Chapitre V. Interrogatoire

Le camion ne semblait pas sortir de la ville pour aller à la caserne, mais plutôt rester dedans pour un interrogatoire avec les Mains de Sang, la police politique et le service de sécurité du Consulat, du moins, c’était leur surnom, et vous vous doutez bien pourquoi.

Ils étaient le service gouvernemental le moins populaire et le plus violent. Personne ne savait où étaient leurs bureaux, mais tout le monde savait que les salles de torture et d’interrogatoire y avaient la part belle.

La lumière qui filtrait à travers la cagoule décroissait rapidement. On entrait sans doutes dans un bâtiment ou un parking. Le fait que le trajet qui avait déjà duré vingt minutes à la vitesse élevée que pouvaient se permettre les camions de la Garde Consulaire, continuait encore, me fit pencher pour la seconde option. J’étais assise sur un banc à l’arrière de la benne. J’estimais le nombre de soldats de la Garde autour de moi à une quinzaine.

Le camion et le moteur s’arrêtèrent successivement, et on me fit sortir de la benne. On me guida, car j’avais toujours les yeux bandés, à travers de longs couloirs que je pouvais deviner éclairés au néon grâce à la lumière crue qui traversait le tissu qui obscurcissait ma vision. On m’introduisit dans une pièce qui me semblait être un petit bureau vide.

— Toi, tu restes là sinon… m’avertit un soldat de la Garde en m’asseyant sur une chaise.

J’avais toujours les mains menottées, mais elles étaient devant moi, ce qui était infiniment plus agréable que dans le dos. La chaise sur laquelle j’étais assise était en métal froid et dur. Elle avait une forme carrée dans toutes ses parties. La pièce était sombre, et une froide brise y rafraîchissait l’atmosphère. Il faisait sombre et silencieux, calme et oppressant.

Au bout d’une dizaine de minutes, j’entendis une clé tourner dans la serrure et des bruits de pas qui correspondaient à l’entrée de deux hommes, que je pensais être de grande taille malgré que je ne puisses rien y voir.

L’un d’eux attrapa le nœud de mon bandeau, et j’entendis l’autre traverser la pièce après avoir refermé la porte. De longues secondes passèrent, dans l’attente.

Tout d’un coup, au même moment, mon bandeau découvrit mes yeux et une lumière d’une intensité folle m’éblouit, venant de devant moi. Je fermai les yeux, mais la lumière traversa mes paupières, et l’un des hommes m’attrapa par les cils qu’il tira violemment :

— Ouvre les yeux !

Je clignai plusieurs fois. Ils attendirent quelques instants que je m’habitue à la lumière. Quand je parvins enfin à y voir clair, je pus détailler la pièce. Ne s’y trouvait que ma chaise, posée sur une moquette grise. La salle se situait sans doute dans un immeuble de bureaux anodin neuf, dont personne ne soupçonnait le contenu, les camions passant par un tunnel pour y accéder. Elle avait cette perspective étrange qu’ont les pièces petites de surface mais hautes de plafond ; sa moquette grise et neuve, même pas tachée de sang recevait l’intensité lumineuse venant d’une lampe la plus élevée que j’eusse jamais vue alors que son plafond carré disparaissait dans les ombres. Tout ici était neuf ou récemment rénové.

L’un des hommes, celui qui se trouvait derrière moi, fumait une cigarette. À l’instant où je me demandai ce qu’ils attendaient, il déclara :

— Je me nomme Casse-Dents.

Sinistre.

L’autre prit également la parole :

— Je suis Bachi-Bouzouk.

Eloquent. Et toujours dans le style des Mains de Sang. Je me demande vraiment pourquoi ils choisissaient toujours des surnoms aussi caricaturaux. Sans doutes pour l’aura que cela leur procurait : une aura de gens stupides, oui, mais également de brutes sans cervelles qui n’hésitaient devant rien.

Tous deux portaient des costumes gris et tristes, clairs et sombres à la fois, presque identiques. Ils étaient grands et dotés d’une carrure qui en impressionnerait plus d’un. Leurs crânes étaient méticuleusement rasés et leurs yeux noirs complétaient bien l'ensemble.

— Pourquoi n’avais-tu pas tes papiers ? demanda doucereusement Bachi-Bouzouk, tel une sirène de l’Odyssée n’atendant que le moment opportun pour me tuer…

Je ne répondis pas tout de suite, ce qui énerva Casse-Dents.

— Hein ? Pourquoi que tu les avais pas ?

— Parce que je ne pouvais pas les avoir.

— Comment ça ?

Je ne pouvais pas expliquer. En fait, je ne les avais pas pris pour fuir, car ils auraient permis de m’identifier, mais cela revenait à cacher son identité. De plus, ça pourrait retomber sur Kailen et Lysan, ce qui serait très problématique. De toute façon, je serais morte dans quelques jours, alors autant ne pas parler, si je pouvais aider quelqu’un. Je me murai dans le silence.

Les deux hommes s’énervèrent rapidement. En fait, mon silence leur faisait penser que j’avais quelque chose à cacher.

— Dis-le, que tu travailles pour la Fronde, hein, petite peste !

— Je suis sûr que tu es très bonne pour soutirer des renseignements au lit !

Et ils continuèrent, de plus en plus absurdes au fil des questions — ou plutôt des affirmations. En tout cas, l’échafaud était sans doute déjà prêt.

Au bout d’une heure environ, Casse-Dents s’énerva et me gifla, bientôt aidé par Bachi-Bouzouk. Après dix minutes où mes joues devinrent des morceaux de carton brûlant douloureux, ils se lassèrent et crièrent :

— À la chambre sourde !

A quoi  ? On me repassa mon bandeau et Bachi-Bouzouk me conduisit dans les couloirs, ricanant du traitement qu’il me réservait.

On me fit rentrer dans une petite pièce où il ne faudrait pas être claustrophobe. On me retira mon bandeau et la porte se claqua derrière moi, se refermant avec un bruit feutré et dérangeant, me laissant dans le noir.

Quelque chose ne tournait pas rond. Le Silence, le grand Silence d’or régnait ici en absolu. Je compris alors ce que signifiait “sourde”. Je palpai la paroi de mes mains : elle était constituée d’une succession de pyramides de mousse. Je grelottais car il ne devait pas faire plus de douze degrés.

Le malaise se renforçait chaque minute. Aucun bruit. C’était oppressant. Une idée me vint : vérifier s’il ne pouvait réellement n’y avoir aucun bruit. Je hurlai alors :

— Aaaaaaaaaah !

Le son était plat, étouffé, et je le sentis venir directement de ma gorge et non d’ailleur, aucune réverbération ; le son sitôt émis fut englouti dans le mur noir, absorbé, détruit, effacé.

Je commençai à m’angoisser, à me ronger les ongles. Je m’entendais digérer, j’entendais l’air qui circulait dans mes poumons, le sang qui affluait et refluait dans ma tête, mon cœur qui battait. Tout cela était silencieux, et pourtant je l’entendais.

Mon cœur, que j’entendais, s'affola, tout comme ma respiration. La confusion et la désorientation me gagnèrent. Bientôt, je ne sus plus où était la porte et je perdis le compte du temps. Dix minutes ? Vingt ? Trois quarts d’heure ? Une heure complète ? Je ne savais pas, je ne savais rien.

On attendait probablement que je sois “mûre”. Me surveillait-on ? Ou pire, attendait-on de décider si j’étais utile ou non ? Et, dans ce cas, allais-je donc mourir ici ?

Je devins peu à peu paranoïaque.

Je tremblais de peur autant que de froid, je transpirais de sueurs froides qui parcouraient mon cou. Je les entendais glisser sur ma peau, abaisser mes poils sur leur passage. Je crus entendre crier, appeler, hurler, babiller. Un Horla se manifestait, tapait du pied, du poing, grognait, parlait, discutait, se mouchait, démarrait une tondeuse, tirait des coups de feu, cuisinait, m’appelait.

Je m’abandonnai à mes hallucinations auditives et me laissai tomber sur le sol. Je me serais attendue à ce que les Mains de Sang portent mieux leur nom, mais, ils avaient décidé de me torturer proprement et avec toute la vilenie possible, ils voulaient me briser, non me détruire.

En soi, je n’avais qu’à y perdre si je parlais. Je ne souffrirais pas beaucoup moins en avouant ma fuite rapidement ; je cherchais une motivation pour ne pas craquer ; or Lysan et Kailen en étaient de bonnes. Je ne devais pas faire souffrir ma petite sœur, même après ma mort, et il en allait de même pour Kailen.

Au bout de ce que je crus être une éternité à méditer là dessus, à me contorsionner par terre pour échapper aux son de mes propres organes, j’entendis à nouveau la clé dans la serrure. Casse-Dents entra.

— Alors ? On a bien mariné ?

J’eus l’impression que ces mots étaient criés. Ils me vrillèrent les tympans. J’étais certaine qu’il le savait et s’en amusait. Les sons qui provenaient de la porte me semblaient tous ainsi, agressifs, violents. Je me sentais horriblement fatiguée, crevée, brisée, passée à la moulinette. J’entendis des dizaines de bruits que je ne devrais pas entendre, très variés, très dérangeants. Ce furent des bourdonnements, des sifflements, des raclements. Je restai anxieuse et attendis de voir ce que Casse-Dents me réservait. Évidemment, je vis que son acolyte n’était pas loin.

Il me repassa le bandeau et me releva, car je m’étais laissée tomber par terre, désorientée. Je manquai de tomber. J’eus l’impression d’avoir perdu mon équilibre dans la chambre sourde. Je paniquai quand je le sentis m’attraper avec trop de prises à mon goût. Les deux Mains de Sang m’emmenèrent par les mêmes couloirs que tout à l’heure dans le petit bureau d’interrogatoire.

La chambre sourde m’avait placée dans un état de délabrement mental important, parfait pour me rendre réceptive à toute autre forme de torture. Je dus me rendre à l’évidence : malgré toutes mes bonnes résolutions, je ne tiendrais pas la durée d’un interrogatoire prolongé.

— Alors ? demanda Casse-Dents, fumant toujours la cigarette.

Je ne répondis pas.

— Pourquoi n’as-tu pas tes papiers ? insista-t-il.

Je ne répondis toujours pas.

— Je sens qu’on va très mal s’entendre, grinca Bachi-Bouzouk.

Ils me regardèrent encore un instant. Bachi-Bouzouk ouvrit un placard caché et en sortit le matériel du parfait petit psychopathe.

Il y avait là une sorte de lit d’hôpital pliant avec des emplacements pour immobiliser les membres et le cou, histoire que je me tienne tranquille ; des pinces de serrage, pour mes phalanges ; des électrodes à l’aspect peu médical ; une décapeuse thermique pour la peau des “patients” ; une bouteille d’azote liquide avec tous les tuyaux, valves et autres nécessaires à son utilisation ; et pour finir, tout un tas d’aiguilles, de couteaux et autres lames.

Bachi-Bouzouk déballa tout ça par terre et déplia le lit. Casse-Dents m’ordonna :

— Sur le lit.

Et alors, effrayée, j’ouvris la bouche pour la première fois :

— Non.

Mes deux tortionnaires éclatèrent de rire. Ils n’en pouvaient bientôt plus de se ga. Casse-Dents trébucha tant il était tordu sur le chemin vers moi. Il m’attrapa. Je me débattis, mais je n’étais pas forte, et la chambre sourde n’y avait rien arrangé, me désespérant de tout et du monde en général.

— Tiens-toi tranquille, pendant que papa Casse-Dents s’occupe de te coucher, petite fille !

Il me souleva par le dessous des aisselles et son acolyte m’attrapa les pieds. Il parvint à me maîtriser les jambes sans problèmes et ils me balancèrent sur le lit d’hôpital comme un sac à patates.

Bachi-Bouzouk me plaqua contre le lit avec une main sur ma poitrine qui m’empêchait de respirer correctement et Casse-Dents m’attacha les mains derrière la tête sans difficultés, permettant à Bachi-Bouzouk de me relâcher. Chacun d’eux s’occupa d’une de mes jambes ; et, si Casse-Dents n’eut pas plus de difficulté que ça à mettre la gauche sur le support prévu, je parvins tout de même à mettre un coup de pied à Bachi-Bouzouk.

— Petite peste ! Je vais t’apprendre les bonnes manières, moi ! gronda-t-il.

Il se dirigea vers le tas de matériel et prit la décapeuse thermique, ce genre d’appareil projette de l’air à six-cents degrés Celsius. Il déroula le fil tout en me regardant moi au lieu de son outil et il le brancha dans une prise cachée par le même genre de panneau que le miroir. Il n’avait pas d’expression, juste un désir de vengeance sadique ; il n’avait plus l’air énervé, juste dangereux, mais calme. Il enclencha son engin de torture avec un interrupteur qui claqua dans le silence, Casse-Dents leregarda et aquiesca, impassible ; et alors, Bachi-Bouzouk brandit sa décapeuse à une main, continuant de me fixer. Il s’approcha de moi, s’assit sur le lit et dit, glacial :

— Je crois que c’est assez chaud.

Je voulus tirer sur les colliers de serrage qui enserraient mes poignets et mes chevilles, mais je fus paralysée par la terreur. Je parvins difficilement à ouvrir la bouche. Bachi-Bouzouk s’approcha encore, et posa doucement sa main sur moi, commença à me retirer mon T-shirt. J’articulai péniblement :

— Je peux vous dire pourquoi je n’avais pas mes papiers.

Alors, un léger sourire — pas d’amusement mais de mépris et de satisfaction — se posa sur son visage. Il attendit une seconde, se rapprocha encore et dit, sur un ton toujours aussi impassible, très content de lui-même :

— Mais je m’en fous.

Je fus déstabilisée. Que voulaient-ils ? La vengeance ? Sans doute.

— Pourquoi ?

— À part l’argent, le pouvoir, et le plaisir, la vengeance est la seule motivation humaine pour ce qui peut avoir de l’importance à moins d’être dément. En fait, c’est le désir : le désir de posséder, de dominer, de se faire plaisir et de punir les griefs subits. Or, te tuer sous les coups est une chose d’importance qui comble pour moi chacun de ces motif.

— Vous ne voulez donc rien savoir ?

— Tu n’as rien à nous apprendre. Tu n’as pas l’étoffe d’une Frondeuse. Je te présente mes condoléances… grinça-t-il tout sourire.

— Il m’a pourtant semblé comprendre que vous vouliez absolument savoir pourquoi je n’avais pas mes papiers !

Je m’affolais, je paniquais ; et, cynique, mon tortionnaire n’en avait que faire ; et même, cela l’amusait. Il répondit, toujours sur le même ton qui serait soporifique s’il disait autre chose de moindre gravité :

— Quand bien même tu serais une Frondeuse, tu n’aurais aucune importance, tu ne saurais rien. Ta réaction à la torture l’a très bien prouvée. À partir de là, ce n’était plus qu’une question de vérifications, d’être sûr à 100 % au lieu de 90, mais jamais personne ne me blâmera pour t’avoir tuée sans procès. Waltermann me paye, me fait plaisir et me donne autant Pouvoir que vengeance ur toi, alors… J’aime me faire respecter, alors j’espère que personne ne tient à toi ; et du reste, Casse-Dents aura un beau spectacle duquel se délecter.

Je dus me rendre à l’évidence : j’allais mourir. Je me dirigeais droit vers la mort depuis longtemps déjà, mais ça ne m’avait pas paru si immédiat, si réel. Tout était terminé. En même temps, n’était-ce pas mieux ainsi ? 

C’est alors que je réalisai que maintenant, Waltermann, pouvait me faire tuer en toute impunité, dans un sous-sol, à l’abri des regards et sans que personne ne puisse avoir connaissance de son plan…

Bachi-Bouzouk se pencha vers moi à tel point que je pouvais sentir les relents de son haleine ; et il commença à approcher  son appareil de mon ventre nu, et alors, je sentis tous mes poils partir en fumée.

— C’est terminé, petite. dit il, grand sourire aux lèvres.

C’est alors qu’à mon grand étonnement, la porte s’ouvrit. C’était une femme d’une trentaine d’années environ, aux allures de secrétaire ennuyeuse, qui rentra dans la pièce. Elle était blonde, les cheveux en chignon et portait des vêtements entièrement gris, comme ceux de Casse-Dents et Bachi-Bouzouk. Elle était aussi sinistre qu’eux. Elle prit la parole d’un ton de sous-fifre qui se moquait bien de ce que leur faisaient faire leurs patrons :

— Il y a contre-ordre. Il faut libérer la prisonnière 0701001-16371938.

— Quoi ? s’étonna Casse-Dents. Mais Waltermann avait dit qu’il voulait qu’elle meure dans un accident d’interrogatoire.

— Apparemment, le Colonel Jorval, qui commande la prison où elle est censée être n’est pas d’accord.

Colonel Jorval ? C’était donc le nom du père de Diana ? De toute façon, ce Colonel Jorval faisait en sorte que je sois libérée alors…

Mais tout de même, Bachi-Bouzouk semblait avoir la ferme intention de se venger du coup de pied dans la tête que je lui avais mis. Il lança son outil par terre, l’air rageur et tapa du pied comme un enfant. On lui retirait son jouet, je suppose… Il se pencha vers moi et me dit, l’air menaçant :

— Je te retrouverai.

La femme ordonna à Casse-Dents de me détacher et m’emmena hors de la salle, laissant mes tortionnaires à leur rage, sans leur payement de la part du Général. Elle me fit passer dans des couloirs que je savais avoir parcourus sans pour autant les avoir vus du fait de mon bandeau et elle m’emmena dans une sorte de gare routière souterraine où elle me laissa aux mains de deux soldats qui m’embarquèrent dans un camion

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James Baker
Posté le 22/06/2025
Bonjour Jon!

"Le fait que le trajet qui avait déjà duré vingt minutes à la vitesse élevée que pouvaient se permettre les camions de la Garde Consulaire, continuait encore, me fit pencher pour la seconde option." --> il manque une virgule après "trajet".

"L’un d’eux attrapa le nœud de mon bandeau, et j’entendis l’autre traverser la pièce après avoir refermé la porte." --> ce n'est pas une coquille, mais un élément de concision narrative. Je dis parfois que notre travail est d'utiliser le moins de mots possible pour dire le plus de choses possible. Cette phrase est un exemple d'une phrase qu'on peut rendre plus concise avec un effort minimal. "On saisit mon bandeau. La porte claqua. Un pas traînant, irrégulier parcourut la pièce" Je ne veux pas réécrire pour toi; ce que je fais, c'est te donner un exemple. La scène illustre une tension et un stress (qui sont mieux transmis par des phrases courtes). 14 mots au lieu de 23. J'ai retiré le nœud (qui n'est pas si important comme point d'accroche, le fait qu'il s'agisse de "l'un d'eux" (on fait très bien, on se doute qu'il s'agit de l'un d'eux), que ferme la porte (on se doute que c'est l'autre, mais ça pourrait être une troisième personne et ce doute peut se trouver dans l'esprit du personnage), j'ai rendu la plupart des adverbes inutiles en changeant l'ordre des mots (Stephen King a dit "l'enfer est pavé d'adverbes" et il n'a pas complètement tort). J'ai ajouté des impressions sensorielles : les yeux bandés, on sait qu'elle perçoit le pas seulement par les sons (et la mention du pas sans mention de l'individu suggère l'ouïe plutôt que la vue de toute façon); j'ai décrit le pas du deuxième individu. En transmettant plus de sens en moins de mots, on augmente la tension perçue par le lecteur et on augmente l'immersion. C'est un angle à employer lors de la relecture d'un texte. En vrai, ma version ne s'incorpore pas dans la logique de ton texte sans varier les phrases qui l'entourent.; on devrait également entendre le pas précipité du premier, pressé de la rejoindre avant même que son acolyte n'ait refermé..

Cette phrase particulière est un exemple de quelque chose que je crois avoir mentionné par le passé sans illustrer. Maintenant que c'est fait, je n'aurai plus l'impulsion maladive récurrente de le mentionner :P

Il y a une certaine affluence de pronoms personnels réfléchis à mauvais escient (m'angoisser, mon bandeau découvrit mes yeux, etc). Tout dépendant des cas, ces pronoms devraient souvent être soit retirés, soit remplacés par un article approprié).

Une petite mention ici; j'ai eu l'impression au départ que la lumière était un phare devant Ariane, mais ce ne peut être le cas si elle arrive à détailler la pièce. Un projecteur viserait à l'empêcher de voir nettement ce qui l'entoure et à surcharger ses rétines, ce qui est attendu lors d'interrogatoires peu éthiques.

"Ils n’en pouvaient bientôt plus de se ga." --> il manque sûrement quelque chose après "ga".

"Casse-Dents leregarda et aquiesca," --> manque un espace entre "le" et "regarda".

"Pouvoir que vengeance ur toi, alors" --> manque un s à "sûr".

Le mot "payement" est une forme vieillie qui ne devrait plus être utilisée. La forme correcte est "paiement".

J'aime beaucoup voir la multiplication des ennemis. La séquence de torture est bien réussie. Je crois qu'on manque de données olfactives et texturales sur la chambre sourde (qui pourrait parfois être appelée "la chambre" pour éviter de répéter exactement la locution trop souvent). Tu dis qu'il s'agit de pyramides de mousse, mais tu pourrais le laisser deviner par une description (pointes molles/qui cédaient sous sa main/capitonnées ou une autre combinaison appropriée), une forte fragrance évoquant un panneau électronique neuf ouvert, une colle forte à en faire tourner la tête, etc. On sous-estime souvent l'immersion offerte par l'odorat.

Concernant la construction de la séance de torture, la chambre sourde pourrait être utilisée avant les premiers sévices physiques, quitte à y faire retourner le personnage plusieurs fois avec une escalade de la violence. Pour le psychopathe, c'est une façon de briser sa victime avec l'anticipation de l'échelon de brutalité suivant. "Interrogatoire soft" chambre "interrogatoire verbalement abusif" chambre "interrogatoire violent" chambre "interrogatoire avec torture" chambre "interrogatoire probablement mortel" chambre.Chaque moment d'isolement devient un peu plus destructeur pour la psychée de la victime. Tu fais comme tu veux; ça fonctionne déjà bien comme ça. C'est une touche particulière que tu as peut-être déjà écartée pour économiser l'espace dans le chapitre. C'est une suggestion, à voir si elle est ou non réalisable.

À bientôt!
Jon S. Croydon
Posté le 25/06/2025
Merci beaucoup de ce commentaire plein d'informations extremmement précises qui a du - j'imagine - te prendre un certain temps. Je pense qu'il me sera utile à la réécriture. Je compte également recommencer à publier des chapitres sous peu, mais j'attendais d'avoir terminé le brouillon de la partie 1/4.
Jon S. Croydon
Posté le 25/06/2025
Et à bientôt.
James Baker
Posté le 25/06/2025
Y'a pas de quoi, et à bientôt!

En vrai, l'analyse des textes des autres fait aussi partie de mon processus pour développer ma propre écriture. Oui, ça prend du temps. Et plus j'élabore, plus j'apprend. Quand un élément est facile, c'est une chose, mais je dois parfois me casser la tête pour trouver ce que mon subconscient m'indique. Et plus j'ai à le faire, mieux je l'applique dans mes propres écrits ;)
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