Chapitre XV – Oiseaux de mauvais augure

Notes de l’auteur : en plus de sa langue maternelle (l’ondéen), la protagoniste de ce récit emploie de temps à autres le verlé. Afin de les différencier, les conversations en verlé sont retranscrites en italiques.

« Oh ! Son Altesse aurait dû me réveiller, regretta Sœur Morgane un peu plus tard dans la matinée. Si Nakht avait pris avec vous des libertés, je n’aurais pas pu vous en débarrasser. On dit ce Verlandais, oh ! fort apprécié de la gent féminine, et les bellâtres de son espèce trouvent toujours moyen d’abuser de leurs privilèges !

— Mieux vaut ça qu’un rustre, se récria Guillonne. Quelle pitié que l’impératrice n’ait pas offert la main de ce gentilhomme, plutôt que de cet abruti de clanarque ! »

Martinelle s’était habillée en même temps qu’elles. Maintenant les trois jouvencelles inspectaient leurs affaires emballées, descendues du bateau à dos de rhinocéros jusque dans l’atrium du palais. Ces bagages repartaient aussitôt pour le campement impérial car la horde se trouvait déjà sur le départ : elle quitterait Chrysée le lendemain matin. Les princesses n’auraient d’autre choix que de la suivre ; il fallait rejoindre le clan de la Hache, qui séjournait dans le fief voisin de Baragée à presque quatre cents lieues de là. La famille d’Hori souhaitait rencontrer sa future épouse, et la Fille des Landes ne pouvait piller éternellement les greniers de la ville.

« Ventrebleu, jura Martinelle. Je ne retrouve plus ma boîte de tubes colorés. Ni ma trousse à pinceaux ni mes crayons… Guillonne, êtes‑vous certaine que rien ne manque ?

— J’y ai veillé personnellement, l’assura celle‑ci. Peut‑être avez‑vous laissé votre matériel sur le bateau ? Je pourrais y mander quelqu’un pour vérifier…

— Non, je suis persuadée de l’avoir emmené au palais. C’est quand même incroyable ! Où l’a‑t‑on fichu ? »

Sa demi‑sœur et Morgane l’aidèrent à chercher partout : dans leurs appartements, les salles de réception, et même les mansardes des serviteurs. Les clannerets du Sabre, compréhensifs, les laissèrent fureter. Pourtant, après deux heures d’enquête, Guillonne s’impatienta :

« Rendez‑vous à l’évidence… Vous avez encore oublié vos affaires Dieux savent où, et quelqu’un les a récupérées sans savoir qu’elles vous appartenaient ! Vous rappelez‑vous cette malheureuse poupée que vous aviez abandonnée au bord de l’étang ?

— J’avais neuf ans, s’énerva Martinelle.

— L’autre jour encore vous avez remué tout le paquebot pour une boucle d’oreille, opina Morgane. Alors que vous l’avez sans doute laissée tomber dans l’océan.

— Oui, mais cette fois‑ci un domestique se sera sans doute servi dans mes tiroirs…

— Vous allez réclamer une fouille ? »

Les yeux anxieux de Guillonne disaient tout le mal qu’elle pouvait penser d’un tel projet.

« Non », se résigna Martinelle.

Le clanarque du Sabre les avait si bien reçues à Chrysée… De telles accusations gâcheraient ce séjour. Et si d’aventure on ne retrouvait rien, elle passerait pour une folle.

Cet incident suffit à gâcher sa journée, bien qu’elle ne pût s’en prendre qu’à elle‑même. Comme elle allait s’ennuyer, sur les routes ! Elle qui comptait recréer sur sa toile les plus beaux paysages de Verlande ! Même son nouvel animal de compagnie ne réussit pas à lui remonter le moral. Dans leurs appartements pratiquement vidés, le felnon appuyait sa large tête contre sa cuisse. Lui aussi faisait des efforts. Martinelle, de bonne grâce, tenta de soulever l’animal pour le câliner mais y renonça ; le petit pesait déjà une cinquantaine de kilos.

« Profite, murmura‑t‑elle en s’accroupissant pour lui gratouiller le menton. L’enfance passe trop vite. »

D’ailleurs l’heure du goûter approchait. Elle donna la laisse de son titanesque chaton à un palefrenier, qui apprêta pour elle un rhinocéros géant. Cette fois‑ci elle ne remarqua pas l’activité joyeuse de Chrysée. Perchée dans la litière harnachée au dos de sa monture, elle ruminait ses soucis. Devait‑elle mentionner à l’impératrice les outrages répétés du clanarque Hori ? Peut‑être était‑il trop tôt pour implorer un recours… Martinelle demeurait étrangère en ces lieux. Ses complaintes pourraient passer pour des caprices, ou pire, de l’arrogance. Lorsque son cornac lui signifia qu’ils étaient arrivés au Palais de Toile, elle descendit l’échelle de cordes sans avoir pris la moindre décision.

Elle s’était préparée au choc, mais le grand terrain vague qui s’étendait désormais en lieu et place du Palais de Toile l’impressionna tout de même. Tout avait été démonté, même la pagode. Les ouvriers dévissaient, repliaient, empaquetaient maintenant chaque pièce de bâtiment. Ne subsistait que la tente impériale, large d’une dizaine de toises, qui serait désossée à l’aube. Ce soir la plupart des clannerets dormiraient à la belle étoile avec leurs serviteurs, leurs officiers et leurs chevaux.

Martinelle s’était toujours demandé comment les Verlandais parvenaient à déplacer une ville entière en si peu de temps, et elle tenait sa réponse : certaines colonnes et pièces de charpente, une fois détachées, pouvaient être réassemblées pour former des chariots de trait. Ceux‑ci étaient ensuite harnachés à un bataillon d’aurochs, de chameaux, de bœufs, de chevaux, d’ânes… Les nomades verlandais abattraient et consommeraient une partie de ces animaux au cours du voyage, et en rachèteraient lors des haltes.

L’ambassadeur Durillon ne tarda pas à trouver Martinelle, qui tenait son felne au bout d’une laisse. Ce dernier prit le nain pour un enfant, et bondit vers lui pour lui lécher le visage. Durillon en trébucha de terreur. Elle tirait de toutes ses forces sur l’épaisse lanière, au risque de tomber à son tour.

« Veuillez… me… pardonner, ahana‑t‑elle en ramassant contre elle le gigantesque chaton qui agrippait désormais sa chevelure. Je… ne le… maîtrise… pas… encore… très bien…

— Ce n’est rien, mentit le légat qui s'époussetait avec dignité. Au moins vous montrez à la Fille des Landes combien vous appréciez son présent. »

Finalement ils décidèrent d’attacher la bête à un pieu, au dehors. Heureusement Martinelle parvint à replacer correctement son voile. Les mousquetaires qui l’avaient escortée jusque‑là restèrent dehors, l’oreille aux aguets. Leur serment au roi d’Orgélie leur interdisait de lâcher leurs rapières, mais les lois locales prohibaient toute arme à part les serpes dans la yourte d’Ankhti. Martinelle dut donc y entrer au bras du petit homme qui complimentait sa mise :

« Avec quel naturel vous portez les saris verlandais ! Vous avez fait forte impression hier, je peux vous l’assurer. L’impératrice brûle de questions à votre sujet ! »

Au moins cette fois‑ci serait‑il présent pour l’aider à répondre. Un esclave masqué annonça leur venue, et Martinelle fut surprise de découvrir l’intérieur. Aux décorations fastueuses de la pagode avait succédé le confort rustique d’un chalet de trappeur. L’espace circulaire accueillait quelques meubles bas. Un âtre rayonnait au centre de la pièce.

S’y étaient assis en tailleur dix hommes, leurs visages déformés par les lueurs dansantes du feu de bois. Ils buvaient une infusion rosâtre. À en croire leurs sourires ahuris et les relents capiteux, c'était la variante fermentée d’un thé aux fleurs d'hibiscus qu’on appelait karkadé. Ce goûter avait dégénéré en apéritif et attiré du monde. Les princes Paneb et Nakht bavardaient, côte à côte. Diamétralement opposés à eux, Shen et Hori regardaient Martinelle arriver dans un silence solennel. Cette simple réunion de famille conservait une certaine mystique, et elle se sentit frissonner malgré la chaleur étouffante.

« Revoilà ma princesse préférée, s’exclama Ankhti en verlé. Asseyez‑vous, chère enfant. Pas besoin d’interprète entre nous, n’est‑ce pas ? »

Aujourd’hui également elle arborait un vautour métallique, cette fois‑ci riveté sur sa toque. Martinelle et Durillon prirent place face à elle, dans le seul espace restant du cercle. Agenouillée, mains jointes, celle‑ci s’égaya :

« Je me réjouis de partager votre collation, Filles des Landes, et plus encore du magnifique animal que vous m’avez envoyé ce matin.

— Le clanarque Hori ne monnaie pas ses bêtes. Cependant mon cher Nakht m’a soufflé que c’était le meilleur moyen de vous montrer que je ne vous en veux point », insista la vieille pomme ridée.

Les doigts de Martinelle se crispèrent sur ses cuisses. Elle jeta un regard paniqué à l’ambassadeur, qui lui rendit la même expression. L’impératrice, satisfaite de son effet, reprit :

« Vous nous avez abasourdis, hier. D’abord, vous vous êtes adressée à moi sans y avoir été invitée. Ensuite, vous l’avez fait en me coupant la parole. Et pour finir, vous vous êtes vantée d’avoir abattu un milan ! Mon animal préféré ! Sur le moment, j’étais trop choquée pour réagir. Puis, dans ma grande sagesse, j’ai compris que vous n’aviez péché que par ignorance des protocoles. »

Martinelle se maudit. En croyant sauver cet eunuque traducteur d’une mauvaise passe, elle s’était fourvoyée. Les sourcils de Nakht s'élevèrent d'un pouce. Lui aussi se trouvait pris au dépourvu.

« V‑Votre Majesté, balbutia‑t‑elle. Si j’avais su que vous aviez pris cet oiseau pour emblème, croyez bien que je…

— Auriez‑vous compté parmi mes clannerets, je vous aurais fait décapiter, l'ignora Ankhti. Heureusement, vous ne m’avez pas encore prêté allégeance. Votre sang royal vous autorise peut‑être certaines… familiarités. Mais ne recommencez plus, d’accord ? L’affaire est close. »

La bouche de Martinelle s’ouvrit. Aucun son n’en sortit. Tandis qu’elle baissait les yeux, le silence de la yourte s'amplifia. L’impératrice fit claquer ses doigts et Paneb, mal à l'aise, tira du feu un faitout qui y avait été laissé. Seul le prince Shen, peiné et inquiet, eut la bienséance d’intervenir :

« Si je m’en souviens bien, c’est en réalité la princesse Guillonne qui a abattu ces…

— Tais‑toi, l’interrompit Hori qui se levait. Fille des Landes, je vous demande de m’excuser cinq minutes.

— Je vois que je t'ennuie, se plaignit la dirigeante. Que comptes‑tu faire ?

— Ce dont un gentilhomme doit s’acquitter après deux heures de beuverie.

— N'en dis pas plus », le libéra‑t‑elle d'une main faussement froissée.

Cependant qu’Hori poussait le rideau en sortant de la tente, la vieille mégère récupéra des mains de Paneb son faitout, dont elle tira deux ramequins fumants. Elle expliqua :

« Vous qui venez d’une famille de chasseurs, savez‑vous ce qu’est un ortolan ? Non ? Guère étonnant, l’espèce est éteinte dans votre pays. Et en voie de disparition dans le mien ! Elle s’y négocie plus cher encore que le felne. Quelle tristesse ! Moi qui voulais en donner à mes gens, je n’en ai que deux à servir… C’est tous ce que mes limiers ont trouvé cette semaine. Alors, puisque vous n’y avez jamais goûté, je vous ai réservée la seconde part.

— C’est grand honneur que vous me faites », affirma Martinelle, ravie de changer de sujet.

L’impératrice fit passer de main en main une serviette et l’un des récipients jusqu’à la future clanneresse, qui s’étonna de l’absence de couverts.

« J’aimerais m’absenter aussi, bailla le prince Nakht. Loin de moi l’idée de vous fausser compagnie, Fille des Landes, mais c’est torture de ne dévorer que des yeux un met si fin.

— Reviens‑nous vite, compatit sa suzeraine.

— Nakht, tu détestes les ortolans », s’étonna Shen dont les pupilles se rétrécissaient.

Pourtant son frère sortit sans justification, d'un port fort altier pour quelqu'un qui avait tant bu. Le jeune dieu rajusta les manches de son samit orangé, ou plus probablement beige à la lumière du jour. Les Verlandais avaient décidément d’étranges coutumes de table. Décidée à se fondre parmi eux, Martinelle ouvrit le couvercle.

Elle ne comprit pas tout de suite ce qu’elle avait dans son assiette. Cette minuscule volaille avait été préparée par un aveugle. Ses ailes avaient été coupées. Par contraste, la tête avait été laissée entière, avec le bec et les yeux. Les os de ses jambes maigrelettes dépassaient d’une panse protubérante, gonflée. L’animal avait été gavé, noyé dans de la graisse, puis jeté tel quel dans une friteuse.

« Saviez‑vous que c’était jadis notre plat national ? Il y a tout un rituel pour le consommer, gloussa Ankhti qui se pourléchait déjà. Regardez donc. »

La cheffe d’État posait maintenant sa serviette sur sa tête, telle une capuche ! L’ébahissement de Martinelle s’était mué en horreur. Celle‑ci venait de comprendre que le tissu n’était pas destiné à protéger des taches, mais à cacher ce qui se tramait en‑dessous, dans la vapeur.

« Bon appétit », gloussa la vipère tandis qu’elle se saisissait de son ortolan encore brûlant et y mordait à pleines dents.

Les os se brisèrent dans un bruit de porcelaine. Martinelle se plaqua la main sur la bouche et détourna le regard. Craquements et croquements continuèrent, toujours plus forts. Chaque nouveau supplice la fit tressaillir. Elle s’imaginait l’oiseau encore vivant, empalé sur les crocs d’une louve.

« Il est bien replet », s'extasiait celle‑ci, la bouche pâteuse.

Un long filet de bave et de graisse dégoulina sur sa robe. Puis aux mastications succédèrent les rengorgements ; cervelle, os, intestins, tout était aspiré d’un coup. Le bruit rappelait celui d’un siège d’aisance débouché à la ventouse. Les entrailles de Martinelle se nouèrent. Ce concert de renâclements lui sembla durer des heures… Elle dut endurer des léchages de doigts tout autant répugnants. Puis sa tortionnaire se débarrassa de sa serviette en décidant :

« Bon, à vous maintenant. »

Martinelle n’avait plus la force de regarder son plat, ni même celle d’affronter les regards des convives. Ce n’était pas possible ! On ne pouvait pas lui demander cela !

« Mademoiselle, je vous invite à déguster cet amuse‑bouche que j’ai fait préparer pour vous. »

Elle appréciait autant que quiconque le poulet frit. Cependant cette nourriture passait toujours, en cuisine, par un processus sacré et laborieux qui transformait le cadavre en quelque chose de différent. En contraste, le plat qu’on lui présentait aujourd’hui constituait un crime odieux que sa cervelle se refusait à considérer. Lui aurait‑on présenté de la chair humaine qu'elle n'aurait pas été plus dégoûtée.

« Jeune fille, faites‑moi le plaisir de goûter. »

Elle ne le pouvait pas. Quelque chose de mou commençait à remonter dans sa gorge.

« Mange, petite. »

Son cœur battait au rythme de son estomac.

« Allez ! Bouffe ! »

Elle voulait rentrer en Orgélie à la nage, se cloîtrer dans un couvent, se pendre à un arbre.

« Suce‑le ! Bougre d’idiote ! Ne me dis pas que tu ne sais pas sucer ! »

Même ses jambes, ses bras ne lui obéissaient plus.

« Suce ! Suce ! Suce, éructait l’impératrice.

— Sa Majesté est ivre, explosa Shen.

— Sa Majesté reste Sa Majesté, le rappela à l'ordre l'oncle Paneb.

— Mademoiselle, il faudrait goûter par politesse », murmura l’ambassadeur.

Pourtant son corps demeurait cloué sur place. Sa respiration s’accéléra. La serviette de l’impératrice, encore luisante, lui atterrit sur la figure.

« SUCE ! Ou je te renvoie chez toi », la menaça la vieille peau d’une bouche gluante de haine.

La perspective de ce que pourraient penser Mandar et Figuette réunis, si cette alliance diplomatique échouait, terrorisa Martinelle. Des larmes apparurent au coin de ses paupières.

« Ah, non ! Ne le laissez pas passer », s’écria l’aïeule.

Une énorme masse velue bouscula alors les convives situés près de l’entrée de la tente. Il y eut des exclamations un peu partout, tandis que Martinelle, déboussolée, reconnaissait le pelage de son felnon. D’un preste bond, l’animal venait de se jeter sur sa gamelle pour gober l’oiseau. Il finissait déjà de s’en lécher les babines.

« Sale bête, braillait la vieille dame comme un nourrisson frustré. Mon goûter est ruiné, maintenant !

— Votre Majesté, mademoiselle de Figuette devrait sortir attacher sa future monture, intervint son fiancé. Je vais lui montrer comment faire.

— Fais donc ! Il faut tout lui expliquer, à celle‑là. »

Martinelle n’eut qu’une vision floue des évènements qui suivirent. Shen l’avait apparemment relevée et traînée hors de la yourte, par les épaules. Ses mousquetaires sortirent leurs armes lorsqu’ils découvrirent les traces de gras sur son visage. Le prince dut les calmer. Elle entendait à peine ce qu’ils se disaient, consciente d’être épiée. Du plus humble esclave qui bâchait les charrettes aux illustres clannerets assis sur leurs nappes de pique‑nique en soie, nul dans la horde n’ignorait le spectacle de sa détresse. Nakht et Hori, absorbés par une vive dispute non loin, furent les premiers à s'en rendre compte. Sur leurs faces blêmes, elle crut lire davantage de dégoût que de compassion. Son buste s'agita de convulsions.

« Son Altesse a pris froid dans l’air de Chrysée, décréta Shen. Qu'Elle rentre au Palais des Pachas immédiatement. Exigez de l’ambassadeur qu’il ne transmette aucun mot d'excuse à la Fille des Landes. »

Durillon, sorti de la tente, contemplait ses chaussures. Sans un regard pour lui, le service d’ordre aida Martinelle à remonter dans sa litière. Shen se saisit d’elle sans peine et réussit à la hisser jusqu’au siège. Le felnon, qui venait de quitter la tente, adressa à sa maîtresse un oblique regard d’incompréhension. Shen referma les stores et la raisonna :

« Ankhti aime éprouver la force morale de ses nouveaux clannerets par des farces cruelles. Vous avez fait montre de bravoure en refusant d’entrer dans son jeu. »

À ce mensonge éhonté, elle éclata en sanglots. C’était une crise violente, hideuse, qui contractait tous ses muscles et laissait échapper d’elle un râle atroce. Peut‑être exprimait‑elle tout ce qu’elle aurait dû pleurer depuis des mois. Shen hésita à la serrer dans ses bras, puis se ravisa.

« Nous partons, cria‑t‑il à travers les jalousies. Et veillez à bien surveiller ce felnon, cette fois‑ci !

— Nous l’avions attaché, se défendit la voix d’un mousquetaire à l’extérieur. La poignée de sa laisse est toujours sur la sardine… Quelqu’un a dû en ouvrir le mousqueton lorsque nous avions le dos tourné. »

Martinelle, tête dans ses bras, repensa au départ précipité du prince Nakht.

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blairelle
Posté le 11/11/2024
Hori s'est vengé de l'humiliation organisée par les Figuette ? Ou bien c'est juste Nakht ?
Par contre je n'ai pas compris le moment où l'impératrice pose sa serviette sur sa tête, c'est flou, c'est la serviette qui était sur son assiette ?
Arnault Sarment
Posté le 11/11/2024
Le flou est entretenu à dessein mais tu sauras qui a vraiment libéré le felnon assez vite, promis !

Oui c'est un peu confus mais il y a deux serviettes : celle de Martinelle et celle de l'Impératrice. Il faudrait que je corrige ça. Je n'ai pas pensé à le préciser parce que ça faisait quelques temps que ces Verlandais buvaient et grignotaient, ça me paraissait implicite qu'ils avaient chacun leur serviette (sauf Martinelle qui vient d'arriver).

Et oui l'ortolan se mange vraiment comme ça selon la tradition, avec une serviette sur la tête ! C'est assez répugnant...
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