Chapitre III

Notes de l’auteur : J'ai rajouté quelques paragraphes dans le chapitre 2 par rapport au carnet de notes de Vivianne. Je vous invite à relire le début du chapitre 2 avant de lire celui-ci pour ne pas âtre outré.e par l'incohérence. Sinon, il y a sûrement encore des coquilles dans ce chapitre, soyez indulgent, cela reste un premier jet même si je passe le texte rapidement au correcteur. Bonne lecture!

Plus tard dans la journée, je sortis le même ticket de caisse pour récupérer mon uniforme chez Sheperd & Woodward. Quand je refermais la porte de la boutique, je redressai la tête vers la bibliothèque Bodléienne.

Le temps était venu de se rendre à la cérémonie de rentrée.

J'avais eu le temps de me promener dans la ville, même si ma mobilité se trouvait réduite par la charge de ma valise. J'étais entrée dans une librairie dont l'odeur de papier m'avait incité à y rester une grande partie de l'après-midi. Cela me rappela mes heures de libre dans le centre-ville de Rennes, entre la librairie Le Failler et une bonne tasse de chocolat chaud à la cannelle sur la place du Parlement de Bretagne. Peu à peu, je renouais avec la vie étudiante et je compris que, même si mes études étaient bien différentes à présent, certaines de mes habitudes n'en seraient pas pour autant bouleversées.

Tandis que j'avançai sur High Street, mes pas résonnèrent sur les pavés humides avec détermination. Cet après-midi, la pluie avait recommencé à tomber dans l'intention de ne pas s'arrêter, mais le ciel voilé ne m'empêcherait pas de cheminer vers ma nouvelle destination.

L'Ordre des voyageurs.

D'après les indications de ma lettre d'admission, Mag Mor College devrait se situer juste en face d'All Soul College. Le trouver et y entrer s'annonçait un jeu d'enfant.

Du moins, j'aurais voulu que cela soit aussi simple...

Alors que dix pas me séparaient de ma nouvelle école, je me figeai quand je vis une petite foule rassemblée devant l'entrée. Même si la bâtisse semblait moins imposante que celle du prestigieux college voisin, elle n'avait rien à rougir de son architecture Elizabethaine, caractérisée par des tours de brique rouges et des fenêtres imposantes. Cependant, je soupirai, un peu déçue. Je m'attendais à une structure plus grandiose.

La foule ne s'intéressait pas vraiment à la beauté du bâtiment. Tous ses regards se rivaient sur l'immense porte demeurée close. Je me rapprochai. Qu'est-ce qui mobilisait autant leur attention ?

Après avoir rejoint l'attroupement, je jouai des coudes pour parvenir au premier rang. À mi-chemin, je m'arrêtai quand je reconnus Ravi. Il levait le menton en direction de la porte, curieux. Je tirai sa manche.

« Qu'est-ce qui se passe ?

— Tiens, Vivianne ! Content de te revoir si vite. Eh bien, je ne sais pas vraiment... Apparemment, on ne peut pas entrer, même avec notre lettre d'admission. Il semble que la porte soit verrouillée.

— Le jour de la cérémonie de rentrée ? Impossible.

— Pas vraiment. »

Intriguée, je regardai par-dessus l'épaule de Ravi pour savoir qui venait d'intervenir dans notre conversation. Le garçon aux cheveux roux et en bataille de la voiture venait de lâcher son avis sans nous considérer. Grand et joli garçon, ses qualités étaient gâchées par ses prunelles arrogantes et son expression désinvolte.

« Ça ressemble à une sorte d'épreuve, poursuivit-il. Il faut croire que notre admission ne leur suffit pas pour nous laisser entrer. »

Sans attendre une réaction de notre part, il poussa l'étudiante qui se trouvait devant lui et chemina vers le premier rang. Ignorant Ravi qui cherchait à me retenir, je le suivis.

Non sans peine, ma main finit par toucher le bois de la vieille porte. N'importe qui, en la voyant, aurait pu comprendre qu'elle était bien plus ancienne que le bâtiment en lui-même. L'énorme serrure en fer forgé rassemblait l'intérêt de tout le monde, et pour cause, une multitude de clés étaient accrochées sur un gros trousseau. Juste au-dessus, un écriteau incrusté dans le bois donnait les indications suivantes :

Trouvez le Guide et vous trouverez la clé.

Deux étudiants, un garçon et une fille, se frottaient le menton, perplexes. Je me rapprochai d'eux quand ils commencèrent à tester les clés une à une dans la serrure.

« Il y a une bonne quarantaine de clés sur ce trousseau, leur fit remarquer l'ami de Ravi, on n'a pas le temps de toutes les essayer.

— Tu as une meilleure idée ? s'irrita le garçon.

— Et l'écriteau, vous comprenez ce qu'il veut dire ?

— On y réfléchit depuis qu'on est arrivé, me répondit la fille, mais nous ne voyons pas à quoi correspond ce Guide. »

Je lui demandai de s'écarter pour examiner les clés. Elle me laissa faire, agacée. Encore une initiative qui allait faire perdre du temps. Mais je m'en contrefichais.

Il s'agissait de vieilles clés toutes semblables dans leurs tailles et leurs rouets. Seul le motif changeait de l'une à l'autre : parfois était gravé un lapin, parfois un coffre, parfois un magicien, parfois un chevalier... Aucun motif ne se ressemblait. Je relus l'écriteau et écarquillai les yeux, ce qui n'échappa pas au camarade de Ravi.

« Tu as trouvé quelque chose ?

— Qu'est-ce que vous avez étudié avant d'arriver ici ?

— La biologie, me répondit le rouquin.

— La philosophie.

— Les langues anciennes.

— Je vois... je comprends mieux pourquoi vous ne comprenez pas ce que veut dire Trouvez le Guide et vous trouverez la clé.

— Pour toi, ça fait référence à quelque chose ?

— Je crois que ça fait allusion au personnage qui guide le héros vers un monde imaginaire dans la Littérature.

— Comme le lapin blanc dans Alice au Pays des merveilles ? C'est absurde !

— Et pourquoi ? m'offusquai-je en faisant volte-face vers la jeune fille. »

Surprise de ma réaction, l'étudiante en philosophie recula. Inutile de perdre mon temps avec elle. Ouvrir cette porte restait ma seule priorité.

L'ami de Ravi devait penser la même chose que moi, car il s'approcha de moi et manipula le trousseau.

« Ça vaut toujours le coup d'essayer. »

Il finit par dénicher la clé sur laquelle était gravé un lapin. Il l'incrusta dans la serrure et tenta de la tourner, mais rien ne se passa. Je fis la moue.

« Peut-être qu'il nous faut un autre guide que le lapin blanc. Il en existe plein d'autres dans les histoires.

— Vu l'heure qu'il est, on n'aura jamais le temps de tous les tester...intervint Ravi qui venait de nous rejoindre. Et si on n'arrive pas à passer cette porte à l'heure ? Vous croyiez qu'ils vont tous nous recaler ? »

La foule réagit par un grand murmure inquiet. Je jetai un coup d’œil à ma montre : cinq heures moins dix. Mon cœur s'emballa au rythme du tic tac du cadran.

Il fallait trouver une solution, et vite.

Je sortis de mon sac à dos mon carnet de notes consacré aux portes vers des mondes imaginaires en Littérature. Bien sûr, je ne prétendais pas avoir tout lu sur le sujet, mais j'avais assez de ressources à comparer avec les différentes clés.

Page après page, mes yeux défilèrent sur mon écriture cursive. Allez, réfléchissons. Qui pouvait être le Guide qui mène vers d'autres mondes ? En Angleterre, le lapin blanc devait être le plus célèbre, mais on aurait pu aussi penser au miroir, ou bien encore à l'armoire magique, ou alors...

Brusquement, j'arrêtai de faire tourner les feuillets, parvenue à la page consacrée à la Littérature médiévale. Au centre de la page, j'avais dessiné un cerf blanc à l'image de celui que poursuivait le chevalier Guigemar dans le lai de Marie de France1.

Mais oui ! Il ne pouvait s'agir que de ce guide, le premier de tous, le cerf blanc.

Je saisis le trousseau et cherchai ce qui me semblait être la bonne clé. Quand je la trouvai, je passai mon doigt sur le cerf gravé dans le fer.

« Écarte-toi, » ordonnai-je à l'étudiant désinvolte.

Il se retira de bonne grâce en enlevant la clé sertie du lapin. J'enfonçai la mienne dans la serrure et m'apprêtai à la tourner quand Ravi stoppa mon geste.

« Attends un peu, et si on avait affaire à une véritable porte magique ? »

Hum, je n'avais pas réfléchi à cette éventualité. Mais nous étions trop proches de réussir pour reculer. Je souris, puis répondis :

« Eh bien, n'est-ce pas ce que nous voulons tous ? »

Le jeune londonien, surpris, retira son bras de mon poignet.

Je tournai la clé et la porte se déverrouilla.

Tous ceux qui avaient participé à la résolution de cette énigme me fixèrent, consternés. Je ne m'en formalisai pas. Ce n'était qu'un coup de chance. J'avais les connaissances pour ouvrir cette porte grâce à mes carnets. Pas de doute, tout ce travail de recherche que j'avais fourni ces dernières années ne me serait pas inutile.

J'invitai mes camarades à pousser la porte avec moi. Les battants grincèrent. Et de l'autre côté, nous découvrîmes un porche qui donnait sur un immense cloître. À quelques mètres de nous, trois professeurs nous attendaient.

Je n'eus aucun mal à reconnaître la femme de l'article du Daily Telegraph avec sa longue jupe en tartan et ses longs cheveux ébouriffés. L'Homme à sa gauche, un grand gaillard blond dont la largeur des épaules faisait deux fois les miennes, m'était totalement inconnue et ne m'inspirait aucune confiance. Mais il ne préserva pas longtemps mon attention quand je reconnus le troisième professeur.

Des cheveux noir de jais coupés court, un costume en tweed noir irréprochable, des yeux bleu alerte... Pas de doute, il s'agissait de Julian Marlowe.

Il consulta sa montre à gousset, puis nous regarda. Je ne pus m'empêcher de rougir, intimidée. À côté de moi, Ravi paraissait aussi embarrassé. Seul son ami garda une expression fermée. Il lui en fallait plus pour être impressionné.

Mais le célèbre passeur de porte ne se formalisa pas de nos réactions.

« C'est ce qu'on appelle arriver à point nommé, déclara-t-il d'une voix suave.

— Ils ont l'air moins vifs que les derniers, grogna le grand blond aux allures de guerrier. La dernière fois, il ne leur avait pas fallu autant de temps pour résoudre ton énigme à la noix.

— Patience, Sigurd, patience, tempéra la femme avec son accent écossais. Je suis sûre que ces jeunes vont nous étonner. N'est-ce pas toujours le cas, Julian ? »

L'intéressé hocha la tête en signe d'approbation. Il rangea sa montre à gousset et nous fit signe.

« Eh bien, qu'attendez-vous pour entrer ? Laissez vos bagages sous le porche, nos agents vont les emmener dans vos chambres. Donnez-leur votre lettre d'admission, puis suivez-nous. Je suis sûr que vous avez hâte de commencer. »

Nous passâmes un à un le seuil de la grande porte et nous engageâmes vers le cloître. Mais à peine avais-je fait un pas en avant qu'on m'agrippa le bras.

« Comment tu t'appelles ? »

Je me retournai et fis face aux prunelles arrogantes de l'ancien étudiant en biologie. Il tenait toujours dans sa main la clé avec le lapin, qu'il rangea dans sa poche. Son expression désinvolte avait légèrement disparu pour laisser place à une pointe de curiosité.

« C'était bien joué pour la porte », reprit-il.

Il me tendit sa main gauche pour que je la serre.

« Glenn Doyle, du département des sciences d'Oxford. »

Je la saisis cordialement, ne sachant comment je devais prendre cet intérêt soudain pour ma personne.

« Vivianne Kerleroux, de l'Université de Rennes, en France. »

Il inclina la tête. Une manière de signifier qu'il ne l'oublierait pas.

 

Je laissai ma valise sous le porche et pénétrai dans le cloître. Jamais je n'en avais vu d'aussi grand. À côté, le cloître de l'abbaye du mont Saint-Michel semblait minuscule. Comme de nombreux college de la ville, Mag Mor College était une ancienne abbaye reconvertie en école. Pendant un temps, elle avait servi de département de Lettres classiques, mais les étudiants se faisant de plus en plus rares, la filière avait fusionné avec le département de littérature anglaise à Saint Anne's college, abandonnant le bâtiment. Alors quand on a découvert la réalité des passages vers les autres mondes, Julian Marlowe et ses chercheurs avaient investi les lieux.

Pour traverser le cloître, nous empruntâmes l'une des allées sinueuses typiques du jardin à l'anglaise. Les fleurs et les plantes qui composaient ce jardin n'avaient rien de commun, à croire que les passeurs de portes avaient ramené de leurs voyages vers d'autres mondes des espèces particulières. À voir le masque de désinvolture de Glenn se fissurer par l'étonnement, je supposais que cela devait réellement être le cas. Les briques rouges, malgré la grisaille, apportaient de la chaleur à cet espace fermé.

Au bout de l'allée, nous découvrîmes une chapelle qui faisait l'angle de l'aile est. Son clocher gothique était serti d'un cerf en argent, probablement un rajout lorsque l'Ordre des voyageurs s'est installé sur place. Mais quand j'y pénétrai avec mes camarades, je compris qu'il ne s'agissait pas de la seule rénovation. Dans cette chapelle, pas de vitraux de scènes bibliques, mais des scènes de bataille de chevalier, des célébrations autour de cercle de pierre, ou encore des portes gigantesques ouvertes par toute sorte d'aventuriers, allant de l'enfant au vieillard. Sur les murs, on avait enlevé tout signe religieux pour les remplacer par de grandes tentures brodées de pourpre et d'or qui rappelait celles de La Dame à la Licorne2.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Quelque chose, dans cet endroit, me faisait penser à l'église du Graal de Tréhorenteuc. Le procédé, en tout cas, était le même : rénover une église et mettre en avant un aspect culturel propre au lieu.

« Bienvenue dans la chapelle de Mag Mor College, nous accueillit le professeur Marlowe en tendant les bras. Faites donc cercle autour de nous. Voilà, très bien. Je suis sûr que vous êtes autant enthousiaste que nous le sommes pour commencer cette nouvelle année d'enseignement. L'Ordre des voyageurs, grâce à l'ensemble de ses chercheurs, est reconnu dans toute l'Europe aussi bien pour ses découvertes des mondes par-delà les portes que pour sa sélectivité. Ici, vous apprendrez tout ce qu'il faut savoir pour devenir des passeurs de portes renommés. Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que vous avez été repéré par l'un d'entre nous. Vous avez tous le potentiel pour devenir le prochain passeur de porte. Mais attention, votre apprentissage se fera dans des conditions bien plus difficile que vous ne le pensez.

— Tout à fait, continua la femme au tartan. Comme vous le savez, notre année ensemble se divisera en deux semestres. À l'issue du premier, vous passerez un examen qui déterminera si vous êtes capables ou non de poursuivre votre apprentissage. Actuellement, vous êtes quarante élèves à avoir été admis. Après les examens de Noël, nous vous l'annonçons d'emblée, vous ne serez plus que quatre. »

Un lourd murmure de protestation s'éleva parmi les étudiants. Outrée, je croisai les bras et fronçai les sourcils. Quatre candidats retenus pour le deuxième semestre ? Cela ne s'était jamais vu, même pour la plus prestigieuse faculté de Médecine au monde.

« Allons, allons, arrêtez de chouiner, râla le professeur aux allures guerrières. Tout le monde ne peut pas passer des portes vers d'autres mondes comme il l'entend. Si ça se passait comme ça, il n'y aurait pas de recherche du tout ! N'oubliez pas qu'on ne sait jamais ce qui nous attend derrière une porte. Ce que vous y trouvez a de forte chance de tenter de vous tuer. Alors si vous êtes là dans l'espoir de trouver un monde plus merveilleux que le nôtre, à votre place, je vous conseille de reprendre vos bagages fissa et de rentrer chez votre mère ! »

Un silence de mort s'installa. Je me mordis la lèvre et observai les expressions des autres autour de moi. Chacun avait repris son sérieux. En réalité, nous savions tous.

« Tu ne crois pas que tu y es allé un peu fort ? marmonna la femme.

— Peu importe. Au moins, ils sont au courant. »

Le professeur Marlowe se racla la gorge pour récupérer l'attention de ses nouveaux élèves :

« Si vous êtes reçu au second semestre, vous deviendrez l'apprenti de l'un d'entre nous et vous préparerez un sujet de recherche que vous présenterez à l'examen final. Le projet le plus convaincant pourra être réalisé et l'étudiant qui l'aura porté deviendra un passeur de porte, un chercheur par-delà les mondes. Avez-vous des questions ? »

Après un moment d'hésitation, Glenn leva la main et on l'invita à s'exprimer.

« Vous avez dit que nous serions quatre à être reçus et rattachés à un professeur référent pour le second semestre. Seulement, si je compte bien, il manque un professeur. Qui sera le quatrième ?

— Moi. »

Tous les étudiants se retournèrent pour connaître le détenteur de cette voix. Je n'eus aucun mal à le reconnaître.

Le nouvel arrivant s'avança pour rejoindre ses collègues au centre du cercle.

« Je m'appelle Prospero et je suis le psychologue de l'Ordre des voyageurs. Quand un passeur de porte revient d'un séjour dans un autre monde, il passe nécessairement par moi. En temps normal, je ne prends pas d'étudiant en apprentissage, mais étant le seul chercheur en psychologie des voyageurs de monde, j'ai cruellement besoin de renfort. C'est pourquoi j'ai décidé de former un étudiant cette année. J'espère obtenir satisfaction, tout comme mes confrères, alors ne nous décevez pas. »

Pour une raison que j'ignorais, un regain de détermination éveilla toute la nef de la chapelle. Quant à moi, je me redressai, fière d'avoir été admise par ce professeur si particulier.

« Pour le moment, vous ne devez vous préoccuper que de l'examen du premier semestre. C'est votre ticket d'entrée pour la suite, nous rappela le professeur Marlowe. Le professeur Havardsson, ici présent, vous enseignera les cours de défense contre les forces périlleuses, tandis que le professeur O'Reagan vous apprendra à étudier et à analyser les merveilles des autres mondes. Ces cours auront lieu plusieurs fois par semaine. Il faudra vous classer le mieux possible à l'examen de ces deux matières si vous voulez espérer passer au second semestre. Et avec moi, vous suivrez un cours d'étude sur la magie des portes. L'examen sera un peu différent : si vous échouez à mon épreuve d'examen, vous n'avez aucune chance d'être sélectionné pour la suite, est-ce bien clair ? »

Tout le monde hocha la tête ou répondit par un faible « oui » pour exprimer leur accord. Rien de tout cela ne me rassurait. Serais-je à la hauteur ? Je doutais autant que les autres.

« Bien, reprit le professeur Marlowe. Vous serez informé quarante-huit heures à l'avance de la tenue de mon cours. Les horaires sont très aléatoires : l'enseignement pourra avoir lieu aussi bien à l'aube que tard dans la nuit. Vous devez toujours être prêt. Aucune absence ne sera tolérée. Jamais. Si vous avez besoin de conseil, je vous invite à vous adresser à Mr Havardsson, Mrs O'Reagan ou à Prospero. Je ne pourrais pas être autant disponible pour vous, donc n'essayer pas de me chercher. C'est moi, au besoin, qui vous trouverais. »

Sur ces mots, le professeur Marlowe nous invita à prendre du repos. Un emploi du temps nous attendait dans nos chambres respectives, dans l'aile ouest de l'abbaye. Glenn poussa Ravi à le suivre. Les autres étudiants les suivirent, ainsi que les professeurs.

Quand Prospero passa devant moi, il fit semblant de ne pas me reconnaître. J'avais pourtant tant que questions à lui poser. Mais nos prochaines rencontres ne se feraient à présent que dans son bureau, dans un cadre bien plus formel que le Val sans retour.

Je m'attardai un instant pour observer le vitrail qui représentait un petit garçon franchissant une porte à travers un arbre. Le Soleil couchant réapparut à ce moment et ses rayons traversèrent cette porte pour illuminer mon visage.

Plus que jamais, je désirais de comprendre ce qui m'était arrivé quand je suis tombée dans le miroir aux fées. Et ma quête pour le découvrir me parut soudain plus ardue que je ne l'avais imaginé.

 

1Les Lais de Marie de France datent du XIIe siècle. Les lais sont des histoires courtes, ancêtre du conte. Guigemar fait probablement partie des lais les plus célèbres.

2 La Dame à la Licorne est une tapisserie du XVIe siècle conservée au musée national du Moyen Âge de Cluny, à Paris.

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Feydra
Posté le 04/11/2024
Toujours aussi fascinant. Je me demande quel âge a Julian. Mais le temps est relatif, n'est-ce pas et peut passer plus ou moins vite selon les mondes. Je n'avais pas fait de remarques sur les carnets dans le chapitre précédent, mais cela montre vraiment sa fascination pour les portes. Je crois avoir deviné 3 des quatre élèves qui risquent de passer au second semestre, mais je ne préfère pas trop m'avancer quand même. Tu pourrais me surprendre. 😉
M. de Mont-Tombe
Posté le 06/11/2024
Tu viens de relever un point que je n'avais pas anticipé... il va falloir que j'y remédie à un moment du coup. x')
Raza
Posté le 10/10/2024
Ok ; je m’exécute. *lis le début du chapitre 2. Reviens ici.
J’aime décidément bien ton histoire, et je note ici quelques questionnements, que j’espère que tu les trouveras constructifs pour qu’elle soit encore plus meilleure, comme on dit :
« Cependant, je soupirai, un peu déçue. Je m'attendais à une structure plus grandiose » : elle n’a pas vu une photo ou quelque chose à ce propos ? Je me rends compte que je ne situe pas l’époque de l’histoire. J’aurai dit bizarrement les années 1950-60. Désolé si c’est dit avant, j’ai peut-être un peu oublié… Erhm.
« on n'a pas le temps de toutes les essayer » oh ben même s’ils mettent vingt secondes par clef, ce qui n’est pas beaucoup, ça fait 20*40 = 800 secondes / 60 = (600+ 180+20)/60 = 13 minutes et 20 secondes, ça va ! Perso j’aurai haussé les épaules et continué à tester.
En vrai, j’adore les énigmes, bien sûr, mais, n’est-ce pas un peu risqué de faire une énigme en temps limité ? Si personne n’avait étudié la littérature, ou fait les recherches, alors quoi, les élèves ne rentraient pas et c’était fini ? Ça paraît un peu cavalier, non ?
« Après les examens de Noël, nous vous l'annonçons d'emblée, vous ne serez plus que quatre. » pourquoi pas, c’est sélectif mais pas impossible, par contre, ce n’est pas la première promo, donc les élèves doivent être au courant je pense. Ou alors, il y a des signatures de non révélations qui sont signés ou je ne sais quoi qui les oblige à se taire. Ou encore, ils pourraient rester élèves, mais ils n’auraient pas le droit de traverser, seulement d’étudier. Au sens où ils ont quand même de quoi faire. Ils seraient un peu le « back office » quoi, ou la cellule d’analyse.
Merci pour le partage, bon courage pour la suite :)
M. de Mont-Tombe
Posté le 10/10/2024
Hello ! Merci pour tes retours, tu me fournis des pistes intéressantes. :) Oooh, l'histoire est censé se passer plus tard que ça: vers fin 90, début 2000. ça peut paraître bizarre étant donné que Julian a passé sa première porte à six ans, mais ça fait partie du jeu: quand on passe une porte, le temps peut se passer différemment entre le monde réel et les autres mondes. C'est pourquoi Julian fait en réalité beaucoup plus jeune que son âge. Bien sûr, ce sera développé ensuite. Mais c'est que je n'ai pas mentionné exactement quand se passait l'histoire, peut-être justement parce que je n'ai pas une idée d'une date précise encore. Mais quelques indications pouvaient permettre de deviner, comme la mention de l'Eurostar, dont la ligne n'a été établie qu'en 1994. Il y avait aussi la mention d'un arbre d'Or près du Miroir aux fées: il s'agit d'une oeuvre d'art installé là en 1991. Mais j'admets que c'est très marginal: il faudra que je réfléchisse un peu à la manière de rendre cela plus visible.
Sinon, j'aime bien l'épreuve des clés, même si elle n'était pas prévu dans mon scénario au départ. Mais tu as raison, il faut que je la peaufine un peu plus la rendre un peu plus crédible. À la prochaine!
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