Enric se présenta une semaine plus tard à la Maison des Mères, Marco dans son sillage. La Kharmesi n'avait pas chomé. A peine pénétra-t-il dans la cour qu'il découvrit une bonne partie de la garde personnelle de la femme sur le pied d’œuvre. Marco reconnut la capitaine Harken, une femme d'une quarantaine d'année à l'air dur. A côté d'elle, la Kharmesi semblait toute petite. Pourtant, elle dégageait une force bien supérieure à la militaire.
Le jeune comte discuta avec les deux femmes. Marco resta à l'écart, observant tout ce qu’il se passait alentour. Il n’aurait su dire pourquoi, mais quelque chose n'allait pas. Sous le masque rouge et noir, les yeux de la Kharmesi lui semblaient plus foncés que d'habitude. De même, elle ne bougeait pas tout à fait de la même manière. Ce n'était peut-être rien. Elle n'avait pas dû beaucoup dormir, elle non plus, depuis le début des négociations avec Enric. Peut-être juste de la fatigue.
— Marco vous enverra un compte rendu tous les jours, disait Enric. Mon père a demandé à ce qu'il vienne avec moi. Nous devrions n'être parti qu'un mois, pas plus.
— J'attendrai vos nouvelles.
Marco tiqua une nouvelle fois. Fatigue ou pas, on ne changeait pas ainsi de voix. Même avec un masque aussi couvrant que celui qu'elle portait. Face à elle, Enric ne sembla rien remarqué, ou n’en montra rien. Il continua. Elle ne lui répondit que par un mot ou deux. Cela intriguait de plus en plus l’archiviste. Les autres ne faisant pas attention à lui, il décida de se promener parmi les gardes de la Kharmesi. Peut-être arriverait-il ainsi à dissiper ses doutes.
Il connaissait la plupart des membres de la garde pour les croiser régulièrement. Des femmes le saluaient à son passage. Certaines lui lancèrent quelques plaisanteries. Il répondit parfois. La plupart d'entre elles le regardaient à peine. Il était loin de faire partie de leur monde. Il n'était pas un guerrier. Il continua son tour, comptant les soldates, se demandant comment Enric allait les intégrer à ses propres troupes. Elles n'étaient pas assez nombreuses. La Kharmesi ne pouvait se séparer de toute sa garde.
— Vous cherchez quelque chose, archiviste ?
Il n'avait pas vu la femme à côté de lui. Elle ne ressemblait pas aux autres guerrières. Elle nageait un peu dans son armure et elle n'avait pas tout à fait le même air bravache. Comme si elle n'avait rien à faire là, en fait.
— Pas vraiment.
— Alors, vous feriez mieux de rejoindre votre seigneur. Elles pourraient vous sauter dessus à vous voir traîner ici.
— Et pas vous ?
Elle se leva et rangea son poignard dans son étui. Un sourire carnassier se dessina sur son visage.
— A vous de voir, archiviste.
Il observa son interlocutrice sans savoir si elle plaisantait ou pas. Elle se mit soudain à rire, le sortant de sa torpeur.
— Vous ne craignez pas grand-chose avec moi, archiviste. A l'inverse de ses dames, je suis là pour me battre, et uniquement pour cela. Je n'ai que faire d'amourettes de champs de bataille.
Amourettes de champs de bataille ? Il n'avait jamais entendu personne user de ce terme. Cela l'amusa. Il pourrait s'entendre avec elle. Plus qu'avec les autres, en tout cas.
— Appelez-moi Marco, s'il vous plaît. Archiviste est peut-être un peu trop solennel, même si vous ne comptez pas me... sauter dessus.
— Alara.
Elle n'ajouta rien d'autre. Elle se remit à vérifier son bardas, l’oubliant complètement. Voyant qu'il ne tirerait pas grand-chose de la jeune femme, il s'éloigna.
Il rejoignit Enric qui en avait fini avec la Kharmesi. La femme au masque le salua à peine avant de se diriger avec sa capitaine vers ses troupes. Marco les suivit du regard. Elles s'arrêtèrent plus longtemps auprès d'Alara.
— Tu es dans les nuages, Marco ?
— Tu sais ce que fait cette femme dans la garde ?
Enric suivit son regard. La Kharmesi et Alara discutaient âprement.
— Alara Solen. Notre relais entre la Kharmesi et nous, en plus de toi. Un nouveau caprice que tu devrais te coltiner la plupart du temps. Je n'ai pas la moindre envie qu'elle prenne part aux combats.
— Pourquoi ?
— Regarde comment la Kharmesi se préoccupe d'elle par rapport aux autres. Elle semble y tenir.
— J'ai plutôt l'impression qu’elle donne des ordres à la Kharmesi...
Les mains d'Alara voletaient devant elle. Elle n'avait pas haussé le ton mais quelque chose disait à Marco qu'elle n'appréciait pas beaucoup ce qu'on lui racontait. La capitaine avait déjà abandonné la partie, la tête basse. La femme au masque finit par s'incliner elle aussi. C'était assez subtil pour ne pas être remarqué si on n’y faisait pas attention.
— Ne raconte pas de bêtises, Marco. Personne ne donne d'ordres à la Kharmesi à part la Déesse.
Marco détourna le regard des trois femmes. Enric avait raison. Pourquoi la femme au masque se serait-elle inclinée face à une simple messagère ? Il se faisait sûrement des idées.
— Mettons-nous en route. Nos hommes attendent et ces femmes me semblent prêtes à tuer n'importe qui tant qu'elles ne sont pas sur la route.
Les deux hommes se dirigèrent vers leur monture. Une fois en selle, Enric donna ses ordres.
Sous le regard réprobateur de Mairenn et Anneke, à peine sorties des bâtiments, et celui de la Kharmesi, la petite troupe se mit en route.
Ce nouveau chapitre continue les préparatifs avant le grand départ. Assez étonné qu'Enric ne se soit douté de rien mais bon plus c'est gros plus ça passe.
J'attend avec impatience de découvrir la suite de l'aventure, notamment le moment où Alara devra révéler son identité.
Alors dans le plus c'est gros, plus ça passe, faut surtout pas lire mes fiches personnages parce que je me suis rendue compte récemment d'un gros problème à ce niveau... Faut que je reprenne une bonne partie du roman pour être sûre de régler ça (Elvire est blonde, Alara pas du tout et personne ne se rend compte du truc n'est-ce pas).
Faudrait quand même que j'affine un peu la chose, je pense.
je vois que nous sommes dans les préparatifs d'une grande aventure à laquelle la Kharmesi insiste pour y participer au point de faire une grande entorse au règlement et de faire "illusion".
Je suis très curieuse de découvrir ce qui les attend tous! Et surtout en ce qui concerne Alara...
Mes remarques:
-« La Kharmesi n'avait pas chaumé », chômé.
-« A côté d'elle, la Kharmesi semblait toute petite, pourtant, elle dégageait une force bien supérieure à la militaire », vu le sens que tu sembles vouloir donner à cette phrase, il faut mettre un point après « petite ».
-« Elle n'avait pas dû beaucoup dormi, elle non plus, depuis le début des négociations avec Enric. Peut-être juste de la fatigue », « dormir » et je dirais plutôt « Peut-être était-ce juste de la fatigue ».
-« Nous ne devrions n'être parti qu'un mois, pas plus », nous devrions n’être partis qu’un mois.
-« J'attendrais vos nouvelles », j’attendrai.
-« Les femmes le saluaient à son passage. Certaines lui lancèrent quelques plaisanteries. Il répondit parfois. La plupart d'entre elles le regardaient à peine », si tu dis que la plupart d’entre elles le regardait à peine, ce qui précède ne va pas. Ce serait plutôt quelque chose comme : La plupart d’entre elles le regardait à peine bien que certaines le saluaient à son passage et lui lançaient quelques plaisanteries ».
-« Il continua son tour, comptant les femmes, se demandant comment Enric allait les intégrer à ses propres troupes », trois fois le mot « femme(s) », un peu avant et après cette phrase
-« Ne racontes pas », raconte
A bientôt!
Les entorses au règlement et Alara, c'est une grande histoire :) (on n'en trouve finalement pas beaucoup ici mais sa fiche personnage en possède quelques unes, que se soit avant qu'elle ne soit Kharmesi ou même après ce roman).
Merci encore pour tes retours et remarques