Evannah se réveilla avec une odeur de viande grillée dans les narines. Elle se retourna, Lyzel poussa un gémissement et se blottit contre elle. Son cœur s’emballa quand la main de la damorial glissa sur son bras. Elle redressa la tête et s’aperçut que le Marionnettiste et Saphir étaient partis. Seul Nuage était resté pour préparer le petit-déjeuner. À son grand soulagement, elle vit un panier de fruits posé au sol.
– Votre ami humain s’est occupé de la cueillette, dit le yotora comme s’il venait de lire dans ses pensées. Il paraît que vous ne mangez pas de viande à chaque repas et encore moins celle d’Ibyulis.
– Merci, murmura Evannah, le cerveau embrumé par le sommeil.
Une fois son esprit plus clair, elle se leva. Elle réveilla Lyzel qui se redressa et se frotta les yeux. Un rai de lumière s’infiltra entre les rideaux et sa faiblesse indiquait que l’aube commençait à poindre.
Nuage l’invita à se servir. Elle analysa l’ensemble et fut surprise par l’apparence des fruits. Certains ressemblaient à des artichauts, à des concombres et à des choux, d’autres à des oursins et à des roseaux. Elle en prit un qui avait la forme d’une pêche et le croqua. Un goût de lait inonda sa bouche et elle se détendit à cette saveur si familière. Une fois son petit-déjeuner avalé, elle se tourna vers Nuage qui venait de terminer la cuisson.
– Vous n’avez pas de salle de bain ? demanda-t-elle.
– Une salle de bain ? répéta le yotora. Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Une salle où je pourrais faire ma toilette. Vous en avez une ou...
… vous vous lavez avec votre salive ? Mais cette suite lui paraissait trop impolie.
– Ah ! s’exclama Nuage. Non, nous n’avons pas de… salle de bain. Mais nous nous lavons dans la rivière qui serpente sous les plateaux.
– Je vois, dit Evannah, gênée à l’idée d’être nue devant tout le monde. Je pense que je n’ai pas le choix.
– Ne t’inquiète pas, aucun yotora n’ira t’embêter. Enfin… fais attention à tes vêtements, quand même. Il y a beaucoup de curieux qui se demandent comment les porter. Ton amie peut t’accompagner. Je préviendrai Saphir.
Lyzel leva la tête et découvrit une Evannah aussi rouge qu’une pivoine.
– J’irai avec toi, dit-elle, juste pour surveiller les alentours. On ne sait jamais.
– Oui, je… je pense que tu devrais venir, balbutia l’humaine.
– Bien. Allons-y.
Après avoir pris un drap en guise de serviette, les deux filles quittèrent la tanière. Une fois à l’extérieur, Lyzel chercha un coin idéal pour la toilette alors qu’Evannah se perdait dans la contemplation du paysage. La journée s’annonçait belle. Le vent s’était évanoui après avoir soufflé pendant le voyage. Des kirnels volèrent devant elles pour disparaître entre les pics. En bas, des yotoras couraient vers la sortie de la cité pour chasser dans les montagnes. Evannah espérait de tout son cœur qu’ils ne tomberaient pas sur Iuka et Foudre Bleue. Même s’ils étaient forts et résistants, la chute avait été brutale.
Les filles descendirent les escaliers et se dirigèrent vers un endroit boisé. Peu de yotoras erraient par ici, mais Evannah avait l’impression d’être observée par des centaines de paires d’yeux et d’être déjà nue. Lyzel s’adossa à un arbre et lui promit qu’elle ne regarderait pas. L’humaine se déshabilla en épiant les alentours. Lorsqu’elle enleva ses dessous, elle plongea tout de suite dans la rivière pour se cacher. Malheureusement, l’eau était trop limpide et Evannah se lava sans prendre son temps. Grelottante, elle se sécha et se revêtit. Son manteau était plus léger. Elle enfouit ses mains dans les poches et paniqua quand elle ne sentit plus son carnet.
Evannah se tourna vers Lyzel qui était en train de le feuilleter. La damorial sursauta face à la mine sidérée de son amie. Elle comprit qu’elle s’était introduite dans son intimité.
– Excuse-moi, je pensais que ce n’étaient que des dessins.
– Oh, oui, ce ne sont que des dessins, répondit l’humaine, embarrassée. C’est juste que… je n’ai pas l’habitude que quelqu’un regarde dedans.
– Je n’aurais pas dû, mais j’ai été trop curieuse. Je me demandais pourquoi tu y tenais tant.
Evannah s’assit aux côtés de Lyzel qui lui rendit son carnet. Elle tourna quelques pages devant leurs yeux. Des croquis aux traits réguliers et précis se mariaient à des vers. Quelques photographies d’animaux et de paysages s’incrustaient entre eux.
– C’est toi qui as fait tout ça ? s'exclama son amie, fascinée.
– Oui, répondit Evannah avec une pointe de fierté. Chaque page représente une étape de ma vie, une pensée, un souvenir.
– Je comprends pourquoi il t’est si cher.
– Tous ceux qui ont marqué ma vie ont eu leur page.
– Des gens que tu aimes et que tu as aimés ?
– Oui.
– Ton frère ?
– Oui, j’ai fait beaucoup de pages pour lui. Même si je ne le connais pas, il existe toujours pour moi. Oh… celles-ci… elles étaient dédiées à mes ex petits amis. C’est débile, mais avant, ça comptait beaucoup.
– Des petites amies, aussi.
La remarque sur sa bisexualité accéléra le rythme cardiaque d’Evannah. Elle réalisa que Lyzel s’était blottie contre elle. Les doigts de la damorial tournèrent les pages avec légèreté. Elle eut la sensation de les sentir sur sa peau et une douce flamme naquit dans son ventre.
– Ces couleurs sont plus sombres et plus agressives, constata la fille blanche. Tu devais être en colère à cette époque.
– Oui. Je ne suis pas tombée sur de bonnes personnes. Ce poème que tu vois là a été lu devant toute la classe. Par un prof. Son but était de m’humilier.
– Pourquoi est-ce qu’il a lu ton poème pour t’humilier ?
– C’est tellement facile de détruire quelqu’un en s’attaquant à ce qu’il aime. Les autres enfants l’avaient compris. Je les ai entendus crier mes vers pour se moquer, dire que j’écrivais de la merde et m’insulter. Certains ont fouillé mon sac pour voler mes poèmes et déchirer mes dessins. Même si j’étais bien entourée, j’étais toujours aussi impuissante. Le passage au lycée m’a sauvée.
– Tout est prétexte à persécuter ceux et celles qui sont différents.
Evannah hocha la tête et lâcha un triste soupir. Les pages tournèrent encore et les couleurs s’adoucirent. Des souvenirs défilèrent devant les yeux de la jeune humaine qui se surprit à ressentir un peu de nostalgie. Pourquoi ? Mitrisiane n’était pas un monde idéal, mais les moments les plus simples lui permettaient d’apprécier la vie.
– Alaïa et Niyaëv auraient aimé, j’en suis sûre, dit Lyzel, plus à elle-même qu’à Evannah.
– Ils doivent beaucoup te manquer. Ils aimaient le dessin et la poésie, aussi ?
– Alaïa et moi faisions essentiellement des origamis. Quand Niyaëv venait, on dessinait. Bien sûr, nous n’étions jamais meilleures que lui, mais il croyait que nous pouvions le surpasser. Mais à nous trois, nous avons une imagination débordante. Mes voyages et mes souvenirs de Camoren m’ont apporté beaucoup de couleurs.
– Alaïa et Niyaëv connaissaient Camoren ?
– Ni l’un, ni l’autre. Ils ne connaissent qu’à travers leurs parents. Camoren est un rêve que nous désirons atteindre.
– Ça doit être terrible d’être arraché de force à son monde d’origine.
– Les parents d’Alaïa sont morts et sa grande sœur s’est occupée d’elle. Elle a été tuée après avoir volé. La mère de Niyaëv était une meurtrière. Elle lui a donné la vie dans Ixarian.
– J’imagine qu’ils doivent souvent y penser et se sentir mal.
– Oh oui ! Je les ai consolés dans ces moments-là. J’étais la mieux placée pour le savoir. Mais Niyaëv ne croit plus en la renaissance de Camoren et considère que sa maison est la Serre des Os, la ville de réfugiés. Il n’a jamais eu vraiment de problèmes avec ça, mais il aurait aimé plus de sécurité. Il est fatigué d’errer dans les rues remplies de criminels et de faux espoirs.
– Lui aussi a trouvé du réconfort à tes côtés.
Lyzel émit un petit rire.
– Pas au début, non. Notre première rencontre s’est mal déroulée.
– Ah ouais ?
– J’ai toujours utilisé mes pouvoirs sans réfléchir. Un jour, je me promenais dans la cité et deux gars m’ont provoquée et m’ont harcelée. Les derniers qui ont osé m’approcher n’ont pas eu de chance et sont morts sous ma lumière. Niyaëv a tout vu et a été choqué. J’ai essayé de le rassurer, mais il a pris la fuite. J’ai voulu le retrouver pour lui expliquer ce qu’il s’était passé. À chaque fois qu’il me croisait, il me suivait discrètement, mais il se sauvait toujours quand je tentais de l’aborder. Un jour, je l’ai rattrapé et je lui ai demandé quel était son problème. Il m’a exposé ses craintes sur ma nature d’Enfant-Cristal et je l’ai rassuré en lui montrant mon pendentif. Il a fini par se laisser convaincre et s’est renseigné sur mon agression. Tout comme moi, il lui arrivait d’avoir peur de la Serre des Os, mais de la considérer à la fois comme un refuge. On a beaucoup parlé et l’on ne s’est plus jamais quittés depuis. Niyaëv avait besoin de quelqu’un quand on s’est rencontrés. Sa mère est morte à cause d’une sollicitation trop forte de Nebulas.
– J’ai l’impression que tout le monde a besoin de toi, Lyzel.
– Quoi ? s’exclama-t-elle, avec un rire gêné, qu’est-ce que tu veux dire ?
– Et bien… j’ai confiance en toi et je me sens protégée à tes côtés.
– Comment tu peux ? Je suis une damorial et j’ai grandi parmi les proscrits. Pourquoi une confiance aussi aveugle ?
– Tu ne juges personne, peu importe ce qu’ils ont fait. Et tu es à l’écoute des autres.
– C’est moi qui ai besoin d’une oreille.
Elle tourna la dernière page colorée et contempla les deux suivantes.
– Qu’est-ce que tu vas dessiner ? demanda-t-elle, tu y as pensé ?
– J’ai besoin d’un de tes origamis.
– Si tu veux… mais je n’en ai pas sur moi. Mais comme j’ai toujours des feuilles sous ma cape, je peux t’en faire un.
– Merci !
Lyzel sortit des papiers de couleur et en choisit un rose. D’une main habile, elle le plia jusqu’à former une fleur de cerisier. Evannah la cueillit, la cala délicatement entre les deux pages vierges et ferma son carnet à l’aide de l’élastique.
– Cette place, tu la méritais bien, dit Evannah.
– Je ne comprends toujours pas pourquoi, admit Lyzel.
Evannah se perdit dans son regard aussi gris qu’un ciel d’orage. Blottie contre son amie, un courant passa entre elles et les unit. Le silence se fit autour d’elles, les fleurs, les nuages et les êtres vivants n’existaient plus. Les yeux d’Evannah descendirent sur les lèvres de Lyzel. Elle se rapprocha, mais la damorial resta dans l’incompréhension. Son cœur qui battait follement se serra à l’idée que Lyzel ne ressentait peut-être pas les mêmes sentiments qu’elle. Malgré l’envie irrésistible de l’embrasser, l’humaine se ravisa.
À l’instant, un yotora se tenait à quelques mètres d’elles. Lyzel se redressa et Evannah rangea son carnet à la hâte. Sous sa forme de loup, l’inconnu était aussi grand qu’un chien de Mitrisiane. Un cerceau blanc sanglait son crâne. Un Souffre-Douleur, un criminel venait à leur rencontre.
– Excusez-moi de vous avoir dérangées, dit-il, mais j’étais intrigué de voir une humaine et une damorial chez les Peaux de Pierre.
– Ce n’est rien, le pardonna Lyzel. Nous ne pouvons pas passer inaperçues, elle et moi.
– Qu’est-ce qui vous amène dans Ibyulis ?
– Tellement de problèmes.
– Je vois. C’est un membre de la meute qui vous a menées ici ?
– Adamantin Saphir.
– Ah !
– Vous le connaissez ?
– Nous nous connaissons tous, chez les Peaux de Pierre. Je l’ai vu grandir et devenir un guerrier pour servir Ibyulis.
Ses trois queues s’agitèrent mollement.
Evannah ignorait s’il était sincère.
– Il ne vous a pas battu ? demanda Lyzel.
– Il le fait comme tous les autres, répondit-il, impassible. C’est mon rôle de Souffre-Douleur, de subir les coups de nos supérieurs. Après avoir tué un membre de la meute, je le mérite bien.
– Oh, fit Evannah, affligée en imaginant Saphir faire du mal gratuitement.
Elle dévisagea l’Oméga, comme si elle décryptait son passé. Même s’il était ouvert sur le sujet, elle ne voulait pas s’immiscer dans sa vie. Mais sa curiosité persistait et les questions se multipliaient.
– Vous n’avez pas à subir un tel châtiment, dit-elle.
– J’ai tué quelqu’un, répéta le Souffre-Douleur.
– Oui, mais vous maltraiter devient plus cruel que votre crime.
– Tuer est un acte odieux. On ne détruit pas ce que les kirnels ont construit et l’on ne tue pas un membre de sa meute.
– Mais les autres sont aussi odieux avec vous !
– Nous, les Souffre-Douleurs, équilibrons les relations parmi les nôtres. Nous sommes là pour atténuer la violence entre les yotoras. Nous subissons les coups, mais personne n’a le droit de nous tuer, bien sûr.
Evannah ne savait pas quoi en penser. Oui, il avait enlevé un enfant à un Tuteur, un membre à sa meute, mais elle n’était pas face à une mauvaise âme. Il n’avait pas dévisagé Lyzel avec haine, comme la plupart de ses frères.
– Ibyulis n’est pas aussi beau que vous le croyiez, constata-t-il.
– Oh, si ! s’exclama Evannah. J’aime vraiment Ibyulis. Les kirnels et leur art, la faune et la flore, son ciel et cette odeur de vanille !
– Odeur de vanille ?
– Vous ne la sentez pas ? Elle est omniprésente.
Le Souffre-Douleur huma l’air et la regarda, dubitatif.
– Je crois que les yotoras ne peuvent pas sentir cette odeur, théorisa Lyzel.
– C’est évident, dit Evannah, elle vous est très familière.
Elle esquissa un sourire qui disparut quand elle aperçut trois yotoras. Leur corps était élancé et se terminait par une unique queue. L’un d’eux menait le groupe et s’avançait vers l’Oméga.
– Eh, vous deux ! Écartez-vous de lui, ordonna-t-il avec condescendance, Illusion pourrait vous sauter dessus une fois le dos tourné !
Au son de sa voix, Evannah aurait cru qu’il s’agissait d’une femme, mais elle se souvint que les yotoras étaient asexués. Lyzel saisit son bras pour l’éloigner, mais elle la rejeta. Même si son estomac s’était noué, elle se posta en tentant de prendre un air de confiance.
– Tout va bien, on discutait.
– Ne fais pas d’histoires, Evannah, murmura Lyzel. Tu sais que c’est inutile de s’interposer entre un membre de la meute et un Souffre-Douleur.
– Mais il n’a rien fait ! protesta son amie sur le même ton.
– Il a fait quelque chose et eux ne l’oublieront jamais.
Le yotora marcha vers Illusion et lui somma de s’éloigner des jeunes filles. L’Oméga obéit et s’en alla jusqu’à laisser une distance satisfaisante pour son supérieur.
Les deux autres accoururent et l’un d’eux lui administra un coup de griffes sur le museau. Illusion émit un glapissement qui serra le cœur d’Evannah. Impuissante face à une nouvelle situation de violence, elle regarda les trois yotoras s’acharner sur le Souffre-Douleur. Du sang blanc gicla sur l’herbe et la jeune humaine essaya de retenir ses larmes. Lyzel tira de nouveau sur son bras pour l’emmener loin de la scène, mais Evannah décida qu’elle ne resterait pas immobile une fois de plus. Elle s’élança en direction des bourreaux.
– Arrêtez ça ! hurla-t-elle, haletante.
Les trois obtempérèrent et la fixèrent avec curiosité. Illusion lui lança un regard plein de détresse. Le meneur s’approcha d’Evannah qui fit un pas en arrière, malgré elle.
– Pourquoi ? demanda-t-il.
– C’est de la violence gratuite ! Il n’a pas m...
– Pourquoi est-ce que tu défends un type comme lui ? Tu sais ce qu’il a fait ?
– Oui, il a tué un membre de votre meute ! Mais il a été puni et il a conscience que son acte était abominable !
– Alors, dis-moi : pourquoi est-ce qu’il a fait ça ?
– La peur et la colère peuvent pousser les gens aux pires atrocités.
L’ardeur d’Evannah s’évanouit. Ses propres paroles la firent réfléchir.
– La peur et la colère n’excusent rien ! vociféra-t-il. Tu es stupide de croire qu’il ne te voulait aucun mal !
– Vous savez très bien qu’il ne nous aurait pas assassinées !
– Même s’il a conscience que ça aggravera sa situation, il l’aurait fait si nous n’étions pas intervenus. Un meurtrier reste un meurtrier à jamais. Maintenant, dégage et ne te mêle pas des affaires de la meute, humaine !
Mais Evannah se plaça entre les trois yotoras et le Souffre-Douleur. Elle espérait que sa peur n’était pas visible. Illusion lui susurra de partir et de ne rien tenter. Ses trois supérieurs grognèrent sur la jeune fille. Lyzel alla lui porter secours, mais son amie l’arrêta d’un geste de la main.
– Vous n’allez pas me tuer, dit-elle, fermement.
– Non, admit le meneur, mais si tu ne t’écartes pas, tu subiras le même sort.
– Saphir n’appréciera pas.
Les trois yotoras éclatèrent d’un rire moqueur.
– Saphir approuvera notre geste ! Il fait partie de la meute et sait très bien pourquoi les Souffre-Douleurs méritent d’être frappés. Écoute, nous avons eu une très mauvaise chasse et nous sommes frustrés. Laisse-nous nous défouler sur lui. Il est là pour ça.
– Vous avez passé un mauvais moment et la seule chose qui vous vient en tête, c’est d’aller maltraiter un membre de votre meute ? les sermonna Evannah. Je suppose que vous avez mieux à faire, non ? Vous n’allez pas réussir vos épreuves en martyrisant les autres et vous le savez très bien ! Le mal engendre le mal. Vous alimentez la haine. Mais allez-y ! Frappez-moi ! Saphir s’est juré de me protéger !
Les deux suiveurs se fixèrent et attendirent la réaction de leur chef. Le regard du yotora se fit plus menaçant, mais il recula.
– Tu es stupide et naïve ! cracha-t-il.
– Tu n’as rien changé à sa pauvre vie ! renchérit un des deux.
Les trois yotoras partirent. Plus surprise que soulagée, Evannah ne bougea pas jusqu’à ce qu’ils disparaissent sur la rive voisine. Illusion se rapprocha et était autant ébahi qu’elle.
– Eh… bien, je devrais te remercier, dit-il.
– Non, ce n’est pas la peine, répondit Evannah qui se remettait peu à peu de ses émotions.
Lyzel les rejoignit et ne cacha pas son étonnement. La voir aussi expressive perturbait davantage son amie.
– J’avoue avoir pensé que ce n’était pas une bonne idée et que tu étais folle de t’opposer à eux, admit-elle, mais tu lui as évité une séance de torture.
– Pour cette matinée, peut-être, dit Illusion, mais ils ont raison : vous n’avez rien changé à ma vie. Merci quand même. J’aurais pu subir un pire traitement.
– J’espère que ça ne va pas vous attirer des ennuis, lui confia Evannah, je me suis trop laissée porter par mes sentiments.
– Ne vous en faites pas pour moi. Allez rejoindre Saphir et ne lui faites pas part de tout ça, d’accord ?
– D’accord ! promirent en chœur les jeunes filles.
Elles le saluèrent et lui souhaitèrent de se rétablir. Puis, elles se hâtèrent pour retrouver le Marionnettiste. Le cœur d’Evannah ne s’était pas calmé et elle avait l’impression que toute la meute connaissait déjà son intervention.
« Vous en avez une ou...
… vous vous lavez avec votre salive ? » → très drôle ce passage ;)
- « – Je vois, dit Evannah, gênée à l’idée d’être nue devant tout le monde, je pense que je n’ai pas le choix. » → Tu devrais mettre un point après « tout le monde »
- « Lyzel leva la tête et constata une Evannah aussi rouge qu’une pivoine. » → le verbe constater est un peu bizarre ici, je trouve… Pourquoi pas « découvrit » ?
- « – Oui, je… je pense que tu devrais venir, balbutia l’humaine. » → Ben tiens… ^^
- « – Je ne comprends pas comment ça a pu aussi mal tourner. » → Cette formulation est un peu étrange. On a un peu de mal à comprendre ce qui a mal tourné. J’imagine que tu parles du carnet et de ce qu’Evannah écrit dedans, mais l’expression « mal tourner » ne semble pas très adaptée… A part ça, bien tristes ces souvenirs d’Evannah, on ressent beaucoup de compassion pour elle.
Très jolie scène entre Evannah et Lyzel, c’est super de voir leur relation évoluer en parallèle de l’histoire ! J’ai hâte de lire la suite sur ces deux-là ;)
- « À l’instant, un yotora se tenait à quelques mètres d’elles. » → le « à l’instant » ne permet pas vraiment de montrer la soudaineté de la chose. Qu’est-ce que tu dis de « Elles découvrirent tout à coup qu’un yotora se tenait à quelques mètres d’elles. », ou « Soudain », ou quelque chose comme ça ?
- « Excusez-moi de vous avoir dérangé » → « dérangées »
- « Il le fait comme tous les autres, répondit-il, impassible, c’est mon rôle de Souffre-Douleur, de subir les coups de nos supérieurs. » → à ta place, je mettrais un point après « impassible »
- « Vous avez passé un mauvais moment et la seule chose qui vous vient en tête, c’est d’aller maltraiter un membre de votre meute ? les sermonna Evannah, je suppose que vous avez mieux à faire, non ? » → même chose ici, après « les sermonna Evannah »