Dès que j’ai fermé la porte de la cabine, lieu de mes enseignements, Aztlán a fondu sur moi, me plaquant contre la porte, frappant du poing à quelques centimètres de mon visage.
« Non, mais qu’est-ce que tu as dans la tête ?! Il aurait pu te tuer, Saoirse ! Suarez était un combattant expérimenté et très dangereux. S’il n’avait pas été perturbé par sa colère, c’est ton cadavre que l’on jetterait à la mer ce soir ! »
Peu surprenant, son mécontentement : je l’avais ressenti dès sa convocation. Mais sa manière de me rappeler à l’ordre et de me reprocher mes actes m’a mise hors de moi. Qu’il me traite comme son disciple, comme une subordonnée, cela était une chose. Mais qu’il me fasse la leçon alors que rien ne serait arrivé s’il avait été plus prudent, ça, hors de question !
Je l’ai repoussé de toutes mes forces pour me libérer de son emprise et j’ai crié plus fort que lui, oubliant toute hiérarchie :
« Vous me reprochez de vous avoir sauvé la vie ?! Si je n’étais pas intervenue, il vous aurait poignardé dans le dos, comme le font les lâches !
— Tu as perdu ton bandana pendant le combat. Tout le monde aurait pu voir ton visage ! À ton avis, qu’est-ce qui serait arrivé si je n’avais pas mis fin au combat ? Montilla aurait sûrement hurlé la vérité et je n’aurais rien pu faire pour te protéger !
— Mais vous m'avez menacé vous-même de vous servir de mon secret contre moi si jamais je ne me comportais pas comme vous le souhaitiez et, maintenant, vous voulez me protéger ? Faudrait savoir, à la fin ! De toute façon, même si j’avais laissé Suarez vous tuer, j’aurais risqué exactement la même chose ! Réfléchissez, Aztlán, qu’est-ce que je serais, sur ce navire, sans vous ? La putain de l’équipage !
— Et moi, qu’est-ce que je serais, sans toi ?! »
J’ai ouvert la bouche pour répliquer, mais pas un son n’en est sorti, comme paralysé. Jamais le capitaine n’avait hurlé aussi désespérément. Lui-même semblait surpris de son comportement. Il a baissé la tête et s’est frotté le menton, embarrassé. Ces dernières paroles, à l’évidence, n’auraient jamais dû passer ses lèvres. Qu’est-ce qu’il nous arrivait, Gamine ? Depuis quand étais-je aussi familière avec lui, insouciante de la hiérarchie ? Depuis quand me réprimandait-il pour me protéger ?
Et moi, qu’est-ce que je serais, sans toi ?
Mais qu’est-ce qu’il entendait par là ?
Je me suis figée, consternée. Aztlán a soupiré, confus. Quand son visage m’a de nouveau fait face, ses traits s’étaient complètement relâchés, comme si notre querelle n’avait plus d’importance, comme s’il avait rendu les armes. Brusquement vulnérable, il s’est approché plus près et a retiré délicatement mon bandana. Sa main a caressé mon oreille, légèrement tuméfiée par le coup que Suarez m’avait portée au visage avec son épée. J’ai tiqué de douleur sans le repousser. Son front est venu se poser contre le mien, me faisant prendre conscience de son souffle légèrement agité.
Boudoum ! Boudoum !
Je ne parvenais plus à bouger, gamine.
Je ne voulais pas bouger.
Boudoum! Boudoum !
Je souhaitais que ces frissons, venus de nulle part, ne s’arrêtent jamais.
Inconsciemment, j’ai attrapé l’une de ses boucles noires pour l’entortiller autour de mon doigt. J’ai posé mon autre main sur sa chemise de lin noir pour sentir à travers elle son cœur battant. Boudoum ! Boudoum !
Mon souffle est devenu aussi agité que le sien.
« Je suis perdu, Saoirse, tellement perdu... » a murmuré Aztlán.
Je n’ai pas répondu, transportée par cet instant que je croyais impossible. Les paroles d’Arwa me sont revenues en mémoire. Que j’étais naïve, Gamine ! Depuis le début, j’étais incapable d’écouter les signes que m’envoyaient mon corps et mon esprit à chaque fois que je me retrouvais en sa présence. C’était pourtant si évident…
Mais, brusquement, tout s’est arrêté. Nos souffles haletants, nos paroles confuses, nos caresses subtiles.
Toc ! Toc ! Toc !
C’était Chimalli.
« Capitaine ! Navire espagnol en vue ! »
Nous nous sommes écartés vivement l’un de l’autre. Nous ne nous sommes étalés ni en excuses ni en explications. Un seul échange de regards nous a suffi pour remettre cette conversation à plus tard.
Aztlán s’est emparé de sa longue-vue, posée sur son bureau, puis est sorti en trombe. Je l’ai suivi sans hésitation, comme le ferait un second dévoué, ne laissant rien paraître de ma confusion.
*
Dehors, tout l’équipage s’agitait. La brise était devenue plus violente et la houle plus agitée, même si le ciel demeurait magnifique avec ces couleurs orangées. La plupart des hommes avaient repris la manœuvre, sauf Temolin qui s’occupait d’emballer le cadavre de Montilla dans un drap blanc. Deux autres marins azteca sont venus l’aider pour jeter le corps à la mer. Les lèvres du sanador ont doucement remué quand le corps a disparu dans les profondeurs. Sûrement une prière pour celui que tous avaient déjà oublié.
Chimalli nous a emmenés dans la direction opposée. Une fois à la poupe, le capitaine a déplié sa longue-vue. Il devenait de plus en plus difficile de percevoir ce qui pouvait bien se profiler à l'horizon.
Et pourtant, il était là.
Un galion portant les couleurs de l’Espagne, muni de grandes voiles blanches serties de croix rouges, voguait droit sur nous. En le regardant, Chimalli avait peur. Mais Aztlán, lui, semblait attendre ça depuis une éternité.
« Pas de doute, c’est le Trinidad, a-t-il annoncé, un sourire aux lèvres. Je reconnaîtrai ce gréement et cette proue entre mille !
— Si nous n'agissons pas très vite, a ajouté le maître-canonnier, il sera bientôt sur nous. Nous devons sortir les rames si nous voulons lui échapper.
— Pourquoi faire ? Nous avons un galion, nous aussi ! Nous sommes maintenant parfaitement capables de l’affronter. Ça fait si longtemps que j’attends ce moment ! »
L’expression du capitaine est devenue étrange, même pour moi. Je ne reconnaissais pas l’homme qui, quelques instants auparavant, était si vulnérable. Une soif de vengeance, que je ne comprenais pas, a tordu les courbes de ses yeux et de sa bouche jusqu’à le rendre laid. Cela effrayait Chimalli. Il s’est rapproché au plus près de Monteña pour le raisonner :
« Je comprends, capitaine, mais vous savez que le Trinidad n'est pas commandé par n’importe qui. Si nous y allons, il ne va faire qu’une bouchée de nous. On peut pas prendre un tel risque. Trouver le trésor est plus important. Pensez au village ! »
Aztlán n’a pas répondu, pensif. Il a abaissé sa longue-vue, fixé le sol un moment, puis a retourné son attention vers moi en me tendant la lunette.
« Et qu’en pense mon nouveau second ? Faut-il combattre ou fuir ? »
J’ai saisi son instrument pour observer le navire espagnol. C’était un magnifique bâtiment, digne de la marine du roi d'Espagne. Mais il avait quelque chose de différent. Pour un galion, sa coque était élancée, très athlétique, comme si tout avait été étudié pour lui faire gagner de la vitesse. Et pourtant, cela ne l’empêchait pas d’être encore mieux armé que le Tlaloc : en plus des vingt canons présents de chaque côté, il possédait également quatre canons à l’avant capables de percer n’importe quel navire en pleine course. Si nous sommes à portée de tir, c'en était fini pour nous, alors un abordage…
« Fuir, capitaine. Je suis d’accord avec Chimalli. Notre priorité, c’est Saint-Domingue. Si nous attaquons, et même si nous gagnons, on ne pourra sûrement pas reprendre la route. On ne peut pas se permettre de perdre autant de temps. »
Ma réponse a contrarié Aztlán. Pourquoi ce navire espagnol était-il si important à ses yeux ? Tandis qu’il donnait l’ordre au pirate de prendre les rames, je l’ai fixé discrètement. Hum… Quelque chose ne tournait pas rond. Monteña se présentait toujours comme un homme réfléchi. Jamais, au grand jamais, il n’aurait attaqué un navire plus gros que le sien. Alors pourquoi vouloir chercher maintenant le combat à tout prix, alors que nous n’étions pas en position de force ?
Le Trinidad… Ce nom ne me disait rien, à l’époque. Mais plus tard, j’ai su. Il s’agissait du navire corsaire, au service de la couronne espagnole, le plus redouté. On disait qu’il plongeait sur ses proies comme le plus dangereux des krakens. Une fois le travail terminé, le capitaine ordonnait la plupart du temps de brûler l’embarcation avec ses pirates à bord, pour qu’il ne reste rien de la vermine que nous représentions… Mais tu ignores encore l’autre vérité, Gamine, et elle est encore plus terrifiante.
Le capitaine m’a confié la longue-vue et m’a commandé de rejoindre Oeil-de-Pigargue à la vigie. J’ai donc grimpé au sommet du grand mât, où le charpentier observait nos poursuivants d’un œil inquiet.
« Tu as pris ton arbalète ? m’a-t-il demandé.
— Oui, je me suis dit que ce serait plus prudent.
— Bien. Tu risques d’en avoir besoin. »
Il m’a pointé au loin le navire corsaire. Il nous rattrapait vite, bien trop vite ! Toutes voiles dehors, il filait sur l’eau comme s’il profitait d’un vent arrière, mais c’était impossible, puisque nous, nous n’en avions pas. J’utilisais la longue-vue pour comprendre ce qui pouvait bien se passer sur ce navire pour qu’il ait autant de vitesse. Mais très vite, j’ai reposé la longue-vue, parcourue par un frisson étrange. À peine avais-je commencé à regarder dedans que, tout ce que j’ai vu, c’était une silhouette noire, imposante et terrifiante, cramponnée à l’enfléchure, qui semblait m’observer exactement comme je le faisais.
Ce n’était pas le moment de paniquer. Ils allaient nous rattraper, ça, c’était sûr. Alors comment faire pour ne pas tomber dans leurs griffes ? Les corsaires, ce sont les pires, Gamine. Nous, nous chassions les bateaux marchands pour gagner notre pain et affrontions la flotte de la couronne uniquement quand cela était nécessaire. Mais les corsaires, eux, chassaient les pirates par plaisir et voyaient bien au-delà de la prime. Ces gens-là, ils ont la traque dans le sang. Il n’y avait qu’Aztlán pour être heureux de les rencontrer.
« Il faudrait parvenir à les stopper pour qu’ils ne puissent pas nous poursuivre, ai-je lâché. Des idées ?
— On pourrait les laisser nous rattraper jusqu’à les avoir à portée de tir, a proposé Oeil-de-Pigargue. En tirant un coup de canon pour détruire leur grand mât, on aurait le temps de fuir et de mettre de la distance. Mais ça reste une entreprise risquée.
— Je ne crois pas qu’on ait le choix. »
Je suis descendue rapidement du grand mât pour faire part de notre idée au capitaine. Il a approuvé sans conviction, toujours déçu de ne pas pouvoir affronter le Trinidad. Alors je me suis adressé directement à Chimalli, qui est allé se poster derrière le canon situé à la poupe du Tlaloc, prêt à faire feu.
Il n’a pas fallu longtemps aux corsaires pour nous rattraper. À quelques encablures derrière nous, la silhouette noire, toujours perchée à l’enfléchure, se faisait de plus en plus menaçante avec son grand manteau noir battu par le vent.
Chimalli, avec mon assistance, a visé et tiré une première fois. Malheureusement, nos poursuivants se trouvaient encore un peu loin, si bien que le boulet a terminé au fond de l’océan. BOUM ! L’Azteca a tiré une deuxième fois, mais il a raté la cible.
On a fait feu encore et encore, mais bon sang, rien n’y faisait ! Le grand mât se dressait toujours sur le navire corsaire, fier et invincible. Nous ne comprenions plus rien. Chimalli était le meilleur de nos canonniers, celui qui dirigeait tous les autres lors des assauts. Il n’y avait aucune raison qu’il manque autant de coups. À croire que le vent se liguait contre nous !
Rien à faire, Gamine, nos traqueurs se rapprochaient dangereusement. Ils ont tiré un premier coup de canon, mais le boulet a échoué dans l’océan à seulement quelques mètres de la coque. Il ne nous restait plus beaucoup de temps ! Alors j’ai fait les cent pas, à la recherche d’une nouvelle idée, mais rien ne m’est venu. Des sueurs froides coulaient dans le dos de l’équipage. Les hommes ont sorti les rames pour les agiter en rythme, de plus en plus vite, leurs souffles de plus en plus forts. Mais nos ennemis, inéluctablement, ont continué de nous coller à l’arrière. L’impuissance nous rendait fous.
Chimalli paniquait derrière son canon. Ses tirs sont devenus encore plus mauvais alors que le Trinidad se rapprochait. J’essayais de le calmer pour l’aider à se concentrer, mais rien n’y faisait. La peur, quand elle nous prend en mer, nous amène parfois dans des profondeurs obscures.
« Arrêtez de tirer ! a soudain crié le capitaine depuis son poste. J’ai une autre idée. »
Vraiment ? On dirait que notre capitaine avait repris ses esprits. Enfin une bonne nouvelle !
Il nous a alors désignés une masse sombre qui se profilait à l’horizon. Je me suis redressée et rapprochée de lui pour mieux la voir. Des nuages d’encre semblaient couler sur la mer dans des nuances de gris différentes, semblables à la bouche d’un énorme monstre marin comme l’on n'en trouve que dans les histoires.
Un ouragan, Gamine.
De son perchoir, Oeil-de-Pigargue a annoncé la mauvaise nouvelle à plein poumon.
« C’est fini, nous sommes piégés ! a gémi Chimalli, désespéré.
— Qu’est-ce que tu racontes ? C’est une aubaine inestimable ! Gardez le cap et tenez-vous prêt ! Nous allons nous engouffrer dans cette tempête.
— Si on fait ça, nous allons tous mourir !
— Alors quoi ? On affronte le Trinidad ? C’est un signe de Tlaloc, Adrian. Il remue les flots et les vents pour nous protéger ! »
J’ai dégluti. Malgré toute ma sympathie pour les Azteca, je ne croyais pas un mot de cette théorie, pas un mot ! Mais autour de moi, la foi a redonné courage aux hommes. C’est leur volonté inébranlable qui a fini par me convaincre. Je devais leur faire confiance. Je n’avais pas le choix.
Oeil-de-Pigargue nous a rejoints et, ensemble, nous avons cargué toutes les voiles. Derrière nous, le navire corsaire a ralenti l’allure. Il n’était pas prêt à nous suivre dans la tempête.
« Lâche, » a grincé Aztlán.
J’ai pris la longue-vue et scruté ce bateau jusqu’à repérer l’imposante silhouette noire. Rien dans son langage corporel n’a laissé transparaître de la déception. Elle a juste quitté son poste pour s’engloutir dans les entrailles de son navire.
Maintenant que nous étions hors de portée, nous devions nous concentrer sur ce qui se passait devant nous. Avec la nuit qui tombait, le monstre de nuage s’est fait plus menaçant. Les premières gouttes se sont écrasées sur mon tricorne.
« Accrochez-vous avec tous les cordages que vous trouvez, allez ! »
Personne ne s’est fait prier.
J’avais froid, j’avais peur… Mais peu importait ce qu’il allait arriver, nous nous enfoncions dans cette immonde masse noire, prête à nous dévorer.
*
FIOUUUU, SPLASH ! FIOUUU, SPLASH ! Des vagues qui faisaient deux fois la taille du grand mât, des bourrasques qui inclinaient dangereusement la coque d’un côté ou de l’autre et CHPLOUF ! de l’eau recouvrait le pont. FIOUUU, SPLASH ! FIOUUU, SPLASH ! Cela n’en finissait plus. Les secondes devenaient des minutes, les minutes des heures. J’ai cherché Aztlán : agrippé à la barre, il naviguait comme un diable, son compas en main pour garder le cap. FIOUUU, SPLASH ! FIOUUU, SPLASH ! Malheur ! Un des canons s’est détaché ! Il a roulé sur le pont au rythme du balancement de la coque BOUM ! BOUM ! détruisant tout sur son passage. Si on ne faisait rien, il allait finir par tuer un homme ! Mais qui allait prendre le risque de se détacher ? Si je le faisais, j’avais plus de chance de passer par-dessus bord que de parvenir à fixer ce machin… Ah ! C’est Chimalli qui s’est dévoué. Oeil-de-Piguargue n’a pas tardé à l’imiter. « Il faut arrêter la bête ! » a-t-il hurlé. BOUM ! BOUM ! Ils ont fait ce qu’ils pouvaient, s’attachant au cordage pour ne pas finir à la flotte. FIOUUU ! SPLASH ! FIOUUU, SPLASH ! Ils ont lutté contre la pluie, résisté au vent. Chimalli s’est emparé de la corde, le charpentier a pris l’autre extrémité. Ensemble, ils ont immobilisé la bête de fer pour la nouer à la rambarde, le plus fort qu’ils pouvaient… Ouf ! Le travail était fait, le risque terminé ! Les deux pirates se sont rattachés à la coque le plus rapidement possible. Portés par les flots, nous avons attendu. Au loin, on apercevait un petit trou de lumière dans les nuages.
FIOU ! SPLASH ! Fiou ! Splash ! Fiou, splash…
Les flots se sont calmés et le vent a fait silence. Le Tlaloc est sorti du monstre de nuage : il avait traversé tout son système intestinal. Seule la pluie demeurait.
*
« Adrian ! Dans ma cabine. »
La nuit était définitivement tombée.
Aztlán est entré le premier, puis j’ai fermé la porte. Nous nous sommes assis tous les deux sur son lit, épuisés. Aucun de nous n’avait la force de parler. Il m’a fallu un peu de temps pour me rappeler ce qui s’était passé avant tout ça, juste entre nous.
Je me suis souvenue de ses mots étranges et chauds.
Et moi, qu’est-ce que je serais, sans toi ?
Je lui ai pris la main, instinctivement. Ce jour-là, j’aurais pu le perdre dans cette tempête, comme lui avait cru qu’il allait me perdre quand je me battais contre Suarez. À présent, je comprenais.
Nous étions si fatigués, Gamine, si fatigués… Nous n’avions plus la force de résister, ni même de nous disputer. Il fallait qu’on accepte, malgré le danger que nos sentiments représentaient.
Aztlán a frissonné. Il est venu se coller à moi, à la recherche de la chaleur de mon corps. Son visage était si près du mien… Je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai explosé.
J’ai laissé mes lèvres rencontrer les siennes, emprisonnant son souffle chaud.