Le soleil était déjà levé bien haut lorsqu’il s’éveilla sur son tapis de fleurs, devant son feu assoupi.
Autour de lui, nulle présence de Lola.
Aussitôt, des souvenirs confus et chaotiques émergèrent de son sommeil trop agité. Il se sentait épuisé, regretta qu’elle fût partie, et s’interrogea après coup, se demandant si, comme ses cauchemars, il ne l’avait pas tout simplement rêvée.
Dépité et mal en point, il se redressa avec difficulté, ramassa ses maigres affaires, et décida de marcher, pour dissiper ce trouble qui le tenait prisonnier. Sans qu’il ne s’en rende compte, il se dirigea en direction du champ, qu’il avait la veille traversé. Dès l’abord il entendit des voix, des voix mécontentes qui s’entremêlaient et provenaient toutes du même endroit. Le bois dominait la parcelle cultivée qui se situait dans un léger contrebas.
Au moment de sortir, à son orée, Acelin fut alors saisi d’effroi.
Il le découvrit, parsemé de cercles dessinés au milieu des céréales, des figures géométriques parfaites. Trois paysans, dont un plus virulent gesticulait au milieu, paraissaient discuter, ou s’engueuler si l’on s’en référait au ton employé.
Le jeune vagabond s’approcha, curieux, pour essayer d’écouter, et surtout intriguer par la vision des disques. N’en tenant plus, il interrogea celui qui se trouvait un peu à l’écart, à voix basse pour ne pas attirer l’attention, sur les causes de cette agitation.
Ce dernier se tourna pour lui répondre.
— Vous voyez bien, la sorcière est de retour, puis le jaugea d’un rapide coup d’œil, mais vous n’êtes pas du coin, laissez-moi vous expliquer, de temps à autre, ces figures prennent forme dans la parcelle.
Il désigna du menton le plus remonté.
— Chaque fois chez lui qu’ça tombe, d’où la raison de sa colère. Bon, après, il faut se mettre à sa place, regardez l’état de son champ, termina le paysan, sans pouvoir s’empêcher de sourire.
Les cercles étaient très bien réalisés, pour les former, les céréales étaient couchées à l’endroit où le dessin apparaissait. Leur symétrie parfaite le fit convenir que cela n’avait rien de naturel.
Acelin intrigué par le phénomène ne comprenait cependant pas toute l’histoire, poussée par la curiosité, il finit par demander.
— Pardon, mais la sorcière de qui s’agit-il ?
Le plus virulent qui devait être aussi le propriétaire, entendit sa question et se dirigea vers lui, un linge blanc à la main, et éructa d’un ton chargé d’indignation.
— D’la sorcière pour sûr ! regardez, à chaque fois qu’ils apparaissent, j’y retrouve le même habit, je vois mal un animal porter pareille tenue !
Le jeune homme manqua de tressaillir, il ouvrit de grands yeux sidérés quand il reconnut le vêtement de Lola.
Il observa le paysan, la chemise, puis le paysan à nouveau et réussi à balbutier mal à l’aise en oscillant la tête de haut en bas, avant de conclure avec difficulté.
— Oui, en effet… ça irait moyen à un goret.
Puis, comme il était venu, il préféra se retirer sans se faire remarquer. À quoi bon leur en parler, pensa-t-il, dans le meilleur des cas, on l’aurait pris pour un fou, dans le pire il finissait sur un bûcher.
Il s’éloigna le soir sans traîner, porté par la douce chaleur de l’été qui remontait du sol, toujours désireux de mettre le plus de distance entre lui et le monastère. Sa mémoire, qui demeurait confuse, ne parvenait pas à démêler le vrai du faux, pourtant il pressentait tout de même qu’elle lui laissait entrevoir une réalité qui lui échappait.
Mais il y avait autre chose qui le gênait, un léger malaise, une frustration qui s’était logée dans son esprit. Il avait beau fouiller et tenter de se souvenir de sa nuitée. Il ne se rappelait rien concernant Lola à partir du moment où elle avait retiré sa chemise, ou plus précisément aucun détail sur la teneur de leurs ébats.
À la place, une suite d’images dont il n’arrivait pas à comprendre le sens, accompagnées de cet air de flûte étrange qui résonnait dans sa tête et ne voulait plus le quitter.
Hâte de lire la suite :)
Content que la magie opère, merci à toi et bonne lecture.
Sinon ça sentait le coup louche cette affaire de d'ébats champêtres aux visions étranges... Ça pour sûr au monastère il n'en aurait pas connu de la sorcière... Du vieux moine trop tactile par contre...
On apprend un peu plus sur Lola. J'aime bien cette révélation et ça me donne envie de lire la suite.
dans ce passage :
"Chaque fois chez lui qu’ça tombe, d’où la raison de sa colère. Bon, après, il faut se mettre à sa place, regardez l’état de son champ.
x
Termina le paysan, sans pouvoir s’empêcher de sourire."
je pense que le retour à la ligne marqué d'un "x" est inutile et coupe la fluidité de lecture :D