Notes, 13 novembre 2006
Je suis là. Je suis là. Je suis là. Je suis là. Je suis là. Je suis là. Je suis là. Je suis là.
Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi.
Le temps est long sans toi. On dirait un enfer. Tout blanc.
Oh, tu es si pâle !
Je regrette ce que j'ai fait.
Quoiqu’il arrive, je serai là, présente. Jusqu’à la fin. Jusqu’à ta mort.
Non, tu ne mourras pas, je te l’interdis.
Tu n’as que moi. Je suis la seule à te comprendre. À saisir ton chemin, à t’avoir suivi à travers tant de sillages, de courbes et d’angles morts.
Si seulement tu pouvais parler, dire quelques mots ! Parle ; parle ; parle !
Une phrase.
Un murmure.
Un indice.
Un rien qui me sortirait du gouffre qui lentement m’engloutit. Ce silence me tue, m’étreint dans un malheur que je ne connais que trop bien.
La folie va me guetter, je le sais. Je la sens. J’en ai peur. Elle m’attire.
J’ai envie que tu te réveilles, mais j’en ai peur. Comment réagiras-tu quand tu verras ton corps ? Peut-on seulement appeler ça un corps ?
Reviens moi, reviens moi, reviens moi, reviens moi, reviens moi.
Carla releva la tête et souleva son stylo qui toussa des noisettes d’encre sur le cahier. Son regard se perdit dans le grain irrégulier du mur.
D’un geste brusque, elle déchira la feuille puis la froissa jusqu’à ce qu’elle devienne une petite boule de papier et enfin, la jeta dans la poubelle.
Les décharges revinrent quelques secondes plus tard, des frissons électriques familiers, synonyme d’énervement, d’irritabilité, de rage.
Seule l’écriture avait le pouvoir de calmer ses palpitations.
La jeune femme eut brutalement envie d’un sédatif ou d’une tisane. Un truc calmant, bien fort pour calmer son cerveau erratique. Peut-être un whisky ?
À l’affût, ses yeux scrutèrent les alentours. Rien que du gel hydroalcoolique.
Non, elle n’était pas à ce point désespérée.
Quelqu’un frappa à la porte. Elle se figea en reconnaissant la personne à l’entrée.
Lucie Cruzet. La femme de son cher et tendre. Carla évitait de se retrouver dans la même pièce plus de trois secondes d'affilée.
La nouvelle venue resta immobile, le regard rivé sur le lit où reposait Justin. Ses mains tremblaient. Ses joues, parsemées de taches de rousseur, se coloraient, des larmes s’écrasaient sur le dallage blanc.
Comment Justin avait-il pu la supporter aussi longtemps ?
— Tu pleures pour une vraie raison ou c’est tes hormones ?
Lucie la fusilla du regard. Son petit nez se froissa et sa bouche se tordit dans une grimace, comme aimantée vers le bas, alors que ses sanglots résonnaient dans la pièce. Elle porta une main à son ventre proéminent. Elle devait être à quelques semaines du terme.
Pourquoi autant de femmes s’imposaient ce calvaire ? Cela n’avait rien de naturel, Lucie en était l’exemple parfait. Avant fine jeune femme aux jambes ciselées, elle tenait maintenant plus de la baudruche ou du sac à patate. Cela ne déplaisait d’ailleurs pas à Carla.
Lucie s’avança vers son mari. Carla se leva et tira sa chaise dans un grincement strident jusqu’au rebord de la fenêtre, son deuxième refuge. Elle n’allait pas lui laisser l’opportunité de s’asseoir : Lucie risquait de s’attarder ou pire de croire qu’elles partageaient une même affliction.
Carla s’égara dans la contemplation du parking en contrebas, étonnamment plein. Il pleuvait, comme d’habitude. Une pluie hideuse, de celle qui jette sur le monde une aquarelle de gris et tend à effacer les surfaces, tableau impressionniste de dépressif.
Entre les pleurs de Bambi et la pluie, elle se noyait. La vie passait son temps à lui envoyer des tempêtes à la gueule. Un jour, ce serait bien qu’elle change de cible.
Les sanglots de Bambi redoublèrent et sa patience fondit brusquement.
— Arrête de pleurer.
Carla venait d’être particulièrement bienveillante, elle espérait que le message passait. Les prunelles larmoyantes se posèrent sur elle.
— Est-ce qu’il t’a dit quelque chose ?
Carla fronça les sourcils, ses dents se serrèrent les unes contre les autres comme des petits soldats prêts à s’engager sur le front.
— Ouais, c’était trop son genre à Justin de faire de grandes déclarations.
Lucie avait arrêté de pleurer : un progrès.
— Un nouveau flic a repris l’affaire, l’informa Carla par bonté d’âme.
— Ah oui ? répondit-elle toujours dans ses pensées.
— Une andouille comme les autres.
Lucie dodelina de la tête.
— C’est un délit de fuite, la police ne peut pas faire grand-chose si personne n’a relevé la plaque d’immatriculation. Ce n’est pas comme si Justin traînait dans des affaires louches…
Carla la dévisagea. Était-elle vraiment si sotte ou essayait-elle de se convaincre ? Elle portait vraiment bien son surnom. Bambi.
— Tu sais, tu as une vision très idéaliste de Justin. C’est vraiment pathétique…
La jeune femme releva les yeux, ils brillaient d’une lueur de défi.
— Si c’est autre chose qu’un accident, je suis sûre que c’est de ta faute.
Carla se releva d’un bond, son corps entier n’attendait que l’affrontement, le face à face. Elle se réjouissait presque.
— Ma faute ?
Lucie sembla hésiter, puis, ses lèvres se mouvèrent.
— Oui. Tu serais bien capable de tout, juste pour qu’il couche avec toi.
En deux mouvements, Carla se jeta sur la jeune femme. Elle la souleva et la plaqua violemment contre le mur avec ses deux mains.
— Retire ce que tu viens de dire ! lui cracha-t-elle au visage.
Lucie se mit à trembler puis à pleurer. La terreur irradiait chaque cellule de son corps.
— Lâchez-la, somma une voix masculine.
Carla n’eut pas besoin de tourner la tête, elle reconnut le nouveau flic à sa voix. À peine arrivé, il la soûlait déjà.
Les traits de l’inspecteur étaient figés dans une profonde concentration. S’il était surpris par son comportement, il ne le montra pas. Il se rapprocha et découvrit son arme de service juste assez pour que Carla puisse l’apercevoir.
— S’il vous plaît Mademoiselle Cole, nous n’avons pas besoin que je l’utilise ?
— Je m’en suis certainement plus servi que vous… rétorqua-t-elle.
Le visage de l’homme se durcit en entendant la réplique. Carla crocheta son regard à celui de la femme de Justin.
— Excuse-toi Bambi !
— Si vous ne relâchez pas tout de suite Madame Cruzet, je veillerai à ce que vous ne puissiez plus remettre un pied dans cette chambre d’hôpital.
Immédiatement, Carla reposa Lucie au sol.
— Je te préviens, Bambi. Fais gaffe à tes paroles.
Sur ces mots, elle alla récupérer sa chaise, la posa près du lit de Justin, attrapa sa main – comme si sa froideur lui procurait la drogue nécessaire à l’affaiblissement de sa colère – et contempla Justin.
Lucie éclata en sanglots.
— Oh non… dit l’inspecteur à la vue du torrent de larmes.
Il sortit un mouchoir en papier et le lui tendit.
— Voilà, c’est ça, continua-t-il en la voyant se moucher. Vous en voulez un autre ?
Carla les fixa un instant et mima un pistolet tirant une balle dans sa gorge. Le flic l’ignora.
— Mme Cruzet, si vous le voulez bien, je vais vous raccompagner. Je reviendrai voir Mademoiselle Cole plus tard.
— Ou jamais, grommela-t-elle.
Sur ces dernières paroles, le flic et Lucie se dirigèrent vers le couloir. Au seuil de la porte, Lucie s’exclama d’une voix altérée par les larmes.
— Tu fais vraiment toujours tout pour m’humilier ! Connasse !
Carla se mit à sourire bêtement. Puis son visage se figea. Justin n’aurait pas pris son parti dans cette histoire.
Breeeeef haha, j'ai vraiment pas de remarque constructive pour le moment, je me contente vraiment de me poser tout plein de questions. Il me manque un peu de recul pour apporter une contribution, donc je savoure dans l'immédiat
On est d'accord que Carla est dans l'accès, elle ne fait jamais les choses à moitié...
Tu as des questions très pertinentes !! Mmmm je ne te répondrais pas :p
A bientôt !
Bisous volants <3
Visiblement Justin menait une double vie... Tant de mystères ! Pour le moment je trouve Carla insupportable, mais je suis certaine que des raisons bien sombres se cachent derrière cette colère.
Merci beaucoup pour tes petits messages ! Cela m'a fait très plaisir de les lire !!
"Une certaine hostilité règne entre les deux femmes."=> Oui ! C'est le moins qu'on puisse dire ;p
"Pour le moment je trouve Carla insupportable, mais je suis certaine que des raisons bien sombres se cachent derrière cette colère." => Oui c'est normal^^ Si je la rencontrai dans la rue, je me mettrai à fuir très vite XD
A bientôt :)
Eh bien, ce chapitre me laisse un sentiment vraiment particulier ! Carla est très amère et sa violence me laisse sans voix ! X) En lisant les commentaires, j'ai constaté que d'autres partageaient les mêmes impressions. Mais j'ai aussi noté que Carla était victime d'une maladie pas très connue (si j'ai bien compris ?), donc je comprends que tu aies fait ces choix !
En tout cas, j'ai beaucoup apprécié cette petite touche poétique : "Une pluie hideuse, de celle qui jette sur le monde une aquarelle de gris et tend à effacer les surfaces, tableau impressionniste de dépressif." Cette image est très évocatrice, bravo !
Et j'ai trouvé que le ton cynique que tu emploies fait vraiment écho à Carla, selon moi, la narration est maîtrisée (même si ce personnage est très dur, on sait à qui on a affaire) !
En tout cas, tu as bien enveloppé tes personnages de mystères : qui était vraiment Justin ? Quelles relations avait-il avec Carla ? Dans quelles sordides affaires l'a-t-il entraînée ?
Une chose est sûre, ça donne envie de poursuivre !^^
" Eh bien, ce chapitre me laisse un sentiment vraiment particulier ! Carla est très amère et sa violence me laisse sans voix ! X)" => Oui, c'est là qu'on se rend compte que Carla ne va pas bien, qu'elle n'est pas juste "spéciale"^^ ahah.
"Mais j'ai aussi noté que Carla était victime d'une maladie pas très connue (si j'ai bien compris ?), donc je comprends que tu aies fait ces choix !" => Oui, je parlerai de cette maladie un peu plus tard mais elle est au centre de ce récit, le but du livre est que Carla soit délivrée de cette maladie.
Je suis trop touchée que tu relèves ma phrase préférée de ce chapitre <3
"Et j'ai trouvé que le ton cynique que tu emploies fait vraiment écho à Carla, selon moi, la narration est maîtrisée (même si ce personnage est très dur, on sait à qui on a affaire)" => merci pour cette remarque ça me rassure :)
Idem pour les personnages emplis de mystères, j'essaie d'entretenir un peu le mystère tout en faisant avancer l'enquête mais ce n'est pas une mince affaire^^ ahah
"Une chose est sûre, ça donne envie de poursuivre !^^" => Ouf ! Tant mieux ! Avec ce chapitre, j'ai un peu peur que les lecteurs partent en courant !!!
J'ai hâte d'avoir ton ressenti sur la suite :)
Pleins de bisous volants !
Me revoici comme promis sous ce chapitre :)
J'apprécie beaucoup le début sous forme de journal. Ça rend bien compte des pensées de Carla : elle semble désespérée par le comas de Justin, perdue sans lui, peut-être même qu'elle ne se voit pas vivre sans lui ?! Ses pensées me semblent cohérentes, elles ne vont pas dans tous les sens...
"Coment réagiras-tu quand tu verras ton corps ?" Ça donne un indice sur l'état de Justin ? Si c'est ça, je comprends la phrase qu'elle dit juste après "En fait je crois que j'aurais préféré que tu sois mort." En tout cas, pas facile facile pour Carla... Mais, quelle est la nature sa relation avec Justin ? Ami, amant, guide, complice ?? Plein de mystères se réveillent encore dans ce chapitre :)
Je ne sais pas si Carla est folle mais elle m'a l'air perdue pour l'instant. En même temps elle dit "La folie va me guetter, je le sais. Je la sens." Donc pour moi elle a peut être une maladie qui va petit a petit s'installer en elle et dont elle a déjà conscience ?!
Elle a du dédain pour les personnes qui croisent son chemin (Lucie, Arthur) et leur parle d'un ton cassant, comme si elle leur en voulait de quelque chose, comme si personne ne pouvait la comprendre (C'est mon ressenti en lisant ce chapitre ^^). Le passage où elle pousse Lucie est un peu "violent" mais je trouve qu'il correspond à Carla : elle n'aime pas les femmes enceintes, elle en veut à tout le monde, elle a un lien qu'on suppose fort avec Justin (donc s'en prend à celle qu'il aime par jalousie ?!)... Elle s'en fout de tout en fait ?!
Bon pour résumer, elle me paraît dérangée, impulsive, violente mais je ne sais pas pourquoi, j'ai de la compassion pour elle ;)
Au plaisir de lire la suite et de savoir ce qu'elle va devenir ! A bientôt !
"J'apprécie beaucoup le début sous forme de journal. Ça rend bien compte des pensées de Carla" => Super, j'avais un peu peur avec cette partie, mais dans mon ancienne version, tous les points de vue de Carla sont à la première personne du singulier. En relisant, je trouvais ça bizarre donc j'ai juste gardé les parties journal intime :)
=> elle semble désespérée par le comas de Justin, perdue sans lui, peut-être même qu'elle ne se voit pas vivre sans lui ?! => Oui, c'est le cas.
"En tout cas, pas facile facile pour Carla... Mais, quelle est la nature sa relation avec Justin ? Ami, amant, guide, complice ?? Plein de mystères se réveillent encore dans ce chapitre :)"=> Un peu tout ? XD
"La folie va me guetter, je le sais. Je la sens." Donc pour moi elle a peut être une maladie qui va petit a petit s'installer en elle et dont elle a déjà conscience ?! " => En effet, elle est un peu consciente que quelque chose ne va pas chez elle.
Elle a du dédain pour les personnes qui croisent son chemin (Lucie, Arthur) et leur parle d'un ton cassant, comme si elle leur en voulait de quelque chose, comme si personne ne pouvait la comprendre (C'est mon ressenti en lisant ce chapitre ^^). => C'est cool, c'est exactement ce que je voulais ! :)
"Elle s'en fout de tout en fait ?!"=> Oui, elle n'a plus rien à perdre. Les autres n'ont aucune importance, seul Justin est important.
"Bon pour résumer, elle me paraît dérangée, impulsive, violente mais je ne sais pas pourquoi, j'ai de la compassion pour elle ;)" => C'est vrai ? Oh super ! Je ne pensais pas qu'on aurait de la compassion tout de suite pour elle <3
"Au plaisir de lire la suite et de savoir ce qu'elle va devenir ! A bientôt !"=> Merci ! A bientôt pour la suite ! J'ai hâte de te la faire découvrir^^
"J'avais classé Carla dans la catégorie des excentriques, là elle passe au niveau supérieur, celle des folles dangereuses, et ça ne me plait pas."=> C'est normal mais le but de mon bouquin est de la faire changer^^
Ses sentiments à son égard semblent bien plus profonds que la simple amitié. Pourquoi tant de possessivité et de susceptibilité face à l'interrogation légitime de Lucie ? Ça cache quelque chose. Un lien pas forcément sain.=> Exactement ! Bravo ! Tu as tout compris :p. C'est bien une maladie, je te laisse chercher laquelle, elle n'est pas très connue !
"mais je te conseillerais quand même de nuancer la violence de Carla par rapport à Lucie."=> Nop, malheureusement c'est ce que je veux !
"Une simple baffe en dirait autant que le plaquage contre le mur (dangereux en plus pour une femme proche du terme)." => Justement, elle s'en fout Carla.
Bon en tout cas, merci pour tes remarques qui me prouvent bien que j'ai réussi ce que je voulais même si cela met mal-à-l'aise^^
Pleins de bisous volants