Chapitre XX

Par Fidelis

Une fois tous les portails de l’étoile ouverts, les gens circulaient plus que de raison, mais sans faire la grise mine cette fois, et en arborant des tenues aux couleurs criardes, ils affichaient leur mutation génétique ou leur implant douteux de manière ostentatoire.

Uriel s’était habillé dans la précipitation. Il avait troqué son haut pour un vêtement de Valéri qui faisait deux tailles de moins, nombril apparent, avec des manches qui lui arrivaient au niveau des coudes. Le tout en mode slim qui ne laissait pas le regard des fêtards indifférents.

Il marmonnait des phrases sans queue ni tête le visage fermé. Valéri décida de lui parler des Lyriens pour tenter de lui changer les idées.

— Je ne t’ai pas tout dit au sujet des deux Lyriens.

Ce qui le fit sortir de sa torpeur, pour s’imaginer des trucs encore bien plus glauques.

— Quoi y ont plusieurs bites comme la trompe du mec d’en face !

Remarque qui avec la proximité des gens dans la rame fit réagir l’individu concerné. Il possédait en lieu et place du nez un appendice d’une bonne vingtaine de centimètres avec un diamètre assez large.

Il les interrogea d’une voix nasillarde.

— Sérieux, vous connaissez un gars qui s’est fait poser plusieurs bites ?

Éventualité qui ne fit qu’exaspérer Uriel qui menaça aussitôt le curieux intrusif.

— Toi l’hermaphrodite tu fermes ta gueule !

L’inconnu haussa les épaules pour se retourner vers une personne qui l’accompagnait et lui demanda d’un air intéressé.

— Et les oreilles tu vas te les faire poser aussi ?

Valéri s’interposa pour le rassurer, il entendit juste de manière distraite… Non je peux pas, déjà pour la trompe c’était limite. J’ai pas un métabolisme assez grand par rapport au flux sanguin, on m’a proposé de me retirer un membre afin de réduire ma masse corporelle, mettre une prothèse à la place, mais j’hésite…

— Uriel écoute moi bon sang ! c’est sérieux, les deux Lyriens y veulent se réunir avec tout plein de potes à eux, leurs associés je crois et tu sais où ? Au Megaraptor, parce qu’ils trouvent l’endroit très attractif, et je te rappelle que l’impératrice elle nous a demandé d’enquêter sur eux.

La rame fit une embardée, Uriel se saisit d’une barre pour se tenir. Valéri remarqua que leur vitesse n’était pas ordinaire, et comprit que le chauffeur devait être défoncé.

— Qu’est-ce que tu veux que ça me foute, tu penses que j’ai pas assez de problèmes comme ça ?

Valéri réalisa qu’il n’était plus apte à réfléchir et le lui précisa.

— Non tu n’y es pas, tiens-toi bien, ils m’ont demandé d’organiser la rencontre.

La rame fit une nouvelle embardée au même moment où un individu cria sur un ton de délivrance.

— Ils ont ouvert les chaudrons !

Ce qui créa une onde de réjouissance chez tous les voyageurs en direction de l’hyper centre, qui juste par leur présence en pénétrant dans le cœur de l’étoile, participaient automatiquement à un tirage au sort pour rejoindre l’un d’entre eux.

La diversion fonctionna, l’esprit d’Uriel se canalisa sur son plus gros fantasme, l’Impératrice.

— Tu veux dire qu’en lui remettant tes potes Lyriens, l’Impératrice se sentira redevable et se foutra à quatre pattes pour qu’on puisse la défoncer toute la journée ?

Son regard se chargea de perversité à l’évocation de cette promesse. Son collègue lui, ne partageait pas son optimisme et la considérait plutôt comme une personne dangereuse aux pouvoirs de maltraitances raffinées.

— Oui enfin ça, c’est dans le cas de figure où tout se passe bien. J’ai eu des échos d’employés qui ont eu le malheur de la courroucer, et y paraît qu’elle a un attirail de ceintures à dormir sur le ventre pour une éternité.

La rame fit une nouvelle embardée, une voix annonça en même temps.

— C’est une vierge qui inaugure le premier chaudron !

Des rires éclatèrent accompagnés de remarques salaces.

Uriel sortit de sa rêverie et fronça les sourcils, interpellé par l’identité de la personne. On nommait des vierges, les gens qui ne possédaient ni implant ni modification génétique. Un doute affreux lui traversa l’esprit, et sans prendre le temps d’ouvrir le sien, il arracha le com’ du mec avec la trompe qui avait son regard rivé dessus.

Valéri le vit blêmir, avant qu’il ne se mette à éructer.

— Putain c’est ma femme !

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