Chapitre trois : Le Commencement

Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Au grand étonnement de tout le monde, ce fut Virgile qui prit la parole en premier à notre petite réunion. Il annonça qu’il avait eu affaire à des Animus durant son Vivant et que lui-même avait failli se faire emporter de cette manière. Il fallait croire que Thana lui réservait un autre destin, qu’il avait décelé un quelque chose chez lui et que la Mort était venue le chercher à temps. C’est alors que je compris pourquoi. Pourquoi Virgile avait été le plus hésitant de nous six ; il redoutait qu’il soit une cible facile. Les Animus ressentent les Âmes plus faibles, qu’elles soient mortes ou non. Et Virgile était visiblement plus faible ou du moins l’avait été.

Thana nous avait enseigner quelque base de son art ; sentir les Ames, ne pas se faire repérer par les Vivants entre autres et c’était un immense privilège, bien entendu.

J’étais moi-même originaire de Suisse, l’Europe du XXIème siècle ne me poserait pas de soucis, du moins, moins qu’aux autre, m’est avis qu’avec May nous serons les moins handicapé par ce Monde dans lequel nous devions aller sous peu. Les détails seront visiblement pour plus tard, puisque la discussion était actuellement plutôt tournée vers la traque de l’Animus, à savoir où est-ce que l’on pourrait aller en premier.

Thana nous avait pour cela mis à disposition sa bibliothèque privée, regroupant tous les volumes existant à ce jour, dont les journaux et magazines qui nous intéressaient.

Caius et Maia y avaient déjà visiblement fait un saut, puisque Caius tenait fièrement un journal donc le titre quoique morbide était plus qu’évocateur : « Genève, la ville aux suicidés, plus de 10 en l’espace de 2 mois »

  • Je pense que nous devrions commencer par Genève, dit-il d’un ton supérieur
  • De quand l’article date-il ? demanda alors May
  • Du 23 mars dernier, nous sommes le 26 alors je pense que c’est plutôt d’actualité, non ?

Je crus important de stipuler que j’étais suisse, et que je connaissais bien la ville de Genève.

  •  Ma tante y habitait quand j’étais vivant, je pense pouvoir être un bon guide.
  • C’est donc pour ça que Thana t’a demandé de venir avec nous. Il savait que tu nous serais utile, c’est vrai que je me demandais ce que tu faisais là au début, déclara Alaric. Thana nous a tous convoqué pour une raison précise,  Virgile parce qu’il a déjà eu affaire avec une Animus, il me regarda. Le petit parce qu’il connait la ville et le monde Vivant, le chevalier se tourna vers Maia et Caius. Les jumeaux car ils sont doués au combat, mais toi May, qu’est-ce que tu fais là ? demanda Alaric en dévisageant May.
  • Thana a surement ses raisons, et même si je le savais, je ne te le dirais pas. Et toi qu’est-ce que tu fais là, à part nous pourrir l’atmosphère bien sûr ?

J’aurais dû mentionner avant que May détestait Alaric, ils avaient réalisé une quête ensemble il y a quelques temps. Avant celle-ci, ils s’entendaient très bien et tout allait pour le mieux jusqu’au jour où ils sont rentrés, un de leur camarade était mort pour le seconde fois, Thana ne le reprit pas comme Mercenaire. Et May et Alaric ne se s'étaient plus jamais adressé la parole.

Eh oui, il se trouve que même si nous nous sommes déjà faits enlever par la Mort, en tant que Mercenaire. Nous pouvons cesser d’exister en tant que tel si Thana ne nous reprenait pas à la suite d’une seconde mort. Bien sûr cela est rare mais ça arrive, la plupart du temps ce sont des exorcistes qui mettent fin à notre seconde Vie, comme j’aime l’appeler.

Alaric ne prit même pas la peine de lui répondre.

  • Voilà c’est bien ce qui me semblait, tu ferais mieux de te taire.

Nous autres, Maia, Caius, Virgile et moi, n’osions rien dire, de peur de déclencher une tempête.

May qui s’était levée, se rassit, et continua la discussion comme si de rien était.

  • Donc, Félix, tu connais Genève, c’est ça ? bien sûr elle connaissait la réponse ainsi que la plupart de mon passé, mais elle avait posé la question à l’intention des autres.
  • Euh oui c’est ça, je repris d’une voix peu assurée.

Ils me posèrent pleins de question, auxquelles parfois je ne pus malgré moi pas répondre. Ou penses-tu que l’Animus pourrait se cacher ? fut la question qui me posa un problème, comme je l’ai déjà dit, j’avais quitté la Vie à l’âge de douze ans, et à cet âge-là j’étais déjà un petit garçon solitaire. Je passais des après-midis à observer les insectes et mes soirées d’été à admirer les constellations. Je ne m’amusais pas à chercher les endroits où une mangeuse d’Ame pourrait éventuellement se cacher.

Enfin bon, je n’ai pas été capable de répondre.

Après avoir lu, et retourné un nombre improbable de cartes et de livres, nous décidâmes que nous commencerions par le nord de la ville, puisque que c’est là-bas que le plus de suicides avaient été signalés. Il fallait aussi s’attendre à ce que l’Animus fuie, car elle sentira que nous sommes là pour la capturer, et je peux parier que ce n’est pas ce qu’elle veut.

Nous avions décidé que notre stratégie pour ne pas se faire remarquer, très banale il faut le dire ; serait de nous faire passer pour des Vivants. Nous avions le choix entre ça et se rendre invisible mais comme nous pouvions changer notre apparence facilement, nous avions choisi la première option.

Heureusement que nous pouvions choisir la tranche d’âge et les habits que nous souhaitions aborder. Nous ne pouvions changer que très peu notre apparence physique, faire varier la couleur de nos yeux du bleu turquoise au vert d’eau ou passer de cheveux roux foncé à roux clair par exemple, en dehors de ça il nous fallait faire recours à des potions et autres magies. Paraitre vingt ans de plus ne nous posait donc pas de problème, cela faisait partie du bénéfice d’être un Mercenaire. J’imagine mal des gens comme Caius et Maia avec leur âge véritable ; âge auquel ils ont quitté la Vie, additionné au nombre d’années passées au Royaume du Trépas.

Personnellement je me décrivais comme de taille moyenne, les yeux verts, hérités de ma mère, et les cheveux brun tirant sur le roux. Quand j’étais enfant, les gens disaient que je ferais chavirer le cœur des jeunes filles, hélas je n’ai pas eu trop l’occasion de m’y essayer, et ce n’est surement pas en tant que nouveau Mercenaire, que je risque d’attirer beaucoup de conquêtes. Même si je dois avouer que je ne m’étais jamais attardé sur la question. Je n’avais jamais vraiment été attiré par les autres, restant plus dans mon coin qu’au centre de l’attention. Et il faut dire que ça ne m’avait jamais vraiment dérangé. Enfin bref, là n’était pas la question.

Avec des coéquipiers pareils, c’est sûr qu’une fois que nous avions décidé de notre destination et d’autres grandes modalités, il fut déjà temps de préparer nos affaires pour partir.

Les miennes furent vite prêtes, comme nous pouvions choisir les habits que nous portions et les changer à volonté, je pris donc ma tenue de rechange que je transformerai plus tard en fonction du lieu où l’on se trouverait et de mon humeur. J’ouvris la malle qui contenait la totalité de mes armes de jet, dont j’avais fait ma spécialité durant mon entrainement.

Chaque Mercenaire trouvait sa spécialité de combat durant son entrainement, même si parfois ils avaient déjà de bonnes bases, comme Alaric par exemple. Lui était chevalier de son Vivant, dans l’Angleterre du Moyen-Âge, il était respecté. Il était proche de son roi et le conseillait, Alaric était un combattant farouche, à cheval avec une lance, à pied avec un glaive ou encore de loin avec une arbalète. Ces informations, je les tenais naturellement de May, qui le connaissait bien.

Ma spécialité à moi, ce sont les armes de jets, que ce soient des couteaux, ou un boomerang. Il m’était déjà arrivé de m’essayer au lancé de hache, mais je les trouvais trop lourdes et peu précises.

Une fois que mon sac fut fait, je sorti rejoindre les autres sur la place principale au centre de nos casernes. May et Alaric étaient déjà là et se dévisageaient avec de la haine dans les yeux. Je restais à bonne distance, m’asseyant en attendant les autres. Virgile arriva et marcha jusqu’à moi, il ne dit rien, et s’installa à mes côtés. Ce fut comme s’il savait que je n’étais pas à l’aise avec les gens et que d’un accord tacite, il était parvenu à la conclusion qu’il serait plus agréable de ne rien dire. Nous attendîmes ainsi plusieurs minutes les jumeaux. Quand tout à coup on les entendit se disputer au loin.

  • Tu es toujours en retard de toute façon, tu te rappelles quand on devait assister aux Jeux et tu étais si long, qu’on a raté tout le début ? A te pomponner comme une déesse, un jour tu rateras quelque chose d’important. On perd tout notre sérieux là, tu t’en rends compte ? En retard pour une mission, non mais tu t’en rends compte ? s’exclama Maia
  • Ah oui bah c’est sûr que ce n’est pas toi qui serais en retard pour la moindre petite chose, hein, comme l’assassinat d’Antonius. D’ailleurs, si tu m’avais écouté et qu’on serait arrivé avec cinq minutes de retard, on aurait effectué le travail mieux que quiconque, hélas il a fallu y arriver à l’heure et par ce fait, finir comme esclave, puisque ses gardes étaient là, mais pas de soucis, on sera toujours à l’heure désormais.

Maia s’apprêta à répondre mais elle se rendit compte qu’on était déjà tous là. Elle mit alors un terme à leur petite dispute, qui confirmait les rumeurs à leur compte ; les jumeaux avaient bel et bien été des assassins de leur Vivant.

  • On reprendra cette dispute plus tard petit frère, nos compagnons sont visiblement plus ponctuels que nous.

May, qui était la seule à savoir ouvrir les portails pour aller dans le Monde Vivant, s’avança et commença à dessiner des cercles sur le sol. Ce qui était au début étrange, devint envoutant, et petit à petit la poussière devint ombre et les ombres devinrent un portail donnant tout droit vers le monde de mon enfance.

 

 

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