Ils avançaient rapidement depuis leur départ de Spyr, ne s’arrêtant que lorsque cela était nécessaire et en restant sur place le moins longtemps possible. Sur les trois mille hommes que comprenait cette expédition, ils étaient environ cinq cents à faire partie de la Garde. Atrius guidait la marche, accompagné par un général spyrien, et tous les hommes faisaient du mieux qu’ils pouvaient pour suivre le rythme effréné qu’ils leur imposaient. Seuls les gardes du Palais ne semblaient pas être affectés par cette marche forcée. D’ailleurs, Aydan se sentait particulièrement en forme depuis son départ. C’était sûrement lié aux Adorateurs qui les accompagnaient et aux rituels auxquels ils s’adonnaient. Ils avaient emporté un immense coffre qui débordait de fumée en permanence. Chaque soir, les gardes se réunissaient à l’écart des autres légionnaires et les prêtres posaient le coffre au-dessus d’un feu de camp monté en vitesse. Ils se regroupaient tous alors autour de celui-ci en arc de cercle et après quelques récitals, les prêtres ouvraient le coffre. La fumée prenait aussitôt vie et se rependait à toute vitesse hors de son contenant, serpentant de gardes en gardes avant de s’enrouler autour de chacun d’entre eux. Chaque soir, ils inhalaient de cette étrange fumée qui leur redonnait force et vigueur. Aydan se demandait souvent comment les prêtres parvenaient, selon leur dire, à capturer une partie de l’âme de Pyra dans cette boite. Mais il semblait qu’ils ne soient plus en mesure d’en produire et Aydan voyait bien que nuit après nuit, la fumée se faisait moins intense et ses effets diminuaient. Quoi qu’il en soit, cela leur permettait de ne ressentir ni douleur, ni fatigue. Ils pouvaient ainsi enchaîner les courtes nuits et reprendre leur route aussitôt. Le contrecoup à payer était en revanche important et Aydan savait déjà qu’à leur retour à Spyr, il dormirait pendant plusieurs jours d’affilés.
En même temps qu’ils s’enfonçaient dans les terres de Dérios, il contempla la végétation luxuriante qui l’entourait. Elle n’était pas bien différente des régions du Nord de l’empire. Les teintes étaient peut-être un peu plus grises et légèrement moins éclatantes qu’à Spyr, mais en plein été tout lui semblait si sec et brûlant.
— Tu verrais ta tête, on dirait que tu as vu Odric en personne.
C’était Liam qui marchait à côté de lui et qui le regardait l’air enjoué.
— Je ne sais pas, j’avais entendu beaucoup d’histoires sur les forêts de chênes et d’hêtres de Dérios et, lorsque j’étais allé à Brys, elles me semblaient plus attrayantes que cela.
— Ce ne sont que des forêts, répondit-il en haussant les épaules. Pour moi, ce sont les mêmes partout à Elanor.
— Tu ne disais pas la même chose lorsque l’on s’était rendu au Sud de Mentis, le taquina Aydan.
— Où ça ?
— À Mentis, tu te souviens, notre dernière mission avant de devenir garde…
Liam réfléchit profondément avant de répondre.
— Non, vraiment, je ne vois pas.
Aydan allait répliquer lorsqu’il réalisa que ces souvenirs de cette période étaient également flous. Il se souvenait de la statue brisée et d’une tribu au milieu d’une forêt effrayante, mais il ne savait plus exactement ce qu’ils y avaient fait. Simplement qu’à la fin, Atrius les avait complimentés et ils étaient rentrés chez eux. Cela ne devait pas être bien important, pensa-t-il en posant de nouveau son regard sur les arbres aux alentours.
Soudain, Atrius donna l’ordre à la troupe de faire halte. Un homme chevauchait seul dans leur direction. Aydan le reconnut, c’était l’un de leurs éclaireurs. Si aucun de ces camarades n’était à ses côtés, c’est qu’ils avaient dû rencontrer des ennuis en chemin. L'homme échangea quelques mots avec Atrius et le général, puis partit rejoindre les rangs avant que le groupe ne se remette en marche. On accéléra encore la cadence, la cible ne devait plus être loin.
Finalement, après encore deux heures de marche, on leur ordonna de se préparer pour l’embuscade et ils se séparèrent en petit groupe en s’approchant de l’endroit où se trouvait le campement ennemi. Aydan n’avait jamais entendu parler de ces Brûlés auparavant et il ne savait pas si c’étaient des combattants aguerris. D’après ses capitaines, ils étaient largement plus nombreux et leur victoire était assurée. Il ne fallait pas pour autant baisser leur garde, c’est pourquoi ils décidèrent de s’approcher le plus discrètement possible du camp en s’enfonçant dans le bois. Liam était dans son groupe et son compagnon marchait doucement à ses côtés. Ils progressaient toujours plus profond dans le bois lorsque le pied d’Aydan heurta un objet. Il sentit une corde se serrer sur sa jambe et il perdit l’équilibre en tombant en avant. Liam se retint d’éclater de rire tandis que le capitaine qui les accompagnait lui lança un regard noir pour le vacarme qu’il venait de faire. Aydan remarqua alors qu’il avait mis les pieds sur un piège de fortune destiné à attraper du gibier. Le nœud était mal fait et le piège grossièrement dissimulé derrière quelques feuilles. Lui-même se demanda comment il avait pu ne pas le remarquer. Il n’eut aucun mal à s’en extraire et à reprendre son chemin en ravalant sa fierté. Ils continuèrent leur progression et arrivèrent bientôt en vue de ce qu’il leur semblait être un campement.
— C’est bien trop calme, murmura Liam.
En effet, aucun son ne leur parvenait et il ne voyait pas le moindre mouvement. Le capitaine s’approcha encore un peu, puis il donna l’ordre d’avancer et leur groupe chargea en hurlant. Ils pénétrèrent en tête dans un camp totalement désert suivi par les autres groupes. Ils inspectèrent rapidement les lieux, mais durent vite se rendre à l’évidence, leur proie leur avait échappé. Au vu des tentes encore debout, des affaires qu’ils avaient laissées et des braises encore brûlantes du feu de camp, ils étaient partis dans la précipitation il y a moins d’une heure. Un des adorateurs qui les accompagnaient s’énerva et renversa une marmite de soupe encore tiède.
— Où sont-ils ?! Cria-t-il avec rage.
Aydan continua d’inspecter les lieux avec les autres soldats pendant que les différents officiers débattaient de la marche à suivre. Au bout de quelques minutes, il repéra plusieurs traces de sabots et de pas qui partaient tous dans la même direction. Il courut aussitôt les informer de sa découverte et ils le suivirent jusqu’aux traces en question.
— Quelle ville se trouve dans cette direction ? Demanda Atrius.
— Ortie, répondit le général. La ville n’est qu’à quelques lieues d’ici.
— Ils sont en fuite, ne traînons pas. Prenons les chevaux qui peuvent encore courir et pourchassons-les. Il faut les rattraper avant qu’ils n’atteignent la ville.
— Nos hommes ne peuvent pas tenir un tel rythme, ils ont besoin d’une pause ! Protesta-t-il.
— Pour les laisser s’échapper ? Certainement pas ! Il nous faut avancer, répondit Atrius.
— Eh bien, pourchasser les si vous voulez, mais mes hommes feront une pause ici avant de reprendre la route. Cela ne sert à rien de se précipiter s’ils ne sont pas en état de se battre.
Atrius pesta, mais sembla accepter la décision du général. Néanmoins, il convoqua les capitaines de la Garde et leur donna l’ordre de ralentir les fuyards avec les chevaux. Évidemment, Aydan fut parmi les désignés pour cette mission. Pourtant, cette fois-ci, cela ne le dérangea pas. Au contraire, il était même content d’être dans les premiers à pouvoir engager le combat.
Aydan et une trentaine d’autres gardes prirent les chevaux encore suffisamment frais et s’élancèrent en avant à la poursuite de leur cible. Le crépuscule pointait à l’horizon, mais s’ils se dépêchaient, ils pouvaient encore les atteindre avant la tombée de la nuit. Ils galopèrent pendant de longues minutes jusqu’à apercevoir au loin une fine ligne de soldats qui marchaient d’un pas rapide.
— Ce sont eux ! Cria l’un des gardes qui l’accompagnait.
Ils avaient emporté des arcs et se rapprochèrent jusqu’à se mettre à portée de tir de leur cible. Ils comptaient les harceler suffisamment pour désorganiser leur formation et les retarder.
Les Brûlés les repérèrent rapidement et accélérèrent la cadence. Aydan remarqua qu’ils portaient tous une armure en bronze identique, bien que chacun d’entre eux possédait une arme différente. Ceux ayant des boucliers se mirent à l’arrière et quelques archers décochèrent des flèches dans leur direction. Ils répliquèrent aussitôt, mais Aydan n’était pas très doué au tir, encore moins sur un cheval au galop, et toutes ses flèches ratèrent leur cible. Les deux camps échangèrent encore quelques tirs en ne faisant que des blessés légers de part et d’autre. Cependant, le plan fonctionnait, car les soldats avaient dû stopper leur marche.
Il remarqua un homme d’un certain âge avec une fine barbe grisonnante et une cicatrice au visage qui devait être leur commandant. L’homme grimpa sur un cheval et forma une ligne avec la dizaine de cavaliers à sa disposition. Les gardes rangèrent leur arc et sortirent leurs glaives. Les deux lignes se firent face à un instant à une distance raisonnable pendant de brèves secondes, puis le capitaine du groupe d’Aydan sonna la charge. Curieusement, il n’était plus effrayé à l’idée de trouver la mort lors de cet affrontement. Au début de l’été, il aurait certainement tout fait pour éviter les combats en se mettant en dernière ligne en espérant rentrer le plus vite possible à Spyr. Alors qu’aujourd’hui, il voulait vraiment honorer sa déesse et qu’elle soit fière de lui. S’il ne prenait pas de risques inconsidérés, il n’avait plus peur de charger dans la mêlée.
Le choc fut brutal et rapide. Il s’était entraîné à se battre à cheval, bien sûr, mais jamais à charger de face un groupe ennemi aussi bien équipé que lui. Il réussit à toucher à la gorge la monture du cavalier qui lui faisait face juste avant de recevoir un coup d’épée sur la tête. Son casque para l’attaque, mais le choc l’étourdit suffisamment pour lui faire lâcher prise et tomber au sol. Il se releva avec peine et complètement désorienté. Les chevaux et les hommes s’effondraient tout autour de lui et le sang jaillissait de toutes parts. Les cavaliers désarçonnés continuaient de se battre à pied et Aydan fut lui-même pris à partie par l’un des Brûlés. Il échangea une courte passe d’armes contre son adversaire avant qu’un garde de Spyr ne percute violemment l’homme avec sa monture, le piétinant à mort. Aydan regarda autour de lui et vit le commandant ennemi sur sa monture en train de se battre contre plusieurs gardes.
Il repéra le cadavre d’un cheval devant lui dont dépassait l’arc et le carquois de son ancien maître. Il s’y précipita et récupéra l’arme. Il encocha une flèche, visa l’homme et banda son arc lorsqu’il entendit un cri dans son dos. Il eut tout juste le temps de se retourner et d’apercevoir une jeune femme rousse abattre son glaive dans sa direction. Il para le coup de justesse avec son arc qui vola en éclats puis dégaina son arme. La fille le fixait avec rage en attendant sa prochaine action. Fut perturbé le regard noir qu'elle lui lançait. Elle semblait jeune, peut-être même plus jeune que lui. Il remarqua alors que plusieurs des siens étaient tombés et que le restant des Brûlés chargeait dans leur direction. S’ils restaient là, ils allaient être submergés. Les autres gardes l’avaient bien compris, car les survivants essayaient tant bien que mal de s’enfuir. Il repéra une monture sans cavalier et fonça dans sa direction. La fille tenta de lui barrer la route, mais il para son coup et l’envoya bouler d’un coup de pied dans le ventre. Il continua sa course, grimpa sur le cheval et s’éloigna aussi vite qu’il le put.
Il rejoignit d’autres gardes qui attendaient d’éventuels survivants. Sur la trentaine d’hommes, ils étaient moins d’une dizaine à s’en être sortis. Aydan ignorait combien de Brûlés avaient péri sous leurs coups, mais certainement pas autant. La nuit était tombée lorsqu’ils regagnèrent piteusement le gros de leur force qui avait repris la route. Ils firent un rapport de la situation à Atrius et celui-ci fronça les sourcils. Aydan se dit qu’ils avaient agi bêtement et qu’ils avaient largement sous-estimé l’ennemi. Pourtant, Atrius ne sembla nullement s’en inquiéter davantage et leur dit simplement de rejoindre leur poste.
— Alors ? On s’est pris une dérouillée à ce que je vois, lui dit Liam en souriant lorsqu’il vint se poster près de lui dans la colonne.
— Ils se battent bien. Mieux que pas mal d’entre nous.
— C’est que vous avez été mauvais, c’est tout, lui lança un garde plus âgé derrière lui.
— Tu n’auras pas besoin de moi pour te sauver les miches lorsqu’on les affrontera dans ce cas, lui répondit Aydan.
— Ils sont comme une bête blessée, dit Liam. Ils cherchent à survivre à tout prix et ils se battront jusqu’au bout. C’est pourquoi il faudra nous montrer prudents.
On donna l’ordre du départ et ils repartirent à vive allure. Aydan ressassait son combat et son bref affrontement contre cette fille rousse. Il n’en avait pas parlé à ses compagnons, car il était étonnant à Spyr de voir des guerriers avec des femmes dans leurs rangs. Il guettait chaque croisement, chaque butte ou chaque clairière en espérant apercevoir la troupe des Brûlés au loin, mais il n’en était rien. Finalement, ils marchèrent encore un plus d’une heure avant de déboucher sur un vaste promontoire. Devant eux s’étendait une large vallée et sur la droite, la petite ville d’Ortie dont les lumières brillaient dans la nuit. Au centre de la vallée, se trouvait une petite colline où trônait avec douleur un fortin en pierre qui tombait en ruine. Plusieurs torches y avaient été disposées, trahissant l’occupation des lieux. La colline était entourée d’un immense champ de petites fleurs blanches sur lesquelles se reflétait la lune, donnant à l’endroit un aspect pâle, envoûtant et fantomatique. Au travers de ce champ, ils pouvaient apercevoir une fine ligne noire de soldats qui grimpaient la colline en direction du fort.
*
Avancer, il fallait avancer. Tanwen grimpait la colline en suivant l'allure de la troupe. Elle aurait aimé prendre le temps de contempler le magnifique champ de fleurs blanches qui s’étendait tout autour d’eux, mais un rapide coup d’œil derrière elle lui fit remarquer que leurs poursuivants étaient proches. Exténués et à bout de souffle, ils finirent par rejoindre le fort où Lux et les autres les attendaient déjà.
Le lieu était en piteux état. Cela faisait longtemps que Dérios avait arrêté d’en financer l’entretien et le lieu était livré à lui-même. Bon nombre de ces murs contenaient des brèches et une seule tour était encore intacte. Des amas de gravier gisaient ici et là et les quelques bâtiments encore debout semblaient prêts à s’effondrer à tout instant. Les Brûlés qui étaient arrivés en tête avaient commencé à renforcer l’endroit. Des barricades de fortunes étaient en train d’être montées, plusieurs stocks de flèches avaient été constitués et des chausse-trappes dispersées à proximité des entrées.
Au centre de la cour, se trouvait la statue d’une femme aux traits fins et soignés et à la chevelure ondulante. Tanwen en déduisit qu’il devait s’agir de Pyrel. Plusieurs bougies et fleurs étaient déposées devant elle, l’endroit devait également servir de lieu de recueillement pour les habitants d’Ortie lorsqu’il n’était pas sous l’emprise de brigands de passage.
Dès qu’ils furent arrivés, Minos s’éclipsa pour échanger quelques mots avec Lux. Les Brûlés s’affairaient à préparer leurs défenses et couraient dans tous les sens. Tanwen ne savait pas où se mettre dans tout ce remue-ménage et attendait dans un coin. Hilda la remarqua inactive et lui balança un sac de flèches au visage.
— Il y en a encore trois autres à monter au sommet de la tour, dit-elle. Après, on aura besoin de toi pour décharger le restant des provisions.
Tanwen prit le sac et en récupéra un autre avant d’entamer l’ascension de la tour. L’escalier en pierre était raide et glissant, et elle manqua à plusieurs reprises de s’écrouler sur les marches avant d’atteindre le sommet. En haut, elle trouva Luke qui contemplait l’horizon avec inquiétude. On l’avait visiblement chargé de la même mission, car deux autres sacs étaient déjà entassés dans un coin. Tanwen posa les siens à côté puis alla le rejoindre.
La vue était reposante. La ville d’Ortie se dessinait dans l’obscurité, juste derrière une fine rivière qui la séparait de la colline où ils se trouvaient. Une légère brise se leva et les fleurs ondulèrent toutes à l’unisson dans un doux murmure envoûtant. Tout en bas, juste sous leurs yeux, les lumières d’un campement ondulaient dans tous les sens, rompant avec le calme et la sérénité des lieux.
— Tu as des amis dans le tas ? Demanda Tanwen sans détourner les yeux de l’armée spyrienne.
— Je l’ignore, répondit Luke. J’espère qu’ils n’en font pas partie.
— Et si jamais c’est le cas ?
Luke ne répondit pas, mais le long silence que provoquèrent ses paroles suffit à Tanwen pour comprendre qu’il n’aurait sûrement pas le choix que de se battre contre ces anciens camarades.
Une autre brise souffla autour d’eux et Luke lui demanda :
— Pourquoi as-tu rejoint l’Ordre ?
— Tu le sais, je souhaite me débarrasser de Lucio.
— Est-ce vraiment la seule raison ? Tu tiens tant que cela à te débarrasser de lui que te voilà au cœur d’une bataille qui ne te regarde pas.
Tanwen se mordit les lèvres et hésita quelques secondes avant de répondre.
— Je pense… Je pense que je le fais aussi pour Kléo, dit-elle. Je ne le connaissais pas vraiment, mais je n’avais jamais rencontré quelqu'un qui était prêt à mourir pour ses convictions auparavant. Maintenant, je les crois. Je pense qu’ils ont raison d’essayer d’arrêter Ignis et qu’il faut sauver Dérios. J’ai enfin l’impression de savoir pourquoi je me bats. Et puis, ajouta-t-elle en souriant, je ne peux quand même pas laisser Minos mourir avant de l’avoir battu en duel !
— Ne t’en fais pas, il mourra de vieillesse avant que cela n’arrive.
Tanwen s’emporta aussitôt et Luke éclata de rire devant ses protestations. Elle aussi se mit à rire, elle savait que la nuit serait longue et voulait profiter de cet instant le plus longtemps possible.
— Et eux, pourquoi ils se battent, tu penses ? Dit-elle en désignant le campement ennemi du doigt.
— Pour la gloire de leur déesse ou celle de leur empire. Aucun des deux n’en vaut vraiment la peine.
Elle comprenait ce qu’il voulait dire. De là où elle venait, la seule chose qui motivait les gens était l’argent et les plaisirs immédiats de la vie. Rien d’aussi abstrait qu’un royaume ou une religion.
— Peut-être se battent-ils aussi pour donner un sens à leur vie ? Ou bien sont-ils convaincus d’être du bon côté.
— Non, ils sont tous endoctrinés, si tu veux mon avis. Aucun d’eux ne sait réellement pourquoi il se bat.
Ils restèrent là encore quelques instants à contempler l’horizon jusqu’à ce que les éclats de voix des Brûlés ne les ramènent à la réalité. Ils avaient encore beaucoup à faire et descendirent en vitesse avant que Hilda ne vienne elle-même les chercher.
*
Elinora se leva en dépoussiérant sa robe de prêtresse. Elle venait de soigner les blessures à la jambe d’un Brûlé qui n’arrivait même plus à marcher. L’homme la remercia et Elinora quitta l’écurie qui servait d’hôpital pour se diriger dans la cour où elle croisa Lux en pleine discussion avec Minos.
— Reste-t-il d’autres blessés ? Demanda-t-elle.
— Non, répondit Minos. Tous ceux qui ont survécu à l’attaque sont là.
Il essaya de dissimuler sa blessure, mais Elinora remarqua un bandage à l’épaule sous son armure.
— Montrez-moi cela, dit-elle.
— Ce n’est pas la peine.
— Montrez-moi.
Minos capitula devant son zèle et souleva une épaulette laissant dévoiler un bandage imbibé de sang. Elinora l’enleva avec précaution, découvrant une blessure causée par une pointe de flèche. Elle posa sa main à quelques centimètres et une légère lumière s’en échappa. La plaie se referma aussitôt.
— Merci, répondit Minos en massant son épaule désormais guérie.
Lux, qui était resté sans rien dire jusque-là, prit alors la parole :
— C’est un lieu saint dévoué à Pyrel, son pouvoir est plus fort ici.
Elinora connaissait bien le mont où ils se trouvaient. Après le départ des soldats de Dérios, le Tertre blanc était un monument important pour les habitants d’Ortie. L’on disait que chacune de ces fleurs blanches représentait une âme du village qui avait péri au cours des nombreuses guerres ayant secoué le continent. Les Enfants de Pyrel en avaient profité pour en faire un lieu symbolique en érigeant une petite statue et un autel au centre du fort. Les habitants venaient souvent y honorer leurs morts en offrant des offrandes à leur Pyrel.
— En effet, ce sanctuaire est sacré. C’est pourquoi je ne peux pas laisser les soldats de Spyr le souiller.
— Je ne sais pas ce qu’elle pensera de tout ça lorsque cette place deviendra un champ de bataille, soupira Lux.
— Vous êtes venu chercher refuge, ce sont eux qui apportent la mort et le sang.
— Espérons que Pyrel soit du même avis, dit Minos.
Hilda accourut dans leur direction, visiblement avec des nouvelles alarmantes.
— Lux ! Les barricades ont fini d’être dressées et l’on a piégé les alentours du fort. Il y a du mouvement dans le camp ennemi, ils ne devraient pas tarder à passer à l’action.
— Ainsi, ça commence. Très bien, Hilda, tu commanderas le flanc droit, Minos à toi le flanc gauche. Je m’occupe du centre et de m’assurer qu’aucun d’entre eux ne pénètre dans cette cour. Il nous faut impérativement tenir jusqu’à l’arrivée de Balwin.
Minos et Hilda la saluèrent puis coururent à leur poste. Lux se tourna alors vers Elinora.
— Essayez d’entrer en contact avec Pyrel. Je m’assurerai que personne ne vous dérange pendant votre méditation.
Elinora acquiesça et Lux la salua avant d’aller donner d’autres instructions. Elle se tourna alors en direction de la statue qui trônait paisiblement au milieu de la cour.
Début de la bataille. Pour les différents personnages oui on se perd pas ahaa
ça se sentait et maintenant on en est sûr, Atrius et sa bande d'adorateurs de Pyra lessivent les cerveaux des gardes. Intéressant. Même si on espère toujours que Aydan s'en sorte :)
Le passage de tanwen est toujours aussi sympa que les précédents. Et celui d'Elinora calme et protecteur.
A voir comment va se dérouler la bataille :)
oui la bataille finale commence :)