Chapitre XXXIII

Par Fidelis

Goeri chercher quelque chose sur la paroi. Il sourit en écoutant la question qui apparut aussitôt prononcée par Épiphyte d’une futilité tout à fait rhétorique. Bien sûr qu’il avait dû les décrypter, sinon il ne l’aurait pas contacté pour observer des inscriptions antiques qui émettaient de jolis cercles bleus quand on les chatouillait, comprit-il.

L’érudit se tourna pour lui répondre en même temps qu’il l’attira de côté, devant un endroit bien précis.

— Oui, j’ai réussi à les déchiffrer.

Il lui désigna un coin avec la torche.

— Il y a un passage dont une même phrase est écrite en des dialectes différents, dont l’akkadien. Sa découverte m’a permis d’isoler des signes ou lettres pour les traduire ensuite.

Il laissa échapper un soupir à l’évocation des nuits blanches qui écoulaient à essayer de comprendre cette énigme.

— Après, il y a de nombreux termes que je ne connais pas et des tournures de langage que je n’arrive toujours pas à interpréter. Enfin, quoi qu’il en soit, j’en ai assez appris pour ouvrir cette issue, avec ton aide, bien entendu.

Il lui sourit pendant qu’Épiphyte affichait une moue incertaine, et s’interrogea sur ses intentions.

— Ôte-moi un doute, tu ne dois pas pratiquer un sacrifice humain pour libérer l’accès ?

Goeri s’amusa de cette idée.

— Oui, mais en temps ordinaire, on n’utilise une vierge pour cela, pas un chevalier sans fief qui tente de faire pousser des cailloux parce qu’il pense que l’univers ensemence la terre.

Épiphyte haussa les épaules et continua d’observer son ami, toujours un peu inquiet.

— Non, tranquillises toi, je ne pratique pas ce genre de méthode. Ton rôle, il faut remettre dans le contexte, reste d’une importance capitale, je te l’accorde, mais dont l’acte, et lui dépourvu d’héroïsme, puisqu’il s’agit juste d’exercer une pression à un endroit défini.

Il chercha ses mots un court instant.

— Ah oui, je devrais, de mon côté effectuer la même manipulation, et si l’on peut l’exécuter ensemble, cela sera préférable. Tu pourras constater que la distance qui nous sépare est trop grande pour qu’un homme seul puisse y parvenir.

Épiphyte prit un air faussement déçu.

— Tu as brisé mon rêve, je me voyais déjà en train de terrasser le dragon qui sommeillait sous la montagne.

Il désigna au chevalier, en manque de créature mythologique, une cavité étroite et profonde où il lui fallut glisser sa main à plat.

— Non, désolé pour ton lézard, il n’y en a pas, et c’est une bonne chose pour toi. Tu aurais fini carbonisé, mais si j’ai bien compris dans les grandes lignes, ça promet se révéler plus captivant, et surtout, sans danger.

Ils avaient pris leur place, séparés de deux mètres l’un de l’autre, avant d’échanger un regard sans rien dire.

Épiphyte se demanda ce qu’il y avait de plus intéressant qu’un dragon.

Goeri, lui, priait de ne pas s’être trompé, et songea à la boîte de Pandore. Il expliqua leur démarche pour rassurer son ami.

— Un mécanisme complexe doit se cacher derrière, passe ta main tout au bout de la cavité. Tu vas y sentir avec tes doigts deux surfaces en forme de disque dans la roche, il faut y appliquer une pression chacun de notre côté de manière simultanée, enfin j’espère…

Le chevalier glissa le bout de son bras dans l’orifice indiqué et reconnut les deux endroits plus lisses au bout de son majeur.

Une pensée fugace lui chuchota que son ami s’imaginait des choses concernant la porte. Puis son regard croisa les ronds de lumière bleus qui couraient sur la façade au moindre contact et conclue que, après tout, pourquoi pas.

Vint le moment où ils les effleurèrent en même temps.

La paroi se mit d’abord à frémir, de façon imperceptible au début, pour augmenter en fréquence et finir par laisser échapper un jet de fines gouttelettes sous pression. Signal évocateur chez le chevalier qui effectua un bond en arrière tout en sortant son épée, avec en tête une image de dragon.

Goeri, lui aussi c’était reculé, et les yeux grands ouverts, ils observèrent médusés la galerie s’enfoncer en elle-même, puis glisser sur le côté pour leur délivrer le passage dans un bruit de vapeur qui fuit.

— Par tous les dieux, tu as réussi !

Fini par lâcher Épiphyte au comble de l’excitation et en même temps impressionné par autant de magie.

— Nous y sommes parvenus, tu veux dire, tu comprends à présent l’importance de ton rôle, tout seul impossible, nous ne possédons pas les bras assez longs.

Commenta Goeri comme s’il venait de découvrir une loi de la physique contre laquelle il s’obstinait à lutter depuis des années.

Détail pourtant singulier qui émit un signal d’alarme chez le plus jeune, qu’il relaya bien sûr au second plan.

Car l’unique question qui comptait sur l’instant, se résumé à, qui allait pénétrer en premier.

— Après, je t’avoue…

Continua Goeri qui cherchait ses mots pour mobiliser les forces combatives chez son ami.

— … Que je m’appuyais aussi sur toi pour me montrer tes récentes qualités de chevalier ! Je pensais surtout à la bravoure qui peuple si souvent vos chants de tradition !

Épiphyte oscilla de la tête en silence pour confirmer ces allégations. Il rangea tout d’abord son épée pour paraître moins ridicule, puisqu’aucune menace ne semblait se présenter. Puis il se rassura et se dit après tout, ce n’était qu’une galerie supplémentaire. Pour terminer par admettre qu’il n’y avait aucune raison qu’elle soit plus dangereuse.

Sa curiosité avait fait taire tous les signaux d’alerte déclenchés depuis qu’ils avaient découvert les gravures.

Il bomba le torse un court instant avant d'effectuer le premier pas.

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