I’m so stressed !
Breathe in, breathe out, breathe in, breathe out.
Je viens d’arriver devant l’immeuble où j’ai rendez-vous, il est treize heures. Le rendez-vous est dans une heure. J’ai proposé à Vic de venir pour treize heure quinze, afin de discuter de ce qu’elle a pensé de mon livre.
J’espère que je suis habillé correctement, je ne sais pas trop comment me vêtir pour ce genre de rendez-vous professionnel. C’est vraiment différent de la fois où j’ai candidaté pour travailler dans une librairie de Londres. En même temps la propriétaire, Mme Faurest, m’avait déjà repéré, c’était comme si j’avais déjà le poste. Ma tenue importait peu aux yeux de Mme Faurest tant que je présentais les livres avec passion comme j’ai l’habitude de faire.
Pour aujourd’hui, j’ai mis du temps avant de me décider sur ce que j’allais porter. Je suis donc vêtu d’une chemise blanche en dessous d’un pull simple vert foncé. Et j’ai mis un pantalon à pince marron assez classe mais pas trop non plus. Tout ça en dessous de mon manteau, le seul que j’ai emmené mais qui est assez chic. Je suis probablement habillé comme le veut le cliché des étudiants en littéraire. Et puis après avoir eu Grandma au téléphone, j’ai également essayé de dominer mes boucles, sans résultat…
Je jette un œil au ciel.
Il fait plutôt gris dehors, et assez froid. Mais il n’y a pas de vent, je ne pense pas qu’il puisse se mettre à pleuvoir… Cela vaut mieux pour ma coiffure qui est déjà bancale.
Comment Vic sera-t-elle habillée ? Est-ce qu’elle sera en tenue classe et sérieuse comme le requière un entretien professionnel ? Mais sachant que le rendez-vous ne la concerne pas directement, elle n’a pas besoin de faire autant d’effort. Enfin je ne pense pas…
Je n’ai pas vraiment non plus eu l’occasion de saisir quel est son style vestimentaire, lors de notre rencontre. A moins que son style ne soit simplement que des ensembles sweats et jeans larges.
L’éditrice ne m’a pas paru stricte au téléphone et lorsque que nous avons eu un premier rendez-vous en visioconférence elle était habillée de façon plutôt simple… Je me demande à quoi ressemble son bureau.
Anyways ! On verra bien comment cela va se passer…
Il est treize heure dix.
Je crois reconnaître la voiture de Vic qui tourne au moment même dans la rue de la maison d’édition. Elle ralentit et continue d’avancer jusqu’à ce qu’elle trouve une place pour se garer.
Je l’observe tandis qu’elle gare la petite voiture.
Et la voilà qui sort du véhicule et s’approche en marchant.
Elle n’est plus qu’à quelques mètres de moi.
- Quelle aubaine ! Trouver une place de parking gratuite et juste à côté !
- C’est plutôt rare d’ordinaire c’est ça ?
- Oh oui ! Il faut être chanceux pour pouvoir se garer près du lieu auquel on se rend, sur Paris. Enfin je pense que c’est pareil à Londres et dans toutes les grandes villes.
- C’est fort probable.
Maintenant qu’elle se tient devant moi je me demande vraiment comment j’ai pu m’inquiéter pour sa tenue.
Elle porte une large et épaisse robe pull beige, en dessous d’une courte mais je pense assez chaude, veste marron clair. Et elle est chaussée de converses hautes assorties à sa veste.
Bien sûr elle porte également des collants, qui m’ont l’air assez épais ! Il fait trop froid surtout pour une frileuse, pour ne pas porter de collants en janvier.
Cette tenue est simple, assez sérieuse et surtout très mignonne sur elle.
Je n’avais pas remarqué la dernière fois mais elle arbore une multitude de petites boucles d’oreilles dorées autour de ses lobes. Elle doit avoir quatre ou cinq trous sur chacune de ses oreilles. Et dire que j’ai toujours peur à vingt-trois ans de faire un seul piercing… Alors cinq de chaque côté ! Je n’ose même pas imaginer comment je réagirais.
- Je suis assez bien habillée tu penses ?
Oups, elle a compris que je jugeais sa tenue dans ma tête.
- Oh euh, oui ! C’est parfait. Enfin je ne peux pas juger, je ne suis pas un professionnel de la mode. Je me demandais justement si j’étais habillé correctement.
Elle sourit avant de me répondre.
- Oh je pense que tu n’as pas à t’en faire. Selon moi tu as très bien choisi ta tenue pour l’occasion.
Et je le pense sincèrement. Il est très bien habillé. Ce pantalon lui sied à merveille ! Ses cheveux ont un drôle d’aspect, ils me paraissent différents par rapport à la dernière fois. Je me demande si c’est leur état naturel étant donné que la dernière fois que je les ai vu, ils sortaient d’un bonnet et en avait quelque peu gardé la forme.
- Merci, sincèrement, et encore pour ce que tu fais pour moi.
Il va me remercier encore combien de fois !?
- C’est bon ! Arrête de me remercier, je ne veux pas prendre la grosse tête. En plus maintenant je suis pressée d’aller à ce rendez-vous et curieuse de voir ce qui va se passer. (Elle s’arrête de parler et lève la main pour me faire signe d’attendre.)
Ah ! Attend moi deux secondes, je reviens ! J’ai oublié ton livre dans la voiture.
Avant que je n’aie le temps de l’arrêter elle se précipite vers sa voiture. Elle récupère rapidement mon ouvrage et revient.
- Ouf ! Le voilà. Je te le rends.
Je prends le livre qu’elle me tend, entre mes mains, puis le pose contre mon torse.
- Bon ils doivent avoir leur propre exemplaire papier au rendez-vous mais au moins tu l’auras toi aussi dans les mains.
Elle n’a pas tort, cela me permettra peut-être de diminuer mon stress, si je l’ai dans les mains.
Je quitte mon livre du regard pour le diriger vers Vic.
- Alors qu’est-ce que tu en as pensé ?
Son visage s’illumine. Visiblement Vic avait hâte de m’en parler.
Elle m’explique qu’elle aime beaucoup le personnage principal. Ensuite elle dit qu’elle a aimé le coté féministe de la femme chirurgienne qui était bien amené et très intéressant. Mais sans trop en faire non plus pour ne pas tomber dans le cliché du personnage féminin hyper différent et plus puissant que les autres. Les lettres d’amour lui ont aussi beaucoup plus, selon Vic je peux aussi m’orienter vers une carrière de poète.
Enfin elle avoue avoir versé des larmes en lisant la réaction de James quand il découvre que sa femme est morte depuis tout ce temps.
En fait, elle aime tout.
Je suis très ému par son avis et la façon dont elle a ressenti l’histoire que j’ai créée.
- En gros j’ai adoré ton bouquin ! J’ai hâte qu’il sorte pour pouvoir l’acheter et l’ajouter à ma collection !
- Merci pour ton retour, très complet et sérieux. Cela me va droit au cœur. J’apprécie que tu y ais consacré du temps.
-Tu le mérite Dave, tu as vraiment du talent ! Franchement je suis trop contente que tu m’aies arrêté dans la rue. Grace à toi je découvre un super livre, rencontre son auteur et en plus je vais assister à un rendez-vous dans une maison d’édition !
Cela peut paraître banal pour certaines personnes. Mais personnellement j’adore ce genre d’évènements inattendus qui nous font vivre de nouvelles expériences et rencontrer de nouvelles personnes.
J’espère sincèrement qu’après cet entretien Dave et moi garderons contact.
- Il ne reste que dix minutes avant l’heure fixée. J’avoue que je suis mort de trouille !
Je ne le dis pas à Vic, mais même ma famille ne me fait pas peur à ce point ! Alors c’est dire, sur mon niveau de stress actuellement.
Enfin cela n’est pas le même style de peur.
Disons que celle-ci est une bonne peur, de l’appréhension et l’espoir que tout va bien se passer. Par cette sorte de terreur glaçante qui m’envahit dès que je pense à eux. Mais ce n’est pas le moment, si je peux les oublier pendant quelques heures c’est pile le moment.
- Je comprends ! Je serais tellement stressé à ta place ! Je le suis d’ailleurs un peu quand même.
- Tu n’as aucune raison de stresser.
- Bien sûr que si ! J’espère que tout va se passer comme tu l’entends. Ou encore que ma présence de sera pas inconvéniente. Je promets de n’ouvrir la bouche que si j’y suis invitée.
Je lève la main droite pour donner preuve de ma parole et j’espère aussi le faire rire un peu à l’occasion.
- Haha, c’est adorable. Mais ne t’inquiète pas je suis sûre que tu seras super.
- D’ailleurs, il serait peut-être temps de nous présenter.
Elle acquiesce. Je me dirige donc vers la porte et sonne.
La porte s’ouvre nous entrons dans le hall du bâtiment. Un homme blond dans nos âges arrive à notre rencontre. Il porte un jean et un pull décontracté.
- Bonjour, entrez. Je suis Michael l’assistant de Madame Fleur.
Il est souriant et plutôt chaleureux. Cela s’annonce assez bien.
- Suivez-moi.
Nous le suivons jusqu’à l’étage. Il nous fait entrer dans la première pièce à gauche qui s’avère être le bureau de l’éditrice, Madame Fleur. Elle se lève quand elle nous aperçoit et nous sourit. C’est une femme brune aux cheveux frisés et très courts, elle doit avoir autour de la quarantaine. Elle porte une veste de tailleur bleu marine avec un tee-shirt en dessous et un pantalon assorti, tous deux s’accordent avec la couleur de sa peau noire.
Michael prend place sur une chaise à côté du bureau de sa patronne.
Le bureau est plus petit que je ne l’aurais pensé. Il y a de grandes étagères sur les côtés avec de nombreux livres exposés, ainsi que des affiches de promotions de livres encadrées aux murs. J’en reconnais quelques-uns.
Son bureau, le meuble, est assez grand, avec des tiroirs blancs et un plan de travail en verre qui laisse voir le tapis aux motifs modernes en dessous.
Madame Fleur prend la parole :
- Bonjour ! Asseyez-vous et soyez les bienvenus.
- Bonjour, merci.
- Bonjour.
Je m’installe sur l’une des chaises disposées en face du bureau et Vic en fait timidement de même.
Madame Fleur ouvre grand les bras sur ses côtés :
- Dave Watson, je suis heureuse d’enfin vous rencontrer en chair et en os !
- Le plaisir est partagé Madame.
J’arrive à lui sourire, et me détend un peu. Son sourire est si communicatif que l’on est obligé de se sentir à l’aise en sa présence.
- Oh oh appelez-moi Sarah, il n’y a pas de madame qui tienne dans ma maison d’édition !
Oups j’ai fait une gaffe. Néanmoins je suis heureux qu’elle préfère que l’on s’appelle par nos prénoms, cela me met encore plus à l’aise.
Je souris pour lui signifier que j’ai compris.
- Et donc qui tu nous as apporté… ?
Elle s’est tournée vers Vic. Ah ! Quel idiot je manque à tous mes devoirs. Sarah attend que je la lui présente ! Je ne connais même pas son nom de famille. Je suis vraiment le pire gentleman de la Terre.
- Vic Paleau ravie de vous rencontrer.
Heureusement Vic a pris les devants et s’est elle-même présentée. Je découvre son nom de famille en même temps que les autres.
‘Paleau’, ce nom sonne on ne peut plus français à mes oreilles, mais je me trompe peut-être.
L’entrevue commence sans plus attendre.
Madame Fleur énonce tout un tas de détails juridiques qu’elle préfère aborder en premier avant de passer au côté plus créatif de la rencontre. Nous revoyons nos accords ensemble. Puis elle me fait lire le contrat.
Il me semble bien et honnête, grandma l’a lu également et est d’accord avec moi. Donc je le signe officiellement. Avec ce que j’espère être ma plus belle signature.
Au bout de vingts minutes tous les détails administratifs étant réglés il faut donc discuter de l’avenir du livre en lui-même.
- Alors pour ce qui est du contenu et de la mise en page du roman nous restons comme il est là. Nous avions tout relu et corrigés ensemble lors de nos meetings en ligne. Le titre est selon moi parfait mais si vous voulez le changer c’est le dernier moment.
- Je l’aime beaucoup aussi, je ne le changerais pour rien au monde.
(C’est grandma qui l’a trouvé. Elle me tuerait si elle apprenait que j’ai changé son titre.)
- Dans ce cas passons au choix de la première et la quatrième de couverture. Nous y avons déjà réfléchi avec Michael et pouvons t’en proposer quelques-unes, mais si tu sais déjà ce que tu veux aucun problème.
Ils ont fait des couvertures !
L’édition de mon roman ne m’a jamais parue aussi réelle et aussi proche. Je suis curieux de voir ce qu’ils ont préparés.
- J’ai quelques idées c’est vrai, mais j’aimerais beaucoup voir ce que vous avez fait.
Michael déverrouille la tablette qu’il tient entre ses mains depuis le début et cherche dedans ce qui doit être des esquisses de couvertures. Une fois qu’il a trouvé ce qu’il cherchait il se redresse tourne la tablette vers nous et nous explique :
- Nous avions pensé à une image liant les deux couvertures, celle d’un champ de guerre, vide, déserté et détruit. Avec à l’avant le titre en noir, sobre et pareil pour les inscriptions de la quatrième de couverture. Ou un fond blanc simple avec un extrait d’une des lettres d’amour en fond. Et on a aussi imaginé une couverture qui ressemblerait à une enveloppe, qui serait une de celles que le héros fait parvenir à sa bien-aimée.
- Je veux bien voir ce que ça donne le champ de bataille, si possible.
- Cela donne ça.
Il sélectionne une image.
On voit une image d’un livre ouvert, de dos. Une belle image (si l’on peut dire ainsi car il s’agit quand même d’un champ de bataille, de tranchées à moitié détruites avec de la fumée et des chars dans le fond) aux tons sombres marrons et gris s’étend du dos du livre jusqu’à la couverture en passant par la tranche. Avec le titre comme il l’a décrit.
Je décide d’être entièrement honnête :
- C’est bien fait et le rendu est beau, mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose… Vic qu’est-ce que tu en penses ?
Oulala je dois donner mon avis… Et justement une remarque me passait dans la tête, quand j’ai entendu mon nom. J’espère ne pas décevoir Dave ou paraître malpolie. Mais bon il me le demande alors…
- C’est vrai que comme ça c’est un peu trop classique, enfin ce n’est que mon avis. Mais là personnellement si je le vois comme ça sur une étagère, je ne vais pas vraiment être attirée par ce livre. Il faudrait qu’il sorte un peu du lot, le titre est bien accrocheur certes, mais il manque juste un petit plus. Quelque chose qui intrigue la personne qui passe devant et lui donne envie de s’approcher.
J’ai l’impression de me retrouver au bac de philosophie devant ma copie, en sachant que tout ce que j’allais écrire dessus allait être complètement farfelu.
Tout le monde me regarde en silence.
- A quoi pensez-vous donc Vic, comme petit plus ?
- Oh et bien par exemple il pourrait y avoir un soldat au milieu du champ de bataille, l’air complètement déboussolé dans un état pitoyable et qui regarde au loin comme pour chercher quelqu’un dans les ruines. Et sur la quatrième de couverture derrière les écritures on pourrait voir une femme en tenue de médecin qui elle aussi cherche quelqu’un au milieu du champ. De sorte que si l’on ouvre le livre comme sur vos images leurs regards se croisent.
Sous le coup du stress, j’ai sorti la première idée qui me venait. J’aurais peut-être dû y réfléchir et reformuler mes phrases avant de tout sortir d’une traite.
- J’adore l’idée !! Comme ça, cela lui donne un côté affiche de film qui me plaît beaucoup ! Il faudrait voir ce que ça donne en vrai, mais dans ma tête c’est vraiment pas mal ! Qu’en pensez-vous Sarah ?
Dave s’est redressé et s’est vivement tourné vers moi puis vers l’équipe d’édition.
- Il faudrait vérifier que je n’ai pas encore publié de livre avec une image de soldat sur la couverture avant, mais j’aime cette idée. Cela donnerait de la profondeur à l’image et un côté mystérieux. Quand on verra la couverture on se demandera qu’est-ce qu’il y a entre ces deux personnages. S’ils se regardent, pourquoi le soldat et dans cet état et cætera.
Oui cette idée me semble prometteuse.
Vic semble fière, je lui souris comme pour la remercier. Sarah se tait puis se tourne vers Michael.
- Michael, tu penses que ça nous coûterait combien ?
Michael, regarde sa tablette et tapote dessus. Il fait sûrement des calculs.
- Alors cela dépend des personnages. Si l’on prend des images libres de droits et qu’on les modifie ou si l’on fait nos propres photos les prix ne sont absolument pas les mêmes. Mais si on veut nos propres photos, j’ai toujours mon amie photographe qui nous a dépannés la dernière fois.
Madame Fleur regarde en l’air, se gratte le menton pensive, avant de prendre la parole de nouveau :
- C’est vrai que les prix de ton amie son très abordables et la qualité est parfaite pour ce que l’on en fait ensuite, on devrait même envisager une collaboration à long terme. Enfin là n’est pas le sujet. Il nous faut également deux figurants ou mannequins pour poser, en costume, sur les photos…. Mais sur ce point, je suis prête à y mettre le prix, je crois vraiment en la réussite de ton roman Dave. Nous passerions donc par l’amie photographe de Michael pour prendre en photo deux mannequins, un homme et une femme dans les tranchées donc sur fond vert. Puis une belle image libre de droit serait sélectionnée et retouchée pour le fond. Cette idée te convient-elle Dave ?
- J’avoue que je préfère avoir mes propres images pour la couverture. Avec des images déjà faites j’aurais l’impression de bâcler le travail et que le livre ne soit pas entièrement de moi. Enfin je ne sais pas trop comment dire, je ne veux pas paraître trop exigeant.
- Au contraire je vois très bien, et beaucoup d’auteurs font les mêmes choix que toi guidés par le même sentiment. Donc je comprends totalement.
- Merci beaucoup Sarah, pour tout d’ailleurs. Après il doit y avoir des alternatives moins chères pour les mannequins. Et disponibles rapidement si possible car malheureusement mon séjour en France se termine bientôt.
- Vous pourriez posez vous-même Dave ?
C’est une idée de Michael, que je n’avais pas envisagé. Je ne suis pas sûre qu’elle me plaise…
- Oh oui bonne idée Michael ! Très bonne idée même ! L’auteur qui pose sur la couverture, mais en tant que personnage du livre, c’est original. Cela va intriguer plus d’un lecteur. Ou plus d’une lectrice car tu as un visage très charmant Dave. Et puis physiquement tu n’es pas trop différent de ton personnage donc avec tout le faux sang et la crasse cela passera parfaitement. Quand tu seras connu et que les gens connaîtront ton visage, ils verront la couverture et se demanderont ce que tu fais dans cette situation, si tu n’es pas toi-même un personnage du roman ! Ah oui ça c’est original, je ne crois pas déjà avoir vu quelque chose de semblable… Qu’en dis-tu Dave ?
J’ai cru qu’elle ne lui demanderait jamais son avis.
- J’accepte, puisque c’est une bonne alternative gratuite. Mais il faut encore une femme pour la quatrième de couverture…
J’y ai réfléchis, pendant que Sarah faisait son espèce de speech ou elle se perdait en conjecture sur ma future notoriété, que je n’aurais peut-être jamais soit dit en passant. Je n’ai rien contre ma propre image, je sais que je ne suis pas trop moche, mais quand même poser, pour ma propre couverture, cela fait un peu égocentrique. Mais comme je viens de le dire, c’est une bonne alternative gratuite. Comme je n’y connais absolument rien au mannequinat et encore moins aux tarifs d’une séance photo, je n’ose même pas imaginer la dépense que cela pourrait représenter. Alors si elle peut déjà être divisée par deux, si on enlève les frais du mannequin homme, je ne peux pas refuser.
Vic, nous regarde, tour à tour, on dirait qu’elle hésite à prendre la parole.
- Si je peux me permettre, j’ai peut-être une solution pour la photo de la jeune femme.
- Ah Vic ! Vous êtes décidément une source d’idées. Allez-y nous vous écoutons.
- J’ai une amie qui est mannequin professionnelle et elle me doit justement un service depuis quelques temps. S’il s’agit de quelques photos pour une bonne cause, elle acceptera de poser gratuitement. En plus elle est rousse comme Agatha, dans le roman.
Elle acceptera, c’est le moins qu’elle puisse faire après que je lui ai sauvé la mise la dernière fois ! Au vu de la situation dans laquelle je me suis mise pour elle, elle ne peut pas me le refuser.
- Alors là, ma petite Vic, je peux vous dire que vous avez bien fait d’accompagner Dave !
- Tiens vous me tendez une perche parfaite, pourquoi au fait, ma présence, enfin celle d’une autre personne que Dave pour l’accompagner, était-elle nécessaire ?
(C’est un peu déplacé, et ce n’est pas le bon moment j’en suis sure, mais je trouve cette clause vraiment étrange, donc je veux une réponse. J’espère que je n’ai froissé personne avec ma question. Et au pire, je m’en fiche. Je suis curieuse et je l’assume)
- Ah, c’est vrai que je ne n’aie pas vraiment donné de raison à Dave. En fait bien je voulais m’assurer qu’il y avait quelqu’un pour représenter Dave sur le territoire français. Pour éviter tout malentendu ou problème. Même s’il s’agit juste de venir vérifier un papier, c’est juste une sécurité qui a un côté pratique étant donné le lieu de résidence de Dave.
- Eh ! Attendez, je ne veux pas et je ne peux pas imposer cela à Vic ! Ça n’était pas prévu comme ça !
Elle me coupe pratiquement la parole pour me répondre :
- Je t’assure que cela ne sera peut-être même pas nécessaire, c’est juste au cas où. C’est bien que tu ais une personne de confiance dans le coin. D’autant plus que visiblement Vic connaît ton livre, c’est super pratique. Mais je vous assure, à tous les deux, que je ne te ferais déplacer, Vic, qu’en cas d’urgence ! Dave réside quand même à plus de deux heures de train d’ici, et cela peut être très compliqué de trouver un billet…
A mon tour de couper la parole. Décidément je prends mes aises dans cette réunion.
- C’est bon cela ne me dérange pas, ne vous prenez pas la tête. J’aime vraiment cette histoire, ce serait dommage qu’elle ne soit pas publiée à cause de détails techniques. En plus je roule en voiture électrique c’est bien plus écologique et économique que de faire prendre à Dave un taxi, puis un train, puis un autre taxi, enfin de compte même la planète Terre préfère cette solution.
Michael pouffe discrètement.
Dave se tourne vers moi avec un regard de chaton.
- Merci, vraiment merci beaucoup Vic. Mais surtout ne te sens pas obligée.
- Je t’ajoute juste à la longue liste de gens à qui j’ai sauvé la mise.
Elle ponctue sa phrase d’un clin d’œil, qui m’est destiné. Cette fille est si gentille, j’ai vraiment de la chance d’avoir croisé sa route ! Elle a une façon d’imposer son aide aux autres qui est presque insolente.
Durant la suite du rendez-vous, nous nous organisons avec la photographe par téléphone, et avec l’amie de Vic par message. Le shooting photo express pour la couverture du livre est planifié. Nous finissons le rendez-vous en réglant les derniers détails concernant le livre en lui-même et les formalités administratives
Le rendez-vous aura duré plus de deux heures. Mais deux heures très productives, et qui m’ont beaucoup plus ! Mon livre pourrait être publié d’ici un mois.
Je me retrouve devant l’agence avec Vic. Je cherche quelque chose à dire, (en évitant de la remercier une énième fois de peur de l’agacer), quand elle prend la parole :
- Alors as-tu deviné ce que contient mon sac ?
- Quoi ? Quel sac ?
Elle me regarde mi déçue mi amusée.
- Mon sac de rechange dans ma voiture, pourquoi est-ce que j’en ai besoin, tu devais donner ta réponse aujourd’hui.
- Ah ouiiii ! Les vêtements de rechange…
- Bon visiblement tu n’as pas de réponse, donc en pénitence tu dois me donner une nouvelle information sur toi !
- Quoi !? Mais c’est de la triche, je n’ai même pas pu répondre.
- Chacun son tour…
Elle me regarde d’un air faussement sérieux.
Nous rions tous deux de ce petit jeu puéril.
- Bon alors…. Laisse-moi réfléchir, qu’est-ce que je vais te dévoiler…
Silence de suspens…
- I know ! Alors voilà : Je suis droitier !
- Quoi, sérieusement ?
- Si si je te l’assure c’est la vérité.
- Non, ce n’étais le sens de ma phrase, ce que je veux dire c’est que ça je le sais déjà.
- Attends là c’est à moi de dire : « Quoi ?! ». Je ne l’ai pas dit ! J’en suis sûr à cent pourcent.
- Ahah, tu ne serais pas un peu idiot sur les bords parfois ? Je l’ai remarqué quand on s’est rencontré grâce à ta gestuelle. Et puis même si je n’avais pas deviné, tu viens de signer un contrat sous mes yeux, avec ta main droite.
Je me sens vraiment humilié. Elle a un air mi agaçant mi cute de madame je sais tout. Bon c’est vrai que dans le cas présent c’est logique, il suffit juste d’être un peu observateur pour deviner ce genre de choses. Mais j’ai choisi cette information très anodine car je ne voulais pas révéler quelque chose de compromettant, elle a encore une bonne image de moi.
- Décidément, tu es vraiment Sherlock Holmes !
Et je suis son Watson… ou peut-être que je pourrais l’être un jour.
- Bon allez, dans mon sac ce sont des vêtements confortables et pratiques qu’il y a.
- D’accord mais pour faire quoi ?
- Ah ça tu le sauras la prochaine fois que l’on se verra !
- Donc il y aura une prochaine fois.
- Pour moi oui, pourquoi tu ne le souhaite pas ?
Pendant un court instant j’ai presque eu peur, mais sa réponse a été si rapide et instinctive, que cette minuscule angoisse est repartie aussi vite qu’elle était arrivée.
- Bien sûr que si que je le souhaite ! Déjà à la séance photo, puis pour fêter la sortie de mon livre, ensuite pour fêter le succès de ce dernier, ou pour pleurer le flop de mon roman.
- Alors déjà ce sera forcément un succès, et malheureusement je ne serai pas présente à la séance photo. Mais j’aurais vraiment aimé y assister, ne serait-ce que pour vous voir en tenues d’époque mais je travaille à ce moment.
Inconsciemment je suis parti du principe qu’elle viendrait parce qu’elle est à l’origine de l’idée, et puis parce que maintenant je crois que je l’ai un peu associé à mon projet parisien. Je ne saurais pas l’expliquer mais j’ai l’impression qu’elle va vraiment suivre ce projet jusqu’au bout. Et je crois aussi que cela lui fait vraiment plaisir.
- Je vais devoir y aller, j’ai un impératif qui va m’attendre.
J’ai en effet promis à grandma que je lui raconterai tout l’entretien. Je sais qu’elle est pressée de savoir ce qu’il s’est passé et curieuse de découvrir ce qui a été sélectionné comme couverture du livre. Elle est également prête à me réprimander si son titre a été changé.
- Tu ne peux pas vraiment dire ça…
- Excuse-moi ?
Vic réfléchit. Est-ce qu’elle veut m’empêcher de partir ?
- Ce que tu as dit : ‘j’ai un impératif qui va m’attendre’. Çà n’est pas vraiment correct, en anglais cela a peut-être un sens mais en français c’est un peu bizarre et pas grammaticalement correct je pense.
- Ah d’accord, en effet maintenant que j’y repense c’est vrai qu’il y a quelque chose qui ne va pas, à moins que le mot impératif ne désigne un bus ou un taxi…
- Oui mais ce serai quand même étrange, haha autant dire bus ou taxi directement.
- C’est aussi vrai.
Notre conversation tourne un peu en rond, mais je n’ose pas partir. Ou tout simplement je ne veux pas partir.
Eh bien, Vic, encore merci pour tout. Désolé de devoir partir aussi vite, j’espère à bientôt.
- Oh, au pire on se verra à l’avant-première du film inspiré de ton roman !
- Gosh, je n’ose même pas imaginer avoir un tel succès.
Elle me sourit pour réponse, avant de me faire signe de la main et se dirige maintenant vers sa voiture. Je la regarde qui s’éloigne puis je me retourne et pars à pied de mon côté.
Faire un film, je crois que je n’ai même jamais envisagé que cela puisse se produire.
Déjà que mon livre soit publié, c’est énorme.
Mais faire un film, ce serait incroyable, de voir en vrai, sur un écran tout ce qui se déroule dans mon imagination depuis deux ans.
Oh, mais maintenant que j’y pense, j’aurais peur que cela ne soit pas fidèle au roman, je déteste quand cela se passe comme ça. Généralement c’est juste parce qu’il faut je ne sais quelles scènes pour que le film marche bien donc ils se permettent de les ajouter même si cela change ce qui est écrit dans le livre original.
De toute façon je n’ai absolument pas les moyens et je refuserais de vendre les droits d’adaptation donc la question est réglée.
Sans argent, pas de film.
Faire un film….
Quelle bonne idée !
J’adorerais voir ce film, ce serait un peu comme une version romantique du film ‘1917’ de Sam Mendes.
Avec une reconstruction de champs de bataille, des explosions et une belle représentation des réelles conditions de vie des soldats et de la réalité des tranchées, bien sûr sans plagier 1917.
Un vrai film d’amour, que les amoureux iraient voir ensemble.
Je me demande ce que tu va penser de la suite, j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser moi-même...