CHAPITRE VI – La Forêt d’en Bas - Partie 6

Notes de l’auteur : Bonjour à tous, j’espère que cette scène vous plaira et vous donnera envie de lire la suite.
Je vous prie de m'excuser de ce grand retard.
Je suis en relecture/correction et j'avoue que cela me prends plus de temps que je n'avais prévu.
Je vais m'efforcer d'être plus régulier.
Si vous avez la moindre idée ou correction, dites le moi en commentaire.
N’hésitez pas à commenter ou partager mon travail autour de vous, et portez-vous bien.

C’est sur un plateau des plus paisibles et isolés que Jasper sortit de son inconscience, totalement libre de ses mouvements, allongé sur une petite pelouse parfumée de mille fleurs, chacune plus rayonnante que toutes celles qu’il n’avait jamais vues.

Le papillon a dû me déposer là, pensa-t-il, en se redressant pour apercevoir les montagnes qu’il avait aperçues hier tout autour de lui, et découvrir le petit lac dont Maria lui avait parlé juste à ses pieds, la Vogealle. Personne me surveille, je suis tout seul, s’étonna-t-il en remarquant qu’il n’avait plus ses armes, avant de se lever pour aller se rafraîchir brièvement au torrent d’eau qui jaillissait près de lui, c’est bizarre, c’est beaucoup trop réel, trop lucide pour un rêve, vaudrait mieux que je fasse attention. Malgré tout, il ne lui suffit que de quelques pas pour voir que tout semblait calme ici, qu’il n’y ait même pas un refuge à l’horizon, ni le tintement d’une cloche pour s’y entendre, ce n’était qu’un petit havre naturel où les couleurs n’avaient pour rivales, que les odeurs, sans le moindre danger. Mais à force de chercher, il finit par trouver les propriétaires de ce petit coin des Alpes : six renards, un couple et ses quatre petits venus jusqu’à ces hauteurs pour y passer l’été. Ils ne semblaient porter aucune attention au chasseur qui les observa jusqu’à distinguer chez l’un des renardeaux une attitude malicieuse qu’il reconnut sans mal, avec une fourrure rousse à l’éclat sans pareil. S’il n’avait pas encore un an, Renard avait déjà un talent unique pour chasser le papillon en compagnie de ses frères et sœurs, et une famille qui ne manquait de rien, à tel point que ses deux parents pouvaient rester à contempler leurs enfants tant le gibier était abondant. En bref, tout semblait si idyllique que Jasper avait du mal à comprendre comment Renard avait pu finir par se retrouver seul, loin de cet endroit à la fois si proche et si différent de ce qu’il avait connu dans son enfance. J’aurai bien voulu jouer plus longtemps avec mes frangins dans l’Eberbach, on avait tout ce qu’on voulait, en vint même à lâcher une voix dans l’esprit du Français, si brutalement qu’il en sursauta lui-même, avant que sa vision ne se distorde tout autour de lui, comme si le monde s’effondrait en tourbillonnant si vite qu’il en perdit l’équilibre.

En un instant, toutes les couleurs, les sons et les odeurs se mélangèrent jusqu’à dessiner une nouvelle terre entre les doigts de ses mains, celle d’un tapis de septembre. L’herbe n’était plus verte, le soleil pâlissait, le lac n’était plus que neige, et bien que Renard soit toujours là, plus vieux de deux ou trois mois, son air innocent et malicieux n’était plus. Lui, son frère et ses parents restaient éplorés autour des corps de deux autres renardeaux, les deux femelles de la famille qui n’avaient pas survécu à leur fuite de l’un des mutants, chaque jour plus nombreux dans ces recoins de l’Europe sauvage. Si les autres membres de ce clan si uni léchaient les quelques monceaux de fourrures restants, Renard restait pétrifié, transi par la vision d’horreur qu’il restait de ses sœurs. La famille ne pouvait plus rester dans sa vallée, la compétition y était désormais trop rude, il n’y avait rien à y faire, tel que Jasper l’entendait répéter au fond de lui, nous n’avions pas les moyens. Alors, après d’ultimes glapissements, il vit cette famille abandonner ses filles pour fuir loin de leur foyer, et pour que le décor ne se confonde à nouveau sous ses mots qui se répétaient, nous n’y pouvions rien.

Cette fois, l’Alsacien sentit les premières morsures du froid avant même que les couleurs et les odeurs ne se stabilisent, le faisant apercevoir les cimes de l’Arthurie Valdôtaine sous un manteau de neige, entre les pics des montagnes que la famille de Renard parcourait à la recherche d’un territoire. Ils n’avaient toujours pas trouvé de terriers et se cachaient misérablement dans un bosquet, où les deux renardeaux avaient grandi sans gagner en poids, à tel point que leurs parents refusaient de les abandonner. Malheureusement, il n’y avait plus assez de nourriture pour tout le monde, il fallait encore se séparer d’un des leurs, et les deux fils eurent beau lécher le museau de leur père avec amour, il vint un moment où il dut retourner errer seul dans le froid, sans autre chaleur que la sienne pour affronter la route vers leur ancien terrier. Bien sûr, Renard s’avança pour le suivre sur quelques pas, tout comme Jasper, mais ils s’arrêtèrent finalement, têtes baissées pour laisser le décor tourbillonner à nouveau autour d’eux, laissant une voix humaine résonner dans la montagne, j’aurai dû l’arrêter, ça aurait dû se passer autrement.

La neige se mélangea jusqu’à faire apparaître un nouveau souvenir de Renard, celui de son premier mois de mars. La famille semblait avoir retrouvé un peu de sourire, ainsi qu’un territoire où la mère était parvenue à enseigner la chasse à ses deux petits, suffisamment pour qu’ils réussissent enfin à ramener leurs propres proies. Évidemment, ils avaient déjà atteint un âge qui aurait dû les séparer, ils en étaient très probablement capables d’ailleurs, mais un lien indéfectible unissait cette famille, plus que chez n’importe lesquels de leurs semblables. Pourtant, les deux frères ne manquaient pas tellement de confiance en eux, à tel point qu’ils leur arrivaient même de s’approcher des villages humains. Un jour qu’ils chassaient ensemble, le frère de Renard proposa d’entrer directement dans l’une des maisons, afin d’y voler la nourriture déjà chassée et récoltée qui s’y trouvait, car c’était le triomphe de tout bon renard, un exploit comme leur père en avait déjà réalisé. Sous les yeux de Jasper, ils se mirent à ressortir des fermes avec tout ce qu’ils pouvaient avant de détaler, se jouant de la vigilance et même des pièges que les habitants déployèrent nuit et jour. Au bout d’une semaine, il n’y avait plus de doute à avoir sur sa capacité à chasser seul, mais Renard décida de se lancer dans un dernier larcin en solitaire, comme une ultime confirmation de ses capacités. Il réussit sans le moindre problème, puis repartit avec l’un de ces gros lapins d’élevage qu’il ramenait à sa mère en guise trophée, après avoir dévoré quelques fruits de saison et un saucisson. Certes, il avait remarqué que le village semblait moins peuplé que d’habitude, sans y prêter particulièrement attention jusqu’à ce qu’il arrive à mi-chemin de son terrier, lorsque des coups de feu commencèrent à résonner dans la forêt.

Aussitôt, Renard se cacha donc dans un fourré pour attendre quelques instants, tapi avec son lapin en gueule, avant de repartir d’un pas prudent. Mais les coups de feu revenaient sans cesse, de façon intermittente, bientôt accompagnés d’une fine odeur de fumée qui lui piquait le bout du museau, puis des aboiements des chiens, ces loups difformes asservis par l’homme comme le lui avait souvent répété sa mère. Malgré tout cela, Renard prit son courage à deux mains, continuant sa route jusqu’à pénétrer sur le territoire du renard voisin, dont le corps gisait à même le sol, lacéré par les crocs de la meute. Immédiatement, il comprit ce qu’il se passait et accourut du plus vite qu’il put jusqu’au terrier de sa mère, et la trouva éplorée sur sa progéniture, grièvement blessé. Ce dernier avait réchappé aux chasseurs et à leurs chiens, mais il ne devait sa survie qu’à une chute qui le rendait incapable de faire plus que se traîner. Renard vint donc déposer son lapin devant sa mère, pour ensuite lécher le pelage de son frère avant qu’elle ne paraisse s’adresser à lui. Et si Jasper ne comprenait rien à leur échange, quelque chose au fond de lui déchiffrait les intentions des animaux : Renard devait partir pour son bien et celui de sa famille. Son frère ne pouvait pas bouger, ni être transporté, mais quelqu’un devait rester auprès de lui pour qu’il ait un espoir de vivre, mais le terrier devait paraitre le plus abandonné possible. Seulement le cadet rechignait, il voulait rester auprès d’eux, quitte à se blottir dans un coin pendant des jours, quoi que puisse lui répondre sa mère. Finalement, il poussa son lapin du bout du museau une dernière fois, lécha ceux qu’il aimait, puis quitta l’abri en prenant soin d’effacer ses traces à l’entrée, avant de fuir à toute vitesse avec la mort dans l’âme. Il ne suffit que de quelques secondes pour que sa fuite soit harcelée par les aboiements des chiens, par des coups de feu puis, bientôt, par une voix qui déclencha le nouveau renversement du décor tout autour de Jasper, nous avons tout gâché, je n’étais même pas là quand ils l’ont tué.

Les couleurs et les odeurs se mélangèrent pour redevenir familières, il était de retour sur les plateaux de la Vogealle, remplis de mille et un papillons comme ceux que Renard chassait dans son enfance. Mais le goupil n’avait ni l’envie, ni personne avec qui jouer, il restait pensif en fixant le squelette de l’un de ses semblables, figé sur les rives du lac comme un chat qui s’y serait endormi, parfaitement décharné par les corbeaux qui ne l’avaient pas fait bouger. Celui-ci était alors bien plus grand que le renardeau, mais il lui semblait si familier qu’il vint s’abaisser face à lui, ventre contre terre, pour placer la pointe de son museau contre le sien. Au bout du compte, Renard était lui-aussi revenu sur leurs anciennes terres, et il avait même compris pourquoi son père avait choisi d’y retourner malgré une mort presque certaine. Il comprenait même pourquoi il s’y était laissé dépérir, au point qu’il finit par former l’envie de le lui dire, par glapir des complaintes plus complexes que toutes celles qu’ils n’avaient jamais pu émettre tous les deux. On dirait presque qu’il lui parle, c’est comme ça qu’il a appris leur mort, réalisa Jasper, quelques larmes aux yeux en le regardant se confier, jusqu’à ce qu’il ne quitte la Vogealle pour rejoindre les vallées en contrebas, visiblement rassuré de la réponse qu’il était venu chercher, presque autant que le Français qui entendait maintenant les derniers mots de sa mère : va de l’avant, tu auras toute ta vie pour te racheter, pour nous rendre fiers.

Cependant, il n’en avait pas fini avec ces traumatismes incarnés et ravivés, puisque le décor se mélangea à nouveau pour lui faire apparaître une petite maison au bord de la rivière Eberbach, d’où sortit un jeune curé avec les yeux dans le vide, sous le regard de deux garçons que Jasper reconnut du premier coup d’œil. Le choc fut alors si fort que son cauchemar s’effondra aussitôt. Les teintes et les effluves se mélangèrent dans un vacarme terrible tout autour de lui, virant du blanc immaculé au noir le plus sombre, des arômes les plus immondes qu’il avait pu sentir jusqu’aux plus agréables dont il avait souvenir, vibrant sous la centaine de voix qui avait pu compter dans sa vie, entrecoupés de hurlements stridents qu’il reconnaitrait entre mille, jusqu’à ce que l’une d’elle ne fige tout ce tourbillon, celle de Maxime : Jasper, continue tout droit, tu le dois, c’est toi qui les guideras. D’un seul coup, il rouvrit les yeux pour découvrir un petit nuage de brume écarlate, déjà suffisamment pâli et dispersé pour qu’il discerne un plafond de terre lisse dès les premiers instants de son réveil. Je suis dans une cellule, se rassura-t-il en apercevant les barreaux lorsqu’il se redressa avec la main sur le cœur battant toujours la chamade, assis contre un sol parsemé de petits cailloux, sans rien d’autre que ses vêtements.

Au moins, ça reste mieux que ce cauchemar, s’avoua-t-il en balayant du regard le confinement très rudimentaire dans lequel il avait été enfermé, jusqu’à baisser son regard sur le codétenu avec lequel il allait le partager : Renard, convulsant légèrement dans ses cauchemars.

— Hé ! Réveille-toi ! chuchota Jasper du plus fort qu’il put, tout en le secouant légèrement d’une main.

Mais la poussière de la phalène engourdissait encore la conscience du goupil, bien trop pour que je puisse le réveiller, soupira le Français en s’interrogeant sur les songes de son compagnon, vu la tronche qu’il tire, ça ne m’étonnerait pas qu’il revive mes souvenirs.

D’ailleurs, je me demande ce que c’était que la fin de ce rêve, on aurait dit que je partais dans une crise étrange, se souvint-il en se rappelant les échos qu’il avait vu flotter tout autour de lui, jusqu’à qu’il en vienne à se demander si ça n’avait pas un rapport avec les fêlures dans ses yeux, avec cette fameuse mutation. Non, ça doit être la poussière de l’autre bestiole, préféra-t-il se dire, avant de se lever pour inspecter plus en détail sa petite cellule. À en juger les murs, il devait se trouver sous le sol, dans une vallée alpine où les arbres poussaient encore puisqu’il voyait parfois les racines saillantes. Avec son odorat surdéveloppé, il pouvait même savoir qu’il devait être l’heure du repas de midi, comme le lui confirma la lumière du jour qu’il voyait pleuvoir en ligne droite depuis le plafond du couloir. En vérité, c’était toute cette prison qui semblait n’être qu’une vulgaire tranchée couverte de terre cuite et de racines, un trou poussiéreux, même les barreaux sont juste de la boue, s’étonna-t-il en venant forcer sur ces derniers, sans les faire vibrer. Comment peuvent-ils être aussi solides, se questionna-t-il en essayant de gratter la terre sans plus de succès, jusqu’à ce qu’il remarque qu’il n’y avait même pas de porte à cette cellule, ça doit être leur magie bizarre.

Ils sont moins bêtes que Maria ne le penserait, s’avoua-t-il, en retournant auprès de Renard d’un air déçu, sans remarquer qu’il avait attiré l’attention du vigile à force de tirer sur ses barreaux de terre.

— Tu es réveillé Paria ? lui lança le garde.

Son air était si cordial que Jasper ne perdit pas une seconde pour lui demander tout aussi poliment où il se trouvait.

— Dans une couvée du Vol de Jais, entre Suisse et France. Je ne peux pas te dire l’endroit exact, ce serait dangereux pour notre petit village, lui confia-t-il.

Il s’adossa aux barreaux pour discuter, au grand soulagement du détenu qui enchaînait pour demander ce qu’il faisait ici, l’air de suggérer à son geôlier l’idée de le rançonner.

— Désolé, je ne peux pas le savoir pour l’instant. Cassandre doit discuter avec le Haut-Prêtre et le Prophète, en ce moment-même, pour décider de ton sort, tout dépend d’eux, je ne peux rien t’apprendre sur le verdict pour l’instant.

— Bon, ça nous laisse le temps de discuter dans ce cas… s’exaspéra-t-il.

Intérieurement, il se reprit et se dit que, quitte à rester ici, il allait en profiter pour collecter quelques informations sur ses ennemis.

— J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer Cassandre mais ce Haut-Prêtre et ce Prophète, tu peux me dire deux ou trois choses sur eux ? Qui ils sont et comment ils voient mon cas ? questionna-t-il, en espérant découvrir par la même occasion qui était ce Prophète dont Maria lui avait déjà parlé.

 

Malheureusement, il fut vite déçu d’apprendre que Cassandre lui-même ne connaissait pas sa véritable identité, mais cela ne les empêchait pas d’apprendre de ses enseignements et de respecter ses décisions.

À entendre son surveillant, rien ni personne n’était au-dessus de ce Prophète, et le monde entier accomplissait son dessein sans le savoir ni le vouloir, car il était le seul à anticiper l’avenir vers lequel courrait l’univers. Rien que ça, se retint de sourire Jasper en essayant d’en découvrir plus sur le second personnage, celui qui tiendrait sa vie entre ses mains puisqu’il s’agirait du véritable juge ici. Manque de chance, si le Haut-Prêtre du Vol de Jais était beaucoup moins mystérieux que le Prophète, il était connu pour sa sévérité et sa justice implacable à l’égard des étrangers, ce qui n’augurait rien de bon pour le prisonnier. Finalement, servir d’otage pour les prochaines années était le meilleur destin que l’Alsacien puisse espérer, dans l’hypothèse où il ne serait pas exécuté si ses maîtres osaient s’approcher de la Forêt d’en Bas, ni questionner très concrètement sur les agissements de ces derniers. En fait, ce n’était même pas certain qu’il puisse repartir, à moins que Maria n’arrive à persuader le Haut-Prêtre qu’elle ne reviendrait pas ou qu’elle était leur amie. Autant dire que c’est foutu, soupira Jasper, en se demandant bien ce qu’il allait advenir de lui dans les jours à venir, lorsque le maton se mit à lui remonter le moral, il ne se rendait visiblement pas compte de la chance qu’il avait d’être ici, de l’opportunité que Cassandre lui avait offerte.

En effet, le Vol de Jais est de loin la société la plus douce et la plus juste dont on puisse rêver, lui souriait-il, en lui promettant que son traitement serait bien meilleur s’il rejoignait la secte, tel que ce garde l’avait fait avec toute sa famille jusqu’à ses vieilles tantes. Après tout, il n’y avait pas de guerre ici, ni de querelle d’ordre économique ou sociale, ni même de lois réellement contraignantes, simplement une communauté paisible et solidaire, bref un monde ennuyeux à en mourir comme l’aurait qualifié Maria ou Alessandre. Et s’il n’en pensait pas moins, Jasper ne se priva pas de jouer les parfaits nouveaux adhérents pour en apprendre plus, que ce soit sur les raisons qui avaient poussé le Vol à couver dans ces montagnes ou sur les prédictions de ce prophète. Aux dires du geôlier, ce dernier semblait être sur un sans-faute jusqu’à maintenant, il avait tout annoncé, de la découverte du LM noir en Turquie aux victoires du général Argéa en Rhénanie, il avait même prédit les miracles de Fatima ou la rébellion des Seafox contre l’AP. Votre visite aussi, nous savions qu’elle devait arriver cet été, ironisa le vigile, en ricanant du fait qu’il ne s’imaginait pas rencontrer le Paria. Bien sûr, Jasper sauta sur l’occasion de comprendre ce curieux surnom dont les sectateurs l’affublaient, mais le Prophète ne s’était jamais expliqué à ce sujet, il était simplement dit que ce Paria avait le regard fêlé, comme le vôtre. D’ailleurs, ils finiront par vous porter malheur dans la société d’en dehors, tout autant que votre maîtresse, lui confia-t-il pour que l’Alsacien ne plaisante du fait qu’elle les trouvait à la dernière mode, loin d’être prêt à entendre que ses balafres avaient probablement grandies sous les effets de la Reine Phalène. Gêné, le surveillant préféra renchaîner sur les prétendus malheurs que sa maîtresse devait lui apporter, ou sur le surnom très élogieux que Cassandre lui avait donné, l’air de se demander quelle sainteté les sectateurs pouvaient reconnaître à leur Lune Pâle.

D’autant plus que le Vol ne priait pas Maria, au contraire, il souhaitait fermement qu’elle reste le plus loin possible du havre souterrain dont il avait la garde sacrée, même s’il n’était pas réfractaire à la propagation du LM, c’était plus compliqué que ça.

— Qu’est-ce qu’il y a d’autre en bas ? finit donc par lui demander Jasper avec l’air le plus innocent du monde.

Son gardien lui confia que ce n’était pas le genre de chose qu’il pouvait révéler, sinon le monde entier risquerait de se ruer à la Forêt d’en Bas pour la menacer ou pour s’y perdre.

— Malheureusement, je crains que ma maîtresse et ses alliés ne viennent ici pour y apprendre toute la vérité. Ils sont déjà à la recherche d’un sanctuaire, d’un Cœur et d’une Voix de la Forêt …

— Dans ce cas … nous serons amenés à nous mettre en travers de leur route, pour le bien commun, vous devez me croire, se résigna-t-il, lorsqu’une voix vint l’interpeler depuis l’autre bout du couloir.

Visiblement, c’était l’heure de la relève de 13H00 et, bien que le garde ajoute qu’il avertirait Cassandre de son bon comportement, la collecte d’informations s’arrêtait ici pour Jasper.

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