Chapitre XVII : La conspiration de Prosper

Sirius était avachi sur un fauteuil dans ses appartements et contemplait au travers d’une des fenêtres du palais le soleil se coucher paisiblement à l’horizon. Spyr resplendissait sous ses yeux et cette vue venait lui réchauffer son âme tourmentée. Les trois journées étaient passées vite, trop vite. Trois jours à se morfondre, à douter et à remettre en question tout ce qu’il avait fait jusqu’ici. Au fond de lui, Sirius avait toujours su que ce jour arriverait. Que d’une manière ou d’une autre, son père finirait par lui dire la triste vérité. Étrangement, le fait de n’avoir jamais connu sa véritable mère ne le chagrinait pas vraiment. Certes, il en voulait à son père d’avoir gardé ce secret si longtemps et de refuser de lui dire qui elle était, mais il ne pouvait pas ressentir de tristesse ni d’affection vis-à-vis d’une personne qu’il ne connaissait pas. Non, ce qui accapara toute la considération de son esprit maussade fut la raison même de la vie qu’il avait menée jusqu’alors. Sirius n’avait jamais eu de réel choix, ni de but propre. Toute son enfance et sa vie de jeune adulte furent tournées uniquement vers l’accomplissement des projets de Prosper, sans que ce dernier ne se préoccupe de son ressentiment. Et Sirius avait accepté cette vie. Il n’avait cessé de donner le meilleur de lui-même pour qu’un jour son père puisse le reconnaître à sa juste valeur et le regarde enfin avec fierté. Et cela, jusqu’à ce qu’il réalise enfin que ce jour n’arriverait sans doute jamais. Car lorsqu’il devint Flamme de la Guerre, Prosper le félicita à peine comme si tout cela allait de soi.

 En y repensant davantage, Sirius se demandait même si toutes ses campagnes militaires victorieuses étaient réellement de son fait et non pas l’œuvre de son père lorsque celui-ci occupait encore son poste. S’il ne l’avait pas intentionnellement envoyé combattre des ennemis toujours en sous-nombre et mal équipés, s’assurant ainsi qu’il construirait cette légende du général invaincu qui l’auréolait auprès du peuple. Légende censée accorder à Sirius la légitimité nécessaire pour prendre le pouvoir par la force au travers du plan qu’il avait méticuleusement élaboré. Un plan élaboré il y a bientôt vingt-cinq ans désormais. Sirius rit d’un rire amer. Il voyait bien son paternel capable d’une telle folie pour arriver à ses fins.

Durant ces trois jours, il avait vagabondé au travers de la cité et dut faire des dizaines de fois le tour des jardins en quête de réponses. Après tout, rien ne l’obligeait à se rendre à ce rendez-vous. Il avait encore la possibilité de refuser, voire même d’exposer l’affaire devant le Sénat. Il lui suffisait d’un seul ordre et il pouvait réduire à néant l’œuvre dans laquelle son père avait insufflé toute la ruse et la fourberie dont son esprit froid et calculateur était capable. Cette idée l’effleura longuement et le goût de la vengeance lui semblait exquis lorsqu’il s’imaginait la tête de Prosper devant les gardes du palais venus l’arrêter. Et après quoi ? Il pouvait toujours tout abandonner, quitter son poste de Flamme et se trouver un lopin de terre qu’il pourrait cultiver et sur lequel il y construirait sa demeure. Ou bien partir refaire sa vie ailleurs, loin des complots et des mondanités de Spyr qu’il méprisait tant. Tout cela lui paraissait bien futile, étrange, voire terrifiant. La liberté l’angoissait plus qu’il ne voulait se l’admettre. Il ne lui semblait pas possible de trouver un sens à son existence en dehors de celui déjà préétabli pour lui. Peut-être était-ce là un signe du destin que celui de devenir roi de Spyr ? Où peut-être que Prosper avait également anticipé qu’il n’aurait pas le courage nécessaire et qu’il n’oserait pas se passer de lui ? C’est donc fatalement et le cœur lourd que Sirius décida de participer à cette conspiration.

Il posa une bouteille de vin vide à côté de lui et en entama une nouvelle qu’il versa dans son verre. Il lui restait encore un peu de temps avant le début de la réunion et Sirius voulait profiter du coucher de soleil avant de s’y rendre. Alors qu’il rêvassait l’esprit enivré, il entendit soudainement un crépitement derrière lui.

— Ah, c’est vous ? Dit-il en lançant un regard las par-dessus son épaule et en reconnaissant Pyra qui s’avançait vers lui.

— C’est comme ça que tu m’accueilles ? Où sont donc passées tes manières ? Répliqua-t-elle sèchement.

— Vous n’étiez pas aussi pointilleuse sur les règles de politesse jusqu’à présent.

— Et en quoi cela t’autorise-t-il à t’adresser à une déesse comme à l’un de tes vulgaires semblables ?

Sirius vit qu’elle était d’une humeur exécrable, bien qu’il n’en comprenait pas la raison. Il attrapa un autre verre et le remplit avant de le tendre vers elle.

— Je ne sais pas si cela est efficace sur les dieux, mais ça fonctionne plutôt bien sur les Hommes lorsqu’ils ont besoin de réconfort.

Pyra lui arracha le verre des mains et le but d’un trait avant de s’en servir un nouveau et d’aller s’asseoir en face de Sirius. Tous deux contemplèrent la ville un moment sans rien dire.

— C’est une très belle cité, elle n’a rien à envier à Aurora, prononça Pyra avec mélancolie, le regard perdu sur les habitations au loin.

— Pourquoi l’avoir rasée dans ce cas ?

Elle soupira.

— Même les dieux commettent des erreurs, Sirius. J’ai pris la mauvaise décision ce jour-là et je la paie encore aujourd’hui, crois-moi. Certaines personnes n’auraient jamais dû voir le jour, et pourtant, elles sont là par ma faute.

— J’espère ne pas en faire partie, répondit Sirius en souriant.

Pyra ria doucement.

— Non, rassure-toi, je ne serais pas venu chercher ta compagnie si tel était le cas.

Elle semblait s’être un peu calmée, mais Sirius ignorait si c’était grâce à ses paroles ou si le vin faisait réellement effet.

— Je trouve ça plutôt rassurant de savoir que la « grande » Pyra est également proie au doute et aux remords. Au final, il semblerait que les dieux et les Hommes partagent les mêmes démons.

— Et quel est donc celui qui habite le cœur de la grande Flamme de Spyr, demanda-t-elle en prononçant le mot « grande » avec la même ironie.

— Le regret, répondit Sirius en se resservant un verre. Celui de n’avoir jamais osé agir par moi-même. Maintenant qu’il est trop tard, me voilà lié à une vie que je n’ai pas choisie.

— Pourtant, tu es encore jeune et à la tête d’un puissant empire. Le peuple t’apprécie autant que l’armée te respecte et ton nom circule sur bien des lèvres de demoiselles désireuses de trouver un époux. Je peux t’assurer que beaucoup de gens sur cette terre t’envient et rêveraient d’être à ta place.

— C’est parce qu’ils ne connaissent pas le poids du pouvoir. Celui-ci corrompt autant qu’il enivre, aveuglant les pères au point que ces derniers ne voient en leur progéniture qu’un pion de plus à leur disposition. À l’exception qu’ils ont des années pour le briser et le façonner à leur volonté jusqu’à être sûrs de l’emporter.

— Crois-moi qu’à force de trop manipuler l’argile, on finit par y laisser ses doigts. Qu’attend Prosper de toi exactement ?

— Tout, il attend absolument tout. Que je prenne le contrôle total de cette cité pour y graver le nom des Domitor dans le marbre. Et une fois que ça sera fait, je ne serais pas étonné qu’il m’envoie marcher sur Dérios avec une armée pour que tout Elanor connaisse son nom.

Sirius commençait par avoir l’esprit légèrement confus par l’ivresse. Il releva la tête et fixa Pyra qui avait toujours les yeux rivés sur la cité. Elle était belle, si belle. Il comprenait maintenant les discours des Adorateurs vantant sa grâce inégalable.

— Tout va changer ce soir, lâcha-t-il. Prosper souhaite que je le rejoigne avec d'autres conspirateurs afin de renverser la République et me sacrer roi de Spyr.

— Mais tu ne veux pas y prendre part, ne souhaites-tu donc pas être roi ?

Sirius ne répondit pas. Au fond de lui, il s'était déjà résigné.

Le soleil était presque totalement couché et il lui fallait désormais se rendre à cette réunion qu’il redoutait tant. Il allait se lever péniblement lorsqu’il sentit la main de Pyra se poser sur son bras. Ce contact le surprit et, en relevant la tête, il vit que la déesse le fixait du regard.

— Si tu ne veux pas agir pour le compte d’un vieillard, tu n’as qu’à agir pour le mien, proposa-t-elle. Sers les intérêts d’une déesse et peut-être alors trouveras-tu un sens à tout ceci.

Elle n’attendit pas sa réponse et se leva en souriant. L’instant d’après, elle se changea en flamme et disparut en allumant au passage toutes les bougies dans la pièce.

Sirius n’avait pas encore totalement dégrisé lorsqu’il arriva au lieu de rendez-vous. Il se sentait plus confiant qu’auparavant et encore suffisamment lucide. La visite de Pyra lui avait remonté le moral et ses mots résonnaient encore dans son esprit. Il avait la détermination d’aller au bout de cette soirée, peu importe comment elle se terminerait. Il toqua à la porte d’une villa et un serviteur vint lui ouvrir. Il le guida au travers de l’habitation luxueuse jusqu’à l’entrée d’une cave située au centre d’une cour intérieure. Sirius y descendit et pénétra dans un vaste cellier. Des torches assuraient l'éclairage des lieux et des tonneaux vides servaient de table autour desquels plusieurs personnes discutaient à voix basse. Dès qu'il entra, elles stoppèrent leur conciliabule et le saluèrent. Que des personnes que Sirius connaissait et avait déjà rencontrées à l'occasion de cérémonies publiques ou de réunions d'affaires. L’ambassadeur Rigas était là lui aussi, ainsi que bien évidemment Prosper, alors en pleine discussion avec deux autres sénateurs. Quand il l’aperçut, il hocha la tête comme pour lui dire qu’il avait fait le bon choix, mais Sirius détourna le regard et alla s’asseoir dans un coin de la pièce. On attendit encore quelques minutes les retardataires, puis Prosper s’avança pour prendre la parole.

— Bienvenue, messieurs, à cette soirée qui scellera la fin de la République !

Sirius balaya la pièce du regard et reconnut bon nombre de visages. Une trentaine de personnes, peut-être plus, devaient être réunies ce soir-là, tous des hommes occupant des postes importants dans la cité, mais surtout, pour beaucoup, des déçus de la République. Qu’ils soient de riches notables n’ayant pas obtenu la citoyenneté et le droit de voter, des sénateurs frustrés que leur voix ne compte que peu au Sénat face aux coalitions, ou encore des supports indéfectibles de Prosper, ils partageaient en commun la nostalgie de l’ancienne monarchie.

— Si vous êtes réunies ici, c’est que vous partagez tous du ressentiment envers l’état actuel du Sénat et envers la domination de la famille Aretius sur cette ville. C’est pourquoi ce soir, nous planifierons sa chute. Et le fer de lance de cette révolte ne sera autre que Sirius, mon fils que vous connaissez tous et dont la réputation n’est plus à établir.

Tous les regards se tournèrent vers lui et Sirius se contenta d’acquiescer les bras croisés en hochant la tête.

— Mais Laris n’est pas stupide et il doit sûrement se douter que quelque chose se trame contre lui. Il nous faudra donc agir vite et frapper fort si l’on veut prendre le contrôle de cette ville avant qu’il n’ait le temps de réagir.

— Que faisons-nous d’Atrius ? Demanda l’un des sénateurs présents. Je doute qu’il accepte volontiers cette idée et les gardes du palais voleront sûrement à son secours.

— Le général Gladius est déjà informé de la situation et il arrivera d’Astrie demain dans l’après-midi avec deux légions. En y ajoutant celle en garnison permanente à Spyr, l’on devrait avoir suffisamment d’hommes pour gérer le problème des gardes du Palais.

Sirius connaissait bien le général Gladius et il le respectait. Ils avaient combattu côte à côte à de maintes reprises. Le Sénat et surtout Laris s’en étaient toujours méfiés à cause de ses positions parfois jugées trop royalistes à leur goût. C’est pourquoi ils l’avaient envoyé en garnison dans l’Astrie, région très montagneuse richement garnie en pierres précieuses et minerais en tout genre. Officiellement, car il devait maintenir l’ordre dans cette zone économiquement vitale pour l’empire et dont les habitants acceptaient mal l’autorité de Spyr. En réalité, tout le monde savait que c’était pour l’éloigner de la capitale en espérant qu’il y trouve une mort héroïque au cours de l’une des nombreuses révoltes des tribus locales contre les légionnaires spyriens.

— En ce qui concerne Atrius, continua Prosper. Sans ses gardes, il ne représente pas une grande menace et nous n’avons pas l’intention d’interdire le Culte de Pyra. Du moins pas tout de suite. Je pense qu’il finira par accepter ce changement contre son grès.

— Qu’en est-il de Dérios ? Demanda alors un autre convive. Est-ce que la reine Théa acceptera de reconnaître Sirius comme nouveau dirigeant de Spyr ?

— Ne vous inquiétez pas à propos de Dérios, déclara Rigas. Son Altesse Théa vous assure de son soutien total dans l’opération. Elle n’a aucune envie de voir la guerre éclater de nouveau entre nos deux pays à cause d’une querelle interne à Spyr.

— Bien, dans ce cas, il nous faut planifier le déploiement de nos forces, avança un officier servant sous les ordres de Sirius.

Ils se mirent tous en cercle et commencèrent à discuter de la meilleure stratégie à adopter afin de réussir l’opération. Il fut décidé d’agir dès demain dans la tombée de la nuit. Les légions de Gladius s’occuperaient de prendre possession du Sénat, du palais et de confiner les gardes dans leur caserne. Tandis que celle déjà présente se répartirait en plusieurs groupes pour aller arrêter une liste de sénateurs considérés comme des soutiens indéfectibles de Laris ou d’Atrius et fondamentalement hostiles au projet.

— Je m’occuperais personnellement d’aller arrêter Laris dans sa demeure, déclara Prosper. Appelez cela le privilège du vainqueur, si vous voulez. Quant à toi, Sirius, il te faudra te préparer pour ton discours. Le peuple aura rapidement besoin d’avoir une figure forte à laquelle se rattacher.

— Les soldats restants pourront rassembler les habitants sur la place centrale dans la matinée, proposa-t-il sobrement. J’y ferai mon discours et l’on demandera au peuple quel sort il souhaite réserver à Laris.

Il savait très bien qu’une telle décision revenait à condamner directement Laris à mort, mais l’ancien devait nécessairement partir pour faire place au nouveau.

— Très bien, acquiesça Prosper. Il ne restera plus qu’à envoyer des messagers aux quatre coins de l’empire afin d’y faire porter la nouvelle et éventuellement écraser la rébellion d’un quelconque gouverneur qui se montrerait un peu trop ambitieux.

Ils discutèrent encore quelques minutes de plusieurs points d’accroche, mais le plan était globalement ficelé et Prosper  semblait satisfait. Il décida donc de conclure cette réunion :

— Je crois que nous n’avons rien oublié. Levons donc nos verres au succès de cette mission qui restaurera la justice et rendra sa gloire à Spyr.

Tout le monde leva son verre et trinqua en prêtant serment envers leur mission et envers Sirius qu’ils reconnaissaient déjà comme leur nouveau roi.

— Lors de notre prochaine rencontre, il en sera fini de Laris, de ses abus et de sa domination sur cette ville. Il en sera fini d’Atrius et de son fanatisme religieux. Il en sera fini de tous leurs partisans corrompus jouissant des privilèges de leur poste aux dépens du peuple. Un vent nouveau soufflera sur Spyr et sur ses habitants et vous pourrez alors tous vous targuer d’être les instigateurs de ce nouvel ordre.

Un courant d’approbation parcourut la foule et plusieurs personnes applaudirent. Par la suite, ils remontèrent dans la cour et commencèrent à se disperser en prenant soin de prendre des chemins différents et en laissant suffisamment d’attente entre leurs départs pour ne pas attirer l’attention. Lorsque la majorité d’entre eux fut partie, Sirius se décida enfin à parler à son père en tête-à-tête.

— Êtes-vous satisfait ? Tout s’est déroulé comme vous l’aviez envisagé, n’est-ce pas ?

— Pas encore, je le serai une fois Laris mort et toi à la tête de Spyr.

Il eut un long silence durant lequel ils évitèrent tous deux de croiser le regard. Ce fut Prosper qui le brisa en premier.

— Je sais que tu m’en veux encore pour la dernière fois, mais sache que tu as bien fait de venir ce soir.

— Que vouliez-vous que je fasse d’autre ? Vous ne m’en avez guère laissé le choix.

— Car c’était ta destinée que de devenir roi de Spyr.

— Votre dessein, vous voulez dire.

— Je ne nierais pas t’avoir élevé dans ce but si c’est ce que tu insinues. Je ne l’aurais jamais fait si je ne te croyais pas sincèrement capable de gouverner un jour cette cité.

— Pourquoi ne m’avoir rien dit dans ce cas ? Pourquoi avoir gardé le secret jusqu’à présent ?

— Tu étais trop jeune et je ne voulais pas te compromettre pour ta propre sécurité. Et puis ton désintérêt pour la politique ne m’a pas aidé à voir en toi un habile politicien. Je suis heureux de constater que tes quelques mois en tant que Flamme t’ont aidé à y voir plus clair. Tant que tu suivras mes conseils, je suis certain que ton règne se portera bien.

— C’est d’accord, déclara Sirius, je deviendrai roi de Spyr si telle est ma destinée. À une seule condition. Allez-vous enfin me dire qui était ma véritable mère ?

Prosper soupira. Il ne restait plus qu’eux deux dans la cour, tous les autres convives hormis le propriétaire des lieux étaient déjà partis. Ce dernier n’osait pas interrompre le père et le fils dans leur discussion et patientait dans un coin.

— J’ai toujours souhaité éviter cette conversation, mais il semblerait que je ne puisse pas te le cacher plus longtemps. Ta mère était une fleur sublime que la cruauté de ce monde n’a pas épargnée. Elle était l’esclave d’un riche marchand à la tête d’une caravane itinérante. Elle et moi avons eu une liaison pendant un temps avant son départ.

— Est-ce que vous l’aimiez ?

Prosper baissa la tête et regarda le sol piteusement.

— Oui, je l’aimais, lâcha-t-il à demi-mot. J’ai tout fait pour la sauver.

— Mais vous avez échoué ?

Il ne répondit pas, comme accablé par le chagrin.

— Où se trouve-t-elle à présent ?

— Morte.

Sirius regardait Prosper d’un air dubitatif. Ce n’était pas le genre de révélation auquel il s’attendait, mais son père semblait vraiment éprouver du chagrin.

— Vous ne vouliez pas que je sache que je suis le fils d’une esclave de peur que la nouvelle se répande, c’est cela ? Une telle information aurait à jamais compromis ma réputation et votre plan pour prendre le pouvoir.

Prosper se mordit la lèvre avant de répondre :

— Tu as eu ta réponse maintenant, que te faut-il de plus ?

— Qu’un jour enfin vous vous comportiez comme un véritable père !

— Je te l’ai déjà dit. Tu es un Domitor à mes yeux !

— Encore et toujours la famille, je sais ! Ne comptez pas sur moi pour reproduire votre œuvre. Vous en serez le dernier membre et elle disparaîtra avec vous.

Sirius sortit à son tour de la cour sans se retourner. Il salua le maître des lieux, le sénateur Orpis, avant de prendre la direction du palais. La soirée était douce et un léger vent frais venait parcourir les rues désertes de la cité. Il s’arrêta sur un banc en pierre et contempla le ciel un instant. C’était la dernière nuit qu’il passait en tant que Flamme, demain soir, il serait fait roi. Mais il le serait en son nom ou bien en celui de sa mère si jamais il l’apprenait un jour. C’était la meilleure punition qu’il pouvait infliger à Prosper pour l’avoir traité de la sorte. Il resta là encore quelques minutes avant de se remettre en route.

Le lendemain matin, Sirius se leva tard dans la matinée. Il avait un léger mal de tête, sans doute dû à son excès de vin de la veille. Il s’habilla en vitesse et déjeuna sur un balcon. Le soleil resplendissait, c’était une belle et chaude journée qui s’annonçait. Alors qu’il allait enfiler sa toge et s’apprêtait à se rendre au Sénat, il entendit les cloches de la ville se mettre à sonner et quelques secondes plus tard, l’on tambourina à sa porte. Est-ce que Gladius serait arrivé plutôt que prévu ? Pensa-t-il en allant ouvrir la porte de ses appartements. Un serviteur s’inclina aussitôt, l’air paniqué.

— Votre Honneur ! C’est votre père, votre honneur.

— Quoi, ce vieillard veut encore me voir ? Dites-lui que je ne changerai pas d’avis et qu’il se trouve un autre héritier s’il le souhaite, ça m’est égal.

— Non, votre honneur, il est mort.

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Talharr
Posté le 27/07/2025
Hello,
Chapitre avec beaucoup de rebondissements ahaa vraiment sympa.
Je m'attendais pas à ce que Prosper soit tué juste après le conseil. Un traitre parmi eux.
ça sent la guerre civile.
On passe de Pyra qui lui donne son feu vert puis au conseil et enfin à la mort du père.

Les retours :) :

"Même les dieux commettent des erreurs, Sirius. J’ai pris la mauvaise décision ce jour-là et je la paie encore aujourd’hui, croit-moi" -- "crois-moi"

"un serviteur vit lui ouvrir" -- "vint"

"Prosper et semblait satisfait" -- enlever le "et"

"Un vent nouveau soufflera sur Spyr et sur ces habitants et vous pourrez tous vous targuer d’être les instigateurs de ce nouvel ordre" -- plutôt "Un vent nouveau soufflera sur Spyr et sur ces habitants et vous pourrez tous vous targuer d’être les instigateurs de ce nouvel ordre""Un vent nouveau soufflera sur Spyr et ses habitants. Vous pourrez alors tous vous targuer d’être les instigateurs de ce nouvel ordre."

"Par la suite, ils remontèrent dans la cour et commencèrent à se disperser en prenant soin de prendre des chemins différents et en laissant suffisamment d’attente entre leurs départs pour ne pas attirer l’attention" -- mettre une virgule à la place du "et" avant "en laissant".

Voilà je continue :)
Scribilix
Posté le 27/07/2025
Merci, beaucoup de réponses arriveront dans le prochain chapitre ^^
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