Chapitre Quatre : Albert de Chastignac

Par Mimi
Notes de l’auteur : Bonjour :) Si vous arrivez à lire ce message, c'est que ma tentative aura été un succès, et dans ce cas, j'invite tout le monde à effectuer une macaréna pour fêter cette belle victoire :D
Voici donc, le cas échéant, le quatrième chapitre, une trèèèèèèèèèès longue discussion entre Lise et Albert (j'entends déjà vos cris de groupie !!! ou seraient-ce les miens ?^^), qui, j'espère, vous apprendra quelques petites choses sur l'histoire, voire sur l'esprit un peu borné de notre protagoniste principale…
(Sinon, ce message s'autodétruira en même temps que la 37228ème connexion tentative de connexion de Mimi sur son réseau pourri de chez pourri !^^)
 
 

 Chapitre Quatre : Albert de Chastignac

 

Vers midi trente-cinq, alors que Lise relit attentivement le deuxième exercice de la matinée, trois coups sur le bois la sortent de l’application linéaire récalcitrante. Se souvenant de l’absence de porte dans la pièce, elle fronce les sourcils. Et en se retournant, elle voit Albert de Chastignac dans l’escalier, le poing serré contre la rambarde.

-       C’est drôle, je n’ai pas entendu les marches grincer, s’étonne Lise en se levant.

-       Tu semblais très concentrée. Tu as réussi ?

Lise hoche la tête en souriant.

-       J’imagine que je ne te serai d’aucune aide cet après-midi, devine Albert. Que dirais-tu de manger un morceau avant de repartir à l’assaut d’un sous-espace vectoriel capricieux ce tantôt ?

La formulation tarabiscotée fait rire Lise. Pas vexé le moins du monde, Albert fait demi-tour dans l’escalier et redescend en sifflotant, visiblement content de son petit effet. Lise atteint le rez-de-chaussée à son tour et traverse la cour.

L’atmosphère légèrement enfumée, l’odeur de nourriture et la vaisselle sur la table diffèrent de la pièce où elle a trouvé Albert de Chastignac ce matin, qui referme la porte derrière elle en lui désignant le siège d’où elle a observé le jardin. Il s’assoit en face et pousse le saladier dans sa direction.

-       J’ai toujours trouvé fascinant, dit-il soudain alors que Lise mélange la salade, la manière qu’ont les artistes de s’inspirer de tout. Prends mon jardin.

Lise repose les couverts dans le plat et observe le vieil homme, se demandant où il veut en venir.

-       Eh bien ? risque-t-elle.

-       Comment le trouves-tu ?

-       Très joli.

Elle ne s’est pas du tout posé la question, mais c’est la réponse qu’elle préfère donner pour ne pas paraître impolie. Albert de Chastignac a un grand éclat de rire qui la fait se demander quelle réponse il attendait d’elle.

-       Il est très beau, je n’en doute pas. Mais ce que tu as remarqué, c’est le nombre d’arbustes, le pourcentage de troènes et la part de thuyas sur le nombre total d’espèces présentes, l’aire approximative du disque représenté par le parterre de roses et la largeur de la cour, ainsi que la moyenne du nombre d’oiseaux qui se perchent le vieux pommier chaque minute. N’est-ce pas ?

Lise rougit légèrement sans détourner le regard. Bien qu’elle se doute qu’il n’a pas voulu la piéger, elle est un peu gênée qu’il la connaisse aussi bien moins de vingt-quatre heures après l’avoir rencontrée. Pour elle, il reste un drôle de phénomène imprévisible. Comme une aurore boréale dont on ne saurait prédire la couleur.

-       Un artiste n’y verrait pas quelque chose d’ordonné. Il verrait des couleurs, des enchevêtrements de matière, de textures, de formes, de densité, de pensées, de consommations, et d’autres explications plus ou moins rationnelles qu’il pourrait y trouver. Tout ce que tu as remarqué, il le penserait inutile, infiniment trop rangé, trop sérieux et ordinaire.

-       Qu’est-ce que vous voyez ?

-       Mon jardin, répond de Chastignac, énigmatique.

-       De quel côté êtes-vous ? précise-t-elle.

-       Ah, dit-il avec entendement. On se pose toujours la question. De quel côté. Bon ou méchant ? Peste ou choléra ? Fonction publique ou entreprise privée ? La question n’est pas de savoir ce que l’on est mais ce que l’on veut. Et encore, un méchant ne pourrait-il pas se considérer comme bon de son point de vue ?

-       Vous êtes un poète, enchaîne Lise. Mais vous avez passé votre vie à pourchasser des particules invisibles en les soumettant à des formules de votre invention.

-       Que puis-je répondre, Lise ? Tu as du mal à me voir comme un scientifique parce que ce n’est pas l’idée que tu t’en faisais.

-       Vous ne ressemblez pas à ceux que je côtoie, reconnaît-elle. Mes parents, mes professeurs n’ont pas la même idée de votre jardin.

-       Dans un autre sens, tu connaissais mon nom par la carrière que j’ai eue. Avant de me rencontrer, tu m’aurais sans hésiter placé dans la première catégorie.

-       Celle des gens sérieux ?

-       De ton point de vue, corrige Albert en souriant.

Lise lui tend le plat et son regard se perd dans le jardin, derrière la fenêtre, le parterre de fleurs d’un diamètre de deux mètres soixante-quinze par lui-même multiplié par trois quatorze, quinze, quatre-vingt-douze…

-       Vous vous considérez comme un artiste, affirme-t-elle.

De Chastignac lève le nez de son assiette, surpris, suivant le regard de sa jeune invitée.

-       Cela se voit à ma manière de planter mes capucines ?

Le silence de Lise le pousse à poursuivre.

-       J’essaye d’avoir moins d’a priori et une vision du monde différente de celle que j’ai construite toute me vie. Je n’essaye pas de la détruire ni de prétendre que l’une est vraie et pas l’autre, j’essaye de comparer. Je n’ai pas lancé des graines au hasard sur mon parterre pour vérifier une loi d’équirépartition ou l’approximation statistique de π par la méthode de Monte-Carlo, mais pour voir le motif que la nature voudrait créer pour moi et m’en contenter. D’autre part…

-       Savez-vous, l’interrompt Lise avec un sourire, amusée de l’explication d’Albert, qu’un professeur de mathématique ne vous croirait pas plus que si vous lui dîtes avoir réparti les graines de couleurs différentes uniformément sur la surface du parterre que si vous prétendiez n’avoir obtenu que pile lors de deux cents lancers consécutifs d’une pièce non truquée ?

-       Qu’est-ce que tu entends par là ? lui demande Albert.

-       Que la probabilité est très mince pour que le parterre ainsi nourri de façon aléatoire représente un lettre de l’alphabet grec.

Albert regarde quelques instants la lettre ω en orange au milieu d’un océan circulaire de rouge.

-       Comme quoi le hasard fait bien les choses, et la nature aussi, et c’est ce que les artistes s’efforcent de trouver – à défaut de prouver.

De Chastignac l’observe du coin de l’œil lever un sourcil dubitatif. Il éclate de rire. Lise renouvelle alors sa question.

-       De quel côté êtes-vous ? demande-t-elle posément. Ou bien de quel côté voulez-vous être ?

Il pose son menton sur ses mains jointes au-dessus de son assiette. Il a un long regard par la fenêtre, et bien que Lise se soit doutée de la réponse, elle a du mal à l’apprécier.

-       Je ne suis ni l’un ni l’autre, ou les deux, ou un compromis, finit-il par dire dans un murmure.

-       Vous ne pouvez pas être les deux à la fois ! Ça ne va pas ensemble, c’est trop différent ! D’un côté comme de l’autre, il y aurait toujours quelque chose pour perturber des idées antagonistes et vous n’avanceriez pas !

-       Ah oui ? réagit-il en tournant la tête vers elle. Tu peux m’expliquer ce qui te fait penser ça ? Ça m’intéresserait de savoir quelles pensées contre-nature je pourrais être amené à formuler, ajoute-t-il avec un clin d’œil.

Rassemblant ses idées, Lise s’efforce de garder son calme pour expliquer d’une voix raisonnée :

-       C’est comme un croque-mort qui prétendrait que la vie est éternelle, ou un marin qui ignorerait l’existence du vent ! Comment faîtes-vous pour penser qu’il y a une autre vision du monde que celle expliquée par la science, des phénomènes physiques, biologiques, mécaniques, des explications qui ont été prouvées à maintes reprises par d’illustres personnes dont vous-même ! Que faîtes-vous de vos travaux, vous qui avez passé votre vie à rechercher la vérité ?

Albert de Chastignac sourit, pas du tout surpris par les questions. C’est avec un naturel déconcertant qu’il explique d’une voix égale :

-       Je ne renie pas ce que j’ai fait et vu, bien au contraire, je serais quelqu’un d’illogique et de contradictoire si tel était le cas, et un bien piètre physicien. J’ai souvent eu l’impression de comprendre le monde mieux que quiconque, affirme-t-il. Ce que j’essayais de t’expliquer, c’est qu’il y a d’autres visions du monde très intéressantes à expliquer, bien que très différentes des nôtres, et c’est là que j’essaye de comprendre. Comment verrais-je le monde si j’ignorais tout des lois qui le gouvernent, qu’en tirerais-je si je le trouvais magnifique malgré tout, qu’est-ce qui a mes yeux serait beau et digne d’intérêt ? Vois-tu, je comprends davantage le monde qui nous entoure – les passants, les artistes et les autres scientifiques de toute sorte – en superposant ces deux regards si différents mais qui se croisent parfois.

-       Je ne comprends pas ce que cet autre regard vous apporte, dit Lise après un instant, l’air désolé.

-       Ne t’inquiète pas, dit Albert avec douceur. Ma propre épouse ne comprenait pas non plus, quand j’ai pris ma retraite, pourquoi je tenais à m’asseoir sur un banc et observer mon jardin pendant des heures. J’en ai déduit – voilà un terme bien scientifique s’il en est – que nous ne pourrions pas nous entendre, malgré ces années de vie commune passées « à la recherche de la vérité », comme tu le dis.

Pensif, Albert se retire un instant du monde réel. Ses yeux se perdent dans le motif coloré de la toile cirée.

-       Je ne savais pas qu’on pouvait rester marié si longtemps à quelqu’un pour finalement se rendre compte qu’il nous est étranger, qu’on n’a absolument pas le même but dans la vie une fois passés certains objectifs qu’on avait en commun. J’imagine qu’il en va de même pour la communauté scientifique en général et c’est pourquoi je m’en suis éloigné aussi.

Lise garde le silence. Elle a du mal à concevoir qu’Albert de Chastignac n’ait plus vraiment de contacts avec la science actuelle et qu’il s’abandonne à la contemplation d’un monde anarchique alors qu’il a côtoyé si longtemps la réalité et ses règles physiques fondamentales.

Et puis elle se souvient que Marga lui a dit qu’il donnait encore quelques conférences, ce qui confirme l’impression qu’elle a de lui, quelqu’un d’incroyablement brillant qui n’aurait pas réussi à tarir sa curiosité du monde qui l’entoure après des années passées à l’étudier, d’où la nécessité de chercher dans d’autres directions, élargir le champ de vision. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose qu’elle ne comprend pas, ce qui l’étonnerait beaucoup ; elle comprend tellement de choses par de multiples dimensions. Sa « vision du monde » qui se déplie à l’infini et fait de logique et de lois inébranlables…

Et alors que le repas se poursuit, ils n’abordent plus le sujet et Lise interroge le vieux professeur sur la différenciabilité d’une fonction continue ou non, notion qu’elle a vue cette année et qui, aux dires de l’enseignant qui leur faisait les cours de topologie, aurait des applications fréquentes dans de nombreuses disciplines en physique. Elle en connaît déjà quelques-unes, comme la thermodynamique ou l’électromagnétisme, mais elle aimerait savoir s’il y en a d’autres – ce dont elle se doute. Albert de Chastignac se prête au jeu, répond très précisément à toutes ses questions et Lise est soulagée de voir qu’il peut quand même l’aider à peaufiner sa « vision scientifique » des choses.

À la fin du déjeuner, alors qu’il pose un café devant elle, elle change de sujet pour poser une question qui l’intrigue depuis le début de la conversation.

-       Vous dîtes que vous avez rompu les liens que vous aviez avec la communauté scientifique, mais comment se fait-il que vous soyez toujours en contact régulier avec ma grand-mère ?

Albert a un drôle de sourire. Subitement, Lise regrette d’avoir posé cette question qui concerne Marga. Il y a peut-être des choses qui ne la regardent pas. Cependant, Albert prend le temps de répondre tranquillement.

-       Certes, mais il me semble que c’est aussi le cas de Marga, non ? Tu es bien placée pour savoir qu’elle n’a plus grand-chose en commun avec la science. De la lassitude ? De la rancœur ? Je ne sais pas. Mais comme nous nous sommes toujours entendus et plutôt bien, d’ailleurs… Ce n’est pas le genre de personne qui grimace quand quelqu’un lui lit une de ses œuvres inachevées, ce qui m’arrange beaucoup. Elle fait d’ailleurs une bonne critique. Et c’est une amie qui m’est chère. Et elle n’est pas seulement scientifique : elle aussi voit d’autres angles du monde par la musique qu’elle écoute et qu’elle joue.

Albert touille son café quelques instants et l’avale d’un trait. Lise boit une gorgée en balayant le mur du regard. Elle voit les assiettes fixées au mur dont l’une bordée de bleu représente un coq. L’assiette a été peinte à la main, comme l’en témoignent les irrégularités qui éclaboussent l’image entre le bord de l’assiette et l’une des pattes du volatile. De petites taches bleu électrique…

-       Qui était-ce ? demande-t-elle sans lâcher des yeux le coq.

Albert repose sa tasse en l’observant, étonné, poussant Lise à préciser sa question.

-       Ce matin, le jeune homme qui m’a ouvert la porte, qui était-ce ?

-       Ah, dit-il en pliant sa serviette.

Il rit doucement en glissant le carré de tissu dans son rond, comme une plaisanterie qu’il se raconterait à lui-même. Puis, redressant la nuque en même temps qu’il pose la serviette rangée sur la table.

-       Hugo. Mon petit fils.

-       C’est lui qui a fait les peintures dans l’atelier près de l’escalier.

Albert ne répond pas à l’affirmation de Lise. Un demi-sourire crispe ses lèvres.

-       Il avait de la peinture sur les doigts.

-       Je ne suis pas sûr que tu aimerais en entendre davantage sur lui, Lise, répond enfin Albert sans cesser de l’observer. Il est en l’occurrence très éloigné de ta propre « vision » du monde.

Lise fronce les sourcils à l’avertissement d’Albert. S’il a juge nécessaire de la mettre en garde, c’est qu’il y a probablement une raison qui la dépasse et qu’elle ne comprendrait sans doute pas. Néanmoins :

-       Il est peintre ? demande-t-elle sans se démonter.

Albert met du temps à répondre, comme s’il hésitait. Il regarde distraitement sa cuillère avec laquelle il mélange le café qu’il a déjà bu.

-       Entre autres.

Lise hoche la tête en silence. Un artiste. Voilà certainement la raison qui pousse de Chastignac à s’égarer dans tous les plans qui constituent le monde.

-       Ses parents ne sont pas vraiment comme lui, poursuit Albert en laissant sa cuillère en suspend au-dessus de la tasse vide. Ils passent leurs journées à programmer des machines qui effectuent pour eux de savants calculs en économie. Ce sont des gens très sérieux. Tu leur ressemblerais davantage qu’Hugo.

Lise songe que ses parents n’ont rien à lui reprocher à ce sujet-là, et encore moins ceux d’Hugo ; elle aurait trouvé cela très bien même si la caractéristique des gens sérieux avait été un défaut dans la bouche d’Albert de Chastignac. En l’occurrence, il ne s’agissait que d’une simple remarque.

-       Et c’est pourquoi ils ont envoyé leur fils chez vous, devine Lise.

-       Non, c’est lui qui a décidé de venir. Il savait que j’avais de la place et que je ne lui parlerais pas en énigmes boursières à longueur de journée en espérant qu’un jour il se passionne pour ça.

-       Et pourquoi est-ce qu’il n’est pas venu manger avec nous ce midi ?

-       Une peinture très prenante, m’a-t-il dit. Dans les tons bleus.

Lise revoit les taches bleues sur la main emmanchée de bleu marine.

-       Est-ce que c’est à cause de moi ?

Albert sourit.

-       Je ne pense pas. Ou alors il n’aurait pas insisté pour aller t’ouvrir.

Lise repense un instant à la porte s’ouvrant avant qu’elle ait eu le temps d’actionner la sonnette. Le vieil homme l’interrompt alors qu’elle s’apprête à poser une autre question :

-       Lise, je ne crois pas que nous devrions continuer à parler d’Hugo. C’est un bon garçon, mais je ne pense pas que t’en apprendre plus sur lui serait une bonne idée. Aussi, je te déconseille d’aller lui parler. Il est vraiment beaucoup plus incompréhensible que moi.

 

En remontant dans son grenier pour se remettre au travail, Lise entend un presqu’imperceptible frottement provenant de l’autre côté du rideau séparant son monde de celui d’Hugo. Sur la droite avant l’escalier, le drap révèle des gouttes bleues tomber sur des chaussures aussi bariolées de taches de peinture que les pieds du chevalet devant lequel elles se tiennent. Se souvenant de l’avertissement du professeur de Chastignac, elle renonce à rester plus longtemps là et regagne son bureau.

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EryBlack
Posté le 11/10/2013
Aaah mais nooon, pourquoi elle regagne son bureau ? Va lui parler, va lui parler *-*
Hum, quelle entrée en matière... J'ai décidé de poursuivre mes lectures PAennes, dans lesquelles j'ai pris beaucoup trop de retard, et voilà le résultat, je suis embarquée depuis deux chapitres et quelques cinq milles mots dans les Ciseaux. (L'esprit mathématique doit être contagieux ^^)
Cette histoire me plaît énormément, vraiment énormément. J'ai toujours dit que j'aimais pas les maths, pourtant, pas plus tard que la semaine dernière, je me suis passionnée pour un film scientifique à propos des liens entre le temps et l'espace (j'ai enfin pigé le E=mc2, à peu près...).
Je suis vraiment touchée par cette histoire et tout ce que tu y mets de toi. Ce passage où Albert et Lise discutent est vraiment poignant ! À propos des visions du monde et tout ça. Si on me demandait de quel côté je suis, je répondrais sûrement "du côté des artistes, des rêveux et des littéraires". Mais c'est tellement plus compliqué que ça ! C'est ça que j'aime dans les mathématiques et la logique, au fond, c'est cet espèce d'évidence qui découle dans les démonstrations, cette curiosité et cet acharnement qu'on a eu à décrypter le monde pendant des siècles, et tout ce qui reste encore à expliquer. Les mathématiques sont une vraie poésie ("espace vectoriel de dimension finie" c'est tellement BEAU, comme formulation !), et ton histoire regorge de cette poésie scientifique, et moi je me sens bizarrement à l'aise dans l'univers de Lise. C'est pourtant tellement loin de mon univers à moi, mais c'est là que réside la puissance de cette histoire, c'est que je suis persuadée que même le littéraire le plus extrêmiste serait envoûté par tes mots. 
J'ai hâte de découvrir la suite, quelque chose me dit qu'un certain peintre bien mystérieux finira par casser la carapace mathématique de notre Lise :D (Ou alors j'extrapole ? ^^') 
Mimi
Posté le 11/10/2013
Oh, c'est tellement gentil ce que tu me dis Ery ♥ Je suis tout émotionnée ^^ Tu sais, on me dit souvent que j'ai un profil littéraire et on ne comprend pas pourquoi je m'obstine à étudier les sciences, mais c'est parce que je ne veux pas me laisser enfermer dans un moule !!! Comme tu le dis, les maths sont magnifiques, tellement esthétiques et rassurantes (bien que souvent effrayantes de complexité…)… Pourtant je suis une rêveuse. Je décroche souvent pour rêver derrière mes yeux vagues, et parfois ce sont des sciences qui défilent dans ma tête ! Alors je ne pense pas que la rêverie soit très "littéraire", finalement. J'ai entendu un chercheur dire que la recherche avait besoin de créativité pour améliorer les modèles et inventer des théories… et je pense que c'est plus que compatible ! Tant pis pour ceux qui ne le croient pas.
Pour ce que tu dis à la fin… tu verras bien ;) mais tu es sur la bonne voie, c'est prévisible mais c'est vrai^^
Merci beaucoup d'être passée et d'avoir laissé ce si joli commentaire ♥♥♥ tenir ce genre de propos au potentiel gonfleur de chevilles si énorme devrait être euh… réglementé ! (c'est trop chouette pour être interdit xD) Je te fais plein de bisous :)
Mimi 
vefree
Posté le 08/10/2013
Aaaah, je n'y entend goutte lorsqu'un scientifique essaie de justifier l'idée qu'il soit AUSSI un artiste ! Soit, admettons que ce soit un dilème pour eux, moi, je ne cherche pas à comprendre. C'est ainsi. On est artiste ou on ne l'est pas. Matheux ou pas.
En revanche, ce qui me titille encore plus c'est l'intérêt d'Hugo dans l'histoire. Ce jeune homme qui lui a ouvert la porte serait celui qui peint derrière le rideau ? Voilà une description qui rend la chose vraiment très intrigante. C'est très réussi. Voilà quelqu'un qui titille l'imagination. Il lui ouvre la porte, fait celui qui n'est pas vraiment d'ici, mais ensuite, s'immice tel un mystérieux colocataire, dans l'antre du professeur. Intéressant tout ça... vraiment intéressant.
Lisons la suite... 
Mimi
Posté le 08/10/2013
Je comprends très bien ce que tu veux dire ^^ Mais ça m'a posé problème jusqu'à l'écriture de ce roman… Je ne savais pas où était ma place, s'il fallait que je trouve un métier dans la littérature ou si je pouvais rester en sciences même si je n'avais pas le profil exact ? C'est bête de se poser ce genre de question, mais ça arrive, surtout quand certains de tes amis te le disent de bon cœur… =/
Haha, j'ai réussi à rendre Hugo mystérieux ;) J'ai hâte de voir ce que tu vas penser de lui… En tout cas, merci beaucoup d'être passée, Vef', tes commentaires me font toujours autant plaisir ♥ 
Sati
Posté le 21/04/2013
Un chapitre exceptionnel ! J'ai adoré la discussion que Lise a eu avec Albert. Ces questions de visions du monde, la contradiction entre l'anarchie et la logique, ce que raconte Albert sur son changement de point de vue et tout. C'était magique à lire !
Pour l'instant, il semblerait que Lise craigne de connaître Hugo de part leurs différences radicales. Pourtant, je suis persuadée qu'ils auraient un tas de choses à partager. Plus la différence est grande, plus grand est le potentiel d'échange... La fin m'a particulièrement donné envie d'en lire plus ! Ce rideau qui sépare notre mathématicienne chevronnée de l'artiste mystérieux, c'est très intriguant !
Encore bravo, j'admire vraiment la façon dont tu as construit cette histoire, ta façon de la narrer à travers le point de vue mathématique et scientifique de Lise, qui lui donne une empreinte si particulière, rassurante, et pourtant très loin d'être immuable. J'ai senti sur la fin que ce monde de certitudes n'était en fin de compte pas si solide, et qu'il suffisait qu'existe dans l'entourage de la jeune fille un être très différent pour remettre en question toute sa vision du monde.
Il me tarde de découvrir à quel point Lise pourrait changer d'avis en dialoguant avec Hugo. En tout cas, Albert a l'air d'aimer son changement de perspective. A travers ses nombreux propos, je retrouve cette fracture sociale entre les scientifiques qui ne "croient" qu'en ce qu'ils étudient, et les autres, ceux qui regardent les choses en face et acceptent tout simplement l'inconnu pour ce qu'il est : parfois inexplicable.
Un grand merci pour cette lecture si riche !
bises,
Spilou
Mimi
Posté le 21/04/2013
Merci merci merci ! Que puis-je dire d'autre ? C'est… très très touchant ! Tout ce que tu me dis, ça me rend toute chose… ^^
Pour te répondre, je ne pense pas non plus que l'univers de Lise soit immuable ; après tout, elle croit en ce que lui raconte la physique, et l'Univers est loin d'être immuable ^^ Non, je pense que le point de vue d'Albert lui a permis de peut-être mieux appréhender son approche de sa science ; peut-être qu'elle aura ainsi moins peur de ne pas "savoir", qu'elle acceptera l'échec d'une hypothèse qui pourtant lui semblait évidente… Cette entrevue me semblait indispensable pour préparer la rencontre avec Hugo… mais je n'en dis pas plus !!!
Merci mille fois de ton passage, et de tes commentaires ! C'est très agréable de te voir construire une réflexion si poussée à partir de quelques mots :) J'espère te revoir bientôt dans le coin ! Bisous :)
Seja Administratrice
Posté le 12/02/2013
Non, non, non, je ne suis point en retard :P
Nous voilà donc toujours chez ce cher Albert à résoudre des équations diverses et variées. J'aime bien ta conception des vacances xD
Cela dit, blagues à part, t'as réussi à me remettre mes études de math en mémoire, je pensais avoir tout oublie :') C'est d'ailleurs amusant de pénétrer dans ce milieu super scientifique. Lise a une vision très bornée de ce que doivent être les scientifiques et ce que doivent être les autres. C'est chouettes des personnages entiers comme ça. Bon, je me doute bien que si tu plantes ça, c'est pour nuancer par la suite, mais voilà.
Parce que mine de rien, il y a une réflexion très intéressante qui se profile derrière, sur la manière de percevoir le monde notamment, sur l'opposition science / art. Alors si en plus, tu nous colles un peintre dans les pattes, que demander de plus ? Peut-être une suite... que je lis vite vite :)) 
Mimi
Posté le 12/02/2013
Mais non, bien sûr que non tu n'es pas en retard :) En plus, tu suis plutôt bien, tu supposes bien, et… voilà, c'est très bien xD Je suis désolée de plomber tes envies de vacances et de te rappeler des souvenirs aussi sains et utiles que sont les études de maths (non, je rigole, les maths, c'est super cool mais on va juste dire que cette filière est… comment dire… complètement bouchée, sauf si tu veux être prof…), mais bon, comme je suis égoïste, je suis très heureuse de te compter comme une fidèle lectrice ! Alors promis, je revois vite la suite et je la poste prochainement, mais j'ai quelques petites choses à revoir d'abord… ;)
À très bientôt ! Et merci ♥ 
aranck
Posté le 19/04/2013
Hello Mimi, je suis venu reprendrema lecture !
Alors d'abord quelques petites remarques et tu en feras ce que tu voudras hein ? C'est toi la chef !
"L’atmosphère légèrement enfumée, l’odeur de nourriture et la vaisselle sur la table diffèrent de la pièce où elle a trouvé Albert de Chastignac ce matin, qui referme la porte derrière elle en lui désignant le siège d’où elle a observé le jardin." Phrase un peu longue je trouve. Possible de la couper en deux peut-être ? et qu'est-ce qui diffère ? (expliquer quoi, l'atmosphère est plus chaleureuse ? C'est moins bien rangé ? ou est-ce en effet tout simplement différent ?)
la connaisse aussi bien () moins de vingt-quatre heures : virgule après bien.
"Comme une aurore boréale dont on ne saurait prédire la couleur" : très belle comparaison !
toute me vie : petite coquille : ma
obtenu que pile  : qu'un pile ? 
certains objectifs qu’on avait en commun.  : certains objectifs communs pourrait suffire ? 
'révèle des gouttes bleues tomber sur des", Je sais que le qui fait un peu lourd parfois, mais là il me semble qu'il pourrait être utile.
Voilà
Pour le reste, ton écriture reste toujours très précise et on a aucun mal à comprendre les personnages et leurs "intérieurs".
J'adore Chastignac, j'adore ce genre de vieux Monsieur rêveur qui casse les shémas établis, quand à Lise, on excuse sa rigidité par sa jeunesse et son manque d'expérience de vie.
Donc tes personnages sont bien campés et existent toujours autant.
Sur le sujet en lui-même, je trouve cette réflexion entre Arts et Sciences, hasard et méthode, philosophie et maths/physique très intéressante (on s'est tous un peu posé cette question un jour, c'est bien de voir les choses à travers deux personnes, opposées et complémentaires, même si on sent que Lise reverra probablement sa façon de penser (ou non ?... rigide à ce point ? Non ! Elle semble plus ouverte malgré tout, en tout cas son envie de "Savoir", est forcément liée à une ouverture sur le monde... Non ?)
L'arrivée du jeune homme (Hugo) est aussi intéressante, (on a envie d'en savoir plus !) et je me suis prise, en grande romantique que je suis, a espérer une belle histoire d'amour entre deux "contraires".
Je suppose que la suite m'en dira plus... 
A bientôt Mimi ! (mes lectures ne seront pas forcément très régulières car j'ai pas mal de choses sur le gaz en ce moment, mais je reviendrai. )
Mimi
Posté le 19/04/2013
Merci Aranck d'être passée et d'avoir relevé ces erreurs. C'est toujours intéressant de voir les passages où il manque quelque chose.
Je suis contente que tu te trouves intéressée par le propos qui, je pense, n'est pas d'abord évident (dans le sens où il faut laisser le temps à l'histoire de s'installer). Merci de prendre ce temps :) J'avais peur de personnages trop stéréotypés mais sans exagérer… c'est comme ça qu'ils sont dans la vie, et finalement, je pense qu'il y aurait moins d'intérêt à écrire une histoire là-dessus s'il y avait dès le départ une indication pour que ça marche. Je ne vais pas te dire la fin, mais je dois dire qu'écrire les histoires d'amour, ça n'est pas ma tasse de thé^^ donc on peut dire que… non, il ne se passera rien du tout entre Hugo et Lise, rien qui ne dépasse le stade d'amis tout au plus ; je préfère le dire maintenant plutôt que de te décevoir à la fin ^^
Je suis aussi contente que tu attribues la rigidité de Lise à son manque d'expérience, c'est exactement ça que je voulais souligner en faisant intervenir les personnages de la grand-mère et du vieux professeur. Tu verras qu'Hugo est un peu comme ça lui aussi, à sa manière. 
Prends ton temps pour lire, bien sûr. C'est gentil de passer. À bientôt !
Vous lisez