Tanwen marcha encore de longues minutes jusqu’à s’arrêter devant une maison en ruine. Les poutres en bois rongées par le temps peinaient à retenir une charpente en miette. La toiture en chaume était trouée et l’escalier en bois permettant d’accéder à l’étage n’existait plus. Tanwen utilisa une échelle gisant à côté pour grimper. Avec l’aide de Finn, ils avaient aménagé l’étage de manière à le rendre habitable. Chacun y occupait une chambre et ils disposaient même d’un cagibi, où ils pouvaient y stocker des objets en commun. Ce n’était pas aussi confortable que la vie qu’ils avaient connue tous les deux dans l’orphelinat de tante Marta, mais on y avait plus de place. Tanwen s’écroula sur son lit en soupirant et regarda les étoiles, qu’elle pouvait apercevoir à travers les trous dans la toiture. Elle souhaitait souvent que les choses changent, et qu’enfin la vie à Derios devienne plus plaisante. En particulier pour les enfants qui avaient été livrés à eux-mêmes. Parfois, elle s'imaginait à la tête de son groupe de voleurs en essayant de reconstruire le quartier de ses mains et non de le mettre à feu et à sang comme le faisaient trop souvent les Kléptars. Comme à chaque nuit, elle finit par s’endormir en rêvant de sa ville qu’elle aimait et de comment la changer.
La matinée était déjà bien avancée lorsqu’elle rejoignit Boris. Ce dernier l’attendait d’un air grave devant la Coupe Pleine en vérifiant l’état de son glaive. Ce n’était pas quelqu’un de très bavard et Tanwen doutait qu’il ait déjà enchaîné plus de trois mots les rares fois où elle était partie en mission avec lui. Elle savait simplement qu’avant de faire partie des hommes de main de Lucio, Boris avait été dans l’armée du Roi pendant plusieurs années.
Elle regrettait parfois de servir un homme aussi méprisable que Lucio. Elle et Finn s’étaient fait une réputation au sein du quartier des tisserands à force d’enchaîner les petits larcins. Il leur fut proposé à tous deux de travailler pour les Kléptars. Finn refusa catégoriquement alors que Tanwen y vit au contraire l’occasion de se faire une source de revenu plus stable que le cambriolage. Certes, Lucio était une raclure, mais il payait bien.
Après avoir vérifié leur équipement, ils se mirent en marche vers des quartiers plus élevés de Dérios. L’homme qu’ils devaient brutaliser était un forgeron tenant une modeste échoppe avec l’aide de sa famille. Ce dernier était un fournisseur régulier des Kleptars qui ne souhaitait vraisemblablement plus avoir affaire à eux. Tanwen n’aimait pas ce genre d’action coup de poing. Elle espérait que simplement en mentionnant le nom de leur mandataire et en détruisant deux ou trois bricoles, le message passerait. Ils arrivèrent en vue de l’échoppe, Boris entra en ouvrant la porte avec fracas et Tanwen s’engouffra à sa suite. Quelques clients étaient présents en train d’examiner les armes exposées sur des râteliers ou patientant le temps de récupérer une commande. Boris leur lança un regard noir et frappa du pommeau de son glaive une étagère en bois qui se fissura, faisant tomber une collection de clefs métalliques. Comprenant à qui ils avaient affaire, les clients déguerpirent en vitesse vers la sortie, les laissant seuls avec une femme paniquée qui disparut dans l’arrière-boutique. Boris continua à renverser les meubles qui se trouvaient à sa portée et Tanwen donna un coup de pied dans un râtelier d’armes qui s’écroula. Un homme petit et musclé qui devait avoir dans la trentaine déboula dans la boutique en criant :
— Arrêtez ! Que faites-vous ?
Pour toute réponse, Boris lui lança une pièce en argent percée de trois trous en son centre. Le symbole utilisé par les Kleptars lorsqu’ils signaient leurs actions.
— C’est Lucio qui vous envoie ? Cela ne sert à rien, je lui ai dit que je ne souhaitais plus travailler pour lui !
Boris prit alors une dague qui était tombée d’un râtelier et la lança dans sa direction. Elle se planta dans le mur en bois à quelques centimètres de son visage.
— Vous n’impressionnez personne, et certainement pas moi ! Partez d’ici et dites à votre maître que c’est terminé !
Boris s’avança et le saisit par la tunique en le fixant du regard. Le forgeron afficha un air encore plus déterminé et ne détourna pas les yeux. Au même moment, un garçon armé d’une épée entra dans la pièce en criant :
— Lâche-le !
Boris, surpris, lâcha l’homme, sans parvenir à s’écarter assez vite et l’enfant lui entailla l’avant-bras.
— Sale morveux !
Ça fait deux mots de plus, pensa Tanwen. Boris était fou de rage et d’un coup de glaive, il envoya valser l’arme du garçon à l’autre bout de la pièce. Alors qu’il s’apprêtait à donner un second coup, Tanwen l’arrêta net en attrapant son bras. Elle ne voulait pas avoir la mort d’un enfant sur la conscience.
— À quoi tu joues ? Lui dit Boris furieux.
Elle n’eut pas le temps de répondre qu’une voix retentit depuis l’entrée de la boutique :
— J’allais te poser la même question.
Elle se retourna en s’attendant à apercevoir des gardes, mais vit deux hommes en armure portant une large cape noire et un glaive à la ceinture. Ils avaient une épaulette particulière affichant des visages tristes qui marquèrent l’attention de Tanwen. Elles ressemblaient fortement à celui figurant sur la broche qu’elle avait trouvée la nuit dernière. Le forgeron profita de l’effet de surprise pour tirer son fils par le bras et le mettre à l’abri derrière lui.
— Ne vous mêlez pas de ça, leur lança Boris.
L’un des hommes s’avança. Il avait des cheveux blonds et des yeux bleus perçant, qui scrutaient la pièce dans ses moindres recoins. Son collègue était plus âgé, il avait une fine barbe grisonnante et plusieurs cicatrices sur le visage. Au premier regard, Tanwen comprit que c’était un combattant aguerri ayant survécu à de nombreux combats. Son visage sérieux et son air supérieur ne lui plaisaient pas et provoquaient chez elle une forme d'irritation inexplicable. Elle savait déjà qu’elle ne l’appréciait pas.
— Nous sommes venus chercher une commande d’épées auprès de ce forgeron, répondit le premier garde. Et il serait regrettable que ce dernier ne soit plus en état de nous la fournir.
— Parfait ! Venez donc la chercher.
Boris s’élança, glaive en avant. Tanwen soupira, elle n’allait pas pouvoir échapper au combat. Elle dégaina un couteau et le lança vers l’homme resté près de la porte d’entrée. Il ne l’esquiva pas assez rapidement et la lame se planta directement dans l’un des creux de son armure, lui arrachant un cri de douleur. Elle ramassa alors une hache tombée d’un établi et se jeta sur ce dernier qui para son arme avec son glaive. Boris, quant à lui, avait entrepris une passe d’armes avec le soldat blond et l’assénait de coup avec rage. Mais celui-ci était bien meilleur bretteur. Après plusieurs échanges, il esquiva sa lame et en profita pour lacérer avec la sienne le ventre de Boris qui s’effondra. Tanwen continua de donner des coups de hache sans parvenir à percer la garde de son adversaire qui l’envoya valdinguer d’un coup de pied bien placé. L’homme bondit sur elle et la maintint au sol. Tanwen avait beau se débattre de toutes ses forces, elle n'arrivait pas à se libérer de son emprise. Il leva son arme et il s’apprêtait à l’achever quand son compagnon cria :
— Attends !
Il tenait entre ses mains la broche dorée qui était tombée de sa poche durant sa chute.
— Où as-tu eu ça ? Dit-il en s’adressant à elle.
Profitant de la distraction, elle se releva en donnant un coup de boule à son adversaire, ramassa une épée qui traînait par terre et recula prudemment en faisant face aux deux hommes. Elle regarda le corps sanguinolent de Boris puis la porte d’entrée avant de rabattre son regard sur les hommes qui lui faisaient face. Si je suis assez rapide, je devrais pouvoir passer, pensa-t-elle. Alors qu’elle s’apprêtait à courir, un objet lourd la frappa à la tête et elle s’écroula. Sa vision devint trouble et elle n’aperçut que le visage du forgeron qui affichait un air satisfait, une massue en bois dans les mains.
Déjà, très bon chapitre. Fluide. Court. Même si je m'y perds un peu dans l'action. Faire quelques saut à la ligne permettrait sans doute de mieux aéré.
Juste une coquille.
Tanwen s’écroula sur son lit en soupirant et regarda les étoiles qu’elle pouvait apercevoir à travers les trous dans la toiture.
Une virgule ne serait pas de trop.
Bref, hâte de lire la suite de l'aventure de Tanwen.
PS : j'suis content pour le forgeron, pour une fois, la victime se venge
J'ai rajouté une virgule. J'ai en effet peu tendance à prendre en compte la ponctuation et encore moins les sauts de lignes dans mes textes. J'imagine que c'est moins bien adapté pour une lecture sur écran :)
Ce chapitre est très intéressant. De l'action avec Tanwen. Un retournement avec le symbole de la broche.
Les descriptions sont pas trop nombreuses pour qu'on comprenne bien qu'elle est la situation de Tanwen et sa personnalité.
pas de remarque sur des fautes cette fois aha :)
Je continue
J’ai adoré ton chapitre. Il y a de l’action, de la méchanceté, un mort et de la fourberie. Que du bonheur ! J’ai trouvé ton texte très fluide.
Tu pourrais parler des odeurs de l’armurerie où du bruit quand les armes s’entrechoquent. Je trouve que ça donne plus de vie au récit.
Encore bravo à toi !
Zao
Eh oui, tu auras enfin eu une scène d'action entre toutes les scènes de descriptions. Malheureusement pour ne rien te cacher les chapitres suivant reprendront une tournure plus descriptive ( mais il y aura de la bagarre promis :)
En tous cas merci pour ton retour