Chapitre XIX Offre-moi de la musique que je puisse mourir d'ivresse.

Notes de l’auteur : TW : Alcool

(1) Chanson d’Andy Black.

Save Your Tears - The Weeknd, Ariana Grande

Externe

— Jamais, tu n’arriveras à me toucher.

— Tu veux parier ?

 Son regard plein de défi lui donnait des frissons. Tu veux jouer ? On va jouer.
 Elle s’approche et entonne le refrain de son chanteur préféré à plein poumon. Elle s’explose les poumons en pensant qu’Andy Black pouvait bien lui dérober son âme, qu’elle en serait qu’encore plus fan de lui. Ribcage fait vibrer les basses et les enceintes sont comme possédées d’avoir une telle mélodie à jouer. Léna crie les paroles, les yeux ancrées dans ceux de Julien qui se délecte de la voir si heureuse. Elle hurle ce qu’elle connait par cœur jusqu’à voir son compagnon l’imiter, mais elle ne reste pas surprise très longtemps. Qui connait mieux les paroles ? On va voir ça.

 Nouveau refrain.

Nothing in the cage of my ribcage
Got no heart to break, like it that way
Nothing in the cage of my ribcage
Emptiness is safe, keep it that way
” (1)

 Il la suit toujours, étonnant. Elle saute et il ne tarde pas à la suivre d’un même geste malgré les efforts que ça leur demande.
 Les dernières notes viennent ponctuer le morceau et ils s’arrêtent le cœur battant et le sourire aux lèvres. Transpirant et heureux d’être là, ensemble.

— Tu n’es peut-être pas si idiot.

— Et toi probablement pas si crédule.

 Un rire clair, celui qu’il aimait tant.

— Aller viens, allons boire une bière.

 Elle passa son bras sous le sien et l’entraina à sa suite pour ne pas le perdre dans la foule alors que ses yeux à lui ne voyaient qu’elle.
 Son corps se mouvait avec douceur, comme par instinct, pour échapper aux groupes de danseurs. Inconsciemment, elle se calait sur la musique. Il voyait bien sa tête qui se hochait aux rythmes de la mélodie de I wanna Get lost with you de Stereophonics. Son doigt tapotait le bras qu’elle tenait près d’elle selon les tonalités de la voix puissante du chanteur. Elle n’était pas consciente de ça, mais lui si. Il la regardait à la dérobée pour ne pas se faire prendre dans cette contemplation flippante.

— Je n’aime pas tous ces trucs cucul Julien ! Ça me donne envie de vomir.

 Elle lui répétait tout le temps cela quand il lui faisait des compliments ou quand il faisait preuve de romantisme, mais lui savait. Il savait qu’elle n’était pas si imperméable à ses démonstrations d'amour, qu’elle en était juste gênée et ne savait pas vraiment comme réagir. Elle n’aimait pas quand elle le surprenait en train de la regarder, elle se sentait comme un livre ouvert qu’il parvenait à déchiffrer et ça la terrifiait. Elle se détournait rapidement et faisait rapidement une bêtise pour détourner son attention.

— Bonjour, deux bières s’il vous plait, une avec de la pêche si vous avez.

 Il y avait plusieurs stands de boissons partout sur le festival mais elle en avait choisi un assez loin d’où ils avaient dansé pour avoir un peu de calme.
 La musique battait comme un cœur à un rythme tantôt effréné, tantôt doux. Les plus grands de la chanson étaient représentés ce soir-là. On entendait des titres de groupes qui avaient disparu depuis des années grâce aux enceintes connectés sur l’estrade.
 Léna avait le regard perdu dans la foule, un très léger sourire sur les lèvres.

— À quoi penses-tu ?

— Moi ? Tu vas trouver ça ridicule.

— Non, vas-y dis-moi.

 Il s’avança vers elle qui s’était accoudé à une barrière à quelques mètres du stand de boisson. Il s’appuya comme elle, mais dos contre la barrière.

— Je trouve la situation assez paradoxale.

— Pourquoi ?

— Nous sommes dans un festival qui passe de la musique à fond la caisse, qui défonce les tympans et pourtant je trouve ça tellement romantique. Juste parce que tu es là.

 En fait, elle ne regardait pas la foule, elle regardait le ciel orangé du soir qui se profilait.  Julien en était bouche-bée. Jamais, elle ne disait de telles choses. Il en était déstabilisé. Toutefois, il approcha doucement sa main de son visage et retira une mèche de cheveux qui tombait devant ses yeux, pour la remettre derrière son oreille.

— Je suis heureux de voir que tu penses comme moi.

 Ses joues s’empourprèrent instantanément.

— Je… Je ne suis pas amoureuse de toi pour autant.

— Mais oui, mais oui, bien sûr.

 Il lâcha la boucle qu’il avait commencé à former avec ses cheveux châtains et s’approcha encore plus d’elle. Il prit son visage dans le creux de sa main droite avant de la passer derrière sa nuque.
 Il chuchota faiblement, tout près de ses lèvres.

— Et là ? Es-tu amoureuse de moi ?

— Je ne pourrais le savoir que si tu oses m’embrasser.

 Un sourire dévoilait ses dents, un sourire malicieux qui prenait sa phrase comme un défi.

— Oh ? Je crois que je peux remédier à cela.

 L’espace entre leurs lèvres ne fut plus qu’un simple souvenir.

— Je crois que j’ai réussi à te toucher quelque peu, Léna Gauthier.

— Je te déteste Julien Chevalier.

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