L’assemblée rouspète dans une confusion grandissante. On se prend à partie, on crie au coup monté, on exige de Zébédée l’identité de ses informateurs…
Derrière le volet, Valère questionne Olibée du regard. Il a l’air anxieux plutôt que stupéfait. Pourquoi ? Ils viennent d’apprendre que Mantodore le vendu fait partie de la Dissidence ! Cette farce n’a de sens que pour ceux qui l’ont écrite ; ils n’y ont joué que des rôles de figurants, et vu dans la Dissidence que ce qu’ils souhaitaient.
« SILENCE !!! »
Talma a usurpé l’autorité du juge Zébédée en subjuguant la salle. La crosse de son fusil martèle le sol de trois coups tonitruants. Le Conseil Supérieur, intimidé, laisse à l’accusé l’occasion de s’esclaffer, toujours aussi arrogant :
« J’avais les chiffres de mes usines sous les yeux, pauvres ploucs… Des barils entiers de phlogiston disparaissaient dans la nature ! Vous corrompiez mes ouvriers pour les exfiltrer, et vous les revendiez au rab sur le marché noir…
— TAIS‑TOI, beugle Talma. Tu déshonores cette Cour, chien !
— Sachons mesure garder, délibère Zébédée. Nous avons le devoir de rétablir les faits, Lynx, non seulement pour nos jurés mais aussi pour l’accusé. Élisée, dans son isolation, prend ses craintes pour des réalités… Je gage que nous pouvons convaincre chacun ici présent que l’incendie des manufactures n’était qu’un regrettable incident.
— Éminence, il essaye de noyer le poisson, proteste Talma. Tu ne devrais pas…
— Ce ne sera pas long, décide le juge d’un ton sec. Phénix ! Comparais à la barre, s’il‑te‑plaît. Tu travailles en civil dans cet atelier, j’aimerais entendre ton témoignage. »
Un dos masculin se lève parmi les spectateurs avec une lenteur désarmante. Ledit Phénix, un Diamisse à la peau cloquée et plissée, reste sans voix pendant plusieurs minutes. Talma, qui le vrille des yeux, a l’air de bouillir. Elle n’a guère apprécié le soudain revirement de Zébédée à son égard.
« Ce ne sont pas des fadaises, finit‑il par confirmer. Il y avait un trafic. »
Tumulte parmi les jurés.
« Les cartouches, on les faisait passer par le toit. La Lynx, elle payait bien. Même que c’est pour ça qu’elle m’a recruté. Je ne pensais pas à mal, Éminence, je croyais que tout le monde dans la Dissidence savait ! Mais elle en voulait toujours plus… À force de tout dégager à la va‑vite, j’ai fait tomber une batterie du treuil… et tout a pris feu.
— Je n’ai pas été informé de cette opération, s’insurge Zébédée. Lynx, tu as abusé de ta position et menti. As‑tu dit à cet agent que ces larcins avaient l’assentiment de la Dissidence ? »
Gênée, Talma digère cette disgrâce mais assume sa politique :
« Je l’avais… pour acheter des armes. Il me fallait davantage de fonds ! Si ce requin d’Élisée s’était montré moins pingre, je n’en aurais pas été réduite au recel. Le Conseil Supérieur m’a laissé toute autonomie pour chercher de nouvelles sources de revenus… pourquoi pas le phlogiston ? Je ne me souviens pas qu’on me l’ait expressément interdit, Éminence.
— Mais c’est du trafic, s’affole Zébédée. Nos agents ne sont pas des mafieux que tu peux mettre en danger comme bon te semble !
— J’ai précisément arrêté ces opérations pour leur sécurité.
— Tu parles ! Comme si on allait retravailler pour toi après ce fiasco », se rembrunit Phénix en retournant vers l’auditoire son visage ravagé.
Plusieurs Diamisses s’émeuvent des atroces brûlures qui couvrent l’homme de la tête au pied. Valère, le cœur battant, reconnaît enfin Alphée… l’homme qu’il a secouru, celui pour lequel il a caché la vérité à l’inspectrice Léonie Brabant !
« Voilà à quoi en est réduite la Dissidence, s’amuse Mantodore. Et on s’étonne que j’en sois parti ! Je vous ai financé dix ans ! Et maintenant, vous allez m’égorger… Belle récompense.
— Si tu nous soupçonnais de te court‑circuiter, il aurait suffi de nous en parler, se lamente Zébédée. C’était l’acte d’un agent isolé ! Nous ne pouvons pas surveiller tout le monde !
— Certes pas, Éminence… Mais tu peux punir les coupables après‑coup. C’est cette petite excitée qui a commencé, non ? »
Talma ouvre la bouche pour la refermer aussitôt, stupéfaite : de nombreux Diamisses l’insultent à voix basse, se désolidarisent de ses actes. En quelques mots, toujours ligoté, Mantodore vient de renverser les termes de son propre procès ! Zébédée, d’un bras, fait régner à nouveau le silence. Sitôt que Talma a perdu l’appui du groupe, son comportement a changé : il tente de retrouver son autorité.
« Un crime à la fois, s’il‑vous‑plaît ! Nous réglerons le cas de Lynx en temps et en heure. Élisée, tu oublies que certains d’entre nous doutaient de ta loyauté bien avant l’incendie… Tu nous lançais quelques piécettes pour garder un pied dans chaque camp, au cas où un conflit éclaterait dans le pays. Tes contacts avec les hautes sphères du Protectorat ont surtout réussi à ta fortune personnelle, pas à la nôtre.
— La vie d’un agent double n’a rien de confortable, s’exaspère Mantodore. Ce sont les affaires… on n’a rien sans rien ! Lynx fait exactement pareil.
— Là où la comparaison ne fonctionne plus, c’est que tes actions mettent en péril notre mouvement. Nous pourrions, à la rigueur, fermer les yeux sur tes magouilles… mais tu nous as salis, s’assombrit soudain Zébédée. Nous avions pourtant renoncé au terrorisme il y a longtemps… Sais‑tu combien de nos combattants ont été perquisitionnés depuis l’attentat de Bonrecours ?
— Il a mêlé les cendres de nos morts à celles de nos ennemis… Et pour finir, il les a atomisées ! En nous faisant porter le chapeau. Il mérite la mort », s’adresse Talma au public avec de grands gestes péremptoires.
La moitié de l’assemblée, horrifiée, se signe en approbation. Mantodore passe sa langue sur ses lèvres, et calcule avec précaution son prochain coup.
« Les méthodes, on peut en discuter, admet‑il. Mais vous vous méprenez sur mes intentions. C’est le gouvernement qui persiste à vous accuser de cette explosion. J’en suis navré, car ce n’était pas mon but. Et je peux le prouver. Jeune fille, puisque tu t’es démenée pour voler ma paperasse… montre‑la au juge, tu veux ?
— Tu n’as pas d’ordres à donner, vocifère Talma.
— Il y a un dossier jaune, là‑dedans, la nargue‑t‑il. Matricule B457. Le “B” ressemble à deux ronds collés l’un à l’autre, et le “4” à un triangle qui…
— Je sais lire, espèce d’étron !
— Fais ce qu’il dit, Lynx », la rappelle Zébédée à l’ordre.
Messes basses parmi la foule assise. Olibée, derrière Valère, se plaint :
« Éteins ces torches avec ta magie ! Tu ne peux pas nous rendre invisibles ?
— Pas assez longtemps pour qu’on traverse toute la salle, s’agace Valère. Tu préfères que j’appelle mon démon ? Non ? C’est bien ce que je pensais. Alors patientons. »
Furieuse, la procureuse part chercher la sacoche qu’elle a laissée au pied d’un pilier. Elle en sort une pièce à conviction et commence à l’inspecter… en toute perplexité :
« Mais… ce sont des plans ! “Brevet numéro 457 pour la conception d’une ogive phlogistique à retardement”… Qu’est‑ce que c’est que ces balivernes ?
— Une bombe incendiaire à usage militaire. Cent fois plus destructrice qu’un boulet de canon, exulte l’accusé. Bienvenue dans l’avenir !
— N’importe quoi ! Le p‑phlogiston est trop instable pour une utilisation m‑militaire, balbutie‑t‑elle. C’est déjà une gageure de le convoyer sans le faire sauter !
— Un petit malin dans mes équipes de recherche a élucidé sa formule chimique, il y a peu… J’ai acheté l’exclusivité de cette technologie avant tout le monde ! En grand secret. »
Goguenard, Mantodore apprécie l’effet qu’il vient de produire. Plus personne ne dit rien. Zébédée avale sa salive et récapitule :
« Tu disposes donc d’une nouvelle arme de guerre, la plus dévastatrice de l’Histoire de l’Humanité… Et la moitié des ressources mondiales du carburant qui l’alimente ?
— C’est toute la beauté du plan ! Ma découverte m’a permis de… mentir quelque peu. Il y a quelques mois, j’ai lancé une rumeur concernant le Royaume d’Orgélie. J’ai dit à la Secrétaire Protectorale que j’avais été approché par les agents secrets de Sa Majesté pour fournir du carburant à usage militaire, jubile le magnat. Mais le gouvernement ne me prenait pas au sérieux… Alors j’ai exécuté une petite démonstration sur mon mausolée. Bien entendu, le modèle final sera beaucoup plus puissant ! Bref. Maintenant, les ministres sont persuadés que les Orgéliens possèdent des bombes à fragmentation phlogistique. Et que Bonrecours leur a servi de test, en territoire ennemi. »
Les voix se sont remises à fuser sous les stalactites, mais en catimini. Chacun s’intéresse à ce nouvel avantage tactique. Cette arme, faut‑il s’en emparer ? S’en servir ? Talma et Zébédée, fascinés, contemplent l’accusé. Dépassés par ces révélations, ils ont perdu tout contrôle sur leur auditoire.
« L’ambassadeur orgélien est mort sous les décombres, certes… mais ce ne serait pas le premier diplomate à se sacrifier pour son pays. Sa mort offre au Royaume une excuse parfaite pour déclencher une guerre au plus vite, et exploiter l’avantage technologique qu’il a récemment acquis. Ou du moins, c’est ce que pense désormais la Secrétaire Protectorale. La peur vous fait croire de ces choses ! Grâce à cette gourde, l’armée estime désormais qu’elle a besoin d’un grand nombre d’obus phlogistiques pour répliquer à temps. Mais elle n’a pas les chercheurs pour les développer, ni les usines pour les produire. En conséquence, le contrat de fabrication incombera à un célèbre milliardaire diamisse, ami de longue date de la République de Pluvède.
— Alors j’avais raison, gronde Talma. Tu attises les tensions entre Pluves et Orgéliens… tout ça pour accumuler un peu plus de pouvoir !
— Eh bien, cela dépend. J’ai négocié pour diriger mes propres milices : ni l’armée ni la police ne mettront un pied dans mes ateliers. Lorsque la guerre éclatera, ces ogives pourraient être livrées à l’armée pluve… ou ailleurs. Quelle horrible déveine pour les Pluves, si l’armement disparaissait alors que l’armée se massait aux frontières. Les dégâts que pourrait causer la Dissidence dans Carat avec ces bombes… je n’ose l’imaginer ! »
La Dissidence entière se pâme. Mains crispées sur son fauteuil, Zébédée reste emmuré dans un mutisme polaire. Talma, tendue, dépose à ses pieds le fascicule jaune. Quelques minutes ont suffi à éteindre toute certitude dans ses gestes. Si bien que Zébédée marmonne :
« Faisons une pause pour διάγνοια. [1] Lynx, ramène l’accusé dans sa cellule. Il nous faut réfléchir à cette offre…
— Pardon ? Mais, Éminence… ce φώρ [2] ne cherche qu’à sauver sa peau », s’exclame la procureuse, sidérée.
Elle implore l’assentiment de la Cour, mais nul ne lui renvoie le moindre regard. Au bout d’une minute décisive, Zébédée décrète :
« Nous avons tous, ici, à un moment ou un autre, supputé qu’une nouvelle guerre nous procurerait un avantage décisif pour frapper. Surtout toi, Talma. L’occasion ne se représentera pas. Alors tant pis pour la justice. Pour le bien de la Diamisse, pour l’intérêt général, il nous faut juger ce plan indépendamment de la personne qui l’a conçu.
— Sachant que vous ne pouvez pas l’exécuter sans moi, s’empresse d’ajouter Mantodore. S’il vous intéresse, il va falloir me relâcher. »
Le plafond craque en même temps que Talma.
Valère, qui observe la scène de plus loin, voit une stalactite se détacher. L’aiguille de pierre s’écrase à deux centimètres du trône du juge. Zébédée hurle, lapidé par les éclats, et tombe à la renverse. Sa chaise marquetée s’effondre en même temps. Des cris terrifiés s’élèvent dans le tribunal alors que les débris roulent aux pieds de Talma. Trépignements sur les tabourets.
« Tout le monde à sa place, s’époumone Talma. Le premier qui perturbe ce tribunal, je lui écrase la cervelle. »
Les jurés lèvent les yeux vers les stalactites au‑dessus d’eux : un véritable orage d’épées que la magie de Talma peut manier à sa guise. Certains téméraires veulent protester, mais leurs voisins les forcent à se rasseoir. Du pied, Talma envoie valdinguer un caillou sur la tête du juge :
« Tu restes un laïc, Zébédée. En tant qu’oracle attitré de la Dissidence, il m’appartient de trancher sur toutes les questions religieuses. J’aurais pu punir cet impie moi‑même… je n’ai réuni ce tribunal que par courtoisie. Mais si tu laisses un sacrilège impuni, je peux te ceindre d’un garrot aussi facilement qu’une couronne. »
Zébédée rampe de terreur alors qu’elle s’approche de lui. Elle l’attrape par le col de tunique et le relève d’une traction, mais ne redresse pas son trône. Il doit rester debout. Satisfaite, Talma s’approche ensuite de Mantodore et lui sourit :
« Pauvre fou. Ce débat n’est pas pour toi une question de vie ou de mort… »
Les mains sur les hanches, elle sermonne le jury :
« Lorsque je vous ai réunis, il y a deux heures… vous avez inculpé Mantodore de profanation de sépulture. Le plus haut crime que puisse commettre un Diamisse, avec un seul châtiment possible : la mort. Telle est notre tradition. Si vous choisissez la clémence, c’est‑à‑dire un décès rapide et sans douleur, nous accorderons à l’accusé ce qu’il a refusé à ses victimes : une sépulture décente. Si vous préférez la sévérité, nous laisserons les corbeaux le picorer dans le désert, pour que son âme erre dans les limbes pour l’Éternité. Vous DEVEZ déterminer quel genre de mort donner à ce criminel, et RIEN de plus. Vous le SAVIEZ. Vous avez ACCEPTÉ ces termes. Il n’était pas convenu de gracier le prévenu, et la Cour ne saurait revenir sur sa décision. Quel que soit l’accord avec lequel il tente de la CORROMPRE. EST‑CE CLAIR ? »
L’écho de sa voix fait trembler les murs et les Diamisses. Seuls quelques ricanements lui répondent : l’idée de priver Mantodore du repos éternel en réjouit quelques‑uns. Valère frissonne en imaginant son cadavre dévoré par les vers, sur une crête du Reg‑aux‑Rois…
« Fantastique. Bien entendu, ce que nous a révélé l’accusé n’est pas inintéressant, apprécie Talma. S’il possède encore des informations, nous pourrons toujours le torturer un peu avant l’exécution… En attendant, nous en savons bien assez pour nous décider. Mes chers compatriotes, votons la sentence.
— Ils vont le poignarder d’une minute à l’autre », s’indigne Olibée.
Sa main se pose sur l’épaule du mage. Les cheveux arrondis du Diamisse reflètent le peu de lumière qui passe par le vantail. Pourquoi sourit‑il d’un air triste ? Un homme s’apprête à mourir. Valère repense à l’embarras de Savinien, lorsqu’il lui avait déconseillé de pénétrer dans l’usine en flammes…
« Malmort… Par pitié, ne me dis pas que tu veux…
— ARRÊTEZ TOUT ! L’interrogatoire n’est pas terminé », s’écrie alors Olibée en poussant le battant.
La lumière dégorge de toutes parts tandis qu’il déboule dans l’antichambre. Le public s’offusque de cette entrée fracassante. Même Mantodore, par un réflexe stupide, vient de tourner sa tête couverte vers eux. Talma, la face blême, invective aussitôt l’intrus :
« Retourne immédiatement à ton poste, Hoir. Tu n’as aucun droit d’assister à… »
Elle s’étrangle en apercevant Valère, désormais à découvert. D’un soupir, le Pluve se met à suivre Olibée sans enthousiasme. Trop tard pour fuir.
« Quoi ! Ne me dis pas que tu as libéré Lucas…
— Il s’est échappé, techniquement.
— C’est encore pire ! Mais… c’est quoi, ces plumes sur ses bras ?
— Ça ne te regarde plus. Il vient d’invoquer un démon. À ta place, j’éviterais de le brusquer. »
Frémissante de rage, elle précipite vers le Pluve, peut‑être pour l’immobiliser ; mais Zébédée s’est interposé entre eux, paumes ouvertes en tentative d’apaisement. Valère s’étonne lorsque le chef de la Dissidence prend fait et cause pour lui :
« Si ce garçon a tenté de déserter, c’est à moi de le juger. D’autant plus si tu as échoué à le retenir. Lucas, ce procès ne te concerne pas. Rentre chez toi.
— Nous allions régler ça en privé, proteste Talma. Une erreur de jeunesse… Il faut juste que je le discipline un peu.
— Je ne bougerai pas d’ici, décide soudain Valère. Je suis l’avocat de la Défense. Un mage dans chaque camp. »
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[1] διάγνοια – « délibération »
[2] φώρ – « voleur »
On dirait que tu as trouvé un peu de temps pour poster ces derniers chapitres. Ça fait plaisir !🥳 Je m'attendais pas à avoir la suite de si tôt.
Mais c'est que les révélations continuent de pleuvoir ! Mantodore est un sacré filou. Il a bien tiré son épingle du jeu. Avec cette nouvelle arme et la guerre qui se prépare entre les Pluves et les Orgéliens, c'est un peu lui qui va décider qui sortira vainqueur de tout ça. Le problème des agents doubles c'est qu'on peut jamais savoir dans quel camp ils sont vraiment. Impossible de savoir si Mantodore est un vendu et va se ranger du côté qui lui rapportera le plus ou s'il reste du côté des Diamisse. è.é
À côté, Talma perd toute retenue. Je l'aurais pas crue capable d'aller jusqu'à menacer les dirigeants de la Dissidence ! Et cette histoire de trafic, ça la fou mal... Elle a bien caché son jeu elle aussi. Je comprends sa colère et sa détermination à tout faire pour libérer son pays, mais là, ça va trop loin. :/
Je peux pas m'empêcher de me demander à quelle point elle s'est foutu de Valère. Quand elle lui a offert le couteau en disant qu'il était des leurs, toutes les fois où elle a pris sa défense face aux autres... Est-ce qu'il y avait quoi que ce soit de sincère là-dedans ? Est-ce qu'elle a jamais éprouvé un peu d'affection pour lui, ou est-ce qu'elle le voit juste comme un ennemi bon à utiliser ? En fonction de la réponse (et de ce qu'elle va faire ensuite) y a peut-être encore une chance que je lui pardonne !
Et la situation continue d'escalader ! 😱 Je suis au bord de ma chaise ! Heureusement que tu publies plusieurs chapitres à la suite, sinon ce serait insoutenable à ce stade !
Et oui, Mantodore a une vision assez particulière de l'indépendance diamisse. Il est fier de son pays, il veut se débarrasser de la colonisation pluve... Mais à côté de ça, c'est aussi un dirigeant autoritaire et un homme d'affaires sans scrupule. Le régime qu'il aimerait mettre en place s'apparente plus à une semi-dictature policière où les entrepreneurs et chefs d'entreprises auraient beaucoup de pouvoir. Or tout le monde dans la Dissidence n'a pas forcément envie de ça (ça reviendrait à échanger une oppression pour une autre), on y trouve aussi des vrais démocrates, des anarchistes, des gens qui n'aiment ni l'armée ni la pauvreté, etc. Mantodore est loyal envers la Dissidence mais il veut aussi la remodeler à son image, pour lui faire changer de cap. On peut comprendre que Talma pète un câble, car le mouvement risque de perdre tout son sens.
Cependant Talma n'a rien d'un ange. Tu as raison de t'interroger sur l'ampleur de sa duplicité envers Valère, ce sera abordé frontalement dans un chapitre suivant. Mais Talma répondrait sans honte qu'elle est recruteuse : dire aux gens ce qu'ils veulent pour les embrigader dans la Dissidence, c'est son boulot. Et elle le fait bien. L'organisation a besoin de militants.
Au final, ça semble une représentation réaliste d'un mouvement de rébellion. Ils ont beau tous vouloir se débarrasser de l'occupation, ils ont pas tous la même vision sur le "après". 🤔
Je comprends que Talma ne veuille pas échanger la dictature Pluves contre celle des entrepreneurs à la Mantodore... Mais j'ai du mal à imaginer une fin parfaite. 😰