Chapitre XI : Nahira - Partie III

Les cours de l’après-midi se déroulèrent sans encombre pour tout le monde et, comme à l’accoutumée, Elwyn et Loyd terminèrent leur entraînement à l’infirmerie avant de se séparer.

Loyd rejoignit le professeur Ezekiel, tandis qu’Elwyn retrouva Arimélia, assise sur son banc. Une fois la princesse Sylaria arrivée auprès de la demi-dragonne, il se dirigea finalement vers Nahira, installée sur la première terrasse de la Grande Bibliothèque.

— Alors, comment s’est passé ton entraînement ? demanda-t-elle.

— Comme d’habitude, pas assez bien pour rivaliser avec lui. Mais bon, je suppose que le professeur Ezekiel lui donnera de quoi se défouler.

Le visage de Nahira s’orna d’un rictus amusé.

— Tu parles, il finit toujours dans le même état que toi après vos entraînements.

— C’est vrai, mais au moins, il s’amuse.

— Et toi ?

— Pas spécialement. Mais comme j’ai besoin de savoir me battre pour plus tard, je peux me passer de la notion de plaisir.

Nahira haussa un sourcil, croisa les bras et observa Elwyn avec une pointe d’incrédulité.

— Tu peux te passer du plaisir de combattre, mais alors pourquoi t’entraîner avec autant d’acharnement ? Je doute que ce soit uniquement pour la simple maîtrise.

Elwyn s’adossa nonchalamment contre la rambarde de pierre de la terrasse, jetant un regard pensif vers l’horizon.

— Parce que je n’ai pas le luxe de ne pas savoir me défendre.

Nahira le scruta un instant, cherchant à deviner ce qui se cachait derrière cette réponse.

— Tu parles comme si ta survie en dépendait.

Elwyn tourna son regard vers elle, impassible.

— Ce n’est pas le cas pour tout le monde ?

Un silence s’installa entre eux. Nahira soutint son regard, cherchant à percer cette façade énigmatique qu’il arborait si naturellement.

— Peut-être, admit-elle enfin. Mais il y a une différence entre savoir se battre pour survivre et s’entraîner méthodiquement sans jamais y prendre goût.

Elwyn haussa légèrement les épaules.

— Le plaisir du combat, c’est un luxe appartenant au Domaine de la Guerre. Les gens normaux s’entraînent pour la puissance, d’autres, comme moi, par simple nécessité.

Nahira l’observa encore un instant, puis laissa échapper un léger soupir.

— Un vrai mystère, toi.

Un silence complice s’installa alors que Nahira laissait son regard dériver sur la lumière dorée du soleil couchant, caressant avec douceur la pierre de la Grande Bibliothèque. L’éclat ambré du crépuscule offrait une atmosphère paisible, presque intime, contrastant avec l’animation qui régnait ailleurs dans l’Académie.

— Et sinon, tu viens ici pour te reposer ou encore t’enfoncer dans tes lectures ? demanda-t-elle d’un ton plus léger et légèrement taquin.

Elwyn détourna les yeux du paysage et posa son regard sur la pile de livres soigneusement empilés à côté d’elle.

— Un peu des deux, admit-il. Et toi ?

Nahira haussa un sourcil, un éclat amusé dans le regard.

— Je me détends… mais aussi, j’observe.

Elwyn croisa les bras et la scruta avec curiosité.

— Tu observes quoi ?

— Toi, répondit-elle simplement.

Il arqua un sourcil, sans montrer aucun signe de gêne.

— Depuis un mois, précisa-t-elle avec une pointe d’amusement.

Elwyn ne répondit pas tout de suite, la fixant un instant comme s’il tentait d’évaluer la véracité de ses propos. Puis, dans un geste tranquille, il secoua doucement la tête.

— Et ?

Nahira appuya son menton contre sa main, ses yeux toujours rivés sur lui, l’air faussement songeur.

— Et je n’arrive pas à te cerner.

Elwyn imita alors sa pose.

— C’est peut-être que tu cherches trop.

— Ou alors, c’est toi qui es particulièrement difficile à comprendre, rétorqua-t-elle, son regard affûté cherchant une faille dans sa façade impassible.

Il resta silencieux un instant avant de tourner les yeux vers le ciel, comme s’il pesait le pour et le contre d’une réponse plus franche.

— Peut-être bien, murmura-t-il finalement.

Un léger vent souffla sur la terrasse, soulevant quelques mèches des cheveux sombres de Nahira qui balayèrent légèrement son visage. Elle les replaça machinalement derrière son oreille avant de se redresser. Puis, avec une nonchalance feinte, elle attrapa un livre posé à côté d’elle avant de le déposer avec soin sur la table.

— Bon, puisque tu es là à ne rien faire d’intéressant, autant m’accompagner.

Elwyn haussa un sourcil.

— Pour faire quoi, au juste ?

Nahira se leva souplement, s’étirant légèrement comme un félin sortant de sa torpeur.

— Je vais m’entraîner.

Elwyn l’observa d’un air sceptique.

— Oh… Et ? Tu veux que je te serve de cible mouvante pour tes sorts ?

Nahira lui lança un regard faussement innocent.

— Maintenant que tu le dis, ce serait une bonne idée. Ton camarade néphilim m’a bien agacée ce midi, il faut donc que je fasse sortir tout ça de ma tête, sinon je risque de créer une Entité, plaisanta-t-elle.

Elwyn soupira, mais un éclat d’amusement traversa brièvement son regard.

— Je vais regretter d’être venu ici, pas vrai ?

— Probablement, admit-elle sans le moindre remords.

— Je vois…

— Allez, suis-moi.

Sans attendre sa réponse, Nahira se dirigea vers le vestiaire du terrain d’entraînement pour se changer, puis quitta l’enceinte de l’Académie en quête d’un endroit plus isolé.

Elle s’arrêta finalement à la lisière d’un petit bois, loin des regards indiscrets et du brouhaha des étudiants. L’endroit était calme, parfait pour un entraînement improvisé.

Elwyn, quant à lui, la suivit d’un pas tranquille, son allure nonchalante contrastant avec la détermination évidente de Nahira.

— Je peux savoir quel type d’entraînement tu comptes faire exactement ? demanda-t-il d’un ton mesuré.

Nahira se retourna légèrement vers lui, un sourire au coin des lèvres.

— C’est simple, je veux tester ma précision et mes compétences physiques, répondit-elle avec assurance.

Elwyn haussa un sourcil, visiblement peu rassuré par l’idée.

— Et tu comptes tester ça sur moi ?

Nahira rit doucement, un éclat joueur dans le regard, avant d’adopter un ton faussement rassurant.

— Ne t’en fais pas, je viserai à côté.

— Hm… J’ai du mal à être convaincu, murmura-t-il, s’arrêtant à une distance raisonnable d’elle.

Nahira ne répondit pas immédiatement. Elle fit tournoyer sa dague dans sa main avant de la saisir fermement, pointant le cristal d’éthérite incrusté dans le pommeau en direction d’Elwyn.

— Prêt ?

Elwyn soupira longuement.

— Non.

— Parfait.

Et sans attendre, Nahira lança son premier sort.

Une sphère d’air compressé jaillit de sa dague et fusa vers Elwyn avec une vitesse impressionnante. Son instinct réagit avant même qu’il n’ait le temps de réfléchir, et il pivota brusquement sur le côté, évitant de justesse l’attaque qui alla s’écraser contre un arbre derrière lui, faisant vibrer son tronc sous l’impact.

Il tourna lentement la tête vers Nahira, qui arborait un sourire satisfait.

— … J’aurais dû m’en douter, lâcha-t-il, exaspéré par l’attitude de la jeune fille.

Nahira haussa les épaules d’un air innocent.

— Allez, encore une fois. Et cette fois, essaie de bouger un peu plus vite.

Elwyn soupira, mais son regard changea légèrement. Son air détaché fit place à une concentration plus marquée.

— Très bien… Mais si je riposte, ne viens pas te plaindre.

Un éclat malicieux passa dans les yeux de Nahira.

— J’attends de voir ça.

Elle leva alors sa dague, concentrant son éther avec plus de précision. Cette fois-ci, ce ne serait pas un simple tir d’essai. Elle bondit en avant, tranchant l’air d’un mouvement vif, et fit apparaître plusieurs projectiles tourbillonnants, faits de vent tranchant.

Elwyn se tendit immédiatement, prêt à bouger à tout moment.

“Bien. Si elle voulait un vrai entraînement… elle allait l’avoir. “

Les projectiles foncèrent sur lui depuis plusieurs angles. Plutôt que de simplement les esquiver, Elwyn prit appui sur le sol, exécutant un mouvement rapide et fluide pour se repositionner hors de leur trajectoire immédiate. Mais Nahira ne le laissa pas souffler.

À peine eut-il évité la première salve qu’elle enchaîna avec une attaque plus ciblée, dirigeant ses projectiles avec plus de finesse, les faisant courber leur trajectoire pour le forcer à un mouvement plus complexe.

Elwyn fronça légèrement les sourcils.

— Tu ne plaisantes pas, hein ?

— Tu pensais que c’était une blague ? lança Nahira, un sourire plein de défi.

Elle pivota rapidement sur elle-même, frappant le sol avec sa dague et générant une onde d’air propulsée droit vers lui.

Elwyn ne perdit pas un instant. Il fléchit légèrement les genoux, analysa l’attaque, puis bondit avec une grande agilité, exécutant une roulade aérienne pour atterrir juste hors de la zone d’impact. Mais à l’instant où ses pieds touchèrent le sol, Nahira était déjà sur lui, sa dague rengainée.

D’un mouvement rapide et mesuré, elle tenta un coup vers sa poitrine. Elwyn, anticipant l’attaque, leva la main et attrapa son poignet, immobilisant la jeune fille dans son élan. Leurs visages se retrouvèrent alors à quelques centimètres l’un de l’autre.

Nahira sourit.

— Pas mal.

Elwyn ne broncha pas.

— Je sais.

Il la relâcha, et elle recula d’un pas, reprenant aussitôt son offensive.

L’échange continua ainsi, l’un testant les limites de l’autre. Elwyn se défendait avec une précision méthodique, esquivant avec une fluidité qui trahissait une grande maîtrise du combat physique. Nahira, elle, se montrait inflexible, enchaînant les attaques avec une discipline et un instinct que l’on ne retrouvait que chez les combattants expérimentés.

Finalement, après une heure de duel entrecoupé de courtes pauses pour souffler, Nahira s’arrêta brusquement, le souffle court mais les yeux brillants.

— Tu es meilleur que ce que je pensais.

Elwyn haussa un sourcil.

— Et toi, tu n’es pas juste une mage.

Nahira essuya son front du revers de la main, reprenant son souffle avec un sourire satisfait.

— Tu croyais que je ne faisais que lancer des sorts ?

— Disons que tu es bien plus polyvalente que ce à quoi je m’attendais.

— Alors que toi, tu ne t’es servi à aucun moment de tes capacités d’Entité et que tu sembles avoir encore pas mal de choses en réserve.

L’espace d’un instant, une étincelle d’amusement apparut dans le regard d’Elwyn.

— En même temps, le combat serait inégal si je pouvais annuler tes sorts et si je m’éclipsais dans le Plan Éthéré pour te prendre par surprise ou éviter tes attaques au dernier moment. Et toi non plus, tu n’as pas tout donné.

Un silence s’installa entre eux, non plus gêné, mais marqué par une nouvelle compréhension mutuelle. Puis, Nahira se redressa et s’étira.

— Ça te dirait qu’on recommence demain ?

Elwyn la fixa un instant avant de détourner son regard vers le ciel, qui s’était assombri.

— Je risque peut-être de le regretter… mais pourquoi pas…

Nahira éclata de rire, visiblement ravie, et ils quittèrent ensemble ce terrain d’entraînement improvisé pour une bonne douche dans les vestiaires, avant de retourner à la Grande Bibliothèque, où ils rejoignirent Arimélia et la princesse Sylaria.

Dong

La cloche annonçant le repas du soir finit par retentir, et ensemble, ils se dirigèrent vers la cantine, où Loyd les rejoignit peu après.

Le dîner se déroula comme à l’accoutumée, dans une ambiance animée et conviviale, bercée par les conversations et les éclats de rire. Les plateaux se vidaient peu à peu tandis que les discussions allaient bon train.

— Alors, comment s’est passé votre petit rendez-vous ? demanda la princesse Sylaria avec un sourire en coin, jetant un regard tour à tour à Elwyn et Nahira.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Princesse, répondit simplement le jeune garçon.

Nahira se mit alors à ricaner.

— Rhooo, Princesse Sylaria, vous exagérez, soupira Arimélia en secouant la tête, visiblement exaspérée.

— Bah quoi ? On les a vus partir tous les deux hors de l’Académie après les cours. Il y a de quoi se poser des questions, non ? rétorqua la princesse, l’air amusé.

Loyd, l’air intrigué, posa son regard sur son camarade néphilim.

— Et donc ? demanda-t-il avec curiosité.

— Quoi ? Elle m’a juste traîné hors de l’Académie pour s’entraîner à la magie et au combat au corps à corps, se défendit calmement Elwyn.

Loyd haussa un sourcil, croisant les bras sur sa poitrine.

— De l’entraînement, hein ? fit-il d’un ton sceptique.

— Tu peux demander à Nahira si tu veux, répondit Elwyn en haussant les épaules.

La concernée leva les mains, faussement innocente.

— Oh, je confirme ! Il a transpiré comme jamais, surtout quand je l’ai forcé à esquiver mes sorts à bout portant.

— C’est censé me défendre, ça ?

Nahira lui adressa un sourire malicieux.

— Absolument pas.

— En tout cas, vous devez être bien fatigués après tout ça, en déduisit Loyd.

— Justement, je comptais pouvoir profiter d’un peu de calme…, ajouta Elwyn.

Sylaria ne l’entendait pas de cette oreille et s’approcha avec un sourire espiègle.

— Attends, attends… Tu veux dire que Nahira t’a traîné dehors, vous vous êtes battus, et tu n’as même pas riposté avec tes capacités d’Entité ?

— C’était un entraînement, pas un duel à mort, précisa Elwyn.

Nahira croisa les bras et hocha la tête.

— Il voulait me laisser une chance, tu comprends ?

— Comme c’est chevaleresque, se moqua Sylaria.

Discrètement, Arimélia roula des yeux, visiblement lasse de cette discussion.

— En tout cas, il y a forcément quelque chose de plus intéressant derrière tout ça, ajouta Loyd.

— Désolée de te décevoir, Loyd, mais non, répondit Elwyn.

— Attends, attends ! Peut-être qu’il ne s’est rien passé aujourd’hui… Mais qui sait ce qui arrivera la prochaine fois ?

Elle accompagna sa phrase d’un clin d’œil complice.

Elwyn secoua la tête, préférant ne pas répondre, tandis que Nahira, amusée, s’étira nonchalamment.

— On verra bien, se contenta-t-elle de dire avec un sourire énigmatique.

Une fois le repas terminer, tous allèrent se coucher, sauf Elwyn et Nahira qui retournèrent dans la Grande Bibliothèque.

Une fois installés là-bas, un chat écarlate bondit sur la table où se trouvaient les deux jeunes gens. Sorti du Plan Éthéré, l’animal aux prunelles luisantes fixa Elwyn de son regard perçant, comme s’il jaugeait le garçon avant d’accomplir sa mission.

— Un messager éthéré ! s’exclama Nahira, les yeux brillants d’intérêt.

Elwyn, lui, n’eut pas le temps de réagir. À peine le félin avait-il atterri qu’il se transforma en une volute de fumée écarlate, tourbillonnant quelques instants avant de se dissiper dans l’air. À sa place, un message était apparu sur la table, inscrit d’une fine écriture familière.

 

Félicitations, Elwyn !

Tu as réussi à envoyer ton messager éthéré jusqu’à la maison. Grâce à cela, tu vas enfin pouvoir nous écrire et nous envoyer de tes nouvelles. Nous sommes impatients de pouvoir te lire.

Nous sommes très fiers de toi. Continue comme ça, mais veille à ne pas en faire trop non plus. Prends soin de toi.

Tu nous manques à tous.

Ophélia, Volden et Leïna

 

Elwyn sentit un certain soulagement après avoir lu ces quelques lignes et laissa échapper un léger soupir, avant de lever les yeux vers Nahira.

— J’ai finalement réussi.

Nahira cligna des paupières, mettant un instant à assimiler ce que venait de dire le jeune garçon.

— Tu as réussi à envoyer ton messager jusqu’à chez toi ? demanda-t-elle, avec une légère tinte de surprise dans sa voix.

— Oui, c’est bien ça.

Sans prévenir, la jeune fille attrapa les mains d’Elwyn et plongea son regard dans le sien, un sourire sincère illuminant son visage.

— Mes félicitations, je savais que tu y arriverais.

— Merci à toi, répondit le jeune garçon machinalement, encore un peu surpris par son enthousiasme.

Il baissa brièvement les yeux vers leurs mains entrelacées avant de relever le regard vers Nahira, intrigué par cette réaction spontanée. Cette dernière, réalisant soudainement la situation, relâcha doucement les mains du jeune garçon. Un court silence, légèrement gênant, s’installa alors entre eux.

— Désolée… murmura-t-elle.

— Il n’y a pas de mal.

Nahira détourna rapidement les yeux, ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille, comme si ce simple geste pouvait dissiper l’embarras. Elwyn, lui, haussa légèrement les épaules avant de reporter son attention sur le message laissé par le messager éthéré. Ses doigts effleurèrent les lettres tracées d’une écriture familière.

— Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu de nouvelles d’eux, confia-t-il d’une voix plus calme.

Nahira, désormais plus à l’aise, lui adressa un sourire sincère.

— Alors, tu comptes leur répondre tout de suite ?

Elwyn hocha simplement la tête.

— Avant de me coucher. J’ai déjà quelques lettres prêtes à leur envoyer, répondit-il tout en repliant soigneusement le message avant de le ranger dans la poche intérieure de sa veste.

La jeune fille s’étira et jeta un regard vers les vastes étagères regorgeant de livres.

— Dans ce cas, que dirais-tu d’une petite lecture ? J’ai repéré des ouvrages répertoriant une multitude d’objets magiques, et je suis sûre que ça pourrait t’intéresser.

— Et tu oses appeler ça « une petite lecture » ? Dis plutôt que tu veux rêver en faisant une liste de courses hors de prix.

Nahira haussa les épaules, amusée, avant de l’entraîner entre les allées de la bibliothèque. Leurs pas résonnèrent doucement sur le sol tandis qu’ils s’enfonçaient entre les rayonnages, laissant derrière eux la table où, quelques minutes plus tôt, un simple message avait ravivé un lien précieux.

Dehors, la nuit s’installait doucement, enveloppant la Grande Bibliothèque de son manteau étoilé. Et quelque part, bien au-delà de ces murs, une famille allait bientôt savoir qu’Elwyn allait bien.

_________________________

Et ainsi, une toute nouvelle routine s’installa avec l’arrivée de Nahira dans le groupe. Si son intégration s’était faite avec un certain naturel, elle avait pourtant transformé, sans même s’en rendre compte, le quotidien de chacun.

La jeune fille avait pris l’habitude de veiller tard le soir avec Elwyn dans la Grande Bibliothèque. Tous deux partageaient de longues heures entre lectures, discussions parfois animées ou simples silences complices, bercés par le grattement des plumes sur le papier et le crépitement discret des lanternes magiques. Ce rituel silencieux, né presque par hasard, était devenu un moment de calme qu’ils semblaient apprécier tous les deux, loin de l’agitation de la journée.

De fait, Nahira se levait plus tard le matin, dormant souvent jusqu’à ce que les couloirs de l’Académie soient déjà bien animés. Elwyn, de son côté, s’était simplement adapté. N’ayant besoin que de cinq heures de sommeil pour être pleinement opérationnel, il poursuivait sa routine sans peine. Il avait simplement pris l’habitude de lui mettre de côté de quoi manger.

Son arrivée avait également apporté un certain équilibre au reste du groupe. La princesse Sylaria, désireuse de progresser autant dans la maîtrise de la magie que dans les cours standards, avait trouvé en Nahira une partenaire d’entraînement à la fois sérieuse, patiente et exigeante. Avec elle, Sylaria découvrait une approche plus directe, plus exigeante aussi, qui l’obligeait à se remettre en question. Il lui arrivait même de se demander, non sans amusement, si Nahira n’était pas simplement une version féminine et un peu plus humaine d’Elwyn.

Cette nouvelle dynamique avait libéré Arimélia de son rôle d’accompagnatrice, lui permettant de profiter de certains après-midis rien que pour elle.

Quant à Loyd, plus pragmatique, il avait accepté de s’entraîner de temps à autre avec Nahira. Leur duo atypique fonctionnait étonnamment bien, car la précision méthodique de Loyd contrastait parfaitement avec l’instinct félin de Nahira. À son contact, il apprenait à mieux contrôler l’éther environnant pour neutraliser des sorts en plein combat. Il ne l’admettait pas forcément à voix haute, mais ces séances lui étaient, malgré tout, particulièrement bénéfiques.

Ainsi, sans bouleverser les équilibres, Nahira avait trouvé sa place, apportant avec elle un souffle nouveau. Et si chacun avait conservé ses habitudes, une complicité discrète, parfois imperceptible, avait commencé à tisser entre eux des liens plus solides qu’ils ne l’imaginaient eux-mêmes.

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