Evannah ouvrit les yeux et reprit lentement conscience de ce qui l’entourait. Son corps était courbaturé et la douleur cognait dans son crâne. Elle était allongée dans l’atelier et entendait le Marionnettiste manipuler ses outils. Elle se redressa sur son séant avec délicatesse et se remémora la scène avant son évanouissement. Lyzel ! Lyzel était…
– Enfin réveillée ! s’écria le créateur, rassuré. Je pensais que ça n’allait jamais arriver !
Evannah ne répondit pas, mais esquissa un faible sourire. Elle trouva son manteau à ses côtés et fouilla les poches. Elle en sortit l’étoile de cristal. Tout ça n’était pas un rêve.
Elle serra l’objet sur son cœur et l’attacha autour de son cou.
– Où sont Saphir et Iuka ? demanda-t-elle, la voix enrouée.
– Ils ne sont pas loin, répondit le Marionnettiste sur un ton enjoué. Ils se sont posés dans une clairière, à l’abri des regards. Je crois qu’ils s’autorisent à grignoter quelques végétaux. Saphir a besoin de soin et cette catastrophe n’a pas amélioré son état. Le pauvre est étalé sur un tas de feuilles.
Evannah soupira et enfouit son visage dans son manteau. Si seulement Saphir l’avait écoutée ! Voilà des jours que son corps essayait de se rétablir, mais le guerrier refusait de se reposer une minute de plus. Peut-être réprimait-il sa faiblesse ?
– Est-ce qu’il va s’en sortir ? s’inquiéta Evannah.
– Je n’en ai aucune idée, répondit le Marionnettiste d’une voix plus calme. Iuka voulait s’occuper de toi, mais j’ai réussi à la convaincre de te laisser avec moi car ton état est… particulier. Elle a mal pris le fait de rester avec Saphir, mais je suppose qu’elle saura prendre soin de lui mieux que quiconque. Après tout, en tant qu’ennemis, ils sont censés se connaître, n’est-ce pas ? En tout cas, elle m’a dit qu’il allait bien tant que sa peau ne durcissait pas. Si c’est ce qui arrive, il est proche de la mort.
– Est-ce que je peux aller les voir ?
– Mmmh… Il ne vaut mieux pas. En groupe, nous ne sommes pas du tout discrets dans Ermyr. J’ai caché Clya derrière des arbres. Les vupsans sont trop occupées par ce qui s'est produit. Un portail s’est ouvert, il y a quelques minutes.
Son ton s’assombrit et il se replongea dans son travail.
– Ah oui ? Alors, nous allons pouvoir partir ? On pourra retrouver Lyzel !
– Les vupsans s’entretiennent avec eux et discutent de ce qui s’est passé ainsi que des précautions à prendre, je suppose. Evannah, tu as besoin d’air. Clya, promenons-nous !
L’âne mécanique s’exécuta et roula avec lenteur. Une brise légère s’introduisit et rafraîchit Evannah qui transpirait dans cette chaleur étouffante. Elle se laissa bercer par le rythme du véhicule. Mais comme elle ne voulait pas se rendormir, elle se leva en serrant les dents et s’appuya sur une des étagères.
Une main de fer se tendit dans son champ de vision. Elle tenait une tasse remplie d’un liquide translucide.
– C’est de l’eau, la rassura le Marionnettiste avec un sourire. Ça te fera du bien.
Evannah le remercia, prit le contenant et avala jusqu’à la dernière goutte. Un vent frais se propagea dans son corps et l’apaisa. Le créateur retourna au travail.
– J’ai tellement peur, confia-t-elle. Peur que Lyzel soit prisonnière de Mosdrem. Et qu’est-ce que les fénékos pensent d’elle ? Lyzel a vécu à la Serre des Os et beaucoup de ses amis, de ses voisins ont été massacrés. J’ai peur qu’ils nous empêchent d’aller à sa recherche.
– Les fénékos sont mauvais, dit le Marionnettiste qui tentait de se concentrer sur son projet pour cacher sa nervosité. Ils nous feront du mal. Je ne les laisserai pas te toucher.
Les Nebulas d’Evannah grondèrent et provoquèrent de faibles brûlures. Elle inspira et poussa un long soupir. Elle était fatiguée de toute cette histoire. Son corps semblait se liquéfier.
– Je souhaiterais en finir avec tout ça, souffla-t-elle, lasse.
– Je te promets que ça ne tardera pas, Evannah.
Elle regarda un instant le Marionnettiste manipuler sa création d’une main tremblante. Puis, elle examina la poupée assise devant elle. Son cœur se serra lorsqu’elle reconnut Ééda. Elle ne l’avait jamais contemplée d’aussi près, ni même touchée à cause des interdits de l'artiste. Les vitres qui protégeaient les figurines s’étaient levées quand le calme était revenu dans Ermyr. D’ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi elle n’avait pas le droit d’y poser les doigts. Le travail était parfait et la peinture sèche, il n’y avait aucune raison pour qu’elle détruise les filles du Marionnettiste.
– Mes Nebulas me font mal, se plaignit-elle. J’ai besoin d’un autre verre d’eau.
– Oh, oui ! Je t’apporte ça tout de suite.
L’homme se leva et tira sur un tuyau. Evannah s’assura qu’il avait bien le dos tourné. Dans la plus grande discrétion, elle toucha la pommette de la poupée. La matière était comme la peau d’un damorial. Les parties dépourvues de chair étaient flagrantes. La jeune fille croyait effleurer de vrais os. Le travail était parfait. Evannah avait la sensation de caresser les joues rebondies d’Ééda. Elle pouvait entendre sa voix fluette s’enthousiasmer dans sa tête. Et ce regard… ce regard semblable à la sève. Il reflétait candeur, mais aussi tristesse. Pourquoi la tristesse ? Était-ce parce qu’elle avait subi un sort si injuste ? Combien de personnes mourraient sur le chemin de l’humaine ?
Evannah retira ses doigts et resta immobile jusqu’à ce qu’une tasse d’eau apparaisse devant son visage. Elle la prit d’une main tremblante, bredouilla des remerciements et la but. Elle s’assit, les membres ramollis.
– Tu l’as touchée ? s’exclama le créateur, horrifié.
– Euh… en fait… pas vraiment, balbutia la jeune fille.
– Clya, s’il te plaît !
Dans un braillement prolongé, l’âne mécanique abattit les vitres. Evannah sursauta et changea de sujet :
– Qu’est-ce qui s’est passé avec Ééda, le jour de l’attaque ?
– Ééda ? s’étonna le Marionnettiste. Ééda s’est fait dévorer par ces molosses auxquels nous avons essayé d’échapper. Elle te manque, Evannah ?
– Son sort m’a fait de la peine. Elle ne le méritait pas. Vous aviez l’air de l’aimer beaucoup.
– C’est vrai, et tu es aussi une jolie fille, Evannah ! Qui pourrait penser le contraire ?
– Et toutes les femmes sont jolies, n’est-ce pas ?
– Tout à fait ! Synoradel me livre ses plus belles femmes chaque jour !
– La beauté est éphémère. C’est pour ça que vous créez des poupées ?
– J’aimerais tellement conserver la beauté de chaque femme, Evannah. Pour ne pas la voir flétrir et périr. (Sa voix devint étrangement sombre) L’immortalité, la beauté éternelle, cela t’intéresserait-il ?
– Tout ce que je veux, c’est recouvrer ma santé.
– Cela ne tardera pas.
Le Marionnettiste sortit une petite clé de sa blouse et déverrouilla un grand tiroir. À l’intérieur, des poupées alignées dormaient et représentaient des personnes rencontrées pendant ses voyages. Ce n’était pas la première fois qu’il reproduisait une femme. Il les adorait, les complimentait et elles, elles l’inspiraient. Mais l’humaine fut mal à l’aise quand elle découvrit une copie d’elle.
La ressemblance était troublante, comme si le Marionnettiste avait cloné sa jumelle et l’avait miniaturisée. Sous le choc, Evannah fit un pas en arrière et tourna la tête vers le créateur qui avait levé le nez de son travail. Son sourire était joyeux, mais malsain. Elle fut prise de vertige et sa vision se flouta.
– Tu l’aimes ? demanda-t-il. Elle est pour toi.
Qu’est-ce qu’il avait à l'esprit exactement ? Depuis quelques jours, il se comportait de manière très étrange. Evannah ne répondit pas et feignit un haut-le-cœur.
– On peut s’arrêter ? Les voyages en voiture me rendent malade.
– Assieds-toi, Evannah, enjoignit sèchement l'artiste avec une douceur teintée d’angoisse.
Ses doigts métalliques caressèrent la peau de la jeune fille qui frémit, de plus en plus anxieuse. Elle osa bouger lorsque le créateur lui empoigna les épaules et les lacéra. Elle poussa un cri de douleur et laissa choir sa tasse qui se brisa à terre. Elle se débattit mais en vain. Ses membres étaient aussi mous que du beurre. Sa tête tournait et Evannah vacilla jusqu’à tomber.
– Allonge-toi, susurra le Marionnettiste en l’attrapant par la taille.
Elle désirait lutter, mais son corps refusait de lui obéir. Il… il l’avait droguée ?!
Étalée à terre, Evannah fixa le plafond qui tremblait. Clya avait tout verrouillé et accéléré d’un coup. Des sangles sorties du sol ligotèrent ses chevilles. La jeune fille sentit les planches s’élever. Elle était comme sur une table de torture. Le Marionnettiste la plaqua et ses poignets furent enchaînés à leur tour. Ses Nebulas, son corps et sa langue étaient pétrifiés. Sa vue chancelait et se floutait.
– C’est un mauvais moment à passer, murmura le créateur d’une voix qui se voulait tranquillisante. Ensuite, tous tes problèmes seront réglés et tu seras enfin en sécurité pour toujours. Evannah, nous vivrons des aventures exceptionnelles ensemble ! Nous voyagerons dans l’univers entier ! Tu seras libérée de ta souffrance ! Tu auras la beauté et la vie éternelles !
Il est fou ! Il est complètement fou ! hurla intérieurement sa victime. Son esprit voulait crier. Il était prisonnier d’un corps de pierre. Seules les sensations étaient encore éveillées. Le Marionnettiste la lâcha et la regarda. Elle pensait qu’il lui souriait, sous l’emprise de sa démence.
– Je t’avais dit qu’il y avait une autre solution que Leïvron, Evannah ! J’aurais aimé y avoir recours plus tôt, mais à cause des péripéties, c’était impossible.
Le créateur se tourna et se baissa sous son établi. La marque sur son épaule brillait et éclairait la pièce de bleu. Malgré le bourdonnement de ses oreilles, Evannah l’entendit ouvrir un tiroir. Puis, il posa la poupée sur le cœur de sa victime. Ses mains caressèrent les cheveux de la jeune fille et appuyèrent sur la table. La tête baissée, le Marionnettiste entama son rituel.
Un halo de lumière écarlate enveloppa le corps d’Evannah et l’immobilisa. Bientôt, la voix du fou se tut. La vision de la jeune fille s’obscurcit. La marque bleue perforait tout ce rouge qui dominait la pièce.
Soudain, Clya fut violemment secouée et l'artiste tomba. L’humaine tourna le regard sur la gauche. Une flèche avait transpercé le volet. Un nouveau coup ébranla l’atelier qui se mit à braire. Puis, il bascula sur la droite, renversant des outils, des objets et ses créations.
Les fenêtres s’ouvrirent dans un fracas et une personne surgit. Encore assommée, Evannah distingua son apparence. Une fourrure cyan recouvrait son corps vêtu de blanc. Ses longues oreilles pointues descendaient jusqu’à ses fesses et frôlaient son dos où était attaché un carquois. Ses deux queues fouettaient l’air avec agressivité et son arc, orné de piques élégants, menaçait le Marionnettiste.
– Sors d’ici, salopard ! rugit-il.
– Pitié ! supplia le criminel, tremblant de peur. Je ne voulais pas lui faire de mal, je le jure ! Je voulais la sauv…
– Sors d’ici ! Et libère-la !
Clya n’attendit pas d’autorisation et obéit à l’inconnu. Aussitôt libre, Evannah tomba sur les étagères. Elle désirait hurler, pleurer. Mais son esprit n’était pas là. Elle n’était qu’une simple spectatrice. Ne lui faites pas de mal ! cria son âme. Il a été mauvais, mais il ne mérite pas la mort !
Épouvanté, le Marionnettiste monta jusqu’à la porte. La flèche guettait le moindre de ses mouvements. Une fois le créateur dehors, l’intervenant sauta de l’âne mécanique.
– Ma traque se termine ici, annonça-t-il avec mépris. Tu m’as échappé plusieurs fois, mais finalement, tu as été bien stupide. Je suis venu sur le Vaisseau de la Vie avec mes frères et tu as tenté d’emprisonner cette enfant des pluies.
Le Marionnettiste gémit des paroles inintelligibles. Evannah ne voyait plus la scène, juste la tête du criminel baissée, réclamant pitié. Un outil avait griffé la joue gauche de la captive et son sang circulait de nouveau dans ses poignets et ses chevilles.
– Et tu n’avais jamais compris le rôle de cette marque, poursuivit le fénékos. Pourtant l’enfant des pluies n’était pas ta seule victime. Tu as eu de la chance pour la précédente. Mes devoirs envers Ixarian m’appelaient et je n’ai pas pu te traquer malgré les cris de la marque.
La marque ? Elle servait à ça ? À pister le Marionnettiste ? Mais toutes ces poupées… ? Elles étaient des filles aussi perdues que moi ? Tout ceci était un cauchemar. Elle lui avait fait confiance. Elle croyait en lui et tout ce qu’il désirait, c’était l’emprisonner. C’était son corps qu’il voulait !
Le Marionnettiste supplia le fénékos, geignit de plus belle, mais l’inconnu resta impassible. L’artiste prit la fuite et la flèche le transperça. Il s’écroula sur le sol, émit un dernier râle et se tordit de douleur. Son propre sang l’étouffa et Evannah n’entendit plus que le silence de sa mort. Clya brailla, secouée par la perte de son créateur. Ses cris s’étendirent jusque dans le sommeil artificiel de la victime.
– Evannah !
Elle ouvrit les yeux. Sa vue gagnait en netteté à chaque clignement de paupières.
– Evannah…
Une main saisit son avant-bras. Adossée contre le flanc de Saphir, la jeune fille tourna la tête pour tomber nez à nez avec Iuka. Foudre Bleue bondit vers elle et huma son visage.
Ce qui s’était passé ressemblait à un rêve. Mais ce n’en était pas un car le fénékos était installé sur une souche. Ses quatre doigts suivaient la courbe des pointes de son arc et ses ongles roses grattaient les résidus de terre collés dans les creux.
Evannah se redressa sur son séant. Une douleur dans son dos lui arracha un cri, mais elle ne s’en préoccupa pas. Iuka l’empêcha de se relever et lui conseilla de rester assise. La jeune fille obtempéra.
Sa respiration se saccada et son corps fut secoué de spasmes.
– Le… le Marionnettiste…, hoqueta Evannah.
– Ouais, on est au courant, répondit sombrement Iuka.
L'humaine éclata en sanglots. Tout s’était passé trop vite. Un ami avait essayé de l’enfermer dans une poupée et avait été tué pour ses crimes. Elle aurait aimé lui donner un autre sort que la mort.
– Nous n’en savions rien non plus, raconta Saphir, furieux. Et dire que je t’ai laissée avec lui alors qu’il avait emprisonné des filles… Adultes comme enfants !
Il grogna entre ses crocs. Ses muscles s’étaient crispés sous la colère et la douleur s’était manifestée.
– Il a tout fait pour être seul avec toi, dit Iuka. Ce salopard est parti avec Clya quand tu étais encore évanouie. Il a roulé un peu plus loin, quelques minutes après. Je suppose que tu étais réveillée à ce moment-là. On lui a tous fait confiance. Je ne savais pas que cet abruti était capable d’une chose pareille !
– Il aurait pu t’avoir très facilement, enchaîna Saphir. Je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit. Grâce à vous, Protecteur, notre amie est sauve.
Le fénékos inclina la tête, se leva et s’approcha du groupe. Evannah était inconsolable.
– Je n’arrive pas à le croire…, souffla-t-elle entre les sanglots.
– Les gens ne sont pas ce qu’ils paraissent, dit son sauveur. Tu as eu de la chance que j’étais dans les parages.
– Comment vous m’avez trouvée ?
– Je traquais ce monstre depuis qu’il avait enlevé la fille d’une amie, mais mes devoirs m’appelaient. Je suis venu avec mes collègues une fois que les brumes noires sont parties. Les navigatrices célestes m’ont parlé de votre groupe, de votre emprisonnement. Après une description détaillée de chacun de vous, j’ai compris que le criminel que je recherchais était sur le Vaisseau de la Vie, je n’ai pas hésité à voler à ton secours. Sur ma route, ma Nuée vitale de l’Influence m’a démangé, signe que ma marque avait réagi à ses pouvoirs et qu’elle me montrait le chemin. Je t’ai ainsi trouvée et sauvée.
– Et Yrradan t’a apportée ici alors que tu étais inconsciente dans ses bras, termina Saphir. On pensait à une nouvelle crise nébulienne, que tu t’étais échappée de Clya après t’être souvenue que Lyzel avait disparu. Mais non, il s’agissait du Marionnettiste qui t’avait droguée.
Le guerrier tourna la tête et fixa les feuilles rousses qui roulaient dans la même direction. Lui non plus, il n’arrivait pas à y croire. Tout comme Evannah, il s’attendait à voir le créateur apparaître comme si tout ceci était un coup monté.
– Merci, lâcha-t-elle.
– Tu n’as pas à me remercier, Evannah.
– Mais non, vous méritez mes remerciements. Merci, Yrradan…
Un lourd silence tomba. Seules les feuilles qui craquaient sous les pattes de Foudre Bleue retentissaient. Le lépokyr dévora quelques-unes d’entre elles. Toujours tiraillée par la faim, Evannah repensa aux vupsans et à l’évasion. Qu’allaient-ils faire face à des Protectrices en colère ?
– Toutes ces femmes… toutes ces filles… changées en poupées par un être qu’elles croyaient être leur ami, dit la jeune fille alors qu’elle se calmait peu à peu.
– Il t’aimait beaucoup. Il aimait toutes les femmes, répondit Yrradan. Il était fou, tout simplement. Il a mérité son sort.
– Et vous avez vengé votre amie.
– Je ne l’ai pas tué en pensant à elle. J’ai pensé aussi à mes filles. Mon amie ne vivait pas loin de chez moi et l’une de mes filles aurait pu rencontrer le Marionnettiste. Ou même toutes.
– Vos filles ont la chance d’avoir un père qui parcourrait l’univers pour elles.
– Si seulement il n’y avait que des meurtriers dans Synoradel. Les brumes noires menacent Ixarian et je pense sans cesse à ma famille que je laisse tout le temps derrière moi. Mes filles ont besoin que je les rassure, mais, en tant que Protecteur d’Ixarian, je dois agir pour le peuple.
– Mais tout cela, vous le faites aussi pour votre famille.
Un petit sourire se dessina sur le visage d’Yrradan. Le fénékos enleva les derniers débris de terre de son arc et épousseta ses habits. Il replaça son carquois sur son dos et déclara :
– Je rejoins mes collègues. Venez avec moi.
Il tendit une main qu’Evannah saisit et l’aida à se relever. Saphir jeta un regard méfiant au Protecteur et communiqua ses appréhensions à Iuka.
– Pourquoi on devrait vous faire confiance ? demanda celle-ci. Vous êtes de mèche avec les vupsans, n’est-ce pas ?
– Oh, vous pensez que je vais vous livrer ? ricana Yrradan. Non, j’aurai encore besoin de vous.
– Comment ça ?
Saphir se leva et s’étira. Ses os craquèrent et il serra les crocs. Il baissa la tête, las de toutes ces histoires. D’ordinaire, il se tenait toujours avec fierté, même s’il était blessé. Mais cette fois-ci, il montrait qu’il désirait se reposer.
– Vous étiez accompagnés d’une enfant des fleurs, n’est-ce pas ?
La respiration d’Evannah, qui se remettait peu à peu du chagrin, se bloqua. La jeune fille acquiesça, le cœur battant à tout rompre.
– Elle est tombée dans Ixarian, annonça Yrradan. Et ses pouvoirs d’Enfant du Cristal Vital ont emprisonné l’ancienne cité des réfugiés.
Evannah perdit l’équilibre et se rattrapa sur le pelage de Saphir.
Mes petites remarques :
-« Elle serra l’objet sur son cœur et l’attacha autour du cou » → ce serait mieux de noter « se l’attacha autour du cou », ou « l’attacha autour de son cou »
-« Les vitres qui les protégeaient s’étaient levées quand le calme était revenu dans Ermyr. » → ici il faudrait préciser que « les protégeaient » se réfère aux poupées (si j’ai bien compris), sinon le passage n’est pas très clair. En tout cas, moi j’ai d’abord cru que tu parlais des fenêtres du véhicule qui protégeaient Evannah et le Marionnettiste ^^ Et même chose plus loin, quand le Marionnettiste ordonne à Clya de fermer les vitres, du coup ;)
-« Les parties dépourvues de chair étaient flagrantes. » → je ne comprends pas trop ce que « flagrant » signifie dans ce contexte…
-« Elle pouvait entendre sa voix fluette s’enthousiasmait dans sa tête. » → « s’enthousiasmant » ou « qui s’enthousiasmait »
-« Ééda s’est fait dévorer par ces molosses que nous avons essayé d’échapper. » → plutôt « s’est faite », je crois, et « auxquels nous avons essayé d’échapper ».
-« Il les adorait, les complimenter et elles, elles l’inspiraient. » → « complimentaient »
-« Ce n’était pas la première fois qu’il reproduisait chaque femme. » → cette phrase est un peu étrange aussi
-« le créateur lui empoigna les épaules et les lacéra » → ici, est-ce que tu veux dire qu’il la tient tellement fort qu’il lui perce la peau avec ses doigts, ou qu’il la griffe volontairement avec des gestes brusques ? Parce que j’ai l’impression, étant donné le contexte, que c’est la première option, mais le terme « lacérer » indique plutôt la deuxième. (je ne sais pas si je suis très claire sur ce coup-là… ^^)
-« Bientôt, sa voix se tut et sa vision s’obscurcit. » → la voix du Marionnettiste ou d’Evannah ? Puisqu’elle est paralysée j’imagine que c’est celle du Marionnettiste, mais il faudrait le préciser ;)
-« La marque bleue perforait tout ce rouge » → le rouge, c’est à cause de sa vision qui s’obscurcit ?
-« l’atelier qui se mit à braire » → j’adore cette phrase, c’est tellement absurde hors-contexte ^^
-« Puis, il bascula sur la droite, renversant des outils, des objets et les créations du fou. » → Comme le Marionnettiste est déjà le sujet de ta phrase, il faudrait plutôt écrire « ses créations de fou », ou quelque chose comme ça. Sinon on a l’impression que tu parles de deux personnes différentes.
-« Il prit la fuite et la flèche fila » → c’est le Marionnettiste qui s’enfuit ? Si oui, il faudrait le préciser, et détailler un peu plus l’action, pour qu’on puisse bien la visualiser ;)
-« Il émit un dernier râle et se tordit de douleur. » → l’expression « dernier râle » rappelle un peu l’idée du dernier souffle, du coup on a l’impression qu’il est mort, et c’est un peu bizarre de le voir de tordre juste après…
-« Evannah n’entendit plus que le silence de sa mort » → c’est joliment dit !
-« Clya brailla, secoué par la perte de son créateur » → je ne sais plus si tu genres Clya au féminin, au masculin, ou au neutre ? Si c’est féminin : « secouée ». A part ça, c’est assez mignon et émouvant de la/le voir pleurer la mort du Marionnettiste, malgré ce qu’il a fait (et le fait que c’est un âne mécanique… ^^)
-« Son corps était adossé contre le flanc de Saphir » → on ne voit pas trop si tu parles d’Evannah ou d’Iuka
-« Je ne suis pas en état de faire quoique ce soit » → « quoi que ce soit »
-« Tu as eu de la chance que j’étais dans les parages » → « que j’ai été »
-« Non, j’aurais encore besoin de vous. » → « j’aurai »
Désolée d’avoir tant tardé à reprendre ma lecture, j’ai été pas mal occupée ;)
A bientôt pour la suite ! :)
A bientôt !