants dans la nécropole : “Toutes ces âmes veulent être excusées, sans exception, le désir de confesser ses péchés est inné et tu en tireras tous les aveux, même les tiens.”
Ce soir je dirais Amen à l’impunité. Nous dirions Amen pour les hommes et les femmes qui jouaient ensemble et qui pleureraient dans les bras les uns des autres.
Un texte extrêmement dense, mais que je devrais relire plusieurs fois pour être certaine de bien en comprendre les enjeux. Je vais donc plutôt évoquer les sensations ressenties tout au long de la lecture. La première qui me vient à l'esprit est la colère suivit d'une impression de ressentiment du personnage. J'ai perçu aussi de la douleur, une envie d'abandon ou au contraire de jusqu'au boutisme, que cherche à dissimuler le flot incessant de souvenirs et de pensées ? Bien sûr ton personnage ne manque pas de cynisme et par certains aspects, paraîtrait presqu'inquiétant. Est-ce un bourreau ou une victime ?
Je te jette tout pêle-mêle, parce qu'il me semble que le ressenti est un élément important de l'histoire.
A bientôt
C'est un commentaire comme je n'en avais pas encore reçu sur ce texte, et de ce fait, extrêmement intéressant ! Merci déjà une première fois de soulever la difficulté de lecture de ce 1er chapitre, je pense que ce sera un élément important pour les révisions de chercher peut-être la simplification, au moins laisser le texte respirer davantage. Heureusement j'espère qu'avec la mise en place de l'action le lecteur pourra se reposer un peu ! *rires* Tu as bien perçu que Valérie est une femme aux émotions très fortes et parfois contradictoires, et c'est je pense, ce que j'ai le plus tenté d'explorer ici comme je n'avais pas écrit de son point de vue depuis plusieurs années. Toute la question est certes là, "victime ou bourreau ?" mais plus encore, comment survie-t-on au crime/à la faute commise dans les deux cas ?... L'expérience humaine continue de nous apporter des questions !
Merci encore et au plaisir de te lire prochainement !
J'ai lu hier ton premier chapitre donc, et me voici pour laisser un petit retour. :) Juste deux trois coquilles qu'il me semble avoir croisées au fil du texte :
>> "resterait à jamais mon plus grand pêché, le premier jour où je goûtai à la bouche du diable" > péché (ceci dit la deuxième partie de la phrase est très belle)
>> "je jète la fourrure noire et le chapeau sur un dossier de fauteuil," > je jette ?
>> "Qu’est-ce qui vous à conduit ici donc ?" > a conduit
Mais pour arriver aux choses sérieuses ! J'avais apprécié l'écriture de tes poèmes, et celle que nous promet cet incipit de ton roman me touche aussi beaucoup. Je suis très sensible au dialogisme entre les textes. L'écriture m'apparaît souvent comme un "textus", un tissu où s'entrecroisent et dialoguent les divers fils - autant dire que ça me parle, toutes ces résonnances entre ta narration et l'Iliade, Kafka... ou même la figure de la sorcière que m'évoque "Lorelei" (titre d'un poème d'Apollinaire sur une femme sorcière envoyée au couvant se repentir mais qui préfère se jeter dans le fleuve <3 )
Toute la réflexion autour du Diable et des saints aussi, ça me touche fort. <3 Le silence des églises est-il plus pénible que, au contraire, l'hyper-présence de tous ces saints - avec cette question de ce qu'ils ont fait pour être saints.
Bref, tu tisses avec beaucoup de finesse la vie et les pensées de Valérie avec des moments poétiques/littéraires/artistiques venant donner un éclairage fort. Relation douloureuse de Valérie avec son père, poids moral qui pèse sur elle, ambiance contrite de l'époque que tu dépeins... Des thèmes aussi riches que poignants. Je suis curieuse de comment Valérie va se débattre dans cet univers où elle est considérée comme une femme problématique. <3
Un plaisir que de te lire !
Bonne journée, à bientôt
Pour ce qui est de ton commentaire lui-même je suis d'accord avec ta vision en "textus", je ne connaissais pas l'expression elle-même mais j'aime cette conception presque poétique de l'écriture en prose où tous les éléments s'entre-influencent et forment un tout qui a une "conscience" esthétique de lui-même.
Pour ce qui est de Valérie je suis heureuse que son personnage t'interroge et te touche à sa manière, je souhaite reprendre l'écriture de l'archétype de la "femme forte" et le remodeler à ma manière, car je suis globalement très insatisfaite du peu de diversité que se permettent les médias. Valérie est très vulnérable au début du roman, et prend des décisions contestables mais dans quelle mesure peut-elle lutter contre toutes ces forces qui l'oppriment, comment va-t-elle se libérer, et avancer dans sa vie malgré la terrible faute qu'elle a commise ? Et qu'on ne va pas laver juste parce-que c'est le personnage principal et qu'on veut la rendre sympathique ? J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes !
Encore un plaisir de t'avoir comme lectrice et très bonne journée à toi aussi <3
J'ai apprécié la subtilité de son approche. Valérie est touchante, opprimée certes, mais elle-même est loin d'être parfaite et a en effet commis quelque chose d'affreux. J'aime ce genre de personnage principal loin d'être héroïques.
Bref ! Beaucoup aimé et je repasserai pour la suite vu que j'ai noté qu'elle est en ligne =)