Chapitre II - La Tour au clair de lune - Nora

Notes de l’auteur : Bonjour, j'espère que cette petite scène vous plaira (comme promis, c'est moins long que le Pavement des Enfers)
Dans ce chapitre, les intrigues du récit vont commencer à apparaître au fil des scènes de chaque personnage, et cela nous donnera l'occasion de découvrir chaque classe de chasseurs. Nous commençons avec les chasseresses, à savoir Nora et les Vipères, puis la semaine prochaine portera sur Konrad et les Aigles (une classe bien plus masculine). J'espère que chacune d'entre elles vous plairont.
N'hésitez pas à commenter ou en parler autour de vous.
Portez-vous bien, à la semaine prochaine.

« Depuis ce château isolé du monde, nous protégerons les nôtres de tous les maux, toujours dans leur ombre, et même jusqu’au fond s’il le faut. Il n’y a pas d’autre place pour un chasseur. […] Oui, un château à flanc de montagne. Parce que la mission du RFA ne mérite pas moins, parce que nos chasseurs auront besoin d’un refuge dans ce monde de fous, parce qu’un déluge viendra s’y abattre un jour. »

 

Emil s’adressant au comité d’architecte à propos de la future citadelle du RFA, 1871.

 

Dressée sur les pentes du Wildspitze, la jeune citadelle de la Mondlicht-Turm devait d’abord son nom à la pierre immaculée de ces deux imposants donjons, si blanche qu’elle les drapait d’un halo blanc chaque nuit.

 

En cette fin de décembre 1878, ses beffrois se confondaient presque dans le paysage tant ils frôlaient le pic enneigé, à 3 500 m d’altitude, si hauts que Nora eut du mal à croire cet exploit possible en sept ans. Pourtant le LM permettait bien des choses, il transformait le moindre ouvrier en bête de somme sur près de dix-huit heures par jour, avec l’enthousiasme en prime. Toutefois le plus stupéfiant restait encore le secret de cette construction, réalisée au fond d’une vallée complètement isolée par quelques milliers d’ouvriers fidèles, tous liés au Département Impérial par contrat à vie. Sur les directives d’Emil, les architectes du RFA bâtirent ainsi l’un des plus grands châteaux des Alpes, capables de loger un millier de résidents si l’on prenait en compte ses tunnels. Bien sûr, Nora fut surprise de découvrir autant d’élégance dans cette base militaire secrète si moderne, toutefois le directeur n’avait pas insisté pour cela sans raison. Au-delà de ses goûts personnels, il avait souhaité bâtir un véritable refuge pour ses chasseurs, un lieu à la fois inspirant et bien protégé par ce mur assez haut pour contrôler toute la circulation avec l’extérieur.

Et il semblait avoir réussi son pari à voir les visages des compagnons de Nora, réjouis d’apercevoir les drapeaux du RFA flotter sous les derniers rayons du jour, par-delà cette rampe de terre menant au corps de garde. Car si la Mondlicht-Turm pouvait paraître austère aux yeux d’un visiteur, elle était un véritable foyer pour ses chasseurs. Le 1er quatuor était d’ailleurs de garde sur les remparts, prêts à interpeler Othon dès son retour comme de vieux amis pendant que les soldats s’empressaient d’aller ouvrir la porte. Nora se sentait soulagée de rentrer elle aussi, surtout sous un accueil si chaleureux, mais un uniforme attira soudain son regard tandis qu’elle galopait derrière ses camarades, celui d’une grande chasseresse blonde à l’air hautain. Elle ressemblerait presque à Undine, songea-t-elle en dévisageant la 1ère Vipère au point de repenser à l’une de ses meilleures amies d’enfance, cette adorable petite peste toujours en train d’imaginer leur prochaine bêtise, elle faisait la paire avec Maria et ses caprices de princesse. La plupart du temps, Nora se contentait d’assister les mauvais tours de ses aînées, en profitant bien de la position sociale des deux petites terreurs du plus beau quartier de Cracovie. Maria était la fille unique d’un puissant aristocrate, Undine était l’aînée du plus riche bourgeois de la ville, là où le père de Nora avait officié comme homme de main au service de ces deux-là. Alors personne n’aurait osé lever la main sur elles ni les gronder trop fort par peur des mensonges qu’elles pouvaient aller raconter à leurs paternels. Car Maria comme Undine étaient des menteuses effrontées, assez audacieuses pour préparer leurs belles excuses puis les envoyer dans les dents de leurs parents hésitants. Heureusement que nous n’étions pas très cruelles, sourit-elle en repensant à leurs mauvais tours auprès des honnêtes gens, à ces chantages ridicules envers les commerçants, à ces lettres volées au postier puis rendues déjà ouvertes aux destinataires, il y avait de quoi s’énerver parfois

Mais c’était le bon temps, se lamenta Nora en baissant la tête, pensive au point de presque sursauter quand les gardes acclamèrent le passage d’Othon sous la porte comme il se doit.

— Die RFA ist da !! tonnèrent-ils tous ensemble, au point d’en faire rire les compagnons de Nora.

— Ça fait du bien de rentrer chez nous, les gars ! Vous avez pas pourri mes putains de tapisseries, j’espère ? ironisa Othon à ses hommes, dont le 1er Ours qui s’avança pour lui répondre en souriant.

 — Undine ne l’aurait pas permis !

— Ou elle leur aurait fait regretter ! se contenta de répondre l’instructeur avant de se tourner vers le 3ème quatuor, sans prêter attention aux airs abasourdis de Nora. Bon, je vais laisser Sigi vous ramener aux écuries, vous connaissez la route. Je vais aller déconner avec cette bande de joyeux lurons pour ma part, mais vous, vous devez passer chez les savants pour la petite visite médicale avant le quartier libre. Nora, tu dois aller dans les bureaux de la bande à Friedrich, c’est pas le même endroit pour les Vipères. Tu saurais y aller toute seule ou Yazmina t’accompagne ?

— Euh — je vois où ils sont, mais je ne suis pas sûre de savoir comment remonter là-haut, reconnut-elle en désignant du regard le 25ème étage de la citadelle, là où les deux grands donjons commençaient à s’élever par-dessus le reste du complexe.

Depuis son arrivée par le quai souterrain, Nora n’avait presque pas quitté le petit quartier d’observation des scientifiques, puis celui des Vipères situé quelques couloirs plus loin.

Une fois sa fidèle jument confiée aux palefreniers de l’écurie réservée aux chasseurs, elle monta donc avec ses compagnons dans l’ascenseur électrique, avant de suivre son instructrice dans les corridors du château. La jeune chasseresse n’eut d’ailleurs aucun chagrin à saluer ses camarades du 3ème, tant elle restait impatiente à l’idée de retrouver sa vieille amie, une fois cette fichue visite médicale terminée. Comme toutes les autres Vipères, elle détestait les examens interminables de ces savants qui lui posaient toujours les mêmes questions, après chaque entraînement ou opération. Si cela prenait un simple quart d’heure pour les autres chasseurs, Nora devait endurer plus d’une heure de tests ennuyants, avant d’aller manger ou déposer son barda. Par chance, Yazmina se proposa de le porter dans sa chambre, toutefois ça ne changeait rien au vrai souci de la jeune chasseresse. En revanche, ce devait être la première fois que son instructrice lui proposait un coup de main, et son premier mot depuis leur sortie de l’ascenseur.

Alors Nora décida de saisir l’occasion de lui poser quelques questions, notamment celle qui la hantait depuis son arrivée.

— L’Undine dont parlait le 1er Ours, tu connais son nom de famille ?

— Elle se fait appeler Strässer par les officiers, mais ce serait celui de son beau-père. Son nom de naissance est d’origine polonaise, je n’en suis pas certaine, reconnut-elle lorsque son élève lui suggéra la réponse : Dembowska ? Tu la connais ?

— C’était ma meilleure amie quand nous étions petites ! se réjouit-elle sous les airs abasourdis de Yazmina, assez surprise pour en faire ricaner Nora. Elle vous cause tant de soucis que ça ?

— Non, non… Elle est même très appréciée par les autres, mais elle a son caractère, résuma-t-elle d’un air timide, presque gêné là où sa collègue n’hésitait pas à dire les mots : elle n’était pas méchante dans mes souvenirs. Je veux bien te croire… enfin, le bureau de Friedrich est au bout du couloir à droite. Si tu ne l’y trouves pas, demande à l’un de ses assistants ou son secrétaire, il y aura forcément quelqu’un. Bonne soirée, expédia-t-elle avant de partir presque dans la foulée, dès que Nora lui renvoya la salutation.

Elles n’ont pas l’air de bien s’entendre, comprit-elle en regardant son instructrice disparaître à la prochaine intersection, même si elle n’en était pas étonnée vu le caractère très doux de Yazmina, elles doivent se détester en fait.

Pourtant cela rendait la jeune chasseresse encore plus impatiente à l’idée d’expédier cette visite médicale, alors elle s’empressa d’aller frapper à la porte du bureau où elle trouva Friedrich sur le point de sortir. Ce dernier semblait débordé par les innombrables recherches du RFA, beaucoup trop pour superviser les examens de sa dernière recrue, malgré son intérêt sincère pour le programme Vipère. Egbert va s’en occuper, j’étudierai tes résultats ce soir, lui promit-il en fermant la porte derrière lui pour appeler l’un de ses collègues, puis le charger d’accompagner Nora en salle d’examen. Ça commence bien, s’agaça la jeune chasseresse pendant qu’elle suivait le savant en silence, dans ce labyrinthe de petits couloirs jusqu’à un autre bureau où discutaient plusieurs scientifiques. Ces derniers la guidèrent ensuite vers une grande pièce séparée en deux par une verrière, derrière laquelle Egbert prit place tandis que ses collègues s’occupaient de préparer leur patiente. Dépêchez-vous de bosser, s’agaçait-elle en silence, allongée sur le lit au milieu des chariots et des énormes appareils montés sur roulettes amenés par les savants, sans que ça les décourage de jacasser sur leurs petites querelles carriéristes.

À son grand soulagement, Egbert prit bientôt la parole à travers le tube acoustique pour démarrer sa liste de questions futiles, au point de finir par pousser la Vipère à vouloir abréger.

— Considérez que tout est normal. Pourrions-nous passer à la seconde partie du questionnaire, s’il vous plait ?

— Non, le moindre détail pourrait être crucial. Reste concentrée, lui asséna Egbert avant de reprendre sans tarder. As-tu ressenti des sensations particulières lorsque tu as consommé l’aliment sucré de ta ration ?

— Non, mais ce n’était pas très bon si ça peut vous consoler.

— Très bien, aucune sensation avec l’aliment salé ? continua-t-il sans même prêter attention aux commentaires de sa patiente, à peine à sa énième réponse : non. Aurais-tu fait des rêves ou des cauchemars cette nuit-là ?

— Oui.

— Pourrais-tu les décrire ?

— Non.

— … Ne commence pas à gaspiller notre temps, nous aussi nous préférerions faire autre chose que discuter avec un chasseur. Cet examen est obligatoire, que tu le veuilles ou non. Nous n’avons pas envie de passer à la contrainte, s’agaça Egbert devant les soupirs consternés de Nora, obligée de raconter un rêve frivole et sans importance.

D’une certaine façon, il y avait une forme d’humiliation dans les insistances des scientifiques, dans le ton de leurs questions déjà trop intrusives pour être prises avec le sourire, et cela depuis le premier jour.

Au début, Nora résistait parce qu’elle croyait avoir été choisie comme souffre-douleur, toutefois leur mépris dissimulé ne lui paraissait pas destiné en particulier, comme s’ils détestaient les chasseurs dans leur ensemble. À entendre les divers sous-entendus de ses compagnons du 3ème quatuor, cette détestation semblait d’ailleurs réciproque, mais la jeune chasseresse n’en comprenait pas les raisons originelles. Ce n’était ni une question d’autorité ni un simple rejet des programmes de recherches, car Friedrich ou les officiers d’Ulrich ne semblaient pas mis dans le même panier — ou du moins, pas de la même manière. Il a dû se passer quelque chose, ils n’ont pas pu être toujours aussi chiants, soupira-t-elle en répondant à la dernière question de la liste, avant de passer à la partie la plus dérangeante de ce test, à savoir une auscultation générale. Afin de déceler une éventuelle mutation, le RFA devait vérifier chaque os de sa précieuse Vipère, scrutait le moindre centimètre de sa peau jusqu’au cuir chevelu. Par chance, les collègues d’Egbert n’étaient pas des pervers, seulement se dévêtir pour une palpation générale restait désagréable, même avec tout le sérieux du monde. Avant qu’elle ne se rhabille, ils en profitèrent pour lui attacher des capteurs à divers endroits du corps, sur la peau de sa nuque ou en sonde intraveineuse. Tout cela servait bien sûr à l’ultime phase du bilan médical, la plus importante et la plus complète, à savoir l’analyse du LM et des échos de la Vipère. Grâce à des sons ou des odeurs particulières, en ordonnant à la patiente de concentrer son sixième sens ou plutôt de sommeiller, les savants pouvaient exciter la molécule puis mesurer les ondes émises. Là encore, il n’y avait rien d’anormal, le corps de Nora s’adaptait parfaitement à sa nouvelle condition, alors cette dernière se sentait d’autant plus agacée d’avoir à subir des prises de sang.

Après une bonne heure de calvaire, elle ressortit donc de la salle d’examen avec un gobelet à remplir d’urine avant demain matin, mais il y avait bien plus agaçant à ses yeux. Il est déjà 20 h 30, pensa-t-elle en hâtant le pas vers le réfectoire des chasseurs où elle espérait croiser Undine après son tour de garde, elle mangera peut-être en retard elle aussi. Si elle se dépêchait, la jeune chasseresse aurait même l’occasion de rencontrer les trois autres membres du 1er quatuor, de véritables champions aux yeux de leurs compagnons. Karl, le 1er Ours, avait d’ailleurs paru plutôt sympathique et enthousiaste, ça n’avait rien à voir avec Siegfried et son air de chien battu. En plus, le 1er Aigle avait l’air mignon, souriait-elle en se demandant si sa vieille amie ne lui avait pas déjà mis le grappin dessus, lorsqu’elle finit par entendre l’écho des couverts au loin, il n’était pas trop tard.

Mieux, Undine était juste là, seule au milieu du couloir devant la porte de la cantine où elle revenait, une opportunité de retrouvailles idéale en somme.

— Dinia ! lança Nora d’une voix si enthousiaste que son amie sursauta en entendant son surnom d’enfance. Tu te souviens de moi ?

— Oui, je m’en souviens, mais ça fait près de quinze ans alors évite de m’appeler comme ça. Je ne suis plus la petite fille que tu as connue, je suis la 1ère Vipère désormais, lui asséna Undine avant de rentrer dans le réfectoire sans un regard en arrière, là où la jeune chasseresse restait abasourdie, choquée.

— Elle est adorable, n’est-ce pas ? Elle donnerait presque envie de la suivre, ironisa soudain une voix féminine dans son dos, celle d’une grande rousse aux yeux verts, une Vipère elle aussi. Je m’appelle Elvira von Oersen, je suis la 2de, mais je te rassure, je n’ai pas l’ardeur d’Undine, lui sourit-elle malgré les airs toujours dépités de Nora.

— Je m’attendais à un autre accueil, nous étions amis il y a longtemps…

— Tu dois être Nora Vanska. Elle m’a déjà parlé de toi, et ce n’était pas en mal si cela peut te consoler. Elle n’est pas toujours comme ça, n’y prête pas attention. Tu n’as pas encore mangé, si ?

— Non, j’étais retenue par la visite médicale, ils ont pris leur temps…

— J’imagine bien, tu n’es pas la seule à te plaindre de ces connards ! plaisanta-t-elle avec assez d’enthousiasme pour redonner le sourire à sa collègue, avant de tourner son regard vers le réfectoire et ses tables à moitié vides.

— Tu n’aurais pas vu Siegfried par hasard ? demanda-t-elle en espérant pouvoir aller manger avec lui, à défaut de mieux, lorsqu’Elvira dut lui avouer que les autres du 3ème auraient déjà dîné — sans l’attendre donc. Bon…

— Mais tu vas manger avec tes sœurs, voyons ! Tu es des nôtres quoiqu’il arrive ! C’est l’occasion parfaite en plus, nous avons toutes fini en retard à cause de l’examen de Friedrich nous aussi, se réjouit la chasseresse en lui prenant la main pour l’encourager à la suivre.

Installée sur presque toute la table de gauche, la dizaine de Vipères accueillit sa nouvelle sœur avec enthousiasme, au point d’attirer les regards des quelques retardataires répartis sur les deux autres — dont le 1er quatuor d’Undine.

Elvira demanda même à ses camarades de lui laisser une place juste à ses côtés, au beau milieu du groupe, pendant qu’elle partait lui montrer comment se servir dans leur cantine. L’intégration de la jeune chasseresse se déroulait donc sous les meilleurs auspices, tout semblait s’arranger après la cruelle déception infligée par sa vieille amie, mais elle ne put s’empêcher de lui jeter un regard sur le chemin du retour. Les cinq autres Vipères mangent avec elle, remarqua-t-elle en venant s’asseoir à la table d’Elvira, juste avant que celle-ci se mette à lui présenter ses nouveaux collègues. Hormis deux hommes, les quinze Vipères étaient toutes des femmes entre la vingtaine et la quarantaine d’années. Car elles n’avaient pas besoin de la force des Ours, ni de la témérité des Aigles ou même du savoir des Renards, elles brillaient d’abord par leur perspicacité et leur sensibilité aux échos du LM.

Elles ont l’air aimables, se réjouissait Nora en écoutant les noms de chacune, dont plusieurs non-Allemandes comme elle, jusqu’au moment où Elvira lui posa la question fatale : comment as-tu croisé la route du RFA ?

— Euh — c’est plutôt long à expliquer, commença-t-elle à se justifier par crainte d’avoir à évoquer son séjour en prison pour meurtre, sans s’attendre une seule seconde à la réponse de son aînée : tu n’as pas à en avoir honte.

— Les Vipères ne se recrutent pas à l’université, tu sais, nous ne sommes pas comme les Ours ! Tu trouveras de tout ici, alors personne ne te jugera, même si tu as tué des innocents.

— … J’ai tué mon beau-père, mais il n’était pas innocent, avoua Nora d’un air dépité, au grand amusement de ses collègues : il n’aurait pas dû s’en prendre à une future Vipère. On peut dire ça, oui.

— Si ça peut te consoler, Undine a fait pareil au sien, et Minna a eu les deux ! s’amusa Elvira en désignant la 4ème Vipère assise face à elle, prête à ricaner du sort bien mérité de ses parents adoptifs trop cruels. De toute façon, il vaut mieux en avoir bavé un peu avant de faire notre devoir. D’ailleurs, comment ça s’est passé ta première fois ? lâcha-t-elle sous les airs surpris de Nora, au point de demander si elle parlait bien de sa première chasse. Évidemment ! Nous ne sommes pas assez proches pour nous raconter nos premiers coups, ma chérie ! répliqua-t-elle pour faire rire toutes ses camarades, y compris l’intéressée.

— Vu ton humour, je ne sais plus trop quoi comprendre ! Mais pour être honnête, ça ne s’est pas très bien passé, même si la chasse ne m’a pas posé de problème à proprement parlé. Disons que l’ambiance de ce soir est trop joyeuse pour vous raconter cette histoire, résuma Nora en évitant de paraître trop mélancolique devant ses nouvelles collègues.

— À t’entendre, l’affaire a dû être douloureuse, ça arrive parfois. J’espère que tes compagnons n’ont pas été trop… gauches, se contenta de compatir Elvira, comme si la réputation du 3ème trio avait fait le tour du RFA.

Nora s’empressa cependant de les défendre, puisqu’ils avaient prouvé un talent indéniable à plusieurs reprises, dans le combat ou dans leur enquête.

S’ils arrivaient à s’entendre, ils seraient peut-être dignes des deux premiers groupes, se risqua-t-elle à prétendre sous les rires de Minna, la 4ème vipère, obligée de lui rappeler les états de service excellents de son trio, rien à voir avec les empotés dont t’as hérité. Seuls les deux premiers quatuors pouvaient se targuer d’être au-dessus du lot, en termes de talent comme d’expérience après des sept années de service, sinon le numéro n’avait aucune valeur pour les autres, là où la récente mise à l’épreuve du 3ème voulait tout dire. En bref, tu vas devoir te mettre au turbin pour nous le montrer, plaisanta Elvira malgré les soupirs de Nora, désemparée par cette mission pourtant dévolue à sa classe. Elle n’était pas la seule à avoir hérité d’un groupe dysfonctionnel, la pseudo-rivalité entre Aigle et Renard était même une tradition avant l’arrivée des Vipères, toutefois le cas du 3ème était aberrant, d’après les aveux de ses collègues prêtes à en rire. Selon leurs rumeurs, Konrad ou Jachym auraient déjà mis des bâtons dans les roues de leurs compagnons, quand cela ne se retournait pas lamentablement contre eux…

Même si elle rigolait de bon cœur aux anecdotes de ses sœurs, Nora était bien forcée de leur confier sa difficulté à les convaincre, à les souder comme elle était censée le faire.

— Comment devrai-je m’y prendre ? Ils ont trop de caractère pour m’écouter si j’insiste poliment.

— Tu ne vas pas me dire qu’une adorable jeune blonde comme toi ne saurait pas comment s’y prendre poliment ? plaisanta Elvira sous les rires de ses camarades, là où leur cadette restait perplexe. Undine m’a pourtant raconté que vous étiez très douées pour… transmettre votre vision des choses aux autres quand vous étiez plus jeune. Il va peut-être falloir réveiller ces vieux talents.

— Ce n’est pas si facile de manipuler l’opinion des autres en permanence. Je sais mentir et je sais écouter, mais je ne serais pas toujours dans leur dos. Ce serait mieux de trouver un moyen plus durable de les unir, non ?

— Bien sûr ! Ce serait juste un début, lui fit remarquer la 2nde Vipère, avant que Minna ne demande à Nora si elle avait besoin d’un schéma pour la suite. Il y a différentes façons de s’y prendre, elle trouvera bien la sienne, intervint Elvira, toujours sans répondre aux questions de sa cadette qui finit par se tourner vers Minna.

— Comment tu t’y prendrais toi ? Tu aurais une piste à me conseiller ?

— Moi ? s’étonna la 4ème Vipère, d’un air si surpris que les autres en ricanèrent. Je ferai marcher tes petits copains à la baguette, et nous ne sommes pas assez proches pour que je t’apprenne comment ! ironisa-t-elle avant d’éclater de rire face à la réaction gênée de Nora, rendue à imaginer tout et n’importe quoi.

— Minna est un cas à part. Tu n’es pas obligée de séduire tes compagnons, rassure-toi, mais elle n’a pas tort non plus… La séduction, ça n’est pas juste un processus amoureux, c’est bien plus vaste pour peu qu’on y mette les bons mots, la bonne voix, les bons sourires. Je ne vais pas t’apprendre à être une femme sûre de ce qu’elle veut, si ?

— Non, merci. Je vais y réfléchir, répondit Nora pour qu’Elvira renchérisse sur les plaisanteries de ses camarades : tu devrais commencer par Siegfried quitte à choisir !

Sur ces mots, la discussion dévia sur des sujets plus frivoles et plus agréables, à savoir les préjugés de chacun sur les Ours, puis sur les Aigles ou les Renards.

Même s’il n’y avait pas de véritable rivalité entre les classes, elles avaient toutes leurs blagues récurrentes envers les autres, sans parler de leurs dernières anecdotes de chasse. Entre la rigueur ridicule des Ours et les accès de folie des Aigles, elles trouvaient à peine l’occasion de se moquer des Renards qui virent leurs mauvais tours se retourner contre eux, avant de passer aux officiers ou aux savants. Car les Vipères ne tenaient pas leur hiérarchie en haute estime, loin de là, et Nora n’allait pas les contredire après sa dernière visite médicale : ce sont des emmerdeurs. Quant à Emil et Ulrich, ils n’étaient pas plus appréciés ; le premier était vu comme un illuminé dépressif plus ou moins à la ramasse, bientôt remplacé par le second affublé du titre de premier clébard du Kaiser. À entendre Elvira, l’ascension potentielle du vice-directeur serait néanmoins de très bon augure pour les Vipères, puisque ce dernier était un fervent partisan du Programme — autrefois fermé par l’actuel chef du Département. Seulement ça ne les empêchait pas de s’acharner sur lui aussi, sur ces projets de réformes jusqu’à la fin du repas, à tel point que Nora n’avait pas fini son plat quand un officier se présenta à la porte. Il est 22 h 25, dépêchez-vous de retourner dans vos quartiers, ordonna-t-il sèchement aux chasseresses forcées d’aller ranger leurs plateaux, sous les yeux pressés de la 3ème. Bien sûr, Elvira resta pour lui tenir compagnie quelques minutes de plus, mais Nora dut remonter seule en direction du quartier des Vipères, presque virée de la salle par les employés chargés du ménage.

Ça s’est plutôt bien passé, soupira-t-elle de soulagement en repensant à toute cette soirée, à sa déception après la réaction d’Undine ou à ses compagnons partis sans l’attendre, ça aurait pu être pire sans Elvira. Nora restait certes un peu troublée par la mentalité de ses sœurs, voire gênée par celle de Minna, toutefois elle se sentait déjà plus à l’aise malgré l’ambiance austère de la Mondlicht-Turm. Du seuil de la cantine au quartier des chasseurs, elle n’entendit pas un bruit si ce n’est l’écho de ses propres pas entre les murs gris, dépouillés de toutes décorations hormis quelques bannières et symboles du RFA. Heureusement qu’il y a la vue, songea-t-elle à force de passer devant ce paysage alpin, perché à plus de 2000 mètres au-dessus de la vallée, lorsqu’elle atteignit la porte de la cour d’honneur. Dressée sur un plateau des contreforts du Wildspitze, celle-ci était pavée de façon à former le blason du RFA : un grand aigle à trois têtes noires couronnées sur fond blanc, au torse d’or et aux ailes d’écarlates, avec un serpent gris dans son bec et un rameau d’olivier dans ses serres. Cet emblème représentait à la fois les chasseurs du Département et son devoir, ou du moins, la mission qui motiva sa fondation par Emil — contre l’avis des trois autres Pionniers, tous réduits au silence depuis sept ans désormais. Enfin, ni ce symbole pompeux ni les belles bannières à l’effigie des quatre classes ne rendaient ce lieu chaleureux aux yeux de la recrue, même si elle s’arrêta un instant pour le contempler avant de se diriger vers la porte marquée par une gravure de serpent — une vipère rouge aux yeux noirs, ondulant sur une rivière d’argent entre des étoiles bleutées.

À cette heure de l’hiver, il n’y avait personne dans le jardin des Vipères où Nora pensait retrouver Elvira, et le couloir des chambres était à peine plus animé. Elle entendait bien des éclats de rire derrière les portes numérotées, seulement elle restait trop timide pour tenter sa chance à l’une d’elles, surtout après cette journée déjà éprouvante. J’ai largement mérité une vraie nuit dans un vrai lit, soupira-t-elle en entrant dans sa chambre pour découvrir son barda au pied de l’armoire, avec un petit mot de Yazmina : si tu vas aux bains, n’oublie pas de fermer les deux portes. Alors Nora voulut aller frapper à la chambre de son instructrice pour la remercier, malgré l’heure, avant de se promettre d’y penser à leur prochaine rencontre puis de ranger ses affaires de voyage. Sitôt fait, elle partit donc se détendre une demi-heure dans les bains féminins, le seul d’ailleurs, car les Vipères et les Renardes avaient lutté pour obtenir cet aménagement obtenu l’année dernière. En vérité, les trésoriers d’Innsbruck-1 avaient d’abord refusé cette exigence des chasseresses, jugées puériles ou prudes selon les officiers déjà concentrés sur d’autres programmes bien plus importants. Pourtant, Othon et Friedrich parvinrent à convaincre Ulrich d’accorder ces travaux, l’un au nom du bon moral de ses troupes et l’autre par simple ambition scientifique, juste pour étendre le réseau de chauffage nouveau de la Mondlicht-Turm — l’un des plus complexes jamais construit. Quoi qu’il en soit, Nora était bien contente de pouvoir profiter de cette piscine d’une vingtaine de m², avec des petits casiers de bois pour laisser ses vêtements, ses bottes, sa montre, tout cet attirail qui lui pesait même après avoir quitté sa veste et ses gants dans sa chambre.

Enfin, pensa-t-elle en s’immergeant dans le bain chaud, prête à divaguer un instant sur son avenir ici, sur sa famille ignorante de son sort, sur les effets de sa thérapie Vipère, lorsqu’elle entendit la première porte des bains s’ouvrir.

 — Ça n’aura pas duré plus de dix minutes, soupira-t-elle de dépit, quand l’idée de recroiser Undine lui saisit le cœur, au point de suspendre son attention au loquet de la seconde porte. Ah, c’est toi.

— Tu n’as pas l’air contente de me revoir, je te dérange ? répondit Elvira d’une voix si gentille que Nora était incapable de refuser. Si tu devais retrouver Undine ici, je peux repartir.

— Non, non, ne t’en fais pas pour ça. Je ne l’ai pas revu depuis notre rencontre au réfectoire…

— Ne t’inquiète pas, vous aurez de vraies retrouvailles, lui assura-t-elle avant d’aller se déshabiller pour la rejoindre. Dis-moi plutôt comment tu trouves notre bain ? Il n’est pas digne d’une reine, mais nous n’y sommes pas mal, non ?

— Je dirais même pas mal du tout, je ne les imaginais pas aussi bien. Yazmina m’en avait déjà parlé, très vite, au détour d’une phrase, enfin tu dois savoir qu’elle n’est pas super bavarde même si elle est très sympathique.

— C’est son plus gros défaut d’ailleurs, elle devrait s’accorder plus de temps avec nous, nos sœurs le lui reprochent parfois. Je ne l’ai jamais vu venir ici par exemple, acquiesça la 2nde Vipère sous les approbations timides de Nora, pensive à la vue des petits points répartis sur le flanc de son aînée comme des gouttes, au point d’être remarquée. Tu as remarqué ma cicatrice au bras ?

— Euh — non. Désolé, je regardais ces petites cloques sur tes côtes.

— Ah, ça ? Le LM l’a déjà cicatrisé, ma thérapie m’aura fait une peau neuve dans la semaine, plus de souffrance que de vrai mal. C’était notre dernière proie, cette saloperie m’a fichu en l’air la moitié d’une tenue de chasse ! Heureusement que mon Ours s’est occupé de m’en demander une nouvelle pour se faire pardonner ! ricanèrent-elles, avant d’aborder ce sujet tant redouté par Nora : les blessures graves ou très douloureuses comme celles d’Elvira.

Nora connaissait bien les capacités régénératrices ou antidouleurs du LM, elle en avait été témoin à plusieurs reprises durant sa jeunesse tumultueuse, y compris sur elle-même.

Elle n’avait cependant jamais connu de plaies si terribles, à peine des éraflures ou des gros hématomes, rien de comparable avec le monstre qui avait dû surprendre la 2nde Vipère malgré toute son expérience. Elle n’était d’ailleurs pas honteuse de l’avouer, elle avait eu peur contre les deux seuls mutants de sa carrière, assez pour annoncer qu’elle serait incapable de défier l’une de ces horreurs comme Konrad. Au sabre contre un fauve de métal à sept yeux, j’aurais détalé sans demander mon reste, s’imagina-t-elle malgré les ricanements de son aînée, prête à la rassurer. Hormis quelques fous furieux, les premiers chasseurs du RFA avaient été eux aussi terrorisés par leur rencontre avec certains mutants, et même aujourd’hui, aucun d’entre eux n’aimerait en affronter en duel. D’après Elvira, avoir peur était au contraire signe de bonne santé mentale, d’une prudence bien placée, car il était naturel pour un humain de fuir ces prédateurs, cela relevait de l’instinct le plus indiscutable. Et le vrai courage, c’était bien sûr d’aller au-devant de sa crainte, comme Nora le savait déjà à son âge. Mais son problème n’était pas ce doute puéril, c’était quelque chose de bien plus vaste, bien qu’elle puisse le résumer en une question : comment vois-tu notre rôle après ces années passées à l’accomplir ?

Alors la 2nde Vipère se figea, baissa les yeux comme si le poids des regrets ou celui de la fatigue lui faisait comprendre où sa cadette voulait en venir : que restera-t-il d’elles au bout d’une décennie d’épreuves ?

— Tu as dû remarquer l’intérêt des savants pour nos rêves ou nos cauchemars, parfois sur nos pulsions agressives ou sexuelles… ça n’est pas anodin, ni vraiment abusif en réalité. La vie de chasseur n’est pas facile, celle de chasseresse peut-être encore moins, je n’en sais rien. Mais il est certain que… ça pèse sur nos esprits, sur nos âmes, surtout pour nous, les Vipères…

— Lorsque j’ai sondé l’un des coupables à Drabsko, je me suis sentie très mal à l’aise. C’est à ce genre de sensation que tu fais référence ?

— Entre autres. Quand on plonge dans l’eau, on se mouille, pas besoin d’être philosophe pour le voir, résuma Elvira pour confirmer ce que Nora avait compris par elle-même. C’est notre rôle de Vipère, nous ne traquons pas les souvenirs heureux ou les vertus. Nous chassons les vices dans l’esprit de ceux du dehors, nous luttons contre nos malheurs dans ceux de nos propres compagnons, et à chacun de leurs souvenirs revécus, nous partageons leurs fardeaux même s’ils nous sont étrangers. Je crois que ça s’appelle l’empathie ! finit-elle par ironiser afin de ramener un peu de sourire sur leurs visages.

— C’est plutôt signe de bonne santé mentale, ça aussi ! renchérit la 3ème malgré le rictus cynique de sa camarade, obligée de lui rappeler que c’était surtout ce qui allait les user. Oui, je le crains aussi, ma première expédition m’a suffi. Nous ne pourrons pas faire Vipère toute notre vie, c’est à en devenir fou…

— Je ne sais pas quoi faire d’autre pour ma part, et je n’ai personne sur qui compter dehors.

— … Moi non plus, reconnut la jeune chasseresse, avant que son aînée ne lui remonte le moral à nouveau : nous pourrons nous tenir compagnie en attendant !

Puisque l’occasion se présentait, Elvira lui demanda donc son avis sur leurs sœurs, après ce repas plutôt chaleureux d’après la réponse de Nora.

Certes, Minna et d’autres semblaient avoir un caractère particulier, sûrement à cause des effets secondaires du LM sur leurs organismes, mais elles paraissaient surtout très joueuses et enthousiastes. En revanche, Nora ne comprenait pas pourquoi Undine avait mangé à part, en compagnie de cinq autres sœurs tandis qu’il restait de la place à la table d’Elvira. Celle-ci s’empressa donc de la rassurer, il n’y avait pas de véritables rivalités entre elles, juste des affinités qui ne bouleversait pas à la vie quotidienne de leur classe. Notre nom est très mal choisi pour ça, nous sommes loin d’être un nid de vipères, conclut donc Nora pour voir sa camarade ricaner de ce petit paradoxe, même si elles savaient bien d’où venait leur emblème. Le titre de Vipère faisait d’abord allusion à leur rôle au sein des quatuors, à leurs capacités à s’insinuer dans les consciences ou à faire glisser la leur sans être vue, rien de foncièrement méchant ni dévalorisant. Et leur discussion continua sur ces thérapies qui les rendirent presque surhumaines, sur leurs talents respectifs à l’escrime puis sur leur équipement, jusqu’à bien après minuit. Déjà épuisée par son voyage, Nora commença bientôt à sentir le sommeil pointer malgré sa thérapie, au point de finir par s’endormir d’un coup dans le bain — en pleine conversation.

Qu’est-ce que je fous encore ici, sursauta-t-elle à son réveil dans cette eau devenue trop chaude, seule, Elvira est repartie sans me déranger.

—  Oh, la honte… soupira-t-elle à voix haute, avant de se jeter vers son casier pour consulter sa belle montre du RFA : 3 h 30 du matin

Vu l’heure, il était encore temps de rejoindre sa chambre si elle voulait profiter de son vrai lit, toutefois elle n’arrêtait pas de se reprocher ce coup de fatigue pendant qu’elle se rhabillait.

En plus d’avoir mal au dos, elle s’en voulait d’avoir été trop flemmarde pour retourner dans sa chambre, surtout si elle était censée se lever à 7 h. Ce n’était pas dans ses habitudes d’ailleurs ; même saoule, elle trouvait toujours la force de rejoindre son lit ou son domicile du moment, c’était presque un principe chez elle. Pourtant elle se souvenait bien avoir demandé à Elvira de la laisser somnoler ici, peu de temps avant de basculer dans le sommeil, tandis que son aînée lui parlait justement de longue nuit à la belle étoile. Le LM ne nous rend pas invincibles comme elle l’a dit, songea Nora en refermant le casier pour filer vers la sortie, au travers du petit parc des Vipères. Il n’y avait toujours pas un bruit ici, et la jeune chasseresse pensait toujours à son lit quand une impression étrange lui traversa l’esprit, jusqu’à la figer au beau milieu du jardin : des échos de LM. Ils ne viennent pas d’Elvira, s’étonna-t-elle en fermant les yeux pour se concentrer sur le goût de ces ondes trop affaiblies pour être visibles, mais assez pour être sentie par la 3ème Vipère.

Malheureusement, elle était bien incapable de déterminer l’origine de ces échos, puisqu’ils ne ressemblaient à aucun autre, ni à ceux d’un humain augmenté, ni à ceux d’un mutant. C’était étrange, ou peut-être pas tellement, comme elle finit par le penser à forcer de se raisonner, il doit s’agir d’échos rejetés par les canalisations du château. De toute évidence, les chasseurs pouvaient eux aussi devenir paranoïaques sous les coups de la fatigue…

La journée a été longue, ça ira mieux demain… à l’entraînement… Pourquoi fallait-il qu’il en soit ainsi ?

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