Vingt-deux ans plus tôt, quelques jours avant la chute d’Airilion, tous les habitants de la petite cité d’Ectale, gouvernée par Iecham Lengsfrid, retenaient leur souffle. Cela faisait maintenant deux mois que la grande et fière capitale, à laquelle ils avaient prêté allégeance, souffrait d’un siège dont le dénouement paraissait éminent. Des éclaireurs avaient été envoyés par Isold, le régent d’Ectale, frère de feu Karl Lengsfrid, pour suivre la progression du siège. La rumeur s’était rapidement propagée dans la ville à leur retour qu’il n’y avait plus aucun espoir. Cela faisait maintenant deux semaines. Une partie des hommes d’Ectale était entre les murs d’Airilion à respecter le serment qu’ils avaient prêté à Éphraïm et leurs engagements vis-à-vis des Lengsfrid. Ils se battaient au nom des liens vassaliques qui unissaient les deux cités depuis plus de cent ans. Les rues normalement festives en soirée étaient particulièrement silencieuses désormais. On entendait seulement le murmure incessant des maîtres d’Hetria, implorant le dieu de la mort d’accorder sa protection aux soldats et à Iecham Lengsfrid. Isold n’avait jamais attendu d’aide de la part des dieux. Pourtant, il ne savait pas s’il pouvait faire quelque chose d’autre à part les implorer. Il était resté à Ectale pour gouverner au nom de Iecham avec à peine suffisamment d’hommes pour garder les murailles de la ville.
La famille était le fondement de la société dans la Nouvelle Ithion. Les liens familiaux avaient permis de forger des royaumes fiers et indépendants après la destruction de la capitale. Ils maintenaient encore l’ordre aujourd’hui. Un système de régence était régulièrement utilisé pour gouverner plus efficacement. Devant la déesse Hatira, les cadets nobles devenus adultes juraient avec leur sang allégeance et service à leur famille. Trahir cette parole était pire que la mort car chaque individu ne valait rien sans le reste de sa famille.
Les derniers rapports des éclaireurs laissaient Isold présager le pire, surtout que leurs nouvelles les plus fraiches dataient d’environ une semaine. À l’heure où il réfléchissait, la cité pouvait être déjà tombée. Les forces rassemblées par Sigfrid de Carfala n’étaient, certes, pas impressionnantes, mais ses machines de guerre démontaient petit à petit les murs de la ville. Il avait établi des points de contrôle le long de toutes les routes praticables permettant de ravitailler la cité. Quelques soldats fidèles avaient bien réussi les premières semaines à faire passer de la nourriture à l’intérieur d’Airilion mais à chaque fois les hommes du roi félon avaient fini par condamner les accès et éliminer les passeurs. On racontait que Sigfrid n’était rien avant la fondation de Carfala. Il aurait émigré, seul, d’un lointain royaume du sud où la tradition voulait que les femmes soient exclusivement au pouvoir. Fils d’une fille cadette, avide de titres et de fortune, avec pour seuls bagages son intelligence, son courage et son ambition, Sigfrid Valkrigen aurait alors voyager vers le nord et réussi à s’imposer et à se fondre dans la masse en adoptant les coutumes locales. Dernièrement, Isold avait entendu dire que Sigfrid projetait la conquête d’Airilion depuis longtemps et que sa force provenait de décoctions réalisées avec des corps d’enfants. Il s’agissait de rumeurs bien sûr mais il y avait sûrement du vrai dans les ambitions du jeune roi.
Isold savait que la seule chose à faire pour l’instant était de patienter et de conserver sous sa garde ce que Iecham lui avait confié : le royaume, des documents et sa fille Denia. En réalité c’est surtout pour la petite qu’Isold était autant investi dans la gestion d’Ectale. Il ne devait rien à Iecham qui n’était rattachée à sa famille que par les liens du mariage. En revanche, le sang de Karl coulait dans les veines de Denia et Isold voulait s’assurer qu’elle survive à cette période sombre de leur histoire familiale. Elle n’aurait jamais le bonheur de connaître son père, c’était donc à son oncle de prendre en main son avenir. C’était son droit et aussi son devoir. Iecham l’avait vite compris et avait rapidement laissé la petite aux mains de nourrices pour se consacrer à la vie politique d’Airilion. C’était l’enfant de la famille Lengfrid avant tout, et non de cette étrangère, certainement mal née, aux yeux étranges. Isold avait assisté au rapprochement de Karl et de Iecham au cours des années. Il avait aussi rencontré Sigfrid à plusieurs reprises et il ne comprenait toujours pas la magie dégagée par le trio. Ce dont il était sûr, c’est que tout cela n’allait pas bien finir pour leur famille. Il s’était opposé au mariage avec Iecham dès le début mais, en tant que cadet, Karl n’avait aucune obligation de l’écouter. Isold aurait pu porter l’affaire en justice mais cela aurait entaché leur nom et il connaissait trop bien son frère pour savoir qu’il n’aurait jamais cédé. Karl était attaché à Iecham et on ne pouvait rien y faire.
La première fois où l’étrange et sévère femme aux longs cheveux bruns s’était retrouvée seule face à Isold, il l’avait interrogée sur ses yeux, ce que la plupart des personnes qui lui parlaient ne faisaient pas. Les conseillers d’Éphraïm étaient intouchables et les interroger sur leurs particularités physiques était passible de la prison. Isold se souvint de ce moment d’excitation mais aussi de peur qu’il avait ressenti en lui posant la question. Elle attendait son fiancé dans le jardin en regardant, pensive, les fleurs. La couleur de ses yeux changeait pour imiter à la perfection les couleurs du parterre et toutes les nuances des végétaux.
- « Karl va arriver dans quelques instants, conseillère Iecham. ».
Isold s’apprêtait à se retirer rapidement lorsqu’elle l’interpella en souriant :
- « Vous ne m’aimez pas beaucoup, je crois, cadet Lengsfrid. ».
Le sourire de Iecham, déplacé tout comme sa déclaration, laissait transparaître au grand jour pour Isold toute la sournoiserie de cette femme.
- « Je n’ai pas à vous aimer, heureusement. Tant que vous vous comporterez correctement avec Karl, je resterai à ma place. Mais si votre cœur est aussi changeant que vos yeux je n’hésiterai pas à le prendre, tout cadet que je sois. On ne touche pas à mon sang. Par les Grands H, qui êtes-vous ? ».
Isold avait posé sa question sous le coup de la colère. Il l’avait retenue trop longtemps. Iecham se rapprocha de lui et ses yeux devinrent deux opales d’un blanc iridescent, une couleur qui se voulait apaisante pour Iecham mais qui pour Isold lui donnait plutôt un air inquiétant.
- « Je ne peux pas vous le dire, cadet Lengfrid, car vous n’êtes pas de mon sang. Mais Karl partagera peut-être ce secret avec vous. ».
La jeune femme lui fit un petit signe de la main et retourna s’asseoir sur le banc en l’ignorant effrontément. Isold savait que Iecham se moquait de lui et de ses traditions comme beaucoup de jeunes parvenus d’Airilion. Il avait entendu dire que les beaux-fils et les belles-filles devenaient parfois des membres à part entière de leur nouvelle famille grâce aux liens du mariage. Mais, pour Isold et la vieille génération, rien ne remplaçait le droit du sang.
Il fut tiré de ses pensées par l’arrivée de la principale nourrice en charge de Denia, maîtresse Mériana, formée au sein du temple d’Hierana, déesse de la nature et de la fertilité. La femme et l’enfant avaient mis beaucoup de temps pour arriver mais Isold compris pourquoi quand il les vit entrer lentement au rythme des pas de la petite âgée de trois ans. Denia avait dû faire un caprice et refuser d’être portée. Elle adressa un grand sourire à son oncle qui lui répondit de même en la prenant dans ses bras. « Ça, c’est un vrai sourire franche, pensa Isold, pas comme celui de sa mère. ». Il demanda à Mériana de préparer les affaires de la petite et de partir immédiatement. Une calèche les attendait avec un serviteur.
La maîtresse d’Hierana haussa les sourcils avec inquiétude :
- « Ce sera fait comme vous l’entendez seigneur régent. J’ai déjà pris mes précautions. Pensez-vous que ce soit la fin du royaume d’Airilion et que nous disposons de peu de temps ? »
- « D’autres éclaireurs devraient revenir bientôt mais je n’attends pas de bonnes nouvelles. La cité est peut-être déjà tombée à l’heure qu’il est. En tout cas, je ne prendrai pas de risques inutiles pour Denia. Les charognards seront nombreux. Il faut partir maintenant. »
Il mit la petite dans les bras de sa nourrice et l’embrassa sur le front. Il hésita mais il finit par donner à Mériana un petit sac :
- « J’espère qu’il s’agit de précautions inutiles et que je vais pouvoir bientôt vous faire rentrer à Ectale. Prenez aussi ces documents, sa mère veut qu’ils lui reviennent. »
La nourrice hocha la tête, s’inclina et sortit. Isold avait trop de respect de la parole donnée, même à Iecham, pour ne pas transmettre ces documents à Denia. Il ne connaissait par leur contenu car elle lui avait fait jurer sur Hatira de ne pas les lire. En mémoire de ce serment, elle avait noué un petit ruban violet autour de son poignet dans le temple. Il ne l’avait jamais vu aussi grave que ce jour-là. Ce serment était donc important.
Isold reçut ensuite sa fille Barnulf qui avait l’air particulièrement soucieuse. Elle commandait la garde royale depuis que Karl était au pouvoir. Iecham avait eu la bonne idée de continuer à se reposer sur le clan Lengsfrid pour gérer Ectale. Depuis le début du siège d’Airilion, elle utilisait son réseau d’informateurs pour recueillir les rumeurs qui emplissaient la cité et jauger le moral des habitants. Depuis plusieurs semaines déjà elle tenait régulièrement son oncle informé des agissements de la famille rivale des Lengsfrid : les Arkanza. Il avait déjà fallu les mettre au pas lors de la mort de Karl. Iecham, constamment absente pour diriger à Airilion, avait laissé Isold se débrouiller. L’occasion était trop belle aujourd’hui pour qu’ils restent dans l’ombre. Ils allaient forcément tenter un coup d’état en fonction de l’issue du siège. Isold jouait déjà avec le feu en restant à Ectale après le rapport catastrophique des derniers éclaireurs.
Barnulf fit son rapport de manière circonstanciée :
- « Ça s’annonce mal, père. Les éclaireurs ne sont toujours pas rentrés ? C’est bizarre, la cité semble calme mais les bas-fonds s’agitent. Les frères Arkanza rassemblent leurs hommes j’en mettrai ma main à couper. Ils doivent être mieux informés que nous. »
Isold prit son épée qu’il avait négligemment laissée sur un fauteuil pour la rattacher autour de sa taille. Il sortit de la pièce, Barnulf sur ses talons :
- « Il est possible qu’ils aient soudoyé les éclaireurs. Mes hommes mettent bien trop de temps pour revenir. Il faut précipiter notre départ, on ne peut plus rien faire ici. »
Barnulf secouait négativement la tête :
- « C’est chez nous ici. C’est notre cité. Pourquoi devrait-on fuir devant les Arkanza ? Ils n’ont aucune légitimité. Nous avons des hommes fidèles. »
- « Les Arkanza auront la légitimité que leur apporteront nos têtes sur un plateau : celles des derniers membres de la famille Lengsfrid. Ne comprends-tu pas, ma fille ? La capitale Airilion est tombée et jamais notre famille ne prêtera allégeance à Sigfrid le félon. Si les Arkanza ne nous poussent pas du trône maintenant, ce sera le cas dans quelques mois lorsque Sigfrid sera devant nos portes avec la puissance d’Airilion, de Carfala et de tous les vassaux qui auront décidé de se joindre à lui. Iecham le savait aussi puisqu’elle a organisé la fuite de Denia. Elle est probablement morte à l’heure qu’il est. Il n’y a pas d’autre solution, pour l’instant en tout cas. Il faut que nous soyons prudents et discrets pour survivre. Nos hommes auront un nouveau souverain, et s’ils sont fidèles comme tu le dis ils seront là pour nous accueillir lorsque nous reviendrons, victorieux. Va chercher ton grand-père maintenant, je te ferai sceller un cheval dans l’écurie. Nous nous retrouverons comme convenu au point de rendez-vous. Denia et sa nourrice y seront déjà. »
Il prit la main de sa fille un court instant puis la laissa partir dans une autre direction au bout du couloir. Il se dirigea vers le bureau de son principal conseiller et lui ordonna de mettre leur plan de fuite en route. Ce dernier s’inclina bien bas, remis une petite cassette à Isold et sortit du bureau pour se diriger vers la salle des archives. Isold descendit directement à l’écurie où il ordonna qu’on lui scelle deux chevaux. Il ne s’agissait pas de son palefrenier habituel mais il était trop pressé pour se soucier de ces détails. Il grimpa prestement et partit au galop. Il entendit avec satisfaction les cris des serviteurs qui signalaient l’incendie qui avait commencé dans la salle des archives. Cela devrait lui faire gagner un peu de temps.
Isold attendit longtemps devant le bassin vide du dieu Huchepta, le point de rendez-vous qu’ils avaient fixé pour se rejoindre avec Barnulf. Il s’agissait d’un temple abandonné par les fidèles parce que le lac était à sec depuis des décennies. Lorsque l’aube pointa, Isold sentit diminuer en lui tout espoir de revoir son père et sa fille. Ils auraient déjà dû être là. Si ce n’était pour Denia, il serait retourné à Ectale pour confronter les frères jumeaux et rejoindre le reste de sa famille dans le néant. Mais il devait survivre pour la petite. Il fallait qu’il soit là pour lui parler des Lengsfrid, pour l’entraîner à devenir forte, pour qu’elle puisse réclamer ce que son sang méritait.
_____________
Denia suait à grosses gouttes mais les travaux de force ne lui faisaient pas peur. Elle était en train de rentrer du grain dans la grange pour reconstituer les réserves de nourriture de leur ferme avant l’hiver. Elle s’était très rapidement habituée aux labeurs du monde agricole. Il faut dire que l’apprentissage prodigué par son oncle lui avait rapidement appris à devenir coriace et à se débrouiller toute seule. Entre les entraînements quotidiens au combat, à la course ou encore au camouflage il n’y avait pas eu beaucoup de moments de repos. Depuis la mort de sa tante Mériana, il n’y avait plus personne pour s’opposer à son oncle et faire ralentir la cadence infernale des cours. C’est Isold qui lui avait aussi appris à écrire et à compter. En revanche, c’est Mériana qui l’avait initiée à la religion et qui lui avait montrée les ressources dont regorgeait la nature : faune, flore et minéraux. Denia sourit en se remémorant la mine agacée de son oncle lorsque sa tante lui faisait cours. Il avait été plus conciliant après que Mériana ait soigné avec des cataplasmes une mauvaise blessure qu’il s’était faite en coupant du bois. Il n’avait plus considéré ces moments d’échange avec sa tante comme des périodes récréatives.
Étant enfant, Denia voulait aller à l’école avec les autres et se faire des amis, mais Isold avait toujours refusé, prétextant que sa vie ne se trouvait pas dans le village d’Auburn. Denia avait rapidement compris que leur situation n’était pas celle d’une famille normale. Elle observait parfois discrètement les autres enfants. Ils riaient, jouaient et apprenaient ensemble. Denia ressentait de plus en plus la solitude en grandissant et elle voulait comprendre pourquoi. Isold et Mériana ne lui avaient pas caché qu’ils n’étaient pas ses vrais parents mais elle ne savait pas ce qui s’était passé.
Aujourd’hui c’était son vingtième anniversaire, le passage à l’âge adulte. Mériana lui avait raconté en détails la cérémonie qui est célébrée à cette occasion par chaque famille en l’honneur d’Hiridiou, dieu de la connaissance, car désormais leur enfant entre dans l’âge de raison. Il n’y aurait pas de cérémonie pour elle aujourd’hui, mais un cadeau plus important. Elle était anxieuse, car son oncle qui s’était toujours comporté comme une pierre tombale face ses questions avait décidé qu’elle était désormais assez grande pour y répondre. Il lui avait même dit qu’il attendait spécifiquement l’âge de la maturité pour lui raconter « le désastre familial » qui les avaient fait échouer tous les trois dans cette petite ferme isolée.
Denia se dépêcha de terminer ses corvées. Les sacs pesaient lourds mais elle arrivait tout de même à les soulever sur de courtes distances. Isold lui donnait des choses difficiles à faire mais jamais rien d’insurmontable. Bien que sa musculature soit très développée, elle était de petite taille et n’espérait guère grandir davantage désormais. Cela l’obligeait à sauter dans le chariot pour aller chercher les sacs du fond. Ça ne la gênait guère, elle avait beaucoup de mal à tenir en place et à faire les choses lentement. Isold lui disait souvent que ce n’était plus de son âge de courir et de faire des cambrioles comme un enfant mais elle n’y pouvait rien : ses jambes avaient besoin de bouger. Denia remit une mèche brune qui la gênait derrière ses oreilles et déchargea le dernier sac. Elle rentra en courant à la ferme et monta dans sa chambre. Isold rentrerait bientôt de sa corvée de bois, elle essayerait d’attendre qu’il retire ses chaussures avant de lui sauter dessus pour lui poser des questions. Elle saisit le petit miroir qu’on lui avait offert pour ses quinze ans et s’assit sur le rebord de la fenêtre. Ses jambes se mirent automatiquement à se balancer en rythme. Il n’était pas question de se présenter devant son oncle avec de la paille dans les cheveux. Elle était bien contente d’avoir pris la décision de couper sa crinière cet été. Mériana s’y était toujours opposé de son vivant, appréciant coiffer la longue chevelure de sa nièce le soir. Denia avait gardé ses cheveux longs quelques années après la mort de sa tante pour lui rendre hommage mais elle avait passé le cap pour sa vingtième année. Sa coupe au carré était plus courte sur la nuque que sur le devant du crâne. Elle aurait pu passer pour un garçon de dos, mais elle avait gardé des mèches de cheveux plus longues devant, et elle en avait tressé certaines pour qu’elles la gênent moins. Isold l’avait félicitée pour sa nouvelle coupe de cheveux, il ne pouvait plus la battre en duel en attrapant sa queue de cheval. Deux grands yeux noirs surexcités la contemplaient dans le miroir, au milieu d’un visage ovale, bien proportionné, au teint mat. Ses lèvres très fines passaient inaperçues sauf lorsqu’elle souriait.
Denia sauta du rebord de la fenêtre en entendant son oncle rentrer. Elle essaya de compter jusqu’à cent avant de descendre, en entrechoquant ses pieds, un exercice qu’elle pratiquait depuis l’enfance pour se forcer à la patience. Mais il s’agissait d’un jour trop particulier. Elle ouvrit la porte avec fracas et dévala les escaliers en courant. Isold était en train de retirer ses chaussures. Il y avait un drôle de paquet sur la table devant lui. Denia ne le reconnut pas, et pourtant elle pensait connaître tous les objets de leur petite maison.
Isold hochait la tête avec agacement :
- « Tu ne tiens pas en place alors que tu rentres dans l’âge de raison. Tu ne pouvais pas me laisser rentrer tranquillement à la maison hein ? De qui tiens-tu par les Grands H ? »
Denia se mettait sur la pointe des pieds puis retombait sur ses talons en fixant le paquet. La jeune fille ne se rendait même pas compte qu’elle bougeait constamment :
- « Tu vas me le dire aujourd’hui justement. C’est mon cadeau d’anniversaire ? », dit-elle en pointant du doigt le colis.
Isold soupira et hocha la tête tout en continuant à retirer ses chaussures :
- « Oui c’est pour toi, tu parles d’un cadeau. Prépare du thé, nous allons en avoir pour longtemps. »
Les yeux de Denia brillaient d’excitation. La jeune fille se précipita pour faire bouillir de l’eau et sortir le matériel nécessaire. Chaque mouvement rapide et vif pouvait laisser présager le pire pour la vaisselle, mais c’était sans compter sur l’adresse de la jeune fille qui lui permettait toujours de rattraper à temps un objet en péril. Elle prit les tasses et leurs soucoupes de ses deux mains fermes et alla du vaisselier à la table de la cuisine à cloche-pied, comme elle aimait le faire étant enfant. Elle avait un rire clair, plein d’espoir en l’avenir. Isold la regarda avec tendresse en profitant de ce dernier moment d’insouciance avec celle qu’il avait élevé comme sa propre fille pendant dix-sept ans. Il était temps maintenant de lui révéler son identité et la triste histoire de ses parents.
Quelques remarques sur la forme :
"Sigfrid Valkrigen aurait alors voyager" (voyagé)
"cette étrangère, certainement mal née, aux yeux étranges" Il y a une répétition et pourtant j'ai beaucoup aimé ce passage. Je sais bien que ce sont les yeux de Iecham qui sont étranges, mais avec la description qui précède, ça me renvoie aussi aux yeux qui doivent être portés sur elle. Que ça me renvoie à ce double sens me plaît !
"c’est un vrai sourire franche" (franc)
"Mériana lui avait raconté en détails la cérémonie qui est célébrée à cette occasion par chaque famille en l’honneur d’Hiridiou, dieu de la connaissance, car désormais leur enfant entre dans l’âge de raison." Je ne comprends pas trop ce retour au présent...
Effectivement, le point de vue de Denia est celui qu'on suit à 80% du temps, même si je fais parfois des petites incursions du point de vue d'autres personnages (surtout Askan). Et tu as bien raison, elle n'a pas fini de sauter partout et d'en faire qu'à sa tête !
A bientôt j'espère. Iecham
Trop chouette ce chapitre, ce mélange entre passé et présent est vraiment bien fait!!
A part ça, on reste sur notre faim, on a trop hâte de savoir ce qui va se passer!
Le personnage de Denia est tout de suite très attachant, bref, tout ça est très prometteur!
Bon courage et à bientôt!
Ma timeline est peut-être un peu trop compliquée, je vais essayer de mieux mettre en évidence les différences de temporalité :
- Prologue : chute d'Airilion, Denia a 3 ans
- Chapitre I : 22 ans après la chute d'Airilion, Askan a 20 ans et Denia 25 ans
- Chapitre II : je fais un retour en arrière, on est 17 ans après la chute d'Airilion, Denia a 20 ans (donc Askan 15 ans à ce moment-là mais je ne parle pas de lui dans ce chapitre).
La timeline est plus simple ensuite, il s'agit toujours de celle du chapitre I, Askan 20 et Denia 25 ans :) Tu comprendras un peu plus tard pourquoi j'ai voulu procéder de cette manière au début ;)
Tu as l'œil pour les chiffres ! Merci pour ta question qui me montre que je dois mieux préciser la temporalité ;)
A bientôt,
Iecham.
Trop hâte d'avoir la suite!