Clémence de la météo ou partition du Maestro, le temps changea dès le premier jour des jeux démocratiques libres. Le soleil ne se montrait pas encore dans son entièreté, mais on devinait déjà sa puissance derrière la barrière nuageuse, qui se réduisait. Cette nouvelle présence obligeait toute la population devant cette manifestation insolite à plisser les paupières sitôt qu’elle mettait un pied dehors. C’est le constat qu’effectua Valéri, équipé d’une simple casquette d’ombre à filtrage modulable assortie à ses vêtements de couleur terne.
C’était un jour exceptionnel. Il devait utiliser une voie de transport, dont il n’était pas coutumier, pour se rendre dans la branche ouest. Là où logeaient Uriel et son psy. C’était aussi l’ouverture des portiques de sécurité qui permettent à tous les habitants de circuler ou bon leur semblaient.
Cette liberté provisoire créait une véritable frénésie pour une grande partie de la population, qui se faisait un devoir d’aller festoyer dans tous les secteurs durant la période. Ils ne rentraient chez eux qu’à la toute fin, voir finissait en cellule après s’être retrouvé bloqué dans une zone qui ne leur était pas autorisée, une fois les portiques refermés.
Le régime s’était doté d’une réponse adaptée à leur intention. Il les envoyait dans des usines souterraines pour purger leur peine où ils devaient travailler pour régler leur dette à la cité du quart d’heure, la belle Étoile. La sanction paraissait efficace, car ceux qui parvenaient à en ressortir expliquaient très bien aux autres qu’il valait mieux éviter d’y aller si on voulait conserver ses deux reins. Raison dissuasive pour la totalité des habitants qui ne souhaitaient pas perdre l’usage de leurs améliorations génétiques ou implants.
Valéri, lui, ne se posait pas ce genre de question. De nature sédentaire, son rythme de vie, toujours le même, l’amenait de son travail à chez lui. Les rares occasions qu’il s’autorisa à sortir, même dans son unique branche se comptaient sur les doigts d’une main, d’une personne qui ne s’en était pas fait rajouter un sixième supplémentaire. Toute balade se transformait en découverte dont il garderait un souvenir immuable jusqu’à la fin de sa vie. En dehors des transports en commun, qui restaient les mêmes, c’est-à-dire des endroits exigus où tout le monde s’entassait le temps d’un trajet. C’est le constat qu’il réalisa, après avoir changé trois fois de rame pour gagner le secteur Ouest.
Une fois sur place, rien de particulier ne différenciait la zone. Des tours, des complexes de conforts, des usines d’assemblages, tout ce qu’il fallait pour occuper des gens sans qu’ils aient l’envie d’aller voir plus loin. Il remarqua en chemin des groupes de personnes qui se réunissaient d’ici ou là, par identité de genre, vêtus d’habits très colorés avec des kits réservés à des usages ludiques.
Il suivit les indications de son holocarte intégrée à sa casquette d’ombre pour trouver sa route. Une demi-heure plus tard, il se tenait dans la salle d’attente du docteur Zigler.
Un tout petit local, avec quatre hologrammes différents, projetés sur chacun des pans de mur, des publicités ou des spots de propagandes sans aucun lien les uns aux autres, ce qui rendait très vite un mal à l’aise. L’esprit se retrouvait happé par les quatre histoires qui se déroulaient en simultanée. Un moyen de détection à la schizophrénie se dit Valéri qui patientait sur un siège. Il essayait de ne pas se laisser distraire, pour se préparer mentalement à formuler son problème devant le praticien.
Il tenta de se rassurer.
C’était la première fois qu’il avait des hallucinations. Au vu de son âge, il entrait tout de même dans la fourchette basse en comparaison de l’ensemble de la population, se persuada-t-il.
Après un temps difficile à estimer, les représentations holographiques s’effacèrent. À la place, un visage de femme aux traits parfaits, donc synthétiques, l’appela et le sortit de ses réflexions.
– Agent de sécurité Valéri, demande de consultation d’urgence, c’est votre tour.
Monsieur et Madame étaient devenus des termes discriminatoires qui n’avaient plus lieu d’exister dans la société démocratique libre de l’Étoile.
À la vue de la salle d’attente vide, il regrettait à présent cette demande d’urgence et donc, surfacturée.
De grandes flèches apparurent sur les murs en direction d’une porte coulissante.
Il se leva pour pénétrer dans le sas, de moins en moins sûr de sa démarche. L’accès lui fut délivré, il découvrit un bureau tout ce qu’il y a de plus ordinaire, avec un fauteuil réservé à l’invité, qui devait comporter de multiples sondeurs.
Un homme l’accueillit. Valéri remarqua tout de suite sa chevelure abondante, et surtout animée de manière très subtile, mais qui la rangée dans la catégorie des implants discrets estima Valéri. Les yeux équipés de lentilles qui devaient lui fournir des indications en temps réels sur la nature de ses patients.
Il arborait le sourire du professionnel qui ne doute de rien.
— Bonjour, Valéri, entrez et installez-vous, je vous prie.
Il lui désigna le fauteuil connecté au réseau i-psy, pendant qu’il ouvrait et fermait de petits écrans holographiques justes devant lui, dont l’agent ne pouvait en distinguer que les contours.
— Je m’occupe de vous dans un instant.
Valéri prit place et réalisa aussitôt qu’il s’y sentait mal à l’aise. Il posa ses deux mains sur les accoudoirs et resta le dos bien droit pour éviter de s’y enfoncer. L’autre du s’en rendre compte et tenta de le dissuader, pour mieux se prêter à l’examen qui avait déjà débuté.
— Détendez-vous, vous ne vous trouvez pas devant un juge ni votre employeur, je suis là pour vous aider.
Valéri s’exécuta à contrecœur et prit ses aises dans le fauteuil, ce qui sembla satisfaire le praticien qui ferma les écrans avec un geste dédaigneux de la main.
— Parfait, je suis le docteur Zigler, et je vous écoute, dites-moi tout ce qui vous tracasse agent de sécurité, aujourd’hui, le bonheur est à la disposition de chacun et vous y avez droit comme tout le monde.
Valéri se demanda, un peu tard, si sa visite était bien justifiée. Il gigota un court instant et finit par afficher un léger sourire un brin gêner.
— Non, mais à présent que je me trouve ici…
L’autre sembla comprendre ce qui était en train de se passer et termina la fin de sa phrase pour lui déclarer d’un air décidé à lui faire cracher les raisons de sa présence.
— Je sais ce que vous êtes en train de vous dire, et je vous assure que vous faites fausse route.
Valéri afficha une mine étonnée.
— Ah bon ?
— Oui, vous pensez, j’ai effectué une période d’activité professionnelle intense. J’ai abusé de drogues interdites pour tenir la cadence, alors en fin de compte, c’est un peu normal si j’ai des réactions non appropriées, voir des hallucinations. Après tout c’est la première fois, il n’est pas nécessaire de s’en inquiéter ni de dramatiser la situation… Il le fixa de son regard intense aux pupilles verticales, et sourit en coin d’un air carnassier… autant rentrer chez moi, m’ouvrir une compote aux algues, comme un bon looser et attendre que cela passe.
Valéri devina que les sondeurs dans le fauteuil se révélaient très efficaces, il chevaucha la pointe d’un pied sur l’autre, et tenta de nier.
— Euh, non, je ne suis pas très compotes aux algues.
– Votre métabolisme n’est pas mauvais, je suis sûr que vous êtes quelqu’un de bien Val ’ , vous me permettez que je vous appels Val’… Puis il continua sans attendre de réponse… Vous n’imaginez pas ce que je vois défiler dans ce cabinet, alors détendez-vous et expliquez-moi ce qui vous amène, vous vous sentirez bien mieux après.
Il prit une longue inspiration et finit par se dire qu’il avait sans doute raison. Le problème c’est qu’il manquait d’assurance, dans tous les domaines de la vie courante, et pour cause. Les rares fois où il en avait usé, cela s’était retourné contre lui.
— Peut-être, mais cela reste très anecdotique en fin de compte, c’est tout simple.
Il chercha un court instant ses mots avec le souhait de ne pas exagérer l’incident.
— J’ai, dans le cadre de mon travail, du gérer deux individus qui s’en prenaient à la clientèle du magasin, en vérité, je me suis un peu focalisé sur eux j’avoue. Je les ai poursuivis pendant des heures, enfin sans succès, et c’est, une fois rentré chez moi, que je les ai revus dans mon salon en me levant ce matin. Il fit une courte pause avant de continuer. Ils étaient en train de fouiller dans ma poubelle à côté de la table. Ils bouffaient mes restes de repas, alors j’ai tenté de me défendre et je suis allé chercher une arme et quand je suis revenu, ils avaient disparu, emmenant avec eux la poubelle. Je précise j’habite au septième étage dans un bloc de la branche Est, ma porte n’a pas était fracturée. Puis conclu, j’ai du mal à affirmer si c’est une hallucination ou s’ils existent vraiment.
— Je vois, une obsession liée à votre emploi, rassurez-vous, ça devient mineur comme trouble. Ça confirme ce que je pensais de vous, Val. Vous êtes une personne qui prend son travail à cœur, c’est bien, c’est très bien, même, cela prouve que vous avez des principes solides, ce qui est plutôt rare de nos jours.
— Euh, je ne sais pas.
L’autre oscilla de la tête pour le lui signifier qu’il lui confirmer.
— Ah si je peux vous le dire, la majorité des biais cognitifs actuels proviennent de la vie privée. Tenez, là j’ai une patiente qui est persuadée d’avoir un amant, qu’elle n’a pas… Il sourit comme pour détendre l’atmosphère, convaincue que l’exemple aidera Valéri à relativiser son problème… Qu’elle cochonne celle-là, elle me vide les couilles tous les jours, mais attention ça reste dans un cadre purement professionnel. Cela fait partie de la thérapie pour bien lui faire assimiler la différence entre un fantasme obsessionnel récurrent et la réalité.
Valéri craignait de comprendre, et tenta de se renseigner.
— Et ça fonctionne, votre méthode, je veux dire ?
— Oui, avec le temps, ça finira, et rassurez-vous, il lui lâcha un clin d’œil appuyé, je ne suis pas gay. Mais revenons-en à nos deux personnages, parlez-moi de vos visiteurs, pouvez-vous me les décrire ?
— Bien sûr, euh, ils sont très similaires, de vrais jumeaux et j’avoue que, sans l’abat-jour que l’un des deux porte en permanence sur la tête j’aurais du mal à les différencier. Ils sont assez grands, blonds et vêtus de combinaison d’un bleu très spécial avec des liserés lumineux qui clignotent. Ils affichent sur leur visage un air de satisfaction perpétuel, comme si rien ne les affectait.
— Ah oui, quand même, un abat-jour, c’est peu courant en effet, en revanche, votre description me parle, et donc au magasin ils dérobent aussi les poubelles ?
— Non, c’est plus grave, ils ont tenté d’enlever plusieurs personnes, qui ont très mal vécu cette expérience.
Le docteur fronça les sourcils, le cas se révélait plus délicat qu’il ne le pensait.
— Étrange, d’habitude, les délits vont de manière crescendo dans la dangerosité, et là, ils passent de kidnappeurs à voleurs de poubelles. C’est peu courant, cela cadre mal aussi avec leur apparence liée à une forme d’insouciance sur leur visage, comme vous me l’avez notifié. Vous ont-ils parlé sur votre lieu de travail ou chez vous ?
Valéri confirma.
— Par deux fois, au magasin et chez moi. J’avoue avoir tenté d’utiliser un taser sur eux à plusieurs reprises sans aucun résultat, mais cela vient peut-être du manque d’entretien de notre matériel.
— Ah oui, tout de même, et ils sont restés joviaux, c’est plutôt rare, dites-moi leur ton était il agressif, déterminé, ou on sentait l’effet de certaines drogues dans leur manière de s’exprimer ?
— Non, ni l’un ni l’autre, ils ne paraissaient très distants des événements qu’ils engendraient, comme si cela n’avait rien de sérieux pour eux.
Le psy fit apparaître un écran devant lui, cachait à la vue de Valéri, pendant qu’il continua à le questionner.
— Et sinon, avez-vous pu échanger avec les victimes qu’ils ont tenté d’enlever, dans votre magasin, je veux dire, sans parler de votre poubelle.
Valéri se remémora d’un détail.
— Pour eux c’était plus dur et, maintenant que vous m’y faites songer, j’ai eu aussi une étrange sensation la première fois que je les ai croisés. Non, mais les personnes sont restées choquées d’ailleurs l’une d’entre elles, s’est urinée dessus, pour dire, et moi j’ai eu des troubles auditifs et visuels à leur première rencontre, je me souviens.
Le docteur tenait quelque chose.
— Un peu comme si vous étiez dans une réalité décalée ?
Valéri réfléchit un court instant et s’aperçut qu’il avait raison, autant dans le témoignage des victimes comme dans ce qu’il avait vécu.
— Oui c’est ça, le son avait disparu et le lieu était inchangé, et je me suis retrouvais seul avec eux. J’ai eu un vertige avant de les voir. Je me souviens d’une altération visuelle, enfin, la première fois, pas chez moi, mais je venais juste de me réveiller au moment de les découvrir le nez dans ma poubelle.
Il oscilla de la tête et demanda une dernière confirmation.
— Et à chaque fois, ils étaient deux, et c’étaient bien deux individus mâles, vous en êtes sur ?
— Oui c’est ça.
– Parfait, vous m’avez fait un excellent résumé Val', c’est du bon boulot. Je pense savoir ce qui ne va pas chez vous, et je tiens à vous rassurer tout de suite, il n’y a rien de grave là-dedans.
L’agent de sécurité finit par se détendre, enfin soulagé.
— Oui, c’est assez simple en vérité. Vous êtes un homosexuel refoulé, ça se devine tout de suite à votre tenue terne. Et vous avez une particularité, cher Val, c’est que vous êtes un homosexuel trans du genre xénomorphe. Vous vous identifiez à une forme peu commune, lui dit-il en lui montrant son écran qui laissa apparaître deux individus correspondant à sa description. Vous êtes un homosexuel xénogenré extraterrestre, ce qui est, il faut l’avouer, exceptionnel.
L’agent de sécurité eut l’impression d’avoir reçu un seau d’eau sur la tête.
— Pardon, je ne suis pas sûr de bien comprendre.
Le professionnel du trouble psychique lui sourit de manière condescendante.
— Votre travail vous a amené à pourchasser deux personnes qui ont fait ressurgir en vous des désirs refoulés. Votre mental a ensuite pris le relais, chez vous, pour mettre en évidence cette carence émotionnelle en les faisant réapparaître, dans votre salon. Deux hommes, qui réagissent d’une façon non agressive, viennent vous visiter, c’est assez significatif que je trouve comme vision. Vous êtes gay Val.
Valéri qui ne s’attendait pas du tout à ce genre d’explication ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit. Hétéro de nature, il n’avait jamais songé que son subconscient pouvait être attiré par les personnes du même sexe que lui, comme la tendance du tout en même temps qui régnait en maître sur la cité Étoile. Son interlocuteur, lui, paraissait catégorique.
— La période des jeux de la démocratie libre, haute en couleur, a servi de déclencheur. Et, comme vous me l’avez souligné, à moins que vous ne leur ayez remis un double de votre conapt, comment seraient-ils rentrés chez vous ? Vous aviez bien eu affaire à un sentiment refoulé.
— Je ne m’étais jamais posé la question, mais dites-moi pourquoi vous pensez à des extraterrestres et à la poubelle qu’elle est sa signification.
Il lui désigna l’écran.
— Est-ce que vous connaissez ces individus ?
Il observa la fenêtre virtuelle. Les deux personnes ressemblaient bien à ceux qu’il avait croisés, mais il ne les avait jamais rencontrés auparavant.
— Non qui sont-ils ?
— Vous ne suivez pas beaucoup l’actualité, ces deux personnages sont des Lyriens. Ils font partie de la pléiade, c’est une alliance d’espèces extraterrestre, à but non lucratif qui évolue dans nos sociétés depuis la nuit des temps. D’après de nombreux témoignages, ils ont enlevé des tas de gens. En revanche, en dehors de leur silhouette, très peu d’entre eux arrivent à se souvenir de quoi que ce soit de leur rencontre.
Valéri avait du mal à suivre.
— Vous voulez dire que les extraterrestres sont gay ?
— C’est fort possible en effet, bien que nous n’en ayons encore aucune preuve. Non, ce que je vous explique c’est que votre esprit s’est servi de leur image pour vous faire comprendre que, vous, vous êtes gay.
Cela devenait de plus en plus confus pour l’agent de sécurité.
— Des Lyriens dans mon magasin, et la poubelle qui a disparu ?
Il leva ses bras, et, dans l’intonation, il reconnut la même pensée qu’Uriel qui mettait ce détail de second ordre bien volontiers sous le tapis.
— Ah, la poubelle, j’imagine que ce n’est pas la seule que vous avez chez vous, et vous avez très bien pu la confondre, ou la descendre la veille sans en garder souvenir. Vous savez ces mille et un gestes du quotidien que notre cerveau évite d’enregistrer pour ne pas encombrer notre disque dur. Cela dit, là encore, on peut voir un message de votre subconscient, la poubelle signifie les choses impures que nous mettons de côté, et votre homosexualité refoulée est un peu du même ordre durant votre période éveillée. On peut y considérer une symbolique de la manière dont vous illustrez cette frustration, il se pencha légèrement en avant, une poubelle c’est sale, et on a qu’une envie, s’en débarrasser.
Valérie, lui, était persuadé qu’il ne l’avait pas descendu la veille. Pour une bonne raison, cela faisait partie d’une routine de vie qu’il pratiquait depuis des années, et qui consistait à ne s’en séparait que lorsqu’elle devenait trop menaçante. Il préféra pourtant ne rien rajouter à ce sujet, pour en revenir aux extraterrestres, détail qui l’intriguait bien plus.
— Mais pourquoi ils enlèvent les gens vos Lyriens ? Le magasin aurait donc à faire avec un gang de terroristes extraterrestres ? J’ai vu la tête d’un gars à qui c’est arrivé. Il est resté très perturbé, même si vous avez peut-être raison sur un point. Il devait douter de son orientation sexuelle, affirma-t-il en repensant aux mocassins d’indien et à ses cheveux longs.
Mais là encore, le professionnel de la dégénérescence mentale avait une explication toute prête
— Oula attention, vous connaissez la nature humaine. Les témoignages des gens qui ont rencontré ces fameux Lyriens ont été très médiatisés. Il ne fait pour moi aucun doute que ces rencontres ont stimulé chez certains une forme d’inspiration pour commettre leurs méfaits. Ils se font passer pour eux, afin d’abuser de la crédulité de leurs victimes qui, vous avouerez, doivent être bien ennuyées pour porter plainte contre des extraterrestres. Auquel cas, ils passeraient pour des cons, on est bien d’accord. Il est fort probable que les deux personnes que vous pourchassez dans votre magasin soient des Copycats. Ensuite votre subconscient a pris le relais et vous les a ramenés chez vous dans l’espoir de vous transmettre un message.
Valéri repensa à sa rencontre, et restait sceptique.
— J’ai du mal à me rendre compte, mais à ce dont je me souviens l’un des deux portait un abat-jour sur la tête et l’autre mangeait du poisson congelé avec un naturel difficile à imiter.
Ce qui conforta les déductions du redresseur d’esprit.
— Vous voyez bien, c’est une mise en scène absurde pour retirer tout sens commun à des objets ou de la nourriture, du quotidien et se fondre dans le rôle de leur personnage.
— Vous voulez dire que les Lyriens sont complètement cons ?
— Non ! je vous explique que les individus qui les imitent agissent de manière irrationnelle pour faire croire qu’ils sont des Lyriens !
Cette déduction pouvait rassembler une bonne partie de la population, il évita d’en parler et comprit que le praticien ne reviendrait pas sur son diagnostic capillotracté. Il tenta une dernière question.
— Et sinon, vous me conseillez quoi pour m’empêcher de voir des gens chez moi ?
— Achetez-vous des vêtements aux couleurs arc-en-ciel pour le quotidien et un string avec une muselière en cuir pour les jeux démocratiques libres, et tout irait mieux. Ah si ! j’oubliais, descendez vos poubelles plus souvent.