Chapitre X : La loyauté a un prix

X

 

 

— Laissez-nous sortir ! Cria Finn au travers des barreaux.

Cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils croupissaient dans une cellule sombre et humide. Les hommes de Lucio les avaient emmenés dans une bâtisse au sein de laquelle se trouvaient plusieurs cellules de fortune. Les Kléptars possédaient beaucoup d’habitations et de caches à Dérios qu’ils aménageaient en entrepôt ou en prison en fonction des besoins. Tanwen les connaissait bien, elle avait elle-même plus d’une fois fait emprisonner des individus pour le compte de Lucio. À l’époque, elle n’aurait jamais imaginé se retrouver de l’autre côté de la barrière.

— Eh ! Toi ! Le gringalet avec le crochet sur la figure, tu veux bien nous ouvrir ?

L’homme avait en effet un nez crochu, mais il faisait facilement deux têtes de plus que Finn.

— Ferme-la ! Répondit-il d’une voix grave.

— Promis, on te donnera de quoi récompenser ton geste.

— Ah oui, et avec quel argent ? L’on vous a déjà pris tout ce que vous aviez.

— Ho, mais ça, ce n’était qu’une toute petite partie, déclara Finn d’un air frimeur. Si tu me libères, je te dirai où se trouve le reste.

L’homme ricana.

— Et moi, j’ai une meilleure idée, je vais te briser les doigts un par un jusqu’à ce que tu me dises où il se trouve. Donc maintenant, soit tu la fermes, soit je m’en charge moi-même. 

Finn ne répondit pas, Tanwen vit à son teint livide que le message était passé. Il retourna s’asseoir dans un coin de la cellule en grommelant :

— On a été trahi, je parie que ton ami doit bien rire de nous à l’heure qu’il est.

Kléo était assis sur la paille de leur cellule et avait l’air inquiet.

— Minos n’aurait jamais fait une chose pareille, il croit profondément en notre cause. 

— Jusqu’à ce qu’un Kléptar ne lui tende un sac bien rempli, comme tous les autres, renchérit Finn.

C’est vrai que Minos n’était pas venu à leur rendez-vous, mais Tanwen le voyait mal trahir son collègue uniquement pour de l’argent.

— Si proche, soupira Kléo. Il faut que je parle à leur chef, je saurais lui faire entendre raison.

— Lucio n’est pas le genre d’homme à se laisser convaincre facilement, dit-elle. Si vous lui parlez de ce pendentif, il le gardera pour lui à coup sûr.

— Il faut que j’essaie, je n’ai pas fait tout ce chemin pour m’arrêter ici.

Bien qu’elle ne croyait toujours pas vraiment à son histoire, Tanwen admirait sa détermination et son courage.

— Je voudrais te remercier. Tu aurais pu tuer ce garde au palais lorsque tu m’as sauvé, mais tu ne l’as pas fait.

— Ce n’était pas nécessaire. Autant ne pas tuer lorsque l’on peut l’éviter.

Tanwen soupira.

— Oui, c’est la seule chose qui m’aide à ne pas me sentir comme eux, dit-elle en désignant leur geôlier de la tête.

Kléo fit alors un sourire et son regard sembla se perdre brièvement dans ses pensées.

— Je souhaitais également te demander quelque chose, continua Tanwen. D’où viens-tu ? Tu n’es clairement pas de Dérios.

— Ma famille a quitté Elanor, il y a bien longtemps. Mes ancêtres se sont installés dans un petit village au nord, de l’autre côté des Dents de Vel. C’était un coin tranquille, peu connu par grand monde. Il n’en reste que des cendres maintenant.

— J’en suis désolé.

Tanwen laissa un blanc après sa réponse avant de reprendre :

— Et depuis combien de temps traques-tu Ignis ?

— Cela doit faire bientôt quinze ans maintenant. Après l’incendie, j’ai été recueilli par des membres de l’Ordre. Ils m’ont pris sous leur aile et m’ont enseigné tout ce que je sais aujourd’hui. On a beaucoup voyagé en suivant les traces d’Ignis, et à chaque fois il nous filait entre les doigts.

— Et tu n’as jamais songé à abandonner pour refaire ta vie autre part ?

— Ho si, bien sûr. Nombreux sont ceux à être partis. D’autres sont restés et ont même fondé une famille, si bien que notre groupe ressemble parfois plus à une tribu qu’à un ordre militaire.

— Et tu continues malgré tout ?

— Il faut bien que quelqu’un se dévoue pour l’arrêter, sinon les massacres ne s’arrêteront pas. Je ne sais pas pourquoi il a choisi Dérios comme nouvelle cible, mais c’est l’occasion parfaite pour l’abattre. Cette fois, on a un coup d’avance et ce talisman se trouve juste à notre portée. C’est pourquoi je dois à tout prix convaincre ce Lucio de me le rendre.

— Espérons qu’il t’écoutera dans ce cas, répondit-elle sans y croire.

Ils restèrent enfermés un long moment et Tanwen eut le temps de réfléchir à ce qu’il allait leur arriver. Dans le meilleur des cas, Lucio passerait l’éponge et demanderait qu’elle paie pour son échec chez le forgeron. Dans le pire, elle risquait la mort ou bien d’être forcée de travailler dans son bordel, et cela, elle ne pourrait jamais l’accepter.

Alors qu’elle ruminait sur son sort, la porte de leur cellule finit par s’ouvrir et un groupe de Kléptars y rentra. Ils firent signe à Kléo de les suivre sans faire de résistance et refermèrent la porte derrière eux. Tanwen dut attendre encore de longues heures avant d’être appelée à son tour. À force d’être enfermée depuis si longtemps, elle avait un peu perdu la notion du temps et fut brièvement aveuglée par la lumière du jour lorsqu’ils sortirent de la maison. À en juger par la hauteur du soleil, ils étaient en fin d’après-midi.

Le groupe avança dans le quartier des Tisserands et ils arrivèrent rapidement devant la Coupe Pleine. Elle rentra dans la taverne qui lui était si familière et on la fit directement se rendre dans une salle privatisée. À l’intérieur, se tenait Lucio qui l’attendait impassible. Kléo était accroché sur une chaise au centre de la pièce. Il saignait du nez et avait plusieurs hématomes sur le visage.

— Pardonne-moi pour l’attente, j’avais quelques complications à régler, déclara Lucio. Avec votre incursion insensée au palais et la pagaille que vous y avez semée, vous venez compliquer les affaires. Mais je dois dire que je suis impressionné, jamais je ne vous aurais cru capable de réaliser un tel exploit.

Tanwen scruta la pièce du regard. Elle n’avait qu’une seule issue gardée par deux gros bras. Trois autres hommes dont Boris étaient présents, ce qui rendait toute tentative de fuite impossible. Elle posa son regard sur Kléo qui était mal en point. Sa respiration était saccadée et une de ses paupières avait doublé de volume. Pourtant, il gardait la tête haute et le regard fier.

— Comment vous nous avez trouvés ?

— Allons, je connais tout le monde dans cette ville. Après ta disparition, il m’a simplement suffi de faire suivre ton ami Finn sans qu’il ne le remarque. Comme quoi j’ai bien fait de laisser ce gredin en vie, je savais que tu finirais par le retrouver. Je me faisais du souci pour toi, Tanwen, tu sais ? Ajouta-t-il d’une voix mielleuse et forcée. J’avais peur qu’il te soit arrivé quelque chose d’horrible entre les mains de ces barbares.

Il désigna Kléo du doigt et quelques rires fusèrent parmi les hommes présents dans la salle.

Tanwen savait qu’elle devait la jouer fine si elle souhaitait se tirer de ce mauvais pas et elle s’efforça d’afficher l’air le plus indifférent possible.

— Je vois, répondit-elle. Vous a-t-il dit ce que vous vouliez savoir ?

— Hum, pas vraiment, une histoire à dormir debout d’un pyromane mythique prêt à réduire Dérios en cendre. En revanche, cette chose a l’air de particulièrement l’intéresser.

Lucio sortit le médaillon que Kléo avait récupéré dans les coffres du palais et le fit tournoyer quelques secondes autour de son doigt.

— Comme tu le sais, je n’ai rien à ce que de nouveaux groupes s’installent en ville. Mais ces derniers doivent en retour faire un geste pour montrer, disons, leur bonne volonté à coopérer. Au lieu de cela, voilà qu’ils s’en prennent à des clients de longue date et provoquent la famille royale pour voler un vulgaire bijou.

— Puisque je vous dis que l’on n’est pas venu voler votre commerce ! Et puis cet homme ne voulait clairement pas travailler pour vous ! Lui cria Kléo.

Lucio fit un signe à Boris qui s’avança et le frappa en plein visage. Kléo grimaça et laissa échapper un léger grognement.

— Je ne crois pas t’avoir donné la parole, il me semble. Où en étais-je ? Ah ! Oui ! Le médaillon. Je vais le garder en compensation, c’est un bel objet après tout. Mais me voilà bien embêté, malgré toutes mes menaces, il refuse de me dire où se trouve le reste de sa bande. Que vais-je bien pouvoir faire de lui ? Tanwen as-tu une idée ?

— Dès que l’on aura mis la main sur Ignis, l’on repartira et vous n’entendrez plus jamais parler de nous. Je vous en prie, ne commettez pas une telle erreur, dit Kléo.

Lucio leva la main et Boris le frappa une seconde fois. C’était clairement un piège et il attendait sa réponse avec impatience.

— Le tuer ne vous servira à rien, dit-elle. Je ne crois pas qu’il soit venu vous concurrencer. Peut-être pouvez-vous l’échanger aux autres membres de son groupe contre une rançon ?

Il soupira de déception.

— Je n’ai pas besoin d’argent, ce dont j’ai besoin, c’est de personnes fiables sur lesquelles je peux compter lorsque les choses se gâtent. Es-tu quelqu'un de fiable Tanwen ?

— Bien sûr que oui, je le suis.

— Eh bien, dans ce cas, prouve-le !

L’un des hommes sortit un couteau et le planta sur une table devant Kléo.

À cet instant, elle comprit ce que Lucio avait en tête et son idée la terrifiait. Elle regarda de nouveau autour d’elle en quête d’une sortie, mais la porte était toujours barrée par ses gardes. Si elle était assez rapide, elle pouvait se jeter sur la lame, trancher les liens de Kléo et espérer en planter quelques-uns… Non. Ils avaient largement le temps de réagir et ils se feraient juste tuer tous les deux. Il lui fallait un autre plan, et Tanwen n’en voyait aucun.

Comme elle prenait son temps pour réfléchir, Lucio s’impatienta.

— Je te donne une seule chance, Tanwen. Prends ce couteau et tue cet homme pour moi. Je saurais alors si tu m’es toujours loyal.

Tanwen baissa la tête, s’avança lentement et prit l’arme de la table. Elle ne voyait toujours pas d’issue et, pendant un moment, elle y songea. Elle ne connaissait Kléo que depuis deux jours et elle ne pouvait pas dire que sa mort la chagrinerait. Si cela pouvait lui permettre à elle et Finn de rentrer en vie.

Il était mal en point et avait déjà reçu de nombreux coups. Elle posa la lame contre son cou et leva les yeux. Son regard croisa celui de Kléo, mais elle n’y vit pas de pitié. Au contraire, elle y vit de la vie et surtout un air noble, un air qu’elle n’avait vu nulle part ailleurs et surtout pas parmi les Kléptars.

— Ce n’est pas la personne que tu es, murmura-t-il. 

Ses paroles résonnèrent dans son esprit comme un coup de marteau sur une enclume. Tanwen recula et lâcha son arme.

— Je ne peux pas, murmura-t-elle doucement comme si elle se parlait à elle-même.

Lucio grimaça et donna un ordre à Boris que Tanwen n’entendit pas. Ce dernier s’avança et la bouscula violemment, ce qui la fit tomber par terre. Il ramassa le couteau et se retourna vers Kléo. Elle croisa une nouvelle fois son regard et il lui sourit.

Alors que Boris allait lui infliger le coup de grâce, il se libéra subitement des liens entravant ses bras et bloqua la lame contre ses avants bras. Il donna un puissant coup de poing dans le ventre de Boris, en plein sur sa récente blessure, et ce dernier grimaça de douleur en tombant à genoux. Kléo en profita alors pour lui subtiliser sa dague et commença à défaire les liens de ses jambes. Les autres Kléptars réagirent aussitôt et se jetèrent sur lui. Kléo fut plus rapide. Il parvint à se libérer et esquiva leurs attaques en plongeant sur le côté. Il fonça ensuite sur l’un de ses assaillants et évita sa lame avant de le frapper violemment à la gorge. Un filet de sang en jaillit et l'homme s'effondra. Kléo ramassa son épée et se tourna vers ses adversaires.

Le Brûlé continuait de lutter avec acharnement sous le regard médusé de Tanwen. Malgré son état, il se battait avec fougue en tenant ses adversaires en respect et en les repoussant un à un. Il commençait même à avoir l’avantage sur ses opposants dont le nombre diminuait à vue d’œil. Tanwen avait d'abord été trop ébahie pour faire quoi que ce soit, se contentant de le regarder éliminer les Kléptars, uns à uns. C’est lorsqu’elle se dit enfin qu’elle devait l’aider que Tanwen sentit quelqu’un l’agripper par-derrière et poser une dague contre son coup.

— Ça suffit ! Cria Lucio.

Les combats s’arrêtèrent et ils tournèrent tous la tête dans sa direction.

— Pose ton arme ou la fille meurt.

Kléo sembla hésiter. Tanwen essaya de se débattre, mais Lucio resserra son étreinte et un léger filet de sang fusa le long de sa gorge.

— Je t’ai dit de lâcher ton arme.

Voyant que la situation était sans issue, Kléo obtempéra et laissa tomber son glaive sur le sol. Depuis sa position, Tanwen pouvait voir Boris s’approcher discrètement par-derrière. Lucio lui plaqua une main sur la bouche pour l’empêcher de le prévenir. Elle poussa une suite de cris ténus, et Kléo la regarda sans bouger comme s'il était parfaitement au courant de la situation.

— Sauve cette cité, souffla-t-il en souriant.

Alors Boris s’avança et lui trancha la gorge.

Tanwen était sous le choc. Elle aurait souhaité crier, hurler, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Elle avait le regard perdu sur le corps sans vie de Kléo qui saignait abondamment. Son cerveau refusait de croire que c’était la même personne avec laquelle elle discutait encore quelques heures auparavant dans sa cellule. La même personne qui s'était battue avec tant d'ardeur et de rage. De même qu’elle n’entendit pas Lucio donner des ordres à ses hommes, elle ne réagit pas lorsqu’on la poussa sans ménagement hors de la pièce. Tout ce qu’elle ressentait était un sentiment d’incompréhension et d’injustice. Pourquoi lui ? Il n’avait rien à voir avec la cité, il n’était même pas de Dérios ! Il avait simplement voulu venir en aide à un commerçant et Lucio l’avait tué aussi froidement. Bien sûr, elle avait entendu de nombreuses histoires horribles à son sujet, mais c’est la première fois qu’elle était témoin d’un meurtre de sang-froid.

Par-dessus tout, elle ressentait de la honte. Tanwen s’en voulait. Elle s’en voulait de n’avoir rien pu faire pour l’aider alors qu’il se trouvait juste en face d’elle. Elle aurait dû tenter quelque chose, n’importe quoi ! Cela aurait sûrement mal fini, mais elle aurait eu le sentiment de s’être battue jusqu’au bout et pas celui d’avoir lâchement abandonné comme elle le vivait à présent.

On la raccompagna jusqu’à sa cellule où Finn l’attendait l’air inquiet.

— Ça va ? Comment ça s’est passé ?

Tanwen ne répondit pas et alla s’asseoir dans un coin en se recroquevillant.

— Qu’est-ce que vous lui avez fait, bande d’enfoirés ! Cria Finn aux hommes qui repartaient déjà de la pièce.

Il la laissa seule quelques minutes, le temps de se remettre de ses émotions, puis s’approcha d’elle pour la consoler.

— Ça va aller ?

— C’est Kléo... Ils l’ont tué.

Ces mots raisonnèrent lourdement dans la cellule et laissèrent un silence en suspens pendant quelques secondes avant que Finn ne reprenne.

— Dans ce cas, nous ne devons pas rester ici plus longtemps. J’ai un plan, mais je vais avoir besoin de ton aide. Est-ce que tu t'en sens capable ?

Tanwen était toujours abattue, mais elle ne pouvait pas rester à se morfondre éternellement.

— Je t’écoute, répondit-elle avec le plus de confidence qu’elle pouvait donner.

— J’ai eu le temps de réfléchir, vois-tu, ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans cette prison. Je suis même certain d’y avoir déjà mis plusieurs fois les pieds.

Tanwen se souvint que Finn avait toujours eu un problème avec l’autorité. Il ne supportait pas de travailler pour qui que ce soit et cela lui avait causé bien des torts, notamment vis-à-vis des Kléptars. Ils le laissaient en vie uniquement parce que Tanwen intervenait toujours en sa faveur. Pas sûr que cela soit encore le cas désormais.

— Super, et après ?

— Eh bien, il se trouve que la dernière fois, ils m’ont enfermé dans la cellule d’à côté sans m’enlever ma paire de crochets que je cache toujours sur moi. Je m’en suis servi pour m’enfuir et j’en ai caché deux sous la paille au cas où.

— Très malin.

— Il faudrait juste qu’un incident ne pousse l’un de nous à s’y rendre.

Tanwen sourit, Finn ne changerait jamais.

— Très bien, dit-elle, attendons la nuit dans ce cas et tirons-nous d’ici.

Ils patientèrent encore quelques heures et Tanwen mit le plan en action. Ils se levèrent et Finn lui fit un signe de tête pour lui dire qu’elle pouvait commencer.

— Tu as tout fait foirer ! À cause de toi, il ne nous reste plus rien ! Cria-t-elle en le poussant contre le mur.

— Ha oui ! Et comment vous seriez rentré sans moi !? Rétorqua-t-il. Je te signale que si l’on avait suivi mon plan, on n’aurait certainement pas atterri ici !

— Tu sais faire que ça, des plans et des plans. Et quand on a besoin de ton aide, tu fuis toujours la queue entre les jambes !

— Vraiment !? Et le coup des thermes ? Qui a fait demi-tour, car elle ne savait pas nager ?!

— Ça n’a rien à voir !

— Je vois que tu juges les autres, alors qu’au final, la brave Tanwen ne serait qu’une lâche.

Sa provocation l’énerva plus que ce qu’elle l’aurait cru et Tanwen le frappa au visage. Finn s’effondra. Il se relevait péniblement lorsqu’un homme entra en hurlant.

— C’est pas bientôt fini, ce boucan !

Il ne l’écouta pas et se rua sur Tanwen la plaquant au sol.

— Oh ! Arrêtez-vous !

Il sortit ses clefs en vitesse et entra dans la cellule en dégainant son arme.

— Contre le mur !

Tanwen et Finn arrêtèrent de se battre et s’écartèrent.

— Est-ce que vous pouvez me dire ce que c’est que ce cirque ?

— Demandez au nabot puisqu’il croit tout savoir ! Répondit Tanwen.

— Je ne vais pas perdre mon temps à lui expliquer, elle ne comprendrait pas de toute façon, répliqua Finn.

Ils firent mine de se jeter dessus de nouveau l’un l’autre, et le geôlier les arrêta.

— Ça suffit ! Toi là ! Dit-il en désignant Finn. Tu viens avec moi.

Il l’enferma dans la cellule d’à côté et sortit en déclarant :

— Et maintenant, si j’entends encore le moindre bruit, ça va barder ! Lucio m’a interdit de vous faire du mal pour ne pas abîmer la marchandise… Le geôlier jeta un regard obscène en direction de Tanwen… Mais il saura pardonner un ou deux os cassés, j’en suis certain.

Il remonta l’escalier en riant, satisfait de sa propre mise en scène.

Quelques minutes après qu’il soit parti, Tanwen murmura :

— Pssst Finn, tu les as trouvés ?

Pour toute réponse, elle n’entendit qu’un grincement métallique et la porte de sa cellule s’ouvrit. Finn en sortit tout joyeux avec un énorme hématome sur le visage.

— Tu frappes fort, on te l’a déjà dit ? Dit-il en se massant la joue.

Il déverrouilla rapidement sa cellule et tous deux grimpèrent silencieusement à l’étage. Les gardes étaient dans une discussion bien arrosée et ne les remarquèrent même pas passer silencieusement dans la pièce à côté d’eux. Tanwen et Finn traversèrent encore une série de couloirs avant de déboucher dans la rue et de sentir la fraîcheur de la nuit sur leurs visages. Ils devaient faire vite, les gardes ne tarderaient certainement pas à se rendre compte de leur disparition et bientôt, ils auraient la moitié de la ville à leur trousse.

— Rentrons chez nous, lui dit Finn. On y passera la nuit et l’on prendra un bateau dès demain matin pour quitter la ville.

— Non, ils t’ont suivi pendant plusieurs jours, ils savent forcément où tu as dormi. Il nous faut un endroit où aucun de nous deux n’est allé depuis un moment.

Ils se regardèrent droit dans les yeux avant de répondre ensemble :

— L’orphelinat !

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Talharr
Posté le 20/07/2025
Hello,
Tanwen se retrouve maintenant dans un bourbier sans nom...
Franchement j'aime beaucoup ce personnage.
La mise en situation de l'interrogatoire est réussie. On pense que peut-être Kléo va les sortir de là mais c'était trop dur...
A voir si elle va se joindre à la quête de Minos et de feu, Kléo.

Quelques remarques :
"C’était un coin tranquille, pas connu par grand monde" -- sinon peut-être juste : "peu connu"

là juste pour les émotions :
"— Ce n’est pas qui tu es, murmura-t-il.

Ses paroles résonnèrent dans son esprit comme un coup de marteau sur une enclume. Tanwen recula et lâcha son arme.

— Je ne peux pas, murmura-t-elle doucement comme si elle se parlait à elle-même."
J'ai trouvé que elle rend son arme peut-être trop vite. Ajouter une petite hésitation ou une pensée interne ça pourrait être sympa. Pour que le moment de tension dure un peu plus longtemps :)

"C’est Kléo, ils l’ont tué" -- "C'est Kléo... ils l'ont tué" , plus d'impact.

"Il faudrait juste qu’un incident me pousse l’un de nous à s’y rendre" -- le "me" en trop.

"Ha oui ! Et comment vous serez rentré sans moi !? " -- "vous seriez"

A la suite :)
Scribilix
Posté le 20/07/2025
Hola,
Et oui c'est la fin pour Kléo. Il aura néanmoins servit de guide et d'inspiration pour Tanwen. En tous cas content que tu aies apprécié ce chapitre et merci comme d'habitude pour les fautes :)
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