CHAPITRE VI – La Forêt d’en Bas - Partie 17

Notes de l’auteur : Bonjour,
Je vous remercie d'être toujours aussi fidèles, et j'espère que le chapitre vous plait.
J'interviens moins en ce moment afin de ne pas trop perturber votre lecture, mais n'hésitez pas à commenter ou donner votre avis.
Je suis déjà sur la suite du récit, je compte envoyer le manuscrit que vous êtes en train de lire en début septembre.
Merci de continuer à me suivre.

De son côté, c’est devant une porte d’or pur qu’Arcturus se relevait douloureusement, après avoir déjà franchi la précédente, il y a un quart d’heure.

Avec sa clé angélique, le Soleil Marin avait ouvert cette première porte close qui lui barrait la route par-delà cette plaine de LM glacé. Il devait y trouver plus de trésors qu’il n’en avait jamais vus dans sa vie, lui, le président de Solar Gleam et lord de Light Hill. Dès les premiers pas, un esprit aussi perspicace que le sien s’attarda naturellement sur la grande carte du monde, gisant sur l’une des tables de granit au fond de cette vaste salle aux façades ouvragées - décorées de grandes statues d’hommes et d’anges en armes. À son grand étonnement, ce parchemin paraissait lui-aussi taillé dans la pierre, bien qu’il fût léger comme du papier et, surtout, plus précis que n’importe quelle conception de la Royal Navy. Pourtant, ce qui l’étonna vraiment, ce sont les myriades de symboles ou d’annotations qui le recouvraient. Toutes rédigées dans un alphabet inconnu, mais désignant parfois des endroits qu’il connaissait bien. De la Forêt d’en Bas aux bassins sur lesquels il avait posé ses cités. Arcturus voyait sous ses yeux tous les sites naturels entretenant un quelconque lien avec le LM. Tous les sanctuaires dont avait parlé le Haut-Prêtre, tous les bassins dont Solar Gleam pouvait rêver, toutes ces richesses qui attendaient d’être déterrées et de lui servir. Avec ça et cette Clé, je suis presque sûr de trouver ce qui détruira David, et tous ceux qui viendront se la donner après lui, se réjouissait intérieurement Arcturus. Ses Springs vidaient le contenu de chaque étagère, du moindre coffre qu’ils débardaient ensuite sur les tables, toutes d’une roche particulière – selon l’usage spécifique qui devait avoir été prévu pour chacune d’elles.

Malheureusement, Semper Peace ne s’embarrassait pas de délicatesse, au point que le président se retrouva, très vite, confronté à des fatras d’artéfacts anciens, tous plus clinquants les uns que les autres. Il n’avait aucune idée de l’utilité d’un dixième de ses objets. Il n’y en avait pas un seul de la même forme. Certains scintillaient et d’autres non, celui-ci était d’une pierre lisse comme du bois pendant que le second était d’un métal léger comme du caoutchouc. Au bout de quelques minutes à soupirer, Arcturus ordonna à ses hommes d’embarquer tout ça, dans le doute, avant de se tourner vers la pile de parchemin que ces derniers avaient amassé sur la table d’à côté. Là encore, tout était dans cet alphabet inconnu qu’il inspectait à la recherche de la moindre lettre familière, du premier idéogramme qu’il pourrait reconnaître, sans succès. Dépité, il finit donc par renoncer à tous ces parchemins. Il se mit à arpenter la pièce, il espérait trouver, sur les murs ou le sol, un mot de latin, au moins un langage vaguement connu. Mais il ne trouva rien de la sorte, jusqu’à ce qu’il arrive devant une plaque qui surplombait la dernière porte. Une simple planche de bois couverte d’inscriptions scintillantes – aussi blanches que celles du souterrain de Fatima.

Ci-gît l’Incarnation de l’Aspect Primordial des Passions, de l’Envie et de la Persévérance : vaincu il fut, banni il est, maudit soit-il. Ci-gît trois gardiens par la volonté de Notre Très Haut Père, puissent-ils veiller éternellement, jusqu’au dernier d’entre eux. Ici, veille Aemilius Syagrius Aegidius, patrice de Rome, héros des champs catalauniques et vainqueur de la Main du Rebelle, nommé par l’Agneau lui-même. Derrière lui viennent Brennos des Sénons, chef de guerre des Gaules Alpines, et Kveldulfr du clan de Nor, champion de la Main du Rebelle ; tous deux veilleurs en repentance par les volontés de l’Agneau. Même s’il serait habilité à venir œuvrer en ces lieux de garde, qu’aucun des nôtres ne franchisse cette porte, à moins d’être sous la garde d’un Juge, de notre frère Raziel, ou de l’autorité suprême de Notre Père. Puisse cette porte ne jamais s’ouvrir, finissait-il ainsi de lire, quand un raclement terrible vint ravager ses tympans. Un vacarme à la fois si sourd et si perçant qu’il se retrouva cloué au sol, écrasé par la douleur et balayé par les vibrations comme ses Springs derrière lui. Finalement, c’est au bout de quelques secondes qu’ils retrouvèrent leurs esprits, afin de découvrir cette porte dorée grande ouverte, celle de l’ultime chambre du tombeau. Complètement vide, cette dernière salle n’en restait pas moins fastueuse. Décorée de toute part et dallée de marbre jusqu’à la petite estrade qui trônait au fond, sur laquelle se tenait trois chaises curules, côte-à-côte - bien que celle du milieu semblât légèrement plus haute.

Sur chacun de ces modestes sièges, une silhouette en armure parfaitement immobile veillait, le regard fixé sur les intrus que la porte leur offrait, sous les regards hallucinés d’Arcturus.

— Ça … ne peut pas être vrai ? commença-t-il à marmonner.

Les trois silhouettes se mirent à bouger. Elles se levèrent pour se saisir de leurs armes posées au sol, puis à marcher vers lui, d’un pas qui fit cliqueter leurs amures dans cette caverne d’or.

— Ce doit être des automates, des illusions ou des spectres comme ceux du Vol de Jais, il ne peut en être autrement… s’obstinait-il.

Mais ses Springs le sortirent de sa torpeur. Quelle conduite devaient-ils tenir à l’égard de ces choses.

— Prenez toutes nos affaires et préparez-vous à combattre, puis à fuir s’il le faut. Je vais essayer d’établir un dialogue avec ces … trois-là, mais ne vous attendez pas à grand-chose, leur ordonna-t-il à voix basse.

 Tandis qu’il réajustait ses habits pour faire bonne figure à ces trois imposantes armures, il espérait qu’elles acceptent de lui parler – ou même qu’elles puissent le comprendre.

— Enchanté de vous rencontrer. Je suis Arcturus Seafox, Sir de Light Hill par la grâce de Sa Majesté ; président de Solar Gleam, de Semper Peace et des quatre Arthuries ; docteur en diverses sciences, historien par la force des choses, et chrétien du mieux qu’il puisse, conclut finalement Arcturus à l’adresse de l’armure romaine qui marchait au centre du trio, sûrement la plus civilisée des trois – surtout par rapport aux deux autres.

Celle qui marchait à gauche d’Aegidius portait une longue tunique d’écailles de fer, tombant sur des grandes bottes rembourrées d’une paille dorée, et culminant sur une tête d’ours blanc sous laquelle pendait de fines tresses blondes.

Quant à celle de droite, elle n’était vêtue que d’une simple veste de maille doublée de quelques fourrures et d’un pantalon de toile épaisse. Couronnée d’un casque orné aux motifs celtiques, couvrant ses oreilles et sa chevelure châtain, surplombé d’une petite sculpture de sanglier - animal si cher aux Gaulois. Bien sûr, ils étaient également gantés, épaules et gorges protégées comme leurs tibias et leurs avant-bras, à tel point qu’Arcturus croyait voir des héros de peinture marcher vers lui. D’ailleurs, quand son regard croisa la longue épée de Brennos ou la grosse hache de Kveldulfr, l’Anglais ne se sentit pas l’envie de provoquer ces Gardiens de la Prison. Ils ne sont vraisemblablement plus humains, quelque chose ne va pas chez ces gars-là. Mais heureusement, il avait bien fait de s’adresser à l’armure du milieu, celle qui était drapée de pourpre et dont le haut bouclier rond semblait un peu trop grand pour lui.

Car c’est avec une voix étonnamment amicale qu’elle leva la main pour qu’ils s’arrêtent à mi-chemin, sous les bougonnements de ses compagnons.

— Je suis nommé Aemilius Syagrius Aegidius, maître des milices de Gaule au nom du défunt auguste Flavius Iulius Valerius Maiorianus. Désormais gardien de la prison de la Forêt d’en Bas par la grâce de l’Agneau et les volontés du Très-Haut, déclara posément le général romain en ôtant son casque.

Il dévoila un visage latin balafré, usé par d’innombrable intrigues qui avaient marqué ses yeux cernés, sans lui enlever cette élégance très aristocrate qui fit sourire Brennos le Gaulois.

— En clair, ça veut dire que nous allons te tuer avec tous tes hommes pour laver l’outrage de ton vol et rétablir le Cœur, lui lança-t-il, d’un ton sec qui fit presque trembloter Arcturus sur le moment.

— Mes hommes ne se laisseront pas tuer si facilement. En revanche, vu que je ne suis pas un voleur, je suppose que vous ne parlez pas de moi, et que nous pouvons encore négocier en êtres civilisés. Je suis un chercheur de vérités, si certains de ces artéfacts vous sont sacrés, nous pouvons les déposer ici. Vous êtes les conservateurs de ce lieu d’une certaine manière. Nous ne voulons qu’apprendre de vous, reprit-il sur le ton le plus poli qu’il pouvait, tandis que tous ses Springs revenaient se mettre en position à ses côtés.

— T’en as déjà trop vu, guette nos dégaines ! Suffit d’un coup d’œil pour comprendre qu’on vient pas couper du beurre ! grogna Kveldulfr le Berserk en tournant un regard insistant vers le petit Romain à côté de lui, tandis qu’Arcturus faisait signe à ses hommes de lever leurs fusils, non sans ajouter qu’il avait au moins essayé la méthode douce

Cela ne découragea pas les trois gardiens de reprendre leur marche solennelle, même après une ultime insistance, ne laissant d’autres choix au président que celui de prendre l’initiative par précaution.

Après tout, les Springs savaient largement comment gérer toutes sortes de mutants, sans parler du fait que leurs fusils pouvaient transpercer n’importe quelle plaque d’armure - surtout le Raven-Eye d’Eluned. En bref, ces vieux gardiens n’ont pas la moindre chance, s’agaçait Arcturus, l’air de regretter sincèrement ce qu’il faisait, lorsque les coups de feu vinrent emplir ses oreilles au point de le faire grincer des dents. D’ailleurs, le vacarme de la fusillade fut si brutal qu’il en occulta le fracas de l’eau, claquant loin dans le dos des Printemps, sur l’onde de ce qui n’était plus une plaine rouge, mais un bassin de sang où se tenaient dix silhouettes paniquées. Et Jasper put tout juste prendre conscience de la voûte noire qu’il regardait maintenant, la tête toujours dressée comme s’il cherchait de l’air par-dessus la marée, lorsque Maria fit résonner sa voix du ton le plus strict qu’il n’avait jamais entendu.

— Suivez-moi tout de suite !! cria-t-elle en s’élançant immédiatement vers la rive qu’elle trouva devant elle, aussitôt suivie par tous ses compagnons, trop affolés pour réfléchir – et heureusement pour eux.

Car elle venait probablement de leur sauver la vie, tel que William le remarqua dès qu’il foula les rives, ou plutôt lorsqu’il s’aperçut avoir couru sur ce lac de LM scintillant, comme tous ses compagnons.

Sans qu’il ne sache trop pourquoi, il s’en était fallu de peu pour qu’ils ne sombrent pas dans cette nappe, comme cela avait été le cas pour ses deux professeurs. Ses pensées furent très vite interrompues lorsqu’il releva la tête, afin de voir une silhouette familière par-delà ce bassin : celle d’Arcturus, de dos, au milieu d’un peloton d’exécution. Mais quand il voulut interpeler son ami, William vit trois armures surgir des fumées pour fendre le rang des Springs, dans une charge si foudroyante qu’elle retentit jusqu’aux galeries supérieures. Finalement, aucune balle n’avait transpercé les Gardiens, les premières s’étaient heurtées à leurs armures impénétrables. Les secondes s’étaient perdues dans le zigzag de leurs courses, forçant les Britanniques à se disperser pour échapper aux tranchants de leurs coups fulgurants. Arcturus comprit qu’il avait eu raison d’évoquer une fuite potentielle, car s’il avait confiance en ses hommes pour écraser ces prétendus héros, il se doutait aussi qu’ils n’en ressortiraient pas sans de très nombreuses pertes. Et, l’une des rares choses dont il était sûr, c’était qu’il ne comptait pas risquer de perdre son amante au détour d’un coup de hache qu’elle évitait tout juste, sous ses yeux, avant qu’il n’ordonne de quitter cette pièce à toute vitesse.

Pendant que ses hommes peinaient encore à se défaire de la pression des veilleurs grâce à leurs grenades incapacitantes ou fumigènes, Arcturus découvrit sur sa route un obstacle inattendu : la plaine de terre rouge était devenue un lac de sang sombre.

— Arcturus, tu peux courir sur le lac !! s’écria Maria depuis l’autre côté, par-dessus le vacarme des balles.

Son collègue resta figé, hésitant, saisi par la peur d’approcher de ses eaux mortelles, jusqu’à ce qu’il voie Kennocha prendre quelques pas d’élan.

Puis, d’un seul coup, elle fila sur l’onde du bassin sans jeter de regard plus bas que les pieds de ses compagnons sur l’autre rive, aussitôt suivie par tous ceux qui le pouvaient.

Si Arcturus réussit à sauter le pas, à s’élancer en dressant le menton du plus haut qu’il put, il ne tarda pas à sentir un liquide éclabousser son pantalon jusqu’à la taille. Ça y est, c’est fini, s’angoissa-t-il brusquement en commençant à fermer les yeux par réflexe. La voix d’Aegidius le ramena à la situation, au fait qu’il courait effectivement sur le LM, ou que les Gardiens semblaient s’être figés sur les berges. N’y allez pas, c’est un piège du dieu mort, lança le Romain au Berserk. Il était immergé dans le bassin jusqu’aux bottes tant il avait poussé sa charge dans les derniers centimètres, au risque de finir consumé par l’Envie. Alors, quand Arcturus rejoignit ses collègues sur les rives, c’est d’un air soulagé qu’il se retourna, jusqu’à ce qu’il aperçoive les trois armures prendre plusieurs foulées d’élan, comme si elles comptaient sauter par-dessus les trente mètres du bassin. Bien sûr, tous les chasseurs réagirent au quart de tour. Ils crachèrent un rideau de balles sur ces héros que Maria ne pouvait s’empêcher de contempler, incrédule, choquée par la nouvelle charge qu’ils donnèrent en faisant retentir leurs cris de guerre. La seconde d’après, les trois veilleurs s’élancèrent par-dessus le lac, toutes lames brandies, filant en cloche tels des puces jusqu’à percuter la rive noire de leurs pieds. Le tout dans un tonnerre métallique qui souffla tous ceux qui s’imaginaient pouvoir les accueillir à bout portant. Clairement, ce sont des êtres supérieurs, s’avoua-t-elle devant cette démonstration de force aussi terrifiante que fascinante. Elle ne put s’empêcher de balayer la caverne du regard, comme William le faisait aussi. Malheureusement, il n’y a aucun tunnel où fuir, se résolut-elle ; Elle bouillait de colère face à l’inévitable, prête à se résigner au combat sanglant que le Destin lui imposait, lorsque la voix d’Arcturus vint la sortir de ses pensées.

Retenez-les pendant que j’essaye quelque chose, s’exclama-t-il en accourant vers les grands battants de nachtstein, à la surprise de ses deux amis qui se pressèrent de l’y rejoindre, pour l’y retrouver avec un curieux objet en main. Je ne l’ai utilisé qu’une seule fois, leur confia-t-il avant d’enfoncer cette épine métallique dans la paroi, sans pour autant s’en réjouir comme Maria ni s’en étonner comme William. Car pour ouvrir la porte précédente, le Soleil Marin s’était contenté de tourner sa clé dans tous les sens jusqu’à obtenir la bonne combinaison. Mais il n’avait plus les longues minutes nécessaires, sa patience lui fit très vite défaut à ce moment-là. Bordel, ça veut pas fonctionner cette merde, finit-il par s’énerver en sortant puis renfonçant sa dague de nouveau, et de toutes ses forces, l’air de vouloir forcer cette serrure invisible. Mais il avait beau s’acharner de plus en plus, au point que ses yeux finissent par luire d’une teinte écarlate, rien n’y fit, jusqu’à ce qu’une petite voix au fond de son instinct lui chuchote une réflexion toute simple : tranche la pierre avant de tourner le verrou. Porté par l’adrénaline, Arcturus écouta son intuition et s’empressa donc d’entailler la nachtstein d’un coup en haut, puis d’un autre en bas pour que sa clé ne brille timidement. Ensuite, il lui suffit d’un simple balayement de droite à gauche pour qu’un raclement sourd ne commence à retentir, sous les félicitations de ses deux confrères. Ils étaient certains d’avoir senti des vibrations au travers de leurs mains posées sur la porte, et ravis de le voir réussir aussi vite. L’inconvénient, c’était que la porte, elle, mettrait beaucoup plus longtemps à s’ouvrir, à croire que les Anges ne sont jamais pressés, tel qu’Arcturus aurait pu le grogner s’il n’était pas trop préoccupé par le sort de ses Springs.

Puisque, pendant ce temps, leurs chasseurs luttaient âprement contre ces trois veilleurs antiques que le Christ avait assignés au tombeau de ce Primordial des Passions, de l’Envie et de la Persévérance. Honnêtement, aucun d’eux n’avaient jamais affronté des adversaires pareils. Aucun spécimen réchappé de Solar Gleam n’avait su être aussi vifs qu’eux, aucun agent du Kaiser ou du Tsar ne pouvait rester si concentrés sous la pression, et même le Démon de Verdun n’aurait pas tenu plus d’une minute - face à n’importe lequel des trois. Cependant, tout espoir n’était pas perdu, leurs mercenaires étaient loin d’être sans ressources. Ils ne s’étaient pas retrouvés au service du Conseil pour rien. Dès que cette porte serait suffisamment ouverte, ils comptaient bien user de leurs dernières grenades pour piéger ces armures ou, au moins, les ralentir pendant que les Springs les guideraient dans ces longs tunnels.

En revanche, rien ne garantissait que cela mette un terme à cette poursuite. Après tout, rien ne supposait que ces Veilleurs connaissaient une quelconque limite, ni qu’ils ne pouvaient pas les suivre jusqu’à Genève…

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