Chapitre III

A dix heures, les deux hommes et les trois adolescents étaient dans une voiture de fonction, le coffre plein de microscopes récupérés chez Baptiste plus tôt. L'entièreté du trajet se passa dans le silence. Aucun des trois adolescents n'osait parler, par peur de devoir encore subir des reproches.

Ils ne tardèrent pas à apercevoir le laboratoire. Les bâtiments gris avaient étaient recouvert de graffitis réalisés par des élèves de l’école d’art moderne de la région. Ces dessins rendaient les lieux moins tristes. Les deux policiers se garèrent face à l'entrée. Ils échangèrent un regard entendu en sortant de la voiture qui décrocha un sourir à Paul.

— On descend maintenant de la voiture s'il-vous-plait.

Paul et Jacques ouvrirent les portières aux trois adolescents qui descendirent la tête basse, évitant tout regard. Le petit groupe pénétra dans l’édifice face au parking. Les portes s’ouvrirent automatiquement, laissant apparaitre des murs d’un blanc impeccable. Une dame chargée de l’accueil leva la tête vers eux. Un sourire apparut immédiatement sur son visage.

— Monsieur Paul, vous nous faites bien plaisir de venir nous voir.

— Lyllia, je vous l’ai déjà dit, soit vous m’appeler Paul soit monsieur Lebrun, il faut choisir.

—C’est comme vous voulez. Le directeur vous attend à la cafétéria, monsieur Paul.

Elle lui fit un clin d’œil moqueur et retourna à son écran d’ordinateur. Autour d'eux se déroulait un ballet de va-et-vient constant, ponctué de salutations aux deux policiers. Décidemment, rien ne pourrait arrêter le fourmillement de ce laboratoire. La recherche ne prend pas de pause même après un meutre.

Le directeur attendait les trois adolescents, assis sur un des bancs de la salle des repas. Il semblait moins inquiet que lors de sa visite au commissariat. Dès qu'ils les vit entrer, il se leva et adressa un rapide signe de tête aux deux hommes et dévisagea le petit groupe de voleurs. Il les invita à s’asseoir d’un geste sympathique en poussant au bout de la table la pile de dossiers ouverts devant lui.

— C’est donc vous qui jouez à Arsène Lupin ?

Les adolescents redressèrent la tête vers lui. Le directeur était debout, les points serrés appuyés sur la table face aux trois jeunes. Il les regardait fixement.

— Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur, celui qui ne faisait aucune violence lors de ses cambriolages, ça vous dit quelque chose ?

— Oui monsieur.

— Bien. Vous allez gentiment chercher le matériel, me montrer où vous l’avait pris et le remettre à sa place. Si je vous reprends à farfouiller dans le laboratoire, vous allez passer un sale quart d’heure, je vous le garantis.

Lebrun se leva pour les conduire jusqu’à la voiture de police. Ils déchargèrent les microscopes. Dargont les attendait dans le hall d’entrée.

— Besoin d’aide  Paul ?

— Non ça va.

— Je savais pas que ces petits bras pouvaient soulever tant de poids.

Un des adolescent lui adressa un regard mauvais en passant. 

Si les deux hommes avaient était acteur, Jacques aurait été Hardy et Paul Laurel, tant ils étaient différent physiquement. Malgré sa petite corpulence, Paul était capable de maitriser des hommes qui faisaient plus d’une fois et demie son poids. Il en avait plusieurs fois fait la démonstration à Dargont pendant les entrainements.

Ils s’engagèrent dans un couloir et s’arrêtèrent dès la première porte. Une feuille était affichée, indiquant le matériel contenu dans la salle. Le directeur les attendait à côté de la porte. Il prit deux microscopes, les posa sur un bureau et passa à la porte suivante. Il fit plusieurs fois ce manège avant de s’arrêter devant une porte blindée. Aucune feuille n’était accrochée.

— Vous savez si vous en avait pris dans cette salle ?

Les adolescents se consultèrent du regard.

— Peut-être, commença Elsa, qu’on en a un pris un ici, mais je ne suis sûre de rien.

Le directeur ouvrit la porte. La première chose qui les frappa fut l’odeur. Un mélange de sang, de javel et de viande restée trop longtemps au soleil. Puis vient la vue. Une prédominance de tâches noires craquelées au sol les frappa tout de suite. Ensuite le corps de l'homme, qui allongé dans son sang, la tête un peu plus loin, était transpercé de coups à l'arme blanche. Un cri les sorti de leur torpeur. Julien se tenait la bouche, le visage aussi blanc qu’un linge. Il eut le temps de se tourner vers Jacques avant de s’évanouir. Paul eut le réflexe de le retenir pour le poser délicatement au sol en position latérale de sécurité. Le directeur avait dégainé son téléphone et composé le numéro des pompiers. Les employés commençaient à se rassembler comme les mouches attirées par l’odeur. Les deux gendarmes essayaient d’éloigner le plus de gens possible, à commencer par Baptiste et Elsa en état de choc. Les pompiers ne tardèrent pas à arriver et à emporter Julien. Les parents furent prévenus et la salle placée comme lieu de crime. Le médecin légiste, préparé à ce genre de scénario, arriva en blouse blanche accompagné de gendarmes et d’enquêteurs.

– Bonjour messieurs. Je ne vous demande pas qui a découvert le cadavre.

Les techniciens avec lui s'activaient à poser le ruban de signalisation un peu partout autour de la scène de crime.

– Effectivement, soupira Jacques. On a respecté la procédure et nous n’avons pas contaminé le lieu du crime.

– Parfait. Vous pouvez aller à la cafétaria avec les autres employés et visiteurs.

Un bruit de fond relativement calme résonnait dans la vaste salle. Baptiste et Elsa étaient assis sur des bancs, tous deux encadrés par les parents d’Elsa. Ils ne parlaient pas et fixaient le sol, comme si ils cherchaient le moindre grain de poussière.

— Ils vont bien ? demanda Jacques.

— On sait pas pour l’instant. Les pompiers nous ont conseillé de prendre rendez-vous avec un psychologue rapidement.

— D’accord.

Ils passèrent une heure avant que le père de Baptiste arrive et deux autres avant que le médecin légiste viennent les voir. Les deux adolescent rentrèrent chez eux après avoir fait une première déposition auprès des policiers. Ils étaient toujours en état de choc mais semblaient être un peu plus conscient de ce qui se passait. Le médecin légiste attendit que la cafétaria se vide pour venir s'asseoir en face des deux hommes.

— De manière moins officielle vous allez bien ?

— On a vu mieux mais aussi pire et toi ?

— Un peu pareil. On devrait avoir les résultats d’ici deux ou trois jours et son identité demain.

Paul le décoiffa avec un sourire faussement joyeux.

— Merci. C’est qu’il nous avait manqué notre p’tit lapin blanc.

— Je suis pas petit !

— Une mètre cinquante c’est quand même pas très grand, avoua Jacques.

— Oui bah on fait comme on peut.

— Ca y est on l’a vexé. On te laisse travailler, continua Paul.

— Avant de partir remplissez ces formulaires et vous pouvez y aller. 

Il posa devant eux deux feuilles sur lesquelles ils écrirent leurs informations personelles. C'était juste une procédure obligatoire car les enquêteurs pouvaient bien entendu contacter Jacques et Paul depuis longtemps. 

Les feuilles remplies et remises aux enquêteurs, Jacques et Paul laissèrent l’agitation derrière eux pour regagner le calme de la voiture de fonction.

— On fait quoi maintenant ? demanda Paul.

— On attend les consignes.

Jacques démarra la voiture et alluma la radio pour combler le silence qui s'installait dans la voiture.

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Μέδουσα
Posté le 06/08/2021
Ah ça y est, la scène de crime et son cadavre ont été découverts, les vraies choses commencent !

Hâte de voir la suite, je veux savoir qui est notre tueur et si on l'a déjà vu -je suspecte déjà la moitié des protagnosites ahah

Bonne continuation à toi !
Loïse V.
Posté le 06/08/2021
Merci pour ton commentaire. Je vais essayer de publier un autre chapitre avant lundi mais je ne garantis rien.
Bonne continuation à toi aussi
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