Chapitre quatorze

Par Oriane

Alara se glissa dans sa chambre. Elvire attendait, assisse sur le fauteuil de lecture à côté de la fenêtre. Elle jouait avec le masque posé sur ses genoux. Elle leva à peine les yeux à l'entrée de la Kharmesi. Elle ne prononça pas le moindre son. Ses manières ne trompait pas Alara. Sa dame de compagnie n'était pas de bonne humeur. Elle désapprouvait toujours sa sortie. Elle avait raison. Alara aurait mieux fait de rester ici cette nuit. Elle ne voulait juste pas le lui confirmer. Se plaquant un sourire idiot sur le visage, elle commença à se déshabiller. Il n'en fallu pas plus pour qu'Elvire finisse par ouvrir la bouche :

— Tu devais rentrer rapidement.

— Ce n'a pas été le cas ?

Elvire se leva et aida son amie à défaire les liens de sa robe. Il n'y avait aucune douceur dans ses gestes.

— Pas vraiment. J'ai failli venir te chercher.

Alara n'y crut guère. Si ça avait été le cas, elle n'aurait pas trouvé son amie bien installée dans son fauteuil. Elle aurait été en train de faire les cent pas, de se ronger les ongles ou tous autres signes d’impatience.

— Je suis de retour. Tu n’as plus à t’en faire.

— Parce que tu ne me referas pas ce genre de coup ?

Alara ne répondit pas. Elle ne souhaitait pas mentir à son amie. Elle n’était pas sûre de revoir Marco. Enfin, pas comme cette nuit, en tout cas. Elle ne savais même pas si elle en avait envie ou non.

— Et tu ne comptes pas me dire ce qu’il s’est passé ?

Elvire ne semblait plus vraiment en colère. Alara crut même percevoir de l’amusement et de la curiosité dans sa voix. Elle passa sa chemise de nuit et s’assit sur son lit. Elle avait l’impression d’avoir de nouveau quinze ans et de parler de ce qu’elle pensait être son premier amour à Anne, l’une de ses amies de l’époque.

— Pour tout dire, il ne s’est pas passé grand-chose, commença-t-elle. Déjà, il était en retard.

Elle raconta dans les grandes lignes ce qu’il s’était passé. Du moins ce qu’elle pouvait en dire. Elle tentait en même temps d’analyser ce qu’elle pensait de tout ça sans vraiment y parvenir.

Elvire écouta attentivement. Elle ne parla pas, exprimant seulement son ressenti avec des mimiques qui, en tant normal, aurait fait rire son amie. Alara ne s’en rendit même pas compte, tant elle essayait de démêler ses sentiments.

Elle termina en soupirant, les yeux plein d’espoir tournés vers son amie.

— Tu aurais mieux fait de rester ici, si tu veux mon avis.

— Mais j’y suis allée, retorqua-t-elle. Et ça ne s’est pas si bien passé que ça.

— A quoi tu t’attendais vraiment, Alara ? Lorsqu’on sait que c’est toi qui se caches sous le masque de la Kharmesi, on ne voit plus que ça.

— Tu ne vois pas juste la Kharmesi, toi, grogna Alara.

— Mais moi, je passe le plus clair de mon temps avec toi. Lui ne te vois que lorsque tu endosses la personnalité de la Déesse. Il n’a vu ton vrai toi que quelques jours. Et encore. Tu m’étonnes qu’il ne sache pas comment faire avec toi.

Elvire rit. Alara se renfrogna un peu plus. Elle n’aurait pas du lui parler de tout ça.

— Tu devrais te coucher maintenant et oublier tout ça, finit par dire sa dame de compagnie. Tu y verrais sûrement mieux demain, à la lueur du jour.

— Tu penses vraiment que je n’aurais pas du aller le voir ? Que j’aurais mieux fait de ne pas me faire passer pour une autre et de ne pas suivre la garde au combat ? J’ai l’impression d’agir comme une idiote depuis quelque temps. Pas comme la Kharmesi, en tout cas.

Elvire vint s’asseoir à côté d’elle sur le lit. Elle passa son bras sur ses épaules et la serra un peu contre elle.

— Je crois que personne ne sait vraiment comment doit se comporter la Kharmesi. Tu es la première depuis presque un siècle. Mairenn et les autres n’ont pas la moindre idée de la manière dont tu dois agir la plupart du temps. Elles pensent toutes qu’elles sont le mieux à même de te dire comment faire alors que personne n’en est capable.

Elle prit une pause, réfléchit un peu. Alara attendit qu’elle continue, se demandant à quel sermon elle allait avoir droit.

— A ta place, j’aurais sûrement fait comme toi. Je serais allée là où on a besoin de moi. Mais en ce qui concerne ce soir, je crois que ce n’est pas du tout la Kharmesi qui a agi. C’est juste toi. Et là, oui, tu as agis comme une idiote. Une idiote amoureuse, je dirais, même.

Alara attrapa un des coussins et le jeta sur Elvire qui n’eut pas le temps de l’esquiver.

— Je ne suis pas amoureuse de Marco !

Elvire se mit à rire. Alara la regarda étonner avant de faire de même. Elle n’avait rien de crédible sur ce coup.

— Il est plutôt gentil et pas désagréable à regarder, accorda-t-elle. Mais je n’en suis pas amoureuse.

— Si tu le dis.

Alara se renfrogna un peu plus. Elle essayait tant bien que mal de ne pas se mettre en colère. C’était compliqué. Elle était habituée à ce qu’on l’écoute et surtout qu’on la croit, ou que l’on fasse semblant devant elle. Elvire n’était pas du genre à ployer l’échine face elle. Elle s’y était habituée, comme son amie s’habituait à ses éclats. Elle avait peur de ses pouvoirs et de ce qu’elle pouvait faire avec si elle ne se calmait pas rapidement.

Elle se faisait rarement d’illusion sur ce qu’impliquait être la représentante de la Kharmesi. Lucia lui en avait dit assez pour savoir qu’elle deviendrait dangereuse, encore plus à cause de son caractère. La Déesse Rouge lui transmettait une bonne partie de sa magie. Il lui avait fallu du temps pour comprendre que c’était sa colère qui régulait tout ça. Si elle en jouait beaucoup avec les Mères, découvrant par la même occasion la peur de Mairenn de voir sa Kharmesi hors de contrôle, elle essayait de ne pas déclencher de dommage important. Ça ne réussissait pas toujours. Il arrivait qu'elle ne se rende compte de rien parfois. Et il arrivait qu'elle soit parfaitement consciente de ce qu'elle faisait.

Comme avec Marco.

— N'empêche qu'à choisir, j'aurais plutôt essayer de mettre la main sur Enric de Lordet, continua Elvire.

— Le fils du comte ?

Le rouge monta aux joues de la dame de compagnie. Alara en profita. Elle aussi pouvait se montrer insistante quand elle le voulait. La conversation fut ainsi détourner vers les amourettes d'Elvire, permettant à la Kharmesi de reprendre le dessus sur ses émotions.

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Ella Palace
Posté le 04/01/2022
Je suis à nouveau dans la même pensée qu'avec le chapitre précédent. Il ne se passe pas grand chose, on tourne en rond. On en sait très peu sur la Karmhesi, ce serait intéressant de bien développer la personne de la déesse, ses pouvoirs, son influence sur Alara, le rôle d'Alara etc. Peut-être sais-tu exactement ce que tu veux dire et où tu veux aller mais ce n'est pas l'impression que j'ai (et il est juste question de MON impression ;-)) quand je lis les derniers chapitres.
Il faudrait réveiller tout cela, mettre plus de danger, plus d'action, etc.

Remarques:

-« Ses manières ne trompait pas Alara », trompaient.
-« — Ce n'a pas été le cas ? », ça ou cela.
-« ou tous autres signes d’impatience », tout.
-« Elle ne savais même pas si elle en avait envie ou non », savait.
-« Elle raconta dans les grandes lignes ce qu’il s’était passé », tu dis trois fois « ce qu’il s’est passé », sur quelques lignes.
-« Lui ne te vois que lorsque tu endosses la personnalité de la Déesse », ne te voit.
-« Elle avait peur de ses pouvoirs et de ce qu’elle pouvait faire avec si elle ne se calmait pas rapidement », de ce qu’elle pouvait en faire serait plus élégant que « faire avec ».

Bien à toi
Oriane
Posté le 27/01/2022
Merci pour ton commentaire une fois encore. Je pense que je vais effectivement grandement réduire ses chapitres (et surement n'en faire plus qu'un). J'ai peur qu'il ne perde le lecteur.
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