Chapitre III — Lettre close

Notes de l’auteur : N'hésitez pas à me laisser votre avis et vos remarques en commentaire. Si le début de cette histoire vous plaît, la suite n'attend que vous alors faites-le moi savoir.

Les vacances de la Toussaint touchaient presque à leur fin. Grâce aux connaissances de son mari, Lena Lefèvre était parvenue, et ce malgré l’opposition vigoureuse de Jana, à obtenir un rendez-vous chez le meilleur psychologue de la région lyonnaise. Madame Lefèvre était absolument convaincue que lui seul serait capable de résoudre les problèmes nocturnes de sa fille. Puisque les cauchemars avaient débuté à son retour d’Italie, elle redoutait que quelque chose ne soit arrivé à Jana lors de son séjour. Avait-elle été embêtée par des camarades ? Elle craignait le pire mais se rassurait en se disant que les professeurs ne lui avaient rien signalé à ce sujet. Son frère lui avait-il trop manqué ? Ça c’était bien plus probable mais de là à lui en faire perdre le sommeil… Pour Lena, ces cauchemars résultaient très certainement de l’enfance perturbée de sa fille. Les foyers dans lesquelles elle était passée, le manque causé par l’absence de ses véritables parents, la méconnaissance d’une partie de son histoire, l’amnésie relative à leurs premières années dont elle et son frère étaient frappés... Avant d’adopter, elle avait tout lu sur les troubles que pouvaient ressentir les enfants adoptés. Elle s’y était préparée et savait que très souvent ils apparaissaient à l’adolescence et que dès qu’ils étaient perceptibles il fallait emmener l’enfant consulter afin que l’abcès soit percé le plus rapidement possible.

Malgré l’inquiétude de sa mère, Jana n’avait toujours pas cédé et refusait obstinément d’aller voir ce psychologue aussi réputé soit-il. La jeune fille imaginait que si elle racontait tous les évènements étranges qui lui étaient arrivés durant son voyage en Italie et qui continuaient depuis, le psy la prendrait pour une folle. Elle pensait également que cela ne ferait qu’inquiéter un peu plus Léna si elle apprenait tout ça. Jana préférait continuer de se confier à son frère. Elle lui avait, dès son retour d’Italie, confié ses doutes, ses cauchemars, ses hallucinations… Evidemment, il avait répondu présent. Depuis toujours il avait été son confident, et elle était certaine qu’il en serait toujours ainsi.  

Pourtant, depuis quelques temps, elle le trouvait un peu changé et surtout beaucoup moins disponible d’auparavant. Avec son entrée au lycée, Elliott s’était fait d’autres amis et ses préoccupations étaient tournées vers d’autres centres d’intérêt, enfin surtout vers un centre d’intérêt en particulier : Ava Sørensen. Elliott était amoureux, mais alors vraiment amoureux. Du matin au soir et du soir au matin, il ne parlait plus que d’Ava. Il vivait Ava, il marchait Ava, il mangeait Ava, il dormait Ava... Son cœur avait déjà frémi pour une fille, pour plus d’une même, mais jamais de cette manière, jamais au point que Jana ressente les premières manifestations de la jalousie. La jeune lycéenne danoise venait d’emménager en France après la nomination de son père sur un poste d’agent à Interpol. Comme de nombreux autres enfants du personnel de cette organisation internationale, ses parents l’avaient inscrite à la CSI, établissement de réputation mondiale. Dès son arrivée, la jolie blonde très élancée en avait charmé plus d’un. Elliott n’avait pas échappé au pouvoir de séduction de ses beaux yeux clairs, bien au contraire. Plutôt timide quand cela se rapportait aux relations avec le sexe opposé, ce grand gaillard n’avait pas osé faire le premier pas. C’est Ava, avec une maitrise quasi parfaite du français, qui l’avait approché pour demander des renseignements sur l’organisation de l’année scolaire. La réponse du lycéen fut quasiment incompréhensible car un bégaiement soudain empêchait les phrases de sortir de manière claire et intelligible. Touchée par les joues rougies d’Elliott, Ava avait fait semblant de comprendre sa réponse et lui avait souri. Leur relation d’abord amicale semblait évoluer jour après jour. Ils étaient de plus en plus proches, de plus en plus complices. Leur amour naissant se construisait lentement sous les yeux de Jana qui craignait tous les jours un peu plus de voir son frère s’éloigner d’elle. Ce sentiment arrivait en outre au plus mauvais moment, à l’instant même où elle avait le plus besoin de ce lien fraternel qui les unissait depuis toujours.

 

Au petit matin du dernier jour des vacances, Jana se précipita vers la chambre de son frère. Elle ouvrit violemment la porte faisant s’envoler l’affiche pourtant bien fixée de la dernière tournée internationale de Muse. Elliott était allongé sur son lit, la tête tournée vers la fenêtre donnant sur la contre-allée arborée du Cours Franklin Roosevelt et les jambes posées sur sa couette à carreaux bleus et blancs.

— Elliott, regarde ce que je viens de voir, cria Jana en lançant plusieurs de ses livres sur le lit de son aîné sans prêter attention à l’endroit où ils atterrissaient. Regarde mes livres. Il y a un truc bizarre.

— Hey ! s’offusqua Elliott. Je suis au téléphone avec Ava. Tu pourrais frapper avant d’entrer. Tu n’es pas dans un moulin ici. C’est MA chambre.

Jana, stupéfaite par la réaction de son frère qui jamais auparavant ne lui aurait parlé comme cela, récupéra rapidement ses livres éparpillés et ressortit de la pièce sans même dire un mot. Elle alla machinalement se réfugier dans sa chambre. Elle était effondrée. Recroquevillée sur son lit, des larmes s’échappèrent de ses magnifiques mais très tristes yeux gris-bleus. Elle ne comprenait pas. Son frère, sa moitié de toujours venait tout juste de la rejeter.

Sentant qu’il avait commis une terrible erreur en parlant de la sorte à Jana et souhaitant s’excuser auprès d’elle, Elliott ne mis pas plus de cinq minutes à la rejoindre. Il s’assit sur le rebord du lit de sa sœur. Elle ne se retourna pas. Elle savait que c’était son frère et préféra ne pas lui montrer qu’elle pleurait. Elle lui en voulait terriblement.

— Va-t’en ! cria Jana.

— Excuse-moi ! marmonna Elliott qui ne savait pas comment se faire pardonner pour sa réaction de tout à l’heure. Je ne voulais pas te parler comme ça. Ava venait de m’appeler pour me demander d’aller au cinéma cet après-midi pour la séance de 14h. Ton entrée fracassante m’a surpris. C’est tout !

— Elliott ! répondit Jana avec un sanglot dans la voix qu’elle tenta de réprimer. Tu n’as pas le droit de me faire ça.

— Excuse-moi sœurette, dit Elliot en posant maladroitement sa grande main sur le dos tendu de sa sœur. Je t’aime. Tu le sais. Ne pleure pas !

— Je ne pleure pas ! réfuta-t-elle vainement.

— J’entends bien que je t’ai fait de la peine. Allez ! Raconte-moi ce que tu voulais me dire tout à l’heure.

— Non, je n’ai plus envie, déclara fermement la jeune fille. Laisse tomber ! Laisse-moi tranquille ! Va te préparer dans TA chambre pour aller au cinéma avec TA Ava.

         Comprenant qu’il valait mieux ne plus rien dire pour ne pas aggraver la situation, le jeune homme honteux préféra quitter la pièce. Il aurait tellement aimé prendre sa petite sœur dans ses bras. Il se sentait confus de son attitude. Paradoxalement, il estimait qu’il était en droit de vivre sa vie. Il était jeune et amoureux et ne voyait pas en quoi sa relation naissante avec Ava pouvait poser problème à Jana. Il ne voulait pas avoir à choisir entre les deux. Pour lui sa relation fraternelle et sa relation amoureuse étaient totalement compatibles voire même plus, elles étaient complémentaires et essentielles pour son équilibre. Il fallait que Jana comprenne la situation. En plus, comment pouvait-elle juger Ava puisqu’elle ne la connaissait même pas ci ne n’est par ce qu’il lui en racontait. Il savait, il sentait au fond de lui qu’elles pouvaient toutes les deux devenir amies.

Le petit déjeuner qui suivit cet affrontement une demi-heure plus tard fut plutôt silencieux pour ne pas dire glacial. Lena ne fit aucune remarque pour ne pas attiser les braises encore brulantes. Elle avait, malgré elle, assister de loin à la scène alors qu’elle récupérait les panières de linge sale dans la salle de bains des enfants. Elle avait alors préféré ne pas intervenir dans l’espoir secret de glaner une quelconque information sur les causes des cauchemars de sa fille imaginant que celle-ci tentait de lui cacher. Mais rien n’était sorti de cette dispute fraternelle. Jana avala rapidement son jus d’orange quotidien ainsi que les croissants que sa mère était allée chercher tôt le matin à la boulangerie-pâtisserie située un peu plus loin sur le même cours. A peine la jeune fille avait-elle fini de boire la dernière gorgée qu’elle se levait déjà de table prétextant un devoir de latin à finir. Elliott fit mine de commencer à débarrasser la table pour pouvoir s’attarder un peu auprès de sa mère. Cette dernière avait bien compris ses intentions.

— Maman, je peux te parler cinq minutes ? demanda Elliott.

— Bien sûr ! répondit Madame Lefèvre qui avait bien déchiffré l’attitude de son grand fils, peu habitué à débarrasser la table de manière volontaire. C’est au sujet d’Ava et de ta sœur ?

— Euh, oui, acquiesça Elliott étonné de la clairvoyance de sa mère. Comment tu le sais ?

— Je suis une maman et je sens ces choses-là, affirma Lena Lefèvre en continuant de débarrasser la table du petit déjeuner. Et puis tu sais, j’ai été jeune avant toi. J’ai bien remarqué une tension entre toi et Jana ces derniers temps alors qu’habituellement vous êtes si complices. J’ai très vite compris quelle en était la raison. Il faudrait être aveugle, et sourd surtout, pour ne pas voir qu’une seule chose te préoccupe en ce moment. Je voulais justement t’en parler. Tu es jeune, c’est de ton âge, mais attention de pas faire n’importe quoi. Tu dois être capable de faire la part des choses et de te fixer des priorités. Il y a Ava, je le conçois, mais il y avait déjà ta sœur et tes études. Tu dois trouver une place pour chacune d’elles sans n’en négliger aucune.

— Comment je dois faire pour cet après-midi ? interrogea Elliott qui comprenait ce que sa mère voulait dire mais qui ne semblait pas pour autant vouloir trouver seul la solution à son problème. Ava veut aller au cinéma avec moi et j’ai vraiment envie d’y aller. Pourtant je sens que Jana a besoin de moi. Si je lui propose de venir avec nous, cela ne va peut-être pas plaire à Ava, ni à Jana d’ailleurs… Elle n’aura certainement pas très envie de tenir la chandelle. Et je peux la comprendre.

— Je t’entends. C’est une situation compliquée. Tu dois faire un choix. Mais réfléchis bien. Quel rendez-vous peux-tu mettre en attente de quelques heures et qui entrainera le moins de peine ?

— …

— Ton rendez-vous au cinéma peut-il avoir lieu plus tard dans la journée ou bien demain ? poursuivit Lena. Tu dis toi-même que ta sœur a besoin de toi, non ?

— Tu as raison, acquiesça Elliott qui entrevoyait enfin une solution. Je saisis ce que tu me dis. Jana a plus besoin de moi qu’Ava là tout de suite. Je vais aller lui parler et si elle va mieux, j’irai au cinéma.

— Attention tout de même à être complètement disponible pour ta sœur, reprit Madame Lefèvre. Ton aide doit être véritablement sincère et non pas simplement le résultat de ta culpabilité. Cela ne ferait qu’aggraver la situation. Si tu ne peux pas être pleinement avec elle, si tu penses à Ava pendant que tu es avec ta sœur, autant ne pas y aller.

— Oui maman, j’ai compris, déclara Elliott un grand sourire aux lèvres. Il adorait ces moments privilégiés où enfin il pouvait compter sur quelqu’un pour le guider dans ses choix de futur adulte, lui qui avait souvent dû faire le roc pour rassurer sa sœur.

— Je vais finir de débarrasser, ricana Madame Lefèvre. Allez, va !

— Merci mamounette, dit timidement Elliott qui depuis le début de la conversation n’avait réussi qu’à ranger une brique de lait dans l’immense frigidaire du dernier cri en inox acheté à l’occasion de la rénovation de la cuisine.

         Avant de quitter la pièce, Elliott embrassa tendrement Lena qui lui serra le bras à la fois pour le soutenir dans l’épreuve qui l’attendait et en même temps pour le féliciter de cette maturité de jeune homme en devenir qu’il avait montré en venant lui parler. Il monta les escaliers très lentement pour se laisser le temps de préparer ce qu’il allait dire à sa sœur. Ses premiers mots allaient être primordiaux pour renouer le contact. Lorsqu’il arriva devant sa porte, il prit une grande inspiration puis toqua doucement trois petits coups comme il avait l’habitude de le faire pour lui signaler que c’était lui. Personne ne répondit. Le jeune homme pensa qu’elle n’était pas encore prête à lui pardonner. Déçu mais compréhensif, il tourna les talons en direction de sa chambre tout en songeant qu’il y retournerait un peu plus tard dans la matinée. Regardant ses pieds, il entra, se jeta sur son lit et se recouvrit la tête avec son oreiller comme s’il espérait s’échapper ou se cacher. Une voix tendre et amicale le tira subitement de la torpeur dans laquelle il venait de plonger très volontiers.

— Bon alors, je commençais à m’impatienter, déclara Jana assise près du bureau de son frère. Tu as enfin fini de faire semblant de débarrasser la table de la cuisine ?

— Jana ? interrogea Elliott déconcerté par la présence de sa sœur dans sa chambre.

— Tu attendais peut-être quelqu’un d’autre ? demanda-t-elle. Tu étais où ?

— Je suis passé te voir dans ta chambre mais tu ne m’as pas répondu, répondit timidement le jeune homme encore sous le coup de la surprise.

— Forcément j’étais là ! clama Jana d’un ton sarcastique. Tu me voulais quoi ?

— Je voulais encore m’excuser et te dire que j’étais là à cent pour cent pour toi. Dis-moi ce qui te tracasse, dit Elliott en regardant très sincèrement sa petite sœur.

— Et Ava ? l’apostropha Jana.

— Il y a un temps pour tout, et pour le moment il est tout à toi, poursuivit Elliot empli de loyauté. Je verrai Ava plus tard. Si, comme je l’espère très profondément, il y a un début d’histoire entre nous, elle comprendra qu’aujourd’hui je ne peux pas être auprès d’elle.

         Touchée par le changement d’attitude de son frère, Jana versa une larme qu’elle s’empressa d’essuyer dans un excès de fierté. Elle le retrouvait comme il avait toujours été, présent et protecteur. Elle sauta de la chaise sur laquelle elle avait pris place pour attendre son frère et fonça hors de la chambre. Quelques secondes plus tard, elle revenait les bras chargés d’un tas de livres qu’elle jeta sur les jambes de son aîné. Enseveli sous une vingtaine de bouquins, l’adolescent resta interloqué.

— Regarde tout ça et dis-moi ce que tu remarques, commanda Jana tout excitée de montrer son étrange découverte à son aîné.

— Il faut que je remarque quoi ? demanda Elliott interloqué par la question de Jana. Ce sont tes livres de cours.

— Cherche un peu, quand même ? répondit-elle.

         Elliott commença par feuilleter les manuels de mathématiques, de français, d’histoire, de sciences, d’anglais… Rien. Rien d’extraordinaire. Il ne voyait là que de simples ouvrages semblables à ceux qu’il avait lui aussi possédés deux ans auparavant et dans lesquels il s’était penché, parfois même arraché les cheveux, toute une année scolaire. Devant son regard interrogatif et dubitatif, Jana referma les livres et les disposa retournés devant son frère, les quatrièmes de couverture bien visibles. Subitement, le regard d’Elliott s’illumina. Il se pencha frénétiquement à plusieurs reprises au-dessus de chaque couverture comme pour vérifier et revérifier qu’il ne rêvait pas. Il releva la tête plusieurs fois en direction de sa sœur qui acquiesça à chaque fois sans dire un mot. Il n’hallucinait pas. Les codes-barres de chacun des livres de Jana portaient tous exactement le même numéro : 526-2-0326-8830

— Ce n’est pas possible ! clama Elliott encore abasourdi par cette découverte. Tu me fais une blague. Tu as collé des étiquettes.

— Non ! réfuta aussitôt Jana qui lui remit les livres sous les yeux en grattant vainement les codes-barres pour prouver que rien n’était collé. J’te promets ! Regarde !

— Comment c’est possible ? Chaque livre ou plutôt chaque titre doit avoir un code ISBN qui lui est propre. Maman nous a toujours dit que ce code est leur carte d’identité et donc qu’ils doivent tous être différents.

— Ben oui, je sais, poursuivit la jeune fille en prenant une attitude experte. C’est pour ça que c’est troublant, non.

— Oui, c’est bizarre, très bizarre même, reprit Elliot en se tenant le menton comme à chaque fois qu’il réfléchissait très sérieusement. Quelqu’un a dû te faire une blague. Je ne vois pas comment expliquer cette coïncidence autrement. Ils te disent quelque chose ses chiffres ?

— Pas du tout, dit Jana avec un air dubitatif qui montrait qu’elle n’avait en fait pas réellement réfléchi à cette question. Enfin si c’est le cas je n’y ai jamais fait attention. Fais voir un peu.

Les deux adolescents passèrent le restant de la matinée à essayer de faire des liens entre tout ce qui leur tombait sous la main. Ils comparèrent leurs livres. Seuls ceux qui appartenaient à Jana portaient cette étrange et identique série de chiffres. Ils épluchèrent des tonnes de documents, et rien. Ils ne trouvèrent rien. Ils décidèrent de faire des recherches sur le net pour voir si des cas similaires avaient déjà été recensés. Là encore, ils firent chou-blanc. Cette bizarrerie ne trouva aucune réponse plausible. Voyant que sa sœur avait retrouvé le sourire, Elliott lui proposa d’aller faire un tour au centre commercial de La Part-Dieu. Il savait que cela finirait de lui redonner le moral ou du moins que ça lui permettrait d’oublier tous les tracas occasionnés par ces évènements troublants. Ravie par cette proposition, Jana s’empressa d’aller enfiler des vêtements un peu plus convenables et embrassa son frère en passant. La dispute matinale avait l’air d’être derrière eux.

Ce début du mois de novembre était déjà très frais. Le vent glacial décuplait encore davantage cette sensation de froid déjà très vive. Pour se protéger de ces conditions météorologiques, ils décidèrent de prendre le métro pour se rendre dans un des plus grands centres commerciaux d’Europe. A la rentrée scolaire, ils avaient fait renouveler leurs pass scolaires Técély qui leur permettaient de voyager sur les réseaux des transports publics de toute l’agglomération lyonnaise. Avec ces pass, ils étaient complètement autonomes. Lena Lefèvre reconnaissait que ce système était très pratique même si le fait de les savoir seuls dans le métro était loin de la rassurer. Une fois descendus dans la galerie souterraine du métro, Elliott et Jana sortirent leur carte Técély. Ils passèrent le portique d’entrée puis se dirigèrent vers le quai. Alors qu’il attendait tranquillement le prochain métro, Elliott reçu un coup de coude dans les reins de la part de sa sœur. Jana avait plongé son regard stupéfait dans les yeux bleu océan de son frère. Puis très lentement, elle l’abaissa vers le verso de sa carte de transport.

Les chiffres.

Les chiffres composant son numéro d’adhérent correspondaient exactement à ceux qui figuraient sur ses livres. Les deux adolescents étaient tellement estomaqués qu’ils ne virent même pas que la rame qu’ils attendaient venait de repartir après s’être arrêtée quelques instants devant eux. Finalement, d’un regard complice comme eux-seuls en avaient le secret, ils firent demi-tour en direction du 32 Cours Franklin Roosevelt pour y voir un peu plus clair.

Le mystère concernant cette série de chiffres venait de s’épaissir un peu plus, mais Jana en était désormais persuadée, ils signifiaient forcément quelque chose. La récurrence et la persistance de cette série de chiffres étaient un signe. Elle pensa au plus profond de son cœur que quelqu’un essayait de lui transmettre un message. A cet instant, elle n’y comprenait rien mais elle était bien décidée à décoder cette combinaison chiffrée.

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