La matinée se poursuivit tandis qu’Elwyn et Nahira continuaient leur discussion. La jeune fille fut surprise de découvrir à quel point Elwyn possédait des connaissances avancées en magie, surtout pour quelqu’un qui n’était pas lui-même magicien.
Le jeune garçon, lui, fut assez impressionné par l’énergie qu’elle déployait, par la rapidité avec laquelle elle changeait de sujet pour ensuite revenir sur le premier, et par les multiples expressions distinctives que pouvaient arborer le visage et le corps de Nahira. Elle lui rappelait un peu sa petite sœur, Leïna.
Entre deux passionnant sujets de conversation, ils allèrent chercher ensemble une théière à la cantine pour pouvoir se rafraîchir après avoir tant parlé.
Sur le trajet, Nahira s’arrêta quelques instants lorsqu’ils passèrent devant le dortoir des filles.
— Au fait, Elwyn, est-ce que tu savais qu’il y avait eu un incident la veille de la reprise des cours ?
Le jeune garçon se rappela alors l’Entité du Domaine du Chaos, le Lutin taquin.
— Oui, j’en ai entendu parler, d’une histoire de voleur. Pourquoi ?
— Parce qu’on n’a jamais vraiment su ce qui s’était passé, même si l’on a réussi à récupérer nos affaires.
— Ah bon ? La vice-directrice Nalinaya ne vous a rien dit à ce sujet ?
Soudainement, Nahira se tourna subitement vers lui, le regard affichant une surprise sincère.
— Comment ça ? Tu sais ce qu’il s’est passé, toi ?
— Oui, en même temps, j’ai été impliqué dans la résolution du problème.
— C’est-à-dire ? insista-t-elle, son regard se durcissant légèrement.
— Le voleur était une Entité que j’ai poursuivie jusqu’à sa cachette, où j’ai pu retrouver tous les objets qu’il avait pris, après l’avoir éliminée.
— Je vois… Attends ! C’est toi qui as retrouvé les affaires volées ?
— Oui, et c’est aussi moi qui les ai remises auprès de la vice-directrice. Pourquoi ?
— Tu savais ce qu’il y avait dedans ? demanda-t-elle d’un air grave, laissant transparaître une pointe d’incrédulité.
— Oui, comme j’ignorais ce qu’il venait de voler et ce qu’il avait déjà dérobé auparavant, j’ai regardé à l’intérieur de ses trois sacs afin d’en connaître le contenu et ainsi pouvoir les restituer correctement.
— Donc, si je comprends bien, tu as vu le contenu du sac du dortoir des filles.
À ces mots, une série d’images de sous-vêtements féminins traversa furtivement l’esprit d’Elwyn.
— En effet, et vu son contenu, j’ai jugé plus prudent de le remettre directement auprès de la vice-directrice, afin d’éviter un éventuel problème avec les filles.
Sans aucun signe annonciateur, Nahira se mit à rire aux éclats, au point de se plier en deux, incapable de contenir son hilarité.
— Hahaha… Toi… Hahaha… qui trouves… Hahaha… des sous-vêtements… Hahaha… j’aurais bien… Hahaha… voulu voir ça… Hahaha… lança-t-elle, sa voix oscillant entre moquerie et amusement sincère.
La jeune fille finit par avoir les larmes aux yeux à force de rigoler, son visage s’illuminant d’une joie contagieuse. Pendant ce temps, Elwyn restait un instant figé, ne sachant que faire, à part attendre patiemment que son interlocutrice se calme, ce qui lui prit une bonne minute.
— Qu’est-ce que vous avez tous à rire de cette histoire ? demanda-t-il finalement, reprenant doucement le fil de la conversation.
— En même temps, tu racontes ça comme si c’était parfaitement normal de trouver un sac de sous-vêtements volés dans un dortoir de jeunes filles et de le ramener comme si de rien n’était.
— En même temps, c’est ce qu’il s’est passé. Tu aurais voulu que je fasse quoi d’autre avec ? Les garder ?
À ces mots, un éclair de malice traversa le regard de Nahira. D’un geste vif, elle pointa Elwyn du doigt, comme pour souligner une vérité évidente.
— C’est ce qu’aurait fait, ou du moins tenté de faire, un garçon normal ! s’exclama-t-elle avec véhémence, une nuance de défi dans sa voix.
Elwyn cligna des yeux, un brin surpris, et chercha à comprendre l’implication de cette remarque.
— Pourquoi un garçon ferait-il ça ? Ça n’a pas de sens. Ces vêtements ne sont pas conçus pour être portés par un homme, répondit-il sérieusement.
Au moment où il prononçait ces mots, une brève image d’Elwyn essayant de mettre des sous-vêtements féminins traversa l’esprit de Nahira. Cette pensée, à la fois absurde et irrésistible, déclencha chez elle un nouveau fou rire.
— Hahaha… Arrête de… Hahaha… dire des… Hahaha… idiotités… Hahaha… pareilles… Hahaha… J’en… Hahaha… peux… Hahaha… plus… Hahaha
— Euh… Tu vas bien ? lança Elwyn d’un ton hésitant, tandis que l’instant semblait suspendu autour d’eux.
En guise de réponse, la jeune fille continua de rire, un éclat de joie sincère illuminant son visage. D’un geste léger, elle lui fit signe que tout allait bien pour elle, esquissant un sourire malicieux qui trahissait son amusement. Finalement, ses rires se firent plus mesurés et elle parvint à se calmer, laissant place à une expression à la fois espiègle et douce.
— Elwyn, il faut que tu arrêtes d’être aussi sérieux pour ce genre de chose, lança-t-elle d’une voix rieuse, sinon je risque de mourir de rire.
Le ton taquin de sa remarque se mêlait à une légère exaspération amusée, comme pour lui rappeler que, parfois, il fallait savoir lâcher prise.
— Mais c’est toi qui as commencé à rire sans prévenir, répliqua-t-il en haussant les épaules.
— Oui, mais c’est toi qui dis des choses stupides aussi, lança-t-elle, en levant les yeux avec un air à la fois moqueur et attendri.
— Comment ça ? demanda Elwyn, intrigué, cherchant à comprendre l’origine de cette pique.
— Tu crois sérieusement qu’un garçon rendrait aussi facilement un sac de sous-vêtements pour femmes s’il le trouvait par hasard et sans aucune surveillance ?
Nahira secoua la tête, ses yeux pétillants d’ironie, tandis qu’elle ponctuait sa phrase d’un haussement d’épaules désinvolte.
— Normalement, oui. C’est ce qui doit être fait. Que veux-tu qu’il en fasse d’autre ?
— Les garder pour lui et, je sais pas, faire des trucs de garçon avec !
La jeune fille ne put s’empêcher de rouler des yeux et de lancer sa remarque avec une familiarité teintée de sarcasme. Son expression trahissait à la fois l’étonnement et la conviction que certains comportements défiaient toute logique.
— C’est-à-dire ? Quel genre de truc, exactement ? demanda Elwyn, un brin perplexe, tout en cherchant à saisir le sens profond de ses paroles.
— Tu le sais très bien ! répliqua-t-elle aussitôt, avec un sourire malicieux et un clin d’œil complice, comme si la réponse était bien trop évidente.
— Euh… non, pas vraiment, avoua-t-il.
— Rhoooo, oublie ça alors et continuons, conclut-elle en riant, décidée à passer à autre chose.
Une fois la théière et deux tasses en main, Elwyn et Nahira retournèrent à la Grande Bibliothèque et poursuivirent tranquillement leur discussion.
Lorsque la cloche de midi retentit, Elwyn posa son livre sur la table avant de se tourner vers Nahira.
— Bon, il est temps d’y aller. Veux-tu venir manger avec moi ? proposa Elwyn.
— Si c’est aussi gentiment proposé, je ne vais pas refuser.
Tous deux se levèrent, quittant la quiétude studieuse de la bibliothèque pour rejoindre le tumulte convivial de la cantine.
Sur la route, ils finirent par croiser Loyd, Arimélia et Sylaria.
— Alors, comment s’est passée la matinée pour vous ? demanda Elwyn.
— Sûrement pas aussi bien que la tienne, lança Loyd d’un ton taquin, son regard se posant sur Nahira avec un petit sourire en coin qui en disait long.
La jeune fille prit alors l’initiative de se présenter auprès de ces trois camarades.
— Enchantée de faire votre connaissance, je m’appelle Nahira. Je suis en troisième année et je fais partie de la classe spéciale.
La sincérité de sa présentation, mêlée à la douceur de son sourire, captura l’attention du petit groupe. Surpris par cette prise d’initiative et charmés par sa franchise, les trois camarades échangèrent un bref regard avant de lui répondre tour à tour.
— Enchanté, je m’appelle Loyd, répondit-il d’un ton nonchalant, un sourire malicieux aux lèvres.
— Enchantée de faire ta connaissance, je m’appelle Sylaria, répondit-elle d’un ton protocolaire.
— Enchantée de pouvoir faire votre connaissance, je m’appelle Arimélia, ajouta-t-elle, également d’un ton protocolaire.
Une fois les présentations terminées, Loyd se tourna vers Elwyn.
— Alors, t’as fini par te décider d’aller lui parler ? lança-t-il en taquinant gentiment son camarade.
— Oui, en même temps, un mois, ça commençait à faire long.
— Euh… De quoi vous parlez au juste ? demanda la princesse Sylaria, totalement perdue.
— Oh, rien. Juste que cette fille n’a pas arrêté de le surveiller depuis un mois, et qu’il ne voulait pas que j’intervienne.
— En même temps, tu n’es pas du genre à résoudre ce genre de problème de manière pacifique, lui fit remarquer Elwyn.
— Oh, ça va, un peu d’intimidation n’a jamais tué personne.
— Sauf que ça ne donne pas envie de venir te voir ou te reparler après, avec tes sales manières, répliqua Sylaria.
— Pfff ! s’exclama Loyd, avant de donner un coup de pied à une petite pierre sur le chemin.
À cet instant, Nahira baissa légèrement les yeux, visiblement un peu honteuse.
— À ce propos, j’aimerais pouvoir m’excuser si j’ai pu vous déranger d’une quelconque façon, dit-elle d’un ton doux, empreint d’une sincérité désolée.
— Ne t’inquiète pas pour lui, c’est un spécialiste quand il s’agit de se plaindre, surtout quand il n’a pas mangé, rassura la princesse Sylaria.
— Bon, vu que les présentations sont faites, et si on allait manger ? proposa Elwyn.
Ainsi, les cinq camarades franchirent la porte de la cantine, où l’ambiance chaleureuse se mêlait aux effluves alléchantes des plats fraîchement préparés. D’un pas léger, ils se dirigèrent vers le comptoir, prirent leurs assiettes et se servirent soigneusement, chacun suivant ses habitudes. Une fois sûrs d’avoir tout ce dont ils avaient besoin, ils se rendirent à leur table habituelle, où Nahira, d’abord hésitante, finit par s’installer aux côtés d’Elwyn.
Les discussions autour de la table tournèrent naturellement autour de Nahira, qui raconta la même chose qu’à Elwyn concernant ses intentions, ainsi que ses déboires avec ses camarades de promotion.
— Je vois… C’est vraiment terrible qu’ils en arrivent à te faire ça, déplora la princesse Sylaria.
— En même temps, les gens n’aiment pas les « mademoiselle je-sais-tout et je-sais-tout-faire » qui les corrigent à longueur de journée, fit remarquer Loyd d’un ton sarcastique.
Cette remarque lui valut aussitôt un regard foudroyant de la part de Sylaria.
— Nahira, oublie ce qu’il vient de dire. Ce n’est qu’un idiot impoli, incapable de se mettre à la place des autres, rétorqua-t-elle sèchement.
— Tsss… fit Loyd en claquant la langue.
Un court silence gênant s’installa autour de la table, avant d’être balayé par Elwyn, insensible à ce genre de tension.
— Au fait, Nahira, que comptes-tu faire après l’Académie ?
Cette question fit aussitôt briller d’excitation les yeux perçants de la jeune fille.
— Tu veux vraiment savoir ?
En guise de réponse, Elwyn hocha simplement la tête.
— Je vais partir à Ordalia pour rejoindre les rangs des Paladins.
Tous la regardèrent alors avec surprise, bien que la réaction d’Elwyn fût des plus fugaces.
— Tu veux vraiment te mettre au service du Domaine de la Justice ? demanda alors Arimélia, restée en retrait depuis leur rencontre.
— Oui. Ainsi, je pourrai mettre mes compétences au service des autres et je ne serai pas seule pour voyager et accomplir des missions.
— Je vois… C’est assez inattendu, répondit Elwyn.
— Pourquoi ça ? s’étonna Loyd face à la réaction de son camarade.
— Devenir Paladin n’a rien d’évident. Ils sont chargés de capturer et d’escorter des criminels trop dangereux pour de simples soldats, et doivent parfois affronter des Entités et des monstres bien au-delà des capacités des aventuriers. Ce n’est donc pas un travail de tout repos.
— Je sais tout ça, mais c’est la voie que je veux suivre. Quand on possède un grand pouvoir, il faut le mettre au service des autres, sinon on ne vaut pas mieux que les démons et tous ceux qui profitent de leur force et de leur statut pour abuser des plus faibles, répondit Nahira d’un ton légèrement moralisateur.
À ces mots, Loyd serra les poings, partagé entre colère et frustration.
— Hé ! Évite de te faire passer pour un modèle de vertu avec tes belles paroles, alors que tu ne connais rien du monde extérieur, répliqua-t-il d’une voix chargée d’une légère hostilité. Pourtant, il prit soin de ne pas hausser le ton, soucieux de ne pas attirer l’attention des autres tables.
— Que veux-tu dire par là ? rétorqua Nahira, tout aussi tranchante.
Elwyn, assis entre eux, se pencha légèrement en arrière pour leur laisser tout le loisir de se faire face, tout en restant attentif, prêt à intervenir si la situation dégénérait.
“Qu’est-ce qu’il prépare ? J’espère qu’il ne va pas trop la bousculer… Mais bon, vu son état actuel…“
— Une magicienne ne peut pas vaincre une Entité, même avec un entraînement rigoureux et une formation au combat rapproché. Moi, je peux te battre sans même utiliser un seul pouvoir de mon Domaine, et pourtant, je ne porte pas ton brassard blanc, déclara Loyd avec froideur.
“C’est vrai, une Entité peut utiliser son contrôle de l’éther pour empêcher un magicien de le canaliser correctement et de lancer un sort, voire même de le saboter…“
D’un simple regard, Elwyn signala à la princesse Sylaria et à Arimélia de ne pas intervenir. Il voulait voir où son camarade néphilim de la Guerre voulait en venir.
— Tu me trouves faible, c’est ça que tu es en train de me dire, néphilim ?
— En effet. Et je te trouve aussi bien arrogante pour quelqu’un qui n’ose même pas adresser la parole à un simple gars, seul et parfaitement accessible, dans une bibliothèque, ajouta-t-il.
“Il parle de moi, là ? “
Nahira plissa les yeux, ses iris perçants braqués sur lui.
— Et qu’est-ce que ça a à voir avec quoi que ce soit ? demanda-t-elle, sa voix trahissant une pointe d’agacement.
— Ça a tout à voir. Tu parles de force et de devoir comme si c’était une évidence, mais tu te caches dès que quelque chose t’échappe. Tu te crois prête à affronter des criminels et des Entités, mais tu n’es même pas capable de gérer une conversation avec un inconnu ?
“Il a raison, en tant que Paladin, elle doit pouvoir s’affirmer et faire face à tout en toute circonstance… “
Nahira ouvrit la bouche, mais aucun mot ne vint immédiatement. La remarque l’avait prise de court.
— Ça n’a rien à voir, rétorqua-t-elle finalement. Ce n’est pas la même chose.
— Ah bon ? Moi, je pense que si. Un Paladin ne peut pas se permettre de fuir la réalité. Tôt ou tard, tu devras faire face aux gens, qu’ils te plaisent ou non. Et pire encore… tu devras affronter les horreurs qu’ils ont commises. Parce que dans ce monde, les véritables monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit.
— Et toi, tu crois tout savoir du monde extérieur ? lança-t-elle, son regard brûlant de défi.
Loyd croisa les bras, son expression se fermant légèrement.
— Je n’ai jamais prétendu tout savoir. Mais contrairement à toi, je sais ce que c’est que de devoir se battre pour survivre et ce n’est pas uniquement une question de force. C’est aussi une question d’instinct, de sacrifices… et de choix difficiles. Tu te crois prête pour pouvoir faire ça ?
“Loyd, qu’as-tu déjà vu et qu’as-tu dû faire avant ? “
Un silence pesant s’abattit sur la table. Arimélia détourna les yeux, mal à l’aise, tandis que la princesse Sylaria observait la scène avec une moue contrariée.
Nahira inspira profondément, tentant d’apaiser le flot d’émotions qui bouillonnait en elle.
— Je ne suis peut-être pas prête aujourd’hui… Mais c’est précisément pour ça que je veux devenir Paladin. Parce que je veux apprendre. Parce que je veux être capable de faire ce qu’il faut, quels que soient les sacrifices, admit-elle finalement.
Loyd la fixa quelques instants, son regard indéchiffrable. Puis, lentement, un sourire en coin apparut sur son visage.
— Hmph. C’est déjà un début.
Et, sans plus de cérémonie, il se redressa et attrapa son verre pour en boire une gorgée, mettant fin à l’affrontement verbal.
Elwyn, qui avait suivi l’échange sans broncher, se redressa également.
— Bon, maintenant que vous avez fini votre petite confrontation, on peut peut-être profiter du repas ?
Loyd haussa un sourcil, tandis que Nahira, encore légèrement tendue, hocha la tête avant de détourner le regard.
— Pour une fois, je suis bien d’accord avec toi, répondit Loyd.
Un silence relatif s’installa autour de la table alors qu’ils reprenaient leur repas. Les assiettes s’animèrent à nouveau, et seule la légère cacophonie des autres convives emplissait l’air. Pourtant, la tension entre Nahira et Loyd n’avait pas complètement disparu.
Elwyn, quant à lui, mangeait avec une indifférence naturelle, comme si rien ne s’était passé. Arimélia, en revanche, jetait de temps à autre des regards inquiets vers Nahira, tandis que la princesse Sylaria affichait un air encore contrarié, probablement agacée par l’attitude de Loyd.
Ce dernier finit par briser le silence.
— Honnêtement, je me demande comment quelqu’un d’aussi rigide que toi compte survivre à Ordalia.
Nahira s’arrêta brièvement de manger avant de relever les yeux vers lui.
— Je m’adapterai, répondit-elle d’un ton ferme.
Loyd esquissa un sourire amusé.
— On verra ça.
Elwyn posa soudainement ses couverts et leva les yeux vers Nahira.
— Tu as déjà prévu un itinéraire ? Ou tu comptes improviser une fois là-bas ?
Nahira réfléchit un instant avant de lui répondre.
— Je vais partir dès que j’aurai fini ma formation à l’Académie. L’Ordre des Paladins recrute en permanence, mais ils sont exigeants. Il faut passer une série d’épreuves avant d’être accepté.
— Et si tu échoues ? intervint Arimélia, la voix légèrement hésitante.
Nahira serra les poings, puis esquissa un sourire déterminé.
— Alors je recommencerai, autant de fois qu’il le faudra.
Sylaria hocha la tête avec approbation, tandis que Loyd haussa un sourcil, comme s’il jaugeait la sincérité de ses paroles.
— T’es têtue, commenta-t-il tout en reprenant une bouchée de son plat.
— Je préfère dire persévérante, répliqua Nahira.
— C’est pareil, souffla-t-il en roulant des yeux.
Elwyn observa leurs échanges avec un air vaguement diverti avant de reporter son attention sur son assiette.
— Bon, tant que tu as un plan, c’est l’essentiel, conclut-il.
Finalement, le reste du repas se déroula dans un calme relatif, chacun reprenant un semblant de conversation plus légère. Pourtant, d’une certaine manière, Elwyn avait trouvé cette dernière altercation plutôt divertissante.