Chapitre Neuf // Partie Une

Notes de l’auteur : TW: Crise d'angoisse

Alexandre, 2 Décembre, 10h

Lorsque je me réveille, j'ai le pire mal de tête que j'aie jamais eu. Je suis dans mon lit, mais je ne sais pas comment j'y suis arrivé. Je suis toujours complètement habillé, seules mes chaussures sont manquantes. Je cherche mes lunettes à tâtons sur ma table de nuit, et les met. Je réalise très vite que quelque chose cloche: je ne vois rien, tout est très flou. J'ai dormi avec mes lentilles? Je retire les lunettes, et ma vue redevient normale. J'ai donc bien dormi avec mes lentilles... C'est étonnant qu'elles ne se soient pas déplacé, je ne ressent aucune gêne.

Je marche vers le miroir qui est dans un coin de ma chambre. Sous mes pieds, le sol tangue. Ma tête me tue, j'ai l'impression qu'on tape à l'intérieur de mon crâne avec une barre en métal brûlant. Même la lumière filtrée par mes volets me fait mal. Je regarde mes yeux: ils sont éclatés et gonflés. J'ai du mal à retirer mes lentilles à cause de ça, elles n'arrêtent pas de glisser et mes yeux, de pleurer. Le fait de les avoir portées pendant la nuit était une mauvaise idée en soi, mais je pense que mon moi d'hier n'y avait pas pensé. Je jette les lentilles dans la poubelle, et retourne chercher mes lunettes. Ensuite, je sors de ma chambre, et me retrouve dans le salon.

Visiblement, Tom et Alix ont trouvé comment transformer le canapé convertible en lit. Ils sont toujours entrain de dormir, donc je fais le moins de bruit possible en passant près d'eux. Je prend juste le temps de caresser Ronron, qui dort entre leurs deux têtes. Je ne me souviens pas de lui avoir mis à manger hier soir, et pourtant, son plat est au sol et des croquettes sont éparpillées autour. Bizarre.

En fait, maintenant que j'y pense, je ne me souviens pas de grand chose.

Je vais dans la cuisine, et me sers un grand verre d'eau. J'ai la bouche pâteuse, et un goût horrible dans la bouche. Je souffle un peu d'air dans ma main et sens: mon haleine pue l'alcool, c'est affreux. Je me sers un nouveau verre d'eau et le bois tout aussi rapidement que le premier puis je pars à la recherche d'un anti-douleur dans mes placards. Je n'en prend jamais, donc je ne sais même plus où je les ai rangés. Visiblement ils ne sont pas dans la cuisine, donc je vais voir dans la salle de bain.

Le petit cabinet au dessus de mon évier est presque vide, et pourtant, c'est là que je trouve des aspirines. Je prend le cachet avec un peu d'eau, et prie pour que ça agisse vite. L'impression que mes yeux vont sortir de mes orbites est plus forte que lorsque je me suis levé.

Je sors ma brosse à dent et le dentifrice. J'en ai vraiment besoin, vu ce que j'ai senti dans la cuisine. J'y passe plus de temps que ce qui est recommandé, et remet du dentifrice plusieurs fois pour que le goût de l'alcool parte entièrement. Je passe aussi de l'eau sur mon visage. Je n'ai ni l'envie, ni l'énergie de prendre une douche maintenant. L'eau froide a au moins l'effet de me réveiller un petit peu: maintenant, je suis moins dans le brouillard.

Je retourne dans la cuisine et décide de préparer du café. J'ai déjà vu Tom avant qu'il ne boive sa tasse de café, et c'est pas beau à voir. Je préfère être prêt à tout. Et puis de toute façon, je n'ai rien d'autre à faire.

Tom et Alix sont toujours profondément endormis, je ne sais pas quand ils vont se réveiller. Mon ventre gargouille et se sert. Je n'avais pas réalisé que j'avais faim jusqu'à maintenant. Je sors un bol d'un placard et une boite de céréales d'un autre. Ronron vient me rejoindre à table lorsqu'il entend que je verse le lait, donc je lui en met dans un petit plat. Le silence est brisé par le bruit du café qui coule, et de mon chat qui boit son lait. Je mange en ayant le regard dans le vide, je suis incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. Le bruit d'une chaise qu'on tire me sort de ma rêverie. Alix s'assied en face de moi, sans dire un mot. Ses cheveux sont en bataille, et iel a d'énormes poches sous ses yeux. Ses mains passent sur son visage, puis dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus.

— Salut, tu veux du café?

Ma voix est bien plus rauque que d'habitude, et j'ai mal à la gorge.

— Je veux bien, merci...

Iel baille. J'en déduis qu'iel est venu me rejoindre dès qu'iel a ouvert les yeux. Je me lève de ma chaise et lui sert son café dans un mug sur lequel il y a une photo de Ronron. Je ne sais pas si iel le boit noir ou pas, donc je sors ma boîte de morceaux de sucre et la pose à côté du lait. Alix prend la tasse et boit plusieurs gorgées d'une traite. Vu la grimace qu'iel fait, iel s'est brûlé, et pas qu'un peu. Mais au moins, ça a l'air de l'avoir réveillé!

— Merci, il est très bon! Très chaud aussi...

Je retourne m'asseoir et bois dans ma propre tasse. Je rajoute un sucre, il est bien plus amer que d'habitude. J'ai dû me tromper dans les quantités... Tant pis.

— Tu as bien dormi?

J'arrête de jouer avec ma cuillère, et porte mon regard sur Alix. Iel me regarde, inquiet.

— Je dirais que oui. Mais je me souviens de rien. On est rentrés tard?

— Non, il n'était même pas 21h quand on a quitté le bar. Mais vu comme tu allais mal, c'était pour le mieux.

— Comment ça?

J'étais mal? Je ne m'en souviens pas... Mais vu comme je pue l'alcool, c'est plausible.

— Ne me dit pas que j'ai bu à m'en rendre malade, quand même? Je n'étais même pas censé boire, je devais... Attends, comment on est rentrés, en fait? Je devais conduire!

— T'inquiète, c'est moi qui nous ai ramenés ici. J'avais bu qu'une demi-bière, j'étais encore sobre. Toi, par contre, t'étais complètement mort bourré, j'ai dû te porter jusqu'à la voiture. Heureusement j'étais garé juste en face de la rue, mais si j'avais été plus loin, j'aurais demandé à un des videurs de m'aider. C'était pas un soucis.

Je plonge ma tête dans mes bras, qui sont croisés sur la table. Comment ai-je pu boire autant? Surtout que je sais que je ne supporte pas l'alcool!

— Je suis tellement. Mais tellement. Désolé. Je sais pas, enfin je sais plus, ce qu'il m'a prit. Je ne bois vraiment jamais, je ne gère pas l'alcool.

Alix finit sa tasse de café, avant de me répondre.

— Je dois avouer que j'ai pas trop compris pourquoi t'as bu autant? Pourtant t'as essayé d'expliquer, mais moi j'ai rien compris. Tu marmonnais dans mon épaule, c'était incompréhensible. Tom avait l'air de comprendre de quoi tu parlais, tu devrais plus lui demander à lui.

— Okay... Merci, cependant. Tu m'as ramené chez moi alors que tu ne me connais pas, j'ai pas dû te faire une très bonne impression...

— Oh, t'inquiète! On avait discuté avant, je vais plus me baser sur ça que sur ce qu'il s'est passé après! Même si je doute que j'aurais appris que tu es très tactile si tu n'avais pas bu les cinq premiers shots.

Je rougis et me cache derrière mes mains. Iel rit, clairement iel se moque de moi.

— Par pitié, dis-moi que je n'ai rien dit ou fait de trop humiliant

Son rire est plus fort, et me vrille le crâne. L'anti-douleur commence à faire effet, mais pas totalement.

— Non, t'as rien fait de trop mal. Disons que j'ai dû t'empêcher de retourner au bar en m'asseyant sur tes jambes, et que ça n'avait pas l'air de te déranger du tout. Tu m'as fait un ou deux câlins, et t'as pleuré aussi. Et t'étais content quand je te portais en princesse jusqu'à la voiture, t'arrêtais pas de rigoler. Et t'as eu du mal à me lâcher, quand j'ai voulu te poser sur le siège. Après, quand Tom est venu s'assoir à côté de toi, tu t'es couché sur lui. Tu vois? Rien de dramatique!

Je le regarde au travers de mes doigts.

— Tu me jures que j'ai rien fait de plus... Osé? J'ai pas essayé de te toucher ou un truc du style, hein?

Alix pose sa main sur la mienne, et m'offre un sourire rassurant.

— Non, Alex. Tu n'as rien essayé.

Iel se recule dans sa chaise, et me fait un clin d'oeil.

— Pas que ça aurait été mal accueilli, cependant.

Je dois faire une tête vraiment drôle, car iel se tord de rire. En fait, iel rit tellement fort que Tom finit par se réveiller et se pointer dans la cuisine. Il traîne des pieds, et se frotte le visage. Il vient s'asseoir sur la chaise à côté de la mienne et s'avachit sur la table. Il dégage une odeur particulièrement déplaisante, mais je doute que je sente meilleur moi-même. Je me lève et lui sers une tasse de café, dans laquelle je mets deux sucre et pas mal de lait. Lorsque je me retourne, Tom est déjà entrain de se rendormir, sur la table, tout en caressant Ronron.

— Tom, reste réveillé!

Il lève difficilement la tête vers moi, et parvient à me faire un doigt d'honneur. Je lui mets sa tasse entre les mains sans dire un mot, et je m'assied sur ma chaise. Maintenant, Ronron est dans les bras d'Alix, et aucun des deux n'a l'air d'être dérangé. Il fait maintenant très calme, le silence n'est brisé que par les ronronnements de mon chat.

— Dis Alex, je pourrais utiliser ta douche? Je dois bosser cet aprem', et je n'aurai pas le temps de rentrer chez moi avant.

— Bien sûr! Viens, je vais te montrer.

Alix pose Ronron par terre, mais il remonte directement sur les genoux de Tom. Je l'emmène dans la salle de bain, où je lui donne une brosse à dent et de quoi s'essuyer, puis dans ma chambre.

— Bon. On va pas se mentir, tu sens quand même l'alcool, même si tu n'as pas beaucoup bu. Je vais te passer des vêtements à moi, ça devrait t'aller, on fait plus ou moins la même taille. Sers-toi, prend ce que tu veux!

Je lui ouvre les portes de l'armoire et le laisse choisir. Iel sors un vieux t-shirt d'un groupe que j'écoutais quand j'étais encore un adolescent, et se tourne vers moi.

— Je peux?

— Ouais! Par contre, il fait froid, donc il faut que tu prennes un pull.

Je me lève et vient le rejoindre devant l'armoire. Sur l'étagère du bas, il y a une multitude de pulls à capuches. J'en sors plusieurs qui devraient lui aller, et le laisse choisir. Iel part pour le noir, ce qui est toujours le choix le plus sûr.

— Merci, tu me sauves la vie. Je vais y aller, du coup!

Je le laisse retourner dans la salle de bain, tandis que je retourne dans la cuisine. Tom est toujours assis sur sa chaise, et Ronron profite de ses caresses, toujours sur ses genoux. Mon meilleur ami a l'air d'être plus éveillé qu'il y a cinq minutes, grâce au café.

— En voilà un qui a l'air moins mort, d'un coup!

Visiblement, il est encore trop tôt pour faire des blagues, vu le regard qu'il me lance. Il me tend sa tasse de café sans dire un mot, et je la lui remplit. Je le laisse la boire avant de lui demander:

— Dis, tu peux me dire ce qu'il s'est passé hier soir? Alix n'a pas pu m'aider, et je me souviens de rien, après que tu sois revenu du bar.

— Hmm.

Tom pose sa tasse, et change sa position. Maintenant, il a un regard à la fois dur et patient.

— Si je te le dis, c'est pour ton bien. D'accord?

D'un coup, je m'inquiète.

— Si je te le dis, c'est parce que je tiens à toi. Pourtant l'autre là, il m'a dit de pas t'en parler. Mais ça n'arrangerait rien, alors voilà.

L'autre?

— En fait, hier, si tu as bu autant, c'est parce que tu as vu Ezra avec un autre gars. Tu as bu. Beaucoup. Tu ne tenais plus debout, et pourtant on devait se mettre sur toi pour t'empêcher de retourner au bar. Quand on a voulu te faire sortir, on est tombés sur Ezra, et il t'a vu. Tu as voulu courir pour ne pas lui parler, et t'es tombé. D'ailleurs si tu as mal quelque part, ça doit être à cause de ça. On a voulu te faire sortir quand même, mais tu as commencé à dire que tu l'aimais bien, des trucs du style. Pour être honnête, j'étais assez loin aussi, donc je ne me souviens plus exactement ce que tu lui as dit, mais tu lui a clairement dit que tu l'aimais bien, ça j'en suis certain. Puis tu es parti avec Alix, et Ezra m'a dit de ne pas te parler de tout ça si tu ne te rappelais pas. Mais je peux pas te laisser comme ça, ça serait vraiment pas correct.

Le visage de Tom est complètement fermé, et je comprend qu'il m'en veut.

— Tom, je suis désolé de ne pas t'avoir parlé d'Ezra. Je savais pas à quoi ça allait me mener, mais j'aurais quand même dû t'en parler...

— Quoi? Mais tu ne me dois rien!

Il m'attrape la main, et continue:

— Non, je suis pas fâché pour ça, Alex! C'est ta vie privée, et tu ne me dois rien du tout! J'ai juste la gueule de bois! J'ai moins bu que toi, mais j'ai bu beaucoup quand même! J'ai juste mal à la tête, relax...

Je relâche mon souffle, je n'avais même pas remarqué que je l'avais retenu. Je suis content que Tom ne m'en veuille pas de lui avoir caché ce qu'il se passe avec Ezra... Enfin, pour peu qu'il se passe quelque chose. Je me recule dans mon siège, et je mesure enfin les conséquences de ce que j'ai fait cette nuit. J'ai vraiment merdé, putain.

Je me lève et vais chercher mon téléphone dans ma chambre. Je le trouve sur ma table de nuit, en train de charger, sans aucun souvenir de l'avoir mis là. C'est probablement Tom, ou même Alix, qui y a pensé. Il est éteint, probablement qu'il s'était totalement déchargé à la soirée.

Je retourne dans la cuisine. Je rallume mon téléphone, puis patiente le temps qu'il se mette en route. Je sens le regard de mon meilleur ami peser sur moi, alors que j'attends anxieusement. Je n'ai visiblement aucune notification.... Je ne sais pas si je devrais être rassuré ou inquiet. Soulagé de ne pas avoir de message de rejet de la part d'Ezra, inquiet de ne pas avoir de ses nouvelles.

Je prend l'initiative de lui envoyer le premier message.

Alexandre, 10h46

Salut! Comment ça va? :D

Aucune référence à hier. Si ça se trouve, il était lui aussi bourré, et il ne se souvient de rien. Si c'est le cas, je ne lui rappellerai pas pour le moment. Je lui raconterai, bien évidemment, mais juste... Pas maintenant. Ce n'est pas le moment, en fait.

Je repose mon téléphone sur la table. Je connais son cycle de sommeil habituel, je doute qu'il soit toujours endormi, mais je ne veux pas renvoyer un deuxième message, ça laisserait passer mon inquiétude.

Dans mon dos, la voix d'Alix se fait entendre:

— Je suis désolé, mais je vais devoir partir, sinon je vais être en retard.

— Attends, tu ne veux pas manger un bout avant? Tu n'as pas encore déjeuné!, je déclare.

— Ca dépend, un bout de quoi?

Iel me fait un clin d'oeil, et rit alors que je rougis. Tom se moque de ma réaction aussi.

— Mais non merci, Alex. Ils me donneront de quoi manger au boulot!

Iel me tape l'épaule et celle de Tom en se dirigeant vers la porte, et s'en va avec un denier «A plus les petits potes! ». La porte se referme, et Tom se tourne vers moi.

— Je crois qu'Alix t'aime bien, mon pote! Je l'ai jamais vu flirter autant avec quelqu'un!

Je rougis encore plus, et je répond en bégayant:

— Tu... Tu crois? Enfin, ça n'a pas d'importance, en fait. Vu ce qu'il s'est passé hier, je crois qu'on peut dire que c'est déjà foutu d'avance.

Il hausse des épaules.

— Enfin, rien ne t'empêche d'oublier Ezra, hein. Mais ça te ferait plus de mal que de bien. A mon avis, Alix aime juste te perturber, iel aime bien faire ça. Puis hier, tu lui as montré que tu l'aimais bien aussi!

— Hein?

— Bah ouais! Vous étiez presque collés, tu ne voulais pas le lâcher!

— C'est pas vrai...

J'aurais aimé ne pas avoir bu, hier soir. Je ne me souviens de rien, et ça commence à me taper sur les nerfs. Puis je n'arrête pas d'apprendre que j'ai fait des conneries, en plus de celle de balancer à Ezra que j'ai des sentiments pour lui. D'ailleurs, je n'étais même pas au courant de ces sentiments!! Mais en même temps, je n'arrive pas à me dire que c'est faux. C'est une chose à la fois douce et amère à admettre. Douce, car ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle chose. La dernière personne que j'aie aimé, c'était Ophélia. Amère, car il est fort probable que ça finisse comme avec cette dernière. Moi, au fond de mon canapé, incapable de me lever, et devant demander de l'aide à mon frère. Je n'ai pas envie d'être blessé à nouveau...

Une once d'espoir naît en moi. Peut-être que tout se passera bien. Peut-être que mes sentiments sont réciproques. Peut-être qu'Ezra est en train de penser à moi, en ce moment même!

Je sens mon visage changer, alors qu'une vague d'idées noires m'oppresse.

Non, il ne pense pas à moi. Ou en tout cas, pas de façon romantique. Je suis juste le frère du mari de sa soeur. En fait, il ne me considère même pas comme son ami. Tous ces moments passés ensemble, c'était uniquement pour faire plaisir à Denise. Au fond, il me hait, comme tout le monde. Même mon frère, il ne me supporte que parce que je lui fait pitié. Mais bien sûr, le pauvre petit Alex, rejeté par ses parents dès qu'il a eu dix ans. Qui n'aurait pas pitié, hein?

— Alex, arrête!

Tom me tape sur la tête, et je sors de ma transe. Il est devant moi, accroupi, et me regarde inquiet.

— Tu pleures. T'as recommencé, pas vrai?

Je hoche péniblement de la tête. Mon corps tremble de façon incontrôlable, si bien que les mains de Tom sur les miennes ne me calment pas. Ma jambe sautille à une vitesse incroyable, et les larmes coulent sur mes joues sans que je ne les sente ou que j'essaie de les essuyer.

Tom me prend dans ses bras, et je sanglote encore plus. J'ai plusieurs hoquets, du genre qui font mal au ventre. Je m'accroche à son t-shirt comme un désespéré.

— Je t'aime, Alex. Et Charlie aussi, il t'aime. Ezra aussi tient à toi, je l'ai vu dans ses yeux hier. L'équipe t'aime aussi. Tu es le meilleur frère, le meilleur ami, que quiconque pourrait avoir. Il n'y a aucun doute là dessus. Tu es l'une des personnes les plus merveilleuses que j'ai jamais connu, et je suis plus qu'heureux de t'avoir dans ma vie. Le monde est plus beau lorsque tu es là. Alexandre, tu es important pour tous les gens qui t'entourent.

Bien que les hoquets soient plus espacés maintenant, je suis toujours secoué par mes sanglots. Le t-shirt de Tom, qui est en fait l'un des miens, est trempé de larmes et froissé là où mes mains serrent le tissu. Il me serre de plus en plus fort contre lui, jusqu'à ce que je sois complètement calmé. Mes yeux brûlent intensément, et je sais qu'ils sont gonflés. J'ai l'impression que tout mon visage est engourdi, et mon corps est lourd comme une pierre. Mes yeux se ferment contre ma volonté, et je n'ai ni l'envie, ni l'énergie, de les rouvrir.

*

*                       *

Lorsque je me réveille pour la seconde fois dans mon lit, j'ai un mal de tête terrible. Pendant un instant je pense revivre à nouveau mon réveil de ce matin, puis je me souviens: j'avais eu une crise, et j'ai énormément pleuré. Ça explique pourquoi mes yeux me piquent autant, et la migraine.

Je sens une présence à mes côtés. Lorsque je tourne la tête, je tombe sur le visage inquiet de Tom.

— Comment tu vas?

— Bof. Merci, Tom. Et désolé pour... Ça.

Je fais un vague signe vers mon visage, en référence à ce qu'il s'était passé dans la cuisine.

— Alex, tu n'as pas besoin de t'excuser pour tout ce que tu fais, tu sais? Tu as eu une crise, tu n'as pas à t'excuser pour ça.

Mes yeux s'embuent à nouveau, mais je n'ai plus aucune larme à faire couler. Tom se penche sur moi, et me reprend dans ses bras. Je lui rend son étreinte, et on reste comme ça pendant plusieurs minutes.

— Dis, il est quelle heure?

Ma voix est à peine perceptible, étouffée par le corps de Tom.

— Il est passé cinq heures. J'ai envoyé un message à ton frère, il s'inquiétait de ne pas avoir de tes nouvelles par rapport à hier. Je ne lui ai pas tout raconté, je ne sais pas ce que tu veux lui dire et ce que tu veux garder...

On se sépare, et je me relève. Ma tête me tourne un peu.

— Rassure moi, tu as mangé, hein?

— Ouaip! Je t'ai mis dans ton lit, puis je me suis fait un sandwich. J'ai aussi donné à manger à Ronron, apparemment je ne lui avait pas donné assez lorsqu'on est rentrés, hier soir.

— Tom, t'es le meilleur.

Je jette un oeil à mon téléphone, qui a retrouvé sa place sur la table de chevet. Toujours pas de réponse. Génial...

— Je suis désolé, mon pote.

La main de Tom se pose sur mon épaule en signe de soutien.

— Je crois qu'il a pas oublié...

 

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Saamodeus
Posté le 14/10/2021
Un chapitre très intense, mais qui en un sens fait énormément de bien. Ça fait toujours du bien de voir des personnages êtres vulnérables, surtout que ce que Alex à, je connais bien. Ça fait plaisir de se dire "ah ouais dans la fiction aussi les gens sont comme nous, et parfois ils font des crises comme nous" ça permet de mieux se rapprocher des personnages et de se rendre compte qu'on est pas tout seul.
Merci infiniment pour ce chapitre
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