Le soleil lui dégouline le long de la gueule. C’est de la flotte dans les ravins de sa chair. C’est une goutte pendue à son nez. C’est un poing qui cogne son crâne. Cogne à travers le casque. Casque au métal ardant. Ses cheveux collent. Tout est noir-ardoise autour. Dans ses narines macèrent les chevaux crevés par l’été espagnol. Leurs lourdes carcasses égrènent le chemin. Au moins, il y a là de la viande. Il y a aussi les corps des frères d’armes épuisés. La terre est un tambour aux pas du régiment.
Levée du siège !
Soldats, retraite !
Marche !
La cité de Gérone disparaît. Fracas des bottes, à essouffler la campagne. La sèche Catalogne craque sous ses semelles.
Quatre mois s’écoulent. Quatre mois accumulés dans ses rotules. Au moins, l’automne amène le vent après le ciel en feu. Puis ce sont les pluies qui s’en viennent, puis la neige d’hiver.
Le maréchal d'Hocquincourt ! -court -court
Soldats ! Présentez. Armes ! -armes -armes
Le maréchal est une ombre, loin. Ses ordres gouttent jusqu’aux petits soldats : rejoindre en renfort d’autres bataillons. Les mains gonflées d’engelures poussent un chariot de munitions. Il pousse, sa pique calée à son épaule. Ses muscles courbatus aboient. Et chienne de neige : il sent à peine ses guibolles. La boue chuinte. Ça aspire ses pieds. Ça tangue, il a le mal de terre.
Déballer les provisions… Tout droit… Bordils.
C’est là qu’ils sont. La cité se découpe sous sa visière. Et disparaît dans la poussière. La plaine tremble. La plaine penche. Des cendres. Approche de chevaux. Galop sur ses poumons.
C’est une charge espagnole. Mordiable !
À l’attaque ! -ttaque -ttaque
Pour Dieu, le Roy ! -roy -roy
Feu ! -feu -feu
Tirs d’arquebuse. Étincelles aux mousquets. Tout éclate et hurle alentour. Les balles partent avec leurs traînées de fumée. Course sur la neige, piques à la charge : un énorme hérisson sur le ciel. Au sol, la mêlée de chevaux et d’hommes. On allume des torches. Elles fusent à l’assaut.
PAN clic se ruer plus, toujours plus dans la mêlée BAM ça chavire autour, ça détruit les tympans CLANG Notre Père, qui êtes aux Cieux Abattre pour ne pas mourir Délivrez-nous du mal clic Depuis longtemps il a cessé de compter ses tués POUM Vierge Marie, pleine de grâce Il ne voit pas où il va, il avance et perce Ce ne sont que des corps, il ne peut pas s’arrêter sur leurs visages – quelque part, c’est tant mieux BAM Maintenant et à l'heure de notre mort
Les hurlements percent aux quatre coins. Tantôt l’on avance, tantôt l’ennemi repousse. Les dards fusent et les grenades éclatent. Chaude giclée à sa face, un camarade s’effondre. Tout est rouge et brouillé dans ses yeux. Il est ballotté, suant, acculé, il plante une poitrine pour se libérer la voie. Ça aboie dans ses veines. La mort pue à lui écorcher les poumons. Il la recrache en glaires, avec la fumée entrée dans ses narines. Les mousquets crient, les bombes éclatent. Son immense pique valdingue entre ses poignes. Un énième corps à corps. Il bondit, charge, plante. Une gorge ouverte gargouille à ses pieds. Le sol est rougi des chairs mélangées des montures et des soldats. Les corps se vident de leur viande, de leur pus, de leur merde. Déjà des insectes sont là à tourner. Combien de gars il y a ici ? Combien tombés en à peine un jour ?
Soudain, un incendie l’aveugle et le dévore. Il beugle, il perd pied. Est-il jeté en arrière ou est-ce la terre qui enfle, se soulève et l’avale ? Il s’étale. Ça cogne. Son corps désarmé roule sans comprendre… sauf une chose : il a mal. Mal, mal ! C’est à son visage. C’était une torche en feu. Ses mains secouées de douleur essaient de palper sa bouche – là où il souffre tant. Il ne s’entend pas crier, son râle se confond avec celui d’un autre agonisant qui, juste à côté, bat des bras en tous sens. Il s’éreinte à tenter de se relever mais la brûlure est trop vive. Il se met sur le ventre. Sur les coudes. Ramper. Ses lèvres puent le grillé, pissent le sang. Ses lèvres… Où sont-elles ? Voilà qu’il essaie de les chercher avec sa langue, mais rien. Rien que charpie pendante, que cloques qui éclatent, et ça coule encore et encore. Haut-le-cœur. Le dégoût roule depuis le fond de ses poumons, remonte sa gorge, se dégueule. Avancer. Il ne sait pas pour quoi, mais avancer. Il rampe parmi les cadavres. S’il s’arrête, il sera l’un d’eux. Planter toujours plus avant ses mains dans la neige, et ramper, ramper.
Après le feu, un fracas. Cette fois c’est de la ferraille qui cogne son visage. Un boulet, comprend-il. Son crâne s’est éclaté au sol, il n’arrive plus à serpenter. Au bas de sa trogne, le mal se décuple. Immense, dévorant. Un enfer. Plus rien ne remue que ses yeux : ultime regard alentour, à se dire au milieu de tous ces corps qu’il ne saura jamais qui aura remporté ce combat… Puis il ne pense plus rien, n’est que douleur. Il se sent bouffé. Comme si une monstrueuse mâchoire, avec la cisaille de dizaines de dents, croquait la sienne jusqu’à l’os. Mélasse de sang, de glaires, de peaux, de gravats ardents à glouglouter en son palais. Recracher. Pour ça, faut remuer sa langue. Sa langue… Pourquoi il ne la sent plus ? Nom de Dieu, pourquoi n’est-elle plus là ? Ou en morceaux, il ne sait pas. Il crachote. Son souffle accélère, la morsure redouble à lui arracher le visage. Le noir l’aspire.
De ternes formes reviennent, tremblent, se font et défont devant ses yeux embués.
Il y a les arbres nus de l’hiver.
Le ciel tailladé de nuages.
Ombres de véhicules à la queue-leu-leu.
Autour de lui clopine une armée en brancards, béquilles, têtes bandées, bras en écharpe.
L’odeur des chairs pourries persiste. Le sang séché des camarades l’envahit. Et lui… est-ce lui aussi qui pue autant ?
Il inspire de ses maigres forces.
Ça.
Ne veut pas.
Circuler.
Ce ne sont que crachotis et grognements.
Ses mains s’agitent mais sont bloquées : il est attaché de partout. Soumis aux cahots de la route, ses membres jouent aux osselets. Sanglé sur sa civière, saignant sous ce suaire remonté jusque sous le nez, il ne peut qu’être patient de la douleur. La morsure n’en finit pas au bas de son visage. Les soubresauts lui creusent le dos, lui tordent le cou et les poings.
Des choses indistinctes défilent. À présent les silhouettes qui vont et viennent sont blanches. Des spectres. Arrive un visage chapeauté pour se pencher sur lui. Des mains découvrent sa face. Grimaces, regards de compassion. On parle au-dessus de lui. Puis on lui parle à lui mais il ne comprend pas les mots. Il hoche la tête.
Cliquetis. Éclats
clic clic clic clic clic
de métal au gré de l’éclairage sommaire.
On l’abrutit comme on peut. Entonnoir dedans sa gueule. Herbes. Rasades d’alcool.
Une pince. Elle plonge dans l’ouverture. Grand brûlé… Tire des bouts de muscles. Ce qu’il reste de la langue… Inutilisable. Hurlement qui n’a plus rien de sa voix humaine. Ça lui tâte une dent. Sursaut de douleur. Il en manque tant... les restantes… si déchaussées ! ...Arrachez. Souffrance, tremblements qui n’en finissent pas… Du tranchant à ses chairs. Courage, fils… priez le Seigneur notre Dieu Ça découpe ...autant faire propre... Il ne sait pas combien de fois il perd conscience et se réveille. Morsures ...Morsures. Des ligatures à certains endroits, des brûlures à d’autres... il a cessé de saigner au moins
La souffrance est intarissable. Ses râles et pleurs indistincts non plus. Et bordel, qu’est-ce que ça empeste ! Le bas de sa tête est à nouveau bandé. Il part dans les vapes. Des mains le changent régulièrement. Un cri perce. Est-ce à côté de lui ? Au-dessus ? Il l’ignore, ça semble un cri venu d’ailleurs, presque irréel. Peu à peu son corps cesse de se tordre comme un vers.
Et puis un matin de printemps…
Debout.
Dehors.
Quelques piécettes brillent au creux de sa paume. D’autres attendent dans sa besace, avec ses deux gourdes et ses tuyaux – pour manger ainsi dorénavant. Sa solde. Vingt livres s’il compte bien. D’abord : des sous contre de quoi communiquer. De la craie, une ardoise, de la corde.
Il a un peu moins mal désormais. Enfin.
Mais sa peau brûle encore, grignotée au moindre contact, derrière un masque de fortune bricolé dans de la toile. Au fond de son sac, il y en a un second. De quoi les changer régulièrement. Porter l’un, laver l’autre à l’eau d’une rivière ou d’une fontaine. Cette eau dont il doit aussi se nettoyer la gueule à l’abri des regards. Il faut le faire la nuit, ou bien caché dans les fourrés.
Caché…
Caché deux fois par jour le temps d’avaler ses tambouilles
Sous le soleil de Toulouse.
Sous ces essaims d’yeux qui toujours s’arrêtent sur son demi-visage, questionnent ce que peut bien dissimuler l’épais tissu, suivent sa trajectoire jusqu’au prochain tournant de rue.
Sous le doigt innocemment pointé des plus petits, vite ramené en arrière par la main d’un parent désolé. Ou parfois aussi curieux que l’enfant, mais qui essaie plus ou moins de le taire.
Sous les rires des passants, le long des pavés entre les briques foraines. Sous les quolibets, les grimaces, les questions de ceux que trouble la vue de ce drôle de grogneur masqué.
À présent sa bourse est vide.
Sa main tendue quémande.
Ou un petit bol au sol, pendant qu’il mime et fait le pitre.
Des rires, des rires, des rires, paumes qui frappent en cadence. Ces rires-là sont d’accord pour jouer avec lui. Lui aussi parfois, il rit de ses clapotis de glotte. Des badauds lui laissent une aumône qui lui payera un peu de lait, de potage ou de compote... Mains croisées devant lui, tête baissée, sourire des yeux masquant sa honte
DIEU VOUS LE RENDRA
Voici un soir… Pas de mendiant sous mon enseigne ! Ouste ! Il court vite, comme aux champs de bataille... le toit d’une halle l’accueille C’t’interdit de mendier, fainéant ! ...T’es toujours là ? J’m’en va quérir le guet ! Se ruer de nouveau en avant, jambes douloureuses, faim au ventre, souffle court
Les pavés mal joints se déroulent sous ses vieux souliers. Crachotis de la boue et de la pluie. Le décor tangue à gauche, à droite. Mêlée d’élégantes demeures et de pauvres bâtisses. Une horde de fenêtres allume ses yeux le long de sa route désordonnée. Le remous des chasseurs sur ses talons frappe à ses tempes. Tambours. Tambours de la terre, comme à la guerre.
Une pierre vole son épaule s’enflamme une autre pierre une autre une autre il accélère à n’en plus pouvoir sa tête déboîtée un caillou l’a atteinte mains éraflées par le pavé elles l’ont retenu dans sa chute grognement de douleur rires les rires les rires les rires les rires il est un chien errant cerné de garnements immobilisé il se débat vainement secoué saisi par deux poignes bas le masque ! pas en arrière reculs d’effroi des cris
un cri qui se détache parmi les autres,
c’est à nouveau ce cri lointain dont il ne sait d’où il vient
puis ses propres borborygmes
les rires haha les rires les rires haha hahaha la colère rugit dans ses muscles il se relève il attaque son poing part en avant on le repousse paumes brûlantes et genoux écorchés il se démène à quatre pattes les rires les rires les rires
C’est même plus humain, ça
Inaccessible au langage
Le v’là régressé à l’état d’avant le Verbe
Touche pas, Jacquot !
Va savoir c’qu’y cache !
Sûrement un ladre
Il est essoufflé d’être pris en chasse. Sa gorge sécrète ses bruits épuisés. Les archers de l’Hôpital sont là, à patrouiller dans les rues. Il a leur main au collet. Dans son dos, ses poignets sentent se refermer le métal froid des entraves. Marche au pas. Comme prisonnier cette fois-ci.
Les crachats haha les rires hahahahaha
Et au fil de sa route les rues se dissipent. Brouillard devant ses yeux. Son cœur s’agite, son masque est moite de sueur. Poids de son crâne que parcourent le roulis pressé de sa respiration.
Sursaut : un cri. Encore. Ce même cri. Ses paupières lourdes s’ouvrirent sur la noirceur poisseuse du dortoir. C’était donc ça : un camarade qui avait gueulé en roupillant. Estienne se tourna sous sa couverture. Il poussa un bruissement guttural contrarié puis essaya de gratter encore un peu de sommeil.
Ce chapitre (les deux parties), juste : waouh.
Il est magnifique, le style est parfait et fait ressortir les émotions brutes...
Je voudrais être plus éloquente mais je n'ai que peu à dire, sinon que j'ai adoré !
Superbe.
Ravies de te recroiser par ici - on prend enfin le temps de répondre en cette fin de semaine.
Merci beaucoup pour tes mots. <3 Parfois il n'y a pas besoin de développer des romans, une émotion forte suffit :3
Hela et moi sommes touchées à la lecture de tes impressions :)
L'impact est énorme, avec cette forme audacieuse. Un style poétique, très contemporain avec le texte explosé comme ça sur la page, et pourtant ça e jure pas dans un roman d'ambiance 17e siècle.
Pauvre, pauvre Estienne ! J'aais de la peine pour Hyriel, mais lui aussi en fait a eu un parcours si difficile. Le traumatisme de la perte de son visage + la honte de devenir un mendiant, tout ça est transmis avec brio !
Wow, quel retour ! Un chapitre éprouvant à écrire mais nous sommes très contentes si l'effet est à la hauteur. Merci !
Ma co-autrice comme moi-même aimons beaucoup jouer sur la forme, tordre le texte quand une scène s'y prête, éclater les mots sur la page.
Helasabeth est beaucoup ,plus branchée littérature antique, mais de mon côté oui, il y a peut-être un peu de Céline en arrière-fond puisque j'avais été très fortement marquée par la découverte du "Voyage au bout de la nuit".
Hmmm, pour les interventions des badauds à la fin, on s'est dit que ce n'est pas impossible qu'ils répètent un peu bêtement des formules entendues dans les rituels religieux, les "avant le Verbe", "régression à l'état de péché" etc. Ou alors il nous faudrait préciser que les deux intervenants qui sortent ces phrases-là ne sont pas les même que les types très modestes qui ont parlé avant.
J'aime bien les successions de morceaux de phrases
J'aime bien aussi le fait que ce chapitre n'ait pas de titre (vu que ce qui s'y passe est désordonné)
Même si c'était pas le meilleur chapitre à lire pendant une insomnie
J'espère que tu as quand même apprécié ce bout de lecture (et que tu as pu mieux dormir les nuits d'après ^^)
Merci encore en tout cas !
A bientôt !
Je repasse passer une tête ici héhé alors je suis désolée si des morceaux m'échappent, cela fait si longtemps que peut-être que des éléments vont me manquer et navrée si dans mes commentaires je pose des questions qui ont peut-être eu des réponses auparavant
En tout cas ici, je n'ai rien à vraiment dire, c'était un excellent chapitre, j'ai vraiment beaucoup aimé le lire, si au début l'enchaînement de phrases très courtes m'a un peu perturbée, je suis vite rentrée de nouveau dans l'histoire et à partir de la blessure d'Estienne, j'ai enchaîné les lignes avec beaucoup de plaisir et le coeur tout remué de découvrir les traumas de ce babe qui les mérite pas
La scène où il est mis dehors, puis la mendicité, lui qui fait rire pour quelques pièces, franchement, ça tord le coeur
Puis la scène de son opération, à la fois peu décrite, mais très très frappante
Non, vraiment, un excellent chapitre de reprise pour moi, j'en ressors toute tourneboulée et inquiète de ce que vous avez réservé à l'avenir de nos deux compères
Courage Estienne, tu mérites tellement le babe :') tellement mieux que cet hospice infernal là
Nous sommes ravies de te recroiser par ici <3 (oui c'est le retour du "nous" pas du tout de Majesté, mais de Helasabeth et moi héhé)
Très touchées par tes impressions. Comme tu dis, on est dans le trauma revécu en rêve par Estienne - en diptyque avec la section précédente où Hyriel faisait lui aussi des cauchemars. Les actes en eux-mêmes sont peu décrits et on a préféré rendre l'immédiateté des sensations, de la corporalité etc. Contentes que ça ait su te saisir ainsi. <3
Voui, les deux babes (j'adore ce mot huhu) vont prendre les choses en main dès le chapitre suivant - enfin surtout Hyriel qui va commencer à tenter des choses ahah.
Et pas de soucis pour les éventuels oublis ! C'est le jeu, ça arrive avec les lectures fragmentées comme ça sur les plateformes d'écriture. En plus il n'est pas impossible qu'on ait réécrit des choses / bougé des éléments depuis tes derniers passages. x)
Encore merci !
À bientôt =)
Et bien, on avait l'impression d'être à la place d'Estienne... ces phrases courtes, archi-courtes, m'ont un peu surpris au début mais après réflexion, c'était très approprié pour cet enchaînement d'horreurs et de souvenirs fugaces qui lui reviennent. :)
J'ai particulièrement aimé le passage où la ponctuation s'efface en même temps que l'égarement d'Estienne. Ce n'est plus une double peine qu'il a vécu, mais une triple, quadruplé.... quelle cruauté d'abandonner ainsi un soldat qui a donné sa vie pour une cause plus ou moins louable. Balancé avec un pécule si misérable que ça en devient insultant. Vous transmettez bien le dégoût qu'on pourrait ressentir à sa place. Ce n'est plus de l'Injustice à ce stade là, ni de la cruauté, c'est pire... même pas le mot pour qualifier cette attitude des autorités. L'ignorance est la pire des tortures.
Bref, encore une fois, que du bon, même si c'est pas tendre à lire tout ça ! Mais la cruauté des hommes me fascinera tout le temps, votre histoire me fascine.
A bientôt !
"Et puis un matin de printemps…
Debout.
Dehors." > J'ai ri... jaune... devant cette réplique si tranchante et misérable...
Pour le coup, c'est moi seule qui me suis occupée de la rédaction de cette partie, et ça me va droit au coeur ce que tu témoignes de sa force.
Peu enviable assurément, le sort des vétérans à cette époque. Mais si y a quelque chose qu'on peut mettre au crédit de Louis XIV, c'est la belle idée de l'ouverture des Invalides en 1670 pour héberger les grand blessés de guerre. Mais le pauvre Estienne n'a pas connu ça, c'était en 1954 ses blessures et son retour compliqué à la vie ordinaire.
Je dois dire que j'ai beaucoup aimé la prise de parti stylistique de ce diptyque ! Le ton marche très bien, j'ai particulièrement aimé la partie d'Hyriel qui est, je trouve, très bien équilibré en terme d'horreur tout en évitant l'écueil de la description en détails, ça fonctionne très bien. Idem pour le passage où Estienne réalise qu'il s'est fait arraché la bouche, et les opérations qui s'ensuivent ! Comme toujours le style est beau, il y a beaucoup de très jolies phrases, et l'horreur baigné de poésie c'est un petit bonbon au miel, si je puis dire.
J'ai deux petites remarques par contre, je crois que d'une part je trouve un peu dommage d'avoir des révélations concrète du passé des personnages de façon aussi symétriques, d'autant que je comprends le trauma vécu en rêve par Hyriel, autant j'y crois un peu moins pour Estienne, qui revit très chronologiquement et pragmatiquement l'enchaînement de son histoire. Ca ressemble plus à un résumé de vie qu'à un rêve, du coup pour moi ça marche moins bien.
Ensuite, bien que les passages soient très immersifs, ils n'apportent pas de vrais nouvelles informations ou aspects sur les personnages : la faute à des échanges plus tôt dans d'autres chapitres où ils parlent de ce qu'ils ont été, et où la narration nous apprend des éléments de leur passé. Du coup, j'ai eu l'impression d'une forme de redite dans les informations apportés par ces chapitres. Ca n'a pas du tout rendu la lecture pénible, car à nouveau, ils sont très beaux, mais j'aurais aimé avoir un autre genre d'aperçu, je crois, ou en tout cas apprendre de nouvelles choses sur eux !
Voilààà je continue ma lecture à petit pas, qui est toujours de qualité supérieur, et à fort bientôt !
Nous sommes ravies de te recroiser par ici, ça fait super plaisir. Et heureuses que tu aies apprécié les choix formels de ce chapitre - notamment le rendu des syndromes post-traumatiques de ce pauvre Hyriel x)
Je vois ce que tu veux dire, pour les deux réserves que tu as. C'est intéressant ! Effectivement je pourrais m'atteler à rendre la partie d'Estienne plus "brutale", plus fouilles un peu comme celle d'Hyriel. Vrai que ce serait plus proche de ce qu'est un rêve, tu as raison. Je me pencherai sur la question ! <3
Pour la mise en parallèle en mode diptyque des deux rêves au même moment, en fait ça nous a semblé logique dans la mesure où leur conversation au lit a brassé à mort plein de souvenirs douloureux. Du coup, même si Estienne "gère" mieux qu'Hyriel tous ces événements traumatisants, là, ça refait surface car il n'a pas l'habitude de venir re-brasser tout ça. Cela dit, ça mériterait sans doute d'être mieux verbalisé si ce n'est pas suffisamment clair.
"un petit bombons au miel" et "qualité supérieure" moooow c'est adorable !
Encore merci pour ta lecture et tes retours !
Des bisous et à bientôt <3
Désolée de mon petit temps d’absence, mais me revoilà <3
Et wooow, si vous saviez comme j’ai suraimé ces deux chapitres. Vraiment vraiment <3 J’aime trop quand on s’essaie à des nouvelles choses stylistiques, et là ça épouse parfaitement le fond. Je trouve ça judicieux de votre part d’avoir fait ainsi, parce que comme on a pas eu de tels chapitres précédemment, ils sortent du lot et contribuent à accentuer le traumatisme d’Hyriel et Estienne :) J’ai apprécié les répétitions, l’accentuation mise sur les onomatopées, l’usage de la ponctuation et la mise en page qui isole certains mots/bouts de phrase. Bravo à vous, j’ai vraiment rien à redire dessus ^^ En plus c’est difficile je trouve de faire quelque chose qui fonctionne quand ça sort du commun, et vous l’avez parfaitement bien fait. Du moins, j’ai été charmée, et les souffrances d’Hyriel et Estienne étaient palpables.
J’ai pas fait de relevé de phrases et ai préféré me laisser porter, mais sachez que j’aurais pu relever toutes les 2 phrases tellement chacune d’elles était pépite.
Bisou, hâte de lire la suite ! A vite ^^
Merci infiniment pour tes impressions, qui nous vont droit au cœur <3 Te sentir si investie dans cette lecture et aux côtés de nos loulous nous touche beaucoup. Et ravies que tu apprécies nos expériences de forme textuelle, c'est d'autant plus précieux de ta part qui expérimentes de belles mises en page dans tes textes. Il nous semblait important d'avoir un texte très brisé et torturé pour rendre la violence de ces mauvais rêves, traversés de traumatismes.
Thanks again, et à bientôt pour un chapitre un peu plus rigolo tu verras :3
Bisous !
Je ne vais pas me répéter mais les deux séquences se répondent bien et sont magistralement mises en scène. La confusion, la brutalité des images, les flashs. J’ai eu l’impression de sentir la torche et les brûlures d’Estienne. Sa tête en mille morceaux. Quelle horreur, la vache.
Je vois là aussi que vous avez corrigé le texte depuis les commentaires d’avant. Je ne sais pas comment c’était avant, mais en l’état je n’ai pas trouvé que c’était trop abusé, la présence des onomatopées et des rires. L’immersion est hyper forte. Y a même une certaine beauté (troublante) dans l’horreur et là j’ai envie de les serrer tous les deux dans mes bras.
Super ! Bravo.
A tantôt
Encore merci pour tes commentaires toujours aussi intéressants et chaleureux <3
On espère que le récit continuera de te plaire.
A bientôt !
j’ai un peu avancé dans ma lecture et les derniers ont été particulièrement forts, entre ce début d’intimité entre Hyriel et Estienne qui se tisse et les deux rêves qui mettent des mots et des bruits sur l’horreur de ce qu’ont vêcu ses deux hommes.
Contrairement à d’autres lecteurs, je n’ai pas été gênée par les onomatopées. Un rêve c’est forcément plus brutal et moins construit et les bruits, je trouve que cela participe à l’impression de quelque chose de brut.
J’ai remarqué que dans les deux rêves, il y a un long passge de répétition des rires. Je n’ai pas réussi à déterminer si c’était voulu ou pas, à ce que les deux scènes rentrent en écho ou non et du coup, je suis partagée entre le fait de trouver ça intéressant ou maladroit. Je ne sais pas très bien s’il y a une façon de mieux préciser votre intention, mais je voulais le préciser.
Je continue tranquillement ma lecture (j’aurai sans doute terminé avant la révélation des histoires publiées aux HO)
Des poutoux et à bientôt !
Toujours aussi contentes de te lire partager les mésaventures de nos deux loulous. L'intimité et les révélations réciproques s'installent.
Et c'est noté, pour la série de "les rires" dans les deux rêves. Comme tu l'as deviné, c'était un effet voulu de notre part pour créer un parallélisme entre les deux rêves. De même qu'avec la posture allongée et attachée, qu'Hyriel comme Estienne ont chacun à un moment du songe. Cela dit oui, tu as sans doute raison : c'est un peu lourd, deux lignes complètes de "les rires" ahah. La moitié moins devrait être amplement suffisante à faire passer le message. On prend ça en note.
Merci à toi, poutoux et bonne suite de lecture !
(trop bieeeen pour les HO, j'ai tellement hâte de découvrir les nominés et de participer aux votes)
Merci à toi <3 Nous sommes contentes que tu apprécies toujours autant ta lecture.
Ah oui, en effet le rêve d'Hyriel écope sûrement du fait qu'il ouvre le chapitre et déconcerte dans sa forme. Mais tant mieux si ça se laisse comprendre tout de même au fur et à mesure =)
A bientôt pour le passage à l'action d'Hyriel dans cet enfer héhé =)
Et bien, quel chapitre ! Bravo, vraiment ! J'en sors rincée, essorée, vidée ! C'est magnifiquement bien écrit, vivant, cruel, sensible, douloureux, précis...
C'est du beau travail, soigné et maîtrisé.
Estienne n'en devient que plus attachant, que plus réel aussi. Nous vivons son combat à travers ses yeux, ses sensations nous imprègnent, son malheur nous atteint.
Juste un petit bémol sur les onomatopées qui cassent un peu la beauté du texte. Et juste à la fin, peut-être passer à la ligne après "ce même cri"
A très bientôt
Merci beaucoup d'Elisabeth et moi pour ton passage :) Elisabeth est la moins disponible de nous deux, je réponds toujours en notre nom commun mais nous sommes toutes deux touchées de tes impressions.
Oui, les onomatopées, nous en avons un peu abusé c'est vrai, les "aaaaaaah" et "fffffjjjjjj" n'étaient pas nécessaires après réflexion. On va écrémer ça, voire les retirer pendant la réécriture si elles sont plus dommageables qu'autre chose.
Très bon chapitre, j'ai vraiment bien réussi à m'imaginer les scènes. J'étais vraiment dedans.
"CLANG PAN ffffjjjj clic clic clic" pas trop fan des onomatopées, en tout cas ça m'a momentanément sorti de l'ambiance. D'autant plus dommage, après un excellent début de chapitre.
L'immersion est vraiment très bonne, pas mal de procédés utilisés fonctionnent bien. Je ne comprends pas forcément chaque phrase prise seule mais l'ensemble est vraiment très visuel et aisé à imaginer.
Voilà, voilà
A bientôt !
Merci pour ta lecture et ton retour <3
Hm, nous verrons à la réécriture oui si les onomatopées sont pertinentes ou non. Et peut-être que, comme tu le dis, certaines phrases prises isolément sont un peu trop... perchées et à réviser ~
Très contentes en tout cas si l'immersion dans le passé d'Estienne fonctionne !
A bientôt par ici ou sur les "Neuf bannis" - les congés arrivent, je vais pouvoir me replonger dans la lecture :D Et tu as une couverture vraiment stylée maintenant
En général, je suis plutôt friand de l'exploration du passé des personnages, donc j'ai beaucoup aimé
Oui la nouvelle couverture est somptueuse ^^
L'histoire sera entièrement postée avant la fin de l'année donc tu peux y aller franco xD
A bientôt !
« Ses muscles courbaturés aboient. Et chienne de neige « C’est fait exprès ?
Je trouve bizarre les « pam pam clang », ainsi que le texte entrecoupé de « aargh ».
« Les corps se vident de leur viande, de leur pus, de leur merde » Beuuuuurk !
Bon j'ai lu ce chapitre jusqu'à la fin, on a enfin l'explication de ce qui lui est arrivé, le pauvre ! C'est vraiment prenant : visuel dans le dégoûtant, l'effet rendu est très fort ! très visuelle comme description, ce sont les sensations qui ressortent.
Merci pour ta lecture et contentes que l'immersion de tout ce passage te semble bien fonctionner <3
Yep, les métaphores canines et les onomatopées sont souhaitées, on verra à la longue selo les retours si on conserve ou si on change un peu des choses -
Et yes ! Après la torture d'Hyriel, voici les déboires d'Estienne et le détail de ce qui lui a brûlé le bas du visage avant de l'amener à l'hôpital x)
A bientôt ! =)