Chapitre III . Povera Cornuta

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Dimanche Après-Midi

 

Enfin chez elle !

Quel bordel !

Elle enjamba comme elle pût les cartons accumulés devant l’entrée.

Elle n’avait ni l’envie ni la force de ranger, trier, aujourd’hui.

Elle pénétra dans la cuisine, c’était pire, l’évier dégorgeait de vaisselle entassée. Elle renonça au plaisir sommaire d’un bon café. Il n’y avait ni tasses ni verres propres.

Elle parlait toute seule, pour meubler le silence de ce grand appartement !

— Mais, putain c’est quoi cette odeur immonde ! La caisse du chat, putain, la caisse du chat, il faudrait que je la change ! Elle dégueule, comme l’évier ! Non pas maintenant !

Dans un coin, endormi sur le canapé ou faisant semblant de l’être, un gros minou, roulé en boule, boudait !

Il n’avait pas compris lui non plus ce qu’il fichait là !

En plus, sa maitresse le délaissait, le grand con qui vivait avec elle avait disparu aussi. Ça, ce n’était pas grave, ils ne s’étaient jamais blairés !

Mais maintenant qu’il était le seul mâle de la maison, elle ne s’occupait plus de lui !

Il n’appréciait pas ce nouvel appartement, c’était beaucoup mieux avant !

C’était plus petit, mais c’était plus cosy. De toute façon c’est connu, les chats n’aiment pas changer leurs habitudes. Mais là, ce n’était pas pareil, cet appart puait !

— Vinti, Vintimille, allez viens faire un câlin à maman, viens !

La bestiole, mollement bougeât une oreille, puis l’autre, étira ses pattes arrière, puis enfin tourna la tête et regardant Bianca bailla.

— Elle me prend pour qui! Elle ne s’intéresse plus à moi depuis des jours et des jours! Puis elle rentre, comme ça, ça y est elle se rappelle mon nom ! Change ma gamelle plutôt, la bouffe est dégueulasse ici, et puis la litière déborde… Oh zut, elle a vu que j’ai chié dans le salon, il faut que je me casse de là et vite !

— Vinti ! Tu as fait quoi ! T’es un cochon !

Bianca, à bout, s’affala plus qu’elle ne s’assit dans le Clic-clac !

— Putain de ville, putain de dimanche pourri, papa, maman, pourquoi m’avez-vous laissée seule. Vous me manquez.

Maintenant qu’elle pleurait à chaudes larmes, le félin revenait sur le canapé. Il se lova contre elle, ronronna et de sa langue râpeuse, lui lécha le visage.

— Tu es là, mon bon gros minou ! Je ne me suis pas beaucoup occupé de toi, ces derniers temps ! Oui, tu es un bon chat, mon Vinti,

Lorsqu’elle l’avait trouvé, il venait tout juste d’être sevré, sale repoussant, il zonait sur la place du marché à… Vintimille justement !

C’était ses dernières vacances avec ses parents, elle s’en souvenait...

— Tu t’en souviens Vintimille, mon Vinti, c’est là où je t’ai récupéré, tu mangeais dans la gamelle d’un vendeur à la sauvette. J’ai encore le faux Vuitton que je lui avais acheté. Le lendemain on etait parti à Gênes, en longeant la côte. On était passé sur le pont Morandi, le pont qui s’est écroulé. On c’était perdu, à la place de se diriger vers le nord, vers Turin et prendre le Fréjus comme on faisait chaque fois on s’est retrouvé sur des routes minuscules. Papa disait tout le temps « ça ne fait rien, je visite, c’est mon dernier voyage. Avant que Dieu me récupère ! », il ne s’était pas trompé le pauvre… on à traversé la frontière, la voie était étroite, maman avait une de ces peurs ! Le col Agnel, il s’appelait ce col... mon Dieu, je parle à un animal maintenant… Allez mon chat, je te change la litière, elle en a bien besoin. Après, je fais la vaisselle !

***

Elle s’était bien activée, elle n’avait pas vu le temps passer, tant mieux ! L’appartement avait l’air plus humain maintenant, il suffisait de s’y mettre, c’était tout.

Elle s’était dépensée, elle transpirait, il faut dire qu’elle avait eu si froid ce matin sur ces satanées berges de l’Isère… Elle avait monté le thermostat à son retour. Il faisait 24 °, c’était bien comme chaleur.

— Je me débarbouille, et après on se regarde une bêtise sur Netflix mon Vinti.

La douche, brûlante comme d’habitude, l’eau coulait sur sa peau hâlée. Elle se mirait dans le miroir en face d’elle, ce qu’elle y vit lui plut, un corps souple et bronzé, des seins haut perchés bien fermes, et un cul… Qu’il était con ce julien, de m’avoir laissé tomber. Ce corps est fait pour la baise… Il faudrait que je taille un peu mon maillot, ça part dans tous les sens… Ces seins, comme ils sont beaux ! disait-elle, en se les caressant avec le gant. Le mamelon pointait déjà… Putain, je suis en manque à ce point !

Elle dut se rincer à l’eau glaciale pour se calmer !

Alors qu’elle se séchait les cheveux, le téléphone sonna,

Elle n’avait pas envie de répondre…

Vintimille guettait son idole, il attendait qu’elle s’installe sous la couette pour la rejoindre, elle avait visionné des centaines d’heures de séries américaines… Vinti ronronnant contre elle. Elle ouvrit tout de même le menu de son portable, le même numéro avait déjà appelé, il avait laissé un message vocal, elle l’écouta…

— Salut, Bianca, c’est Michel de la scientifique, on est pas encore rentrés à Lyon, avec Éric on va manger un morceau en ville avant de partir, il paraît qu’il y a un quartier italien à Grenoble, ça changera des bouchons si tu veux te joindre à nous…

Michel, Michel… ce n’était pas le grand brun musclé, celui qui la regardait comme si elle était un tiramisu crémeux ! Il était beau gosse ! Excuse-moi ! Vinti, ta maitresse doit sortir… elle avait faim tout à coup, et pas que de pizza !

***

Cela faisait un siècle qu’elle n’avait pas pris ce fichu Tram, mais le centre-ville, c’était impossible en voiture, alors les quais, n’en parlons pas.

Comme une automate elle descendit à l’arrêt Notre -Dame,Musée. Elle aurait dû dire non. La pizzeria Fornolégna ce n’était pas une bonne idée.

Machinalement elle arpenta la rue Chenoise et déboucha sur le quai Claude Brosse. Elle enquilla le pont passerelle. Elle n’avait pas besoin de se pencher pour savoir qu’une eau boueuse charriait des arbres entiers. Elle n’avait pas à lever les yeux, pour savoir que quatre nacelles, accrochées à un câble, survolaient sa tête et rejoignaient la colline, un peu plus haut. Un bref moment, elle pensa sauter dans la rivière, elle coulerait dans un premier temps et serait emportée par le courant tourbillonnant. La mort serait horrible, ça ne la tentait pas finalement.

Tous les dimanches la mamà, le papà, emmenaient la bambinà manger une pizza quai perriére, ensuite pour digérer ils montaient jusqu’au musée Dauphinois, avant de finir la journée au jardin de Ville, alors c’est dire si elle ne connaissait pas le Fornolegnà !

Ils étaient déjà attablés, on ne remarquait qu’eux. Ils avaient sorti cette gourde de Michot, on la disait gouine, ce n’était pas l’image qu’elle donnait ce soir. Les lèvres étaient maquillées façon clown, quand elle souriait on ne voyait que sa bouche. Le décolleté aussi lui arrivait au nombril, si le mec qui était en face d’elle n’avait pas compris qu’elle voulait baiser…

Elle s’assit lourdement, sur le siège qui lui était destiné. Les deux mâles n’avaient d’yeux que pour la poitrine superbe de la légiste. Bianca faillit se relever et sortir, de toute façon elle n’avait plus faim. Michel, du coin de l’œil la vit se lever, il attrapât sa main, et la contraint à reposer ses jolies fesses sur le velours rouge de la chaise. Ses yeux de braise se plantèrent dans les siens, il lui glissa dans l’oreille !

— Pourquoi veut — tu partir ? Tu viens d’arriver. Puis, plus bas encore.

— Tu n’as pas besoin de tous les artifices de cette dinde pour briller. Je suis resté à Grenoble juste pour toi !

Elle se sentit fondre, c’était con une femme, dès qu’un beau mâle…

Elle dérogea à ses habitudes, elle choisit une pizza Del Capo, en pensant à son amie napolitaine la volcanique Flavia. Pour accompagner le plat, elle commanda du vin rouge, un Néro d’Avola !

Et pour le dessert ce sera un tiramisu bien évidemment, avant que ce soit elle… le tiramisu.

La soirée avait été délicieuse finalement, Bianca ne regretta pas d’être venue. L’alcool et le piment lui picotaient agréablement le bas ventre, brusquement elle saisit le bras du beau brun qui lui faisait face.

Ses yeux étaient deux braises incandescentes.

— Tu me raccompagnes, je te propose, chez moi, une grappa qui va te faire monter au rideau. Elle rajouta, espiègle.

— J’ai une microscopique culotte rouge qui voudrait être arrachée avec les dents. Hâte-toi !

Il en tremblait d’excitation, d’un geste de grand seigneur il commanda l’adition, il extirpa sa porte-feuille de sa poche, un peu trop vite, une petite photo et une alliance tombèrent au sol.

Putain, il était marié ce con, il claironnait qu’il était sans attaches. Elle quitta la table, furibarde. Sans se retourner, elle ouvrit la porte à la volée et lâcha bien fort pour que tous entendent.

— Povéra Cornuta !

Aveuglée par la colère et la frustration, elle ne vit pas l’homme qui la matait depuis un moment au fond de la salle. Il se leva et sortit en même temps qu’elle.

***

Elle décida que la marche lui ferait du bien, elle traversa l’Isère au pont Marius Gontard. Elle se sentait suivie. Sans bouger la tête, juste avant de s’engager dans la rue de Belgrade, elle aboya !

— Il veut quoi ? le mec qui me suit, depuis ma sortie du Forno. Putain, je suis si moche que ça que je n’attire que les pervers les hommes mariés et les connards.

Puis, se retournant carrément !

— Dis-moi ce que tu veux, vite, j’ai eu une journée fatigante.

Sentir son SIG SP 2022, dans sa poche, la rassura. On ne savait jamais sur qui on tombait le soir !

— Excusez-moi mademoiselle, je ne voulais pas vous effrayer.

L’homme était immense et bien bâti, un sourire ravageur ornait son visage, il n’était peut-être pas le champion du monde des remarques pertinentes, mais il avait une gueule d’acteur de cinéma.

— Alors princesse, je te paye un verre, le Tamara, tu connais !

Finalement, la soirée n’était peut-être pas perdue

— OK, c’est bon pour moi, juste un truc, tu n’es pas marié

Il rit, d’un rire qui emportait tout !

— Non ! Princesse, si j’avais été marié, je n’aurais pas pris le risque. J’ai cru que tu allais l’atomiser le mec ! Putain, c’était drôle, la tronche du con !

Sa gaieté était contagieuse, il fit rire la jolie Bianca toute la nuit, quand le bar ferma, il insista pour l’accompagner jusque devant chez elle à pied. Un vrai gentleman !

À la question

— Un dernier verre, chez moi, maintenant !

— Non, princesse, j’aimerais bien, je ne te connais pas encore assez pour venir chez toi, mais je te le promets, nous allons nous revoir bientôt

— Donne-moi ton 06, beau gosse !

— Non, princesse, chaque chose en son temps, tu es trop pressée, le destin nous fera nous rencontrer très bientôt.

Elle était un volcan, une allumette et pcht, elle prenait feu. Alors qu’elle manœuvrait pour le coincer dans un renfoncement. Il la prit de vitesse et s’esquivant, l’embrassa à la dérober. Son baiser volé avait un goût de coca-cola, sa main furtive caressa les seins fermes qu’elle cachait sous son anorak,

— Je vous promets mes deux jolis nous allons nous revoir très bientôt.

Puis, le sosie de Teddy Rinner, avec une pirouette à la Omar Sy s’enfuit, et alors de loin sans s’arrêter lui dit.

— Je le sais, je n’ai répondu à aucune de tes questions, je m’appelle Aristide, Aristide Dedieubénit, je suis Haïtien, les amis (ies) me surnomment, G’odao, tu comprendras…

Il rajouta, tout doucement, dans un murmure.

— Bientôt, Princesse, bientôt, avant de s’évaporer dans la nuit.

La belle Bianca, n’arrivera pas à trouver le sommeil cette nuit. Enfin ce qu’il en restait.

 

 

 

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