Chapitre XXXIII : Des statues sur la lune

Notes de l’auteur : Oui, j'ai mis du temps à mettre cette histoire à jour. Merci pour vos commentaires <3

Les cris du lépokyr réveillèrent Saphir. Son œil valide s’ouvrit sur une cellule blanche et des barreaux noirs qui le séparaient de la liberté. Le yotora se redressa sur ses quatre pattes et s’ébroua. Ses membres engourdis peinaient à le tenir debout. Sa mémoire refusait de se rappeler comment il s’était retrouvé là. Tout ce dont il se souvenait, c’était Evannah qui pénétrait dans le blizzard de cristal et cette image l’inquiétait tellement. Comment s’en sortait-elle ? D’ailleurs, il ne savait pas combien de temps il était ici.

Le lépokyr ne cessait de hurler et de courir au fond du couloir. Saphir passa son museau à travers les barreaux, mais il ne voyait pas le lapin. En face, une jeune fille aux cornes obliques le regardait, le visage crispé de douleur et les mains plaquées sur ses oreilles. Les cris de la bête la torturaient. Aussi petite que la moadrin, elle était adossée contre le mur et sa fine queue balançait tel un pendule, sa pointe frôlant le sol. Sa peau était blanche comme la cellule et faisait ressortir le noir de ses yeux. De cette même couleur, ses cheveux descendaient jusqu’aux épaules. La cilynas regarda le yotora qui tentait de briser la grille.

La patte de Saphir, qui avait pris forme humaine, fut parcourue d’une vive douleur. Il se concentra pour réveiller de nouveau sa Nebula, mais c’était comme si elle n’existait plus. Enragé, il se changea en animal et se jeta de tout son poids sur la cage.

– Mais tu vas fermer ta gueule, oui ?! hurla la voix d’un gardien.

Des coups et un long cri de lépokyr retentirent au bout du couloir. La bête se tut et grogna nerveusement. Le geôlier arriva vers la cellule de Saphir et s’arrêta devant lui, l’air moqueur. Ses oreilles étaient bouchées. Le yotora cessa de foncer dans les barreaux et lui lança un regard noir.

– Aaaah, c’est dingue comment on se sent vide sans sa Nebula ! railla le cilynas. Ces sédatifs marchent à merveille ! Dommage que tu ne restes pas quelques années en taule, on t’aurait donné un implant. Te voir devenir fou à force de te sentir incomplet aurait été un plaisir pour moi ! Mais comme on t’exécute une fois le fléau débarrassé, tu n’y as pas eu le droit. Un véritable salopard et traître comme toi aurait mérité pire que la mort !

Saphir sauta sur sa cage en aboyant et essaya d’attraper le bras du geôlier. Il savait que c’était inutile, mais il voulait juste l’effrayer. Le cilynas lui rit au nez et partit vers l’autre bout du couloir, le laissant dans sa rage animale.

En effet, son âme pleurait la perte du filament qui l’avait forgée. Elle la cherchait vainement, arpentait chaque parcelle de l’enveloppe charnelle. Le yotora se sentait faible, malgré ses muscles imposants.

– Arrête de te comporter comme une bête, lui somma la voix de la moadrin. Tu ne leur fais pas peur.

Elle était dans une cellule voisine, à sa droite.

– Et toi, tu sais comment on s’est retrouvés là ? s’enquit Saphir qui était loin d’être calmé.

– Non, répondit Iuka, mais ce sont les fénékos qui ont fait le coup. L’un d’eux nous a sûrement endormis quand Evannah est partie.

– J’espère au moins qu’elle s’en est sortie.

– Ouais, moi aussi. Mais Yrradan l’a à l’œil et est redoutable.

– Yrradan… quelle ordure !

– On a été imprudents. C’était évident qu’un fénékos comme lui savait ce qu’on avait fait. Il nous a tous trahis.

Saphir acquiesça. S’il y avait une qualité qu’il admirait chez Yrradan, c’était sa loyauté envers sa dimension. Une loyauté que le yotora n’avait jamais eue. Mais ce respect était enterré par la haine.

– Je crois qu’on ne peut pas échapper à cette prison, cette fois, dit-il.

– Non, on n’a pas à faire aux mêmes cilynas. Mais je pense qu’il y a une issue.

– Et quelle est ton idée ?

– Tu es le seul qu’on fera sortir avant notre exécution. Ta Nebula reviendra à la normale et il faudra de nouveau l’endormir. Pour ça, les cilynas devront te sortir d’ici et t’emmener chez le Nébulogue. Tu n’as plus qu’à te débrouiller pour nous libérer.

Saphir réfléchit. Il ignorait comment les scientifiques étudiaient les Nebulas dans Maciurim. Mais si sa visite chez le Nébulogue se limitait à une piqûre, il trouverait bien vite une solution.

Les deux guerriers ne s’adressèrent plus la parole pendant des heures. Tous deux prirent leur mal en patience. Il leur semblait que le temps s’était arrêté dans cette prison sans couleurs. Mais leur doute disparut quand un gardien vint déposer une bouillie noire dans chaque cellule. Saphir pensait attraper un des membres du cilynas qui avait ouvert la trappe, mais ce dernier fit glisser le plat d’un coup de pied. Iuka hurla des insultes et jeta la pâte sur les barreaux. Le geôlier en fut aspergé et nargua la moadrin sur son exécution.

Saphir renifla l’étrange texture. Une odeur épicée lui monta au nez et le démangea fortement. Il plongea avec prudence le bout de sa langue et grimaça de dégoût. Cette bouillie avait un goût de plâtre. Mais le yotora, qui ne voulait pas mourir de faim – mourir tout court, se força à l’avaler. Par chance, son estomac toléra sa nourriture.

Les jours passèrent. Ni Saphir, ni Iuka ne sauraient dire combien de temps s’était écoulé. Par moment, ils pensaient ne pas avoir fait leurs nuits ou d’avoir trop dormi. Les bouillies tardaient à arriver et les deux prisonniers ignoraient s’ils avaient réellement leurs repas quotidiens. Allongé, la tête entre les pattes, le yotora craignait de perdre l’esprit. Sa Nebula de la Solidité lui manquait, comme si un morceau de son âme lui avait été arraché. Rattachées à elle, ses sœurs bourdonnaient et la secouaient pour la réveiller. Un Nébulien expérimenté comme Saphir ne supportait pas qu’on le prive d’un pouvoir alors qu’un novice pouvait s’en passer. Sa Nebula adorée était le pilier de son essence. Désormais endormie, tout s’écroulait petit à petit.

Parfois, des gardiens se plaçaient en face du guerrier et s’émerveillaient devant son œil bleu. Les prisonniers voisins le dévisageaient. Agacé, le yotora se tourna vers le mur de sa cellule. Les cilynas raffolaient des couleurs. Ils ne les voyaient pas, mais les sentaient.

– Saphir ?

L'interpelé leva la tête. C’était une journée semblable aux autres où il n’y avait personne devant les barreaux. Iuka venait de lui adresser la parole alors qu’ils ne s’étaient pas parlé depuis longtemps. Sa voix semblait si irréelle que Saphir pensait déjà devenir fou. Pire encore, c’était la première fois que la moadrin l’appelait par son nom. Elle avait accepté de souiller sa langue.

– Euh… oui ? fit Saphir, perturbé.

Son hésitation le surprenait, lui qui avait toujours été aussi ferme avec la moadrin.

– Tu ne regrettes pas de t’être opposé à Orage ? demanda-t-elle.

Il craignait cette question. Mais il répondit, l’air détaché :

– Non. Nous sommes une équipe et je veux réparer mes erreurs.

– Non, tu ne voulais pas de moi. Nous n’étions pas encore une équipe.

Saphir réfléchit, se plongea dans les abysses de son âme. Iuka patienta. Ou bien, elle ne pensait pas obtenir d’explication.

– Petit, on m’avait dit de vous que vous étiez des monstres. Que vos faits et gestes n’étaient que la volonté des lépokyrs, voraces et destructeurs. Un jour, un moadrin m’a épargné et ma vision de la guerre a changé. Personne ne m’a cru alors je n’en ai plus jamais parlé et je suis devenu un combattant. Je pensais découvrir une once de bonté en toi. Mais je ne l’ai vue que plus tard, au cours de notre périple. Tu étais prête à tout pour libérer ton frère. Tu es le contraire de ce que ma meute m’a enseigné : tu agis par amour. Je ne veux plus être une arme d’Ibyulis. Je ne veux plus être manipulé.

– Je vois, répondit Iuka.

Et elle se tut. Saphir donna de multiples interprétations à son silence. Le trouvait-elle pathétique ? Le comprenait-elle ? Il ne le saurait sans doute jamais.

Quelques heures plus tard, les portes au bout du couloir s’ouvrirent. Le guerrier s’attendait à recevoir l’immonde bouillie dans sa prison, mais quatre gardiens se tenaient devant lui, une main sur le pommeau de leur épée.

Le moment était venu.

Saphir se leva sur ses deux pattes. Ses poings se serrèrent quand trois cilynas entrèrent. Le dernier resta à l’arrière. Le yotora bondit sur les geôliers, mais ces derniers le neutralisèrent. D’habitude, il appelait sa Nebula de la Solidité à chaque début de lutte, mais aujourd’hui, elle ne lui répondait pas. À cause de cette erreur, ils le muselèrent, ligotèrent ses poignets et le soulevèrent. Le guerrier quitta la cellule et jeta un coup d’œil à Iuka qui l’encouragea du regard.

Les gardiens traînèrent Saphir dans les couloirs qui se ressemblaient tous. Le yotora aurait pu se perdre et être facilement capturé. Les cilynas qui l’empoignaient de chaque côté ordonnèrent à leurs deux autres collègues de regagner leur poste. Ils leur assurèrent qu’ils avaient la situation bien en main. Ils continuèrent leur route et firent entrer le guerrier dans une salle où l’attendait le Nébulogue.

La pièce était habillée d’étagères où se bousculaient des fioles. Au centre se tenait une table sertie de sangles. Le Nébulogue s’affairait devant sa paillasse et afficha un grand sourire quand il vit Saphir entrer.

– Ah ! s’exclama-t-il, ravi. Le yotora ! Parfait, il est arrivé juste au moment où j’ai fini de tout préparer !

– Nous resterons ici, déclara l’un des gardiens, il est très violent.

– Violent ? Dans ce cas, il suffit de l’endormir !

Saphir se démena et les cilynas serrèrent davantage leur emprise. Il asséna un coup de pied entre les jambes d’un des veilleurs qui se plia de douleur. Le second, qui n’eut pas le temps de réagir, fut projeté contre le mur, mais se ressaisit et dégaina son arme. Le yotora esquiva la lame à plusieurs reprises. Le Nébulogue s’était réfugié dans un coin de la pièce, terrorisé. Le cilynas administra un énième coup d’épée, mais brisa les liens de Saphir qui s’était subitement retourné. Le guerrier lui envoya son poing au visage et l’assomma. Il attrapa l’autre gardien qui s’était précipité sur l’anesthésiant. Il le lui arracha des mains, le piqua et injecta la substance.

Saphir jeta son ennemi endormi à terre. Il enleva la muselière et saisit le Nébulogue pour le plaquer contre la table.

– Quel produit rendra ma Nebula ?! hurla-t-il à son oreille, en sachant que les cilynas avaient une ouïe très sensible. Donne-le-moi !

Le Nébulogue ne répondit pas et se contenta de gémir. La paume du guerrier menaça de lui briser le crâne. Il répéta sa demande et le cilynas capitula. Tremblant de tout son corps, il fouilla dans ses étagères, prit ce que le yotora voulait et s’activa. Une fois qu’il eut terminé, Saphir lui arracha la seringue des mains et introduit l’antidote dans son corps.

Ses poils se hérissèrent et sa peau sua à grosses gouttes. Les poings et les crocs serrés, Saphir sentit la Nebula de la Solidité renaître. Ses os avaient l’air de se recouvrir de métal. Satisfait, il se tourna vers le Nébulogue qui regrettait de lui avoir obéi. Le fil de l’âme hurlant de joie, le guerrier l’assomma, défonça la porte et courut dans les couloirs. Il balaya les gardiens sur son passage et ceux qui avaient été épargnés fondirent sur lui, mais leurs lames se fracassèrent sur ses flancs.

Les cris du lépokyr guidèrent Saphir. Il fonça entre les cellules et ne se soucia pas des cilynas qui se trouvaient sur son chemin. La tête baissée comme celle d’un bélier, il chargea sur la cage de Foudre Bleue et la brisa. La bête s’échappa en appelant sa sœur. Saphir le suivit jusqu’à la prison d’Iuka et écarta les barreaux. La moadrin sortit et se précipita sur son frère pour l’enlacer.

– Allons-y ! pressa le yotora, ils vont tous s’ameuter ici !

– Je ne peux pas me battre sans armes, évoqua Iuka qui monta sur son lépokyr. Ils ont dû laisser mes kasyars dans une armurerie.

– Oui, sans doute ! Elles ne doivent pas être bien loin !

Un groupe de Nébuliens apparut et forma une barricade qui éclata aussitôt au contact de Saphir. Foudre Bleue sauta au-dessus des débris et piétina les ennemis qui étaient encore debout. Il s’engouffra dans les couloirs, suivi du yotora. Ses cris attirèrent d’autres gardiens qui furent plaqués sur les murs ou le sol.

Saphir défonçait toutes les portes qu’ils croisaient. L’armurerie paraissait bien loin et la prison se révélait être un vrai dédale. Le guerrier craignait d’être tué avant qu’ils n’en sortent. Foudre Bleue reçut quelques coupures de la part de leurs ennemis et les Nébuliens les ralentirent. Mais tous ceux qui se mettaient sur leur route périrent.

Ils trouvèrent enfin l’atelier. Les kasyars d’Iuka étaient déposés sur une table, prêts à être étudiés par un cilynas ou rendus à sa propriétaire. Cette dernière les examina pour s’assurer de leur état et s’en équipa. Les prochains adversaires qu’ils rencontrèrent goûtèrent aux lames d’Adandris. Iuka enjamba les cadavres et observa le corridor.

– Bien, trouver la sortie ne sera pas aussi facile, dit-elle. Le seul moyen de s’y retrouver est de nous repérer aux…

– Inutile, l’interrompit Saphir.

Il chargea jusqu’au bout du couloir, brisa le mur et atterrit dans la cour comme un obus. Iuka et Foudre Bleue le rejoignirent en hurlant. Un nombre incalculable de cilynas s’agglutinèrent autour d’eux, les épées menaçant de les découper. D’autres remplirent les passerelles qui reliaient les bâtiments entre eux et pointaient les fugitifs de leurs arbalètes. Les forces nébuliennes construisirent un dôme vert qui couvrit la prison. Pris au piège, Iuka et Saphir se regardèrent avec détermination. Les gardiens s’attendaient à ce qu’ils capitulent, mais aucun des deux ne voulait plus jamais être captif. Rien ne pouvait apaiser le courroux d’un moadrin ou briser la solidité d’un yotora. Et de l’alliance des deux races naissait une puissance destructrice.

– Dansons sur la lune ! hurla Saphir dans toute sa férocité.

– Les statues ne saignent pas ! enchaîna Iuka, enragée.

Ils bondirent dans la foule noire et blanche. Dure comme la pierre, la peau de Saphir se moquait des coups d’épée. Ses griffes tranchèrent des membres et sa gueule arracha des têtes, libérant des flots de sang sombre. La terre trembla à chacun de ses sauts. Ses grosses pattes écrasèrent les corps vivants ou inertes et envoyèrent des débris sur les ennemis encore debout. Son pelage argenté fut inondé et seul le bleu de son œil dominait dans la noirceur. Les cilynas sentaient cette couleur comme l’odeur de la mort.

Foudre Bleue galopait dans toute la cour. Ses flancs et son crâne jetèrent les adversaires contre les murs. Si certains échappaient à ses bousculades, les lames d’Iuka faisaient voler leurs têtes. Les cris du lépokyr couvrirent le grondement du massacre. Les gardiens n’avaient pas enlevé les bouchons de leurs oreilles et ne risquaient donc pas de s’évanouir. Leur vie se rallongeait de quelques minutes grâce à ces petites précautions.

Foudre Bleue piétina ses ennemis et fonça sous les passerelles. Il bondit au-dessus de l’une d’elles et permit à Iuka, qui s’était détachée, d’atteindre les plus hautes. Elle sauta et tournoya dans les airs, les kasyars tranchant corps et têtes, alors qu’elle tombait. Elle atterrit sur son frère qui poursuivit sa course le long des murs. Le sang pleuvait sur leur peau, mais l'azur gravé sur les flancs du lépokyr et teignant les cheveux d’Iuka brillait sous le noir liquide. À chaque ennemi tué, il enveloppait la guerrière et le lapin. La rage rugissait dans leurs veines et communiquait avec leur Nebula de l’Empreinte. Foudre Bleue se cabra et émit un cri déchirant qui raidit les cilynas. Ses yeux et ceux d’Iuka s’enflammèrent comme un saphir.

Sous le pouvoir de la colère, ils formèrent une traînée cérulée dévastatrice. À son passage, les ventres se vidèrent, les têtes sautèrent, les membres volèrent dans tous les sens. Le faisceau engloutissait ses adversaires, ne laissant que des morceaux de corps derrière lui.

Saphir grognait et aboyait contre ses nombreux attaquants. Les épées lui avaient tailladé le palais et son sang se mêlait à celui des cilynas. Son œil valide manqua plusieurs fois d’être crevé et le bout de ses rameaux disparut dans la marée noire et blanche. Le yotora ne le supporta pas et hurla alors que ses ennemis grimpaient sur lui pour l’écraser. Quelques-uns qui étaient trop près de sa gueule s’effondrèrent, assommés par le cri. Saphir fonça sur les piliers et les parois pour se débarrasser des envahisseurs. Les passerelles s’écroulèrent, emportant avec elles ceux qui étaient placés dessus. Les murs se brisèrent tout comme les os des cilynas. Le guerrier saisit tous ceux qui avaient le malheur de tomber vivants devant lui et planta ses crocs dans leur corps avant de les lancer dans la cour. Sa queue frappa les ennemis qui se tenaient derrière lui.

Alors qu’il se débattait, il aperçut des cilynas fuir, mais la traînée bleue les rattrapa. Le dôme fondit comme de la glace au soleil et les cris s’évanouirent. Saphir s’avança parmi les cadavres, épuisé. Le faisceau ralentit et disparut pour dévoiler un lépokyr et une moadrin frémissants de fatigue. Ils rejoignirent le yotora qui s’était allongé sur les dépouilles. Foudre Bleue poussa des plaintes. Ses côtes étaient marquées de coups d’épée et sa sœur agitait sa tresse ruisselante de sang noir et vert. Le lapin se laissa choir face à Saphir. Iuka descendit de son dos et se posa contre son flanc. Elle donna un coup de pied au yotora qui releva la tête.

– Eh, Saphir, je viens de vivre une des rages les plus jouissives de ma vie !

– J’ai toujours rêvé d’exploser des bâtiments… Iuka.

Ce nom sonna comme un mot interdit et Saphir eut la sensation de s’être affranchi de sa meute une bonne fois pour toutes.

Iuka émit un petit rire et tous deux levèrent les yeux vers le ciel. Un ciel blanc sans nuages. Le néant accompagnait le silence. Quelques murs de la prison étaient détruits, cependant aucun détenu n’apparaissait. Les cilynas avaient déserté ce lieu de cauchemar. Personne ne désirait venir à leur rencontre. Du moins, pour l’instant.

– Foutons le camp, décida Iuka.

– Oui, notre évasion s’est déjà sue.

Même si sa Nebula se reposait, Saphir avait l’impression d’être rempli de pierres quand il se leva, tout comme Iuka et Foudre Bleue. Les trois partenaires quittèrent le charnier et pénétrèrent sur des plaines quadrillées de noir et de blanc.

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