Chapitre XI : De fer et de boue

Son plan s’était déroulé comme il l’avait prévu. Alors que le gros des forces de Dérios s’attendait à une attaque sur Brys, Sirius avait ordonné à trois de ces légions de se rendre à Laxis afin de traverser l’Ydra plus au nord. Les quelques gardes chargés de surveiller la frontière ne s’attendaient pas à voir débarquer autant d’hommes de Spyr. Ces derniers n’eurent pas le temps de détruire le pont avant leur arrivée et se replièrent sans demander leur reste. Ce fut donc sous une pluie battante et sans la moindre opposition que les légions de Spyr pénétrèrent dans le royaume de Dérios.

Malgré tout, Sirius regrettait l’absence de Gladius à ses côtés. Il aurait aimé revoir le vieux général qui lui avait été son instructeur autrefois et lui avait tant appris. Mais ce dernier refusait de reconnaître l’autorité d’Atrius et de ses sbires. Il lui avait fait savoir qu'il ne comptait pas participer à une guerre qu’il jugeait sans intérêt. Il soupira tout en contemplant le restant de ses hommes traverser le pont en bois au-dessus du fleuve. Nul doute qu’une fois tout cela terminé, il serait contraint de se rendre en Astrie pour y faire le ménage, et cette idée ne l’enchantait guère.

Dès que le dernier légionnaire posa le pied sur la terre ferme, Sirius donna sans attendre l’ordre de progresser plus en avant dans le territoire de Dérios afin d’y établir un campement. Il prit soin d’envoyer des éclaireurs dans les environs pour le tenir informé des mouvements ennemis. Maintenant que l’Ydra était derrière lui, il devait impérativement fortifier sa position en attendant que le reste de son armée qui avait servi de leurre en Brysie ne le rejoigne. S’ils avançaient suffisamment vite, deux choix s’offraient à lui. Soit marcher sur Éphis à l’Ouest ou continuer vers Ortie à l’Est. Une fois l’une de ces deux cités majeures tombée, la voie vers Dérios lui serait ouverte. Néanmoins, Balwin n’allait certainement pas rester sans rien faire. À sa place, Sirius chercherait l’affrontement au plus vite tant que le gros de ses légions est encore à Spyr.

Sirius connaissait mal le tempérament de son adversaire. Son nom n’était pas couvert d’éloges par quelconques faits d’armes et il ne l’avait guère entendu plus d’une fois ou deux lors des réunions du Conseil des Flammes. Cependant, il savait que le sous-estimer serait une terrible erreur. Il était assez âgé et avait eu le temps d’acquérir bien plus d’expérience que Sirius dans sa glorieuse mais encore jeune carrière militaire. Il regretta une fois de plus que Gladius ne soit pas avec lui, ses conseils étaient toujours précieux et pertinents.

Alors que Sirius tournait en rond en réfléchissant à la meilleure stratégie à adopter, Liam entra dans sa tente accompagné par deux autres gardes du Palais.  

— Si c’est encore pour votre histoire de Brûlée en fuite, non, mes hommes ne l’ont toujours pas retrouvée, déclara directement Sirius en levant à peine la tête de la carte du royaume de Dérios qu’il tenait entre les mains.

— Je venais simplement m’assurer que vous vous en teniez au plan, répondit Liam.

Sirius posa la carte sur une table derrière lui. Après leur mission à Mitrium qui avait valu à Liam le grade de capitaine de la Garde, Atrius avait décidé de faire de lui l’aide de camp attitré de Sirius pour la campagne à venir. Une belle façon de garder un œil sur ses actions jusqu’à la fin du conflit.

— Je vous ai déjà dit que le plan d’Atrius était de la folie, soupira-t-il. Remonter vers Brys équivaudrait à foncer tête baissée vers un désastre, et vous le savez. Ne vous en faites pas, la victoire sera notre si vous me laissez faire les choses à ma façon.

— Pourtant, j’ai l’impression que vous n’êtes pas très investi dans votre mission. Comment se fait-il qu’aucun de vos hommes ne soit parti traquer les fuyards que nous recherchons ?

— Sans aucune autre information, cela aurait été une perte de temps, rétorqua-t-il. Nous ne pouvons pas nous permettre d'éparpiller nos forces pour retrouver une prisonnière. J’ai déjà dépêché des éclaireurs dans les environs. Si jamais ils la retrouvent, je vous ferai signe.

Liam s’avança alors d’un air menaçant.

— J’espère que vous n’avez pas oublié pour qui vous faites cette guerre. Que tout cela va bien plus loin que votre petite personne et votre couronne.

Sirius lui répondit nullement impressionné :

— Pyra en personne m’a chargée de gagner cette guerre et sans moi, Atrius serait incapable d’y parvenir. Alors ne faites surtout pas l’erreur de vous mettre en travers de mon chemin. Est-ce bien clair, capitaine ! ?

Il avait volontairement insisté sur son grade pour le remettre à sa place. Liam le dévisagea froidement avant de reculer.

— N’allez pas croire que vous êtes irremplaçable. Si jamais vous commencez à servir vos propres intérêts, alors nous trouverons quelqu’un d’autre pour accomplir ceux de Pyra.

Sur ce, il sortit de la tente les deux autres gardes sur les talons.

Sirius soupira avant de se laisser tomber lourdement sur sa chaise. Il tolérait de moins en moins leur présence. Il avait du mal à tolérer la présence de qui que ce soit d’ailleurs. Seul Pyra lui manquait, mais la déesse ne lui était pas réapparue depuis cette douce nuit qu’ils avaient partagée. Elle attendait sûrement qu’il fasse ses preuves pour se montrer digne d’elle. Sirius était bien décidé à gagner cette guerre. Il rentrerait alors sur Spyr avec ses légions pour se débarrasser d'Atrius et diriger la cité avec Pyra à ses côtés. Il ressentait toujours comme un manque au fond de lui depuis qu’on l’avait dépossédé de l’amulette en bois qu’il portait depuis l’enfance. Mais ce manque commençait à s’atténuer, car pour la première fois, Sirius avait un but, une raison d’être. Sa déesse lui avait promis un destin glorieux et il était bien décidé à le saisir.

Il fallut un peu moins d’une semaine pour qu’une dizaine de légions supplémentaires ne les rejoignent. Durant ce temps, Balwin avait repositionné son armée plus au nord sans tenter aucune offensive sur leur camp retranché. Tout était en ordre pour la suite des opérations et Sirius ordonna à ses hommes de se mettre en route vers Éphis. La région était relativement plate et dépourvue de larges forêts. Sirius était convaincu que ces légions entraînées et disciplinées auraient l’avantage sur un terrain dégagé. C’est pourquoi il poussa à l’affrontement en cherchant avec acharnement l’armée de Balwin. 

Comme dans toute campagne militaire, il s’écoula plusieurs jours durant lesquels les deux armées se tournèrent autour et se cherchèrent sans se trouver. Aucune d’entre elles n’était sûre de la position de l’autre. Balwin semblait vouloir éviter l’affrontement et attendre d’avoir une position plus avantageuse. De son côté, Sirius ne pouvait pas lancer le siège d’Ephis. La ville n’était pas particulièrement défendue, mais il ne souhaitait pas débuter l’assaut sans avoir la certitude qu’une armée ne viendrait pas le flanquer durant l’opération. En même temps, plus il tardait à prendre une décision et plus les lignes de logistique devenaient compliquées à maintenir. Ses hommes risquaient de manquer de vivres et les ressources de la campagne environnante ne suffisaient pas à maintenir une armée de cette taille. Les rapports des éclaireurs étaient confus et se contredisaient sur l’emplacement ainsi que le nombre de troupes dont disposait réellement Balwin. L’agacement et l’agitation commençaient d’ailleurs à croître dans l’armée et tout particulièrement parmi les gardes du Palais qui les accompagnaient, et cette fichue pluie n’arrangeait rien. Sirius aussi en avait assez de jouer à chat. C’est pourquoi il fut ravi d’apercevoir enfin des troupes de Dérios au beau milieu d’une plaine à un demi-lieu à peine d’Ephis.

Aussitôt, le son grave des cors de guerre retentit et les légions se mirent en position de combat. Ne voulant laisser aucune opportunité de fuite, Sirius donna l’ordre à sa cavalerie de s’apprêter à flanquer l’armée adverse tandis que ses hommes se mirent à avancer vers leur cible. Les hommes de Dérios étaient beaucoup moins nombreux, et ils furent surpris de voir débarquer l’armée spyrienne dans leur dos. Mais au grand étonnement des spyriens, ils ne battirent pas en retraite. Bien au contraire, les Déris soufflèrent trois fois dans leurs cors avant de former une ligne de lancier compacte prête à recevoir l’assaut.

Le choc fut brutal. Depuis sa position en haut d’une colline, Sirius assistait à la rencontre et les cris ténus des combats lui parvenaient jusqu’aux oreilles. Les manubalistes s’avérèrent particulièrement redoutables, transperçant boucliers et armures. Mais ces armes nécessitaient de reposer sur un piquet planté dans le sol pour pouvoir viser correctement. Et dans la mêlée, il leur était impossible de tirer sous peine de faucher leur allié. C’est pourquoi leurs utilisateurs durent vite s’en défaire pour passer à l’épée ou la lance. Quand il jugea le moment opportun, Sirius ordonna à sa cavalerie de charger. Le choc renversa plusieurs rangées de soldats, dévastant les lignes ennemies. Toutes les cartes étaient de son côté, aucune armée sur le continent ne pouvait résister à un choc pareil et tenir tête à des légions professionnelles.

Mais malgré tout, les Déris ne flanchèrent pas. Ils se battaient comme des lions, résistants aux assauts massifs des légions. Sirius pouvait clairement apercevoir en première ligne des soldats avec de larges épaulettes et des capes noires qui se battaient avec acharnement, montrant l’exemple au reste de leur armée. Ils parvinrent même à faire reculer ses forces par endroit.

— Des Brûlés, commenta sobrement l’un des gardes du palais à ses côtés.

— Ils ne font que retarder leur fin, répondit un autre officier à proximité.

En effet, malgré leur rage, leur nombre diminuait à vue d’œil et les Déris étaient complétement submergés. Dans moins d’une heure, la victoire serait sienne, estima Sirius. C’est alors que des cors retentirent sur sa gauche. Il aperçut à l’orée d’une forêt une ligne brillante aux oriflammes bleues et blanches se former. Il s’agissait de la cavalerie lourde de Dérios qui venait d’apparaître sur son flanc gauche. Du haut de son siège de commandement, Sirius pesta. Évidemment, comme il le redoutait, il n’était tombé que sur l’arrière-garde de l’armée de Balwin. Le gros de ses forces n’était pas encore engagé dans la bataille.

Derrière la troupe de cavalerie, il aperçut alors un large groupe de fantassins qui se dirigeait également vers le lieu des combats. Sirius n’avait que peu de temps pour réagir.

— Formez une ligne de lanciers sur la gauche ! Cria-t-il.

Son ordre fut aussitôt transmis par clairon et bannière et une ligne se forma effectivement sur le flanc gauche de ses légions, juste à temps pour recevoir la charge de cavalerie lourde de Dérios. La plupart des cavaliers furent stoppés, mais le choc déstabilisa une bonne partie de son dispositif. Les renforts adverses en profitèrent alors pour se faufiler dans la brèche ainsi créée. Les Déris qui étaient jusqu’alors encerclés redoublèrent d’ardeur en voyant leurs alliés venir leur prêter main forte.

— Envoyez la réserve ! Cria Sirius en voyant que la situation était en train de lui échapper.

Les deux légions jusqu’ici passives se dirigèrent alors vers les combats et permirent d’éviter que son front ne s’effondre. Mais la situation était toujours tendue et il n’avait absolument aucune idée de qui avait l’avantage.

Les combats faisaient rage dans toute la plaine et les heures passaient sans qu’un seul des deux camps ne flanche. Sirius avait enfin aperçu le commandant ennemi. Balwin se tenait sur sa monture de l’autre côté de la plaine, entouré par ses gardes personnels. Il devait reconnaître qu’il était doué, dès que Sirius donnait l’ordre à sa cavalerie de se retirer pour charger de nouveau le flanc droit adverse, il faisait exactement la même chose, mais sur son flanc gauche. Dès qu’il repositionnait une légion pour l’envoyer sur une autre partie du front, il faisait de même pour le contrer. De toute façon, plus la journée avançait et plus il devenait compliqué de diriger quoi que ce soit. La stratégie laissait alors la place au désordre. Seule parlait la force brute, la ténacité et le moral des hommes qui les poussaient contre tout bon sens à continuer cette boucherie.

La pluie s’était remise à tomber, transformant peu à peu la terre en boue. Le tonnerre grondait et déchirait le ciel tels un écho aux hurlements de rage qui raisonnaient dans la plaine. Le temps lui-même avait quelque chose d’irréel. Les nuages s’accumulaient au-dessus des combats tandis que le vent et la pluie redoublaient d’intensité entre chaque fracas du ciel. Bien qu’il n’y avait aucun feu à l’horizon, Sirius sentit sa présence. Il savait que Pyra les observait en ce moment même. Voire peut-être, toutes les divinités du continent. D’ailleurs, il n’était pas le seul, chaque soldat présent ce jour-là comprit à sa façon que cette bataille avait quelque chose de spécial. Que son issue n’affecterait pas uniquement deux royaumes, mais le sort du continent tout entier.

N'y tenant plus, Sirius fit quelque chose qu'il ne faisait d'ordinaire qu'en cas d'extrême nécessité. Il se leva de son siège en bois et ordonna à sa garde rapprochée de se préparer à entrer dans la bataille. Ses hommes étaient surpris par de telles déclarations, mais sans attendre leur réponse, Sirius se dirigea vers sa monture.

— En êtes-vous sûr ? Lui demanda Liam alors qu’il s’apprêtait à grimper sur un magnifique cheval blanc.

— Ne le vois-tu donc pas, Liam ? Les dieux nous jugent. Pyra elle-même n’attend que de nous voir nous illustrer dans la bataille. Tu as enfin l’occasion d’honorer dignement ta déesse.

— Ce n’est pas ça qui m’inquiète, je donnerais volontiers ma vie pour elle. Mais qui va commander notre armée si vous mourrez au combat ?

— Cela n’arrivera pas, Pyra me protégera. 

N’ayant rien à rétorquer à cela, Liam acquiesça et partit grimper sur sa monture. Dès que l’ensemble hétéroclite formé de légionnaires, d’officiers et de gardes du Palais fut prêt, ils commencèrent à descendre de leur colline et à se diriger vers la bataille.

Sirius avait choisi de viser le flanc gauche qui était le plus en difficulté. Il avait espoir que le fait de voir leur général à leur côté redonnerait du courage à ses troupes. Les chevaux accéléraient l’allure au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient des combats. La pluie et le vent l’aveuglaient, mais il s’en fichait. Il n’entendait que les bruits de respiration de sa monture lancée à pleine vitesse et l’ardeur des combats qui l’appelait. Alors qu’il n’était plus qu’à quelques centaines de mètres, il dégaina son arme et la leva au-dessus de sa tête. Il se mit à crier à pleins poumons, bientôt suivi par le reste de son groupe. La foudre tomba au moment même où ils percutèrent avec fracas un groupe de fantassins ennemis. Son entrée ne passa pas inaperçue et les légionnaires à proximité crièrent de joie à la vue de leur chef. Mais Sirius ne voyait rien et n’entendait rien. Perdu dans une frénésie guerrière, il se contentait d’avancer toujours plus en avant en tailladant tout ce qui passait à sa portée. Le temps semblait se ralentir et lui-même ne savait dire depuis combien de temps, il était entré dans la mêlée. Mais son corps et son cheval commençaient à fatiguer, et alors qu’il se trouvait au milieu des lignes ennemies, un coup de lance bien placé transperça sa monture et le fit tomber au sol.

Il se releva avec peine, étourdit par le choc. Il lui sembla entendre plusieurs cris de panique s’élever dans ses rangs. Mais Sirius n’en était pas sûr, tout ce qu’il pouvait discerner actuellement n’était que la boue, le fer et le sang. Il ramassa son arme et para de justesse un coup qu’allait lui asséner un Déris. Celui-ci le poussa violemment en arrière d’un coup de pied au torse, lui faisant lâcher son arme et s’écrouler au sol. Une pluie de flèches s’abattit alors à l’endroit où se trouvait Sirius une fraction de seconde plus tôt, transperçant l’homme de toutes parts. Il attrapa un glaive qui traînait au sol et se releva de nouveau. Cette fois, il pouvait mieux discerner les Spyriens des Déris qui s’affrontaient dans un chaos complet. Il aperçut Liam en proie avec deux d’entre eux quelques mètres plus loin. Il voulut lui porter assistance, mais au milieu de la mêlée se dressa face à lui un soldat avec une longue cape noire et une large épaulette. Sirius s’arrêta sur le visage étrange et la petite flamme qui y étaient dessinés avant de relever la tête. Aucun doute, c’était un Brûlé. L’homme était plus âgé que lui et portait une cicatrice au visage, Sirius sut d’instinct que c’était un combattant aguerri. Son armure était maculée de boue et de sang et il voulait sûrement mettre fin à tout ceci en rapportant la tête du général adversaire.

— Approche ! Lui cria Sirius bien que le bruit des combats couvrît en partie sa voix.

L’homme sembla comprendre, car il s’élança en avant et le frappa avec son arme. Ils croisèrent le fer pendant quelques secondes. Sirius n’était pas non plus une recrue sans expérience et réussit à tenir le rythme. Mais son corps lui semblait toujours aussi lent et il finit par commettre une erreur. Le Brûlé profita de son ouverture pour dévier sa lame et lui transpercer le ventre. Il cracha un filet de sang et tomba à genoux tandis que son adversaire retirait son arme. Il sentit le contact froid de sa lame sous sa gorge et l'homme arma son coup pour en finir.

Au milieu de la boue et des corps jonchant le sol, Sirius leva les yeux et regarda vers le ciel. Celui-ci rugissait et tourbillonnait sur lui-même comme s’il s’apprêtait à avaler la plaine tout entière. Il fit alors quelque chose qu’il n’aurait jamais cru faire un jour. Il ferma les yeux et se mit à prier. Dans un murmure, il implora Pyra de lui venir en aide.

En l’espace d’une seconde, il sentit alors un feu et une rage de vaincre brûler au fond de lui. Son corps retrouva sa vitalité et il rouvrit ses yeux qui étaient maintenant rouges comme la braise. Sirius cria en levant son arme, qui s’embrasa subitement et il para le coup fatal qu’allait lui asséner le Brûlé. L’homme recula par surprise, mais ne se laissa pas déstabiliser bien longtemps avant de revenir à la charge. Cette fois, Sirius se sentait au meilleur de sa forme. La blessure dans son ventre s’était miraculeusement refermée et il arrivait à suivre ses mouvements sans difficulté, virevoltant avec son épée enflammée au milieu des combats. Leur danse dura de longues secondes. Ils croisèrent le fer dans un ballet frénétique où chacun laissait exprimer sa rage sans aucune retenue, fauchant à l'occasion tout soldat qui avait la malheureuse idée de se mettre en travers de leur échange. Sirius voyait bien que son adversaire commençait à faiblir. Ce dernier avait déjà dû enchaîner de longues heures de combat et il était étonnant qu’il puisse encore se battre avec tant d’ardeur. Les deux hommes se firent face, prêts à en découdre dans un ultime assaut, lorsque des cris lui parvinrent sur sa droite.

Sirius tourna la tête et vit un groupe de cavaliers de Dérios charger dans leur direction en renversant tous les soldats, y compris les alliés, sur leur passage. Le choc les obligea à se séparer, mettant ainsi un terme à leur combat. Sirius réussit par chance à éviter les cavaliers qui passèrent juste à côté de lui avant d’être stoppés nets par une formation compacte de légionnaires quelques mètres plus loin.

Le chaos était total et, avec son arme flamboyante, Sirius constituait toujours une cible de choix au milieu des combats. Mais ce qui l’inquiétait était le moral de ses hommes. Une partie d’entre eux ne l’avait toujours pas revu depuis qu’il était tombé de son cheval et la rumeur de sa mort risquait de se répandre jusqu’à l’autre bout du front. C’est alors qu’il aperçut au loin un étendard de Spyr qui gisait au sol. Sirius se fraya un chemin en tailladant tous les Déris qui se mirent sur sa route. Il attrapa l’étendard rouge et jaune de Spyr sur lequel était brodée une salamandre et le leva bien haut, au-dessus de lui.

— Légionnaires ! À moi ! Cria-t-il.

Tout en criant, il continuait de se battre, repoussant les assauts avec son épée enflammée dans une main et l’étendard dans l’autre. À force de cris et d’ardeurs, il réussit à rassembler autour d’une lui plusieurs légionnaires qui formèrent une formation compacte pour le protéger.

— En-avant ! Hurla-t-il à ses hommes.

Les légionnaires avancèrent dans une synchronisation parfaite, galvanisés par leur chef. Ils repoussaient tous les Déris sur leur passage qui commençaiten à prendre la fuite devant ce mur de bouclier et de lances infranchissables. Ils avancèrent encore et encore toujours sous les cris et les encouragements de Sirius. Sous la pression, le front adverse finit par se disloquer. Les soldats de Dérios s’enfuirent dans la plaine, abandonnant leurs armes pour certains en espérant ainsi sauver leur peau. À cet instant, Sirius sut que la bataille était gagnée. Ce qu’il restait de l’armée adverse tint bon encore quelques instants avant de s’effondrer à son tour et de sonner la retraite. La victoire était sienne, mais à quel prix ? Ils avaient subi de lourdes pertes et tous ses hommes étaient à bout de force.

Son épée s’arrêta subitement de brûler et Sirius sentit toute la tension qu’il avait accumulée retomber d’un seul coup, si bien qu’il faillit s’évanouir. Il aurait aimé donner l’ordre de poursuivre les fuyards, mais ni lui ni ses hommes n’étaient en état d’entreprendre quoi que ce soit. Il peinait à tenir debout et s'appuyait de tout son poids sur l'étendard pour tenir debout. C'est alors qu'il sentit des mains l'attraper et le surélever au-dessus de la foule. Des cris de victoires raisonnèrent dans la plaine tandis que les légionnaires surexcités transportaient Sirius de bras en bras en scandant son nom.

Pourtant, Sirius n’avait pas grand-chose à voir dans le dénouement de cette bataille. Sans l’intervention de Pyra, il serait sûrement mort et l’issue aurait été radicalement différente. Mais c’était lui que les soldats louaient et c’était son nom qu’ils répétaient en boucle. Partout, autour de lui, il ne voyait que des visages épuisés, mais radieux. Lui-même se sentit emporté par tant d’allégresse. Il brandit bien haut une nouvelle fois l’étendard qu’il avait toujours dans les mains et cria de joie. Les soldats lui répondirent de plus belle avec autant de ferveur. Puis son regard s’arrêta sur les gardes du Palais. Ils s’étaient rassemblés dans un coin et étaient les seuls à ne pas participer à l’élan de joie qui s’était emparé de l’armée. Au milieu d’entre eux, se tenait Liam. Debout et les bras croisés, il fixait Sirius du regard en le dévisageant froidement.

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Talharr
Posté le 11/08/2025
Re,
comme tu l'as dit chapitre assez long mais qui tient en haleine. Jusqu'au bout on sait pas qui va l'emporter. La bataille est vraiment bien faites :)
J'espère qu'on verra ce fameux Gladius dont on en entend parler depuis un moment. Il semble intéressant aha
Sirius lui ça y est il veut que Pyra maintenant aha il va faire une Ignis ^^
Et je commence vraiment à avoir de sacré doutes sur le collier. L'amulette qui doit arrêter Ignis devait se trouver à Spyr, Hmmm, ce qui voudrait dire qu'il est sorti de Spyr et qu'il y retourne :)

Les retours :) :

"Sirius soupira tout en contemplant le restant de ces hommes traverser le pont en bois" -- "ses"


"que Gladius ne soit pas avec lui, ces conseils étaient toujours précieux et pertinents" -- "ses"

"Spyr avec ses légions pour débarrasser d'Atrius" -- "se débarrasser"

"de s’apprêter à flanquer l’armée adversaire" et "Les renforts adversaires" -- "adverse" et "adverses" pour les deux

"qu’il puisse encore se battre avant tant d’ardeur" -- "avec"

"les Déris sur leur passage qui commençait " -- "commençaient"

Et juste ce passage : "Sur ce, il sortit de la tente les deux autres gardes sur les talons" -- j'ai pas compris d'où sortait les deux gardes, tu en parles pas avant quand liam arrive.

Voilà à la suite ;)
Scribilix
Posté le 12/08/2025
Salut, je suis content que tu ai apprécié la bataille. Encore une fois c'est l'un des chapitres dont je suis le plus satisfait. Pour Gladius, son nom reviendra par la suite. Et l'amulette tu seras rapidement fixé.
Je corrige la phrase, j'ai oublié de mentionner que Liam entrait avec deux gardes.
A plus,
Scrib.
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