Chapitre XXXIX

Point de vue : lui

 

J'en avoir assez de ma vie en ce moment, avec tout ce qui se passe autour de moi. J'ai envie de partir mais en restant aussi. Pouvoir garder un œil ici et en avoir un autre part. Pouvoir voir Sarah, Mme Hawthorn, papa et maman sans qu'ils ne me voient moi. Garder contact avec eux sans mais qu'ils ne le sachent pas. C'est assez étrange comme sensation. En fait, je crois que je voudrais être invisible aux yeux des autres.

Je tremble. Mes mains, mes bras et mes jambes flageolent. J'ai la tête qui tourne. Ça me fait mal. C'est orange. Il y a des touches de jaune, et de rouge aussi. Du gris très foncé. De la fumée peut-être. L'odeur du brûlé qui prend mes poumons en otage. Je suis assis à une table sur une terrasse. Il y en a d'autres chaises autour de moi. L'air est oppressant. Je tousse, ça me prend aux tripes. Je sens une ombre s'étendre sur moi. Elle est d'un noir très sombre. Une femme, peut-être. Elle porte des habits en lambeau. Je suffoque, je peine à respirer. Les murs et le sol sont jonchés de traces noirâtres et de résidus de poudres. J'ai l'impression que tout s'effondre en quelques instants. Tout ce que j'ai pu construire dans ma vie, comme si elle s'arrêtait ici. La panique s'étend tout autour de moi, autant qu'à l'intérieur de moi. J'entends des cris stridents, des gens qui courent et qui s'affolent. Des choses qui s'écroulent sous le poids de l'incendie. Je ne sais pas comment c'est arrivé. Je ne sais pas non plus si je vais m'en sortir.

Je me retrouve sur le sol, recroquevillé sur moi-même. Encore une fois, comme à chaque fois que la peur m'envahit. Je suis peut-être même déjà mort. Ou alors tout ça n'est qu'un rêve, qu'un simple cauchemar. Deux personnes sont agenouillées à mes côtés. Ils me posent des questions à tout rompre, des questions qui m'arrivent de tous les côtés. Ils m'assaillent, avec toutes leurs questions. J'en ai mal au crâne. J'entends le bruit d'une ambulance, elle doit être là pour moi. Pour une fois, il n'y a pas eu de mort. C'est étrange. J'ouvre les yeux. Je crois que je ne suis pas mort. Je respire encore. Je sens le froid du goudron traverser mon corps. J'ai dû m'évanouir, encore une vision qui m'a emporté.

Je rouvre les yeux, tout transpirant et suffoquant. Il me faut quelques minutes encore pour reprendre tranquillement mes esprits. Pas d'ambulance, pas d'incendie non plus. Il n'y a personne à mes côtés. Une vision dans une vision, ça en fait deux en une seule. J'écris ce dont je me souviens sur mon carnet. Je reprends mon chemin. La musique dans mon casque s'était arrêtée. J'arrive à mon appartement. Pas de courrier, ça ne change pas. Je fais deux tours de clé dans la serrure. Je pousse la porte. Je jette mes affaires sur la table. J'arrache la page de mon carnet et je l'accroche sur mon tableau en liège. Je me poste devant, attendant que je ne sais quoi me saute aux yeux, par je ne sais quel miracle.

Il y a toujours ces traces de poudre sur les dessins que j'ai fait. Notamment sur celui de la femme et de l'homme allongés sur le sol. Il y en a aussi sur les articles qu'elle m'a envoyé. Le vieux, l'accident de voiture et le cimetière. Il est possible que ce soit le lien avec cette femme que j'ai dessiné l'autre jour. C'est peut-être même elle qui la dépose. Je ne sais pas qui elle est, peut-être une magicienne ou une manipulatrice. Non, c'est autre chose. Ça ne peut pas être aussi simple. C'est elle qui m'envoie les messages. J'en suis sûr. Je me demande pourquoi et à quoi rime tout ça. J'ai jamais vraiment cru à l'au-delà ou au surnaturel parce que j'en ai jamais été témoin. Je ne peux donc pas affirmer que ça existe ou que ça n'existe pas. Il est peut-être temps que j'exprime clairement mon avis sur le sujet.

Une vibration dans ma poche. Comment ça s'est passé, avec tes parents ? C'est Sarah. Je cherche comment tourner ma phrase de la façon la plus concise que je peux trouver. Pas trop mal, ça aurait pu être pire. Je leur ai dit pour l'écriture et ça a complètement ruiné leurs espoirs. Et toi, avec ton père ? Elle comprendra que ça ne s'est pas tout à fait passé comme je l'avais prévu. Une dizaine de minutes s'écoule. Mieux que ce que je ne l'espérais. J'ai tout mis à plat. Il m'a laissé parler et m'a même écoutée. Il semble avoir compris pourquoi j'ai caché la lettre de maman et que je ne lui en ai pas parlé tout de suite. Il était calme, comme apaisé. Il va passer à l'hôpital. Maman m'a envoyé un texto pour qu'on se revoit. Je suppose que tu lui as donné mon numéro. Merci. Je souris, ça me fait du bien de lire ça. Mon moral remonte un peu. Bah, de rien. C'est avec plaisir. Entre amis, c'est normal.

Je pose mon téléphone. Il me semble que sa mère avait une trace de poudre rouge dans les cheveux. Ça devient presque évident. Cette femme a encore frappé. Cette même femme que je vois dans mes visions. Elle doit décider de qui doit mourir, quand et comment.

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Niels
Posté le 16/06/2022
Bonsoir !

La confrontation directe entre la Mort et Andrew se profile ! Est-ce que ça veut dire que la fin approche ? :D

Les coquilles que j’ai repérées :

- J’ai ai assez* / Je commence à en avoir assez*
- Sans qu’ils ne le sachent*
- Il y a* d’autres chaises autour de moi
- Habits en lambeaux*
- (deux personnes donc-->) Ils* me posent des questions
- Les dessins que j’ai faits*
- Les articles qu’elle m’a envoyés*
- Cette femme que j’ai dessinée*
InTheKiosk
Posté le 22/12/2022
Hello,
Maintenant, tu sais la fin de l'histoire...
Je te remercie pour les coquilles :)
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