Avec les mots de Prospero coincés dans ma gorge, j'eus du mal à ingérer les œufs brouillés de mon petit déjeuner. Dans le réfectoire, seulement une petite partie des élèves venaient se rassasier en même temps que moi. Rien de plus normal, il était encore tôt. C'était pourtant à ce moment-là que je revis les cheveux cuivrés de Glenn. Quand il entra, nos regards se croisèrent d'un air entendu. Nous nous étions rencontrés sous le porche une demi-heure plus tôt, tous les deux en tenue de sport. À l'évidence, je n'étais pas la seule à avoir besoin de me dégourdir les jambes pour améliorer ma concentration.
Quand il s'assit à l'autre bout de la longue table, je me détournai de lui pour me focaliser sur mon emploi du temps. Dans une heure, je suivrais mon premier cours d'étude des merveilles et l'après-midi aurait lieu le cours de défense contre les forces périlleuses. Je ne savais pas à quoi je devais m'attendre.
J'entortillai une mèche de mes cheveux blonds et bouclés autour de mon index, fébrile. Ce premier jour me rendait nerveuse et ma rencontre inopportune à Magdalen n'arrangeait pas les choses.
Pour m'apaiser, je sortis mon carnet à dessin et commença à gribouiller l'esquisse d'un troupeau de daim sous un vieux chêne. Lequel d'entre eux était celui que j'avais suivi dans l'espoir de trouver une porte ? Probablement celui que Prospero nourrissait quand je suis arrivée. Comment avais-je pu croire aussi naïvement qu'il me mènerait à une porte ? C'était tout à fait ridicule. L'animal qui guide le héros vers un autre monde, ça n'existait que dans les histoires. La réalité de l'affaire devait être tout autre.
Sur ma page, la lumière se ternit. Je levai le nez de mon croquis et me figeai quand je trouvai le professeur Havardsson, penché sur mon travail, le front plissé.
« Pff ! Foutaise, » marmonna-t-il.
J'ignorais s'il voulait que je sois la seule à l'entendre ou bien s'il se parlait à lui-même. Dans tous les cas, mes joues prirent feu. Impressionnée par ce colosse dès le premier jour, le voir juger mes activités de cette manière me fit sentir encore plus petite.
L'enseignant se redressa, dédaigneux, et reprit sa route vers la table réservée aux professeurs. Je le regardais s'éloigner jusqu'à ce qu'il s'arrête devant Glenn qui faisait tourner son couteau à beurre d'une seule main.
« Jolie maîtrise, » commenta-t-il cette fois, arrachant ainsi un sourire à mon camarade.
Je me mordis la lèvre.
« Merde, » pestai-je entre mes dents. La sélectivité étant ce qu'elle était, je ne pouvais pas me permettre de laisser les autres me devancer, même sur de si petits compliments. Cet après-midi, j'aurais intérêt à marquer des points pendant le cours de défense contre les forces périlleuses.
Cela dit, je surpris Mrs. O'Reagan lever les yeux au ciel devant le comportement de son collègue. Peut-être s'agissait-il seulement d'une stratégie d'intimidation pour faire monter la pression entre les élèves ? Au vu du comportement des autres étudiants qui ne cessaient de se jauger depuis l'arrivée de Mr. Havardsson, j'en déduisis que cela fonctionnait.
Ce fut au tour de Prospero de faire son entrée. Toujours vêtu de son chapeau et de son manteau, il devait tout juste revenir de sa balade à Magdalen college. Quand il passa devant moi, je frissonnai. Il m'adressa un regard qui ne pouvait signifier qu'une chose : « Réfléchis-y ».
Je détournai les yeux, fuyante. Certes, je lui devais d'être là, mais il valait mieux pour moi l'éviter dans les jours à venir. Je ne tenais pas à ce qu'il insiste de nouveau avec son histoire de consultation.
Mes mains se remirent à crayonner. Quand je terminais enfin les feuillages du chêne, je relevai la tête vers la table des professeurs et remarquai l'absence de Mr. Marlowe. Au loin, Glenn aussi observait l'équipe enseignante d'un air pensif. Tout comme moi, les dernières paroles du doyen devaient lui revenir :
« N'essayez pas de me chercher. C'est moi, au besoin, qui vous trouverais. »
Quelle déception ! Le seul professeur que je désirais le plus fréquenter en dehors des cours avait disparu. Je ne savais pas pourquoi je m'en étonnais. Après tout, la célébrité rimait souvent avec l'inaccessibilité. Je me demandais cependant ce qu'il devait faire à cet instant : peut-être était-il simplement dans son bureau, en train de travailler sur l'élaboration de ses cours, ou bien discutaient-ils avec d'autres passeurs de porte pour connaître la progression de ces derniers dans leurs différents domaines de recherche. En y réfléchissant, je l'imaginais davantage en déplacement, à la recherche de nouvelles portes. J'avais du mal à croire qu'un voyageur tel que lui restât tranquillement à Oxford à gratter du papier tandis que les autres exploraient de nouveaux univers.
L'apparition de Ravi m'arracha à mes réflexions. Alors qu'il se servait son petit déjeuner, il affichait une expression tendue et sérieuse. Quand il passa devant moi, je lui fis un signe de la main pour le saluer, mais il m'ignora. Il alla s'asseoir en face de Glenn et engagea la conversation. Incapable de lire sur les lèvres, je devinais cependant leur proximité. Ils étaient pourtant si différents... Comment s'étaient-ils rencontrés ? Difficile de faire des hypothèses. En tout cas, il était évident que l'un dominait la conversation tandis que l'autre se contentait d'écouter et d'approuver. Inutile d'entendre Glenn pour comprendre à quel point il était arrogant. Pauvre Ravi.
Je me détournai d'eux et terminai mes œufs brouillés. Il était temps de se préparer pour le premier cours. Je consultai de nouveau mon emploi du temps et j'avalai de travers en découvrant le nom de la salle : Cabinet de curiosité. Vraiment ? Est-ce que cette salle allait ressembler à ce que je pensais ?
*
En petit groupe, nous franchîmes le seuil de ce fameux cabinet. J'avais vu juste. Il s'agissait d'une parfaite reconstitution de ce que pouvait être une bibliothèque d'un grand seigneur du Moyen Âge, à la différence que les objets rapportés de voyage n'avaient rien à voir avec notre monde. Des manuscrits tapissaient les murs, ainsi que des petits squelettes de créatures méconnues semblables à des petits dragons et faucons. Le squelette d'un énorme griffon, suspendu au plafond, régnait sur la grande salle. Au centre trônait une sphère armillaire au mouvement stellaire improbable. À l'est, la pièce s'ouvrait sur une petite serre remplie de plantes et de légumes étranges qui fit hausser les sourcils de Glenn.
Pour ma part, je m'intéressais particulièrement à ce qui se trouvait sur les tables rondes. Prisonniers de cloches de verre, des objets attendaient qu'on les observe. Perplexe, je m'approchai d'un haut de forme décoré d'une carte représentant la reine de cœur. À côté de lui se trouvaient un anneau carbonisé, puis plus loin encore une boussole qui n'indiquait pas les points cardinaux, mais d'étranges symboles. Tous ces objets me semblaient familiers, mais je ne parvenais pas à me rappeler d'où il venait.
« Bienvenue dans votre cours d'étude des merveilles. »
La voix du professeur O'Reagan nous fit sursauter. Elle se tenait dans l'embrasure de la grande porte et nous jaugeait d'un œil critique. Cependant, elle sourit quand elle nous vit, Ravi et moi, devant les objets posés sur les tables.
« Oh ! Je vois que vous vous intéressez aux objets de notre première séance, déclara-t-elle en s'approchant de nous à pas de loup. Savez-vous ce que c'est ? »
Ravi serra les lèvres, incapable de lui répondre. Le haut de forme était pour lui tout aussi banal que celui que l'on portait à un match de polo.
« Oh, allons ! Un peu d'imagination, que diable ! C'est bien pour ça que vous êtes là. Et vous, mademoiselle... ?
— Kerleroux.
— Mademoiselle Kerleroux, est-ce que vous connaissez cet objet ? »
Pendant que je réfléchissais, les autres élèves qui exploraient la salle firent cercle autour de nous. Je me penchais davantage pour observer la boussole dans les détails. Pourquoi présentait-elle des symboles ? Hum... j'avais déjà entendu parler de ce genre d'objet quelque part...
Mais oui !
J'ouvris la bouche pour donner la réponse, mais je fus prise de court par Glenn, qui répondit à ma place.
« On dirait un aléthiomètre.
— Précisément ! » applaudit le professeur O'Reagan en se tournant vers lui.
Je lançai un regard noir à mon camarade, auquel il répondit par un sourire. Je n'appréciais pas qu'on me vole la vedette.
Une jeune fille aux cheveux bruns intervint :
« Mais... ça n'existe pas, non ? Enfin, seulement dans les histoires pour enfant.
— Et vous pensez que les mondes décrits dans les histoires pour enfant n'existent pas ? »
Plusieurs étudiants hochèrent la tête, incertains, ce qui fit soupirer la passeuse de porte.
« Eh bien, observez donc les autres objets. À quoi vous font-ils penser ? »
Désireuse de me rattraper, je me rapprochai de Ravi afin d'observer le haut de forme. La réponse me sembla évidente, alors je la donnai :
« On dirait un chapeau d'Alice au Pays des Merveilles.
— Bien vu, miss Kerleroux ! J'ai effectivement volé ce chapeau dans l'atelier du Chapelier fou. Un vrai farceur, celui-là ! Cela dit, il n'a pas vraiment apprécié quand je lui ai dérobé ce chapeau...
— Attendez, je veux être sûr de bien comprendre, répliqua Glenn, vous voulez dire que tous les mondes que l'on trouve dans les livres existent ?
— Et bien d'autres encore dont on n'a jamais entendu parler, d'ailleurs. Cela vous étonne ? Tant mieux, vous êtes là pour ça. Alors, à votre avis, quelle est la fonction de cette salle ? »
Plus le cours avançait, plus Megan O'Reagan passait pour une excentrique aux yeux de ses étudiants. Elle ébranlait le parquet en faisant tournoyer sa longue jupe en tartan et observait chacun d'entre nous avec la plus grande attention, comme si se cachait parmi nous l'élu d'une prophétie.
« D'exposer des objets provenant des autres mondes ? tenta Ravi.
— D'exposer ? Ne soyez pas ridicule, Mag Mor College n'est pas un musée. Si les passeurs de portes se contentaient de ramener des objets seulement pour les exposer, il y a bien longtemps que mon domaine de recherche n'aurait plus d'intérêt. Alors ?
— Ce n'est pas une salle d'exposition, reprit la jeune fille aux cheveux bruns, c'est un laboratoire. Les passeurs de portes ramènent des objets et nous les étudions pour mieux comprendre les mondes.
— Tout juste ! Vous venez de comprendre que le cours d'étude des merveilles est en fait l'une des spécialités de recherche possible d'un passeur de porte. Allez, sortez vos carnets maintenant, il est temps que vous notiez quelque chose. Bien. Poursuivons. À votre avis, qu'est-ce qu'on appelle merveille ? »
La classe demeura silencieuse. Le concept de merveille devait recouvrir un ensemble d'éléments assez large pour contenir des objets aussi divers que ceux présents dans ce cabinet de curiosité.
Il n'existait qu'une réponse possible et elle était très ancienne.
« Merveille vient du latin meravilla, qui fait référence aux choses qui suscitent un grand étonnement, mais aussi une grande admiration. Dans le jargon des passeurs de portes, je suppose donc que la merveille fait référence à tout objet animé ou non animé qui paraît étrange, voire extraordinaire pour notre monde.
— C'est parfait, miss Kerleroux, vous avez parfaitement cerné le concept. Vous pouvez noter ce que votre camarade vient de nous dire. »
J'esquissai un sourire que je ravalai aussitôt lorsque j'entendis le soupir méprisant de Glenn. Ce dernier gratta furieusement son carnet en haussant les sourcils. À l'évidence, il n'appréciait pas que je marque des points auprès du professeur O'Reagan.
« Maintenant, reprit la passeuse de porte, j'aimerais que vous réfléchissiez un peu aux limites de notre pratique. Observez les merveilles autour de vous. Pensez-vous que nous pouvons ramener ce que nous voulons ?
— Si les voyageurs des mondes ramenaient ce qu'ils voulaient, notre monde risquerait d'être confronté à des merveilles dangereuses, non ?
— Vous venez de relever un point intéressant, monsieur Sirassikar. En effet, le transfert des objets magiques est strictement réglementé par les lois britanniques. Nous avons interdiction de ramener toutes merveilles qui présenteraient des caractéristiques d'armes de guerre. À moins, bien sûr, que l'objet en question soit déjà dépouillé de ses pouvoirs ou détruit. »
Le professeur s'approcha de l'anneau carbonisé protégé par sa cloche de verre. Nous nous rassemblâmes tous autour de lui et nous prîmes le temps de l'observer. Seule la cendre qui lui servait de socle l'empêchait de tomber en poussière. Tout autour, des inscriptions illisibles. Glenn écarquilla les yeux.
« Ne serait-ce pas... ?
— Oui, mister Doyle, c'est bien l'anneau unique de la Terre du Milieu. Enfin, ce qu'il en reste. C'est le monde favori du Professeur Havardsson, d'ailleurs. Je me souviens encore du jour où il m'a ramené cette merveille déchue... ainsi qu'une tête d'orc déjà poisseuse. »
Les narines de Megan O'Reagan frémirent d'horreur à l'évocation de ce souvenir, ce qui fit rire toute l'assemblée.
« Poursuivons. Nous ne pouvons effectivement pas ramener de merveilles qui s'apparentent à une arme, à moins que celles-ci soient réduites en état de nuire. Si vous voulez mon avis, il s'agit d'une loi tout à faire cohérente : nous avons déjà bien à faire avec les armes que nous concevons, même si elles n'ont pas de pouvoir magique. L'usage d'une arme venant d'un autre monde pourrait mettre en péril toute la race humaine. Bien, passons maintenant aux objets que nous ramenons. Comment la loi britannique a-t-elle décidé de les encadrer ?
— Je suppose que le gouvernement ne souhaite pas que les trouvailles des passeurs quittent l'enceinte de Mag Mor college.
— Qu'est-ce qui vous amène à penser cela, mister Doyle ?
— Une merveille dont on ignore les propriétés peut s'avérer dangereuse pour notre société.
— En effet. Le cabinet de curiosité ainsi que les archives des merveilles au sous-sol sont verrouillés par des codes de sécurité après chaque utilisation, que ce soit pour les cours ou la recherche. Entrer sans autorisation dans le cabinet de curiosité ou dans les archives est formellement interdit, même pour les élèves. Pour faire court, et ça, je vous invite à le noter en rouge dans vos carnets, il est fortement interdit d'utiliser des merveilles à des fins personnelles. La moindre infraction à ces règles amène à une expulsion, est-ce que c'est bien clair ? »
Toute la classe approuva, mais je fronçai les sourcils. Quelque chose m'échappait.
« Je ne suis pas certaine de bien comprendre, intervins-je auprès du professeur. L'interdiction de ramener des armes et toute la sécurité qui entoure ces objets me paraissent cohérentes, mais quel est l'intérêt d'en faire un sujet de recherche si le but n'est pas de les utiliser pour améliorer la vie de notre monde ? »
Ma question me permit d'obtenir toute l'attention de la passeuse de porte. D'autres étudiants l'interrogèrent du regard. En vérité, cette interrogation nous taraudait tous. Au bout de quelques minutes, le professeur O'Reagan rompit le silence :
« Nous ne sommes tout simplement pas assez avancés dans la recherche des merveilles pour permettre cette utilisation. Croyez-moi, il s'agit pourtant du but ultime des spécialistes de ce domaine. Mais n'oubliez pas que notre institution ainsi que son laboratoire de recherche n'ont qu'une vingtaine d'années. Nous sommes seulement au début de nos découvertes et nous luttons pour continuer. C'est pourquoi nous avons besoin de vous.
— Dans ce cas, pourquoi n'y a-t-il qu'un diplômé par an ?
— Parce que la fascination que nous offrons au monde se couple également d'une profonde méfiance. Le gouvernement ne souhaite pas que nous grandissions trop vite. Ce que nous découvrons ici peut changer toute notre manière de penser, nous faire accepter ce qu'il y a de plus irrationnel et, peut-être, nous transformer en monstre avide de pouvoir. »
Plus personne ne parla. Chacun d'entre nous pesait ces derniers propos comme un enseignement plus profond qu'une simple trace écrite du cours. Pour ma part, je pris conscience qu'être passeur de porte était une profession à responsabilité : pour la sécurité de notre monde, en premier lieu, mais aussi pour la préservation des autres.
Je pris le temps de relire mes notes :
Cours n°1 d'étude des merveilles :
Une merveille est un objet animé ou inanimé qui présente des propriétés extraordinaires pour notre monde. La plupart des merveilles possèdent des propriétés magiques qu'il faut apprendre à cerner.
En conséquence, trois règles sont à observer lorsque l'on étudie des merveilles :
1. Il est interdit de ramener d'un autre monde une merveille qui s'apparente à une arme, à moins qu'elle soit réduite en état de nuire.
2. Aucune merveille ne doit sortir du cabinet de curiosité ou des archives.
3. Il est interdit d'utiliser une merveille à des fins personnelles.
À long terme, le but de la recherche sur les merveilles est de découvrir de nouvelles connaissances afin d'améliorer la vie de notre monde.
« La magie des merveilles fonctionne-t-elle dans notre monde ? Ou bien est-ce que les objets deviennent ordinaires dès qu'ils franchissent la porte avec le passeur ?
— C'est très variable. Certains objets perdent tout leur pouvoir une fois ici, tandis que d'autres les conservent, mais de manière très instable. La magie des merveilles fait partie de nos préoccupations principales. Si nous parvenons à comprendre comment se transfère la magie des mondes dans le nôtre à travers eux...
— Alors nous pourrions introduire la magie dans notre monde qui n'en possède pas, termina Glenn.
— Exactement. Nos découvertes, dans ce cas, deviendraient révolutionnaires. Mais ne rêvez pas trop, nous en sommes encore très loin. »
« Bien, au prochain cours, vous étudierez vos premières merveilles, issu de ce cabinet. Tout, ici, a déjà été étudié de fond en comble et nous connaissons toutes les réponses. Votre travail consistera à refaire ce protocole afin que vous découvriez les propriétés de chaque objet par vous-même. Dans le même temps, il s'agira de vous entraîner pour l'examen de fin de semestre. Pour celui-ci, vous tirerez au sort une merveille que vous devrez étudier, puis présenter votre démarche de recherche devant un jury composé de moi-même et de deux autres spécialistes des merveilles. Pour certains d'entre vous, cela devrait bien se passer : le protocole est semblable à celui que l'on utilise en biologie, en géologie, ou toute autre matière scientifique. »
Un rictus triomphant transforma le visage de Glenn à cette annonce. Avec ses compétences en biologie, il partait avec un net avantage.
Pour ma part, je me sentis rassurée. Prospero pouvait dire ce qu'il voulait, ce cours était largement à ma portée. Je nourrissais assez de curiosité pour chaque objet et je me sentais parfaitement capable de les comprendre. Si les autres cours s'avéraient aussi intéressants et abordables, j'avais toutes mes chances de réussir.
« Quand est-ce qu'on franchira des portes pour aller chercher des objets ? » demanda brusquement la fille aux cheveux bruns alors que le professeur venait d'annoncer la fin du cours.
Megan O'Reagan se retourna et rit aux éclats au point de faire trembler certaines merveilles suspendues.
« Vous croyez vraiment que l'on va laisser des novices comme vous franchir une porte ? »
Un grand murmure d'inquiétude s'éleva. Comment nous pouvions apprendre à devenir des voyageurs des mondes si on ne nous apprenait pas à franchir des portes ? Peut-être insinuait-elle qu'aucun d'entre nous n'était prêt à le faire et que nous devrions apprendre encore beaucoup avant d'y parvenir.
Dans ce cas, cela ne signifiait qu'une chose : personne ne franchirait de porte avant le second semestre.
Tout le monde ne franchira pas une porte à l'issue de cette année.
La voyageuse nous laissa avec nos doutes et notre indignation. Elle franchit le seuil du cabinet de curiosité et disparut. Quand ce fut notre tour de sortir, la grande porte du cabinet se verrouilla derrière nous, gardant jalousement ses secrets.
Le sujet des merveilles est intéressant et ajoute un petit truc en plus à ton histoire, qui manquait jusque ici. Mais je trouve leur introduction on poil froide, très théorique ; même si on assiste à un cours, ce serait plus captivant de voir une merveille en action par exemple, ou de citer un exemple passé de l'usage d'une merveille. Le sujet est intrigant, mais il manque, je pense, la petite étincelle pour nous donner envie d'en voir plus !
Ensuite, et c'est une remarque globale : pour tes descriptions, je trouve que tu uses un peu trop de phrases simples à la forme active, sujet verbe complément. Pour plus de fluidité et un rendu plus captivant pour le lecteur, il serait intéressant de varier tes phrases et ton approche des descriptions. C'était particulièrement le cas dans le chapitre précédent, où tu nous présentes Oxford de manière un peu trop concise malheureusement. Je suis certain que Vivianne a une interprétation de ce qu'elle voit avec ses yeux !
Au-delà de ça j'aime beaucoup ton univers, j'ai hâte d'en lire davantage et de m'immerger dans cet univers fantasy. Pour les amateurs d'école "de magie", ton récit est une petite sucrerie. Bonne écriture !
Ah, j'ai pris du retard, zut de zut :)
J'aime vraiment ton univers, j'aime ces endroits "à la croisée des mondes" ;)
Ici on a une bonne introduction de quelques professeurs et du concept des merveilles. Un certain professeur a oublié d'aller à son cours de bienveillance d'ailleurs :D C'est une question et pas du tout une critique, mais n'aurais-tu pas envie d'éviter ce type de personnage ? Montrer une école bienveillante ? (vraiment c'est une question<3)
Je note le "cours de défense contre les forces périlleuses" : attention, ton univers est riche, et ce nom ressemble fort à "cours de défense contre les forces du mal", ce qui lui enlève un peu de sa spécificité. Avec le cadre que tu as, la dernière chose à laquelle tu veux qu'on pense c'est "ah oui, en fait c'est Harry Potter". Parce que ce n'est pas Harry Potter.
Dans la même veine, j'adore l'aléthiomètre bien sûr, mais je me demandais quel risque juridique tu prends à ajouter des éléments d'oeuvre qui ne sont pas dans le domaine public. (ça, et tolkien par exemple) Si tu espères que ton histoire soit publié, c'est une question qui arriverait naturellement, parce que notre ami tolkien a des ayants droits très regardants par exemple. (Et par exemple Tintin c'est même pas la peine d'imaginer en parler).
Pour les merveilles, ne devraient-elles pas être mieux gardées que ça ?
Enfin, sur les merveilles, un point auquel je pensais était la perturbation du monde dont elle est prise, qui n'est pas vraiment abordée. En plus des règles de gestion sur place, ne devrait-il pas y avoir des règles de "capture/loot" ? En effet, que se passe-t-il si on vole l'aléthiomètre ? Que se passe-t-il si l'anneau est enlevé "avant" les événements ? Bref, on imagine qu'on ne peut prendre tout et n'importe quoi sans se poser de question sur les conséquences dans le monde traversé, non ?
Dans tous les cas, merci beaucoup pour ton partage, tu tiens quelque chose de très intéressant ! <3
Oui, j'ai bien conscience pour les cours de "défense contre les forces périlleuses"... Il faut que je fouille davantage le nom, tout comme mon "système de magie", si je puis dire. Effectivement, je prends un risque en nommant les merveilles. Peut-être que la solution serait de ne pas les nommer ? Il faudra que j'y réfléchisse. De toute manière, il y a peu de chance que cela reste en l'état, car j'aimerais que la magie des portes et ses mondes deviennent plus personnel, sans s'appuyer sur d'autres oeuvres. Bref, il y a de grandes chances que les trois merveilles de ce cours changent à la réécriture. Techniquement, il ne sera plus question d'évoquer d'autres mondes présents dans la littérature.
En ce qui concerne les modalités de prise des merveilles dans les autres mondes, tu as raison: il faudra que j'en parle. Je sais exactement où dans mon scénario. Donc cela viendra, mais pas tout de suite. :p
Les professeur de Mag Mor College ont tous vocation à avoir des personnalités assez grises. Certains paraîtront dur au début et se radouciront ensuite, quand d'autres deviendront plus sombres. Le but du jeu est aussi de révéler quelques aspects de la réalité universitaire, même si on est dans une école fictive, donc je ne pense pas que Mag Mor College a vocation à être une école bienveillante, mais elle n'a pas vocation à être une prison non plus. Il y aura de tout, comme dans la vraie vie universitaire. :)
Merci pour ta lecture, à bientôt !